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Full text of "Leçons théorique et cliniques sur les affections cutanées de nature arthritique et dartreuse, considerées en elle-mêmes et dans leur rapports avec les éruptions scrofuleuses, parasitaires et syphilitiques ..."

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VORKSHIRE  COL1.EGE. 
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LEÇONS  THÉORIQUES  ET  CLINIQUES 

SUR  LES 

AFFECTIONS  CUTANÉES 

DE  NATURE 

ARTHRITIQUE  ET  DARTREUSE 


Paris.  —  Imprimerie  de  L.  Mautinet,  rue  Mignon,  2. 


LEÇONS  THEORIQUES  Eï  CLINIQUES 


SUR  LES 


AFFECTIONS  CUTANÉES 


DE  NATURE  * 

ARTHRITIQUE  ET  DARTREUSE 

CONSIDÉRÉES  U  ELLES-MÊHES  ET  DANS  LEURS  RAPPORTS 

A.VEC 

LES  ÉRUPTIONS  SGROFULEUSES,  PARASITAIRES  ET  SYPHILITIQUES 

PROFESSÉES 

PAR  LE  DOCTEUR  BAZIN. 

Médecin  de  l'hôpitul  Suint-Louis,  Chevalier  de  la  Le'gion  d'honneur,  etc. 
RÉDIGÉES  ET  PUBLIÉES 

Par  LUCIEN  SERGENT, 

Interne  des  liôpiUiux. 
REVUES   ET  APPROUVÉES   PAR   LE  PROFESSEUR. 


I 


PARIS 


ADRIEN  DELAHAYE,  LIBBAIRE-ÉDITEUR, 

PLACE  DE  L*ÉC0LE-DE-MÉDEC1NE,  23. 

1860 

Droits  de  traduction  et  de  reproduction  re'serva's. 


PRÉFACE. 


Mes  leçons  sur  les  affections  parasitaires,  publiées  il  y  a 
deux  ans,  ont  fait  sensation  dans  le  monde  médical. 

Depuis  l'époque  de  leur  publication,  toutes  les  vérités 
que  nous  annonçions  ont  été  confirmées  par  l'expérience 
des  praticiens  qui  se  tiennent  au  courant  de  la  science. 
Aujourd'hui,  le  groupe  des  affections  parasitaires  est  irré- 
vocablement constitué  et  a  sa  place  marquée  dans  les  ca- 
dres nosologiques.  Je  puis  le  dire  avec  la  certitude  de 
n'être  démenti  par  personne,  il  n'en  est  aucun,  en  derma- 
tologie, qui  soit  mieux  connu  dans  ses  causes,  son  diagnostic 
et  son  Iraitemenl. 

Dans  les  leçons  de  1859,  j'ai  traité  des  arthritides  et  des 
HERPÉTiDEs,  dcux  mots  nouveaux  que  je  propose  pour  dési- 
gner deux  groupes  d'affections  cutanées. 

Les  arthritides,  que  je  viens  signaler  à  l'attention  des 
médecins,  constituent  un  groupe  d'affections  cutanées,  tout 
aussi  obscur,  disons  mieux,  tout  aussi  inconnu  que  l'était, 
avant  mes  recherches,  le  groupe  des  affections  parasi- 
taires. 

Les  rapports  du  rhumatisme  et  de  la  goutte  avec  les  ma- 
ladies de  la  peau  n'avaient  pas  échappé  à  l'attention  des  au- 


II  PRÉFACE. 

teurs,  mais  aucun  ciïorl  n'avait  été  tenté  pour  circonscrire 
le  groupe  d'affections  de  peau  qui  précède  ou  accompagne 
la  diathèsc  rhumatismale  ou  goutteuse. 

Encore  moins  s'était-on  appli(|ué  à  la  rcclicrche  des  ca- 
ractères à  l'aide  des(iuels  il  serait  permis  de  diiïérencier  les 
affections  de  peau  faisant  partie  de  ce  groupe. 

Pour  moi,  les  affections  cutanées  d'origine  arthritique 
constituent  une  famille  tout  aussi  naturelle  que  celle  des 
syphilides  ou  des  afl^ctions  parasitaires;  et,  malgré  l'éton- 
nement  que  va  causer  sans  doute,  dans  le  public  médical, 
une  pareille  manière  de  voir,  j'ai  la  certitude  qu'avant  peu 
mon  opinion  sur  ce  point  de  la  science  sera  partagée  par 
les  hommes  éclairés  qui,  de  bonne  foi  et  sans  prévention, 
dans  le  seul  intérêt  de  la  science  et  de  l'humanité,  travail- 
lent avec  ardeur  à  la  recherche  de  la  vérité. 

Considérer  la  dartre  comme  unité  pathologique,  et  le 
groupe  d'affections  spéciales  que  j'appelle  herpétides  , 
comme  la  Iraduction  de  celle-ci  sur  le  tégument  externe, 
est  une  idée  neuve.  C'est  une  sorte  de  réhabilitation  du  vice 
darlreux  des  anciens.  Cette  manière  d'envisager  les  affec- 
tions chroniques  de  la  peau  ouvre  des  voies  nouvelles  et 
plus  larges  à  l'observation  ;  elle  aura  d'immenses  consé- 
quences en  thérapeutique  et  pourra  éclairer  d'un  jour  tout 
nouveau  la  science  hydrologique. 

Est-il  toujours  facile,  sur  la  peau,  de  distinguer  nette- 
ment les  produits  de  l'arthrilis  des  produits  de  la  dartre? 
Assurément  non  ;  mais  on  peut  en  dire  autant  de  toutes 
les  maladies  constitutionnelles,  de  la  syphilis  elle-même. 

Dans  les  généralités,  le  lecteur  trouvera  un  plan  de  clas- 


PRÉFACE.  III 

sifioalion  dermatologique.  Je  n'ai  indiqué  que  les  bases  de 
la  classification  et  les  divisions  principales  ;  pour  les  détails, 
je  renvoie  à  la  deuxième  édition  de  la  scrofule  cutanée,  qui 
paraîtra  prochainement. 

Assurément,  je  n'ai  pas  la  prétention  de  croire  que  mes 
doctrines  vont  être  universellement  adoptées  sans  protes- 
tation. Je  m'attends  à  des  objections  nombreuses. 

Le  premier  reproche  qui  nous  sera  adressé,  sans  doute, 
sera  d'avoir  négligé  les  procédés  de  vérification  en  matière 
scientifique.  On  nous  objectera  que  nos  opinions  auraient 
besoin  d'être  étayées  par  un  grand  nombre  d'observations. 
Nous  répondrons  que  nous  sommes  loin  de  dédaigner  la 
méthode  numérique,  mais  que  pour  bien  observer,  il  faut 
savoir  d'abord  ce  que  l'on  observe,  et  que  les  statistiques 
n'ont  de  valeur  qu'autant  qu'elles  sont  faites  sur  une  large 
échelle.  Nous  produirons  des  chiffres,  quand  ils  seront 
assez  élevés  pour  qu'il  ne  soit  pas  possible  d'en  contester 
la  valeur. 

D'autres  objections,  plus  ou  moins  spécieuses,  seront 
encore  mises  en  avant;  et,  comme  on  m'accuse  de  rester 
impassible  et  muet  devant  les  recherches  scientifiques  qui 
contrarient  les  miennes,  j'éprouve  le  besoin  d'exposer  ma 
profession  de  foi  en  matière  de  discussion  scientifique. 

La  presse  médicale  est  complètement  libre  et  use  large- 
ment de  son  droit.  liCs  journaux  acceptent  toutes  les  élucu- 
bralions  plus  ou  moins  scienfifiques,  tous  les  écrits  sur  la 
médecine,  quelle  qu'en  soit  l'origine,  sans  discernement 
et  sans  choix. 

Que  d'excentricités,  sans  parler  de  la  guérison  de  la 


IV  VWkVUCE. 

teigne  en  huit  minutes,  ne  voit-on  pas  enregistrées  ciiaque 
jour  cl  fidèlement  re[)roduites  dans  toutes  les  feuilles  pé- 
riodi(|ues!  La  plupart  du  temps  les  critiques  (pii  parlent 
de  vos  travaux  ne  les  connaissent  pas;  ils  parlent  de  vos 
livres  sans  les  avoir  lus.  Qu'arrive-t-il,  c'est  que  vos  opi- 
nions sont  étrangement  travesties,  ou  que  l'on  vous  prête 
des  opinions  que  vous  n'avez  jamais  eues. 

Est-on  tenu  de  répondre  à  tous  les  opuscules  et  articles 
de  journaux,  où  l'on  fait  intervenir  si  légèrement  votre 
nom  et  si  inexactement  vos  travaux  ?  Je  ne  le  crois  pas,  car 
alors  il  faudrait  avoir  toujours  la  plume  à  la  main  et  se  ré- 
soudre à  perdre  un  temps  qui  peut  être  mieux  employé 
pour  la  science  et  pour  l'art. 

Dans  mon  opinion,  on  doit,  avant  de  répondre,  voir  si 
le  travail  de  l'adversaire  est  digne  d'une  réponse,  et  aussi 
prendre  le  nom  de  l'auteur  en  sérieuse  considération. 

Depuis  deux  ans,  il  a  paru  certains  opuscules  et  articles 
de  journaux  où  mes  idées  sur  la  mentagre  et  les  affections 
parasitaires  ont  été  attaquées.  Je  le  dis  sincèrement,  ces 
attaques  ne  m'ont  pas  paru  assez  sérieuses  pour  mériter 
de  ma  part  une  réponse  si  courte  qu'elle  pût  êire.  • 

Je  dois  des  remercîmenls  à  M.  Sergent,  mon  interne, 
pour  les  soins  qu'il  a  apportés  à  la  fidèle  rédaction  de  ces 
leçons. 

E.  Bazin. 


25  janvier  1860. 


LEÇONS  THÉORIQUES  ET  CLINIQUES 

SUR  LES 

AFFECTIONS  CUTANÉES 

ARTHRITIQUES  ET  DARTREUSES 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES. 

Il  y  a  quatre  ans,  je  vous  ai  exposé  les  principes  généraux 
qui  me  guident  dans  l'étude  des  affections  cutanées.  J'ai  dit 
ce  qu'il  fallait  entendre  par  maladie,  symptôme  et  affection, 
lésion,  trois  états  morbides  qu'on  ne  doit  pas  confondre.  Après 
avoir  donné  ces  notions  indispensables  de  pathologie  géné- 
rale, je  me  suis  occupé  de  la  séméiotique  cutanée. 

En  1856,  je  vous  ai  communiqué  sur  la  scrofule  mes  opi- 
nions basées  sur  les  nombreux  faits  qui  sont  soumis  à  mon 
observation,  je  vous  ai  montré  les  analogies  et  les  différences 
qui  existent  entre  les  quatre  maladies  constitutionnelles  : 
scrofule,  syphilis,  dartre  et  arthritis. 

En  1857,  je  vous  ai  fait  part  de  mes  recherches  sur  les 
affections  cutanées  parasitaires.  Je  crois  que  mes  travaux 
n'ont  pas  été  sans  quelque  influence  sur  les  progrès  de  cette 
partie  de  la  pathologie  cutanée  et  sur  le  traitement  de  ces 
affections,  qui,  avant  moi,  était  abandonné  à  un  empirisme 
aveugle. 

4 


2  LEÇONS  SUR  L'ARTHRITIS  ET  LA  DARTRE. 

En  1858,  j'ai  étudié  les  syphilides;  je  me  suis  appliqué  à 
les  classer  d'une  manière  méthodique,  à  les  distinguer  des 
éruptions  dartreuses,  scrofuleuses  et  parasitaires,  avec  les- 
quelles elles  sont  si  souvent  confondues.  Cette  année,  je  me 
propose  d'examiner  avec  vous  les  affections  de  peau  vulgaire- 
ment désignées  sous  le  nom  de  dartres. 

Le  mot  dartre  est  un  terme  générique  employé  pen- 
dant longtemps  par  les  pathologistes  français.  Il  est  cer- 
tain que  ce  mot  n'avait  aucune  signification  précise,  et 
que  les  anciens  désignaient,  sous  cette  expression,  des  affec- 
tions cutanées  chroniques  ayant  de  la  tendance  à  récidiver  et 
à  se  généraliser.  Comme  ces  affections  chroniques  sont  très 
fréquentes,  nous  comprenons  qu'elles  aient  été  observées  dès 
les  temps  les  plus  reculés.  Hippocrate,  Gahen,  Celse  les  ont 
décrites  sous  des  noms  différents  :  \{^Mpa,  \j>Mpa  zl*(ù§n^,  scabies, 
varus,  lichen,  impétigo,  etc.  Le  terme  qui  paraît  répondre 
avec  le  plus  d'exactitude  au  mot  dartre,  tel  que  nous  l'en- 
tendons, est  l'expression  à'herpès  employée  principalement 
par  Lorry,  à  une  époque  plus  rapprochée  de  nous.  Cepen- 
dant, quelques  auteurs  avaient  donné  au  moidartre  une  signi- 
fication mieux  déterminée.  Mercuriali  (1576),  Turner  (171/i), 
divisaient  les  affections  cutanées  en  deux  classes  :  celles  de 
la  tête  ou  teignes,  et  celles  du  tronc  ou  dartres.  Cette  der- 
nière dénomination  s'étendait  alors  à  une  nombreuse  classe 
d'affections  de  nature  très  différente.  Plenck  (1776),  Willan 
et  son  école  démontrèrent  sans  peine  que  le  mot  dartre  avait 
un  sens  vague  et  indéterminé,  et  ils  proposèrent  sans  hésita- 
tion de  le  rayer  du  vocabulaire  nosologique. 

Si  les  noms  imposés  aux  affections  cutanées  variaient,  les 
causes  de  ces  affections  ne  variaient  pas  moins,  suivant  les 
théories  professées  par  les  auteurs.  Ainsi,  pour  Galien,  les 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  3 

dartres  étaient  dues  aux  altérations  des  humeurs,  soit  en 
quantité,  soit  en  qualité.  Les  médecins  iatroehimistes  faisaient 
jouer  un  grand  rôle  à  l'acidité  ou  à  l'alcalinité  du  sang  dans 
la  production  des  maladies  dé  la  peau.  Les  descriptions  des 
affections  cutanées  n'étaient  pas  plus  claires  que  les  causes 
et  les  dénominations  qu'on  leur  attribuait.  Il  faut  arriver, 
jusqu'à  Mercuriali  et  à  Turner,  pour  trouver  un  essai  de  classi- 
fication fondée  sur  le  siège  plutôt  que  sur  les  caractères  propres 
des  affections.  Plenck  et  Willan  prirent,  pour  base  de  leur 
classification  des  maladies  de  la  peau,  les  lésions  élémentaires 
dans  leur  période  d'état  :  les  formes  des  affections  cutanées 
furent  décrites  avec  plus  de  soin,  mais,  d'un  autre  côté,  les 
doctrines  organiques  professées  par  ces  auteurs  ont  jeté  de 
la  confusion  dans  l'étiologie  et  la  thérapeutique  de  ces  affec- 
tions. Jusqu'à  Plenck  et  Willan,  on  étudiait  des  maladies 
dont  les  lésions  cutanées  étaient  symptômes  ;  au  contraire, 
l'école  de  Willan  élève  les  lésions  ou  les  symptômes  au  de- 
gré de  maladies.  Il  en  résulte  qu'on  n'admet  plus  les  dar- 
tres, affections  variées  quant  à  l'élément  primitif,  mais  uni- 
ques par  leur  cause  et  par  leur  nature.  La  maladie  est  démem- 
brée, puis  niée  complètement.  Cette  suppression  de  la  maladie 
entraîne  celle  de  l'étiologie,  et  la  thérapeutique  ne  s'adresse 
plus  à  la  maladie  elle-même,  mais  à  la  lésion  ou  aux  sym- 
ptômes. 

La  doctrine  de  AVillan  a  été  importée  en  France  par  Biett, 
et,  à  part  quelques  modifications  peu  importantes,  elle  est 
encore  aujourd'hui  professée  par  la  plupart  des  dermatolo- 
gistes.  Cependant  aucun  progrès  ne  s'est-il  accompli  depuis 
Willan? 

On  ne  peut  nier  que  l'étude  éliologique  des  affections  cuta- 
nées n'ait  progressé  depuis  les  travaux  de  Plenck  et  de 


4  LEÇONS  SUR  L'ARTIIRITIS  ET  LA  DARTRE. 

Willan.  En  1780,  Pierre  Lalouette,  conlemporaiii  de  Plenck, 
essaye  de  décrire  les  scrofulides  bénignes,  groupe  naturel 
d'aflections  culanées  que  j'ai  réédifié,  il  y  a  cinq  ans,  et  dont 
j'ai  fait  connaître  les  caractères  propres.  Plus  lard,  Joseph 
Frank  indique  d'une  manière  assez  vague  les  caractères  des 
dartres  arthritiques,  qu'il  confond  avec  les  dartres  herpéti- 
ques; à  la  même  époque,  IJiett  donne  les  symptômes  des 
syphilides.  M.  Rayer  fait  une  bonne  étude  des  éruptions  arti- 
ficielles, qu'il  divise  en  éruptions  directes  et  en  éruptions 
indirectes.  Les  éruptions  artificielles  directes  sont  produites 
par  le  contact  d'un  agent  irritant  snr  la  peau  ;  elles  se  trou- 
vent dans  tous  les  ordres  de  Willan.  Parmi  les  érythèmes  sont 
les  éruptions  déterminées  par  la  moutarde,  l'urtica  urens,  etc. 
Dans  les  affections  vésiculeuses  et  ecthymatiques,  se  rencon- 
trent les  éruptions  produites  par  l'huile  de  croton  et  le  tartre 
stibié.  Dans  les  affections  huileuses,  on  trouve  celles  qui  ré- 
sultent de  l'action  des  cantharides,  de  l'ammoniaque  et  de 
l'huile  de  noix  d'acajou.  Vous  connaissez  tous  l'éruption  artifi- 
cielle produite  par  les  frictions  répétées  d'Iiuile  de  cade:  elle 
est  caractérisée  par  des  boutons  pustuleux,  durs  à  leur  hase, 
légèrement  ombiliqués et  traversés  par  un  poil;  elle  constitue 
un  véritable  sycosis  cadique  qui  est  dû  à  une  inflammation 
des  follicules  pileux,  provoquée  par  l'action  irritante  de  l'huile 
de  cadc  déposée  sur  l'orifice  du  follicule  pendant  les  fric- 
lions. 

Certains  agents  produisent  sur  la  peau  des  éruptions  va- 
riées. Chez  les  ouvriers  des  fabriques  de  papiers  peints  et 
chez  tous  ceux  qui  se  servent  des  composés  arsenicaux,  on 
voit  apparaître  des  al'fcclions  papuleuses,  pustuleuses  et  ulcé- 
reuses, qui  ont  la  plus  grande  analogie  avec  des  éruptions 
syphililiqiies,  à  tel  point  que  les  hommes  les  plus  versés  dans 


CONSIDÉKATIONS  GÉNÉRALES.  5 

la  coniluissancc  des  affeclions  spéciales  de  la  peau  ont  pu 
commettre  de  funestes  méprises.  Je  ne  saurais  trop  vous  en- 
gager à  lire  le  travail  que  31.  lîeaugrand  a  présenté  derniè- 
rement à  l'Académie  de  médecine,  sur  les  dangereux  effets 
des  verts  arsenicaux.  Ce  sujet  est  intéressant  à  connaître  au 
point  de  vue  de  la  dermatologie,  de  l'hygiène  et  de  la  méde- 
cine légale. 

A  côté  des  éruptions  artificielles,  je  place  une  grande  famille 
d'affections  cutanées,  les  affections  cutanées  parasitaires. 
Vous  savez  qu'il  y  a  deux  sortes  de  parasites,  l'un  végétal  et 
l'autre  animal  :  de  là  deux  sortes  d'affections  cutanées  para- 
sitaires, les  insecto-der7nides  et  les  phyto-dermides.  J'ai 
établi  le  rôle  du  parasite  qui  est  la  cause  et  non  le  produit 
de  l'affection. 

Les  expériences  de  M.  Pouchet  ont-elles  diminué  l'impor- 
tance du  rôle  du  parasite?  Je  ne  le  crois  pas.  Cette  doctrine, 
qui  admet  la  possibilité  du  développement  spontané  des  êtres 
inférieurs,  animaux  ou  végétaux,  est,  suivant  moi,  une  doc- 
trine fausse  qui  repose  sur  des  faits  mal  observés.  Plusieurs 
fois  j'ai  soumis  des  amas  de  spores  à  une  chaleur  qui  dépas- 
sait 100",  et  la  plupart  de  ces  spores  avaient  encore  la  faculté 
de  se  développer.  Il  n'est  donc  pas  exact  de  dire  qu'une  cha- 
leur de  100°  anéantit  tout  principe  de  vie  dans  les  corpus- 
cules reproducteurs  des  végétaux  inférieurs. 

Avant  mes  recherches ,  les  affections  phyto-dermiques 
étaient  rangées  au  nombre  des  dartres  ou  des  maladies  idio- 
palhiques  de  la  peau;  maintenant  le  groupe  des  affec- 
tions cutanées  parasitaires  est  irrévocablement  constitué.  Il 
se  dislingue  des  dartres  par  deux  caractères  fondamentaux  : 
1»  la  contagion  ,  2"  la  curabilité.  Que  sont,  en  effet,  les  dar- 
tres contagieuses  des  auteurs ,  sinon  des  affeclions  parasi- 


6  LEÇONS  Smi  L'AUrillUTJh  m  la  J)AltTJl£. 

tairesï  L'iierpès  circiiic  n'esl  pus  une  dartre  :  c'est  une  attec- 
tion  produite  par  le  trichopliyton  tonsurant.  On  a  aussi 
rapporté  des  laits  de  contagion  observés  dans  le  pityriasis 
versicolor,  le  porrigo  decalvans,  le  lichen  circonscrit,  etc. 
Mais  toutes  ces  afléctions  ne  sont-elles  pas  engendrées  par 
nos  parasites  cutanés? 

Quant  à  la  curabiiité,  il  est  facile  d'apprécier  à  sa  juste 
valeur  ce  signe  distinctif.  En  interrogeant  les  malades  du 
service,  vous  arriverez  à  établir  deux  catégories  d'aiïections  : 
dans  l'une,  vous  trouverez  les  favus,  les  mentagres,  les 
herpès  circinés  ou  tonsurants,  les  pelades,  admis  à  l'hôpital 
pour  la  première  fois  et  guéris  radicalement  dans  un  espace 
de  temps  déterminé.  Dans  la  seconde  catégorie  d' affections 
cutanées,  vous  rencontrerez  les  psoriasis,  les  eczémas,  les 
lichens,  qui  disparaîtront  ou  auront  déjà  disparu  sous  l'in- 
fluence d'un  traitement  approprié,  mais  qui  ne  tarderont  pas 
à  récidiver  et  à  ramener  le  malade  dans  nos  salles  ou  dans 
les  autres  services  de  l'hôpital. 

Parmi  les  éruptions  artificielles  de  M.  Rayer,  les  éruptions 
indirectes  correspondent  à  nos  affections  pathogénétiques. 
L'urticaria  ab  ingestis,  la  roséole  qui  est  produite  par  l'ad- 
ministration du  baume  de  copahu,  les  taches  qui  se  montrent 
sous  l'influence  des  préparations  arsenicales,  sont  autant 
d'éruptions  indirectes  ou  pathogénétiques. 

Quand  on  élimine  des  affections  apyrétiques  de  la  peau  les 
diflbrmités  et  les  affections  artificielles,  parasitaires,  scrofu- 
leuses  et  syphilitiques,  il  reste  encore  une  classe  très  nom- 
breuse d'affections  :  ce  sont  les  dartres. 

Les  dartres  forment-elles  un  groupe  naturel?  Se  montrent- 
elles  toutes  sous  l'influence  d'une  môme  cause,  la  diathèse 
dartreuse?  La  plupart  des  auteurs  répondent  par  l'affirmative. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  7 

Je  ne  puis  adopter  cette  opinion,  qui  est  celle  de  notre  excel- 
lent collègue  M.  Hardy. 

Le  groupe  des  affections  dartreuses  des  auteurs  est  un 
assemblage  incohérent  d'affections  cutanées  qui  différent  et 
par  la  forme  et  parla  nature.  Déjà  J.  Frank  avait  entrevu  la 
diversité  des  dartres,  qu'il  partageait  en  plusieurs  groupes 
naturels  et  parfaitement  distincts  :  il  admettait  des  impéti- 
gines  arthritiques,  gastriques  et  scorhu tiques.  Ces  dernières 
sont  rarement  observées  de  nos  jours;  elles  étaient,  à  ce 
qu'il  paraît,  beaucoup  plus  fréquentes,  il  y  a  cinquante  ans. 
Quant  aux  impétigines  gastriques^  qui  sont  placées  sous 
l'influence  d'une  diatbèse  gastrique,  je  ne  vois  dans  celte 
expression  que  l'indication  du  rapport  des  affections  viscé- 
rales (de  l'estomac,  du  foie,  etc.)  et  des  affections  cutanées 
qu'on  trouve  dans  la  dartre  pure. 

J'ai  déjà  dit  que  Pierre  Lalouette  avait  entrevu  le  groupe 
des  scrofulides  bénignes. 

En  définitive,  il  n'existe  pas,  pour  nous  comme  pour 
M.  Hardy,  une  famille  naturelle  d'affections  cutanées  que  l'on 
puisse  appeler  dartres.  Ces  dartres  se  rattachent  à  trois  prin- 
cipes, à  trois  maladies  constitutionnelles,  et  forment  trois 
groupes  différant  et  par  les  caractères  objectifs  des  affections 
qui  les  composent,  et  par  le  traitement  qu'ils  réclament.  Nous 
avons  appelé  l'un  de  ces  ^vou^es  scrofulides  bénignes;  nous  pro- 
posons de  nommer  les  deux  autres  arthritides  et  herpétides, 
groupes  qui  répondent  aux  impétigines  arthritiques  et  gastri- 
ques de  Frank.  S'il  fallait  absolument  donner  la  définition  de 
l'expression  c?«r/re5,  qu'il  est  préférable  de  ne  pas  employer 
dans  l'état  actuel  de  la  science ,  je  dirais  :  Les  dartres  sont 
des  affections  cutanées,  non  contagieuses,  pyrétiques  ou 
apyrétiques,  récidivant  avec  opiniâtreté,  survenant  sous 


0  ttÇONS  SUR  L'ARTIIUITIS  LT  LA  OAllTRE. 

1  -mfluence  de  trois  maladies  constitutionnelles ^  l'arthritis, 
la  dartre  et  la  scrofule. 

Pour  se  comprendre,  il  faut  exactement  définir  les  termes 
qu'on  em[)loie,  surtout  quand  on  les  emploie  dans  un  sens 
difîérent  de  celui  qui  est  généralement  adopté.  Il  est  indis- 
pensable de  vous  dire  tout  d'abord  c«  que  j'entends  par  dia- 
thèse  et  par  maladie  constitutionnelle;  puis,  dans  un  der- 
nier paragraphe,  je  chercherai  à  vous  indiquer  la  place  que 
les  dartres  doivent  occuper  dans  une  bonne  classification 
dermatologique. 

Le  mot  diathèse  (rliaGî^tç)  est  aussi  ancien  que  la  médecine 
elle-même;  à  lui  seul  il  contient  toute  une  doctrine.  Aussi 
peut-on  dire  qu'il  a  changé  de  sens  chaque  fois  qu'une  nou- 
velle doctrine  a  paru  en  médecine.  Employé  par  le  plus 
grand  nombre  des  auteurs  pour  exprimer  la  nature  de  la 
cause  prochaine ,  le  terme  diathèse  a  servi  pour  dési- 
gner une  modification  hypothétique  dans  la  constitution 
matérielle  d'une  partie  ou  de  la  totalité  de  l'organisme.  D'au- 
tres auteurs  n'ont  donné  aucune  explication  sur  la  nature 
intime  de  la  diathèse^  et  l'ont  confondue  avec  la  pré- 
disposition latente.  Parmi  ces  derniers,  quelques-uns  ont 
restreint  la  signification  du  mot  diathèse  en  ne  l'appli- 
quant qu'à  la  disposition  du  corps  qui  provoque  le  retour 
du  même  état  morbide,  ou  bien  à  la  seule  prédisposition 
qui  fait  éclater  la  maladie  sans  le  secours  de  la  cause  occa- 
sionnelle. 

Ainsi,  dans  la  théorie  galénique,  la  diathèse  n'est  autre 
chose  que  l'intempérie  des  humeurs  qui  amène  la  ma- 
ladie. 

Dans  les  théories  dichotomiques  de  Thémison,  de  Brown, 
de  Rasori  et  de  Broussais,  la  diathèse  consiste  dans  le  laxum 


COiNSlDÉlimONS  GÉNÉRALES.  9 

et  dans  lè  slrictum,  dans  l'asthénie  et  la  sthénie,  dans  le  sti- 
mulus et  le  contro-stimulus,  etc. 

Pour  les  humoristes  modernes,  la  diathèse  n'est  que  l'alté- 
ration du  sang. 

Les  auteurs  contemporains  adoptent  presque  tous  la  défi- 
nition de  Cliomel.  Je  crois  que,  pour  ce  motif,  il  est  intéressant 
de  nous  arrêter  quelques  instants  sur  les  doctrines  de  ce  pa- 
thologiste. 

«  La  maladie  est  un  désordre  notable  survenu,  soit  dans  la 
disposition  matérielle  des  parties  constituantes  du  corps  vi- 
vant, soit  dans  l'exercice  des  fonctions. 

))  Quelques  auteurs  ont  cherché  à  établir  une  distinction 
entre  l'affection  et  la  maladie...  Cette  distinction  doit  être 
rejetée  comme  contraire  à  l'acception  commune,  et  comme 
propre  à  porter  de  l'obscurité  dans  le  langage  sans  répandre 
aucune  lumière  sur  les  choses...  Dans  le  langage  médical,  on 
emploie  comme  synonymes,  les  mots  maladie  eia^eciion{i) . 
Les  causes  éloignées  sont  celles  qui  préparent  ou  détermi- 
nent l'altération  intime  qui  forme  Vessence  ou  la  cause  pro- 
chaine de  la  maladie...  La  cause prochaiîie  n'est  autre  chose 
que  l'essence  même  de  la  maladie,  que  la  modilication  intime 
do  l'organisme  qui  la  constitue,  et  ne  peut  pas  être  comptée 
parmi  les  causes  qui  la  produisent  (2). 

»  Toutes  les  fois  qu'une  maladie  se  montre  sans  cause  évi- 
dente, el  c'est  ce  qui  a  lieu  dans  la  plupart  des  cas  qui  sont 
du  ressort  de  la  pathologie  interne,  on  est  obligé,  pour  en 
expliquer  la  production,  de  recourir  à  une  prédisposition 
latente  qui  elle-même  semble  devoir  consister  en  une  modi- 
fication spéciale,  mais  entièrement  inconnue  dans  son  essence, 

(1)  ChoincI,  Éléments  de  pathologie  générale,  3«  édition,  p.  16. 

(2)  Id.,  p.  30  et  32. 


10  LEÇONS  SUR  L'AUTHRITIS  ET  LA  DARTRE. 

soit  de  toute  réconomie,  soil  d'une  ou  de  plusieurs  des  par- 
ties qui  la  constituent... 

>  L'observation  a  fait  connaitre  que,  chez  un  certain 
nombre  d'individus,  un  organe  est  beaucoup  plus  fréquem- 
ment afleclé  que  les  autres,  ou  môme  est  le  siège  exclusif  de 
presque  toutes  les  maladies  qui  se  montrent  pendant  le  cours 
entier  de  la  vie,  ou  du  moins  pendant  une  ou  plusieurs  de 
ses  grandes  périodes,  comme  l'enfance,  la  jeunesse,  l'âge  mûr  : 
chez  l'un,  c'est  le  poumon;  chez  l'autre,  c'est  l'estomac  ou 
les  intestins;  chezun  troisième,  c'est  le  cerveau  qui,  suivant 
l'expression  vulgaire,  est  l'organe  faible,  c'est-à-dire  le  plus 
disposé  à  recevoir  l'action  des  causes  morbiOques.  Les  parti- 
sans de  la  doctrine  de  l'irritation  ont  proposé  de  désigner  par 
le  mot  diathèse  cette  disposition  d'un  organe  à  être  affecté 
de  maladies  quelconques,  et  ils  ont  admis  ainsi  des  diathèses 
pulmonaire,  gastrique,  cérébrale,  utérine,  etc.;  mais  dans  les 
écrits  de  la  plupart  des  médecins  et  dans  le  larigage  usuel  de 
la  science,  ce  mot  a  une  acception  différente. 

»  La  diathèse  est  une  disposition  en  vertu  de  laquelle  plu- 
sieurs organes  ou  plusieurs  points  de  l'économie  sont  à  la  fois 
ou  successivement  le  siège  d'affections  spontanées  dans  leur 
développement  et  identiques  dans  leur  nature,  lors  même 
qu'elles  se  présentent  sous  des  apparences  diverses.  En  effet, 
si  plusieurs  phlegmasies,  une  péritonite,  par  exemple,  une 
pneumonie,  uneoplilhalmie,  se  montrent  simultanément  chez 
un  même  sujet,  et  si  chacune  d'elles  est  produite  par  une 
cause  extérieure  manifeste,  il  n'y  a  point  là  de  diathèse;  mais 
si  les  mêmes  affections  viennent  à  se  développer  sans  causes 
évidentes,  on  dit  alors  qu'elles  sont  dues  à  une  disposition 
commune,  qu'on  nomme  ^\îiW\hsQ  inflammatoire  (ï).  d 

(1)  Chomel,  Éléments  dcpalh.  gén.,  3*  éditioo,  p.  89  et  90, 


COWSIUÉRATIONS  GÉNÉRALES.  U 

Telle  esl  la  doctrine  de  Chomel,  admise  par  la  plupart  des 
médecins  contemporains.  En  quoi  cette  doctrine  diffère-t-elle 
de  la  nôtre?  Le  voici. 

Chomel  confond  le  symptôme,  qui  est  aussi  un  désordre 
fonctionnel,  et  la  lésion,  qui  est  un  désordre  dans  la  consti- 
tution matérielle  des  parties,  avec  la  maladie,  qui  peut  être 
l'un  ou  l'autre-,  tandis  que,  pour  nous,  la  maladie  est  l'état 
du  corps  qui  produit  ces  désordres.  De  ce  que  nous  ne  con- 
naissons point  la  cause  prochaine  des  maladies,  il  ne  s'ensuit 
point  qu'elle  n'existe  pas  :  c'est  comme  si  l'on  voulait  sup- 
primer le  signe  représentant  l'infini  d'une  formule  algébrique, 
parce  qu'il  n'est  pas  donné  à  l'homme  de  comprendre  l'in- 
fini. Est-il  réellement  nécessaire  d'admettre  deux  sortes  de 
causes  internes,  toutes  deux  inconnues  dans  leur  essence,  la 
prédisposition  latente  et  la  diathèse?  Pourquoi  multiplier 
ainsi  le  nombre  des  inconnues  étiologiques?  En  quoi  la  dia- 
thèse diffère-t-elle  de  la  prédisposition  latente  dans  la  doc- 
trine de  Chomel? 

La  diathèse  présente  cette  seule  différence  qu'elle  est  com- 
mune à  plusieurs  maladies.  Mais  ne  voyez-vous  pas  que  toutes 
ces  maladies,  identiques  dans  leur  nature,  qui  existent  en- 
semble ou  se  développent  successivement  sur  le  même  su- 
jet, qui  procèdent  de  la  même  disposition  inconnue  dans 
son  essence,  ne  voyez-vous  pas  que  toutes  ces  maladies 
ne  sont  que  des  symptômes  ou  des  lésions  que  Chomel  prend 
pour  des  maladies?  En  réalité,  il  y  a  une  prédisposition 
latente,  une  et  indivisible  pour  chaque  espèce  morbide,  et  il 
n'y  a  point  de  prédisposition  latente  commune  à  plusieurs 
maladies.  Il  estdonc  inutile  d'admettre  la  diathèse  comme 
une  cause  interne  de  maladie,  distincte  de  la  prédisposition 
latente. 


12  LEÇO^S  SLR  l'AHTHRIIIS  et  la  DAlt'lKL. 

J'aurais  bien  d'autres  objections  à  adresser  à  cette  doctrine 
des  diatbèses,  considérées  comme  causes  communes  de  mala- 
dies de  nature  identique.  Et  d'abord,  je  demanderais  ce  qu'est 
l'identité  de  nature  ;  notre  auteur  n'en  dit  rien.  «  La  dialhèse 
est  une  disposition  du  corps  qui  donne  lieu  à  des  affections 
spontanées  dans  leur  développement,  identiques  dans  leur 
nature,  lors  môme  qu'elles  se  présentent  sous  des  apparences 
diverses.  »  Mais  à  quels  caractères  reconnaîtra-t-on  que  ces 
affections  sont  identiques  dans  leur  nature?  Il  y  a  là  une 
lacune  que  la  lecture  du  livre  de  pathologie  générale  tout  en- 
tier ne  saurait  parvenir  à  combler. 

La  définition  que  Chomel  donne  de  la  diathèse  ne  permet 
pas  de  rattacher  aux  maladies  dialhésiques  celles  qui  ne  se 
traduisent  que  par  une  seule  affection.  Le  cancer  du  sein, 
s'il  est  seul,  ne  reconnaîtra  pas  pour  cause  une  diathèse;  mais 
s'il  coexiste  avec  un  cancer  de  matrice,  il. sera  le  produit 
d'une  diathèse.  Si  l'on  voit  dans  les  différentes  manifestations 
^  d'une  même  cause  interne  autant  de  maladies  différentes,  on 
méconnaît  l'unité  pathologique;  on  perd  de  vue  les' évolu- 
tions successives,  les  rapports  et  la  marche  des  affections  qui 
la  composent;  on  n'étudie  qu'une  partie  de  la  maladie,  au 
lieu  de  la  considérer  dans  son  ensemble. 

M.  I>aumès  (de  Lyon)  définit  la  diathèse  «  un  besoin 
anormal  de  la  vie  végétative,  très  souvent  héréditaire,  quel- 
quefois acquis,  devant  nécessairement,  fatalement,  spontané- 
ment, se  produire  au  dehors  par  des  manifestations  morbides 
qui  paraissent,  puis  disparaissent  dans  un  point,  pour  repa- 
raître là  ou  ailleurs,  à  des  époques  séparées  par  des  inter- 
valles plus  ou  moins  longs,  qui  affectent  partout  une  forme 
identique  ou  revêtent  des  formes  diverses,  mais  toujours  dé- 
rivant d'un  môme  principe  et  étant,  par  conséquent,  de  la 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  13 

môme  nature  (1).  »  Dans  le  langage  imagé  de  M.  Baumes,  be- 
soin de  la  vie  végétative  veut  dire  état  morbide  bien  établi. 
En  eiïel,  un  peu  plus  loin,  il  attaque  la  définition  de  Chomel... 
«  La diathèse,  dit-il,  n'est  pas  seulement  une  disposition,  mais 
un  état  morbide  réel.»  Quel  est  cet  état  morbide  bien  établi? 
M.  Baumès  cberclie  à  satisfaire  sur  ce  point  la  curiosité  du 
lecteur.  Nous  lisons  à  la  page  59  :  «  Ainsi,  d'un  côté,  quelque 
chose  de  spécial  dans  le  sang,  modifiant  vicieusement  les 
solides,  les  ganglions  ou  centres  nerveux,  dans  la  sphère  de 
la  vie  végétative;  d'un  autre  côté  ,  tendance  spontanée,  qui 
en  résulte,  aux  décharges  fluxionnaires  ;  voilà,  dans  l'hypo- 
thèse précédente,  quels  seraient  les  deux  éléments  insépara- 
bles de  tout  état  diathésique,  de  toute  diathèse. 

»  Mais,  comme  nous  ignorons  complètement  ce  qu'il  y  a  de 
spécial  dans  le  sang,  etc.,  il  nous  semble  plus  naturel,  plus 
rationnel,  de  nous  en  prendre  avant  tout  à  une  disposition 
vicieuse,  native  ou  acquise  de  l'organisation  de  certains  tissus, 
qui  fait  que  ceux-ci,  sous  l'influence  des  mouvements  fluxion- 
naires qu'ils  contribuent  à  provoquer  et  qu'ils  appellent  plus 
particulièrement  sur  eux,  en  vertu  de  cette  disposition,  sé- 
crètent dans  les  deux  diathèses  dont  il  est  question ,  par 
exemple  des  produits  hétérogènes,  ou  se  transforment  en  ces 
produits  hétérogènes,  dont  tous  les  éléments  leur  sont  four- 
nis par  le  sang.  » 

Concluons  de  cette  lecture  que  M.  Baumès  est  plutôt  soli- 
diste  qu'humoriste;  que,  pour  lui,  le  mot  diathèse  est  syno- 
nyme de  cause  prochaine,  et  que  la  cause  prochaine  réside 
dans  une  altération  du  sang  ou  des  liquides  de  l'économie.  Se 
laissant  guider  par  ses  tendances  organopathiques  plutôt  que 
par  l'observation  des  malades,  M.  Baumès  a  prisses  divisions 

(l)  Précis  théorique  et  pratique  sur  les  diathèses.  Lyon,  1859,  p.  42  et  43  ' 


14  LEÇONS  SUR  L'aBTHRITIS  ET  LA  DARTRE. 

des  (liatlièses  dans  ranatomie.  Il  partage  les  diatlièses  èn  trois 
groupes  : 

1°  Diathèses  d'organes; 

2°  Diathèses  de  tissus  ; 

3°  Diathèses  d'ensemble. 

Cette  doctrine  tout  organique  nous  explique  pourquoi 
l'auteur  a  souvent  morcelé  l'unité  pathologique,  et  donne, 
comme  espèces  morbides  distinctes ,  de  simples  phases  de 
maladies  constitutionnelles  ;  je  n'en  veux  citer  qu'un  exemple. 
On  lit  à  la  page  278  du  Précis  des  diathèses  : 

«  Un  client,  sujet  à  une  assez  forte  migraine  depuis  l'âge 
de  la  puberté,  commença  à  se  plaindre,  à  vingt-deux  ans,  de 
maux  d'estomac,  de  mauvaises  digestions.  La  migraine  dis- 
parut. L'année  suivante,  une  bronchite  avec  expectoration 
et  oppression  se  montra,  et  la  gastralgie  cessa.  Le  prin- 
temps qui  suivit,  des  dartres  squameuses,  par  plaques  circu- 
laires, apparurent  sur  différents  points,  en  même  temps  que 
la  bronchite  cessait.  Les  dartres  durèrent  l'espace  de  trois 
années. 

»  A  cette  époque,  le  malade  revint  me  consulter  pour  une 
douleur  forte,  avec  léger  gonflement,  qui  s'était  manifestée 
dans  le 'genou  droit,  et  qui  avait  été  précédée  d'une  douleur 
et  d'un  gonflement  semblables  dans  le  genou  gauche.  Le  ma- 
lade m'avoua  qu'il  avait  consulté,  en  même  temps  que  moi, 
un  praticien  distingué  de  Lyon, qui  ne  s'était  jamais  expliqué 
sur  la  nature  des  affections  différentes  qui  se  produisaient 
dans  diverses  régions.  Mais  dernièrement  il  avait  revu  ce 
médecin,  qui  lui  avait  déclaré  reconnaître  actuellement  que 
toutes  les  affections  successives  qu'il  avait  présentées  étaient 
dues  à  un  rhumatisme. 

j>  C'était  aussi  mon  avis,  mais  je  me  demandais  sur  quoi 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  15 

pouvait  se  baser  l'opinion  autrefois  si  incertaine ,  mainte- 
nant si  positivement  exprimée  par  ce  praticien,  et  comment 
ce  rhumatisme  avait  pu  tour  à  tour  se  faire  migraine ,  gas- 
tralgie, bronchite,  dartres  et  gonflement  de  l'articulation  du 
genou.  » 

Nous  sommes  loin  de  partager  l'embarras  de  M.  Baumès, 
nous  voyons  dans  toutes  ces  affections  autant  de  phases  suc- 
cessives d'une  même  maladie  :  l'arthritis.  Les  diathèses  mu- 
queuses et  dartreuses  de  M.  Baumès  ne  sont  que  des  symptômes 
de  plusieurs  maladies  constitutionnelles  que  nous  avons  sou- 
vent nommées.  Cet  auteur  a  inauguré  un  langage  différent 
de  celui  qu'on  emploie  dans  les  écoles,  mais  il  n'en  reste  pas 
moins  organicien. 

Notre  collègue  M.  Hardy  est  resté,  comme  Chomel  et  le 
plus  grand  nombre  des  auteurs  contemporains,  sous  le  joug 
de  la  tradition.  La  diathèse,  pour  lui,  est  une  cause 
interne  commune  à  plusieurs  maladies,  ce  qui  l'a  conduit  à 
établir  une  classe  de  maladies  avec  les  symptômes  de  trois 
maladies  constitutionnelles  :  la  scrofule,  la  dartre  et  l'ar- 
thritis. 

«  Le  mot  dartres,  dit  M.  Hardy,  est  resté  dans  le  langage 
populaire,  et  c'est  à  tort  qu'il  a  été  rayé  du  cadre  nosologique 
dans  lequel  il  doit  reprendre  sa  place.  Il  existe  une  diathèse 
dartreuse  :  c'est  cette  diathèse  qui  produit  les  maladies  ap- 
pelées dartres.  Les  dartres  forment  une  famille  naturelle 
composée  de  quatre  espèces  morbides  :  l'eczéma,  le  Hchen, 
le  pityriasis  et  le  psoriasis.  » 

On  pourrait  demander  à  M.  Hardy  pourquoi  il  n'admet  que 
quatre  espèces  de  dartres,  au  lieu  d'en  reconnaître  cinq,  six 
et  un  plus  grand  nombre.  Le  pemphigus  ne  devrait-il  pas 
figurer  parmi  les  dartres?  J'avoue  que  j'aimerais  mieux  en 


16  LEÇONS  SUR  1,'ARTIIRITTS  HT  I.A  DARTRi:. 

faire  une  dartre  qu'une  lésion  accidentelle  de  la  peau.  Ce 
reproche  ne  s'adresse  pas  seulement  à  M,  Hardy,  mais  ù  Ali- 
bert,  qui  avait  aussi  rayé  la  dartre  pldyclénoîde,  pour  en 
faire  une  dermatose  eczémateuse.  Pourquoi  ne  trouve-t-on 
pas  l'urticaire  et  le  prurigo  sur  la  liste  des  affections  dar- 
treuses? 

Selon  M.  Hardy,  les  caractères  communs  des  affections 
qu'il  compte  au  nombre  des  dartres  sont  les  suivanls  :  l'hé- 
rédité, la  récidive,  la  tendance  à  se  propager  sur  la  surface 
du  corps,  l'existence  de  démangeaisons,  la  marche  chro- 
nique, enfin  la  guérison  sans  cicatrice. 

Mais  l'urticaire  et  le  pemphigus  ne  présentent-ils  pas 
tout  l'ensemble  des  caractères  communs  des  maladies  dar- 
treuses  ? 

Les  quatre  affections  culanécs  qui  jouissent  du  privilège, 
dans  le  livre  de  M.  Hardy,  d'être  nommées  dartres,  recon- 
naissent une  cause  interne  commune,  la  diathèse  dartreuse. 
Mais  cette  diathèse  ne  se  révèle  que  par  un  petit  nond)re  de 
phénomènes  qui  sont,  pour  ainsi  dire,  les  prodromes  des 
maladies  dartreuscs  :  la  sécheresse  de  la  peau ,  le  prurit  et 
une  organisation  spéciale  de  la  membrane  tégumentaire,  qui 
la  rend  apte  à  recevoir  l'action  pathogénétique  de  certains 
aliments,  comme  les  moules,  le  homard,  etc.  En  vérité,  peut- 
on  admettre  que  les  sujets  prédisposés  à  l'une  de  ces  quatre 
maladies  dartreuses,  seuls  soient  capables  d'éprouver  ces 
trois  phénomènes? 

Si  l'eczéma,  le  lichen,  le  pityriasis  et  le  psoriasis  sont 
quatre  maladies  différentes,  bien  qu'elles  soient  toutes  le 
produit  d'un  môme  vice,  comment  expliquer  les  transforma- 
tions si  ordinaires  de  ces  affections  les  unes  dans  les  autres? 

Je  viens  de  vous  exposer  les  motifs  qui  m'empêchent 


CONSinftR  VTrONS  GÉNÉRALES.  17 

d'admettre  la  diathèse  dans  le  sens  que  la  tradition  et  l'usage, 
selon  Chomel,  ont  réservé  à  ce  mot;  maintenant  il  faut  pré- 
ciser ce  que  nous  entendons  par  ces  expressions,  diathèse 
et  maladie  constitutionnelle. 

Eh  bien!  ces  deux  expressions,  pour  nous,  ne  sont  autre 
chose  que  deux  termes  génériques,  par  lesquels  nous  dési- 
gnons deux  classes  de  maladies  dans  le  tableau  nosologique.  | 

Une  diathèse  est  une  maladie  aiguë  ou  chronique,  pyré-  | 
tique  ou  apyrétique,  continue  ou  intermittente,  contagieuse 
ou  non  contagieuse,  caractérisée  par  la  formation  d'un  seul  ! 
produit  morbide  qui  peut  avoir  son  siège  indistinctement  , 
dans  tous  les  systèmes  organiques.  (Exemple  :  diathèses  tu- 
berculeuse, cancéreuse,  etc.)  \ 

Une  maladie  constitutionnelle  est  une  maladie  aiguë  ou  1 
chronique,  pyrétique  ou  apyrétique,  continue  ou  intermit- 
tente, ordinairement  à  longues  périodes,  contagieuse  ou  non 
contagieuse,  caractérisée  par  un  ensemble  de  produits  mor- 
bides et  d'affections  très  variées,  sévissant  indistinctement 
sur  tous  les  systèmes  organiques.  (Exemple  :  scrofule,  syphi- 
lis, etc.)  , 

Les  classifications  dermatologiques  sont  nombreuses;  ce- 
pendant toutes  peuvent  se  rapporter  à  trois  méthodes  princi- 
pales, selon  M.  Cazenave.  {Introduction  à  l'étude  des  mala- 
dies de  la  peau.  Schedel  et  Cazenave,  Maladies  de  la 
peau,  V  édit.) 

Première  méthode.  —  La  première  méthode  consiste  à 
diviser  les  affections  de  la  peau  en  deux  groupes  principaux, 
suivant  qu'elles  se  manifestent  à  la  tôte  [teignes),  ou  sur  le 
tronc  {dartres).  Mercuriali  (1576),  Turner  (I71/i),  Alibert 
(1806)  ont  tour  à  lour  adopté  cette  méthode  pour  base  de 
leur  classification. 

♦ 

2 


48  LEÇONS  SUR  L'aRTHRITIS  ET  LA  DARTRE. 

Deuxième  méthode.  —  La  seconde  mclhode  est  celle  de 
Joseph  Frank.  Cet  auteur  divise  les  maladies  de  la  peau  en 
aiguës  et  chroniques  :  les  premières  comprennent  les  exan- 
thèmes, et  les  secondes  renferment  les  impétigines.  La  divi- 
sion des  maladies  en  aiguës  et  chroniques  est  mauvaise  en 
nosologie,  la  marche  des  maladies  n'en  changeant  pas  la  na- 
ture. Bien  que  éloigné  de  Frank  sur  le  terrain  des  doctrines 
médicales,  je  me  rapproche  singuhèrement  de  ce  patliolo- 
giste  dans  les  divisions  dermatologiques;  aussi  n'est-il  pas 
sans  intérêt  de  vous  les  faire  connaître. 

Les  exanthèmes  de  Frank  se  partagent  en  deux  groupes  : 

-l"  Exanthèmes  symptomatiques  ; 

2°  Exanthèmes  primitifs. 

Les  premiers  comprennent  les  éruptions  pestilentielles 
(anthrax,  charbon),  et  les  éruptions  fébriles  (sudamina,  mi- 
liaire  fébrile,  etc.). 

Les  exanthèmes  primitifs  répondent  aux  pseudo-exan- 
ihèmes,  aux  fièvres  éruptives,  aux  phlegmasies  et  aux  hémor- 
rhagies. 

Les  impétigines  sont  primitives  ou  locales,  secondaires  ou 
symptomatiques.  Les  impétigines  locales  sont  constituées  par 
les  difformités  et  infirmités  congénitales  ou  acquises,  et  par 
les  affections  de  cause  externe.  Quant  aux  impétigines  secon- 
daires ou  symptomatiques,  elles  ne  sont  que  les  manifesta- 
tions cutanées  des  maladies  constitutionnelles  et  des  dia- 
thèses.  Frank  admet  des  impétigines  : 

1°  Inflammatoires; 

2"  Gastriques  ; 

3°  Arthritiques-, 

4°  Carcinomateuses  ; 

5*  Scrof uleuses  ; 


CONSinÉRATIONS  GÉNÉRALES.  49 

6°  Scorbutiques; 
T  Vénériennes  ; 
8°  Nerveuses. 

Enfin  il  existe  un  dernier  groupe  d'impétigines  composées 
ou  compliquées. 

Les  impétigines  inflammatoires  rentrent  évidemment  dans 
la  classe  des  impétigines  qui  dépendent  de  la  diathèse  arthri- 
tique, appelée  par  quelques  auteurs  diathèse  congestive  ou 
inflammatoire. 

Dans  les  impétigines  gastriques  et  arthritiques,  nous  re- 
trouvons nos  herpétides  et  nos  arthritides.  Toutefois,  il  est 
bon  d'ajouter  que  Frank  n'a  fait  qu'entrevoir  cette  distinc- 
tion des  manifestations  cutanées  de  la  dartre  et  de  l'arthri- 
tis;  en  effet,  dans  le  chapitre  oti  il  est  question  de  l'herpès, 
il  dit  que  la  plupart  des  dartres  sont  arthritiques,  et  il  oublie 
de  mentionner  l'herpès  gastrique. 

Je  n'ai  aucune  remarque  à  faire  sur  les  impétigines  car- 
cinomateuse,  scrofuleuse,  scorbutique  et  vénérienne,  dont 
les  dénominations  donnent  une  idée  suffisante  .des  aflections 
cutanées  auxquelles  Frank  a  appliqué  ces  expressions.  Tou- 
tefois je  ne  puis  m'empôcher  de  vpus  faire  observer,  à  propos 
des  impétigines  scrofuleuses,  que  Frank  ne  connaissait  que 
les  scrofulides  malignes,  et,  à  propos  des  impétigines  scorbu 
tiques,  que  celles-ci  étaient  plus  communes  de  son  temps  et 
dans  son  pays,  qu'elles  ne  le  .sont  aujourd'hui  dans  les  con- 
trées que  nous  habitons. 

Les  impétigines  nerveuses  du  pathologisle  allemand  rap- 
pellent les  névroses  cutanées  de  M.  Cazenave,  mais  elles  en 
diffèrent  complètement.  L'habile  dermatologiste  français  dé- 
signe sous  ce  nom  les  affections  des  papilles,  qu'il  considère 
comme  formées  presque  exclusivement  par  l'élément  nerveux. 


20  LEÇONS  SUR  L'AUTHUITIS  I-T  LA  DARTRE. 

C'est  détourner,  pour  le  dire  en  passant,  de  son  sens  tradi- 
tionnel le  mot  névrose,  qui  signifie  afl'eclion  sans  lésion  ma- 
térielle, et  non  aflection  qui  a  son  siège  dans  les  nerfs.  Le 
pathologiste  allemand  entend  par  impétigines  nerveuses  celles 
qui  se  lient  aux  affections  des  nerfs  ou  du  système  nerveux 
central.  Quand  la  sensibilité  et  la  myotilité  sont  troublées,  la 
nutrition  et  les  sécrétions,  dit-il,  sont  également  troublées,  et 
de  là  résultent  des  éruptions  et  des  squames  à  la  surface  de 
la  peau. 

Mais,  évidemment,  ces  lésions  cutanées  sont  des  symptômes 
de  symptômes,  et  ne  sauraient  constituer  un  groupe  particu- 
lier d'affections  cutanées  reconnaissables  à  des  caractères 
propres  comme  les  autres  groupes  naturels  que  nous  avons 
établis.  L'histoire  de  ces  affections  consécutives  appartient  à 
laséméiolique  delà  peau  et  à  la  description  des  maladies  aux- 
quelles elles  se  rapportent.  Je  citerai  comme  exemple  le  pru- 
rigo ictérique,  dont  l'étude  est  inséparable  de cellede l'ictère. 

Troisième  méthode. — La  troisième  méthode  prend  pour  base 
de  classification  l'élément  anatomo- pathologique,  la  lésion 
cutanée  élémentaire.  Plenk  en  1789,  Willan  en  1798,  sont 
les  deux  premiers  auteurs  qui  ont  formulé  cette  classification, 
dans  laquelle  les  affections  cutanées  sont  rapportées  par  le 
second  de  ces  auteurs  à  huit  ordres  :  i°  exanthèmes,  2"  vési- 
cules, 3»  bulles,  A"  pustules,  5°  papules,  6°  tubercules, 
7°  squames ,  S"  macules. 

Celte  classification  est  celle  qu'ont  adoptée  MM.  Schedel  et 
Cazenave  dans  leur  Traité  des  maladies  de  la  peau;  ils  ont 
ajouté  une  neuvième  classe,  composée  de  maladies  qui, 
par  leur  nature,  ne  peuvent  se  rapporter  à  aucun  des  ordres 
ci-dessus  :  lupus,  pellagre,  bouton  d'Alep,  syphilides,  pur- 
pura, éléphantiasis  des  Arabes,  kéloïde. 


CONSlDÉRATlOiNS  GÉ^ÉitALES.  21 

Pour  nous,  l'affection  cutanée  n'étant  qu'un  symptôme, 
une  bonne  classification  dermatologique  ne  doit  être,  s'il 
m'est  permis  de  m'exprimer  ainsi,  que  l'empreinte,  sur  le 
tégument,  du  cadre  nosologique.  Or,  dans  l'état  actuel  de  la 
science,  il  n'existe  pas,  il  faut  bien  le  dire,  une  bonne  classi- 
fication nosologique;  par  conséquent,  il  n'y  a  pas  de  classifi- 
cation des  affections  de  la  peau  exempte  de  reproches. 

Voici  celle  qui  me  paraît  la  meilleure. 

J'établis  trois  catégories  d'états  morbides  : 

1»  Difformités  5 

2"  Maladies  chirurgicales; 

3°  Maladies  internes. 

A  chacun  de  ces  groupes  d'étals  morbides  correspondent 
des  groupes  d'affections  cutanées,  ainsi  qu'on  peut  s'en  con- 
vaincre en  jetant  les  yeux  sur  le  tableau  ci-joint  : 


CLASSIFICATION  NOSOLOGIQUE. 

1"  Difformiles  congéniales  ou  ac- 
quises. 

2°  Maladies  chirurgicales  [de  canso 
cxteruc). 

3"  Maladies  internes. 

A.  Pestes. 

B.  Fièvres. 


CLASSIFICATION  DERMATOLOGIQUE, 

1"  Difformiles  congéniales  ou  ac- 
quises. 

Nœvi,  ichthyose,  vililigo  congénital 
ou  acquis. 

2"  Affections  cutanées  chirurgi- 
cales (de  cause  externe')  : 

A.  Mécaniques  :  plaies,  déchirures, 
brûlures,  eccliymoses. 

B.  Arlilicielies  :  directes,  indirectes 
OU  palhogénéliqucs. 

C.  Parasitaires  :  phyto-derniiques, 
iusecto-dermiqucs. 

3°  Affections  cutanées  de  cause  in- 
terne .• 

A.  Éruptions  pestileutiellcs  (  an- 
thrax malin,  charbon,  etc.). 

B.  Éruptions  fébriles  (lâches  ro- 
sées lenticulaires,  sudamina,  miliaire 
fébrile). 


LiivONs  SUR  L'Aimiiuns  j;i  i.a  DAuiHt;. 


C.  Exuiillièincs. 


D.  Fseiidu-cxaulbèmes. 


il.  Phlegmasies. 

F.  Héuiorihagies. 

G.  Maladies  consliiuiio)inelles  : 

a.  Scrofule. 

b.  Syphilis. 

c.  Dartre. 

d.  Arthrilis. 

e.  Scorbut. 

f.  Pellagre 

H.  Dialhcses. 


C.  li^ruplious  cxautliéiiiatiques [rou- 
geole, .scarlaiiiie,  variole,  varioloïde, 
varicelle). 

D.  Éruptioiis  pseudo  exaiillu-mati- 
ques  (roséole,  urticaire,  pityriasis  ru- 
bra  aigu,  pcmpliigus  aigu  ou  lièvre 
huileuse,  herpès  phlycténoïde,  zoua). 

E.  Érysipèle. 

F.  Purpura. 

G .  Éruplions  propres  aux  maladies 
consUlulionnelles,  ou  impélùjines  de 
Frauk  : 

a.  Scrofulidcs. 

b.  Syphilides. 

c.  Herpétides. 

d.  Arthritides. 

e.  Éruptions  scorbutiques. 

f.  Éruptions  pellagreuses  (1). 

H.  Éruptions  dialhésiques  {ép'ilhé- 
lioraa,  carciue ,  cancroïde ,  luyco  - 
sis,  etc.). 


Les  affections  culanées^marqiient  uiie  période,  une  phase 
d'évoluUonjdeTu^^  dàns  les  maladies  consti- 

tutionnelles ;  cette  phase  elle-même  offre  différents  degrés 
d'intensité,  qui  sont  en  rapport  avec  l'ordre  chronologique. 
Ainsi,  dans  les  syphilides,  nous  avons  trois  groupes  d'affec- 
tions, qui  marquent  les  trois  degrés  de  la  syphilis  cutanée  : 

1°  Syphilides  exanlhématiques; 

2°  Syphilides  circonscrites  ; 

3°  Syphilides  ulcéreuses. 

(l)  Les  progrès  de  la  science  pourront  apporter  quelques  changements  à 
cette  classification  ,  mais  ils  ne  sauraient  en  ébranler  les  bases.  Ainsi,  d'après 
les  intéressantes  recherches  de  M.  le  docteur  Costallat  (de  Bagnèrcs) ,  la 
pellagre  serait  produite  par  un  parasite  analogue  à  Tergot  de  seigle.  Si  ces 
recherches  se  confirmaient ,  la  pellagre  ne  pourrait  plus  figurer  parmi  les 
maladies  conslilutionuelles  ;  sa  place  naturelle  serait  dans  les  affections  arti- 
ficielles indirectes  ou  pathogénétiques. 


CONSIDÉRATIONS  GÉNÉRALES.  23 

Dans  la  scrofule,  nous  trouvons  de  même  trois  ordres  de 
scrofulides,  qui  correspondent  à  ces  trois  ordres  de  syphi- 
lides  : 

1"  Scrofulides  bénignes,  superficielles  et  étendues; 
2°  Scrofulides  malignes,  circonscrites; 
3°  Scrofulides  ulcéreuses. 

Dans  la  dartre,  nous  rencontrons  également  ces  trois 
groupes  : 

1°  Les  herpétides  pseudo-exantliématiques,  superficielles; 
aiguës  et  rapides  dans  leur  marche  5 

2°  Herpétides  circonscrites  ; 

3°  Herpétides  généralisées,  invétérées. 

Dansl'arthritis,  nous  n'aurons  que  deux  ordres  d'éruptions 
marquant  deux  degrés  de  l'arthritis  cutanée. 

J'ai  une  autre  remarque  à  vous,  faire,  c'est  que  dans  ces 
groupes  naturels  d'affections  cutanées,  il  y  a  tantôt  simple 
analogie,  et  tantôt  identité  de  cause.  Ainsi,  dans  les  exan- 
thèmes, chaque  éruption  appartient  à  une  individualité  pa- 
thologique distincte,  tandis  que,  dans  les  impétigines  con- 
stitutionnelles, tout  le  groupe  éruptif  dépend  de  la  même 
diathèse,  c'est-à-dire  qu'il  fait  partie  de  la  même  unité  patho- 
logique. 

L'étude  des  dartres  doit  èjtre  précédée  de  l'étude  des  deux 
maladies  constitutionnelles  dont  elles  ne  sont  qu'une  des 
nombreuses  manifestations,  et  de  la  connaissance  de  la  sé- 
méiotique  cutanée.  J'ai  déjà  traité  cette  dernière  en  4858  et 
en  1855;  je  n'ai  donc  à  m'occuper  cette  année  que  de  l'his- 
toire comparative  des  deux  unités  pathologiques,  l'arthritis 
et  la  dartre. 


PREMIÈRE  PARTIE 


DE  L'ARTHIUTIS  ET  DE  LA  DARTRE  CONSIDÉRÉES  COMME 
UNITÉS  PATHOLOGIQUES. 

Dans  quatre  chapitres  séparés,  j'étudierai  successivement 
les  symptômes,  les  causes,  la  séméiotifjue  et  le  traitement 
de  l'arthritis  et  de  la  dartre. 


CHAPITRE  PREMIER. 

ÉTUDE  NOSOGRAPHIQUE  DE  l'aRTHKITIS  ET  DE  LA  DARTRE. 

• 

Afin  de  mettre  autant  d'ordre  que  possible  dans  cette  étude, 
et  de  bien  séparer  les  caractères  qui  sont  communs  à  toutes 
les  maladies  constitutionnelles  de  ceux  qui  sont  propres  à 
chacune  d'elles,  et  en  particulier  à  l'arthritis  et  à  la  dartre, 
je  veux  appeler  votre  attention  successivement  :  1°  sur  la 
symptomatologie  des  maladies  constitutionnelles  en  général; 
2"*  sur  les  symptômes  propres  de  l'arthritis;  3°  sur  les  sym- 
ptômes propres  de  la  dartre  ;/i°  enfin  sur  les  affections  com- 
munes à  l'arthritis  et  à  la  dartre,  et  sur  les  phénomènes  géné- 
raux de  ces  maladies  constitutionnelles. 


ÉTUDK  NOSOGHAPHlQUli. 


25 


§  I.r.  _  Symptomatologie  des  maladies  constitutionnelles  en  général.  - 

C'est  assurément  l'observation  qui  nous  fait  connaître  les 
symptômes  des  maladies  constitutionnelles;  mais  l'obser- 
vation a  besoin  d'un  guide,  et  ce  guide  ne  peut  être  que  la 
doctrine  médicale  à  laquelle  nous  nous  rattachons  sciem- 
ment ou  à  notre  insu. 

La  plupart  des  auteurs  contemporains,  je  vous  l'ai  déjà 
dit,  sont  galénistes  en  ce  sens  qu'ils  confondent  la  maladie 
avec  l'affection.  Comment  pourraient-ils' arriver,  avec  cette 
doctrine,  à  la  connaissance  d'une  maladie  qui  consiste  préci- 
sément dans  les  rapports  d'un  certain  nombre  d'affections 
entre  elles  ? 

Les  anatomo-pathologistes  adoptent  la  doctrine  de  Pinel, 
qui  confondait  si  bien  la  lésion  avec  la  maladie,  que  la  cin- 
quième classe  de  maladie  admise  par  cet  auteur  est  dite 
celle  des  lésions  organiques.  Cette  doctrine  est  aussi  impuis- 
sante que  celle  de  Galien  ;  elle  ne  saurait  nous  servir  de 
flambeau  pour  l'étude  des  maladies  conslitutionncUesi 

Hufeland  reconnaît  des  groupes  de  maladies  modifiées  par 
une  diathèse,  espèce  de  constitution  morbide  intermédiaire 
à  la  santé  et  à  la  maladie.  Cette  doctrine  ne  vous  conduira 
pas  davantage  à  la  connaissance  des  maladies  constitution- 
nelles, parce  que  votre  attention  ne  sera  appelée  que  sur  les 
évolutions  successives  d'une  seule  et  même  affection,  quel- 
que modifiée  qu'elle  soit  d'ailleurs  par  la  diathèse,  et  non 
sur  les  évolutions  de  la  série  des  afiections  qui  représente 
l'état  symplomatologique  de  l'unité  morbide. 

Notre  doctrine  est  la  seule  qui  conduise  à  l'étude  des  rap- 
ports des  affections.  Nous  définissons  la  maladie  :  un  état 


2<>  Dii  l'arthritis  et  de  la  dartre. 

accidentel  et  contre  nature  du  corps,  qui  p^^dmt-et  ^eW- 
^f^e  un  ensemble  de  désordres  fonctionnels  ou  organiques, 
isolés  ou  réunis,  simultanés  ou  successifs. 

D'après  celle  définition,  on  voil  que  la  mnladie  est  la 
source  commune  des  symptômes,  des  lésions,  lu  cause  des 
évolutions  successives  de  tous  les  phénomènes  morbides. 
Nous  devons  ddnc  nous  attacher  à  découvrir  la  succes- 
sion et  les  rapports  des  affections  ou  des  symptômes,  les 
évolutions  successives  de  ces  accidents.  L'ordre  constant  que 
suivent  dans  leur  apparition  les  différents  phénomènes  des 
maladies  constitutionnelles,  ainsi  que  leur  physionomie  spé- 
ciale, prouvent  incontestablement  qu'ils  procèdent  du  même 
état  moi'bidei 

A.  Prodromes  des  maladies  con'stitltionnelles.  —  Dans 
les  maladies  chroniques,  aussi  bien  que  dans  les  maladies 
aiguës,  on  peut  trouver  des  prodromes.  La  maladie  n'existe 
pas  encore,  elle  n'est  pas  déclarée,  et  déjà  les  fonctions  sont 
plus  ou  moins  dérangées. 

Les  maladies  constituiionnelles  présentent-elles  des  pro- 
dromes ? 

J'ai  déjà  fait  connaître  l'ensemble  des  caractères  prodro- 
miques  qu'on  rencontre  chez  les  scrofuleux.  On  est  convenu 
d'appeler  cet  ensemble  de  cai'actères  prodromiques  la  consti- 
tution scrofuleuse  ou  écrouelleuse. 

Dans  les  autres  maladies  constitutionnelles,  souvent  on 
trouve  également  un  ordre  de  phénomènes  qui  peuvent  être 
considérés  comme  des  prodromes  ;  ce  sont  des  troubles 
physiologiques  qui  se  montrent  avec  persistance  :  dérange- 
ments des  fonctions  digestives,  chaleur  de  la  face,  amai- 
grissement, etc. ,  ou  certaines  modifications  de  la  consti- 
tution. 


ÉTUDE  iNOSOGRAPHlQUE.  27 

B.  Symptômes.  —  La  symjDtomatologie  commence  des 
qu'une  affection  propre  vient  à  se  déclarer.  Pour  n'omettre 
aucun  des  accidents  si  variés  que  représente  le  tableau  sym- 
ptomalique  des  riialadies  constitutionnelles ,  nous  ferotis 
l'histoire  séparée  des  affections  propres  et  des  phénomènes 
communs.  Ce  tableau  correspond  à  l'anciennë"  division  dëS 
auteurs,  symptômes  locaux  et  symptômes  généraux. 

a.  Affections  propres.  —  Les  affections  propres  des  ma-  ' 
ladies  constitutionnelles  se  succèderit-elles  dans  un  ordre 
déterminé?  Oui,  dans  l'immense  majorité  des  cas. 

Les  accidents  procèdent  de  l'extérieur  à  l'intérieur,  de  la 
périphérie  au  celitre.  Ils  débutent  par  les  surfaces  tégumen- 
taires,  se  propagent  aux  tissus  cutanés,  aux  lymphatiques,  aux 
cordons  nerveux,  et  envahissent  en  dernier  lieu  les  os  et  les 
viscères.  Toutefois,  à  cette  règle,  on  trouve  de  nombreuses 
exceptions.  Sous  l'influence  d'une  cause  physique,  la  mala- 
die constitutionnelle  pourra  commencer  indistinctement 
par  l'un  des  accidents  des  trois  dernières  périodes  :  un 
coup  sur  le  genou  provoque  le  développement  d'une  tumeur 
blanche  chez  un  scrofuleux,  qui  n'a  présenté  jusqu'alors  au- 
cune manifestation  de  la  maladie  constitutionnefle. 

D'un  autre  côté,  il  est  important  de  distinguer  les  troubles 
sympathiques  des  affections  proprement  dites.  Au  début  dé 
la  maladie  constitutionnelle,  celle-ci  ou  l'affection  tégumen- 
laire  qui  en  est  la  première  manifestation,  f)eut  réagir  sur 
les  viscères  ;  vous  ne  devez  pas  confondre  ces  réactions  sym- 
pathiques avec  les  affections  viscérales,  qui  constituent  les 
accidents  de  la  dernière  période  de  l'état  morbide.  Je  n'en 
veux  citer  qu'un  exemple  :  l'ictère,  dans  la  syphilis,  peut  se 
montrer  au  début  de  la  deuxième  période  et  coïncider  avec 
les  syphylides,  c'est  un  ictère  sympaihicjue  ;  ou  il  apparaît 


28  13E  L'aHTHIUTJS  et         la  DAllTHr.. 

dans  la  cachexie  syplulilinne,  et  il  devient  alors  le  signe  de 
la  dégénérescence  du  parenchyme  hépatique. 

L'ordre  dans  lequel  se  succèdent  en  général  les  accidents 
des  maladies  constitutionnelles  m'a  permis  de  partager  la 
marche  de  ces  dernières  en  quatre  périodes.  Cette  division 
anatomo-nosographique,  à  laquelle  je  n'attache  d'ailleurs 
qu'une  médiocre  importance,  revient  à  la  division  tradi- 
tionnelle :  période  de  débuts  période  ^ augmenta  période 
à' état  et  période  de  déclin. 

La  peau  est  donc  ordinairement  le  siège  des  premières 
manifestations  des  maladies  constutionnelles,  qui  se  portent 
ensuite  sur  le  système  lymphatique.  Toutefois  remarquons 
que  le  système  lymphatique,  qui  peut  être  aPlècté  lymphali- 
quement  dans  toutes  les  maladies  constitutionnelles,  ne  pré- 
sente comme  affections  propres  que  celles  de  la  scrofule  et 
de  la  syphilis  :  il  y  a  des  adénopathies  syphilitique  et  scro- 
fuleuse,  tandis  qu'il  n'existe  pas  d'adénopathies  dartreuse  et 
arthritique.  Dans  la  dartre  et  l'arthritis,  les  vaisseaux  et  les 
glandes  lymphatiques  s'irritent  consécutivement  aux  affec- 
tions des  surfaces  tégumentaires. 

Après  les  affections  tégumentaires,  viennent  celles  des 
cordons  nerveux,  du  tissu  cellulaire  et  des  membranes  sé- 
reuses, des  os  et  des  viscères. 

Voilà  ce  que  nous  avons  à  dire  du  siège,  en  général,  des 
affections  dans- les  maladies  constitutionnelles.  11  nous  reste 
à  parler  de  la  modalité  pathogénique  de  ces  affections. 

Dans  les  diathèses,  la  maladie  commence  par  des  affec- 
tions identiques.  Quel  que  soit  le  système  primitivement  at- 
teint, vous  observez  toujours  du  cancer  dans  la  diathèsc  can- 
céreuse, du  tubercule  dans  la  dialhèse  tuberculeuse.  Les 
maladies  constitutionnelles  se  comportent  d'une  manière 


ÉTUDE    iNOSOGRAPHlQUE.  29 

bien  différente  :  on  peut  observer  tous  les  modes  pathogéni- 
ques,  l'hypercrinie,  la  congestion,  l'inflammation  et  la  dégé- 
nérescence. 

La  différence  du  tissu  modifie  seulement  l'affection,  mais 
n'en  change  pas  l'essence;  quand  une  affection  passe  d'un 
système  sur  un  autre,  elle  conserve  toujours,  en  quelque 
sorte,  la  même  modalité  pathogénique.  Je  vais  rendre  cette 
pensée  plus  claire,  en  lui  donnant  des  développements. 

L'hypercrinie  se  traduit  à  la  peau  par  une  augmentation 
de  la  sécrétion  épidermique  dans  les  affections  squameuses, 
de  la  sécrétion  sébacée  dans  certaines  variétés  d'acné  et 
dans  les  flux  sébacés,  de  la  sécrétion  sudorale  dans  quel- 
ques eczéma  et  pempholix.  Or,  on  observe  souvent  dans  les 
maladies  constitutionnelles  les  phénomènes  suivants  :  si 
l'hypersécrétion  aqueuse  de  la  peau  vient  à  être  supprimée 
subitement,  elle  est  remplacée  par  une  ascite  ou  une  ana- 
sarque,  c'est-à-dire  par  une  hypersécrétion  du  système 
séreux.  D'autres  fois,  l'hypercrinie  aqueuse  de  la  peau 
fait  place  à  un  asthme  humide,  c'est-à-dire  à  une  hypersé- 
crétion de  la  muqueuse  bronchique.  Cependant  il  n'existe 
pas  là  de  règle  absolue.  Tous  les  jours,  on  voit  une  affec- 
tion sécrétante  cesser  brusquement,  pour  être  remplacée 
par  une  alîection  essentiellement  inflammatoire,  ou  du  moins 
par  une  affection  dont  la  modalité  pathogénique  est  diffé- 
rente: ainsi,  sur  la  peau,  une  sécrétion  épidermique  peut  suc- 
céder à  une  sécrétion  aqueuse  qui  a  duré  un  certain  temps. 

Pour  arriver  à  la  connaissance  d'une  maladie  constitution- 
nelle, la  réunion  d'un  ensemble  d'affections  n'est  pas  indis- 
pensable. L'existence  d'une  seule  de  ces  affections,  avec  les 
caractères  objectifs  qui  lui  sont  propres,  vous  permet  de  re- 
connaître la  maladie.  Pour  vous  donner  un  exemple,  je  pren- 


30  DE  l'aRTIIRITIS  F,T  pP.  LA  DARTRE. 

i|rai  une  affection  sypliilitique  :  si  vous  l'avez  bien  constalée, 
n'êtes-vous  pas  en  droit  d'annoncer  que  le  malade  est  placé 
sous  rinfluence  de  la  diatlièse  sypliililique? 

Id.  Symptômes  comrnuns.  —  Pour  faciliter  l'énuméralion 
des  affections  propres,  et  afin  de  les  exposer  dans  l'ordre 
chronologique,  j'ai  divisé  la  nriarche  de  la  maladie  en  quatre 
périodes.  De  même,  dans  le  but  de  simplifier  l'étude  des  sym- 
ptômes communs  de  la  maladie  constitutionnelle,  je  l'ai  par- 
tagée en  deux  temps:  une  p?'emière  époque,  pendant  la- 
qiielle  les  symptômes  communs  sont  intermittents  et  placés 
sous  la  dépendance  exclusive  des  alTections  propres;  une 
deuxième  époque,  pendant  laquelle  les  symptômes  communs 
sont  continus  et  procèdent  tout  à  la  fois  des  affections  et  de 
la  maladie.  On  a  donné  le  nom  de  cachexie  à  l'ensemble  des 
phénomènes  communs  qui  caractérisent  les  dernières  périodes 
des  maladies  constitutionnelles. 

Dans  la  première  époque,  les  accidents  généraux  sont 
en  rapport  avec  les  affections  locales.  L'état  fébrile  ne  se  ren- 
contre que  rarement  :  on  peut  citer  comme  exemples  de 
pyrexies  constitutionnelles  placées  sous  la  dépendance  de 
l'affection  locale,  la  pyrexie  du  rhumatisme  articulaire  aigu 
dans  Varthritis,  celle  de  la  bronchite  capillaire  ou  péri- 
pneumonia  notha  dans  la  dartre.  Nous  rencontrons  en- 
core d'autres  phénomènes  sympathiques  des  affections  lo- 
cales. Ainsi,  à  la  suite  des  hémorriiagies,  si  fréquentes 
dans  certaines  maladies  constitutionnelles,  nous  trouvons  les 
troubles  occasionnés  par  la  cbloro-anémie. 

L'appétit  vénérien  peut  être  augmenté  par  une  éruption 
qui  a  son  siège  sur  les  parties  génitales  et  sur  la  muqueuse 
génito-urinaire  ^  il  est  quelquefois  diminué  par  la  môme  érup- 
tion qui  provoque  des  pertes  séminales  et  de  l'affaiblissement. 


ÉTUDE  NOSOGRAPHIQUE.  31 

Dans  la  seconde  époque  des  maladies  conslitutionnelles,  la 
fièvre  devient  continue,  avec  des  exacerbations  vers  le  soir  : 
c'est  Vîiectique  constitutionnelle.  Les  symptômes  communs 
qu'on  observe  alors,  procèdent  et  de  la  maladie  et  des  affec- 
tions ;  ils  constituent  par  leur  ensemble  letat  cachectique. 

La  cachexie  est  le  syndrome  de  la  maladie,  et  non  d'une 
affection  en  particulier.  Elle  n'est  pas  plus  l'expression  sym- 
ptomatique  d'une  lésion  du  sang,  qu'elle  n'est  la  traduction 
d'une  altération  d'organes  ou  d'un  système  de  tissus.  Toutes 
les  fonctions  concourent,  chacune  dans  la  mesure  qui  lui  a 
étp  assignée,  à  la  destruction  progressive  de  l'individu  (1). 

Lorsque  la  maladie  est  arrivée  à  la  seconde  époque,  c'est- 
à-dire  à  la  cachexie,  la  terminaison  est  presque  toujours 
fatale  La  cachexie  est  bien  différente,  selon  les  maladies 
constitutionnelles  dans  lesquelles  elle  est  observée.  Nous 
allons  énumérer  succinctement  les  divers  phénomènes  qui  la 
caractérisent  et  qui  sont  observés  successivement  dans  les  fonc- 
tions animales,  vitales  et  naturelles.  Voici  cette  énumération 
résumée  :  1"  intégrité  des  fonctions  intellectuelles  ;  2°  état 
variable  des  fonctions  respiratoire  et  circulatoire;  3*"  dimi- 
nution graduelle  de  l'appétit,  diarrhée,  lientérie;  k°  séche- 
resse de  la  peau  ou  sueurs  colliquatives  ;  5°  altération  con- 
stante et  plus  ou  moins  grande  de  l'urine  ;  6"  amaigrissement, 
émaciation,  marasme  ou  infiltration  séreuse;  T  état  de  souf- 
france plus  ou  moins  grande;  8°  dépression  des  forces; 
9"  lièvre  hectique  ;  10°  mode  particulier  d'agonie. 

D'après  ce  court  exposé  des  phénomènes  de  la  cachexie,  on 
voit  que  toutes  les  fonctions,  à  l'exception  des  fonctions  in- 
tellectuelles, présentent  des  altérations  plus  ou  moins  pro- 


(4)  Bazin,  Leçons  sur  la  scrofule,  2«  édition. 


32  i)K  i/AinniuTis  f.t  ni'  l.\  dartiu:. 

fondes.  J'ai  déjà  dil  que  la  cachexie  difîérail  dans  les  diverses 
maladies  conslitulionnelles. 

En  eflet,  dans  la  cachexie  arthritique,  nous  remarquons 
une  dyspnée  progressive,  une  grande  anxiété,  souvent  une 
infiltration  séreuse.  La  fièvre  hectique  est  peu  marquée,  et  la 
mort  a  lieu  ordinairement  par  le  cerveau  ou  par  le  poumon. 

Dans  la  cachexie  dartreuse,  l'amaigrissement  est  porté  à 
ses  dernières  limites,  à  moins  qu'il  ne  soit  masqué  par  une 
infiltration  séreuse  passagère.  La  soullVance  se  traduit  sur 
toute  la  peau  couverte  d'exfoliations  et  d'exsudats  inllam- 
niatoires.  La  fièvre  hectique  peut  se  montrer  sous  les  types 
des  fièvres  tierce,  quarte,  quotidienne  :  elle  devient  continue 
dans  les  derniers  jours.  La  syncope  est  un  genre  de  mort  fré- 
quent dans  la  dartre. 

Les  cachexies  scrofuleuse  et  syphilitique  présentent  aussi 
des  caractères  particuliers;  mais  je  ne  veux  pas  m'étendre 
davantage  sur  ce  point  intéressant.  On  trouvera  une  des- 
cription plus  complète  de  chaque  cachexie  dans  l'étude  des 
différentes  maladies  constitutionnelles. 

c.  Marche  et  durée  des  maladies  constitutionnelles. 
—  La  marche  des  maladies  conslitulionnelles  est  ordinaire- 
ment intermittente  pendant  les  premières  périodes  ;  plus  tard 
elle  est  continue. 

La  durée  de  la  maladie  est  en  général  très  longue,  et  sou- 
vent elle  se  mesure  par  la  durée  de  l'existence  elle-même. 

Dans  le  plus  grand  nomhre  des  cas,  les  affections  des  ma- 
ladies constitutionnelles  ont  une  marche  chronique  ;  quel- 
quefois, mais  par  exception,  elles  présentent  une  marche 
aiguë  et  foudroyante.  Dans  les  intervalles  qui  séparent  ces 
affections,  les  malades  jouissent  d'une  santé  plus  ou  moins 
parfaite,  sauf  quelques  accidents  passagers  :  des  névralgies, 


« 


ÉTUDK  NOSOGRAPHIQUK.  33 

des  congestions  passcagères  surviennent  à  la  suite  de  la  plus 
légère  infraction  aux  règles  de  l'hygiène. 

Les  maladies  constitutionnelles,  à  l'instar  des  maladies 
aiguës,  subissent-elles  une  évolution  dans  la  série  générale 
des  affections  qui  les  composent?  Cela  ne  fait  aucun  doute. 
Ont-elles,  comme  les  maladies  aiguës,  des  crises  et  des  jours 
critiques?  Bordeu  le  pensait,  et  de  nombreuses  considérations 
pourraient  nous  porter  à  considérer  comme  phénomènes 
critiques  les  furoncles  et  les  anthrax  qui  se  monirent  parfois 
dans  le  cours  de  la  dartre  et  de  l'arthritis.  Mais  gardons-nous 
de  faire  des  hypothèses,  et  contentons-nous  d'exposer  les 
faits  avec  une  exactitude  scrupuleuse. 

d.  Terminaisons.  —  Après  une  durée  plus  ou  moins  lon- 
gue, les  maladies  constitutionnelles  se  terminent  par  la  mort 
ou  par  la  guérison. 

La  guérison  peut  avoir  lieu  dans  toutes  les  périodes  de  la 
maladie.  Mais  il  ne  faudra  pas  confondre  la  guérison  des 
aiïeclions  qui  se  reproduisent  à  des  époques  fixes  ou  indé- 
terminées, sur  les  mômes  systèmes  anatomiques  ou  sur  des 
systèmes  diflërents,  avec  des  modalités  pathogéniques  sem- 
blables ou  dissemblables,  il  ne  faudra  pas  confondre,  dis-je, 
la  guérison  de  ces  affections  avec  la  guérison  de  la  maladie 
qui  comprend  la  série  entière  de  ces  mêmes  affections. 

Le  praticien  est  souvent  placé  dans  un  grand  embarras, 
quand  il  est  requis  de  se  prononcer  sur  la  guérison  radicale 
d'une  maladie  constitutionnelle. 

La  scrofule,  la  dartre,  la  syphilis  surtout,  ont-elles  sus- 
pendu leur  marche  d'une  manière  définitive,  ou  le  malade 
se  trouve-t-il  seulement  en  présence  d'un  ajournement  plus 
ou  moins  long?  Ces  questions  sont  d'une  importance  extrême 
dans  la  pratique;  elles  intéressent  au  plus  haut  point  U 

? 


Dli  L'arTHRITIS  ET  DE  LA  DARTRE. 

sanlé  lies  personnes  qui  en  l'ont  l'objet  et  la  sécurité  des  fa- 
milles. Nous  nous  [iroaietlons  de  revenir  sur  oe sujet  intéres- 
sant à  propos  du  pronostic. 

La  mort  peut  avoir  lieu  également  dans  toutes  les  périodes 
de  la  maladie.  Elle  airive  le  plus  souvent,  dans  la  période 
quaternaire  comme  le  terme  nécessaire  de  toutes  les  évolutions 
successives  des  alleclions  propres  de  la  maladie  constitution- 
nelle. Elle  est  le  résultat  de  l'épuisement  produit  par  l'abon- 
dance des  sécrétions  morbides  et  par  l'altération  graduelle 
de  la  fonction  digestive. 

Toutefois  la  mort  ne  survient  pas  toujours  dans  ces  con- 
ditions; elle  peut  être  déterminée  par  un  accident  ou 
une  complication  qui  met  un  terme  prématuré  aux  souf- 
frances du  malade.  Les  phlegmasies  ultimes,  les  hémorrha- 
gies,  les  lymphites  et  les  plilébites,  l'artérite  sont  des  com- 
plications fort  ordinaires  dans  la  période  cacbectique  des 
maladies  constitutionnelles. 

e.  Complications.  — Les  complications  des  maladies  con- 
stitutionnelles sont  nombreuses,  et  je  citerai,  parmi  les  plus 
fréquentes,  les  hémorrbagies  et  les  bydropisies.  Or,  nous 
savons  que  ces  alTections  peuvent  être  symptomatiques  dans 
quelques  maladies  constitutionnelles.  Nous  devrons  donc  re- 
chercber  si  elles  se  rattachent  à  l'essence  de  la  maladie,  ou 
si  elles  se  montrent  à  titre  de  véritables  complications. 

Les  maladies  constitutionnelles  ne  sont  point  incompati- 
bles ;  souvent  elles  se  compliquent  et  se  développent  simul- 
tanément sur  le  même  malade.  Cependant,  s'il  existe  deux 
maladies,  l'une  l'emporte  habituellement  sur  l'autre  qui 
est  arrêtée  dans  sa  marche,  au  moins  pendant  quelque 
temps. 

Une  diathèse  peut  compliquer  une  maladie  constitution- 


ÉTUDE  NOSOGRAPHIQUE.  85 

nelie;  ainsi  la  diathèse  tuberculeuse,  ou  phHiisie  essentielle, 
coexiste  quelquefois  avec  la  scrofule.  Vous  la  reconnaîtrez  à 
son  évolution  propre.  Dans  la  scrofule,  les  tubercules  sont 
disséminés  dans  le  cerveau,  les  muscles,  les  ganglions,  etc. 
Dans  la  diathèse  tuberculeuse,  la  lésion  a  pour  siège  le 
poumon,  le  larynx  et  l'intestin.  Outre  le  siège,  il  faudra 
prendre  en  considération  la  marche  et  le  développement  du 
produit  morbide,  l'ensemble  et  l'évolution  des  symptômes. 
Toutefois  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  les  difficultés  qu'on 
éprouve  à  reconnaître  une  diathèse  qui  vient  compliquer  une 
maladie  constitutionnelle,  lorsque  la  diathèse  est  caractérisée 
par  un  des  produits  que  l'on  trouve  dans  l'autre  état  mor- 
bide. 

Une  des  complications  les  plus  intéressantes  des  maladies 
constitutionnelles,  c'est  le  parasite.  Tantôt  le  parasite  pré- 
cède et  tantôt  il  suit  le  développement  des  premières  ma- 
nifestations constitutionnelles  :  la  psore  éveille  la  dartre,  le 
trichophyton  provoque  l'apparition  du  sycosis  arthritique,  la 
pelade  se  montre  souvent  chez  les  sujets  syphilitiques. 

f.  Variétés  des  maladies  constitutionnelles .  —  La  ma- 
ladie ne  présente  pas  toujours  la  même  évolution  ni  la  même 
gravité.  Les  modifications  observées  dans  le  tableau  noso- 
graphique  des  maladies  constitutionnelles  dépendent  soit  de 
certaines  conditions  physiologiques,  soit  de  la  nature  môme 
de  la  maladie. 

1°  Variétés  suivant  les  conditions  physiologiques.  La 

maladie  présente  un  aspect  différent  suivant  l'âge,  le  sexe  et 
divers  états  physiologiques. 

2"  Variétés  selon  la  nature  de  la  maladie.  —  Les  variétés 
dues  à  la  nature  ou  au  génie  de  la  maladie  constituent  les 
formes,  dont  nous  reconnaissons  quatre  espèces  dans  les  ma- 


36  DH  i/artiiritis  et  de  la  dari-rf. 

latlies  corisliliilionnelk's  :  1"  forme  commune;  2"  forme  bé- 
nigne; 3"  forme  maligne  ;  h"  forme  fixe  primitive. 

Dans  la  forme  commune,  rjui  est  la  plus  fréquente,  la  ma- 
ladie suit  une  marche  simple.  Les  affections  ne  possèdent  pas 
le  caractère  de  bénignité  qu'on  retrouve  dans  la  forme  sui- 
vante, mais  elles  n'ont  pas  non  plus  la  gravité  qui  se  monlre 
dans  la  forme  maligne. 

Dans  la  forme  bénigne,  les  affections  ne  sont  graves  ni 
par  la  durée,  ni  i>ar  le  siège.  Souvent  la  maladie  suit  une 
évolution  incomplète,  et  quelquefois  elle  se  borne  à  une 
seule  manifestation. 

Dans  la  forme  maligne,  il  y  a  une  gravité  insolite  que  le 
génie  seul  de  la  maladie  peut  expliquer.  Les  affections  pré- 
sentent une  évolution  rapide  et  marchent  presque  fatalement 
vers  une  terminaison  funeste. 

Enfin,  dans  la  forme  fixe  primitive,  on  observe  une  ma- 
nifestation unique  qui  appartient  souvent  à  une  période 
avancée  de  la  maladie  constitutionnelle,  et  qui  n'est  précédée 
d'aucune  affection  de  môme  nature. 

Une  forme  fixe  primitive  de  la  scrofule  est  la  tumeur 
blanche,  qui  quelquefois  apparaît  d'emblée,  sans  qu'on  puisse 
trouver  antérieurement  d'autres  accidents  de  la  maladie 
constitutionnelle. 

§  II.  —  Symptômes  propre»  de  l'arthritis. 

Une  bonne  définition  comprend  en  substance  toute  l'his- 
loire  symptomatologi(jue  de  la  maladie,  de  sorte  que  l'exposé 
des  symptômes  n'est  en  réalité  que  la  déduction  et  le  déve- 
loppement des  termes  de  la  définition. 

L'arthritis  est  une  maladie  constitutionnelle,  non  conta- 


ÉTUDE  NOSOGHAPHlQUIî.  37 

gieusc,  caractérisée  par  la  tendance  îi  la  formation  d'un 
produit  morbide  (le  lophus),  et  par  dos  affections  variées 
de  la  peau,  de  l'appareil  locomoteur  et  des  viscères,  af- 
fections se  terminant  généralement  par  résolution. 

On  pourrait  m'objecter  que  je  réunis  sous  le  nom  d'ar- 
tbritis  la  goutte  et  le  rhumatisme,  cependant  je  considère 
ces  maladies  comme  deux  entités  morbides  qui  sont,  à  la 
vérité,  très  rapprochées  dans  le  cadre  nosologique.  D'ailleurs 
elles  ont  été  confondues  par  des  hommes  d'un  incontestable 
mérite.  Chomel  a  cru  à  l'identité  des  deux  maladies,  et  il  a 
créé  un  rhumatisme  goutteux  qui  participerait  à  la  fois  delà 
goutte  et  du  rhumatisme.  Si  la  distinction  est  si  difficile  à 
établir  entre  la  goutte  et  le  rhumatisme,  quand  on  a  sous 
les  yeux  les  manifestations  articulaires,  il  n'est  pas  étonnant 
que  nous  n'ayons  pu  saisir  les  caractères  qui  distinguent  les 
affections  cutanées  rhumatismales  de  celles  qui  sont  de  na- 
ture goutteuse.  En  alteatlant  que  nous  connaissions  les  ca- 
ractères propres  des  affectiotis  cutanées  rhumatismales  et 
goutteuses,  nous  les  décrirons  sous  la  dénomination  com- 
munt)  d'arthritides. 

a.  Prodromes. —  L'arthritis,  comme  la  scrofule,  présente 
un  ensemble  de  phénomènes  qu'on  peut  considérer  comme 
les  prodromes  de  la  maladie. 

On  observe  différents  troubles  dans  les  fonctions  de  lu 
peau  :  ainsi  la  transpiration  est  exagérée  ,  surtout  dans  cer- 
taines régions,  la  tète,  les  aisselles,  les  pieds,  les  mains  et 
les  organes  sexuels.  La  chute  prématurée  des  cheveux  pré- 
cède et  accompagne  souvent  les  manifestations  de  l'ar- 
thritis. 

Les  sujets  arthritiques  ont  une  tendance  à  l'obésité,  bien 
qu'ils  aient  un  appétit  modéré.  Ils  sont  habituellement  con- 


'^^  Dli  L'ahTHHITJS  ET  Dli  LA  DAHTHI:. 

slipés,  lundis  que  les  darlreux  sont  souvent  alleinLs  de 
diarrhée. 

Une  coniplicalioii  l'réquente,  qui  peut  être  considérée 
presque  à  titre  de  prodrome,  ce  sont  les  hémorrlioïdes. 

Nous  mentionnerons  encore  comme  des  accidents  prodro- 
miquesdel'arthritis,  des  migraines, des  congestions  delà  tôte, 
des  épistaxis,  des  lluxions  et  caries  dentaires,  des  troubles 
de  la  vue  et  de  l'ouïe,  tels  que  des  éblouissements,  des  tinte- 
ments et  des  bourdonnements  d'oreille. 

Enfin,  comme  il  existe  une  constitution  écrouelleuse,  il  y 
a  aussi  une  constitution  arlhi  i tique,  caractérisée  principale- 
ment par  le  développement  du  système  musculaire. 

b.  Première  période. — La  première  manifestation  de  l'ar- 
tbritisest  quelquefois  une  attaque  de  rhumatisme  articulaire 
aigu  avec  tous  les  symptômes  des  phlegmasies  iranchement 
inflammatoires.  Toutefois,  sachons  que  cette  affection  se 
montre  de  préférence  dans  la  seconde  période  de  la  maladie 
constitutionnelle.  Elle  est  rarement  observée  avant  l'âge  de 
la  puberté,  bien  que  je  l'aie  rencontrée  quelquefois  chez  des 
enfants  âgés  de  deux  à  trois  ans. 

En  l'absence  du  rhumatisme  articulaire,  on  trouve  un  grand 
nombre  d'autres  affections  qui  sont  légères,  superticielles  et 
temporaires,  et  portent  particulièrement  sur  la  peau  et  les 
membranes  muqueuses. 

Nous  signalerons  d'abord  un  eczéma  du  cuir  chevelu,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  l'eczéma  scrofuleux  que  nous 
avons  décrit  parmi  les  gourmes.  Quelques  formes  particulières 
d'acné  et  certaines  angines  aphlheuses  se  montrent  assez 
souvent  chez  les  enfants.  Enfin  n'oublions  pas  de  mentionner 
rérythème  noueux  qu'on  pourrait  nommer  érythèine  arthri- 
tique. 


ÉTUDE   NOSOGRAPHIQUE.  39 

Après  la  puberté,  on  observe  les  atî'ections  suivantes  : 
1"  l'érythème  des  parties  sexuelles ,  2°  l'érythème  œdé- 
nnateux  des  articulations,  3°  l'urticaire,  h°  le  zona,  5°  l'her- 
pès, 6"  la  fièvre  huileuse,  7°  les  furoncles  et  les  anthrax. 

Du  côté  des  muqueuses  nous  rencontrons  aussi  divers 
accidents  :  des  coryzas,  des  bronchites,  des  ophthalmies  spé- 
cifiques et  ces  éruptions  aphtheuses  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut.  On  voit  quelquefois  une  affection  de  la  peau  al- 
terner avec  une  affection  des  muqueuses,  et  récipro(]uo- 
ment,  une  affection  cutanée  succéder  à  une  affection  catar- 
rhale. 

Dans  l'intervalle  des  affections  de  la  peau  et  des  muqueuses, 
il  existe  un  ordre  d'accidents  plus  simples.  On  constate, 
alternativement  ou  simultanément,  des  migraines,  de  lu 
dyspepsie  arthritique,  des  douleurs  musculaires  vagues,  des 
épistaxis  et  des  hémorrhoïdes. 

c.  Deuxième  période.  —  Dans  cette  période,  on  trouve 
deux  symptômes  prédominants  :  des  attaques  de  goutte  ou 
de  rhumatisme  articulaire  aigu,  et  des  affections  cutanées 
persistantes.  Ces  deux  ordres  d'accidents  peuvent  coexister 
et  alterner;  souvent  il  y  a  une  sorte  de  balancement  entre  le 
rhumatisme  et  les  affections  cutanées.  Plus  Tattaque  de  rhu- 
matisme ou  de  goutte  est  intense,  moins  les  arthritides  sont 
prononcées;  au  contraire,  les  affections  cutanées  sont  tenaces 
et  opiniâtres,  lorsque  le  rhumatisme  articulaire  n'existe  pas 
ou  se  montre  à  un  faible  degré.  Chez  nos  malades,  vous 
verrez  souvent  que  des  dartres  rebelles  sont  survenues  vers 
l'âge  de  quarante  ans,  après  des  atteintes  légères  de  rhuma- 
tisme; dans  ce  cas,  on  rencontre  toujours  des  dyspepsies 
antérieures. 

Les  arlhntides,  comme  le  rhumatisme  articulaire  aigu,  ont 


4^  DE  L'AUTIHUTIS  liT  Dli  LA  DARTHE. 

une  durée  temporaire  et  une  marche  forcée;  aussi,  recom- 
mandons-nous de  n'avoir  aucune  confiance  dans  les  moyens 
perturbateurs  employés  pour  abréger  la  durée  de  ces  af- 
fections. 

Dans  l'intervalle  des  manifestations  arlliriliques  de  la  se- 
conde période,  ou  pendant  ces  manifestations,  o^  trouve 
encore  un  grand  nombre  d'accidents  que  nous  allons  énu- 
mérei'. 

Des  douleurs  vagues,  des  crampes,  des  contractures,  se 
produisent  avec  la  plus  grande  facilité  chez  les  sujets  arthri- 
tiques. On  observe  fréquemment  des  congestions  cérébrales 
répétées,  des  formications  dans  les  membres,  des  troubles 
de  la  vue,  des  angines,  des  coryzas  remarquables  par  leur 
durée  et  par  l'abondance  de  leurs  sécrétions  qui  enflamment 
les  parois  de  l'arrière-bouche.  Un  accident  qui  se  montre 
souvent,  c'est  la  dyspepsie,  qui  difTère  beaucoup  de  celle  qui 
est  symptomatique  de  la  dartre  :  la  dyspepsie  arthritique 
s'accompagne  de  chaleur  à  l'épigastre,  de  pyrosis  et  de 
constriction  de  l'œsophage. 

De  temps  en  temps,  il  existe  du  prurit  général  ou  limité  à 
certaines  régions.  Le  prurit  localisé  à  l'anus,  aux  narines, 
aux  parties  génitales,  présente  une  plus  grande  valeur  que 
celui  qui  est  étendu  à  toute  la  surface  du  corps.  La  fissure 
anale  ,  avec  constriction  spasmodique  du  sphincter,  coïncide 
souvent  avec  le  prurit  anal. 

d.  Troisième  2)ériode.— Bans  cette  période,  les  affections 
articulaires  se  généralisent  et  deviennent  fixes  ;  c'est  alors 
qu'on  voit  autour  des  jointures  des  dépôts  de  matière  topha- 
cée.  Les  lésions  articulaires  peuvent  revêtir  un  caractère  de 
gravité  plus  grand;  on  observe  quelquefois  la  destruction  des 
cartilages,  l'ankylose  ou  la  pseudo-ankylose,  et  môme  la  carie 


ÉTUDE  JNOSOGIUPHIQUE.  Ui 

des  os.  Pendant  l'existence  de  ces  affections  profondes,  la 
peau  reprend  ses  caractères  normaux. 

Dans  la  forme  herpétique  de  l'arthritis,  les  accidents  sont 
peu  nombreux  du  côté  des  articulations;  mais  alors  des  dés- 
ordres graves  se  produisent  vers  les  viscères. 

e.  Quatrième  période. —  Dans  la  dernière  période  de  la 
maladie  constitutionnelle  que  nous  étudions,  on  rencontre 
des  affections  viscérales  graves  et  nombreuses. 

Les  affections  organiques  du  cœur  sont  presque  toujours 
de  nature  arthritique.  M.  Senac,  dans  sa  thèse  inaugurale 
(1859),  rattaclie  toutes  les  affections  organiques  du  cœur  à 
deux  maladies  :  la  diathèse  arthritique  et  la  diathèse  herpé-» 
tique. 

Au  nombre  des  manifestations  de  l'arthritis,  il  faut  placer 
certaines  congestions  et  apoplexies,  l'asthme  catarrhal,  diffé- 
rentes lésions  du  foie  et  des  reins.  Quant  à  la  cataracte,  aux 
calculs  biliaires  et  aux  calculs  rénaux,  malgré  la  fréquence 
de  leur  production  dans  le  cours  de  l'arthritis,  je  ne  puis  les 
regarder  que  comme  des  complications,  et  non  comme  des 
affections  propres  de  la  maladie  constitutionnelle. 

La  cirrhose,  le  cancer  du  foie,  celui  de  l'estomac,  la  gas- 
trite chronique,  le  cancer  de  l'utérus,  des  ovaires,  survien- 
nent souvent  comme  affections  ultimes  de  l'arthritis. 

Les  diathèses  anévrysmale  et  variqueuse,  qu'on  rencontre 
assez  souvent  dans  le  cours  de  l'arthritis,  ne  font  pas  partie 
de  cette  maladie  constitutionnelle;  elles  sont  des  compli- 
cations qu'on  observe  fréquemment. 

Formes  de  Parthritis.  —  Nous  admettons  cinq  formes 
dans  l'arthritis  : 

1*  Une  forme  bénigne,  caractérisée  par  la  bénignité  des 
accidents; 


DE  l'arthritis  et  de  la  dartre. 

2°  Une  forme  commune,  (jui  est  celle  qu'on  trouve  le  plus 
souvent;  elle  présente  des  aneclioiis  à  marche  moins  rapide, 
mais  plus  grave  que  dans  la  forme  précédente; 

3°  Une  forme  maligne^  dont  les  afl'ections  ont  une  gravité 
insolite;  les  lésions  organiques  viscérales  se  montrent  préma- 
turément ; 

Ix"  Une  forme  fixe  primitive^  qui  est  caractérisée  par  la 
localisation  du  rhumatisme  ou  de  la  goutte  sur  une  ou  plu- 
sieurs articulations,  et  qui  se  borne  à  celte  seule  manifes- 
tation ; 

5°  Une  forme  herpétique,  qui  est  une  forme  fixe  primitive 
dans  laquelle  toutes  les  affections  se  montrent  sur  la  peau  et 
sur  les  muqueuses,  tandis  que  les  articulations  sont  respec- 
tées par  la  maladie. 


§  III. —  Symptômes  propres  de  la  dartre. 

Définition.  —  La  dartre  est  une  maladie  constitution- 
nelle, à  longues  périodes,  à  marclie  lente,  continue  ou  inter- 
mittente, non  contagieuse,  constituée  par  des  afleclions  spé- 
ciales, qui  ont  pour  siège  les  membranes  tégumentaires,  les 
nerfs,  les  viscères,  et  caractérisée  par  la  fréquence  des  réci- 
dives et  la  persistance  des  manifestations  cutanées. 

a.  Prodromes . — Chez  les  sujets  prédisposés  à  la  dartre,  la 
transpiration  est  rare  et  peu  abondante.  La  peau  est  sou- 
vent le  siège  de  démangeaisons  et  d'affections  patliogé- 
niques  qui  se  montrent  avec  la  plus  grande  facilité  :  ainsi 
des  éruptions  variées  et  éphémères  seront  occasionnées  par 
l'ingestion  de  certains  aliments ,  comme  le  homard  ,  les 
écrevisses,  la  moule,  etc.,  ou  par  l'excès  des  boissons  al- 


ÉTUDE  NOSOGKAPHIQUE. 

cooliques.  Nous  signalerons  la  maigreur,  qui  est  un  état 
presque  constant.  Sous  ce  rapport,  le  dartreux  est  loin  de 
ressembler  au  sujet  arthritique,  qui  est,  au  contraire,  re- 
marquable par  un  embonpoint  plus  ou  moins  considérable. 
La  diathèse  herpétique  s'annonce  encore  par  des  névroses 
diverses  :  la  gastralgie,  la  névralgie  des  espaces  intercostaux 
ou  des  autres  régions,  la  migraine  franche,  caractérisée  par 
des  douleurs  lancinantes  et  des  vomissements.  Le  dartreux 
présente  ordinairement  un  caractère  irascible  et  porté  à  la 
mélancolie. 

Tels  sont  les  phénomènes  qui  doivent  être  considérés 
comme  les  signes  précurseurs  de  la  dartre  -,  celle-ci  pourra  se 
manifester,  datis  un  temps  plus  ou  moins  éloigné,  par  des 
affections  spéciales,  dont  nous  allons  étudier  les  différents 
caractères. 

b.  Première  période.  — Nous  signalerons,  en  premier 
lieu,  les  pseudo-exanthèmes  que  nous  avons  décrits  depuis 
longtemps  :  la  roséole,  l'urticaire,  le  zona,  le  pityriasis  rubra 
aigu,  l'herpès  et  la  fièvre  huileuse  ou  pemphigus  aigu.  Ces 
affections  ne  sont  pas  propres  à  la  dartre  ;  elles  peuvent  être 
encore  idiopathiques  ou  arthritiques.  La  première  question  à 
s'adresser  ici  consiste  à  se  demander  s'il  existe  des  carac- 
tères propres  aux  pseudo-exanthèmes  dartreux  et  arthri- 
tiques. 

L'urticaire  arthritique  apparaît  et  augmente  sous  l'influence 
du  froid,  diminue  et  disparaît  à  la  chaleur  du  lit,  s'accom- 
pagne de  cuisson,  de  picotements,  et  subit  l'influence  des 
variations  de  température.  A  ces  caractères  on  peut  opposer 
ceux  de  l'urticaire  dartreuse  -.apparition  sous  l'influence  des 
émotions  morales,  augmentation  de  l'éruption  par  la  chaleur 
et  démangeaisons  très  vives.  Le  zona  dartreux  est  précédé, 


l>i;  l.'AimiUlUS  liT  i)E  LA  DAinHt. 

accoinpîigiié  et  suivi  do  douleurs  lancinantes,  inlenses,  ayant 
leur  siège  dans  les  nerfs  et  persistant  souvent  après  la  dis- 
parition de  l'éruption.  Le  zona  arthritique  présente  une  dou- 
leur dont  les  caractères  sont  bien  diiïérents;  elle  est  con- 
tinue, plus  sourde,  d'une  durée  moins  longue,  et  réside 
dans  les  muscles.  Le  premier  existe  dans  l'âge  mûr  ou  la 
vieillesse,  le  second  dans  l'enfance  ou  l'âge  adulte.  Il  y  a 
donc  quelques  différences  dans  les  caractères  des  pseudo- 
exanthèmes,  suivant  qu'ils  appartiennent  aux  dialhèses  ar- 
thritique ou  herpétique.  Nous  insisterons  davantage  sur  ce 
sujet,  lorsque  nous  étudierons  les  affections  propres  de  la 
dartre  et  de  l'arlhrilis. 

Dans  la  première  période,  après  les  pseudo-exanthèmes 
viennent  d'autres  affections  cutanées  qui  possèdent  des  ca- 
ractères propres  et  sont  conséquemment  plus  faciles  à  distin- 
guer. L'eczéma  est,  à  cette  époque,  une  des  herpétides  les  plus 
fréquentes;  lorsqu'il  siège  au  cuir  chevelu  chez  l'enfant,  il 
est  souvent  confondu  avec  l'impétigo  ou  l'eczéma  scrofuleux, 
collectivement  décrits  sous  le  nom  de  gourmes.  Cependant, 
l'eczéma  dartreux  présente  chez  l'enfant  les  mêmes  sym- 
ptômes objectifs  que  chez  l'adulte  ou  le  vieillard  :  déman- 
geaisons très  vives,  sécrétion  séro-plastique  abondante, 
croûtes  jaunes,  ou  brunes  si  elles  renferment  du  sang  résul- 
tant du  grattage,  absence  d'adénopathie,  de  kératite,  etc. 
Dans  l'eczéma  scrofuleux,  nous  trouvons  d'autres  carac- 
tères :  démangeaisons  peu  vives  ou  nulles,  sécrétion  séro- 
purulente,  croûtes  épaisses  et  jaunâtres  ou  verdàlres,ophthal- 
mies  et  otites  strumeiises.  Pendant  Tannée,  nous  avons  eu 
l'occasion  d'observer,  chez  un  enfant  de  trois  ans,  un  exemple 
évident  d'eczéma  dartreux  qui  existait  sur  le  cuir  chevelu, 
la  face,  plusieurs  parties  du  tronc  et  les  membres.  On  voyait 


ÉTUDE  NOSOGRAPIIIQUE.  U5 

çà  el  là  des  plaques  rouges  couvertes  d'un  liquide  clair  et 
visqueux,  des  croules  jaunes  ou  brunâtres,  des  déchirures  de 
la  peau  et  des  traînées  noirâtres  qui  attestaient  l'existence 
d'un  prurit  très  intense;  on  ne  trouvait  ni  ophthalmics ,  ni 
engorgements  ganglionnaires  ,  ni  aucune  affection  scrofu- 
leuse.  Il  faut  noter  l'absence  d'adénopathie  dans  cet  eczéma 
qui  durait  depuis  plusieurs  mois ,  et  quelques  antécédents 
importants  ;  ainsi  le  père  du  petit  malade  est  tourmenté  par 
des  migraines,  des  éruptions  boutonneuses  et  des  déman- 
geaisons atroces  qui  mettent  obstacle  au  sommeil. 

Dès  les  premières  manifestations  delà  diathèse herpétique, 
les  muqueuses  présentent  un  certain  nombre  d'affections  : 
c'est  ainsi  qu'on  peut  trouver  des  ophthalmies  légères  avec 
prurit  du  bord  libre  des  paupières,  des  attaques  répétées  de 
coryza  accompagné  d'angine  granuleuse,  des  diarrhées  glai- 
reuses, des  bronchites,  des  leucorrhées  ou  des  blennorrhées 
se  montrant  ordinairement  à  la  puberté  et  quelquefois  dans 
l'enfance. 

Pendant  la  première  période  de  la  dartre,  les  phénomènes 
sympathiques  sont  peu  nombreux  et  n'ont  aucune  impor- 
tance. Nous  pourrons  constater  l'existence  d'un  léger  mou- 
vement fébrile  dans  les  angines  et  les  pseudo-exanthèmes, 
ou  l'insomnie  qui  est  occasionnée  de  temps  en  temps  par  des 
démangeaisons  plus  ou  moins  intenses.  Ainsi,  la  santé  ne 
semble  pas  altérée  durant  les  manifestations  précoces  de  la 
diathèse  herpétique. 

c.  Deuxième  période.  —  Les  affections  revêtent  des  ca- 
ractères qui  ne  permettent  plus  de  les  méconnaître;  elles 
sont  à  la  fois  plus  étendues,  plus  fixes  et  plus  exposées  à  la 
récidive.  Elles  peuvent  se  montrer  sur  une  ou  plusieurs  des 
parties  suivantes  :  i"  sur  les  téguments  externes;  2°  sur  les 


Di'^  l'arthritis  kt  de  la  dartre. 

téguments  internes;  3" sur  le  système  nerveux;  A"  sur  le  sys- 
tème séro-cellulaire.  Les  all'cclions  de  lu  peau  se  présentent 
sous  deux  états  dilï'érents  dont  il  faut  tenir  compte,  soit  pour 
le  pronostic,  soit  pour  le  traitement. 

Dans  un  premier  cas,  la  dartre  est  caractérisée  par  l'exis- 
tence de  squames  ou  papules,  et  l'absence  de  sécrétion  hu- 
mide :  psoriasis,  pityriasis,  lichen,  etc.  Ces  herpélides  sèches 
ont  une  longue  durée  et  exigent  un  traitement  énergique. 
Les  dartres  qui  se  montrent  dans  le  second  état,  s'accom- 
pagnent au  contraire  d'une  sécrétion  séreuse  ou  séro-puru- 
lente  plus  ou  moins  abondante  :  l'eczéma,  l'impétigo  darireux 
ou  mélitagre,  etc.  Ces  dartres,  qu'on  peut  appeler  herpé- 
lides humides,  disparaissent  plus  facilement  que  les  herpétides 
sècbes,  mais  elles  offrent  aussi  des  récidives  plus  fréquentes. 
Elles  ont  pour  caractère  de  se  transformer  souvent  de  l'une 
dans  l'autre,  de  donner  lieu  quelquefois,  parleur  suppression 
trop  prompte,  à  des  métastases  sur  le  tissu  cellulaire  ou  les 
muqueuses;  enfin  elles  amènent  1'élat.cachectique  plus  rapi- 
dement que  les  herpétides  sèches,  dont  le.  pronostic  sous  tous 
les  rapports  offre  de  moindres  dangers. 

Les  affections  des  membranes  muqueuses,  telles  que  les 
catarrhes  piluiteux,  les  blennorrhées  ou  les  leucorrhées,  les 
diarrhées  rebelles,  qu'on  observe  dans  la  seconde  période  de 
la  dartre,  ne  sont  pas  moins  graves  que  les  herpétides  pré- 
cédentes. En  effet,  nous  savons  et  nous  voyons  tous  les  jours 
quelles  difficultés  on  rencontre  dans  le  traitement  curatif  de 
ces  différentes  affections! 

Comme  manifestations  dartreuses  sur  le  système  nerveux, 
je  signalerai  les  névralgies  franches  avec  élancements  :  névral- 
gie intercostale,  cubitale,  sciatique,  etc. 

Le  grand  sympathique  lui-même  peut  être  affecté;  ainsi  il 


ÉTUDE  NOSOGRAPHIQUE.  lil 

n'est  pas  rare  d'observer  des  coliques  sèches,  des  douleurs 
névralgiques  utérines  et  lombaires  chez  la  femme. 

Vers  la  fln  de  la  seconde  période  apparaissent  les  affections 
du  tissu  cellulaire  ou  séreux,  et  l'on  peut  voir  l'anasarque, 
l'ascite,  l'hydropéricard^  ou  d'autres  hydropisies.  Ces  collec- 
tions de  sérosité  ont  pour  caractère  de  se  résorber  rapide- 
ment, et  souvent  d'alterner  avec  les  affections  de  la  peau 
ou  des  muqueuses. 

Dans  rénumération  des  signes  prodromiques  de  la  dartre, 
nous  avons  signalé  l'irascibilité  ou  la  mélancolie.  Dans  la  se- 
conde période,  les  désordres  intellectuels  sont  plus  considé- 
rables; ils  peuvent  aller  jusqu'à  l'aliénation  mentale,  qui, 
toutefois,  se  rencontre  plus  souvent  dans  la  période  suivante. 

d.  Troisième  période.  —  Les  herpétides  tendent  à  enva- 
hir toute  l'étendue  de  la  peau  et  à  devenir  fixes  ;  elles  ne  dis- 
paraissent généralement  que  sous  l'influence  des  moyens 
appropriés.  Cependant  elles  entraînent  fréquemment  par  leur 
disparition  diverses  affections  métastatiques,  même  après 
avoir  été  combattues  par  un  traitement  rationnel.  On  a  vu 
maintes  fois  survenir  à  la  suite  de  la  guérison  des  dartres 
étendues,  l'ascite,  l'hydropéricarde,  l'œdème  pulmonaire, 
l'apoplexie  séreuse  ou  l'aliénation  mentale.  D'autres  fois 
nous  avons  observé  quelques  herpétides  coexistant  ou  alter- 
nant avec  une  névralgie  périodique,  des  accès  d'asthme,  des 
vomissements,  un  ictère,  des  catarrhes  pulmonaires  ou  vé- 
sicaux. 

Nous  pouvons  nous  résumer  en  disant  que,  dans  la  troi- 
sième période,  nous  trouvons  des  herpétides  qui  tendent  à 
se  généraliser,  et  des  affections  viscérales  nombreuses  dont 
la  disparition  peut  encore  être  obtenue. 

e.  Quatrième  période.  —  Les  herpétides  couvrent  toute 


DE  i.'ARTnRiTis  rr  w.  i\  oartre. 

la  surface  du  corps,  ({u'elles  n'ahandunneiiL  plus  d'une  façon 
complèlc;  elles  se  Iransformeut  et  se  confondent  à  tel  point 
(ju'il  est  souvent  impossible  de  reconnaître  la  lésion  pi  imitive. 

On  observe  un  amaigrissennent  cxtrônne  qui  est  quelque- 
lois  masqué  par  une  infiltration  du  tissu  ceMulaire  :  la  peau 
plissée,  accolée  aux  os,  couverte  de  squames,  de  croûtes  et 
d'exsudats  inflammatoires,  est  le  siège  d'une  sécrétion  abon- 
dante qui  contribue  à  épuiser  le  malade.  Souvent  les  organes 
internes  ont  subi  une  atteinte  profonde  ;  tantôt  on  reconnaît 
les  signes  évidents  d'un  cancer  de  l'estomac,  du  foie,  des 
ovaires  ou  do  l'utérus,  tantôt  les  accès  d'asthme  se  rappro- 
chent et  ne  laissent  aucun  repos  au  malade.  Enfin  l'agonie 
se  déclare  et  la  mort  ne  tarde  pas  à  survenir. 

En  effet,  lorsque  la  dartre  est  arrivée  à  cette  période,  elle 
marche  nécessairement  vers  une  terminaison  fatale. 

Nous  devons  nous  demander  comment  nous  distinguerons, 
des  lésions  viscérales  de  la  scrofule  et  de  la  syphilis,  celles 
qui  sont  syniptomatiques  de  la  diathèse  herpétique.  En  ce 
moment,  nous  ne  possédons  pas  les  éléments  suffisants  pour 
répondre  à  cette  question  intéressante;  mais  je  suis  con- 
vaincu qu'en  donnant  une  bonne  direction  aux  recherches 
ultérieures,  on  arrivera  à  connaître  les  caractères  anato- 
miquesetnosographiques  des  cancers  dartreux,  arthritiques, 
scrofuleux  et  syphilitiques. 

Formes  ou  modifications  de  la  dartre.  —  Dans  la  dar- 
tre, comme  dans  les  autres  maladies  constitutionnelles,  nous 
reconnaissons  quatre  formes:  1°  la  forme  commune ,  2°  la 
forme  bénigne,  3°  la  forme  maligne,  4"  la  forme  fixe  pri- 
mitive. 

La  forme  bénigne  est  caractérisée  par  la  simplicité  et  la 
courte  durée  des  affections  des  quatre  périodes. 


fiTUDE  NOSOGRAPHIQUE.  i!|9 

La  forme  maligne  est  remarquable  par  la  gravité  et 
l'évolution  rapide  des  affections.  Ainsi,  dès  le  début,  les  her- 
pétides  arrivent  à  se  généraliser  ;  les  lésions  viscérales  se 
montrent  bientôt  avec  une  marche  foudroyante,  et  la  mort 
vient  terminer  la  maladie  d'une  manière  aussi  prompte 
qu'inattendue. 

La  forme  fixe  primitive  n'est  pas  rare,  et,  disons-le, 
elle  est  loin  de  présenter  la  même  gravité  que  la  forme  pré- 
cédente. Elle  est  souvent  constituée  par  le  psoriasis  ou 
l'une  des  autres  herpétides  sèches,  que  nous  avons  considé" 
rées  comme  étant  moins  dangereuses  que  les  dartres  humides. 

La  forme  commune  est  la  plus  fréquente.  Ses  affections 
ne  sont  ni  aussi  simples  que  celles  de  la  forme  bénigne,  ni 
aussi  graves  que  celles  de  la  forme  maligne,  caractérisée  le 
plus  souvent  par  des  dégénérescences  fdjreuses  ou  cancéreuses 
des  organes  internes. 

§  IV.  —  Symptômes  communs  ou  généraux. 

Nous  examinerons  les  phénomènes  communs  dans  la  dar- 
tre et  l'arthritis,  à  deux  époques  de  ces  maladies  constitu- 
tionnelles. Pendant  une  première  époque,  marquée  par  une 
sorte  d'intermittence  entre  les  manifestations  morbides,  les 
phénomènes  communs  paraissent  indépendants  les  uns  des 
autres;  dans  une  seconde  époque,  il  s'établit  une  sorte  de 
solidarité  entre  eux,  comme  cette  solidarité  existe  entre  les 
affections  elles-mêmes. 

a.  Preiyiière  époque.  —  La  santé  générale  semble  par- 
faite dans  les  intervalles  qui  séparent  l'apparition  des  diffé- 
rentes affections  5  la  maladie  ne  se  traduit,  pour  ainsi  dire, 
que  par  l'état  local. 


t'ARTHRlTiS  tt  DK  TA  î)ARTnr,. 

Cependant  on  observe,  dans  un  grand  nonihre  de  cas,  quel- 
ques dérangements  dans  la  santé  ;  les  phénomènes  que  Ton 
i'encoiltre  peuvent  être  jiropres  ou  communs  aux  deux  mala- 
dies constitutionnelles  que  nous  étudions. 

1°  Symptômes  communs  à  Varthritis  et  à  la  dartre. — Un 
I  accident  fréquent  de  l'arthritis  et  de  la  dartre,  c'est  la  dys- 
\  pepsie  qui  offre  des  caiactères  différenls,  suivant  qu'elle  ap- 
partient à  l'une  ou  à  l'autre  de  ces  maladies.  Si  la  dyspepsie 
s'accompagne  de  pyrosis,  de  constriction  œsophagienne  et 
subit  l'influence  des  variations  de  température,  elle  est  ar- 
thritique. Celle  qui  est  de  nature  herpétique  a  pour  carac- 
tères de  présenter  des  douleurs  vives,  lancinantes,  où  téré- 
branles,  d'être  produite  et  augmentée  par  les  émotions  mo- 
rales. 

La  migraine  est  une  affection  qu'on  peut  aussi  rencontrer 
dans  l'arthritis  et  la  dartre.  La  céphalalgie  arthritique  se  ma- 
nifeste par  une  lourdeur  ou  une  pesanteur  de  la  tête,  par  des 
tintements  d'oreille  et  des  éblouissements.  Au  contraire,  la 

I  migraine  dartreuse  présente  une  douleur  vive,  lancinante, 
limitée  à  la  moitié  du  crâne  (hémicrànie),  ou  à  une  partie  de 
la  tête,  le  front,  les  tempes,  etc.,  souvent  précédée  de  four- 
millements et  de  sensations  diverses  dans  une  région  voisine; 
enfin,  cette  affection  est  encore  caractérisée  par  des  nausées 
et  des  vomissements,  dont  l'apparition  annonce  généralement 
la  terminaison  des  accidents  névralgiques. 

i  On  peut  trouver,  dans  les  deux  dialhèses  arthritique  et 
herpétique,  des  troubles  semblables  dans  les  fondions  gé- 
nitales. 

Rien  n'est  plus  commun  que  de  rencontrer  dans  ces  mala- 
dies le  prurit  des  parties  t^exuelles.  Ce  symptôme  provoque 
parfois  des  pertes  séminales,  qu'il  ne  faut  pas  rapporter  à 


ÉTUDE  NOSOGRAPHÎQUi;.  ai 

une  dépression  des  forces,  ni  considérer  comme  une  consé- 
quence immédiate  de  la  maladie  constitutionnelle. 

Voilà  les  phénomènes  que  l'on  peut  dire  communs  à  la 
dartre  et  à  l'arthritis,  quoiqu'ils  présentent  déjà  un  certain 
nombre  de  caractères  propres  à  en  établir  la  nature.  Il 
nous  reste  à  étudier  d'autres  symptômes  généraux,  qui 
appartiennent  en  particulier  à  chacune  des  diathèses  dar- 
treuse  et  arthritique ,  et  qui  sont  plus  faciles  à  recon- 
naître. 

2°  Phénomènes  généraux  'propres  à  la  dartre  et  à  l'arthri- 
tis. —  Dans  la  première  maladie  la  transpiration  est  dilïicile 
et  rare,  dans  la  seconde  elle  est  abondante  et  fréquente  :  l'une 
présente  une  coloration  variée  des  téguments  externes,  due 
à  la  présence  des  produits  excrétés;  dans  l'autre,  on  trouve 
parfois  des  plaques  de  vitiligo  sur  différentes  parties  de  la 
peau.  Dans  la  dartre,  les  urines  se  troublent  rapidement 
après  leur  émission  et  contiennent  beaucoup  de  phosphates; 
dans  l'arllirilis,  elles  sont  peu  abondantes,  rouges,  chargées 
d'urée  et  d'acide  urique.  Chez  l'arthritique,  la  nutrition 
subit  des  atteintes  peu  sensibles,  et  souvent  l'embonpoint 
persiste  jusqu'aux  périodes  avancées  de  la  maladie;  chez 
le  dai  treux,  on  trouve  de  bonne  heure  l'amaigrissement, 
qui  fait  plus  tard  des  progrès  très  rapides.  Enlin,  je  signa- 
lerai un  dernier  phénomène,  la  chute  prématurée  des  che- 
veux, qui  existe  fréquemment  dans  l'arthritis,  et  (jue  l'on 
n'observe  pas  dans  la  dartre. 

b.  Seconde  époque.  —  On  donne  le  nom  de  cachexie 
à  cette  époque  des  maladies  constitutionnelles.  Les  phé- 
nomènes qui  la  composent  sont  placés  dans  une  sorte 
d'équilibre  qui  fait  augmenter  l'un,  quand  l'autre  vient  à 
diminuer  ;  ils  sont  l'expression  directe  de  la  maladie  parvenue 


52  DE  l'arthhitis  i:t  de  la  dartre. 

à  son  dernier  période.  Nous  allons  les  passer  en  revue  dans 
l'arlliritis  et  la  dartre. 

Dans  l'arllirilis,  les  affections  ont  quitté  la  peau  qui  a  re- 
pris l'état  normal;  dans  la  dartre,  cette  membrane  tégumen- 
taire  est  couverte  de  squames,  de  croûtes  et  d'exsudats  in- 
flammatoires. 

L'émaciation  se  montre  dans  les  deux  maladies,  mais  elle 
est  plus  prononcée  dans  la  diatlièse  herpétique.  Do  part  et 
d'autre,  elle  peut  ôlre  masquée  par  une  infiltration  séreuse  du 
tissu  cellulaire  ;  mais  celle-ci,  due  souvent  à  la  métastase  des 
affections  cutanées,  disparaît  et  reparaît  dans  la  dartre  plus 
promptement  que  l'hydropisie  causée,  dans  l'arthrilis,  par 
des  lésions  cardiaques  ou  vasculaires.  Ces  mêmes  lésions  dé- 
terminent souvent  des  troubles  de  la  circulation. 

La  température  du  corps  est  plus  élevée  dans  la  dialhèse 
herpétique  que  dans  l'arlhiitis.  Cette  dernière  présente  une 
dépression  des  forces  plus  considérable  dès  ses  premières 
manifestations. 

Dans  la  dartre,  on  rencontre  la  mélancolie  et  quelquefois 
une  exaltation  cérébrale  qui  peut  aller  jusqu'à  la  folie;  dans 
l'arthrilis,  on  observe  la  démence  et  le  délire  qui  se  montrent 
souvent  à  la  suite  des  congestions  cérébrales  répétées,  des 
apoplexies  et  des  ramollissements. 

L'albuminurie  est  une  affection  commune  aux  deux  mala- 
dies, mais  elle  n'est  qu'un  symptôme  passager. 

La  diarrhée  colliquative,  l'anorexie  sont  presque  con- 
stantes dans  la  dernière  période  de  la  dartre;  elles  manquent 
ou  sont  très-rares  pendant  l'existence  des  affeclions  avancées 
de  l'arthritis. 

La  fièvre  hectique,  dans  l'arthrilis,  est  peu  marquée  et 
continue  ;  celle  qu'on  observe  dans  la  cachexie  darlreuse. 


ÉTUDE  ÉTIOLOGIQUE.  53 

peut  se  montrer  sous  les  différents  types  des  fièvres  inter- 
mittentes, et  ne  devient  continue  que  pendant  les  derniers 
temps  de  la  quatrième  période. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  l'agonie,  dont  le  mode  ne  soit  différent 
dans  les  deux  maladies  conslitutionelles.  Dans  l'arlliritis,  la 
dypsnée  est  le  symptôme  prédominant  :  les  malades  sont 
emportés,  soit  par  des  apoplexies  et  des  catarrhes  pulmo- 
naires, soit  par  des  congestions  cérébrales.  Au  contraire, 
l'agonie  n'a  pas  toujours  le  temps  de  se  déclarer  chez  les  dar- 
treux,  qui  succombent  souvent  à  une  syncope  ou  à  une  apo- 
plexie nerveuse. 

Lesphlegmasies  ultimes  sont  beaucoup  plus  fréquentes  dans 
l'arlhritis,  qui  se  complique  dans  un  assez  grand  nombre  de 
cas,  de  péricardite,  de  pleurésie  et  de  la  formation  de  caillots 
dans  le  cœur  ou  les  autres  organes  vasculaires. 

Anatomie  'pathologique.  —  Déjà  nous  avons  dit  que  nous 
ne  connaissions  pas  les  caractères  anatomiques  propres  des 
lésions  viscérales  arlliriliques  et  darlreuses.  Espérons  que, 
dans  un  avenir  prochain,  des  recherches  nouvelles  nous  dé- 
voileront ce  qui  est  encore  mystérieux  pour  nous  dans  l'his- 
toire des  lésions  viscérales  des  maladies  constitutionnelles. 


CHAPITRE  II. 

ÉTIOLOGIE  DES  MALADIES  CONSTITUTIONNELLES. 

Nous  avons  à  examiner  deux  ordres  de  causes  :  1°  la  cause 
interne  ou  prédisposition,  2°  les  conditions  extérieures  ou 
propres  à  l'individu,  qui  favorisent  le  développement  de  la 
maladie.  Quand  nous  aurons  élucidé  ces  deux  questions,  une 


Dli  L'Ain  IllUTIS  lil   l)K  I.A  DAIM  HE. 

troisièiiKî  se  présenUMu  iialurelluimiiil,  c'esl  lu  question  pa- 
tliogénique,  qui  coniporle  la  solution  des  problèmes  suivants  ; 
1"  faire  connaître  la  nature  de  la  maladie,  2°  démontrer  l'exis- 
tence de  l'unité  patl)ologi(iue,  3°  déterminer  la  place  (pie  lu 
maladie  doit  occuper  dans  le  cadre  nosologique. 

§  I.  —  Prédisposition  ou  caute  interne. 

J'admets  la  prédisposition  dans  toutes  les  maladies.  Je  lui 
reconnais  trois  modes  d'action,  et  de  cette  manière  il  existe  : 
1°  une  prédisposition  spontanée,  2"  une  prédisposition  héré- 
ditaire, 3°  une  prédisposition  éveillée  par  la  contagion. 

Si  une  maladie  est  transmise  parles  aïeux  ou  les  parents 
plus  proches,  elle  se  développe  sous  l'influence  de  la  cause  in- 
terne appelée  prédisposition  héréditaire.  Les  diathèses  qui 
présentent  ce  mode  de  développement  sont  dites  diathèses 
héréditaires  :  la  scrofule,  la  dartre  et  Tarthritis  sont  très  sou- 
vent des  maladies  héréditaires. 

Si  une  maladie,  la  scrofule,  la  dartre,  etc.,  se  manifeste 
chez  un  sujet  dont  les  parents  n'ont  pas  présenté  ce  même 
état  morbide,  elle  dépend  de  la  prédisposition  spontanée. 
Celle-ci  naît  avec  l'organisme,  et  n'attend  qu'une  cause  occa- 
sionnelle pour  se  traduire  par  une  maladie  qui  aura  ses  évo- 
lutions successives. 

Enfin, -la  contagion  est  le  troisième  mode  de  transmission 
des  maladies.  Dans  ce  cas,  je  reconnais  encore  l'existence 
d'une  cause  interne,  nécessaire  au  développement  de  l'état 
morbide.  Dans  les  maladies  contagieuses,  la  syphilis,  la  va- 
riole ,  etc. ,  les  virus  ou  autres  agents  ne  sont  que  -des 
causes  déterminantes  dont  l'action  serait  impuissante  à  dé- 
velopper la  maladie,  s'il  n'existait  préalablement  une  cause 
interne  ou  prédisposition. 


ÉTUDE  ÉTIOLOGIQUE.  5(5 

Examinons  successivement  chacune  de  ces  causes  internes 
ou  prédispositions. 

1°  Hérédité.  —  L'hérédité  ou  la  prédisposition  héréditaire 
no  saurait  être  mise  en  doute  par  personne  :  elle  s'exerce 
directement  des  parents  aux  enfants,  ou  hien  elle  saute  une 
génération.  Elle  a  ordinairement  un  mode  d'action  croisé  :  le 
fils  apporte  en  naissant  la  prédisposition  aux  maladies  mater- 
nelles, la  Hlle  hérite  des  maladies  paternelles.  Plusieurs  dia- 
thèses  héréditaires  peuvent  se  montrer  chez  le  même  sujet: 
la  scrofule  et  l'arlhrilis,  la  dartre  et  lu  scrofule  existent 
souvent  d'une  manière  simultanée.  Tanlôt  les  deux  maladies 
sont  transmises  par  le  même  parent,  tantôt  l'une  est  donnée 
par  le  père,  et  l'autre  par  la  mère. 

L'hérédité  est  certainement  le  mode  de  transmission  le 
plus  fréquent  dans  les  maladies  constitutionnelles.  Si  son 
existence  n'est  pas  plus  souvent  constatée,  il  faudra  quelque- 
fois s'en  prendre  à  l'ignorance  des  observateurs,  qui  mécofl- 
naissent,  par  exemple,  les  relations  de  nature  entre  la  tur 
meur  blanche  et  la  phthisie,  entre  les  dartres  et  les  névralgies. 

L'hérédité  a-t-elle  le  pouvoir  de  transformer  les  maladies? 
La  syphilis  peut-elle  engendrer  la  scrofule?  Selon  nous,  les 
unités  pathologiques  ne  s'altèrent  et  ne  se  transforment  pas 
plus  par  l'hérédité,  qu'elles  ne  s'altèrent  ou  ne  se  trans- 
forment par  leur  durée. 

2°  Contagioîi.  —  Les  auteurs,  qui  ont  cherché  à  pénétrer 
l'essence  de  la  contagion,  ont  admis  plusieurs  hypothèses  sur 
lesquelles  il  faut  donner  des  explications.  Ainsi,  ils  ont 
institué  un  virus,  un  agent  toxique,  qui  contient  tous  les 
cléments  de  la  maladie  et  qui  se  fnultiplie  par  une  sorte  de 
fermentation.  Mais  pourquoi  ne  tiendrait-on  aucun  compte 
ilc  l'organisme,  dont  le  rôle  actif  nous  est  démontré  tous  U  g 


^'^  DE  L'aRTHRITIS  ET  DE  LA  DARTRE. 

jours?  Ne  voyons-nous  pas  à  chaque  instant  des  sujets  résister 
à  l'action  des  virus  ou  des  agents  contagieux?  Nous  croyons 
que,  s'il  est  nécessaire  de  reconnaître  l'action  des  virus,  il 
faut  admettre  préalablement  une  cause  ou  prédisposition  in- 
terne, sans  laquelle  la  maladie  ne  saurait  se  produire.  Pour 
nous,  le  viruâ  n'est  pas  plus  un  agent  toxique  qu'un  ferment; 
c'est  une  cause  déterminante  spéciale  qui,  pour  déterminer 
l'état  morbide,  a  besoin  d'un  terrain  favorable  sans  lequel 
elle  reste  impuissante. 

3°  Prédisposition  spontanée.  —  Si  une  maladie  rj'est  ni 
héréditaire,  ni  contagieuse,  on  admet  qu'elle  est  spontanée, 
c'est-à-dire  qu'elle  se  développe  sous  la  seule  influence  de 
la  cause  interne. 

■  De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  qu'il  n'existe  pas  de 
diathèses  acquises  :  une  diathèse  dépend  toujours  d'une  pré- 
disposition héréditaire,  d'une  prédisposition  spontanée,  ou 
d'une  prédisposition  mise  en  action  par  une  cause  spéciale, 
l'agent  contagieux. 

§  II.  —  Conditions  extérieures  ou  propres  à  l'individu,  qui  favorisent 
le  développement  de  la  maladie. 

Les  causes  qui  résultent  des  conditions  extérieures  sont 
les  causes  déterminantes  et  prédisjoosantes.  Il  faut  bien  se 
garder  de  confondre  ces  dernières  avec  la  prédisposition  ou 
cause  interne.  On  peut  ranger  ces  deux  ordres  de  causes 
dans  trois  catégories  :  1°  influences  physiologiques,  2°  in- 
fluences pathologiques,  3o  influences  hygiéniques. 

a.  Influences  j^hysiologiques. — Nous  étudierons  successi- 
vement rinfluence  de  l'âge,  du  sexe,  du  tempérament  et  des 
révolutions  physiologiques,  telles  que  la  puberté,  l'âge  cri- 


ÉTUDE  ÉTIOLOGIQUE.  57 

tique,  sur  le  développement  et  l'aspect  des  maladies  consti- 
tutionnelles. 

Age.  —  L'âge  exerce  une  certaine  influence  sur  les  mani- 
festations diathésiques  :  ainsi,  le  zona  qui  apparaît  dans  l'en- 
fance est  arthritique,  celui  qui  se  montre  dans  l'âge  mûr  ou 
la  vieillesse  est  hei  pétique.  Dans  l'enfance,  la  scrofule  est  plus 
fréquente  que  la  dartre  et  l'arthritis. 

Sexe.  —  La  dartre  semble  plus  commune  chez  la  femme, 
et  l'arthritis  chez  l'homme.  Cependant  j'avoue  que  cette  pro- 
position aurait  besoin  d'être  appuyée  sur  un  plus  grand 
nombre  de  faits,  pour  être  admise  comme  une  vérité  in- 
contestable. Le  sexe  exerce  encore  une  influence  sur  les 
formes  des  affections  :  les  dartres  humides  sont  plus  fré- 
quentes chez  la  femme,  et  les  dartres  sèches  se  remarquent 
plus  souvent  chez  l'homme. 

Les  névralgies  franches  et  les  migraines  appartiennent 
particulièrement  au  sexe  féminin,  dans  lequel  on  observerait 
aussi  plus  souvent  la  transformation  des  afl'ections. 

Tempérament,  coîistitution.  —  Les  éruptions  dartreuses 
se  développent  de  préférence  chez  les  sujets  qui  ont  une 
constitution  sèche  et  le  tempérament  bilieux  ou  nerveux. 
Dans  l'arthritis,  on  rencontre  le  plus  ordinairement  une  con- 
stitution forte  avec  prédominance  du  système  musculaire  et 
adipeux,  et  le  tempérament  lymphatico-sanguin.  Cependant 
nous  n'accordons  point  au  tempérament,  dans  la  production 
des  maladies,  une  importance  aussi  grande  qu'on  le  fait 
généralement^  il  n'en  existe  pas  un  seul  qu'on  ne  puisse 
trouver  dans  toutes  les  maladies  constitutionnelles. 

Mais  si,  dans  la  détermination  des  maladies,  les  tempéra- 
ments n'ont  pas  toute  l'influence  qu'on  leur  a  reconnue, 
on  ne  saurait  leur  refuser  une  certaine  action  dans  la  pro- 


5"  DE  L'ARTIIUIIIS  lil    DR  LA  HARTRE. 

diiclion  dos  formes  des  ariecliotïs.  En  effel,  les  éruplions 
acnéiques,  pustuleuses  et  vésiculeuses  se  motilreril  liabituel- 
lemenl  dans  le  tempérament  lympiiati(|ue,  les  aHeelions 
érythémateuses  et  tuberculeuses  dans  le  tempérament  san- 
guin, celles  qui  sont  huileuses  dans  le  tempérament  bilieux, 
enfin  les  névralgies  arthritique  et  herpétiques,  les  éruptions 
papuleuses  dans  le  tempérament  nerveux. 

Révolutions  physiologiques.  —  Les  révolutions  physiolo- 
giques ont  une  influence  évidente  sur  la  production  etPaspect 
des  affections  constitutionnelles.  Ainsi,  les  gourmes  ap[)arais- 
sent  ordinairement  à  l'époque  de  la  première  dentition,  la 
couperose  est  fréquente  à  la  puberté  et  à  l'âge  critique.  Pen- 
dant la  grossesse  et  l'allaitement,  on  observe  souvent  des  érup- 
tions, qui  étaient  désignées  autrefois  sous  le  nom  de  dar- 
tres laiteuses. 

h.  Influences  pathologiques .  —  La  dysménorrhée,  l'amé- 
norrhée, les  hémorrhoides,  la  conslipation  sont  plutôt  des 
effets  que  des  causes  de  maladies.  Mais  il  est  une  classe 
d'affections  qui  peuvent  jouer  le  rôle  de  causes  détermi- 
nantes dans  la  production  des  maladies  constitutionnelles  : 
je  veux  nommer  les  affections  parasitaires. 

Les  dartreux  des  hôpitaux  accusent  presque  toujours  la 
gale,  comme  élant  le  point  de  départ  de  leur  affection.  Ils 
n'ont  pas  tort  complètement;  les  parasites  sont  souvent 
des  causes  occasionnelles  qui  font  éclater  des  diathèses 
latentes.  De  la  môme  façon  agiront  quelquefois  l'érylhème 
produit  artificiellement  par  la  sueur  ou  la  malpropreté,  cer- 
taines maladies  spontanées,  comme  les  fièvres  éruptives  et 
autres  maladies  totius  substantia^. 

c.  Influences  hygiéniques,  ou  influences  communes  exer- 
cées par  le  milieu  qui  entoure  le  malade.  —  Des  excès  de 


ÉTUDE  ÉTIOLOUIQUE.  59 

lablt',  l'usage  do  cerlains  ingesla  (moule,  homard,  café,  bois- 
sons alcooliques,  etc.),  déterminent  souvent  des  manifesta- 
lions  cutanées.  , 

Les  localisations  et  les  formes  des  affections  constitution- 
nelles sont  iiilluencées  d'une  manière  évidente  parles  appli- 
cala  et  les  circumfusa,  comme  la  chaleur,  le  froid,  les  varia- 
tions de  température,  le  retour  des  saisons,  les  phénomènes 
inéléorologiques,  etc. 

Les  professions  sont  importantes  à  considérer  dans  leurs 
rapports  avec  les  affections  diathésiques.  On  sait  que  les 
épiciers,  les  boulangers,  dont  les  mains  sont  continuellement 
irritées  par  différentes  substances,  sont  sujets  à  une  forme 
particulière  de  dartres  qui  disparaissent  facilement  par  le 
simple  repos,  à  moins  que  la  diathèse  ne  soit  déjà  parvenue 
à  une  période  avancée. 

Les  émotions  morales  (pei-cepta)  occasionnent  fréquem- 
ment des  éruptions  cutanées  de  nature  herpétique. 

§  III.  —  Pathogénie. 

Les  anciens,  recherchant  avec  ardeur  et  ne  pouvant  péné- 
trer l'essence  de  la  maladie,  avaient  créé  les  virus  et  les  vices, 
qu'ils  considéraient  comme  les  causes  premières  des  états 
morbides.  Mais  le  virus  syphilitique,  les  vices  herpétique  et 
arthritique  ne  sont  pas  plus  connus  dans  leur  nature,  que  la 
syphilis,  l'arthritis  et  la  dartre,  dont  ils  sont  les  causes  pro- 
ductrices. On  voitdonc  que  la  question  proposée  parles  pre- 
miers auteurs  n'a  reçu  qu'une  solution  illusoire;  celle-ci, 
pour  être  complète,  exigerait  la  connaissance  intime  des 
virus  et  dts  vices  qui  furent  admis  à  titre  de  simples  hypo- 
thèses. Cependant  ces  hypothèses  avaient  un  mérite,  celui 
de  conserver  intactes  les  unités  paihologiques.  Plus  tard, 


f>0  I>K  L'AinmUTJS  ET  I)F  LA  DARTRE. 

elles  furent  remplacées  par  une  aulre  liypollièse,  la  dialhèse, 
qui  ne  peut  nous  expliquer  davantage  la  nature  des  mala- 
dies. Nous  ne  reviendrons  pas  ici,  sur  ce  que  nous  avons 
dit  des  diathèses  dans  les  considérations  générales. 

La  science  moderne  a  tout  à  fait  abandonné  la  reclierclie 
des  essences  morbides,  pour  ne  s'occuper  que  des  rapports  des 
affections.  Aussi,  toutes  les  questions  de  nature  consistent 
aujourd'hui  à  limiter  et  à  classer  les  unités  pathologiques. 

Quelles  sont  les  preuves  de  l'unité  pathologique?  Elles  no 
résident  pas  dans  l'existence  des  virus  ou  des  vices^  dont 
nous  ignorons  complètement  la  nature.  L'observation  seule 
peut  nous  conduire  à  la  détermination  de  l'unité  patholo- 
gique. En  effet,  elle  nous  montre  la  relation  des  affections 
d'un  système  anatomique  avec  celles  des  autres  systèmes; 
elle  nous  fait  connaître  les  caractères  objectifs  propres  aux 
différents  groupes  de  ces  alTections;  enfin  elle  nous  indique 
le  médicament  sous  l'influence  duquel  les  phénomènes  mor- 
bides disparaîtront,  quels  que  soient  leur  siège  et  leur  mode 
pathogénique.  Ainsi,  l'étude  du  malade  et  l'observation  doi- 
vent guider  le  vrai  nosologiste  pour  limiter  et  classer  les  ma- 
ladies par  une  méthode  simple  et  naturelle.  Si  l'on  part  de  la 
physiologie  ou  de  Tanatomie  pathologique,  on  ne  considère 
que  des  lésions,  des  symptômes  et  des  affections,  dont  on  fait 
autant  de  maladies  ;  on  arrive  à  démembrer  l'unité  mor- 
bide. 

Cette  doctrine  traditionnelle  démontre-t-elle  l'existence 
de  la  dartre  et  de  l'arthritis  ?  Nous  répondons  parl'affirmative. 
En  effet,  les  affections  dartrcuses  coïncidentes  ou  successives 
disparaissent  sous  l'influence  des  préparations  arsenicales, 
tandis  que  les  manifestatious  arthritiques  guérissent  par  lad- 
minislration  des  alcalins.  D'un  autre  côté,  nous  reconjiais- 


ÉTUDE  ÉTIOLOGIQUE.  61 

sons  des  groupes  d'affections  qui  présentent  des  relations 
invariables,  des  caractères  objectifs  propres  et  une  évolution 
particulière  dans  chacune  des  diathèses. 

Il  reste  à  nous  demander  quelle  place  occupent  dans  le  cadre 
nôsologique  la  dartre  et  l'arthritis.  La  multiplicité  des  lé- 
sions et  des  symptômes,  les  longs  intervalles  qui  séparent 
quelquefois  les  périodes,  la  durée  de  ces  dernières,  font  ran- 
ger ces  deux  états  morbides  dans  la  classe  des  maladies  con- 
stitutionnelles. Nous  ne  saurions  nous  dissimuler  que  le  terme 
maladie  constitutionnelle ,  employé  pour  désigner  une  classe 
dans  lecadre  nôsologique,  est  défectueux,  en  ce  sens  quela  plu- 
part des  maladies  chroniques  finissent  par  attaquer  la  consti- 
tution. Mais  il  suffit  de  donner  une  définition  précise  de  l'ex- 
pression dont  on  se  sert,  comme  nous  l'avons  fait  pour  le 
cas  présent  dans  les  considérations  générales. 

L'arthritis  peut  être  placée  k  côté  de  la  scrofule  et  de  la 
syphilis,  avec  lesquelles  elle  présente  quelque  analogie.  Ces 
trois  maladies  sont  caractérisées  par  des  affections  cutanées 
exemptes  du  prurit  propre  à  la  dartre,  devant  disparaître 
dans  la  quatrième  période,  par  des  affections  osseuses  et  par 
un  produit  morbide  particulier  dans  chacune  d'elles  :  le  tuber- 
cule dans  la  scrofule,  la  gomme  dans  la  syphilis  et  le  tophus 
articulaire  dans  l'arthritis. 

La  dartre  se  rapproche,  par  l'ensemble  de  ses  caractères, 
des  maladies  constitutionnelles  lèpre,  scorbut  et  pellagre! 
Ni  les  unes  ni  les  autres  ne  possèdent  un  produit  morbide 
particulier.  On  trouve  des  phénomènes  nerveux  variés  :  des 
névralgies  dans  la  dartre,  l'anesthésie  dans  la  lèpre,  et  des 
accidents  cérébraux  dans  la  pellagre.  La  peau  est  pendant 
longtemps  le  siège  d'affections  propres  :  le  dartreux  est  cou- 
vert  desquames  et  d'exsudats,  les  altérations  cutanées  se  pro- 


62  i)£  L'ARTiihitis  i:'r  ni-  t.A  DAiniu:. 

nohcent  davanlnge  dans  la  pellagre  el  le  scoi  l)ul, à  mesure  que 
la  maladie  avance  vers  la  terminaison  falale. 


CHAPITRE  m. 

SÉMÉIOTIQUE. 
§   I.    —  Diagnostic. 

La  séméiotique  de  l'arthrilis  et  de  la  dartre  comprend  le 
diagnostic  et  le  pronostic.  Je  ne  m'attacherai  pas  à  vous  mon- 
trer loule  l'importance  du  diagnostic,  à  propos  de  ces  mala- 
dies constitutionnelles.  Vous  savez  que,  sans  diagnoslic,  il 
ne  peut  exister  qu'un  traitement  incertain  el  basé  sur  un  em- 
pirisme aveugle. 

Les  éléments  du  diagnoslic  des  maladies  diathésiques  sont 
empruntés  à  la  nosographie,  à  l'étiologie  et  à  la  thérapeu- 
tique. En  effet,  la  nosographie  apprend  la  marche  et  l'évo- 
lution des  alfections  de  chaque  système  organique;  par  elle, 
on  arrive  aussi  à  la  connaissance  des  caractères  spéciliques, 
généraux  et  particuliers  des  affections  constitutionnelles. 
L'étiologie  peut  éclairer  le  diagnoslic  par  les  renseigne- 
ments utiles  que  donne  l'exaiuen  de  la  constitution,  de  l'âgée 
de  l'hérédité,  de  la  profession,  etc.  Enfin,  dans  quelques  cas 
obscurs,  un  traitement  qui  a  été  suivi  de  guérison,  contribue 
pour  sa  part  à  indiquer  la  nature  de  l'affection. 

Le  diagnostic  de  la  dartre  et  de  l'arthrilis  consiste  à  re- 
connaître :  1°  l'unité  pathologique;  2°  les  afieclions  propres 
qu'on  trouve  sur  les  systèmes  légumentaire,  nerveux,  mus- 
culaire ou  parenchymaleux-j  3»  le  genre  et  la  lésion  élémen- 
taire de  l'affection. 


I 


ÉTUDE  SÈMÉIOTIQUË.  •  OS 

Plus  loin,  quand  nous  décrirons  les  affections  propres  de 
la  dartre  et  de  l'arthritis,  nous  donnerons  leurs  caractères 
spécifiques,  généraux  et  particuliers. 

L'étude  des  éruptions  communes  et  de  la  lésion  élémen- 
taire Fait  partie  de  la  séméiotique  cutanée,  quej'ai  déjà  traitée 
à  plusieurs  reprises,  et  que  vous  devez  connaître. 

Quant  tà  présent,  je  me  bornerai  à  quelques  remarques  sur 
le  diagnostic  de  la  dartre  et  de  l'arthitis,  considérées  comme 
unités  pathologiques.  Nous  ferons  d'abord  le  diagnostic  dif- 
férentiel de  ces  deux  maladies  constituliotmelles,  puis  nous 
chercherons  à  les  distinguer  des  autres  maladies  constitution- 
nelles et  des  dialhèses. 

a.  Diagnostic  différentiel  de  la  dartre  et  de  Varthritis. 
Ces  deux  maladies  ont  des  caractères  communs  et  des  carac- 
tères propres. 

1°  Caractères  communs.  —  Les  dialhèses  arthritique  et 
herpétique  appartiennent  au  i^iéme  groupe  du  cadre  nosolo- 
gique,  se  montrent  à  tous  les  âges  et  dans  les  deux  sexes,  sont 
hérédilaires,  mais  non  conlngieuses.  Elles  ont  une  longue  du- 
rée, et  présentent  des  affections  variées  :  des  congestions, 
des  inflammations,  des  hémorrhagies,  des  catarrhes,  des  né- 
vroses, etc.  Enfin,  toutes  deux  commencent  par  des  acci- 
dents cutanés  et  aboutissent  parfois  à  la  dégénérescence  can- 
céreuse. 

2»  Caractères  propres.  — '^•Axxm  les  systèmes  organiques, 
les  uns,  comme  la  peau,  les  muqueuses  et  les  tissus  paren- 
chymateux,  sont  affectés  dans  l'arthritis  et  la  dartre;  les  au- 
tres ne  présentent  des  affections  que  dans  l'une  de  ces  mala- 
dies. Ainsi,  dans  la  dartre,  les  cordons  nerveux  sont  le  siège 
d'une  affection  propre,  la  névralgie,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  la  rhuinalalgie  qui  réside  dans  les  muscles, 


DE  L'ARTHRITIS  lîT  DE  LA  DARTRE. 

L'arthrilis  se  manifeste  d'une  manière  spéciale  sur  le  sys- 
tème fibro-séreux,  et  possède  comme',  affections  propres  le 
tophus  et  différentes  lésions  du  cœur,  à  savoir  :  endocardite, 
rétrécissements,  etc.  On  devra  éviter  de  confondre  l'asthme 
essentiel  de  nature  dartreuse,  et  l'asthrne  catarrhul  qui  est 
un  phénomène  arthritique. 

En  considérant  les  manifestations  de  la  dartre  et  de  l'ar- 
Ihritis  sur  tous  les  systèmes  en  général,  on  trouve  d'autres 
caractères  différentiels.  Dans  les  premières  périodes,  on 
peut  opposer  la  fixité  des  arthritides  à  la  mobilité  des 
herpétides.  Celles-ci  se  montrent  indistinctement  sur  toutes 
les  régions,  et  les  autres  se  développent  sur  des  lieux  de 
prédilection,  le  cou,  le  visage,  les  mains,  les  parties  gé- 
nitales, les  pieds,  etc.  La  symétrie  qui  existe  le  plus  sou- 
vent dans  les  éruptions  dartreuses,  manque  le  plus  ordi- 
nairement dans  les  affections  arthritiques.  Les  premières 
persistent  dans  la  période  ultime  de  la  maladie,  les  secondes 
quittent  la  peau  lorsque  les  lésions  viscérales  viennent  à  se 
déclarer.  Dans  la  dartre,  on  trouve  souvent  les  lésions 
élémentaires,  telles  qu'elles  ont  été  décrites  par  Willan. 
Dans  l'arlhritis,  on  observe  plus  fréquemment  certaines 
formes  ou  variétés,  l'eczéma  sec  et  nummulaire,  le  lichen  cir- 
conscrit, etc.,  et  des  affections  composéesqui  semblent  parti- 
ciper primitivement.de  plusieurs  lésions  élémentaires  :  je  cite- 
rai, comme  exemple,  le  psoriasis  artbriiique  qui  emprunte 
ses  caractères  aux  affections  vésiculeuses  et  squameuses. 
Enfin,  je  donnerai  un  dernier  signe  différentiel  des  arthri- 
tides et  des  herpétides  ;  celles-ci  guérissent  sans  produire 
de  cicatrices,  celles-là  peuvent  en  laisser.  Toutefois,  ajou- 
tons que  la  grande  majorité  des  affections  arthritiques  ne  pro- 
duisent aucune  cicatrice. 


firUDE  SftMÉrOTiQUE.  05 

b.  Diagnostic  différentiel  entre  la  dartre  et  l'arthritis, 
et  entre  les  diathèses  ou  les  maladies  constitutionnelles. 
—  La  scrofule  sera  facilement  distinguée  de  l'arthritis 
et  de  la  dartre  par  les  caractères  objectifs  de  ses  affec- 
tions, et  par  une  affection  qui  lui  est  propre,  l'adénopa- 
thie.  Est-ce  à  dire  que  rengorgement  ganglionnaire  ne  se 
montre  jamais  dans  l'arthritis  et  la  dartre?  Non,  ces  mala- 
dies ne  sont  pas  exemptes  d'adénopathies;  mais  celles-ci  sont 
plus  rares  et  ne  sont  jamais  spontanées,  étant  toujours  con- 
sécutives aux  lésions  cutanées. 

La  syphilis  se  reconnaîtra  aussi  aux  symptômes  propres 
de  ses  affections  et  à  l'adénopathie  spéciale  qui  lui  appar- 
tient. En  outre,  elle  est  contagieuse,  ce  qui  n'a  pas  lieu  dans 
l' arthritis  et  la  dartre. 

Mais  est-  il  toujours  possible  de  distinguer  ces  deux  ma- 
ladies constitutionnelles  de  certaines  diathèses?  Les  pre- 
mières aboutissent  souvent  au  cancer,  et,  d'un  autre,  côté  la 
diathèse  cancéreuse  présente  le  môme  produit  morbide; 
à  quels  signes  connaîlra-t-on  la  nature   du  cancer  ob- 
servé? Pour  arriver  au  diagnostic  de  l'espèce  du  cancer, 
il  faudra  surtout  s'appuyer  sur  l'évolution  de  la  maladie. 
Dans  la  diathèse  cancéreuse,  le  produit  morbide  existe  dès  le 
début-,  dans  les  maladies  constitutionnelles,  il  est  précédé 
d'un  grand  nombre  d'affections,  et  n'apparaît  que  dans  la 
période  terminale.  Un  jour  on  aura  peut-être  des  signes 
plus  certains,  fondés  sur  les  caractères  objectifs,  pour  diffé- 
rencier les  cancers  symplomatiques  d'une  diathèse,  de  ceux 
qui  se  montrent  comme  affections  des  maladies  constitution- 
nelles. Mais  en  attendant,  nous  savons  que  le  diagnostic 
précédent  offre  quelquefois  des  difficultés  insurmontables, 
causées  par  la  coexistence  ou  la  présence  successive,  sur  le 


lÔ  DE  i/aRTHRITIS  Rï  DE  LA  DAftTRE. 

niônio  sujet,  de  différenles  diullièses  ou  maladies  constilu- 
tionnelles. 

En  elTet,  rien  n'esl  plus  IVéquenl  que  de  trouver  la  scro- 
fule dans  l'enfance,  et  l'arlhritis  dans  Tage  mûr  ou  la  vieil- 
lesse. Il  n'est  pas  rare  de  voir  Tassocialion  de  la  dartre  et  de 
la  scrofule,  de  cette  dernière  maladie  et  de  la  syphilis  ;  enfin 
il  n'existe  pas  d'incompatibilité  entre  la  dartre  et  l'arllirilis. 

Dans  tous  ces  cas  complexes,  nous  devons  nous  demander 
comment  nous  arriverons  à  établir  l'origine  des  affections.  Eh 
bien,  nous  apprendrons  à  quelle  espèce  morbide  ces  affections 
appartiennent  en  considérant  leurs  caractères  objectifs,  leurs 
rapports,  et  leur  place  dans  l'évolution  de  la  maladie. 

Nous  savons  que  les  caractères  objectifs  et  les  rapports 
des  phénomènes  morbides  coniribuent  pour  une  large  part 
à  donner  la  notioq  de  l'unité  pathologique. 

D'un  autre  côté,  il  n'est  pas  moins  important  d'examiner  la 
place  qu'occupent  les  affections  dans  l'évolution  de  la  ma- 
ladie. Nous  avons  vu  que  les  maladies  constitutionnelles 
né  rétrogradent  pas  dans  leur  évolution,  et  qu'on  peut  les 
déclarer  guéries  quand  elles  ont  parcouru  leurs  quatre 
périodes.  Si  donc,  chez  un  malade  qui  a  présenté  autrefois 
des  signes  de  scrofule  à  la  troisième  période  (carie  osseuse), 
vous  constatez  la  présence  d'un  eczéma  constitutionnel, 
vous  pouvez  affirmer  que  cet  eczéma  n'appartient  pas  à  la 
scrofule,  mais  à  la  dartre  ou  à  l'arthritis. 

Lorsque  les  diathèses  s'associent  aux  maladies  conslitu- 
lionnelles,  le  diagnosliç  est  souvent  très  embarrassant, 
comme  nous  l'avons  dit  précédemment.  C'est  par  l'élude 
attentive  de  l'étiologie  et  de  l'évolution  de  la  maladie  que 
l'on  parviendra  à  distinguer  la  diathèse,  qui  complique  la 
maladie  constitutionnelle. 


ÉTUDE  SÉMÉIOTIQUE.  57 

Les  diathèses  calculeuse,  anévrysmale,  variqueuse  et  hé- 
morrliagicjue  s'observent  souvent  dans  la  dartre  et  l'artliritis  ; 
elles  doivent  être  considérées  comme  des  complications  et 
non  comme  des  affections  arthritiques  ou  herpétiques,  dont 
elles  ne  possèdent  aucun  des  caractères  objectifs.  D'ailleurs, 
elles  n'ont  aucune  place  assignée  dans  l'évolution  des  mala- 
dies qu'elles  compliquent  :  elles  se  montrent  tour  à  tour  au 
début,  au  milieu  ou  à  la  fin  des  diathèses  herpétique  et  ar- 
thritique. 

§  II.  —  Pronostic. 

L'artliritis  et  la  dartre  sont  des  maladies  graves.  Elles 
peuvent  amener  une  mort  presque  subite  par  des  congestions 
capillaires  viscérales,  par  des  phlégmasies  intercurrentes  de 
la  poitrine  ou  de  la  tête  ;  si  elles  parcourent  leur  évolution, 
elles  entraînent  fréquemment  des  dégénérescences  organi- 
ques qui  sont  toujours  mortelles.  Quand  elles  ne  tuent  pas, 
elles  déterminent  des  accidents  variés,  prurit,  douleurs,  mi- 
graines, infirmités  qui  rendent  souvent  la  vie  odieuse  au  ma- 
lade et  le  poussent  quelquefois  au  suicide. 

Les  affections  de  ces  maladies  constitutionnelles  sont  d'au- 
tant plus  graves  qu'elles  appartiennent  à  des  périodes  plus 
avancées. 

Les  herpétides  sont  plus  fixes,  plus  persistantes  à  la  troi- 
sième période  qu'à  la  deuxième;  les  arlhritides  sont  limitées, 
n'ont  pas  de  tendance  à  envahir  toute  la  surface  du  corps,  et 
présentent  moins  d'inconvénients  que  les  affections  articu- 
laires, qui  amènent  souvent  des  déformations  osseuses  et 
même  des  ankyloses. 

Cependant  il  ne  faut  pas  exagérer  la  gravité  trop  réelle  de 
l'arthrilis  et  de  la  dartre.  Leur  évolution  peutsubir  u.--  temps 


68  DE  l'artiiuitis  eï  de  la  dautre. 

d'arrêt-,  on  voit  alors  un  état  presque  stalionnaire  persister 
pendant  de  longues  années.  On  observe  également  cet  arrêt 
de  développement  dans  la  sypliilis. 

Lorsque  les  manifestations  diatliésiques  cessent  d'avoir 
lieu,  la  santé  est  parfaite,  sauf  quelques  accidents  qui  con- 
stituent pour  le  malade  de  simples  indispositions.  Ainsi  l'ar- 
thritique est  tourmenté  par  des  angines,  des  étourdisscments, 
des  céphalalgies  et  des  douleurs  musculaires  erratiques;  le 
darlreux  présente  des  névralgies  diverses  ,  des  catarrhes,  du 
prurit  qui  existe  môme  en  l'absence  de  toute  éruption. 

La  dyspepsie  se  rencontre  avec  des  caractères  différents 
dans  les  deux  maladies.  Néanmoins  l'intégrité  des  fonctions 
digestives  est  conservée,  et  la  santé  semble  parfaite  aux 
yeux  de  ceux  qui  entourent  le  malade. 

La  maladie  pourra  se  borner  à  ces  simples  accidents 
pendant  plusieurs  années  ;  mais  généralement  elle  finira 
par  suivre  son  évolution,  et  le  pronostic  deviendra  plus 
grave. 

Est-ce  à  dire  que  la  guérison  de  l'arthritis  et  de  la  darire 
est  impossible?  Assurément  non  :  elles  se  comportent  comme 
toutes  les  autres  maladies  constitutionnelles,  qui,  lorsqu'elles 
ont  parcouru  leurs  quatre  périodes  et  que  la  thérapeutique 
est  restée  triomphante,  sont  considérées  comme  étant  gué- 
ries. Le  sujet  est  définitivement  à  l'abri  de  toutes  les  affec- 
tions propres  de  la  maladie.  Toutefois,  on  ne  doit  passe  mé- 
prendre sur  le  sens  de  mes  paroles.  Si  les  récidives  des 
maladies  constitutionnelles  n'existent  pas,  ou  du  moins  sont 
très  rares,  il  n'en  est  pas  de  môme  pour  les  affections  qui  se 
reproduisent  fréquemment. 

Lorsque  vous  avez  fait  disparaître  par  une  ihérapcutiquc 
sage  les  symptômes  présents,  ne  vous  hâtez  pas  de  croire  à  la 


ÉTUDE  SÉMÉIOTIQUE.  69 

guérison  de  la  maladie;  souvent  vous  n'aurez  déterminé 
qu'un  temps  d'arrôt.  N'est-ce  pas  ce  qui  arrive  tous  les  jours 
dans  la  syphilis,  quand  on  administre  le  mercure? 

Comparées  à  la  scrofule  et  à  la  syphilis,  les  maladies  dartre 
et  arlhrilis  ne  tiennent  que  le  second  rang  par  la  gravité.  La 
scrofule  laisse  souvent  des  cicatrices  horribles,  des  mutila- 
tions des  membres,  la  perte  de  quelques  sens.  La  syphilis  est 
plus  facile  à  guérir;  mais  souvent  elle  porte  à  la  constitution 
une  altération  profonde,  qui  peut  retentir  sur  les  générations 
futures. 

Comparées  entre  elles,  elles  présentent  un  genre  de  gra- 
vité différent.  La  dartre  est  généralement  plus  intolérable, 
plus  rebelle  au  traitement,  exposv'^  davantage  au  tœdiiim  vitœ 
et  aux  dégénérescences  cancéreuses.  L'arthritis  entraîne  plus 
souvent  des  obstacles  à  la  locomotion,  des  affections  organi- 
ques du  cœur  et  des  gros  vaisseaux. 

Dans  la  même  maladie,  le  pronostic  est  variable  selon  la 
forme,  le  siège,  la  durée,  l'étendue  des  affections  et  la  résis- 
tance qu'elles  opposent  au  traitement.  Nous  reviendrons  sur 
toutes  ces  questions,  lorsque  les  éléments  nous  en  seron t  four- 
nis par  l'étude  désaffections  propres  delà  maladie.  Cependant, 
nous  pouvons  dire  que  l'affection  otîVe  une  gravité  d'autant 
plus  considérable  qu'elle  siège  près  des  organes  des  sens,  sur 
des  parties  exposées  à  la  vue,  qu'elle  est  plus  ancienne  et  plus 
généralisée.  Nous  ajouterons  encore  une  observation  :  c'est  que 
l'affection,  qui  existe  depuis  longtemps  sur  un  point,  a  chance 
d'y  rester  et  de  ne  pas  se  porter  sur  les  viscères.  H  en  résulte 
une  indication  thérapeutique,  disons-le  par  anticipation,  de 
ne  toucher  à  celte  affection  qu'avec  une  extrême  réserve.  Il 
nous  a  été  donné  d'observer  deux  malades,  où  l'oubli;  de  ce 
précepte  thérapeutique  a  entraîné  de  fâcheux  résultats. 


TO  nu  j/autiiuitis  eï  di;  \.\  DAinni-. 

Premier  cas. —  Un  homiiiu  riait  alleiiil  truii  eczéma  gé- 
néralisé, iloMl  il  désirait  ôlre  débarrassé  pr(jm[)temeril;  un 
traitement  énergique  est  dirigé  contre  celle  aHeclion  qui 
disparaît  en  quinze  jours.  Bientôt  des  accidents  gasti  iques  se 
montrent ,  et  après  quelcjues  mois  le  malade  meurt  d'un 
cancer  de  l'estomac. 

Deuxième  cas.  —  Depuis  longtemps  une  femme  est  en  proie 
aux  douleurs  aiguës  d'une  fissure  à  l'anus  et  d'un  rhumatisme 
articulaire  fixe,  pour  lesquels  elle  avait  infructueusement 
employé  mille  moyens.  Un  jour  les  afl'ections  disparaissent, 
sous  l'influence  d'un  traitement  hydrothérapique,  à  la  grande 
satisfaction  de  la  malade;  mais  des  métrorihagies  abon- 
dantes ne  tardent  pas  à  se  montrer,  et  par  le  loucher  je 
constate  l'existence  d'un  cancer  énorme  de  l'utérus.  Je  fais 
appeler  en  consultation  plusieurs  médecins,  les  princes  de  la 
science,  qui  reconnaissent  le  cancer  et  le  considèrent  comme 
étant  au-dessus  des  ressources  de  l'art.  La  mort  ne  devait  pas 
être  éloignée.  Cependant  la  malade  vit  encore  et  ne  paraît 
pas  éprouver  de  grandes  souffrances.  Ce  fait  ne  doit  pas  vous 
surprendre  ;  depuis  longtemps  on  a  signalé  la  bénignité 
de  certains  cancers  qui  sont  très  graves  en  apparence.  Nous 
avons  dit  qu'on  ne  connaissait  pas  encore  le  développement 
des  cancers  des  maladies  constitutionnelles,  et  nous  avons 
recommandé  à  l'attention  des  observateurs  l'étude  de  ce  point 
important  de  pathologie. 


ÉTUDE  THÉUAPEUTIQUÈ. 


7l 


CHAPITRE  IV. 


THÉRAPEUTIQUE  GÉNÉRALE  DES  ARTHRITIUES  ET  DES  HERPÉTIDES. 

L'élude  des  maladies  constitutionnelles  n'aurait  pas  l'im- 
porlance  que  nous  lui  accordons,  si  elle  ne  nous  permettait 
d'afriver  à  une  thérapeutique  rationnelle,  qui  doit  être  le  but 
constant  de  toutes  nos  l  echerches.  Pinel  semble  avoir  négligé 
ce  précepte,  lorsqu'il  écrit  :  «  Une  maladie  étant  donnée, 
trouver  la  place  qii  elle  occupe  dans  le  cadre  nosologique .  » 
La  plupart  des  médecins  contemporains  ont  imité  Pinel,  en 
attachant  une  plus  grande  importance  à  porter  un  diagnostic 
exact  qu'à  établir  le  traitement. 

Toutes  les  maladies  ne  sont  pas  susceptibles  d'une  guéri- 
son  radicale;  mais  on  peut  chercher  à  modifier  l'état  patho- 
logique, et  quelquefois  à  prévenir  une  influence  morbide  qui 
paraît  imminente.  Le  traitement  sera  ou  préserva- 

tif, si  Ton  cherche  à  prévenir  le  développement  d'un  élat 
morbide;  il  sera  curatif,  si  l'on  cherche  et  obtient  la  guéri- 
son  de  la  maladie;  enfin  il  sera  jmlliatif,  h  l'on  n'arrive  qu'à 
modifier  avantageusement  les  symptômes  observés. 


§  1.  —  Traitement  préventif  ou  préservatif. 

Le  traitement  préventif  a  une  grande  imporlance,  mais 
plusieurs  causes  en  rendenU'application  difficile.  Et  d'abord 
les  malades  qui  n'éprouvent  que  les  signes  précurseurs 
des  maladies  constitutionnelles,  ne  réclament  pas  nos  soins 
pour  des  affeclions  qu'on  a  rhabitude  de  considérer  comme 
de  simples  inaispositions;  puis,  s'ils  viennent  demander  nos 


72  DE  L'auTHRITIS  et  de  DARTRE. 

conseils,  ils  se  soumellent  avec  répugnunce  à  un  ordre  de 
moyens  préventil's,  parce  qu'ils  ne  croient  pas  au  développe- 
ment prochain  d'afl'ections  plus  graves.  Vous  n'aurez  donc' 
que  rarement  l'occasion  d'appliquer  en  ville  le  traitement 
prophylactique,  et  vous  ne  le  mettrez  jamais  en  usage  chez 
nos  malades  des  hôpitaux.  En  effet,  ceux-ci  attendent  tou- 
jours que  l'affection  soit  déclarée  pour  demander  leur  ad- 
mission à  l'hôpital.  Cependant  il  arrivera  parfois  que  vous 
serez  consultés  sur  le  régime  à  suivre  pour  combattre 
certaines  indispositions.  C'est  sur  les  légères  affections,  ran- 
gées au  nombre  des  prodromes  des  maladies  constitution- 
nelles, que  vous  baserez  les  indications  à  remplir. 

Le  traitement  préventif  consiste  dans  la  soustraction  des 
causes  occasionnelles  de  la  maladie  et  dans  une  sage  appli- 
cation des  règles  de  rhygiène. 

Moyens  hygiéniques.  —  Le  sujet  prédisposé  à  l'arthri- 
tis  portera  de  la  flanelle,  changera  souvent  de  linge  qui 
est  fréquemment  mouillé  par  la  transpiration,  évitera  avec 
soin  les  variations  de  température.  Il  ne  gardera  pas  une  pro- 
fession qui  l'oblige  à  toucher  des  substances  irritantes  qui 
peuvent  occasionner  le  développement  de  la  diathèse.  Sou- 
vent des  épiciers,  des  boulangers,  des  teinturiers,  portent 
sur  les  mains,  les  avant-bras,  la  poitrine  ou  la  face, des  affec- 
tions rebelles  qui  disparaîtront  facilement  dès  que  le  malade 
aura  renoncé  à  ses  occupations  journalières.  Vous  prescrirez 
un  régime  doux,  composé  de  légumes  frais,  de  viandes  blan- 
ches ;  et  vous  défendrez  les  viandes  noires,  le  gibier,  en  un 
mot,  une  nourriture  trop  azotée. 

Dans  la  dartre,  il  importe  d'éviter  autant  que  possible  les 
émotions  morales  qui  sont  des  causes  fréquentes  d'éruption. 
II  faut  aussi  surveiller  attentivement  le  régime  du  malade:  on 


ÉTUDE  THÉRAPEUTIQUE.  73 

proscrira  le  café,  les  alcooliques,  les  condiments  et  quelques 
aliments,  tels  que  le  homard,  les  écrevisses,  les  moules,  etc., 
dont  l'usage  détermine  souvent  des  affections  éruptives. 

Tel  est  le  traitement  préventif  que  l'on  prescrit  générale- 
ment dans  l'arthritis  et  la  dartre.  Néanmoins,  il  existe  encore 
une  classe  de  moyens  à  la  fois  curatifs  et  prophylactiques 
sur  lesquels  on  est  quelquefois  appelé  k  se  prononcer.  Les 
malades  désireront  se  rendre  aux  eaux  minérales,  et  de- 
manderont qu'on  leur  indique  la  source  qu'ils  doivent 
choisir. 

On  ne  saurait  nier  le  profit  réel  que  les  malades  atteints 
de  diathèses  retirent  de  l'emploi  des  eaux  minéralisées  ;  mais 
il  faudra  conseiller,  contre  chaque  dialhèse,  les  eaux  qui  lui 
sont  applicables.  Or,  si  vous  consultez  à  ce  sujet  les  travaux 
faits  par  les  médecins  des  établissements  thermaux,  vous 
vous  trouverez  dans  le  plus  grand  embarras.  Si  l'on  croit  le 
médecin  d'un  de  ces  établissements,  l'eau  est  efficace  contre 
toutes  les  maladies.  Ces  assertions  n'ont  rien  qui  puisse  éton- 
ner, et  sont  le  résultat  de  la  confusion  qui  existe  entre  l'af- 
fection et  la  maladie,  ces  deux  termes  étant  considérés  comme 
synonymes.  Tant  qu'on  n'aura  pas  distingué  l'affection  de 
la  maladie,  et  qu'on  n'aura  pas  indiqué  la  nature  de  l'affection 
pour  laquelle  on  emploie  une  classe  d'eaux  minérales,  il  n'y 
aura  qu'incertitude  dans  l'administration  de  ces  agents  thé- 
rapeutiques si  puissants;  et,  par  exemple,  on  ne  devra  pas 
se  contenter  de  préconiser  les  eaux  sulfureuses  et  arsenicales 
contre  l'eczéma,  mais  il  faudra  savoir  si  cette  affection  est 
scrofuleuse,  herpétique  ou  arthritique. 

En  appliquant  cette  doctrine  à  l'examen  des  propriétés 
thérapeutiques  des  eaux  minérales,  je  suis  arrivé  à  recon- 
naître d'une  manière  générale  :  1°  que  les  eaux  alcalines 


7Û  DE  l/AinillUTlS  ET  J)E  l,A  DAMTRE. 

sont  efïicaces  dans  les  uircclioiisarllirilitiucs  ;  2*qu'il  faiitad- 
nistrer  les  eaux  arsenicales  dans  les  lierpélides;  3"  enfin,  que 
les  eaux  sulfureuses  sont  des  agents  énergiques  contre  les 
(  affections  de  nature  scrofuleuse. 

Dans  l'arthritis  cutanée,  je  recommande  et  j'em|)Ioie  les 
eaux  alcalines  suivantes  :  celles  de  Vichy,  de  Villel,  de 
Luxeuil,deConlrexéville,  du  Mont-Dore,  d'Ems,  de  Carlsbad, 
de  Wiesbaden,  etc.  Les  eaux  sulfureuses  ne  peuvent  être 
utiles  que  dans  les  cas  où  la  dialhèse  arthritique  se  trouve 
associée  à  la  diathèse  scrofuleuse,  ou  a  été  précédée  de  scro- 
fule, ce  qui  arrive  encore  assez  fréquenuneni.  Contre  les  dar- 
tres herpétiques,  j'ordonne  les  eaux  tninérales  qui  renferment 
une  certaine  quantité  d'arsenic  :  les  eaux  de  Plombières,  de 
la  Bourboule.  Dans  la  convalescence  des  arthrilides  et  des 
herpétides,  je  conseille  avec  profit  pour  le  malade,  les  eaux 
chlorurées  sodiques  légères,  sulfatées  sodiques  et  sulfatées 
càlciques-,  dans  les  arlhrilides  humides  en  voie  de  guéri- 
son,  j'envoie  le  malade  aux  eaux  d'Aix-la-Chapelle,  de  Néris 
ou  de  Bagnères-de-Bigorre. 

Les  eaux  chlorurées  sodiques  légères,  càlciques,  qui  sont 
employées  dans  la  convalescence  des  dartres  arthriliques  et 
herpétiques,  pourraient  aussi  Tôlre  données  avec  avantage 
dans  le  traitement  préventif  de  la  dartre  et  de  l'arthritis. 

Jusqu'ici  nous  avons  à  peine  parlé  des  eaux  sulfureuses  : 
c'est  que  nous  réservons  les  eaux  thermo-sulfureuses  pour 
comhattre  les  affections  scrofuleuses.  Sur  ce  point,  nous 
sommes  loin  d'être  d'accord  avec  M.  Durand-Fardel,qui  con- 
sidère la  médication  sulfureuse  comme  étant  spécifique  de 
l'herpélisme.  Pour  appuyer  noire  opinion ,  nous  avons 
notre  propre  expérience  et  celle  de  plusieurs  hydrologistes 
distingues,  entre  autres  MM.  Gerdy  et  Allard. 


ÉT L Dli  'JIl É U A l>  1  ; U Tlq U E. 


7S 


g  II.  -   Traitement  curatif. 

Sur  quelle  hase  repose  le  choix  d'un  moyen  curatif? 

La  thérapeutique  d'une  maladie  se  compose  d'une  série- 
d'indications  qui  sont  fournies  par  l'unité  pathologique,  les  pé- 
riodes, les  formes,  les  affections,  l'état  des  aHections  qui  sont 
sèches  ou  humides ,  les  symptômes  prédominants  et  enfin 
par  les  causes.  La  connaissance  des  indications  conduit  à 
celle  de  la  médication  :  la  médication  est  un  ensemble  de 
moyens  de  traitement  et  de  médicaments  agissant  lous  dans 
une  voie  commune  et  tendant  vers  un  but  déterminé. 

Nous  passerons  en  revue  les  indications  et  les  médications 
employées  dans  l'arthritis  et  la  dartre.  En  dernier  lieu,  nous 
étudierons  les  rapports  des  indications  aux  médications. 

i°  Indications  ti?'ées  de  l'unité  pathologique.  —  En  pré- 
sence de  l'unité  morbide,  nous  devons  chercher  un  médica- 
ment qui  s'applique  à  toutes  les  affections,  à  toutes  les  pé- 
riodes et  aux  formes  de  la  maladie.  Cet  agent  est  un 
médicament  dit  spécifique,  comme  le  quinquina  dans  la  fièvre 
des  marais. 

La  dartre  et  l'arthritis  n'ont  pas  de  remède  spécifique. 
Sous  ce  rapport,  elles  ne  diffèrent  pas  des  autres  maladies 
constitutionnelles;  et,  par  exemple,  on  admet  généralement 
un  remède  spécifique  dans  la  syphilis,  le  mercure.  Mais  nous 
savons  bien  qu'il  ne  faut  pas  croire  à  l'action  spécifique  de  ce 
médicament  qui  est  inutile  et  même  nuisible  dans  certaines 
périodes  de  la  maladie. 

Cependant  nous  connaissons  des  médicaments  qui  sont  em- 
ployés avec  succès  contre  des  afi'ections  de  plusieurs  systèmes  : 
je  citerai  précisément  le  précédent  qui  possède  une  action 
curativc  dans  toutes  les  affections  secondaires  de  la  syphilis. 


76  m  1,'Ain'iiiu  ns  lt  j)t;  \a  ))Autiœ. 

Dans  l'arllirilis,  nous  administrons  avec  avantage  les  al- 
calins, tant  àrinlcrieur  qu'à  l'cxlérieur,  contre  des  aflections 
variées  quant  au  siège  et  au  mode  pathogéniquc. 

A  l'extérieur,  nous  prescrivons  des  hains  renfermant  90, 
100  ou  120  grammes  de  sous-carbonate  de  soude,  dose  que 
nous  ne  dépassons  jamais.  Trop  souvent  on  oublie  que  la 
peau  des  arthritiques  est  irritable,  et  l'on  porte  les  doses  de 
sous-carbonate  de  soude  à  200  et  même  500  grammes.  Il 
en  résulte  dans  l'aflection  une  aggravation  plus  ou  moins 
grande. 

A  l'intérieur,  j'ordonne  l'eau/de  Yicby,  ou  une  et  deux 
cuillerées  de  sirop  alcalin,  ou  enfin  une  solution  de  bicarbo- 
nate de  soude.  Autrefois  j'administrais  indilîéremment  le 
carbonate  ou  le  bicarbonate  de  soude;  maintenant  je  donne 
la  préférence  à  ce  dernier  médicament.  Outre  ces  prépara- 
tions qu'il  est  toujours  facile  de  se  procurer,  il  ne  faut  pas 
oublier  une  classe  d'eaux  minérales  qui,  déjà  conseillées  dans 
le  traitement  préventif,  seront  ici  plus  impérieusement  indi- 
quées. Chaque  année,  nous  constatons  des  améliorations 
notables  et  des  guérisons  chez  des  malades  qui  ont  séjourné 
pendant  une  ou  plusieurs  saisons  dans  des  établissements 
d'eaux  minérales. 

Parmi  les  médicaments  employés  contre  l'arthritis,  je 
place  au  second  rang  les  préparations  antimoniales.  Je 
donne  assez  souvent  le  soufre  doré  d'antimoine  et  les  pilules 
de  Plummer  qui  produisent  de  bons  résultats. 

Enfin,  en  dernier  lieu,  je  recommande  la  teinture  de  col- 
chique que  j'ai  prescrite  avec  succès  dans  quelques  arlhritides. 
J'ai  vu  des  eczémas,  des  pityriasis  de  longue  durée  disparaître 
par  l'administration  de  1,  2  et  3  grammes  par  jour,  de  tein- 
ture de  colchique.  Dernièrement,  sur  un  sujet  atteint  d'un 


ÉTUDE  THÉRAPEUTIQUE.  77 

pityriasis  arthritique,  nous  avons  porté  la  dose  à  h  grammes 
par  jour,  sans  produire  aucun  accident. 

Contre  les  affections  herpétiques  qui  intéressent  la  peau  et 
les  cordons  nerveux,  nous  donnons  en  premier  lieu  les  pré- 
parations arsenicales.  Nous  prescrivons,  soit  l'arsénite  de 
fer  en  pilules  à  la  dose  de  2  milligrammes  à  10  et  15  centi- 
grammes par  jour,  soit  l'arséniate  d'ammoniaque  à  la  dose 
de  1  milligr.  à  2  et  3  centigrammes  dans  le  même  temps. 

Les  préparations  arsenicales  ont  été  préconisées  par  Biett  et 
ses  élèves  qui  n'en  ont  pas  précisé  nettement  les  indications. 
En  effet,  elles  étaient  employées  dans  toutes  les  affections 
cutanées  de  longue  durée,  sujettes  à  récidiver  et  comprises 
sous  la  dénomination  de  dartres  rebelles.  Il  n'est  point  dou- 
teux qu'un  grand  nombre  d'affections  scrofuleuses,  parasi- 
taires et  arthritiques  n'aient  été  traitées  autrefois  par  les 
préparations  arsenicales.  Or,  Biett  appliquait  là  un  traite- 
ment au  moins  inutile  ;  car,  si  l'arsenic  est  un  excellent  mé- 
dicament dans  la  dartre,  il  n'a  aucune  action  favorable  dans 
la  scrofule,  l'arthritis  et  les  affections  parasitaires. 

Un  certain  nombre  de  préparations  balsamiques  ont  pro- 
duit des  résultats  avantageux  dans  plusieurs  affections  dar- 
treuses.  Biett  a  expérimenté  la  créosote,  et  nous-mème  avons 
administré  à  l'intérieur  l'huile  de  cade  qui  a  fait  disparaître 
quelques  psoriasis.  M.  Hardy  dit  avoir  obtenu  des  succès  par 
le  baume  de  copahu  pris  à  l'intérieur;  il  recommande  ce 
médicament  contre  le  psoriasis,  et  il  le  donne  à  la  dose  de 
û  à  6  grammes  par  jour  sous  forme  d'opiat  et  mélangé  avec 
une  égale  quantité  de  magnésie.  La  térébenthine  cuite  et 
l'essence  de  térébenthine,'sous  la  forme  d'opiat  ou  de  pilules, 
sont  aussi  employées  avec  quelque  utilité  dans  les  affec- 
tions dartreuses.  Mais  il  faudra  surveiller  l'administration  de 


DE  L^ARTIIRITIS  ET  DE  LA  DAETnK. 

ce  médicameiiL  (|ui  détermino.  faciluinoiit  de  la  gaslialgio,  el 
souvent  des  diarrhées  rebelles. 

La  teinture  de  eanlharide  jouit  d'une  action  non  douteuse, 
et  elle  a  été  donnée  avec  succès  dans  des  dartres  rebelles. 
Nous  avons  nous-mômc  guéri  par  son  emploi  à  petites  doses 
un  pempliigus  généralisé,  de  nature  arthritique.  L'expé- 
rience nous  manque  pour  préciser  d'une  manière  absolue  les 
indications  de  cet  agent  thérapeutique. 

Le  soufre  exerce-t-il  une  influence  favorable  dans  le  trai- 
tement des  affections  dartreuses? 

Je  déclare  que  je  ne  suis  pas  complètement  fixé  sur  ce 
point  de  tbérapeutique.  En  ce  moment,  nous  expérimentons 
Teau  sulfureuse  artificielle  de  M.  Marcellin  Pouillet;  elle  pos- 
sède une  action  plus  énergique  que  la  plupart  des  eaux  sulfu- 
reuses naturelles,  et  pourra  être  utile,  sinon  dans  la  dartre, 
au  moins  dans  la  scrofule. 

Voici  le  résultat  de  nos  expériences,  formulé  dans  les  jiro- 
posilions  suivantes  : 

\°  Dans  la  dartre  humide,  le  soufre  produit  une  aggrava- 
tion constante. 

2°  Dans  la  dartre  sèche,  le  soufre  n'a  pas  une  aclion  sen- 
sible; l'affection  reste  stationnaire  pendant  l'administration 
du  médicament. 

3»  Dans  l'arthritis,  les  préparations  soufrées,  données  à 
l'intérieur  et  à  des  doses  assez  élevées,  amènent  de  l'exaspé- 
ration. 

l\°  Je  me  suis  bien  trouvé  de  l'emploi  des  douches  d'eaux 
sulfureuses  froides  dans  le  traitement  de  certaines  arlhri- 
tides. 

Le  soufre  est  donc  nuisible  ou  inutile  dans  la  dartre;  il  est 
le  plus  ordinairement  nuisible  dans  Tarthritis.  Il  n'est  réel- 


ÉTUDE  THÉRAPEUTIQUE.  7((l 

lement  efficace  que  dans  les  aflections  scrofuleuses.  Jusqu'à 
nouvel  ordre,  je  ne  le  donne  que  dans  la  scrofule,  et  peut- 
être  je  l'emploierais  aussi,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  dans  les 
cas  d'association  de  l'arthritis  et  de  ja  scrofule. 

Le  mercure  a  été  préconisé  contre  les  dartres  dès  les 
temps  les  plus  reculés.  Je  suis  loin  de  partager  l'opinion 
de  ceux  qui  l'administrent  dans  la  diathèse  herpétique  ; 
je  crois  que,  dans  ce  cas,  il  ne  peut  produire  qu'une  ac- 
tion nuisible.  Dès  lors,  comment  expliquer  ces  nombreux 
succès  obtenus  par  ce  médicament  dirigé  contre  les  dartres? 
Par  une  erreur  de  diagnostic.  Je  suis  convaincu  que  les  dar- 
treux  guéris  par  le  mercure  n'étaient  que  des  syphilitiques, 
dont  les  affections  sont  souvent  confondues  avec  celles  de  la 
dartre  et  de  l'arthritis. 

Il  existe  encore  un  grand  nombre  de  médicaments  recom- 
mandés, à  tort  ou  à  raison,  contre  la  dartre  :  la  vipère,  l'ané- 
mone, l'orme  pyramidal.  Je  ne  crois  pas  que  ces  substances 
aient  des  propriétés  thérapeutiques  énergiques.  Cependant  il 
est  un  médicament  qui  a  joui  d'une  grande  vogue,  je  veux 
parler  de  l'hydrocolyle  asiatique.  Cet  agent  a  d'abord  été 
préconisé  contre  l'éléphantiasis,  puis  contre  les  eczémas. 
Pour  moi,  j'ai  pu  constater  son  impuissance  dans  le  traite- 
ment de  toutes  les  affections  cutanées.  D'ailleurs,  Thydro- 
cotyle  n'est  plus  guère  employé  par  les  hommes  de  l'art;  il 
est  devenu  l'instrument  de  ces  gens  qui  abusent  de  la  cré- 
dulité publique,  en  préconisant  des  substances  qui  n'ont 
aucune  action  curative. 

2°  Indications  fournies  par  les  périodes.  —  Les  périodes 
ont  une  grande  influence  sur  l'action  des  médicaments;  des 
substances  très  actives  dans  une  période  de  la  maladie,  sont 
tout  à  fait  impuissantes  dans  les  périodes  suivantes.  Ainsi, 


80  DE  l'artiiritis  et  de  la  dartre. 

dans  l'arUiritis  et  la  darlre,  on  administrera  avantageuse- 
ment dans  les  trois  premières  périodes  les  préparations  alca- 
lines et  arsenicales,  qui  ne  produisent  aucun  effet  dans 
les  dégénérescences  viscérales.  Sous  ce  rapport,  elles  of- 
frent une  grande  analogie  avec  le  mercure,  dont  l'action  cu- 
ralive  est  nulle  dans  les  affections  quaternaires  de  la  sy- 
philis. 

3°  Indications  fournies  par  les  formes.  —  Le  traitement 
antiherpétique  et  aniiarthi'itique  réussira  presque  toujours 
dans  la  forme  commune  des  maladies.  Dans  la  forme  bé- 
nigne, quelques  doses  peu  élevées  des  médicaments,  et  des 
moyens  hygiéniques  convenables  sufiiront  pour  combattre 
les  affections.  Mais,  dans  la  forme  maligne,  un  traitement 
énergique  qui  pourrait  vous  donner  des  espérances  légi- 
times de  succès,  restera  impuissant  dans  le  plus  grand  nom- 
bre des  cas.  Vous  serez  réduit  au  rôle  de  spectateur  devant 
des  affections  qui  feront  de  continuels  progrès,  et  qui  amè- 
neront la  mort  malgré  tous  les  efforls  que  vous  ferez  dans 
le  but  d'enrayer  la  marche  de  la  maladie. 

h°  Indications  fournies  par  les  affections.  —  Les  affec- 
tions propres  de  la  dartre  et  de  Farthritis  fournissent  des 
indications  particulières,  que  nous  étudierons  quand  nous 
nous  occuperons  de  chacune  de  ces  affections.  Cependant 
leur  mode  pathogénique  peut  être  la  source  d'indications  que 
nous  allons  passer  en  revue. 

Le  mode  inflammatoire  réclame  les  antiphlogistiques.  Dans 
le  mode  hypertrophique,  vous  aurez  recours  aux  frictions, 
aux  vésicatoires  et  aux  pommades  fondantes.  S'il  existe 
de  la  faihlesse,  de  l'anémie,  on  administre  les  toniques. 
Dans  les  dégénérescences,  nous  sommes  obligé  de  nous 
adresser  à  chaque  symptôme  :  le  traitement  est  purement 


ÉTUDE  THÉRAPEUTIQUE.  81 

palliatif,  jusqu'à  ce  qu'on  soit  arrivé  à  trouver  des  médicaments 
efficaces  contre  les  affections  de  la  quatrième  période  des 
maladies  constitutionnelles.  Peut-être  conviendrait-il  d'es- 
sayer encore  les  préparations  alcalines  et  arsenicales,  pour 
être  édifié  complètement  sur  leur  valeur  dans  le  traitement 
des  lésions  viscérales  arthritiques  et  darlreuses. 

5°  Indications  tirées  de  l'état  des  affections.  —  Les  af- 
fections pseudo-exanthématiques-,  soit  arthritiques,  soit  her- 
pétiques, ne  réclament  pas  un  traitement  énergique  :  quel- 
ques bains,  un  régime  doux,  un  léger  purgatif  et  parfois 
une  saignée  sont  les  seuls  moyens  à  employer. 

Les  arthritides  érylhémateuses  qui  ont  un  caractère  aigu, 
exigent  le  même  traitementque  les  pseudo-exanthématiques. 
Lorsqu'elles  se  montrent  à  l'état  chronique,  on  peut  mettre 
en  usage  une  série  de  moyens  plus  ou  moins  actifs  ;  les  dou- 
ches froides  et  d'autres  agents  substitutifs,  tels  que  les  dou- 
ches sulfureuses,  l'huile  de  cade  pure  ou  mélangée  à  une 
partie  égale  d'huile  d'amande  douce.  Dans  ces  affections, 
on  aura  aussi  recours,  non  plus  aux  bains  simples,  mais  aux 
bains  alcalins. 

Dans  les  arthritides  squameuses,  et  en  général  dans 
toutes  les  affections  cutanées  qui  présentent  une  hypersécré- 
tion épidermique,  l'huile  de  cade  procure  des  succès  rapides. 
Ce  médicament  amène  une  pron;pte  disparition  de  l'affection  ; 
toutefois  il  ne  produirait  qu'une  guérison  éphémère,  si  Ton 
n'administrait  pas  en  même  temps  la  médication  alcaline  qui 
prévient  les  récidives. 

L'huile  de  cade  peut  être  remplacée  par  la  benzine.  Celte 
substance  possède  une  action  presque  identique  et  a  l'avantage 
d'être  incolore,  avantage  hautement  apprécié  par  les  gens  du 
monde.  Vous  savez  que  l'huile  de  cade  laisse  une  coloration 

6 


9%  DE  L'aRTHRITIS  El  DE  LA  DARTRE. 

jaune  de  la  peau,  qui  est  lente  à  disparaître.  Quant  à  son  odeur, 
elle  est  tenace  et  pénétrante,  mais  celle  de  la  benzine  est 
encore  plus  infecte. 

Comme  adjuvants  de  la  médication  alcaline  et  du  traite-, 
ment  par  l'huile  de  cade,  on  emploiera  encordes  bains  alca- 
lins artificiels  ou  naturels  et  les  bains  de  vapeur.  Si  l'affec- 
tion existe  sur  une  surface  garnie  de  poils,  ceux-ci  devront 
ôtr^  coupés  pour  favoriser  Tapplication  des  topiques. 

(Test  dans  les  arlbrilides  squameuses  que  j'ai  obtenu  des 
guérisons  par  l'administration  de  la  teinture  de  colcbique. 

Les  arthritides  boutonneuses  seront  combattues  par  les 
mômes  moyens  de  traitement  que  les  arthritides  squa- 
meuses. 

Dans  les  arthritides  humides,  je  fais  souvent  usage  des 
purgatifs.  Je  préfère  aux  purgatifs  énergiques  des  laxatifs 
répétés  fréquemment.  En  môme  temps,  je  prescris  des  tisanes 
diurétiques  et  des  applications  de  poudre  d'amidon  ou  de 
fécule  ;  je  donne  les  alcalins  à  petite  dose.  Pendant  qu'il 
existe  du  suintement,  il  faut  se  borner  à  la  médication  déri- 
vative  et  émolliente,  et  se  garder  d'employer  les  agents 
substitutifs.  Ainsi,  l'huile  de  cade,  si  puissante  dans  les  af- 
fections sèches,  ne  fait  qu'aggraver  les  affections  humides. 
Cependant  nous  la  prescrivons  dans  les  arthritides  humides, 
mais  lorsque  toute  sécrétion  a  disparu.  C'est  à  cette  seule 
condition  que  vous  obtiendrez  des  succès  à  l'aide  de  ce  re- 
mède héroïque. 

Les  herpétides  érythémateuses  sont  des  affections  très 
rebelles  ;  contre  elles  on  pourrait  essayer  l'hydrothérapie. 

Les  herpétides  squara^^uses  réclament  l'administration 
des  préparations  arsemcjle^.  Elles  seront  promplement  mo- 
difiées par  1  iiuiie  de  cade  qui  pourrait,  à  la  rigueur,  être 


ÉTUDE  THÊRAPipyTIQpE.  85 

remplacée  par  la  pommade  au  goudron.  Mais  ce  dernier  mé- 
dicament n'agit  pas  avec  autant  d'efficacité.  C'est  dans  ces 
affections  qu'on  a  employé,  et  quelquefois  avec  avantage,  le 
baume  decopahu,  la  créosote  et  la  térébenthine. 

Dans  les  herpétides  boutonneuses,  M.  Hardy  préconise  les 
préparations  arsenicales.  M.  Devergie  dit  avoir  obtenu  un 
plus  grand  succès  de  l'administration  de  la  teinture  de  can- 
tliarides;  je  partage  sur  ce  point  l'opinion  de  M.  Hardy.  En 
même  temps,  on  recommandera  l'huile  de  cade  et  les  bain^ 
sulfuro-alcalins. 

Enfin,  les  herpétides  humides  seront  combattue^  par  les 
préparations  arsenicales  à  petites  doses,  données  à  l'intérieur. 
Comme  moyens  topiques,  on  conseille  la  conspersion  de 
poudres  absorbantes  et  résolutives,  les  cataplasmes  de  fécule, 
les  bains  d'amidon.  (Voir  le  traitement  des  herpétides  en  par- 
ticulier.) 

6°  Indications  fournies  par  les  symptômes  prédominants. 
—  Parmi  les  symptômes  prédominants,  le  prurit  est  celui 
que  l'on  est  appelé  le  plus  souvent  à  combattre;  contre 
lui  on  dirige  une  médication  interne  et  externe. 

Parmi  les  médicaments  pris  à  l'intérieur,  je  place  au  pre- 
mier rang  les  agents  curatifs  de  l'arthritis  et  de  la  dartre, 
c'est-à-dire  les  préparations  alcalines  et  les  préparations  ar- 
senicales. 

Au  nombre  des  moyens  externes  qui  ont  une  action  directe 
sur  la  peau,  se  trouvent  les  sels  de  mercure  qui  produisent  de 
bons  effets  dans  le  prurit  en  général.  On  emploie  les  prépara- 
tions mercuriellcs  sous  la  forme  de  solutés,  de  poudres,  de 
liniments  et  de  pommades,  pour  lesquels  je  me  sors  des  exci- 
pients suivants  :  glycérine,  miel,  axonge,  blanc  de  haleine, 
mucilage,  lait,  eau  distillée,  décoctions  ou  infusions,  etc. 


8^1  DE  l'artiiritis  et  de  la  darthe. 

J'ordonne  assez  souvent  le  soluté  qui  coiiLienl  : 


Eau   500  grammes. 

Sublimé   0,10  centigrammes. 

Bateman  a  préconisé  contre  le  prurit  le  nitrate  de  mer- 
cure; mais  celui-ci  ne  paraît  ôtre  utile  que  dans  le  prurit 
dû  aux  affections  de  cause  externe.  Des  lotions  faites  avec 
un  liquide  renfermant  20  à  liO  grammes  de  sous-acétate  de 
plomb  pour  200  grammes  d^eau,  l'alcool  camphré,  l'ammo- 
niaque, l'eau  sédalive  étendue,  peuvent  être  employés  avec 
plus  ou  moins  de  succès  pour  calmer  le  prurit. 

Dans  les  affections  arthritiques  accompagnées  de  vives  dé- 
mangeaisons, ou  pour  apaiser  le  prurit  de  l'anus  si  fréquent 
dans  l'arthritis,  je  prescris  souvent  les  lotions  suivantes  : 


Glycérine   deux  cuillerées. 

Eau  de  guimauve  ou  de  son   500  grammes. 

Je  conseille  aussi  un  Uniment  ainsi  composé  : 

Eaux  de  chaux   30  grammes. 

Glycérine   30  grammes. 

Huile  d'amande  douce   60  grammes. 


Le  cyanure  de  potassium  dissous  dans  de  l'eau  de  laitue 
apaise  souvent  les  démangeaisons. 

Pour  combattre  le  prurit,  on  fait  usage  encore  de  différentes 
pommades  au  calomel,  h  la  calamine,  à  l'oxyde  de  zinc,  à 
la  morphine.  Cette  dernière  renferme  de  5 à  10  centigrammes 
de  morphine  pour  30  grammes  d'axonge;  elle  agit  en  déter- 
minant à  la  peau  une  douleur  plus  vive,  mais  plus  facile  à  sup- 
porter que  la  démangeaison, 

Dans  les  dartres  humides,  je  rejette  l'emploi  des  prépara- 
tions liquides.  Ici  il  faut  conserver  autant  que  possible 


ÉTUDE  THÉRAPEUTIQUE.  85 

l'épidermequi  est  un  des  meilleurs  topiques,  en  préservant  le 
derme  du  contact  de  l'air.  Alors  j'ai  recours  aux  poudres 
d'amidon,  de  tan,  de  vieux  bois,  de  ratanhia,  d'alun  ou  de 
sang-dragon.  Ces  poudres  se  mêlent  aux  produits  sécrétés  et 
forment  des  croûtes  qui  garantissent  la  peau  de  l'air  exté- 
rieur-, elles  exercent  aussi  une  action  émolliente  ou  légère- 
ment astringente. 

7°  Indications  fournies  par  les  causes,  —  Il  faut  éloigner 
la  cause  pour  guérir  la  maladie  :  sublatâ  causé,  tollilur 
effectus.  Si  nous  avons  affaire  à  une  affection  de  cause  ex- 
terne, cette  indication  peut  être  remplie  :  les  parasilicides  amè- 
nent une  prompte  guérison.  Mais  dans  les  maladies  internes, 
le  médecin  ne  saurait  détruire  qu'une  espèce  de  causes, 
celles  qui  déterminent  et  entretiennent  les  affections.  En  un 
mot,  il  se  bornera  à  prescrire  un  traitement  préventif.  Ainsi, 
le  malade  renoncera  à  une  profession  qui  l'oblige  à  se 
mettre  en  contact  avec  des  agents  irritants;  ceux-ci  provo- 
quent chez  lui  des  manifestations  continuelles  de  la  diathèse. 
Il  devra  aussi  perdre,  si  cela  est  possible,  d'anciennes  habi- 
tudes qui  consistent  à  se  gratter  sans  cesse.  Le  dartreux  n'a 
bien  souvent  qu'une  occupation,  celle  de  se  déchirer  la 
peau  avec  les  ongles  pendant  le  jour  et  la  nuit.  On  tâchera 
de  préserver  les  parties  malades  ou  saines  des  sécrétions 
normales  ou  anormales  :  chez  Tarthritique,  des  éruptions 
sont  souvent  produites  par  lasueur  abondante  quiirrite  etma- 
cère  quelques  régions,  et  l'on  voit  un  grand  nombre  d'affec- 
tions cCrtanées  qui  ont  pour  point  de  départ  dés  coryza,  leu- 
corrhée, blennorrhagie,  etc.  Enfin,  le  régime  sera  le  sujet 
spécial  de  l'attention  du  malade  et  du  médecin. 

8°  Médications.  —  Qu'est-ce  qu'une  médication?  Une  mé- 
dication est  un  ensemble  de  moyens  de  traitement  et  de 


86  DE  L'Ain  IIRITIS  liT  J)l-   I,A  DAIlTHi:. 

médicamenls  agissant  tous  dans  une  voie  commune  el  ten- 
dant vers  un  but  déterminé  et  commun.  La  médication  a 
pour  bases  l'unité  pathologique  et  l'état  des  lorces  du  malade. 

Dans  l'arthritis  et  la  darlre  nous  avons  une  médication 
principale  dirigée  contre  l'unité  pathologique  :  médication 
alcaline  dans  la  première,  médication  arsenicale  dans  la  se- 
conde. Suivant  l'état  des  forces  du  malade,  suivant  la  moda- 
lité pathogénique  désaffections,  vous  ferez  appel  à  des  médi- 
cations secondaires.  Qu'il  existe  une  profonde  anémie,  une 
grande  faiblesse,  vous  aurez  recours  à  la  médication  tonique; 
cela  n'empêche  pas  d'établir  la  médication  principale  contre 
l'unité  pathologique. 

Quelquefois  la  médication  secondaire  prime  la  médication 
principale.  Chez  un  malade  épuisé,  l'estomac  ne  peut  suppor- 
ter ni  les  préparations  alcalines,  ni  les  préparations  arseni- 
cales; dans  ce  cas  il  est  indiqué  d'employer  la  médication 
reconstituante,  et  vous  ne  donnerez  la  médication  principale 
qu'après  le  rétablissement  des  forces.  De  même,  s'il  existe 
une  vive  inflammation  des  parties  affectées,  vous  la  com- 
battrez d'abord  par  des  antiphlogistiques,  des  dérivatifs  ou 
des  résolutifs. 

9°  Rapports  des  indications  aux  médications,  ou  voies  par 
lesquelles  on  arrive  des  indications  aux  médications . — Dans 
l'arthritis  et  la  dartre,  quelques  remèdes  sont  universelle- 
'ment  adoptés,  comme  les  alcalins  dans  la  première  de  ces 
maladies,  el  l'arsenic  dans  la  seconde.  Leur  action  thérapeu- 
tique nous  est  attestée  et  par  l'expérience  et  par  la  tradi- 
tion. Mais  ces  deux  sortes  de  médicamenls  n'agissent  pas 
dans  toutes  les  affections  arthritiques  ou  dartreuses,  ou 
du  moins  ils  n'ont  qu'une  action  faible  et  incertaine  contre 
plusieurs  d'entre  elles.  Il  est  donc  nécessaire  de  trouver  des 


ÉTUDE  THÉRAPEUTIQUE. 

agents  plus  efficaces  que  les  premiers  pour  combatlre  ces 
formes  rebelles  de  l'arthrilis  et  de  la  dartre. 

Quelle  voie  suivrobs-rious  pour  arriver  à  la  connaissance 
de  ces  agents?  Le  hasard  doit-il  nous  guider,  etn'avons-riouS 
pas  d'autre  méthode  à  suivre  que  celle  qui  consiste  à  es- 
sayer l'un  après  l'autre  tous  les  agents  de  la  matière  médi- 
cale? C'est  ici  qu'il  importe  de  connaître  l'action  des  médicà- 
ments. 

Tout  agent  médicamenteux  a  trois  modes  d'action  sur  l'oh- 
gkriismé  sain  :  1°  urie  action  topique,  2°  une  action  physior' 
logique,  3°  une  actiôii  palhogéhétique.  Dans  le  premier  cas; 
il  agit  par  ^ës  propriétés  physiques  ou  chimiques,  et  il  est 
irritant,  astringent,  etc.  5  dans  le  second  cas,  il  manifeste  son 
action  physiologique  par  des  phénomènes  variés,  et  il  est 
sudorifîque,  diurétique,  purgatif,  etc.;  enfin  dans  le  troi- 
sième cas,  il  détermine  des  aB'ections  qui  se  rapprochent  plus 
bli  rridiris  de  celles  qu'on  observe  dans  les  maladies. 

On  peut  utiliser  ces  trois  modes  d'action.  L'action  topique 
absorbanié,  asti'ingente,  catliérétiqne  etc.,  est  d'un  grand 
secours  dans  la  thérapeirtique  locale.  L'action  physiologique 
purgative,  diurétique  etc.,  est  mise  chaque  jour  à  contribu- 
tion dans  le  traitement  des  dartres  humides.  Quant  à  l'ac- 
tion pathogénélique,  il  nous  est  prouvé  par  l'expérience 
qu'elle  se  transforme  chez  le  sujet  malade  en  action  cura- 
tive.  Par  conséquent,  il  serait  très  utile  de  connaître  la  pa- 
thogénésië  Hes  médicaments  :  malgré  tout  ce  qui  à  été  èbrit 
sur  ce  sujet,  je  dois  dire  que  c'est  là  une  des  parties  les  plus 
obscures  de  la  matière  médicale. 

L'observation  nous  apprend  que  les  agents  qui  ont  une 
aciion  directe  sur  les  dartres  exercent  dans  l'état  normal 
une  action  palhogénétique  sur  la  peau  :  il  s'ensuit,  que 


88  DE  I-'aUTHIUTIS  KT   m  LA  DARTRli;. 

Ton  doil  chercher  k^s  iiiétlicameiils  ù  expérimenter,  parmi 
les  substances  qui  influencent  la  peau  clans  l'état  normal. 

Nous  arrivons  encore  à  la  connaissance  des  remèdes  nou- 
veaux [)ar  un  autre  procédé  de  raisonnement.  Nous  nous 
appuyons  alors  sur  les  relations  de  nature  qui  existent  entre 
les  aflections  des  différents  systèmes.  Nous  savons  que  la 
teinture  de  colchique  agit  favorablement  dans  le  rhumatisme 
articulaire;  d'un  autre  côté,  nous  n'ignorons  pas  que  les  ar- 
Ihrilides  ont  des  relations  intimes  avec  le  rhumatisme, 
puisque  ce  dernier  et  ces  affections  cutanées  sont  des  sym- 
ptômes de  la  même  maladie.  Ce  seul  fait,  la  nature  identique 
de  l'affection  cutanée  et  rhumatismale,  ne  suffit-il  pas  pour 
nous  donner  le  droit  d'administrer  la  teinture  de  colchique 
contre  les  arlhritides  qui  n'avaient  pas  encore  été  soumises 
à  l'action  de  cet  agent  thérapeutique.  L'expérimentation 
que  nous  prenons  pour  le  critérium  de  notre  doctrine  vien- 
dra nous  démontrer  la  valeur  cura'tive  du  médicament; 
aidée  par  le  raisonnement,  elle  doit  être  le  principal  guide 
dans  les  recherches  thérapeutiques.  S'il  en  était  autrement, 
on  retomberait  dans  un  grossier  eoipirisme,  qui  ne  tarderait 
pas  à  amener  la  plus  grande  confusion  dans  la  partie  la  plus 
importante  de  la  médecine. 

Nous  ajouterons  que  certains  médicaments  ont  une  action 
thérapeutique  mixte  :  ils  conviennent  dans  les  cas  com- 
plexes, où  l'on  observe  la  coexistence  de  plusieurs  maladies 
constitutionnelles.  Le  soufre,  par  exemple,  pourrait  être  uti- 
lement appliqué  au  traitement  des  combinaisons  si  ordinaires 
de  l'arthritis  et  de  la  scrofule. 


DEUXIÈME  PARTIE. 

ARTHRITIDES  ET  HERPÉTIDES  EN  PARTICULIER. 


DES  ARTHRITIDES. 


Nous  allons  éludier  les  affections  cutanées  qui  appartien- 
nent à  rarllirilis.  Je  propose  de  leur  donner  une  dénomina- 
tion générale  qui  en  indique  l'espèce,  comme  on  l'a  fait  pour 
les  affections  cutanées  symptomatiques  de  la  scrofule  et  de 
la  syphilis.  Le  nom  arthritide  est  celui  qui  me  paraît  le  plus 
applicable  aux  dartres  arthritiques.  J'attache  une  grande 
importance,  et  je  l'ai  déjà  dit,  aux  termes  syphilide,  scrofu- 
lide  et  arthritide.  Ces  expressions  donnent  l'idée  de  la  nature 
des  affections  qu'elles  désignent,  et  vous  permettent  souvent 
de  nommer  des  éruptions  qui,  à  cause  de  la  multiplicité  des 
lésions  anatomiques,  trouvent  difficilement  une  place  dans 
le  cadre  nosologique  de  Willan.  En  effet,  une  affection  cu- 
tanée présente  quelquefois  des  éléments  variés,  papules,  vé- 
sicules, pustules,  etc.;  ou  bien  elle  change  d'aspect  dans  son 
évolution,  et,  par  exemple,  une  syphilide  d'abord  tubercu- 
leuse ou  papuleuse,  devient  plus  tard  squameuse  :  dans 
ces  deux  cas,  les  Willanistes  seront  souvent  embarrassés 
pour  donner  un  nom  à  Taffection.  Pour  nous,  nous  cherche- 


90  DES  ABTHRITIDES. 

rons  à  connaîlre  l'espèce,  si  nous  ne  pouvons  préciser  le  genre  ; 
et  après  avoir  acquis  des  notions  sur  la  nature  de  ratïection, 
nous  aurons  des  bases  suffisantes  pour  ap[)liqu('r  un  traitement 
rationnel.  Quarid  tioiis  aurons  établi  que  l'éruption  cutanée 
est  une  scrofulide,  une  syphilide  ou  une  arthritide,  il  nous 
sera  indiqué  de  la  combattre  par  les  médications  antiscrofu- 
leuse,  antisyphililique  et  anti -arthritique.  La  connaissance  de 
l'espèce  passe  avant  celle  du  genre,  et  c'est  elle  qui  con- 
duit principalement  à  une  thérapeutique  éclairée  et  utile. 

Les  arthritides  ont  des  caractères  communs  et  des  ca- 
ractères particuliers ,  que  nous  étudierons  successivement 
dans  deux  paragraphes  différents. 

CARACTÈRES  COMMUNS  ET   DIFFÉRENTIELS  DES  ARTHRITIDES. 

Les  caractères  communs  des  arthritides  portent  sur  la  con- 
sidération du  siège,  de  la  forme,  de  la  coloration,  de  la  na- 
ture des  produits  excrètes,  de  là  disposition  relative  des  élé- 
ments éruptifs,  de  la  complexité  des  lésions  primitives,  de  la 
marche,  de  la  durée,  des  récidives,  et  enfin  de  là  modifica- 
tion de  la  sensibilité  cutanée. 

1"  Siège  topographique.  —  Les  affections  cutanées  se  dé- 
veloppent dans  des  régions  spéciales,  suivant  les  maladies 
constitutionnelles  auxquelles  elles  appartiennëriL  Nous  sa- 
vons qiie  lëè  scrôfulides  se  montrent  de  préférence  sur  le  cuir 
chevelu,  d'où  ëlles  s'irradient  sur  les  autres  parties  du 
corps,  et  que  les  syphilides  ont  pour  lieu  d'électiôh  le  front, 
les  ailes  du  nèz,  la  nuque,  les  épaules,  etc.  Les  arthritides 
ont  aussi  des  lieux  d'élection  qu'il  est  important  de  con- 
nâilrè.  Elles  se  développent  principalehient  sur  les  parties 
dêcbuvërtés,  ièllèS  que  là  face,  lë  fi'ont,  la  racine  des  che- 


CARACIÈRES   COMMUNS  ET  DIFFÉRENTIELS.  91 

veux,  la  nuque,  la  partie  supérieure  et  antérieure  de  la  poi- 
trine, les  rhains,  les  (ileds,  lés  avant  bras  Û  les  j.imbes.  Elles 
se  mahifesient,  et  très  sbilvelii,  clHns  les  régions  les  plus 
riches  en  glandes  sudorifëres  et  pileuses  :  le  cuir  chévelil,  là 
^  pautlie  dès  nidins,  là  plante  des  pîëds,  les  régions  axillaire  et 
Om'bilicale,  les  mamelles  au  monierit  de  là  lactation,  et  ëhfiri 
lés  parties  génitales. 

2°  Forme.  — Lés  àrthritides  présentent  habituellement  lâ 
forme  nummulaire  ;  éîlès  bbcupent  des  régions  peu  étendues. 
Cependant,  si  elles  envahissent  quelquefois  de  grandes  sur- 
faces par  la  naissfthce  sùbcëèéîvè  dë  plusieurs  gi'diipës,  ja- 
mais elles  ne  deviennent  générales  comme  les  herpétides. 
Elles  manquent  aussi  de  la  fixité  ou  de  la  pérsislahce  de  ces 
dernières,  car  elles  disparaissent  toujours  dans  les  dernières 
périodes  de  la  maladie.  La  peau  reprérid  alors  ses  caractères 
riormaux. 

3°  Coloration. —  La  coloration  pathologique  de  la  peau  est 
duë  à  deux  causes  :  à  une  altération  de  là  sécrétion  pigmen- 
taifë,  ou  à  une  congestion  capillaire.  La  couleur  de  la  peau, 
causée  par  iine  augmentation  ou  une  dimihUtioh  de  la  sécré- 
tion pigmentaire,  est -importante  â  considérer.  Les  syphilides 
laissent  à  leur  suite  des  taches  brunes  caractéristiques,  et 
dans  là  pelade  on  constate  line  décoloration  ou  mémo  une 
colo^ation  blanchâtre,  produite  à  la  fois  par  la  diminution  de 
la  sécrélion  pigmentaire  et  par  le  champignon.  Dans  les  ar- 
Ihritides,  là  côlôratlbri  butàhée  h'ëst  pas  uli  caractèi-e  aiissi 
constant  et  aussi  nécessaire  que  dans  les  àlfeciiohs  précé- 
aëtiles;  tdutefois  ëllë  liriéritë  d'être  sîghaî&ë  â  râltëniion. 
Elle  est  orditiâirëment  d'un  rougè  vinëux,  ôii  ressemblant 
â  la  coulctir  delà  framboise;  elle  est  occasionnée  parla  con- 
gestion, et  souvent  parla  dilatation  variquéilsë  dés  Vdisséàux 


92  Di;S  AmilRITIDES. 

capillaires  de  la  peau.  Quelquefois  la  congeslion  est  portée 
jusqu'à  riiéniorrhagie,  et  roii  trouve  parmi  les  éléments  de 
raiîection,  soitde  petits  foyers  sanguins,  soit  des  ecchymoses 
consécutives  dans  Tépaisseur  du  derme. 

On  rencontre  souvent  dans  l'arthritis  des  adections  dys-' 
cliromateuses,  qui  ont  leur  siège  sur  les  régions  découvertes 
ou  sur  les  parties  sexuelles.  Ces  vitiligo  ne  sont  que  de  sim- 
ples difformités,  et  ne  constituent  pas  plus  des  arthritides 
que  lé  vitiligo  du  cou,  chez  les  syphilitiques,  ne  constitue 
une  syphilide. 

k'  Nature  des  produits  excrétés,  —  La  nature  des  pro- 
duits excrétés  varie  beaucoup  dans  les  différentes  maladies 
constitutionnelles. 

En  effet,  dans  la  syphilis,  nous  trouvons  une  sécrétion  pu- 
rulente et  visqueuse,  qui  se  concrète  sous  la  forme  de  croûtes 
brunes  et  vernissées;  dans  la  scrofule,  nous  rencontrons  une 
sécrétion  séro-purulente,  qui  fournit  des  croûtes  moins  sè- 
ches, jaunes  ou  brunâtres  et  rugueuses  ;  dans  la  darlre,  nous 
voyons  une  sécrétion  séro-plastique,  ahoiidante,  qui  se  con- 
crète en  lamelles  jaunâtres  et  molles.  Dans  les  arthritides,  la 
sécrétion  est  peu  considérable  et  quelquefois  elle  est  nulle  : 
les  surfaces  malades  sont  sèches,  couvertes  de  croûtes  très 
minces  ou  de  squames.  D'après  les  faits  que  j'ai  observés,  il 
sendjlerait  que  les  affections  squameuses  se  montrent  de 
préférence  avec  le  rhumatisme,  tandis  que  les  affections  croû- 
teuses  et  bullo-lamelleuses  se  rencontrent  plus  particulière- 
ment avec  la  goutte. 

5»  Disposition  des  éléments  éruptifs.  —  D'une  ma- 
nière générale,  les  arthritides  sont  disposées  en  groupes  sé- 
parés par  des  intervalles  de  peau  saine,  qui  n'ont  pas  de  ten- 
dance à  se  réunir. 


CARACTÈRES  COMMUNS  ET  DIFFÉRENTIELS.  93 

Elles  diflerent  beaucoup  des  herpétides  qui  se  manifestent 
par  de  larges  plaques  ou  par  des  groupes  qui,  d'abord  isolés, 
ne  lardent  pas  à  se  joindre  pour  couvrir  de  grandes  surfaces. 
L'alVection  darlreuse  n'est  pas  limitée  :  elle  gagne  cbaque 
jour  du  lorrain  par  le  développement  de  nouvelles  plaques. 
Ce  mouvement  d'extension  progressive  n'existe  pas,  ou  est 
moins  marqué  dans  l'artliritide. 

Multiplicité  des  lésions  primitives.  —  Dans  l'arthritis 
on  trouve  une  variété  de  lésions  qui  rend  très  difficile  le 
diagnostic  anatomique.  Ainsi,  sur  une  même  surface,  vous 
verrez  simultanément  ou  successivement  du  lichen  ,  de 
l'eczéma,  du  pityriasis,  etc. 

Celle  multiplicité  des  lésions  primitives  n'a  pas  échappé  à 
l'observation  des  willanistes  ;  elle  a  conduit  M.  Deverofie  à 
instituer  formes  composées.  Au  contraire,  nous  rencon- 
trerons souvent  dans  la  dartre  les  formes  simples  d'affec- 
tions cutanées,  telles  qu'elles  ont  été  décrites  par  Willan  et 
ses  disciples. 

7°  Marche,  durée ^  terminaison  et  récidive .-^  Au  début  de 
la  maladie,  les  arlhritides  ont  une  durée  plus  longue  et  une 
fixité  plus  grande  que  les  herpétides;  mais  tandis,  qu'elles 
disparaissent  d'unie  manière  définitive  dans  les  périodes  plus 
avancées  de  Ja  diathèse,  les  herpétides  deviennent  au  con; 
Iraire  plus  persistantes,  couvrent  la  plus  grande  partie  delà 
peau  et  coexistent  avec  les  afiéctions  viscérales.  D'une  ma- 
nière absolue,  les  dartres  lierpétiques  présentent  une  durée 
beaucoup  plus  longue  que  les  arlhritides,  qui  cessent  de  se 
montrer  dans  les  périodes  avancées  delà  maladie  constitu- 
tionnelle. 

Les  arlhritides  récidivent  avec  une  grande  facilité,  mais 
toujours  sur  les  mêmes  régions  :  à  chaque  printemps,  le 


^jt  PES  AUTHRlTiDES 

nialaJe  aura  un  eczémii  aux  mains,  aux  pieds,  à  la  face,  pic. 
Au  contraire,  les  herpélides  sont  très  mobiles  et  se  proniè- 
nenl  sur  toute  la  surface  du  corps. 

8°  Distribution  des  affections.  —  Npus  troMyons  l'alj- 
se^^çe  de  symétrie  dans  la  distribution  des  arihrilides,  et  la 
symétrie  dans  la  disposition  des  herpétides.  Ces  dernières  se 
développent  simultanément,  ou  à  peu  de  distance,  suj;"  des 
parties  analogues  :  par  exemple,  un  eczéma  dt^rtreux  existera 
aux  deux  plis  du  coude,  aux  creux  poplités,aux  cuisses,  etc. 
Les  arthrilides  sont  remarquables  par  l'irrégularité  qu'elles 
offrent  le  plus  ordinairenienl  dans  leur  arrangement  :  vous 
constaterez  une  plaque  d'eczéma  arthritique  sur  le  dos  d'une 
main,  sur  un  avant-bras,  etc.,  et  vous  n'observez  rien  sur 
les  régions  du  côté  opposé. 

9°  Modification  de  la  sensibilité  cutanée.  —  Dans  les 
sypliilides,  la  démangeaison  et  la  douleur  manquent;  dans  les 
scrofulides,  les  douleurs  sont  presque  nulles  et  les  déman- 
geaisons sont  peu  considérables;  dans  les  herpétides,  on 
trouve  le  prurit  à  tous  les  degrés.  Dans  l'arthri^^,  le  prurit 
franc  est  rare;  il  est  remplacé  [)ar  des  élancements,  des  pi- 
cotements ou  de  la  cuisson  des  parties  affectées.  Toutefois  le 
prurit  de  l'anus  et  des  parties  génitales,  indépendant  de  toute 
éruption,  doit  être  considéré  comine  un  symptôme  ordinaire 
de  l'arthritis. 

CARACTÈRES  PROPRES. 

Après  avoir  étudié  les  caractères  généraux  des  arthritides, 
nous  allons  nous  occuper  de  chacune  de  ces  affections  en 
particulier.  Nous  les  plaçons  dans  trois  sections  différentes: 
1°  arthritides  pscudo-exantliémaliques,  2°  arthritides  sèches, 
3°  arthritides  humides. 


PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES. 


95 


PREMIÈRE  SECTION. 

DES  ARTHRITIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES. 

Les  arthritides  pseudo-exanthémaliques  renferment  trois 
chapitres  : 

1°  arthritides  pseudo-exanthématiques  érythémateuses  : 
erythemanodosum,  urticaire,  pityriasis  aigu  disséminé. 

2"  Art/mtides pseudo-exanthématiques  vésiculeuses  :  her- 
pès, zona. 

3°  Arthritide  pseudo-exanthématique  huileuse:  pemphi- 
gus  aigu. 

Avant  d'entrer  dans  l'étude  particulière  de  chacune  des 
arthritides  pseudo-exanthémaliques,  nous  croyons  qu'il  est 
indispensable  de  dire  ce  que  nous  entendons  par  pseudo- 
exanthème  et  affection  pseudo  exanlhématique. 

Le  pseudo-exanthème  est  une  maladie  aiguë,  pyrétiqueou 
apyrétique,  le  plus  souvent  pyrélique,  non  contagieuse,  carac- 
térisée par  une  éruption  qui  a  une  marche  régulière  et  se  te|*- 
mine  toujours  par  résolution  et  spontanément  dans  l'espace  de 
trois  à  cinq  semaines.  Dans  celte  définition  du  pseudo-exan- 
thème, nous  voyons  un  certain  nombre  de  caractères  qui  le  rap- 
prochenl,etd'autresqui  le  différencient  des  exanthèmes.  Ainsi 
il  n'est  pas  contagieux,  et  nous  savons  que  la  contagion  joue  un 
rôleimportantdans  ledéveloppementdesexanthèmes.S'ii  pré- 
sente une  marche  régulière,  il  accomplit  cependant  son  évo- 
lution dans  un  temps  qui  peut  varier  de  trois  à  cinq  semaines  ; 
tandis  que  les  exanthèmes  (variole,  rougeole,  etc.),  parcou- 
rent leurs  différentes  périodes  dans  un  espace  de  temps  qui 
ne  varie  jamais.  Enfin,  et  ce  n'est  pas  le  caractère  le  moins 
important,  si  le  pseudo-exanthème  peut  être,  comme  l'exan- 


■r 


'J^>  DES  ARTHRITIDES 

thème,  une  onlilé  morbide,  il  se  montre  aussi  à  titre  de  sym- 
ptôme dans  dill'érenles  maladies  constitutionnelles.  En  effet, 
la  scrofule,  la  syphilis,  la  dartre  et  l'arthritis  présentent  sou- 
vent, dans  leurs  premières  périodes,  un  certain  nombre 
d'affections  pseudo-exanthémaliques,  que  nous  avons  déjà 
étudiées  ou  qu'il  nous  reste  à  décrire. 

Si  le  pseudo-exanthème  est  tantôt  idiopathique  et  tantôt 
symptomatique,  on  nous  demandera  à  quels  signes  nous  re- 
connaîtrons quMl  appartient  à  une  maladie  constitutionnelle. 
Pour  établir  la  nature  de  cette  affection,  nous  |)rocéderons 
selon  les  principes  que  vous  connaissez  ;  nous  nous  appuierons 
sur  ses  caractères  objectifs  et  sur  ses  rapports  avec  d'autres 
affections  dont  la  nature  ne  saurait  être  révoquée  en  doute. 

Et  d'abord  trouvons-nous  toujours  des  caractères  objectifs 
propres  à  chaque  pseudo-exanthème,  suivant  qu'il  est  sympto- 
matique de  telle  maladie  constitutionnelle?  Quelques  pseudo- 
exanthèmes possèdent  des  caractères  objectifs,  dont  l'exis- 
tence suflira  à  en  indiquer  l'origine  :  comme  exemple,  je 
citerai  l'érylhème  noueux  qui  a  des  symptômes  objectifs 
propres  et  faciles  à  reconnaître,  et  qui  appartient  toujours  à 
l'arthritis. 

Si  les  caractères  propres  manquent  au  pseudo-exanthème, 
et  malheureusement  c'est  ce  qui  arrive  souvent,  l'étude 
de  ses  relations  avec  les  affections  antérieures  ou  conco- 
mitantes pourra  nous  renseigner  quelquefois  sur  sa  na- 
ture. Cependant,  nous  devons  avouer  que  les  affections 
antérieures  sont  peu  nombreuses,  puisque  les  pseudo-exan- 
thèmes sont  des  symptômes  initiaux  des  maladies  constitu- 
tionnelles; et,  d'un  autre  côté,  si  les  caractères  objectifs  font 
défaut,  nous  ne  saurions  nous  dissimuler  combien  il  est  sou- 
vent difficile  de  se  prononcer  sur  l'essence  d'un  pseudo- 


PSEUDO-EXANTIIÉMATIQUES.  97 

exaiUlième.  Dans  un  certain  nombre  de  cas,  nous  n'arri- 
verons à  résoudre  la  question  de  nature,  qu'en  attendant 
l'apparition  des  affections  ultérieures  de  la  diathèse. 

D'ailleurs,  dans  les  maladies  constitutionnelles,  la  diffi- 
culté que  nous  éprouvons  à  distinguer  les  affections  propres 
pendant  les  premières  périodes,  ne  se  rencontre-t-elle  pas 
également  pendant  les  périodes  plus  avancées  ?  Ne  voyons- 
nous  pas  certaines  scrofulides  et  syphilides  ulcéreuses  pré- 
senter des  caractères  objectifs  peu  différents  ?  En  ce  moment, 
nous  avons  dans  notre  service  un  malade  atteint  d'un  lupus, 
sur  la  nature  duquel  nous  conservons  des  doutes  ;  le  sujet  a 
présenté  des  symptômes  de  scrofule  et  de  syphilis,  et  l'af- 
fection n'offre  pas  des  symptômes  objectifs  assez  accusés  pour 
que  l'on  puisse  en  reconnaître  l'origine.  En  présence  de  ce 
fait,  nous  administrons  d'abord  le  mercure  qui,  s'il  n'amène 
pas  une  prompte  amélioration,  sera  remplacé  par  l'huile  de 
foie  de  morue. 

Nous  avons  dit  que  nous  ne  possédions  pas  encore  les 
symptômes  objectifs  des  affections  de  la  quatrième  période 
des  maladies  constitutionnelles.  Cependant  il  faut  convenir 
que,  malgré  l'absence  de  caractères  propres,  le  diagnostic  de 
ces  affections  sera  beaucoup  plus  facile  que  celui  des  affec- 
tions pseudo-exanthématiques.  En  effet,  les  premières  pour- 
ront être  indiquées  par  toute  la  série  des  affections  anté- 
rieures de  la  première,  seconde  et  troisième  période;  les 
pseudo-exanthèmes,  se  manifestant  au  début  de  la  maladie 
constitutionnelle,  ne  sont  souvent  précédés  d'aucune  affec- 
tion. 


7 


98    ARTHRITIDES  PSEUDO-EXAN'I'HÉMATIQUF.S  ftHYTHfiMATEUSF.S. 

CHAPITKK  PUKAIIEK. 

DES    ARTHRITIDES   PSKUDO-EXANTHÉMATIQUES    ÉRYTHÉMATEllSES.  - 

Ce  chapitre  comprend  plusieurs  genres,  que  nous  allons 
étudier  dans  des  paragraphes  stvparés  :  1°  l'éryllième  noueux, 
2"  Turlicaire,  3°  le  pityriasis  aigu  disséminé. 

§  I.  —  De  l'érythème  noueux. 

L'éry thème  noueux  {erythema  nodosum)  est  une  afTection 
précédée,  quelquefois  accompagnée  d'uji  état  fébrile,  et 
caractérisée  par  une  éruption  de  plaques  rouges,  dures  et 
douloureuses,  disparaissant  spontanément  et  par  résolution, 
après  une  durée  de  douze  à  quinze  jours. 

Willitn,  Baten)an,  Bii.;lt  ont  donné  la  description  de  l'éry- 
thème noueux,  dont  ils  ont  quelquefois  mécoimu  la  nature. 
Ainsi,  Bateman  a  confondu  d'iuie  manière  évidente  l'erythema 
nodosum  avec  une  forme  d'érylhème  induré,  que  nous  avons 
sif'nalé  dans  la  scrofule.  Cet  auteur  dit  qu'on  observe  l'éry- 
thème  noueux  sur  les  jambes,  chez  les  jeunes  blanchisseuses 
ou  chez  les  jeunes  filles  qui  présentent  les  attributs  du  tem- 
pérament lymphatique  (1).  M.  Bouillaud  a  parfaitement 
aperçu  les  relations  qui  existent  entre  l'érythème  noueux  et 
le  rhumatisme  :  dans  le  traité  clinique  du  rhumatisme  arti- 
culaire, il  donne  plusieurs  observations  de 'cette  dernière 
atîection  coïncidant  avec  l'érythème  noueux. 


(1)  Leçonx  sur  la  scrofule,  p.  96. 


ÊRYTHfeME  NOUEUX.  99 

M.  Rayera  signalé,  chez  des  individus  alleints  de  rhuma- 
tisme aigu,  un  érythème  papuleux  qui  ne  paraît  élre  que 
l'aiïection  dont  nous  nous  occupons  en  ce  moment.  D'autres 
observateurs  ont  décrit  un  érythème  noueux,  symptomatique 
de  la  diathèse  rhumatismale. 

En  Allemagne,  le  professeur  Schœnlein  a  donné  l'histoire 
d'une  maladie  nouvelle,  à  laquelle  il  impose  le  nom  de 
péliose  rhumatismale,  dénomination  sous  laquelle  Alibert 
avait  décrit  l'hémorrhagie  interstitielle  de  la  peau.  On  sait 
que  ce  célèbre  dermatologiste  rejetait  le  terme  purpura,  que 
la  tradition,  suivant  lui,  avait  appliqué  cà  la  miliaire  des  nou- 
velles accouchées.  MM.  Fr.  Duriau  et  Max.  Legratid,  après 
avoir  soumis  le  mémoire  étranger  à  une  critique  aussi  éclai- 
rée que  judicieuse,  ont  conclu  que  la  péliose  rhumatismale 
du  professeur  Schœnlein  est  une  affection  identique  à  celle 
qui  a  été  décrite,  en  France,  sous  le  nom  d'érythème  noueux 
rhumatismal.  Je  me  rattache  complètement  à  l'opinion  de 
ces  deux  auteurs. 

Symptomatologie.  —  L'érylbème  noueux  est  annoncé 
habituellement  pendant  un,  deux  ou  trois  jours,  par  du  ma- 
laise, de  l'anorexie,  un  mouvement  fébrile  modéré,  des  pico- 
tements ou  des  démangeaisons  sur  les  parties  qui  seront  le 
siège  de  l'éruption.  Quelquefois,  il  existe  aussi  des  douleurs 
vives  dans  les  articulations  ou  dans  la  continuité  des  mem- 
bres. Puis,  sur  les  parties  affectées  de  picotements  ou  de  dé- 
mangeaisons, on  aperçoit  des  taches  rouges  qui  s'élargissent 
peu  à  peu  et  atteignent  un  diamètre  variable,  de  quelques 
millimètres  à  ù  ou  5  centimètres.  Ces  taches  présentent 
souvent  une  forme  ovalaire,  dont  le  plus  grand  diamètre  est 
parallèle  à  l'axe  du  membre;  elles  offrent  à  leur  centre  une 
légère  élévation  -  elles  sont  remarquables  par  l'intensité  de 


100    ARTHRITIDES  PSEUI)0-EXANTHf:MATIQUES  ÉRYÏHÊMATEUSKS. 

t 

leur  coloration,  qui  est  d'un  rouge  foncé  et  môme  violacé. 
Enfin,  par  le  loucher,  on  constate  qu'elles  reposent  sur  une 
induration  qui  pénètre  dans  le  tissu  cellulaire,  et  qu'elles 
sont  très  douloureuses  à  la  pression. 

Lorsque  l'éruption  est  accomplie,  les  phénomènes  fébriles 
diminuent  et  disparaissent  complètement;  quelquefois  ils 
persistent  encore  pendant  deux  ou  trois  jours,  en  môme 
temps  que  les  douleurs,  qui  se  montrent  dans  la  continuité 
des  membres  et  se  traduisent  par  un  sentiment  de  lassitude 
générale.  Il  ne  faut  pas  confondre  ces  douleurs,  qui  font  partie 
des  symptômes  de  l'affection  cutanée,  avec  l'arthropathie  ou 
la  myodynie  rhumatismale  proprement  dite. 

Marche  et  durée.  —  Vers  le  septième  ou  huitième  jour, 
on  observe  des  changements  remarquables  dans  les  petites 
tumeurs  érythémateuses.  Celles-ci  qui  semblaient  tendre 
à  la  suppuration,  diminuent  et  se  ramollissent  au  point  de 
donner  la  sensation  d'une  fluctuation  obscure.  Leur  colora- 
tion rouge  est  remplacée  par  une  teinte  bleuâtre,  et  ensuite 
par  une  couleur  jaunâtre,  ecchymotique,  qui  disparaît  au 
douzième  ou  quinzième  jour. 

Siège.  — L'érylhème  noueux  peut  occuper  toutes  les  par- 
ties delà  surface  cutanée,  mais  il  se  montre  plus  particuliè- 
rement sur  les  membres.  Il  est  souvent  limité  à  quelques 
régions,  et,  dans  ce  cas,  il^se  développe  principalement  à  la 
partie  antérieure  des  jambes  ou  autour  de  l'arliculalion  du 
genou.  L'éruption  se  manifeste  ordinairement  par  des  sail- 
lies rouges,  discrètes  et  isolées,  mais  d'autres  fois  par  de  pe- 
tites tumeurs  confluentes  qui  forment  de  larges  plaques  bos- 
selées. 

Étiologie. — L'érythème  noueux  est  plus  fréquent  chez 
l'homme.  Willan  et  IJateman  ont  émis  l'opinion  opposée, 


ÉRYTHÈME  NOUEUX.  101 

parce  qu'ils  ont  confondu  avec  cette  affection  l'érythème 

induré  scrofuleux  qui  se  montre,  il  est  vrai,  plus  souvent  dans 

le  sexe  féminin. 

Il  se  développe  ordinairement  chez  les  individus  doués  d'un 

te  m  pér  am  en  t  sanguin. 
Le  froid,  et  surtout  le  froid  humide,  ont  une  grande  part 

dans  la  pi'oduction  de  l'erythema  nodosum. 
Aux  causes  précédentes  nous  ajouterons  les  suivantes  :  la 

fatigue,  les  excès  alcooliques,  les  écarts  de  régime,  etc. 

PatJiogénie,  —  Si  l'on  pratique  une  saignée  chez  un  ma- 
lade atteint  d'érythème  noueux,  on  trouve  sur  le  caillot  une 

couenne  analogue  à  celle  qu'on  rencontre  dans  la  saignée  du 

sujet  affecté  de  rhumatisme.  L'erytl>ema  nodosum  accompagne 
souvent  le  rhumatisme,  comme  le  témoignentnos  propres  ob- 
servations et  celles  de  M.ïï.  Bouillaud,  Rayer,  Schœnlein,  etc. 
Le  froid  a  une  influence  incontestable  sur  la  production  de  l'é- 
rythème noueux.  Ne  voyons-nous  pas  qu'il  existe,  entre  cette 
dernière  affection  et  le  rhumatisme  articulaire,  des  relations 
intimes  et  un  certain  nombre  de  caractères  communs,  qui 
plaident  en  faveur  de  sa  nature?  J'ajouterai  môme  que  l'éry- 
thème noueux  ne  se  rencontre  jamais  dans  d'autres  maladies 
constitutionnelles  que  l'arthrilis. 

Diagnostic  — \\  est  facile  de  reconnaître,  d'après  les  ca- 
ractères que  nous  avons  énumérés  plus  haut,  l'élément  pri-' 
mitif  qui  est  une  tache  sanguine,  et  le  genre  de  l'affection 
qui  est  un  érythème.  Cependant,  on  peut  confondre  l'éry- 
thème noueux  avec  un  certain  nombre  d\aiïections,  et  nous 
allons  entrer  à  ce  sujet  dans  quelques  détails. 

Nous  établirons  d'abord  une  distinction  entre  l'érythème 
noueux  cl  l'érythème  induré  scrofuleux,  distinction  qui  n'a 
pas  été  faite  par  Willan  et  Bateman.  L'érythème  scrofuleux 


102    ARTHRITIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES  ÉRYTHÉMATEUSES. 

se  manifeste  cliez  des  malades  (juioiilune  constitution  molle 
et  le  tempérament  lynjp]iati(jiie.  Il  est  caractérisé  par  une 
plaque  ordinairement  unique,  d'un  rouge  vineux,  plus  large 
que  les  taches  observées  dans  l'érythème  noueux,  située  à  la 
partie  antérieure  ou  externe  des  jambes,  non  douloureuse, 
constituée  par  une  induration  uniforme  qui  est  limitée  à  la 
peau  et  ne  s'étend  pas  dans  le  tissu  cellulaire.  Au  contraire, 
l'érythème  noueux  se  montre  chez  des  sujets  qui  ont  les  at- 
tributs du  tempérament  sanguin  et  de  la  constitution  arthri- 
tique, que  nous  avons  fait  connaître.  Il  est  caractérisé  par  des 
plaques  plus  petites  et  multiples,  qui  présentent  une  rou- 
geur inilammatoire  à  laquelle  succèdent  une  teinte  bleuâtre 
et  une  véritable  cbloration  ecchymotique,  qui  peuvent  se 
développer  dans  toutes  les  régions.  Ces  plaques  sont  doulou- 
reuses à  la  pression  et  sont  formées  par  des  indurations  un 
peu  arrondies,  situées  dans  la  peau  et  le  tissu  cellulaire  sous- 
cutané.  Un  dernier  signe  différentiel,  c'est  l'existence  des 
phénomènes  fébriles  dans  l'érythème  noueux,  et  l'absence  de 
ces  symptômes  généraux  dans  l'érythème  scrofuleux. 

Les  nodosités  caractéristiques  des  plaques  de  Yerythema 
nodusiim  le  feront  distinguer  de  la  roséole  papuleuse  et  de 
l'érythème  papuleux. 

Je  me  bornerai  à  signaler  les  indurations  scorbutiques, 
variqueuses  et  Tanthrax,  que  certains  observateurs  peu  atten- 
tifs otit  pu  confondre  avec  l'érythème  noueux. 

Cette  affection  pourrait  mieux  être  simulée  par  l'urticaire. 
Celle-ci  présente  des  plaques  rouges,  saillantes,  et  quelque 
peu  analogues  à  celles  de  l'érythème  noueux.  Mais  on  arri- 
vera promptement  à  établir  le  diagnostic  :  les  plaques  or  liées 
sont  décolorées  à  leur  centre,  et  sont  remarquables  par  leur 
courte  durée,  leur  apparition  intermittente  et  le  prurit  m- 


ÉRYTHÈME  NOUKUX. 

lense  qu'elles  détermiïieiil  ;  tandis  que  les  taches  de  l'éry- 
thème  noueux  sont  rouges,  puis  bleuâtres  et  jaunâtres, 
qu'elles  sont  douloureuses  à  la  pression  et  offrent  une  durée 
de  douze  à  quinze  jours. 

Après  avoir  établi  le  diagnostic  de  l'élément  primitif  et  du 
geiire  de  lerylhème  noueux,  il  nous  reste  à  en  déterminer  la 
nature.  Mais  cette  question  se  trouve  naturellement  résolue, 
puisque  l'érythème  noueux  est  toujours,  selon  nous,  utie  af- 
fection arthritique. 

Pronostic.  ~  Considéré  en  lui-même,  l'érythème  noueux 
n'est  pas  grave.  11  disparaît  spontanément  et  n'entraîne  au- 
cun accident  sérieux-,  il  indique  seulement  que  le  malade  est 
sous  l'influence  de  l'arthritis,  dont  les  manifestations  pour- 
ront se  montrer  dans  un  temps  plus  ou  moins  éloigné. 

Traitement.  —  Nous  employons  des  moyens  simples  (jui 
sont  une  petite  saignée  au  début  de  l'affection,  des  bains 
d'amidon,  un  régime  doux  et  des  boissons  rafraîchissantes. 
Ce  traitement  suffit  à  amener  une  prompte  guérison. 

Oreillon.  —  L'oreillon  se  manifeste  dans  le  jeune  âge. 
Souvent  il  est  produit  par  le  froid  humide  -,  il  présente  des 
rapports  fréquente  avec  l'angine  et  la  métastase  testicu- 
laire.  Enfin,  je  vous  dirai  que  j'ai  souvent  trouvé  cette  affec- 
tion chez  des  malades  qui  offraient  des  signes  de  scrofule 
ou  d'arthritis. 

Mes  observations  me  porteraient  à  croire  que  l'oreillon 
peut  quelquefois  être  symptoma tique  delà  scrofule  et  de  l'ar- 
thritis ;  mais  elles  ne  sont  encore,  ni  assez  nombreuses,  ni 
assez  concluantes,  pour  que  je  puisse  me  prononcer  sur  cette 
question  intéressante. 


104   ARTIIIUTJDES  PSEUDO-liXAMIlÉMATJQUF.S  ÉaYTHÉMATEUSES. 


S  II.  —  I>e  l'urticaire. 

Pour  le  moment,  nous  ne  décrirons  que  Vtirticaùe pseiido- 
exanthématique,  la  fièvre  ortiée  proprement  dite,  qui  cor- 
respond à  la  scarlatine  prurigineuse  de  Sauvages.  Plus  loin, 
nous  étudierons  l'urticaire  chronique,  que  nous  plaçons  au 
nombre  des  arthritides  sèches.  Peut-on  nous  accuser  d'avoir 
scindé  sans  nécessité  la  description  d'une  affection?  Assuré- 
ment, non;  car,  pour  nous,  l'urticaire  fébrile  et  l'urticaire 
chronique  sont  deux  affections  différentes,  indépendantes. 
La  première  est  un  pseudo-exanthème  qui  se  termine  spon- 
tanément dans  l'espace  de  huit  à  dix  jours,  et  la  seconde  est 
une  affection  essentiellement  chronique,  qui  ne  succède 
jamais  à  l'urticaire  aiguë.  Nous  ne  saurions  donc  nous  dis- 
penser d'assigner  des  places  séparées,  dans  le  cadre  nosolo- 
gique,à  des  affections  aussi  différentes  que  l'urticaire  fébrile 
et  l'urticaire  chronique. 

Symptomatologie . —  L'urticaire  fébrile  est  annoncée,  pen- 
dant un  et  deux  jours,  par  des  phénomènes  variés  qui  sont  : 
une  lassitude  générale,  de  la  céphalalgie,  de  l'anorexie, 
quelquefois  des  nausées  et  des  vomissements,  souvent  de 
l'anxiété,  des  étouffements,  et  un  mouvement  fébrile  plus  ou 
moins  intense. 

Le  premier  symptôme  local  est  un  prurit  qui  existe  sur 
tout  le  corps,  ou  seulement  sur  quelques  régions.  L'éruplion 
apparaît  ensuite  sous  la  forme  de  papules  ou  de  plaques,  sur 
])lusieurs  points  de  l'enveloppe  cutanée,  ou  successivement 
aux  membres,  à  la  face,  sur  le  tronc,  etc. 

Les  papules  ortiées  présentent  une  coloration  rosée  qui 
disparait  par  la  pression;  souvent  elles  offrent,  à  leur 


UinlCAlRE.  105 

centre,  une  coloration  blanche  qui  tranche  vivement  sur 
l'aréole  rouge  qu'on  voit  à  la  hase  de  chacune  d'elles. 
Elles  ont  une  forme  plus  ou  moins  régulière,  le  plus 
ordinairement  circulaire.  Elles  ont  une  étendue  variable  : 
leur  diamètre  mesure  de  quelques  millimètres  à  2  centimè- 
tres. Par  le  loucher,  on  sent  que  les  papules,  ou  plutôt  les 
plaques  d'urticaire,  sont  dures  vers  leurs  bords,  mais  que 
l'induration  ne  dépasse  pas  la  face  profonde  du  derme. 

Quelquefois  on  trouve  au  centre  des  papules  ortiées  une 
tache  noire,  constituée  par  une  hémorrhagie  capillaire  qui  se 
fait  dans  l'épaisseur  de  la  peau. 

Les  phénomènes  prodromiques,  fièvre,  anxiété,  etc.,  dis- 
paraissent lorsque  l'éruption  commence  à  se  développer. 
Cependant  un  mouvement  fébrile  plus  ou  moins  marqué  se 
déclare  souvent  à  l'approche  de  la  nuit.  Il  précède  l'appari- 
tion de  nouvelles  papules,  qui  se  montrent  par  poussées 
successives.  Le  prurit,  ou  les  picotements,  que  nous  avons 
signalés  au  nombre  des  phénomènes  initiaux,  persistent 
ordinairement  avec  une  telle  intensité,  qu'ils  empêchent 
plus  ou  moins  complètement  le  repos  du  malade. 

L'éruption  de  l'urticaire  aiguë  peut  être  discrète,  ou  con- 
fluente  {nrticaria  conferta  de  Willan).  Si  elle  est  confluente, 
les  papules  se  touchent,  reposent  sur  une  partie  fortement 
œdématiée  et  forment  de  larges  plaques  nuancées  de  rouge 
et  de  blanc. 

Marche  et  durée.  —  Chaque  papule  ortiée  a  une  courte 
durée,  qui  varie  de  quelques  minutes  à  plusieurs  heures  ;  mais 
une  papule  est  bientôt  remplacée  par  une  autre,  de  sorte  que 
la  durée  totale  de  l'urticaire  aiguë  est  ordinairement  de  sept 
à  huit  jours.  Pendant  ce  temps,  l'éruption  est  plus  ou  moins 
visible.  Elle  présente  une  marche  intermillenteetse manifeste 


106    ARTHRITIDES  PSELDO-liXAMHftMATIQUES  ÉRYTHÉMATRUSES. 

principnleineiil  pendaiil  lu  iiiiil  -  dans  l(i  joui-,  (die  se  réduit 
à  quelques  taoiies  rouges,  parfois  décolorées,  légèrement 
saillatiles. 

La  chaleur  semble  favoriser  le  développement  de  Viiïïac- 
tion,  qui  se  montre  ordinairement  lorsque  le  nialade  se  met 
au  lit.  Néanmoins,  J.  Fank  a  retnarqué  que  les  plaques  or- 
tiées  naissent  quelquefois  sous  l'influence  du  froid,  pour  dis- 
paraître à  la  chaleur.  De  notre  côté,  nous  avons  observé 
non-seulement  que  l'urticaire  aiguë  ne  disparaissait  pendant 
le  jour  ni  aussi  facilement  ni  aussi  complètement  que  l'ur- 
ticaire chronique,  mais  aussi  que  l'urticaire  arthritique  di- 
mitjue  parfois  parla  chaleur  du  lit  et  augmente  sous  l'im- 
pression de  l'air  froid.  La  remarque  de  J.  Frank  nous  paraît 
donc  juste,  mais  elle  n'est  applicable  qu'à  l'urticaire  aiguë 
d'origine  arthritique,  ce  qui  n'avait  été  spécifié  par  personne. 
Pour  nous  résumer  en  quelques  mots  sur  la  marche  de  l'ur- 
ticaire aiguë  de  nature  arthritique,  nous  dirons  :  1°  que 
l'éruption  existe  habituellement  pendant  la  nuit  et  disparaît 
pendant  le  jour,  mais  qu'elle  ne  disparaît  jamais  aussi  com- 
plètement que  l'urticaire  chroni(jue;  2°  qu'elle  augmente 
quelquefois  sous  l'impression  du  froid  et  diminue  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur,  tandis  que  l'on  observe  l'inverse  dans 
l'urticaire  chronique  ^  3"  que  chaque  papule  a  une  durée, 
souvent  éphémère,  pouvant  varier  de  quelques  minutes  à 
plusieurs  heures,  tandis  que  la  durée  totale  de  l'éruption  est 
de  sept  à  huit  jours. 

Siège.  -  Toutes  les  parties  de  la  peau  peuvent  être  le 
siège  de  l'éruption  ortiée  :  les  membres,  le  tronc,  la  face  et 
même  le  cuir  chevelu.  Loisque  l'affection  débute,  les  papules 
se  montrent  à  la  fois  dans  un  grand  nombre  de  régions  ;  ou 
elles  n'existent  d'abord  que  sur  des  surfaces  peu  étendues. 


URTICAIRE.  i07 

comme  celles  des  jambes,  des  bras,  de  la  figure,  elc,  el  en- 
vahissent ensuite  les  parties  voisines. 

Étiologie.  —  L'urticaire  se  développe  à  tous  les  âges  ;  tou- 
tefois, elle-  est  plus  fréquente  chez  les  enfants  et  chez  les 
jeunes  gens  que  chez  les  vieillards. 

L'urticaire  arthritique  se  montre  habituellement  dans  le 
sexe  masculin,  el  chez  les  sujets  doués  d'un  tempérament  san- 
guin \  nous  verrons,  au  contraire,  que  le  sexe  féminin  el  le  tem- 
pérament nerveux  sont  plus  prédisposésà  l'urticaire  dartreuse. 

La  chaleur  et  le  froid  sont  également  des  causes  détermi- 
nantes ;  mais  nous  ferons  remarquer  que  le  froid  joue  un  rôle 
plus  important  dans  la  production  de  l'urticaire  arthritique, 
et  que  la  chaleur  a  une  influence  plus  directe  dans  le  déve- 
loppement de  l'urticaire  darlreuse. 

Il  est  certains  aliments  (le  homard,  les  écrevisses,  les 
moules,  etc.),  qui  déterminent  souvent  l'éruption  ortiée. 
J.  Frank  rapporte  l'histoire  singulière  d'un  homme  qui  s'expo- 
sait à  contracter  une  urticaire,  chaque  fois  qu'il  prenait  de  l'eau 
deSeltz.  Dans  ces  cas,  l'afi'ection  est  pathogénétiq«e  et  devra 
être  distinguée  de  la  fièvre  ortiée,  manifestation  d'une  mala- 
die cojistilulionnelle.  Cependant,  toutes  les  urticaires  qu'on 
observera  à  la  suite  de  l'ingestion  des  homards,  moules,  etc., 
ne  seront  pas  nécessairement  des  affections  pathogénétiques. 
En  effet,  ces  aliments  peuvent  bien,  en  agissant  à  titre  de 
causes  occasionnelles  chez  le  dartrcux  ou  l'arthritique,  dé- 
terminer une  urticaire  symptomatique. 

Nous  ne  ferons  que  mentionner  l'urticaire  produite  par 
les  feuilles  de  Xurtica  dioica  et  par  le  contact  de  quelques  in- 
sectes. Ici,  nous  avons  affaire  à  une  éruption  artificielle  qui 
est  de  courte  durée. 

Pathogénie.  —  Nous  distinguons  l'urticaire  febnle  de 


108    AUTlIRiriDES  PMEUno-KXANTHftMATKjUES  ÉRYTHf'MATEUSKS. 

l'urticaire  chronique,  qui  apparlient  à  la  dartre  dans  le  plu^ 
grund  nombre  des  cas. 

Si  nous  éliminons  encore  l'urticaire  produite  par  une  cause 
externe  {urtica  dioica),  et  par  des  substances  f/ui  ont  une 
action  pathogénétique  sur  la  peau  (homard,  moules,  etc.), 

11  ne  nous  reste  à  parler  que  de  l'urticaire  pseudo-exan- 
Ihématique. 

Cette  affection  peut  être  symptomatique  de  deux  mala- 
dies constitutionnelles  :  l'arthrilis  et  la  dartre.  L'urticaire 
existe  aussi  à  litre  de  pseudo-exanthème  idiopathique. 

Au  moment  où  nous  écrivons  l'histoire  de  l'urticaire  arthri- 
tique, nous  lisons  la  relation  de  plusieurs  faits  cliniques 
relatifs  au  rhumatisme  encéphalique,  à  l'érythème  et  à 
Vurticaire^  considérés  comme  éruptions  rhumatismales. 
Ces  observations,  qui  viennent  à  l'appui  de  ce  que  nous 
avons  dit,  se  trouvent  consignées  dans  YUnion  médicale 
(samedi  2/i  décembre  1859),  et  ont  été  communiquées  par 
M.  Legroux  à  la  Société  des  hôpitaux,  dans  la  séance  du 

12  octobre  1859. 

Diagnostic,  —  L'élément  primitif  est  une  largo  papule, 
caractérisée  par  une  décoloration  spéciale  de  sa  partie  cen- 
trale. Trois  signes  nous  conduisent  à  la  connaissance  du 
genre  :  existence  des  larges  papules  précédentes,  caractère 
fugace  de  l'éruption,  et  présence  de  vives  démangeaisons. 

Cependant  l'urticaire  pourrait  à  la  rigueur  être  confon- 
due avec  un  certain  nombre  d'affections  cutanées,  que  nous 
allons  passer  en  revue. 

Quelquefois  on  a  pris  l'urticaire  pour  un  éry  thème  noueux  ; 
mais  cette  erreur  ne  saurait  être  de  longue  durée.  En  effet, 
dans  la  première  on  trouve  des  plaques  rosées  ou  décolorées, 
indurées  et  superficielles,  d'une  durée  éphémère  et  accom- 


URTICAIRE.  109 

pagnées  de  fortes  démangeaisons.  Au  contraire,  dans  l'éry- 
thcme  noueux,  il  existe  des  plaques  rouges,  puis  bleuâtres 
et  jaunâtres,  constituées  par  des  nodosités  qui  ont  leur  siège 
idans  la  peau  et  le  tissu  cellulaire,  ayant  une  durée  de  cinq  à 
uit  jours  et  occasionnant  de  vives  douleurs  à  la  pression. 
La  roséole  présente  des  taches  rosées,  peu  saillantes,  qui 
diffèrent  complètement  des  papules  ortiées. 

Le  pityriasis  rubra  sera  facile  à  distinguer  de  l'urticaire. 
[1  se  manifeste  par  des  taches  rouges,  à  peine  saillantes,  assez 
ouvent  disposées  en  demi-cercles,  couvertes  de  squames,  et 
lans  tous  les  cas  ayant  une  durée  de  plusieurs  jours.  A  ces 
ignés, opposons ceuxde  l'urticaire  :  plaques  saillantes,  rosées 
u  décolorées,  marche  fugace  de  l'éruption  et  absence  de 
fJesquamation. 

L'urticaire  diffère  de  l'érytlième  papulo-tuberculeux,  que 
DUS  étudierons  plus  loin,  parla  marche  intermittente  de  son 
ruption  et  par  d'autres  signes  propres  à  Térythème  papulo- 
uberculeux. 

Lorsque  la  congestion  cutanée  a  été  portée  au  point  de 
réduire  une  hémorrhagie  dans  la  peau,  il  reste,  après  la 
lisparition  de  la  papule  ortièe,  une  tache  ecchymotique  qui 
essemble  à  une  piqûre  d'insecte;  quand  la  fluxion  capil- 
aire  diminue,  on  voit  souvent  un  cercle  rouge  qu'on  pour- 
rait prendre  pour  un  herpès  circiné;  enfm  les  légères  ecchy- 
noses,  qui  persistent  quelquefois  en  l'absence  des  papules 
Drtiées,  simulent  un  peu  le  purpura.  Dans  tous  ces  cas,  le 
iagnostic  sera  sufTisamment  établi  par  les  renseignements 
ue  fournit  le  malade  :  on  apprend  que  des  plaques  rouges, 
aillantes,  accompagnées  de  vives  démangeaisons,  se  sont  dé- 
eloppées  pendant  la  nuit  et  ont  disparu  avec  une  grande 
apidité.  D'ailleurs,  en  exerçant  des  frottements  sur  la  peau, 


110    ABTIIRITIDES  PSELDO-LXANTHÉMATIQUES  ÊR YTHÉMATEUSES. 

on  délermint'  presque  à  volonté  l'éruplion  orliée,  qu'il  ne  sera 
pas  possible  de  méconnaître. 

Le  diagnostic  du  genre  étant  fait,  nous  devons  maintenant 
reclierclier  la  nature  de  l'aflection.  Nous  serons  porté  û  rat- 
tacher l'urticaire  à  l'artbritis,  lorsque  nous  rencontrerons 
un  certain  nombre  de  caractères  :  une  congestion  intense 
ou  une  liéniorrhagie  de  la  peau,  l'intluence  évidente  du 
froid  sur  l'apparition  des  plaques  ortiées,  et  une  augmen- 
tation de  la  fibrine  du  sang.  Cependant,  nous  parviendrons  le 
plus  souvent  à  savoir  si  le  pseudo-exanthème  est  arthritique 
ou  dartreux,  moins  d'après  les  quelques  caractères  précé- 
dents, que  d'après  des  renseignements  fournis  par  les  af- 
fections antéiieures  ou  concomitantes.  Kiifin,  nos  investiga- 
tions pourront  dans  certains  cas  ne  produire  aucun  résultat, 
et  nous  serons  obligé  d'attendre  l'apparition  d'une  nouvelle 
phase  de  la  maladie. 

Pronostic.  —  L'urticaire  pseudo-exanthémalique  ne  pré- 
sente aucune  gravité.  Elle  se  termine  spontanément  au  bout  de 
six  à  huit  jours;  mais  c'est  une  affection  exposée  à  récidiver. 

Traitement.  -  Le  traitement  de  l'urticaire  fébrile  est  très 
simple.  On  a  conseillé  des  lotions  vinaigrées  et  alcalines  pour 
calmer  les  démangeaisons  ;  nous  préférons  les  lotions  émol- 
lientes  et  tièdes  avec  la  décoction  de  guimauve,  de  graine 
de  lin  ou  de  pavot.  Un  léger  purgatif  ou  une  petite  saignée, 
un  régime  doux,  sont  les  moyens  généraux  qu'on  emploiera 
contre  l'éruption,  qui  disparaît  définitiveii.ent  vers  le  cin- 
quième ou  huitième  jour. 

§  III.  —  Du  pityriasis  aigu  disséminé.  • 

Le  pityriasis  rubra  disséminé  est  un  pseudo-exanllième, 
précédé  habituellement  par  des  phénomènes  fébriles  et  carac- 


PfTYRTASTS  AICU  DTSSÊMTNÊ.  Ul 

térisé  par  des  taches  rouges,  disséminées  et  petites,  fornumt 
quelquefois  de  larges  plaques  par  leur  réunion,  couvertes 
de  squames  furfuracées  grises  ou  blanchâtres,  et  se  termi- 
nant par  résolution  dans  l'espace  de  deux  à  quatre  septé- 
naires. 

Les  auteurs  ont  admis  et  décrit  un  grand  nombre  de  va- 
riétés de  pityriasis  :  pityriasis  versicolo?\  nigra,  alba,  ca- 
pitis,  pilaris  et  barbœ,  rubra. 

Pour  nous,  toutes  ces  variétés  de  pityriasis  ne  sont  pas 
des  formes  d'une  alîection  unique,  mais  elles  sont  en  rtînlité 
des  affections  très  différentes  par  leurs  causes  et  leur  nature. 
Ainsi,  nous  avons  considéré  et  étudié  les  pityriasis  versicolor^ 
nigra  et  «/éa  comme  des  affections  parasitaires.  Nous  aurons 
occasion  d'examiner  avec  détail,  dans  le  chapitre  consacré 
aux  arihrilides  sèches,  les  pityriasis  capitis^  pilaris  et  baj'- 
bCB,  qui  appartiennent  à  l'arlhritis.  Enlin  il  existe  deux  pity- 
riasis rubra  d'espèce  différente.  L'un,  qui  est  généralisé  et  pré- 
sente une  marche  chronique,  a  été  rapproché  par  M.  Devergie 
de  l'eczéma  généralisé  :  c'est  une  affection  de  nature  herpé- 
tique. L'autre,  qui  est  anssi  étendu  à  de  grandes  surfaces  et  se 
comporte  à  la  manière  des  pseudo-exanthèmes,  se  montre 
comme  symplôme  de,  deux  maladies  constitutionnelles  : 
l'arlhrilis  el  la  dartre.  Nous  allons  nous  occuper  ici  du  pi- 
tyriasis rubra  pseudo- exanthématique  de  nature  arthri- 
tique. 

Symptomatologie .  —  Les  prodromes  de  cette  affection 
sont  ceux  que  nous  avons  signalés  dans  les  pseudo-exan- 
thèmes précédents,  c  est-à-dire  du  malaise,  de  l'anorexie, 
de  la  fatigue  et  un  état  fébrile  plus  ou  moins  prononcé.  Il 
faut  encore  mentionner  une  démangeaison  àssez  vive  sur  les 
parties  qui  seront  le  siège  de  l'éruption. 


H2    AKTUIUTIDES  PSEUDO-EXANTHÊMATIQUES  ÉUYTHÈ.MATEUSLS. 

Symptômes. — Suivant  l'aspccL  de  l'éruption,  nous  éta- 
Llissons  deux  variétés  :  1° pili/riasis  ?naculata,  2" pii//riasis 
circinata. 

Le  pityriasis  rubra  maculata  est  caractérisé  par  des 
lâches  d'un  rouge  vif,  petites  et  disséminées,  non  sail- 
lantes, i)lus  ou  moins  arrondies  et  à  bords  sinueux.  Ces 
taches,  multiples  et  isolées  d'abord,  se  réunissent  parfois  et 
forment  de  larges  plaques  irrégulières.  Dans  les  premiers 
temps  de  l'affection ,  l'épiderme  se  soulève  et  se  détache 
sous  forme  de  lamelles,  qui  se  succèdent  à  plusieurs  re- 
prises ^  plus  tard,  l'exfoliation  lamelleuse  est  remplacée 
par  une  exfoliation  furfuracée.  A  cette  époque,  la  rougeur 
vive  qui  existait  sur  les  taches  de  l'éruption,  a  disparu  com- 
plètement, et  le  pityriasis  rubra  est  devenu,  pour  un  instant, 
un  véritable  pityriasis  simplex. 

Dans  le  pityriasis  circinata,  l'éruption  se  manifeste  sous 
la  forme  de  petites  taches  rouges,  disséminées,  semblables  à 
celles  qu'on  trouve  dans  le  psoriasis  gutlata;  elles  se  réu- 
nissent bientôt  et  constituent  des  cercles  plus  ou  moins  com- 
plets qui  ressemblent  à  ceux  de  l'herpès  circiné,  ou  elles 
forment  des  bandes  linéaires,  des  demi-cercles  qui  rappellent 
l'éruption  de  la  lèpre  vulgaire.  Néanmoins,  l'élément  du  pi- 
tyriasis rubra  circinata  diffère  par  l'absence  de  saillie,  de 
celui  qui  appartient, au  psoriasis  et  à  l'herpès  circiné. 

Au  début,  les  taches  sont  le  siège  d'une  exfoliation  lamel- 
leuse-, plus  tard,  la  desquamation  est  furfuracée.  Dans  les 
deux  variétés,  circinata  et  maculata,  les  phénomènes  géné- 
raux cessent  dès  que  l'éruption  se  développe  ;  mais  les  déman  - 
geaisons  persistent  pendant  toute  la  durée  des  affeclions. 

Nous  avons  observé  récemment  deux  beaux  exemples  de 
pityriasis  rubra  circinata.  Chez  nos  malades,  qui  présentaient 


PITYRIASIS  AIGU  DISSÉMINÉ.  113 

des  alTeclions  arthritiques  antérieures  et  concomitantes,  il 
existait  des  cercles  rouges  complets  et  incomplets,  de  gran- 
deur variable,  sur  la  partie  antérieure  de  la  poitrine,  la 
paroi  abdominale  et  les  régions  thoracique  postérieure  et 
lombaire. 

Siège.  —  Le  pityriasis  rubra  pseudo-exanthématique  so 
développe  ordinairement  sur  la  face,  le  cuir  chevelu  et  le 
tronc;  très  rarement  il  se  rencontre  sur  les  membres. 

Marche^  durée  et  te7ininaiso7i. — Cette  affection  varie 
dans  sa  marche  et  sa  durée.  Elle  disparaît  quelquefois  dans 
l'espace  de  dix  ou  quinze  jours;  dans  d'autres  cas,  elle  se 
continue  pendant  un  mois  et  cinq  septénaires  par  des  érup- 
tions successives.  Mais  elle  se  termine  toujours  par  résolu- 
tion, jamais  elle  ne  passe  à  l'état  chronique. 

Etiologie.  —  Le  pityriasis  aigu  disséminé  s'observe  prin- 
cipalement dans  le  jeune  âge. 

Le  froid,  les  écarts  de  régime  et  la  suppression  de  la 
transpiration  occasionnent  plus  particulièrement  le  pity- 
riasis  rubra  d'origine  arthritique.  Les  émotions  morales  et 
Tusage  de  certains  aliments,  qui  ont  une  action  pathogéné- 
tique  sur  la  peau,  déterminent  spécialement  le  pityriasis  rubra 
de  source  herpétique.  Dans  les  deux  cas,  l'influence  hérédi- 
taire peut  contribuer  à  la  production  de  l'affection  cu- 
tanée. 

Si  le  pityriasis  rubra  est  un  pseudo-exanthème  idio- 
pathique,  il  devient  difficile  de  saisir  les  causes  de  son 
développement. 

Enfin,  il  se  montre  assez  souvent  chez  les  scrofuleux.  Alors 
doit-on  le  considérer  comme  un  pseudo-exanthème  idiopa- 
thique,  qui  existerait  à  titre  de  complication  ?  I\'est-il  pas  plu- 
tôt le  signe  avant-coureur  de  l'arthritis,  maladie  constitution^ 

8 


\Ml  ARTHRITIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES  ÉRYTHÉMATEUSKS. 

rielle  qui  coexiste  souvent  avec  la  scrofule  et  lui  succède  en- 
core plus  fréquemment? 

Pathogénie.  —  Le  pityriasis  rubra  disséminé  est  une  af- 
fection, soit  idiopathique,  soit  symptomatique  de  l'arllirilis  et 
de  la  dartre.  11  vient  compliquer  la  scrofule  ou  annoncer  le 
début  de  l'arthritis  cbez  le  scrofuleux. 

Diagnostic.  —  L'élément  primitif  est  une  tache  con- 
gestive,  accompagnée  d'une  desquamation  lamelleuse  et  fur- 
furacée.  Le  genre  est  caractérisé  par  cet  élément  et  d'autres 
symptômes  que  nous  venons  d'érmmérer  ;  cependant  il  res- 
semble plus  ou  moins  à  un  certain  nombre  d'affections,  dont 
il  faut  que  nous  sachions  le  distinguer. 

L'urticaire  présente  des  plaques  saillantes,  rosées  ou  déco- 
lorées, lisses  et  sans  desquamation.  Ces  plaques  ne  sauraient 
être  confondues  avec  les  taches  rouges,  non  saillantes,  re- 
couvertes de  squames  lamelleuses  ou  furfuracées,  qu'on 
trouve  dans  le  pityriasis  rubra.  En  outre,  l'urticaire  présente 
une  marche  particulière,  qui  suffira  toujours  à  en  établir  le 
diagnostic  différentiel. 

La  roséole  simple  sera  distinguée  du  pityriasis  rubra  par 
certains  symptômes  :  taches  d'un  rouge  moins  foncé,  mieux 
circonscrites,  plus  confluenles,  et  absence  de  desquamation. 

Mais  nous  devons  surtout  éviter  de  confondre  entre  elles  les 
variétés  de  pityriasis,  qui  sont  pour  nous  des  affections  fort 
différentes  par  leur  nature  et  méritent  des  places  séparées 
dans  le  cadre  iiosologique. 

Le  pityriasis  simplex,  encore  désigné  par  M.  Hardy  sous 
le  nom  de  pityriasis  alba,  est  une  affection  très  bénigne 
que  l'on  rencontre  sur  le  visage  et  sur  le  cuir  chevelu.  Il  est 
souvent  produit  artificiellement  par  le  rasoir,  par  des  pom- 
mades de  mauvaise  qualité,  ou  par  le  contact  de  diverses 


PITYRIASIS  AIGU  DISSÉMINÉ.  115 

substances  irritantes;  il  est  connu  sous  la  dénomination 
vulgaire  de  dartre  farineuse^  et  ne  présente  aucun  point 
dç  ressemblance  avec  le  pityriasis  rubra  aigu. 

Dans  nos  leçons  sur  les  affections  parasitaires,  nous  avons 
démontré  que  le  pityriasis  alba  de  M,  Devergie  appartenait  à 
la  seconde  période  de  la  teigne  tonsurante,  et  nous  en  avons 
fait  le  diaonostic  différentiel. 

Le  pityriasis  versicolor,  autre  affection  parasitaire,  est 
quelquefois  difficile  à  distinguer  du  pityriasis  rubra. 

Cependant  le  premier  présente  des  taches  jaunes,  couleur 
café  au  lait,  et  des  squames  fines  et  furfuracées;  le  second, 
des  taches  congestives  et  des  squames  lamelleuses.  L'un  a 
une  marche  chronique,  l'autre  est  une  affection  aiguë.  Enfin 
le  microscope  compléterait  le  diagnostic,  s'il  y  avait  quel- 
que doute,  en  démontrant  l'existence  du  microsporori  furfur 
dans  le  pityriasis  versicolor  et  l'absence  de  ce  champignon 
dans  la  squame  du  pityriasis  rubra. 

Le  pityriasis  nigra  dilTère  du  pityriasis  rubra  parla  couleur 
noirâtre  de  ses  taches,  la  finesse  de  ses  squames  et  sa  longue 
durée. 

Plus  loin,  nous  établirons  le  diagnostic  entre  le  pityriasis 
rubra  aigu  et  le  pityriasis  rubra  chronique,  qui  est  une  affec- 
tion dartreuse;  entre  le  pityriasis  rubra  et  les  pityriasis  ca- 
pitis,  barbœ  eXpilaris,  qui  sont  des  manifestations  de  ladia- 
thèse  arthritique. 

Après  avoir  reconnu  l'élément  primitif  et  le  genre  de  l'af- 
fection, il  faut  en  rechercher  la  nature, 

A  quels  caractères  saurons-nous  que  le  pityriasis  rubra 
est  d'origine  arlhrilique?  Sur  ce  point  difficile  de  diagnos- 
tic, je  ne  puis  rien  ajouter  à  ce  que  j'ai  dit  tout  à  l'heure 
relativement  à  l'urticaire  aiguë.  D'ailleurs,  cette  question  se 


116    ARTHRITIDES  PSlîUDO-EXANTIlÊMATIQUES  VÉSICULKUSES. 

présentera  de  nouveau,  lorsque  nous  nous  occuperons  de 
l'espèce  de  pityriasis  rubra  qui  appartient  à  la  dartre. 

Pronostic.  —  Le  pityriasis  rubra  aigu  se  termine  toujours 
par  résolution  et  n'offre  par  lui-môme  aucun  danger.  II  in- 
dique seulement  que  le  malade  est  atteint  d'une  maladie 
constitutionnelle  qui,  étant  à  son  début,  pourra  déterminer 
plus  tard  un  certain  nombre  d'affections  graves. 

Traitement.  —  On  prescrit  des  bains  alcalins  ou  d'ami- 
don, des  boissons  rafraîchissantes,  une  petite  saignée  si  les 
phénomènes  fébriles  sont  intenses,  et  des  laxatifs  répétés. 
Ces  quelques  moyens  sont  utiles  pour  favoriser  la  guérison 
du  pityriasis  rubra,  qui  possède  déjà  une  tendance  naturelle 
à  se  terminer  par  résolution. 


CHAPITRE  II. 

DES  AUTHRITIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES  VÉSICULEUSES. 

Dansée  chapitre  nous  ne  trouvons  que  deux  genres: 
1°  l'herpès,  2°  le  zona. 

Les  auteurs  considèrent  ces  deux  affections  comme  étant 
deux  variétés  d'une  seule  espèce  morbide,  Vherpès.  Le  mot 
herpès  (epiretv,  ramper)  a  été  employé  pendant  longtemps 
dans  le  môme  sens  que  l'expression  dartre.  Il  s'appliquait 
à  des  affections  de  nature  très  différente  :  aux  affections  ar- 
thritiques, parasitaires,  et  surtout  aux  éruptions  darlreuses. 
Il  fut  réservé  par  Willan,  qui  classait  les  affections  cutanées 
d'après  les  lésions  primitives,  à  un  genre  de  maladies  bien 
distinct.  Ce  genre  est  caractérisé  par  une  éruption  de  vé- 
sicules, réunies  en  groupes  sur  une  surface  entlamniée, 
nrounes  bien  circonscrits  et  séparés  par  des  intervalles  dans 


HERl^ËS  PHLYCTÉNOÏOE.  117 

lesquels  la  peau  est  saine.  Alibcrl  a  décrit  le  genre  herpès 
sous  le  nom  à' olophlyctide . 

Les  auteurs  ont  établi,  d'après  la  forme,  quatre  variétés 
d'herpès  :  jMycténoïde,  zona,  circhiéei  iris.  Pour  nous,  nous 
ne  voyons  pas,  dans  ces  différents  herpès,  de  simples  varié- 
tésj  mais  des  espèces  bien  distinctes.  Nous  avons  démontré 
que  les  herpès  circiné  t\.  iris  appartiennent  à  la  classe  des 
affections  parasitaires;  le  zona  qVV  herpès  j)hlycténoïde  sont 
des  affections  syniptomatiques  de  deux  maladies  constitution- 
nelles, l'arthritis  et  la  dartre. 

On  admet  encore  des  variétés  d'après  le  siège  :  herpès 
labialis,  prœjmtialis.  M.  Gubler  en  a  augmenté  récemment 
le  nombre,  en  signalant  la  présence  de  l'éruption  herpétique 
sur  plusieurs  muqueuses. 

Nous  étudierons  séparément,  1°  l'herpès  phlycténoïde, 
2°  l'herpès  zoslcr  (zona).  On  trouvera  la  description  des 
herpès  circiné  et  iris  dans  nos  leçons  sur  les  affections  para- 
sitaires. 

§  I.  —  Herpès  phlycténoïde. 

Nosogrophie.  -  L'éruption  herpétique,  si  elle  est  un  peu 
étendue,  est  ordinairement  précédée  par  un  état  de  malaise 
général,  la  perte  d'appétit,  un  mouvement  fébrile  assez  mar- 
qué et  de  la  cuisson  ou  de  la  démangeaison.  Elle  débute  par 
des  lâches  rouges,  groupées  dans  des  espaces  étroits  et  cir- 
conscrits. Sur  ces  taches  naissent  des  vésicules  saillantes, 
dures,  ayant  le  volume  d'un  grain  de  millet,  ou  tout  au  plus 
d'un  petit  pois.  Chaque  vésicule  est  d'abord  entourée  d'une 
aréole  rouge  et  distincte  ;  celle-ci  se  réunit  bientôt  aux  aréoles 
des  vésicules  voisines,  de  sorte  que  toute  la  surface  du  groupe 
parait  uniformément  rouge. 


118     ARTHRITIDES  PSEUDO-EXANTIIÉMATIQUES  VÉSICULEUSES. 

Les  vésicules  sont  plus  ou  moins  nombreuses,  et  on  en 
trouve  cinq,  dix,  vingt,  trenU;  ou  (juaianle  sur  clia(|ue 
plaque.  Klles  sont  dures,  globuleuses  et  transparentes  dans 
les  premiers  moments  de  leur  formation  ;  mais  elles  devien- 
nent blanches  ou  jaunâtres  dans  le  jour  qui  suit  leur  appa-' 
rition.  Elles  se  flétrissent  bientôt,  puis  elles  sont  remplacées, 
vers  le  troisième  jour,  par  des  croûtes  minces,  brunâtres  ou 
jaunâtres.  Celles-ci  se  détachent,  au  septième  ou  huitième 
jour  de  l'éruption,  en  laissant  des  macules  rouges  qui  dispa- 
raissent lentement  et  parfois  de  légères  excoriations  un  peu 
douloureuses. 

A  l'apparition  des  vésicules,  les  phénomènes  généraux 
cessent  et  il  n'existe  plus  qu'une  sensation  de  cuisson  ou  de 
démangeaison  sur  la  partie  affectée.  Quelquefois ,  si  les 
groupes  sont  nombreux,  on  observe  encore  pendant  l'érup- 
tion de  la  fièvre,  du  malaise  et  de  l'insomnie. 

Siège.  —  L'herpès  se  manifeste  sur  toutes  les  parties  du 
corps,  et  plus  particulièrement  sur  les  lèvres,  les  joues,  le 
cou,  la  poitrine  et  les  bras.  Mais  il  se  développe  aussi  sur  les 
membres  inférieurs,  le  tronc,  le  prépuce,  les  grandes  et  pe- 
tites lèvres,  le  col  de  l'utérus,  etc. 

Dans  certains  cas,  on  ne  trouve  qu'un  ou  plusieurs 
groupes  de  vésicules  disséminés  d'une  manière  très  irré- 
gulière ;  d'autres  fois,  les  groupes  sont  disposés  sous  la 
forme  d'une  bande  plus  ou  moins  large  [herpès  en  traînée^ 
M.  Devergie).  Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  utile  de  décrire 
les  variétés  d'herpès  labialis,  prœputialis^  en  traînée,  etc., 
variétés  qui  n'offrent  rien  de  remarquable,  si  ce  n'est  le  siège 
et  le  groupement  de  l'élément  éruptif. 

Étiologie.  —  L'herpès  se  montre  chez  les  enfants,  les 
adolescents  elles  adultes.  Il  apparaît  fréquemment  sous  Tin- 


HERPÈS  PHLYCTÉNOÏDE.  119 

fluencedes  écarts  de  régime,  des  émotions  morales  et  d'une 
légère  excitation  fébrile. 

II  est  aussi  déterminé  par  le  froid,  surtout  par  le  froid  hu- 
mide, et  par  les  changements  de  température. 

11  peut  être  produit  d'une  manière  artificielle  par  le  con- 
tact-de  différentes  substances  irritantes.  Ainsi,  la  matière 
sébacée  accumulée  sous  le  prépuce  et  les  écoulements  vagi- 
naux occasionnent  souvent  des  éruptions  herpétiques  au 
gland,  à  la  vulve  et  à  la  partie  interne  des  cuisses. 

Il  n'est  pas  rare  d'observer  dans  le  cours  de  quelques  ma- 
ladies graves,  la  pneumonie,  la  fièvre  intermittente,  etc., 
des  groupes  d'herpès  sur  les  joues,  les  lèvres,  la  voûte  pa- 
latine et  sur  d'autres  régions.  Les  anciens  considéraient  cette 
éruption  comme  un  phénomène  critique  d'un  heureux  pré- 
sage. 

Enfin,  l'herpès  se  montre  quelquefois  chez  des  sujets  bien 
portants,  sans  être  produit  par  une  cause  appréciable  ;  c'est 
alors  qu'il  est  une  affection  idiopathique. 

Pathogénie.  —  L'herpès  phlycténoïde  est  habituellement 
une  affection  symptomatique,  et  il  peut  appartenir  à  trois  ma- 
ladies constitutionnelles  :  Tarthritis,  la  dartre  et  la  syphilis. 

Dans  quelques  cas,  il  constitue  une  affection  idiopathique. 
D'autres  fois,  il  est  produit  artificiellement  par  le  contact  de 
divers  agents  irritants  ;  il  rentre  dans  la  classe  des  affec- 
tions artificielles. 

Enfin,  s'il  survient  dans  des  maladies  graves,  il  est  souvent 
considéré  comme  un  phénomène  critique. 

Diagnostic.  —  L'élément  vésiculeux  de  l'herpès  est  assez 
caractéristique  pour  qu'il  ne  soit  pas  possible  de  le  mécon- 
naître ;  d'un  autre  côté,  les  symptômes  que  nous  venons  de 
donner,  nous  permettront  presque  toujours  d'établir  le  dia- 


120     AUTFIRITJDF.S  PSIiDOO-EX ANTHÉ.MATIQUES  VÉSICULEUSES. 

gnoslic  (In  genio  do  l'niïeclioii.  Cependant,  riiorpès  présente 
parfois  quelque  ressendjlance  avec  des  éruptions  vésicu- 
leujes  et  huileuses. 

I/lierpès  ne  saurait  ôtre  confondu  avec  l'eczéma,  dont  les 
vésicules  sont  moins  élevées,  plus  rouges,  acuminéeset  non 
globuleuses,  plus  confluenles,  répandues  uniformément  sur 
de  larges  surfaces  et  non  disposées  en  groupes  comme  les 
vésicules  d'herpès. 

La  varicelle  se  distinguera  de  l'herpès  par  la  forme  acumi- 
née  et  l'isolement  de  ses  vésicules. 

On  peut  rencontrer  quelques  difficultés  à  établir  le  dia- 
gnostic  différentiel  entre  Therpès  pr?eputialis  et  le  chancre  ou 
les  plaques  muqueuses  du  prépuce.  Cependant  le  chancre  dé- 
bute par  une  pustule  qui  est  bien  différente  de  la  vésicule 
herpétique;  on  ne  trouve  qu'une  pustule  chancreuse,  et  il 
existe  ordinairement  plusieurs  vésicules  groupées  dans  l'her- 
pès. Ces  dernières  se  recouvrent  d'une  croûte  jaunâtre,  fa- 
cile à  distinguer  de  la  croûte  du  chancre,  qui  est  unique, 
brunâtre  ou  grisâtre'.  L'ulcération  qui  succède  à  la  chute  des 
croûtes,  est  superficielle  dans  l'herpès  j  elle  est  plus  pro- 
fonde dans  le  chancre. 

La  plaque  muqueuse  commence  par  un  soulèvement  de  la 
muqueuse  avec  une  dépression  centrale,  et  l'herpès  par  une 
tache  rouge  sur  laquelle  naissent  des  vésicules.  Dans  la  plaque 
muqueuse  des  organes  sexuels,  on  ne  trouve  habituellement  ni 
croûte  ni  ulcération,  ou  quelquefois  il  existe  une  ulcération 
légère  dont  les  bords  sont  mal  limités  ;  dans  l'herpès,  il  y  a 
des  croûtes  qui  recouvrent  des  ulcérations  superficielles,  ar- 
rondies et  nettement  circonscrites. 

Maintenant,  nous  devons  nous  demander  à  quels  carac- 
tères nous  reconnaîtrons  la  nature  arthritique  de  l'herpès. 


HKRPÉS  ZOSTER  OU  ZONA.  121 

On  soupçonnera  l'origine  nrlhritique  de  celte  affection,  si 
elle  survient  périodiquement,  si  elle  est  causée  parles  varia- 
tions de  température,  si  elle  se  montre  sur  les  parties  dé- 
couvertes ou  les  parties  sexuelles,  si  les  vésicules  ont  un  vo- 
lume inégal,  ou  si  les  unes  renferment  du  pus  et  les  autres 
simplement  un  fluide  séreux,  enfin  si  les  groupes  vésiculeux 
sont  accompagnés  de  picotements  ou  d'élancements  plus  ou 
moins  vifs.  11  n'est  pas  nécessaire  de  dire  qu'on  devra  encore 
chercher  des  indications  dans  Texamen  des  antécédents  du 
malade. 

Pronostic.  —  L'herpès  est  une  affection  qui  disparaît 
spontanément  après  une  courte  durée.  Quelquefois  il  est  con- 
sidéré comme  un  signe  favorable,  lorsqu'il  se  montre  à  titre 
de  phénomène  critique  dans  les  maladies  aiguës. 

Traitement,  ■ —  On  recommandera  au  début  des  boissons 
acidulées  et  un  régime  doux  ;  on  se  servira  comme  topique 
de  la  poudre  d'amidon  qu'on  pourra  remplacer  avec  avan- 
tage par  la  glycérine.  Plus  tard  on  donnera  quelques  bains 
simples  ou  mucilagineux. 

g  II.  — Herpès  zoster  ou  zona. 

Le  zona  ainsi  nommé,  'parce  qu'il  entoure  le  tronc  ou  les 
membres  comme  une  demi-ceinture,  est  connu  depuis  les 
temps  les  plus  anciens.  Mais  il  a  porté  des  noms  très  diffé- 
rents :  ignis  sacer  (celse),  erysipelas  pustidosiim,  erysi- 
pelas  ;S65/er  (scRiBONius  largus),  herpès  phlycténoïdes.,  her^ 
pès  zoster,  zosler. 

L'herpès  zoster,  ou  le  zona,  est  une  affection  caractérisée 
par  des  groupes  de  vésicules  réunies  sur  des  plaques  rouges, 
irrégulières,  disposées  sous  la  forme  d'une  moitié  de  ceinture 


122     ARTHRITIDES  PSEUDO-IiXANTHÉMATIQUES  YÉSICULEUSES. 

qui  part  d'un  point  de  la  ligne  nirdiuue  du  coi  ps  pour  se 
rendre  au  poini  0|)posé. 

Nosographie.  —  L'anorexie,  une  lassitude  générale,  un 
mouvement  fébrile  plus  ou  moins  intense  sont  les  premiers 
symplômes  de  Taffection.  Souvent  on  observe  aussi  une  dou- 
leur vive  et  lancinante,  ou  une  douleur  tcnsive  et  brûlante 
sur  les  parties  qui  seront  le  siège  de  l'éruption.  Ces  phéno- 
mènes ont  une  durée  de  douze  à  vingt-quatre  heures.  On 
voit  alors  apparaître,  simultanément  ou  successivement,  des 
plaques  rouges  et  irrégulières  qui  sont  disposées  sous  la  forme 
d'une  demi-zone  plus  ou  moins  complète. 

Dans  quelques  cas,  l'éruption  a  lieu  à  la  fois  sur  toute  l'é- 
tendue de  la  demi-ceinture  qui  ne  dépasse  la  ligne  médiane 
ni  à  la  partie  antérieure,  ni  à  la  partie  postérieure  du  tronc. 
D'autres  fois,  les  deux  plaques  situées  à  l'extrémité  de  la 
zone  se  montrent  les  premières;  elles  sont  en  général  plus 
larges  et  plus  régulières  que  celles  qui  sont  placées  dans  l'es- 
pace intermédiaire.  Enfin  dans  un  troisième  cas,  le  |)remier 
groupe  vésiculeux  apparaît  sur  la  partie  moyenne  de  la 
demi-ceinture. 

Les  plaques  du  zona  ne  sont  pas  disposées  en  une  bande 
uniforme  et.  rectiligne,  mais  elles  sont  toujours  placées  sui- 
vant une  ligne  oblique  etflexueuse.  Elles  ont  une  forme  irré- 
gulièrement arrondie  et  une  étendue  qui  varie  de  2  à  3  centi- 
mètres de  longueur  sur  1  à  2  centimètres  de  largeur.  Elles 
présentent  une  couleur  d'un  rouge  vif  ;  sur  leur  surface,  on  ne 
tarde  pas  à  voir  une  série  de  vésicules  brillantes  et  transpa- 
rentes. 

Ces  vésicules,  isolées  ou  réparties  par  groupes  de  trois  à 
quatre,  ou  de  quinze  à  vingt,  ont  d'abord  la  grosseur  d'un 
grain  de  millet.  Puis  elles  augmentent  et  atteignent  le  volume 


HERPÈS  ZOSTER  OU  ZONA.  123 

d'un  petit  pois  ;  plusieurs  d'entre  elles  se  réunissent  quelque- 
fois et  forment  de  véritables  bulles.  Primitivement,  elles  sont 
remplies  d'une  sérosité  cilrine  qui  devient  bienlôtlaclescente, 
opaque  et  souvent  noirâtre.  Elles  se  développent  pendant 
trois  ou  quatre  jours;  vers  le  quatrième  ou  cinquième  jour, 
elles  s'affaissent  et  se  recouvrent  de  légères  croules  jau- 
nâtres et  brunâtres,  qui  tombent  en  laissant  des  taches 
ronges,  lentes  à  disparaître. 

La  marche  des  vésicules  n'est  pas  toujours  aussi  simple. 
Si  l'inflammation  a  été  trop  vive,  on  voit  au  niveau  de  la 
vésicule  une  petite  eschare  dont  la  chute  donne  lieu  à  une 
plaie  douloureuse.  Chez  les  vieillards  débilités,  on  observe 
parfois  la  gangrène  de  la  peau  dans  toute  l'étendue  d'une  ou 
de  plusieurs  plaques. 

En  général,  la  durée  d'un  groupe  de  vésicules  est  de  huit 
à  dix  jours.  Mais  comme  les  groupes  naissent  successive- 
ment, la  durée  totale  du  zona  est  subordonnée  à  l'abondance 
de  l'éruption,  et  varie  entre  deux  et  trois  septénaires.  Nous 
ne  parlons  pas  du  zona  gangréneux  dont  les  plaies  exigent, 
pour  se  cicatriser,  un  ou  deux  mois. 

Les  phénomènes  généraux  cessent  au  moment  de  l'érup- 
tion ;  cependant,  si  celle-ci  se  fait  lentement,  ils  persis- 
tent pendant  quelque  temps.  Les  douleurs  névralgiques, 
ou  le  sentiment  de  cuisson  et  de  brûlure  continuent;  ils 
ont  parfois  une  telle  violence  qu'ils  mettent  obstacle  au  som- 
meil. Il  peut  môme  arriver  que  la  douleur,  ayant  diminué 
pendant  l'éruption,  reprenne  ensuite  toute  son  intensité  et 
se  perpétue  pendant  un  temps  considérable.  On  a  vu  des 
névralgies  consécutives  au  zona,  résister  à  tous  les  trai- 
tements pendant  cinq,  dix,  vingt  mois  et  même  deux 
années.  C'est  principalement  chez  les  vieillards  qu'on  observe 


I 


12/»     ARTJllUTJDl'S  rSl'UnO-KXAMllÉMATlQUES  VfSICULEUSES. 

ces  névralgies  conséculives  si  lenaces.  Ajoutons  que,  dans  ce 
cas,  l'herpès  zoster  est  toujours  de  nature  dartreuse. 

Siège.  —  Le  zona  se  développe  ordinairement  sur  le  tronc, 
et  il  occupe  particulièrement  la  base  de  la  poitrine.  Cepen- 
dant, il  commence  quelquefois  sur  le  tronc  pour  se  terminer 
sur  les  membres.  Nous  avons  actuellement  un  bel  exemple 
d'un  zona  qui,  partant  de  la  ligne  médiane  de  la  région  lom- 
baire et  contournant  la  fesse,  arrive  à  la  partie  interne  de  la 
cuisse.  Les  membres  supérieurs  peuvent  aussi  être  le  siège 
de  I  herpès  zoster.  Mais,  comme  cela  a  lieu  pour  les  mem- 
bres inférieurs,  TafTection  a  presque  toujours  son  point  de 
départ  sur  le  tronc  :  ainsi,  elle  commence  habituellement 

s 

sur  la  partie  antérieure  ou  postérieure  du  thorax,  se  dirige 
obliquement  en  haut  et  en  dehors  vers  le  bord  de  l'aisselle, 
et  s'arrête  là  ou  se  continue  sur  le  bras. 

Le  zona  peut  encore  occuper  le  front,  les  joues  et  môme 
le  cuir  chevelu.  M.  Rayer  cite  le  cas  d'un  zona  de  la  face, 
qui  s'était  propagé  aux  gencives  et  à  la  face  interne  des  joues. 

On  s'accorde  à  dire,  d'après  les  faits  observés,  qu'il  est 
plus  fréquent  sur  la  moitié  droite  du  corps,  sans  qu'on  puisse 
expliquer  cette  singulière  prédilection.  M.  Rayer  a  trouvé 
le  zona  trente-sept  fois  à  droite,  et  seize  fois  seulement  à 
gauche.  Dix-neuf  fois  sur  vingt,  cette  affection  occupe  le 
côté  droit  du  corps  suivant  l'opinion  de  M.  Cazenave  ;  mais 
ce  rapport  ne  me  paraît  pas  exact.  Si  le  nombre  des  herpès 
zona  est  plus  grand  à  droite,  il  est  loin  d'être  aussi  consi- 
dérable que  l'indique  le  chiffre  donné  par  le  dermatolo- 
giste  précédent. 

Variétés,  —  Les  auteurs  ont  admis  plusieurs  variétés  d 
zona,  basées  sur  la  direction  :  zona  perpendiculaire ^  oblique 
transversal.  Il  existerait  encore  un  zona  complet,  c'ç?,{-k-<\\\' 


HERPÈS  ZOSTER  OU  ZONA.  125 

formant  une  ceinture  complète  :  il  était  même  considéré 
comme  une  affection  mortelle.  Mais  le  zona  complet  est  très 
rare  et  n'offre  pas  la  gravité  qu'on  lui  a  attribuée. 

Étiologie.  —  Le  zona  est  plus  fréquent  chez  l'adulte  et 
le  vieillard;  il  s'observe  aussi  chez  l'enfant  et,  dans  ce  cas, 
il  est  presque  toujours  de  nature  arthritique. 

Le  froid  humide  occasionne  le  développement  du  zona  ;  il  a 
surtout  une  influence  marquée  sur  celui  du  zona  arthritique. 

Au  contraire,  les  causes  les  plus  ordinaires  du  zona  dar- 
Ireux  sont  les  émotions  morales. 

Le  sexe  masculin  est  plus  souvent  atteint  de  l'herpès  zos- 
ter  que  le  sexe  féminin. 

Dans  quelques  circonstances,  cette  affection  singulière 
semble  être  placée  sous  une  influence  épidémique.  Ainsi,  il 
nous  est  arrivé  de  rester  plusieurs  mois  sans  rencontrer  un 
seul  zona,  après  en  avoir  observé  un  grand  nombre  pendant 
quelque  temps. 

Diagnostic.  —  Le  caractère  vésiculeux  de  l'affection,  la 
disposition  spéciale  des  vésicules  réunies  en  groupes  et 
siégeant  exclusivement  sur  une  moitié  du  corps,  nous 
permettront  de  reconnaître  presque  toujours  et  la  lésion 
primitive  et  le  genre.  Toutefois,  le  diagnostic  du  zona 
peut  offrir  des  difficultés,  quand  l'éruption  occupe  un  siège 
insolite;  avec  un  peu  d'attention,  ces  difficultés  sont  faciles 
à  lever.  Je  passe  immédiatement  à  une  question  plus  im- 
portante, celle  qui  concerne  la  nature  de  l'affection. 

Le  zona  peut  être  arthritique,  dartreux  et  idiopatbique 
Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que  des  caractères  du  zona 
arthritique;  plus  tard,  nous  donnerons  ceux  du  zona  dar- 
lreux,elnous  pourrons  alors  établir  le  diagnostic  différentiel 
de  ces  deux  espèces  d'affections  cutanées. 


426     ARTHRITIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES  VÈSICUIEUSES. 

Dans  le  zona  arllirilique,  les  vésicules  reposent  sur  des 
surfaces  rouges  qui  sont  le  siège  d'une  vive  inflammation  ; 
elles  sont  remarquables  par  Tinégalité  de  leur  volume.  L'é- 
ruption s'accompagne  de  cuisson,  de  picotements  ou  d'une 
véritable  myodynio  qui  cesse  à  l'époque  de  la  disparition  des 
groupes  vésiculeux;  elle  coïncide  souvent  avec  la  dyspepsie 
arthritique,  dont  nous  connaissons  les  caractères. 

Le  zona  arthritique  est  souvent  produit  et  influencé  par  le 
froid  humide  et  les  changements  de  température.  Il  se  montre 
ordinairement  chez  Tadulte  et  presque  jamais  chez  le  vieil- 
lard. Le  zona  qui  apparaît  dans  Tenfance  est  arthritique  dans 
l'immense  majorité  des  cas. 

Si  l'on  ajoute  à  ces  caractères  déjà  nombreux,  ceux  qui 
seront  fournis  par  les  antécédents  propres  du  malade  et  par 
les  renseignements  recueillis  sur  la  santé  des  parents,  je 
crois  qu'on  arrivera  dans  la  plupart  des  cas  à  reconnaître  la 
nature  du  zona  arthritique. 

Pronostic.  —  D'une  manière  absolue,  le  zona  n'est  pas 
une  affection  sérieuse.  Le  zona  arthritique  est  moins  grave 
relativement  que  celui  qui  appartient  à  la  dartre.  Nous  sa- 
vons, en  effet,  que  ce  dernier  s'accompagne  quelquefois  d'ac- 
cidents plus  ou  moins  fâcheux,  de  névralgies  rebelles,  d'ulcé- 
rations gangréneuses  chez  les  vieillards. 

Traitement.  —  La  plupart  du  temps,  on  se  bornera  à  re- 
commander le  repos,  un  régime  doux  et  des  boissons  acidulés 
ou  légèrement  diurétiques.  Au  début  de  l'éruption,  on  s 
contentera  d'évacuer  le  liquide  renfermé  dans  les  vésicules 
et  de  saupoudrer  d'amidon  les  parties  malades.  On  évitera 
avec  soin  de  prescrire  des  bains  ou  des  applications  liquides 
qui,  en  déterminant  la  rupture  prématurée  des  vésicules, 
laissent  exposées  à  l'air  des  ulcérations  douloureuses. 


HliRPÊS  ZOSTER  OU  ZONA.  12? 

Si  les  douleurs  du  zonu  ont  une  grande  intensité,  nous  de- 
vrons chercher  à  combattre  ce  symptôme.  On  a  conseillé  et 
l'on  a  employé,  souvent  sans  succès,  les  applications  émol- 
lientes,  les  narcotiques  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur,  des  vési- 
catoires  loco  dolenti.  Turner  avait  proposé  la  cautérisation 
des  vésicules, afin  d'empèchor  les  ulcérations  et  les  névralgies 
consécutives.  Mais,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  tous  ces 
moyens  de  traitement  échouent  et  nous  laissent  en  présence 
d'une  névralgie  rebelle,  qui  peut  durer  des  mois  et  des  an- 
nées. 

Il  y  a  quelque  temps,  je  fus  appelé  à  Soissons  pour  une  né- 
vralgie intercostale  consécutive  à  un  zona.  Depuis  trois  mois, 
on  avait  essayé  tous  les  traitements  préconisés  on  pareil  cas. 
Sachant  que  cette  névralgie  avait  succédé  à  un  zona  dar- 
Ireux,  je  n'ai  pas  hésité  à  prescrire  les  préparations  arseni- 
cales qui  procurèrent  une  guérison  rapide.  Cette  médication 
m'a  donné  des  résultats  aussi  avantageux  dans  une  affection 
de  même  nature  qui  datait  de  six  ans. 

Ce  serait  peut-être  le  cas  de  recourir,  dans  ces  névralgies 
rebelles,  aux  injections  de  sulfate  d'atropine  qui  ont  été  pré- 
iconisces  récemmentconlre  les  douleurs  névralgiques  ;  si  elles 
échouaient,  il  serait  temps  encore  de  revenir  aux  préparations 
arsenicales.  Le  zona  arthritique  tend  à  disparaître  spontané- 
ment ;  toutefois,  il  sera  bon  de  le  combattre  par  l'administra- 
tion des  alcalins  qui  en  favoriseront  la  guérison. 


128         ARTHRITIDE  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUE  RULLIiUSE. 


CHAPITRE  m. 

ARTimiTlDE  PSEUDO-EXANTHÉMAÏIQUIÎ  BULLEUSE. 

Il  n'existe  qu'une  seule  arthrilide  pseudo-exanlhémalique 
huileuse,  c'est  le  pemphigus  aigu. 

Pemphigus  aigu. 

Nous  décrirons  séparément  le  pemphigus  aigu  et  le  pem- 
phigus chronique.  Le  premier  est  une  affection  hénigne,  qui 
a  une  marche  rapide  et  ne  passe  jamais  à  l'état  chronique  ; 
le  second  est  une  affection  presque  toujours  mortelle,  qui  se 
montre  dès  le  début  à  l'élat  chronique  et  ne  succède  jamais 
au  pemphigus  aigu.  Entre  le  pemphigus  aigu  et  le  pem- 
phigus chronique  ,  nous  établissons  la  même  distinction 
qu'entre  l'urlicaire  aiguë  et  l'urticaire  chronique,  le  pvli- 
riasis  ruhra  aigu  et  le  pytiriasis  rubra  chronique. 

Nosographie.  —  Le  pemphigus  aigu,  ou  la  fièvre  huileuse, 
{febris  bullosa)  est  une  affection  pseudo-exanthématique,  qui 
est  ordinairement  précédée  par  des  phénomènes  fébriles 
d'intensité  variable,  et  qui  est  caractérisée  par  une  éruption 
huileuse  que  nous  allons  décrire. 

Et  d'abord,  outre  les  phénomènes  fébriles,  on  trouve 
d'autres  signes  prodromiques  qui  sont  l'anorexie,  une  lassi- 
tude générale  et  des  picotements  ou  des  démangeaisons. 

Les  prodromes  ont  une  durée  de  deux  à  trois  jours.  Puis 
l'éruption  apparaît  sur  différentes  régions  :  les  membres,  la 
poitrine,  la  face,  les  organes  génitaux.  Elle  commence  par 
des  taches  rouges,  circulaires,  d'une  étendue  variable;  sur 


PliMPlIlCUS  AIGU.  i29 

ces  lâches,  l'épiderme  est  bientôt  soulevé  par  une  sérosité  ci^- 
trine  et  abondante,  qui  forme  des  bulles  dont  les  dimensions 
varient  depuis  la  grosseur  d'un  petit  pois  ou  d'une  noisette  jus- 
qu'à celle  d'une  noix  et  même  d'un  œuf.  Ces  bulles  sontplus  ou 
moins  nombreuses  ;  quelquefois,  elles  sont  groupées  par  trois, 
quatre  ou  dix  sur  une  seule  lâche;  d'autres  fois,  celle-ci  est 
recouverte  par  une  bulle  unique  et  volumineuse.  Sur  quel- 
ques plaques  la  bulle  avorte;  l'épiderme  est  à  peine  déta- 
ché par  un  léger  épanchement  de  sérosité. 

Lorsque  l'éruption  a  acquis  tout  son  développement,  c'est- 
à-dire  vers  le  cinquième  ou  le  sixième  jour,  les  bulles  per- 
dent leur  transparence  et  se  flétrissent;  elles  sont  remplacées 
par  de  petites  croûtes  foliacées,  brunes,  appliquées  sur  le 
derme,  qui  a  perdu  la  vive  rougeur  que  nous  avons  signalée 
au  début  de  l'affection.  Les  croûtes  ne  lardent  pas  à  tomber 
et  laissent  des  macules  violacées  qui  disparaissent  lentement. 
L'éruption  bulleuse  est  souvent  compliquée  d'affections  furon- 
culaires  et  ecthymatiques. 

!  Lorsque  les  bulles  se  développent,  les  phénomènes  géné- 
raux cessent  habituellement;  il  ne  reste  que  des  déman- 
geaisons ou  des  picotements  sur  les  parties  malades. 

Marche,  durée  et  terminaison.  —  Le  pemphigus  aigu  a 
une  marche  rapide;  il  se  termine  dans  un  espace  de  temps 
compris  entre  un  et  trois  septénaires.  11  a  une  issue  toujours 
heureuse  et,  sous  ce  rapport,  il  diffère  beaucoup  du  pem- 
phigus chronique. 

Siège.  —  L'éruption  bulleuse  peut  se  montrer  dans  toirtes 
les  régions.  Mais  si  elle  appartient  à  l'arthritis,  elle  se  déve- 
loppe plus  particulièrement  sur  les  parties  sexuelles,  sur  la 
face,  sur  les  membres  et  sur  les  épaules. 

Etiologie.      Le  pemphigus  aigu  de  nature  arthritique 

9 


130        AniHlUTIDIi  PSEUl)0-i;XANTHf;MATlQL'K  BULLEUSI'. 

esUlôlermirjô  par  l(?s  diiït'n'iilcs  causes  que  nous  avons  assi- 
gnées à  la  protlucliou  des  pseudo-exanlliènies  arthritiques,  et 
que  nous  ne  répéterons  pas  ;  elles  sont  énumcrées  dans  la 
partie  éliologique  de  l'ui  licaire  aiguë. 

Pathogénie.  —  Le  peuqdiigus  nigu  se  nrionlre  soit  comme 
un  pseudo-exanthème  idiopalhique,  soit  comme  symptôme 
(htns  deux  maladies  constitutionnelles  :  l'arthritis  et  la 
darl^e. 

Diagnostic.  —  Je  suppose,  et  cela  est  l'acile,  qu'on  ait 
rc'coiinu  le  genre  de  l'airection  d'après  les  caractères  que 
nouft  venons  de  dônner,  il  s'agit  de  savoir  quelle  en  est  la 
nature* 

Icij  nous  ne  nous  occuperons  point  de  faire  le  diagnostic 
différentiel  entre  le  pemphigus  et  quelques  affections  qui 
peuvent  le  simuler. 

On  trouvera  cette  question  traitée  avec  détail  dans  les  cha- 
pitres consacrés  aux  pemphigus  chronique,  dartreux  et 
arthritique. 

Pour  le  moment)  je  veux  seulement  énumérer  les  carac- 
tères qui  appartiennent  plus  spécialement  au  pemphigus  aigu 
de  nature  arthritique,  et  qui  le  distinguent  du  pemphigus  de 
source  herpétique.  11  présente  des  taches  d'un  rouge  foncé  et 
dedimenïions  très  variables  ;  sur  chacune  des  taches,  on  ren- 
contre généralement  plusieurs  bulles  à  contours  irréguliers  et 
inégales  par  le  volume.  L'inégalité  de  volume  et  rirrégularité 
des  bulles  constituent  deux  caractères  importants,  qui  man- 
quent dans  le  pempliigus  dartreux  :  en  effet,  ce  dernier  pré- 
senteoi  dinairement  sur  chaque  tache  uneoudeux  larges  bulles, 
arrondies  et  bien  circonscrites.  Le  pemphigus  arihritique  est 
souvent  compliqué  d'éruptions  ecthymo-furonculaires  ou  de 
petits  abcès  de  la  peau.  Il  s'accompagne  de  démangeaisons 


IMÙVIPHIGIS  AIGU.  131 

OU  do  pirotemeiUs  plus  intenses  que  ceux  du  pemphigus 
dartreux.  Son  siège  doit  aussi  être  considéré  :  les  bulles  se 
développent  de  préférence  sur  les  parties  découvertes  et  les 
parties  sexuelles. 

Enfin,  il  reconnaît  pour  causeshabituelles  le  froid  humide, 
les  variations  de  température  et  la  suppression  de  la  transpi- 
ration. 

A  ces  caractères  propres  au  pempliigus  aigu  de  nature 
arthritique,  nous  opposerons  plus  tard  ceux  du  pemphigus 
aigu  herpétique  :  alors,  nous  ferons  mieux  ressortir  les  diffé- 
rences qui  existent  entre  ces  deux  affections.  Pour  arriver 
à  la  connaissance  de  la  nature  du  pempliigus  aigu  arthri- 
tique, nous  ne  négligerons  pas  d'interroger  les  antécédents 
du  malade  qui  pourront  nous  fournir  des  renseignements 
précieux. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  du  pemphigus  aigu  n'est  pas 
grave.  Autant  est  grave  le  pemphigus  chronique,  autant  est 
bénigne  la  fièvre  huileuse. 

Traitement.  —  L'affection  se  termine  par  résolution  et 
spontanément.  Elle  ne  réclame  qu'un  traitement  des  plus 
simples.  Pendant  les  phénomènes  fébriles,  il  faudra  dimi- 
nuer la  quantité  de  nourriture;  parfois  il  sera  indiqué  de 
pratiquer  une  légère  saignée,  si  la  fièvre  est  intense  ou  si  le 
sujet  est  pléthorique.  On  se  bornera  à  saupoudrer  les  bulles 
avec  des  poudres  émollieiiles  ou  légèrement  astringentes  ; 
poudres  d'amidon,  de  fécule,  de  tan,  etc.  Plus  tard  on  don- 
nera un  bain,  dont  la  température  ne  sera  pas  trop  élevée, 
pour  détacher  les  croûtes. 

Nous  avons  terminé  la  description  des  pseudo-exanthèmes 
arthritiques.  Nous  pouvons  nous  demander  si  l'érysipèle 
qu'on  observe  assez  souvent  dans  le  cours  de  l'arthritis 


132  ARTHRITIDES  SÈCHKS 

ne  doit  pas  être  rapproclié  des  affections  précédentes.  Nous 
répondons  que  cette  maladie  complique  souvent  l'arlliri- 
tis ,  mais  qu'elle  ne  présente  pas  les  caractères  des  affec- 
tions pseudo-exanthémaliques  de  cette  maladie  constitution- 
nelle. Elle  débute  par  un  frisson  et  des  phénomènes  généraux 
qui  sont  en  rapport  avec  la  gravité  des  phénomènes  locaux; 
plus  lard,  l'état  général  et  l'inflammation  locale  seront  encore 
subordonnés  l'un  à  l'autre.  L'affection  n'offre  pas  une  évolu- 
tion aussi  régulière  que  celle  des  exanthèmes  et  des  pseudo- 
exanthèmes. En  définitive,  l'érysipèle  est  une  phlegmasie 
qui  complique  souvent  l'arthritis,  mais  qui  ne  peut  en  être 
regardée  comme  une  affection  propre.  A  ce  compte,  il  fau- 
drait faire  delà  pneumonie  une  affection  propre  de  l'arthritis  : 
elle  se  montre  dans  la  maladie  constitutionnelle  dont  il  est 
question,  au  moins  aussi  fréquemment  que  l'érysipèle. 

DEUXIÈME  SECTION. 

ARTHRITIDES  SÈCHES. 

Au  nombre  des  caractères  généraux  des  arlhritides,  nous 
avons  signalé  l'état  de  sécheresse  des  surfaces  malades.  En 
effet,  ce  caractère  est  plus  ou  moins  marqué  dans  toutes  les 
affections  arthritiques-,  cependant  il  appartient  plus  particu- 
lièrement à  quelques-unes  d'entre  elles  que  nous  avons  ran- 
gées pour  cette  raison  dans  une  seule  section,  sous  le  nom 
d'arthritides  sèches.  J'espère  qu'après  vous  avoir  exposé  les 
caractères  propres  et  les  rapports  de  ces  affections  avec  les 
autres  symptômesde  l'arthritis,  vous  n'hésiterez  pas  à  parta- 
ger mes  convictions  sur  cette  partie  si  intéressante  de  la  pa- 
thologie cutanée.  Jusqu'à  présent,  on  n'avait,  pas  ignoré 


ARTUlUTIUIiS  SÈCHES  ÉIlYTHÉMATEUSES.  133 

compléUment  ces  rapports  qui  sont  trop  évidents  pour 
quelques  afiections.  M.  Rayer  a  fait  la  part  du  rhumatisme 
et  de  la  goutte  dans  la  production  d'un  certain  nombre 
de  maladies  cutanées.  M.  Cazenave  a  signalé  les  rapports 
mystérieux  de  celles-ci  avec  la  diathèse  goutteuse.  M.  Gibert 
a  également  parlé  de  l'influence  rhumatismale  dans  l'étiolo- 
gie  de  plusieurs  affections  de  la  peau.  Mais  nul  auteur  n'a 
recherché  les  caractères  propres  des  arthritides,  et  c'est 
vers  ce  but  important  que  seront  dirigés  tous  nos  efforts. 
Nous  n'avons  pas  la  prétention  d'être  arrivé  à  une  étude 
complète  des  affections  cutanées  de  nature  arthritique.  Nous 
croyons  que  de  nouvelles  recherches  sont  encore  nécessaires; 
mais  elles  seront  rendues  plus  faciles  par  les  données  impor- 
tantes qui  sont  déjà  en  notre  possession.  Voyons  donc  où  en 
est  la  science  sur  ce  sujet. 

Les  arthritides  sèches  peuvent  être  réparties  dans  trois  cha- 
pitres :  1°  arthritides  sèches  érythémateuses ,  2°  arthritides 
sèches  squameuses,  3°  arthritides  sèches  boutonneuses. 


CHAPITRE  PREMIER. 

ARTHRITIDES  SÈCHES  ÉRYTHÉMATEUSES. 

Les  arthritides  sèches  érythémateuses  se  montrent  sur  des 
lieux  d'élection,  affectent  une  marche  chronique,  récidivent 
avec  facilité  et  sont  caractérisées  par  une  surface  d'un  rouge 
foncé,  ordinairement  lisse,  mais  quelquefois  papuleuse  et 
môme  tuberculeuse.  Il  est  facile  de  les  distinguer  des  arthri- 
tides pspudo-exanthématiques.  En  effet,  celles-ci  s'accompa- 


13^1  AUTHRITJDtS  SliCHliS  J- H VlHÉMA'Jl'USliS. 

gneiit  au  début  de  phéiionièries  fébriles;  ellesont  une  marcbe 
aiguë  el  se  terminent  dans  l'espace  de  trois  à  quatre  septé- 
naires; elles  ne  récidivent  pas  d'une  manière  constante; 
enfin,  elles  se  nianileslent  sur  la  plus  grande  partie  du  corps 
et  à  peu  près  dans  toutes  les  régions.  Au  contraire,  les  ar- 
thritides  sèches  érytliémateuses  sont  apyréliques,  ont  une 
marche  chronique,  récidivent  toujours,  sont  circonscrites  et 
occupent  des  lieux  d'élection  qui  sont  :  les  parties  découvertes 
et  les  régions  pourvues  de  poils. 

Le  chapitre  des  arthritides  sèches  érythémateuses  ren- 
ferme quatre  genres  :  1°  l'interlrigo,  2°  l'érythème  papulo- 
tuberculeux,  3*  la  couperose,  4'  cnidosis. 

S  1.  —  Intertrigo  arthritique. 

L'interlrigo  se  développe  au  contact  prolongé  des  surfaces 
cutanées.  Il  est  caractérisé  par  une  éruption  érythémateuse, 
à  laquelle  se  joignent  souvent  des  éruptions  papuleuses  ou 
furonculaires,  et  qui  s'étend  en  largeur  par  un  bourrelet 
analogue  à  celui  qu'on  ohserve  dans  l'herpès  circiné. 

Siège.  —  Il  se  montre  dans  les  régions  oij  les  surfaces  cu- 
tanées sont  adossées,  de  sorte  qu'on  le  trouve  dans  les  parties 
suivantes  :  aux  aisselles,  derrière  les  oreilles,  dans  les  plis  du 
bas-ventre  chez  les  personnes  grasses,  au  pli  de  l'aine,  à  la 
face  interne  des  cuisses  qui  touche  le  scrotum,  quelquefois 
au  jarret,  à  la  marge  de  l'anus. 

Nosographie.  —  Au  début,  l'interlrigo  est  une  afleclion 
artificielle,  produite  par  le  contact  de  la  sueur  altérée.  Alors, 
il  est  caractérisé  par  une  coloration  rosée  des  surfaces  cuta- 
nées et  par  des  démangeaisons  qui  excitent  le  malade  à  se 
gratter.  Si  le  ^  ujet  n'e?t  placé  sous  rinfluenco  d'aucune  dia- 


i 


INTERTKIGO    ARTHIUTIQUE.  135 

thèse,  011  aura  aflaire  à  une  éruption  artificielle  qui  disparaî- 
tra facilement  par  quelques  soins  de  propreté.  Mais  s'il  existe 
une  maladie  constitutionnelle  chez  le  malade,  l'éruption 
érythémateuse  présentera  des  caractères  et  une  marche  qui 
lui  sont  propres. 

Dans  rintertrigo  arthritique,  la  rougeur  devient  plus 
intense,  riiiilammation  se  propage  aux  bulhes  pileux  et  aux 
aréoles  dermiques  :  de  là  il  résulte  que  la  surface  primitive- 
ment rouge  et  lisse  se  couvre  de  pustules,  de  tuhercules  et 
de  furoncles.  L'affection  ne  reste  pas  bornée  Ain  parties  con- 
tiguës.  La  rougeur  s'étend  peu  à  peu  sur  les  surfaces  saines  ; 
petle  extension  se  fait  souvent  par  un  bourrelet  légèrement 
saillant  et  semblable  à  celui  qui  se  remarque  dans  l'herpès 
eircinô. 

A  mesure  que  l'alfeclion  envahit  les  parties  voisines,  on 
voit  se  multiplier  les  éruptions  furonculaires  et  pustuleuses. 

L'intertrigo  arthritique  est  le  siège  de  démangeaisons  et 
de  picotements  ou  d'élancements.  Lorsqu'il  existe  à  la  parlje 
interne  des  membres  inférieurs,  il  occasionne  une  grande 
gêne  dans  la  marche  ;  s'il  occupe  les  aisselles,  il  rend  diffin  iies 
les  mouvements  des  membres  supérieurs.  Chez  la  femme,  il 
envahit  quelipiefois  la  vulve  et  le  vagin  ;  il  peut  alors  déter- 
miner une  surexcitation  considérable  des  organes  génitaux, 
et  consécutivement  de  l'amaigrissement,  des  troubles  des 
.fonctions  digeslives  et  même  des  désordres  intellectuels. 

Marche  et  durée.  —  On  ne  peut  assigner  aucune  liniite  à 
l'intertrigo  arthritique,  qui  se  prolonge  ordinairement  pendant 
plusieurs  mois  et  parfois  pendant  des  années.  Non-seulement  il 
ftune  longue  durée,  mais  il  récidive  avec  la  plus  grande  facilité. 
.  Etiologie.  —  L'intertrigo  est  produit  par  le  contact  de  la 
sueur  altérée.  Il  se  mon Irc  chez  .des  personnes  qj^j  ont  trans- 


130  ARTFIRITIDES  SkCIIES  ÈRYTIIÉMATEUSES. 

pire  abondamment,  après  des  marclies  prolongées  ou  pen- 
dant les  fortes  chaleurs.  Mais  la  sueur  n'est  évidemment  que 
la  cause  occasionnelle  qui  vient  éveiller  la  diathèse  arthritique. 

Cette  alîeclion  peut  exister  à  tous  lei  âges ,  mais  elle  est 
plus  fréquente  à  l'âge  adulte. 

La  malpropreté,  de  même  que  la  sueur,  peut  déterminer 
l'intertrigo. 

Diagnostic.  —  L'intertrigo  arthritique  est  facile  à  re- 
connaître par  le  siège  d'élection  qu'il  occupe  et  par  ses 
caractères  propres  que  nous  avons  fait  connaître.  Cepen- 
dant, il  a  quelque  analogie  avec  la  teigne  tonsurante.  11 
serait  possible  de  confondre  ces  deux  affections;  en  effet, 
elles  présentent  une  marche  herpétiforme  et  occupent  de 
préférence  certaines  régions.  Souvent  on  voit  l'herpès  cir- 
ciné  à  la  partie  interne  des  cuisses,  qui  est  le  siège  habituel 
de  l'intertrigo  arthritique.  Il  n'est  pas  jusqu'aux  éruptions 
furonculaires  qu'on  ne  retrouve  aussi  dans  l'herpès  circiné. 
Néanmoins,  il  est  de  la  plus  grande  importance  d'établir  un 
diagnostic  différentiel  au  point  de  vue  du  traitement. 

En  examinant  les  poils  de  la  région,  on  trouvera  un 
signe  important.  Dans  la  teigne  tonsurante,  ils  sont  cas- 
sés, tortillés,  altérés  dans  leur  couleur  et  entourés  à  leur 
hase  d'une  gaîne  blanche  caractéristique.  Mais  ce  signe  peut 
faire  défaut,  lorsque  l'affection  a  été  traitée  par  des  pommades 
qui  ont  détruit  le  champignon  situé  à  la  surface  de  la  peau. 
Il  faut  alors  recommander  au  malade  de  n'employer  aucun 
topique  pendant  plusieurs  jours.  De  cette  manière,  vous 
pourrez  constater  la  germination  du  parasite,  qui  se  montre 
sous  l'apparence  d'un  duvet  semblable  à  de  la  neige,  qui  en- 
toure la  base  des  poils  et  forme  une  gaine  complète  à  ceux 
d'entre  eux  qui  sont  cassés. 


IiNTERTRJGO  ARTHRITIQUE.  137 

On  devra  encore  explorer  avec  soin  les  mains,  la  face,  pour 
tâcher  d'y  découvrir  des  cercles  ou  demi-anneaux  d'herpès 
circiné.  Enlin,  si  ces  recherches  nous  laissaient  dans  le  doute 
relativement  cà  la  nature  de  Faffection,  nous  aurions  recours 
au  microscope  qui  nous  permettra  de  constater  la  présence 
ou  l'absence  du  Irichophyton. 

Nature..  —  La  nature  de  l'intertrigo  arthritique  est  éta- 
blie d'après  ses  caractères  propres,  et  surtout  d'après  ses 
rapports  avec  des  affections  et  des  phénomènes  qui  appar- 
tiennent à  l'arthritis.  Il  existe  chez  des  sujets  qui  présen- 
tent de  Tembonpoint,  de  la  dyspepsie,  des  rhumatismes,  de 
l'acné  arthritique  ou  d'autres  manifestations  cutanées  de 
même  nature. 

Pronostic.  —  L'intertrigo  arthritique  est  une  affection  sé- 
rieuse à  cause  de  sa  longue  durée  et  de  ses  récidives  fréquentes. 
Suivant  le  siège  qu'il  occupe,  il  occasionne  des  accidents  plus 
ou  moins  nombreux.  S'il  est  fixé  à  la  partie  interne  des  cuisses 

I  ou  dans  les  aisselles,  il  rend  les  mouvements  des  membres 
difficiles  et  douloureux.  Mais  s'il  s'étend  aux  parties  géni- 
tales, à  la  vulve  et  au  vagin  chez  la  femme,  il  produit  des 
phénomènes  plus  graves  :  il  existe  alors  des  démangeaisons 
pénibles  et  tenaces,  qui  empoisonnent  l'existence  de  la  ma- 

'  lade,  qui  peuvent  être  le  point  de  départ  d'une  altération 
des  fonctions  digestives  et  quelquefois  de  désordres  intel- 
lectuels. 

Traitement.  —  On  recommandera  les  plus  grands  soins 
de  propreté;  on  évitera  le  séjour  prolongé  de  la  sueur  sur  la 
ipeau.  Le  malade  prendra  alternativement  des  bains  alcalins 
et  d'amidon.  On  emploiera  comme  topiques  la  poudre  d'ami- 
\  don  ou  de  fécule,  les  lotions  alcalines,  et  mieux  encore  un 
î  mélange  de  glycérine  et  do  saponine.  On  prescrira  à  Tinté- 


1 


ARTriRlTlOF.S  SKCHFS   /'-R YTUfcMATEUSliS. 

rieur  1rs  alcalins  sous  la  ïonm  de  sirop  oud'eanx  artificielles. 
Eufin,  si  ralTeclion  est  rebelle,  on  conseillera  les  eaux  miné- 
rales et  l'on  choisira  do  préférence  celles  qui  sont  alcalines. 


§  H.  —  Coupero»e  arthritique. 

La  couperose  est  une  affection  érythémaleuse,  caractérisée 
parla  dilatation  âes  vaisseaux  capillaires  de  la  peau. 

La  plupart  des  auteurs  ont  confondu,  à  tort,  la  couperose 
avec  l'acné  rosacée  5  car,  si  les  pustules  d'acné  se  dévelop- 
pent sur  les  plaques  de  couperose,  elles  ne  s'y  montrent 

« 

qu'accidentellement  et  à  titre  de  complication.  Nous  décri- 
rons donc  séparément  l'acné  rosacée  et  la  couperose. 

Siège.  —  L'affection  que  nous  étudions  occupe  générale- 
ment quelques  parties  de  la  face  :  les  joues,  les  commissures 
des  lèvres  et  le  nez;  d'autres  fois,  elle  s'étend  à  toute  la  figure. 
Elle  se  développe  aussi  sur  la  partie  antérieure  de  la  poitrine, 
surtout  au  niveau  de  l'extrémité  supérieure  du  sternum. 

Nosographie.  —  La  couperose  débute  sous  la  forme  d'une 
tache  rosée,  dont  la  coloratioji  augmente  après  le  repas  ou 
l'exposition  à  la  chaleur.  Si  l'on  examine  celte  tache,  on 
voit  que  sa  couleur  est  produite  par  la  présence  de  vais- 
seaux capillaires  dilatés  et  remplis  de  sang  :  la  pression,  en 
refoulant  le  sang,  fait  disparaître  à  l'instant  la  rougeur. 

Bientôt  les  vaisseaux  augmentent  en  volume  et  en  nombre. 
Il  existe  alors  des  plaques  plus  étendues  et  d'un  rouge 
plus  foncé,  autour  desquelles  on  aperçoit  un  certain  nom- 
bre de  capillaires  dilatés  et  flexueux  qui  se  perdent  dans 
les  parties  saines.  La  peau  devient  plus  épaisse  et  indu- 
rée :  l'induration  est  due  à  l'hypertrophie  des  cléments 
du  derme  et  à  l'accroisscmont  de  volume  des  capillaires. 


COUPEROSE  ARTHRITIQUE.  139 

Dans  la  couperose  ancienne,  Thyperlrophie  est  quelquefois 
portée  à  un  tel  degré  qu'on  observe  sur  la  surface  érythé- 
rnaleuse  des  tubercules  rugueux  qui  peuvent  atteindre  le  vo- 
lume d'une  noisette.  Outre  ces  petites  tumeurs  qui  appar^ 
tiennent  à  la  couperose,  on  en  voit  souvent  d'autres  moins 
volumineuses  qui  doivent  être  regardées  comme  une  compli- 
cation et  non  comme  un  symptôme  de  Taffection.  Je  veux 
i  parler  de  ces  petites  indurations  rouges,  qui  se  terminent  or- 
dinairement par  une  pustule  occupant  le  tiers  ou  le  quai't  de 
leur  volume  :  ce  sont  de  simples  pustules  d'acné  qui  ont 
une  durée  très  courte.  Les  malades  éprouvent  de  temps  en 
temps  des  picotements  et  des  élancements,  ou  de  la  cuisson 
et  une  sensation  de  chaleur  sur  la  partie  affectée. 

Marche  et  durée.  —  La  couperose  présente  une  marche 
chronique.  On  observe  quelquefois  des  temps  d'arrêt  et  même 
des  améliorations  passagères;  mais  la  guérison  spontanée  est 
excessivement  rare.  Cette  alTection  est  très  tenace  et  fait  le 
désespoir  du  malade  et  du  médecin. 

Etiologie.  —  L'exposition  fréquente  de  la  figure  à  la  cha- 
leur, l'usage  des  lotions  ou  pâtes  irritantes,  certaines  pro- 
fessions exigeant  que  latète  soit  penchée,  les  excès  de  table, 
sont  autant  de  causes  occasionnelles. 
'  La  couperose  se  montre  ordinairement  vers  l'âge  de  trente 
à  quarante  ans.  Elle  est  fréquente  à  l'âge  ciitique,  mais 
elle  est  rare  chez  les  jeunes  gens. 

Toutes  ces  causes,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  ne  font  qu'éveiller 
ladiathèse  arthritique  dont  la  couperose  n'est  qu'une  mani- 
'  festalion. 

La  couperose  peut  être  encore  produite  par  les  excès  de 
table  et  l'abus  des  liqueiu's  aIco:)liques •  dans  ce  cas,  elle 
I  appartient  à  la  classe  des  nlîections  palhogénétiques. 


\tiO  ARTimiTIDES  SËCUtS  ÉH YiHÉMATELSES, 

Diaç/noslic.  —  Il  est  iinpossihUî  de  méconnaître  la 
plaf|iie  do  couperose  caractérisée  par  une  rougeur  foncée,  par 
une  légère  induration  et  surtout  par  la  dilatation  variqueuse 
des  vaisseaux  cutanés.  Cependant,  quelques  afl'ections  «e 
rapprochent  d'elle  par  la  coloration  et  l'existence  d'une  indu- 
ration :  je  citerai  l'érytlième  induré  qui  appartient  à  la  scro- 
fule. II  est  facile  de  distinguer  ces  deux  éruptions. 

Dans  l'érytlième  scrofuleux,  l'induration  est  profonde  et 
pénètre  dans  le  tissu  cellulaire,  la  coloration  est  violacée  et 
se  continue  insensiblement  avec  la  couleur  normale  de  la 
prau.  Au  contraire,  dans  la  couperose  l'induration  n'intéresse 
que  la  peau  -,  la  coloration  est  rouge,  nettement  limitée  et 
produite  par  la  présence  d'un  grand  nombre  de  vaisseaux  ca- 
pillaires qu'on  aperçoit  sans  difficulté.  Le  siège  est  encore 
différent  :  la  première  affection  se  montre  le  plus  souvent 
sur  les  jambes,  et  la  seconde  se  développe  ordinairement  sur 
la  face.  Celle-ci  s'accompagne  de  prurit  et  d'élancements, 
celle-là  ne  présente  ni  douleur  ni  démangeaison. 

La  couleur  cuivrée  des  sypbilides  empêchera  toujours  de 
confondre  certaines  syphilides  circonscrites  avec  l'érythême 
couperosique. 

Nous  n'insisterons  pas  plus  longtemps  sur  le  diagnostic  du 
genre  delà  couperose.  11  est  une  question  plus  difficile  à  ré- 
soudre, c'est  celle  qui  a  trait  à  la  nature  de  l'affection. 

Nous  admettons  trois  espèces  de  couperose  :  l'une  appar- 
tient à  la  scrofule,  l'autre  est  symptôme  de  l'arthritis  et  la 
troisième  est  produite  par  l'abus  des  liqueurs  alcooliques. 
Nous  savons  que  le  diagnostic  de  la  nature  d'une  affection 
repose  sur  ses  caractères  propres  et  sur  ses  rapports  avec 
les  affections  antérieures  ou  concomitantes. 

Malheureusempnt  la  couperose,  comme  tant  d'autres  affcc- 


COUPEROSE  ARTHRITIQUE. 

lions,  ne  présente  pas  loujours  des  caractères  objectifs  bien 
Jaccusés  suivant  Tespèce.  Toutefois,  il  ne  faut  pas  oublier  dans 
le  diagnostic  les  nuances  de  symptôaies  qui  se  n:iontrent  plus 
particulièrement  dans  l'arthritis  :  les  élancements  doulou- 
l  eux,  l'injection  vasculaire  plus  prononcée  et  la  rougeur  plus 
l'oncée  des  parties  affectées. 

Vous  parviendrez  encore  à  la  connaissance  de  la  nature 
de  la  couperose,  en  consultant  ses  rapports  avec  les  affections 
[intérieures  et  actuelles.  Eri  ce  moment,  nous  avons  dans  le 
service  une  jeune  fille  atteinte  d'une  couperose,  dont  la  nature 
aurait  pu  nous  être  dévoilée  par  l'existence  seule  d'un  cer- 
tain nombre  de  symptômes  arthritiques. 

Cette  malade  porte  deux  larges  plaques  de  couperose  sur 
les  deux  joues  ;  elle  a  eu  sur  les  mains  de  l'eczéma  arthrili- 
:]ue  dont  il  reste  quelques  vestiges;  elle  est  tourmentée  par 
des  migraines,  par  des  douleurs  rhumatismales  etpardes  an- 
gines; son  père  est  atteint  de  rhumatisme  et  de  migraine. 
Pnfin,  l'affection  s'est  montrée  à  une  époque  qui  correspond 
exactement  à  la  disparition  presque  complète  de  l'eczéma 
les  mains.  Cet  exemple  vous  montre  de  quelle  utilité  peut 
'Ire  l'examen  des  antécédents  d'un  malade,  pour  arriver  à 
•onnaître  la  nature  d'une  affection. 

La  couperose  scrofuleuse  présentera  des  relations  non 
moins  évidentes  avec  des  affections  de  la  scrofule.  Elle  aura 
'té  précédée  de  gourmes,  d'adénopathies  et  coïncidera  avec 

I'acné  punctata,  indurala,  etc. 
Enfin,  la  couperose  qui  s'observe  en  l'absence  de  toute  ma- 
.adie  constitutionnelle,  est  une  affection  palhogénétique  qui 
lîst  produite,  chez  les  ivrognes,  par  l'abus  des  boissons 
.Icooliques.  On  en  établira   le  diagnostic  en  s'appuyant 
l'une  part  sur  l'absence  des  dialhcses,  d'autre  part  sur  l'exis- 


U2  AKIIIlUTIDrs  SiXIlKS    /^li Y'I'IIÉMA  1  liUSl-S. 

Icnco  d'une  cause  spécinle  qu'il  esl  facile  de  conslater. 

Pronostic.  —  La  couperose  présente  une  longue  durée  et 
ne  peut  ôtre  guérie  qu'avec  de  grandes  dilïicuUés.  Souvent, 
elle  résiste  à  tous  les  moyens  thérapeutiques  et  passe  à  l'état 
de  difformité  d'autant  plus  incommode  qu'elle  siège  liabi- 
tuellement  au  visage. 

Traitement.  —  On  devra  chercher  à  éloigner  les  causes 
qui  ont  occasionné  le  développement  de  l'alïection.  11  faudra 
recommander  un  régime  doux  et  une  vie  régulière.  Le  ma- 
lade ne  s'exposera  pas  à  la  chaleur  et  ne  se  livrera  point  à 
des  exercices  fatigants.  Outre  ces  moyens  hygiéniques,  nous 
ordonnons  de  badigeonner,  tous  les  deux  ou  trois  jours,  les 
surfaces  malades  avec  l'huile  de  cade.  Il  nous  arrive  rare- 
ment d'avoir  recours  à  un  modificateur  plus  énergique  tel 
que  l'huile  de  noix  d'acajou  ou  la  teititure  d'iode.  Nous  avons 
aussi  employé,  mais  sans  un  avantage  marqué,  la  pommade 
de  bi-iodure  de  mercure  et  celle  d'iodo-chlorure  mercureux. 
Les  douches  alcalines  et  les  douches  d'eaux  sulfureuses  nié- 
ritejit  une  mention  spéciale  pour  l'amélioration  qu'elles  oui 
quelquefois  procurée. 

§  III.  —  Érythème  papulo-tuberculeux. 

Nous  avons  eu  l'occasion  d'observer  un  assez  grand  nombre 
de  fois  une  affection  qui  se  rattache  essentiellement  à  l'ar- 
thritis:  elle  est  caractérisée  par  une  rougeur  éi  ythémateuse, 
des  papules  et  même  des  tubercules.  11  serait  difficile  de  lui 
trouver  une  place  dans  les  huit  ordres  de  Willan.  Pour  nous, 
nous  n'éprouvons  pas  le  môme  embarras.  Cette  affection  ap- 
partient par  sa  nature  aux  arthritides;  l'érythème,  qui  en 
est  le  caractère  objectif  prédominant,  la  fait  ranger  dans  la 
section  des  arthritides  érythemateuses. 


ÊRYTHfeMK  PAPULO-TUBERCULEUX.  143 

Siège.  L'éry thème  papulo-tuberculeux  occupe  des  lieux 

(réleclion  qui  sont  :  le  dos  des  mains  et  des  avant-bras,  quel- 
ques parties  de  la  face  et  particulièrennent  le  nez,  les  joues, 
les  lèvres  et  les  paupières.  Dans  la  plupart  des  cas,  l'érup- 
tion s'est  aussi  manifestée  sur  la  conjonctive,  les  muqueuses 
piluilaire  et  bronchique. 

Nosugraphie.  —  Le  début  est  généralement  brusque,  et 
•<i  l'éruption  se  montre  simultanément  sur  plusieurs  régions. 
Dans  un  cas  que  nous  observions  récemment,  Térythème  s'é- 
tait déclaré  en  même  temps  sur  le  dos  des  deux  mains,  le  lo- 
bule du  nez  et  les  conjonctives. 

(Chez  ce  malade,  il  existait  depuis  quelques  jours  une  lé- 
gère bronchite  qui  augmenta  d'intensité,  quand  apparut 
l'éruption. 

IChez  un  autre  malade,  l'affection  s'est  manifestée  avec  la 
même  soudaineté,  mais  elle  n'occupait  que  le  dos  des  mains 
et  les  conjonctives. 
Dans  la  plupart  des  cas,  l'érythème  papulo-tuberculeux 
n'est  précédé  ni  accompagné  de  symptômes  généraux.  Le 
premier  phénomène  consiste  dans  l'existence  de  quelques 
picotements  sur  la  partie  qui  sera  affectée  ;  puis,  on  observe 
les  symptômes  suivants. 
4     Pendant  les  premiers  joui  s,  on  constate  un  œdème  dur, 
i  rénitent  et  siégeant  dans  le  lissu  cellulaire  ;  il  diminue  et 
devient  souple  vers  le  cinquième  ou  le  sixième  jour.  La  peau 
jn-ésente  une  coloration  d'un  rouge  foncé  et  violacé  :  la  con- 
gestion cutanée  est  quelquefois  si  considérable  qu'elle  donne 
lieu  à  des  hémorrliagies  intradermiques.  La  surface  affectée 
est  lisse  et  tendue  dans  la  plus  grande  partie  de  son 
étendue. 

L'érythème  papulo-luberculeux  n'existe  pas  sous  la  forme 


U'j  ARTHRITIDKS  SKCHKS  /•  IIYTHÈM\TF.USES. 

d'une  plîiqiic  uni(ine,  qui  onoupornil  toute  la  région;  mais  il 
se  manifeste  ordinairement  par  une,  deux  ou  trois  plaques 
à  contours  un  peu  irréguliers.  Au  centre  ou  sur  les  bords 
de  ces  plaques,  se  trouvent  quelques  indurations  arron- 
dies et  comme  tuberculeuses;  sur  les  parties  voisines,  sont- 
disséminées  des  taebes  peu  étendues,  presque  circulaires, 
dépassant  rarement  la  largeur  d'une  pièce  de  50  centimes 
et  légèrement  saillantes,  en  forme  de  papules.  Ces  papules  et 
ces  tubercules  ne  tardent  pas  à  disparaître  et  sont  remplacés 
par  une  teinte  rouge  ou  eccbymolique. 

Par  cette  description  succincte,  on  voit  que  l'érytbème 
papulo-tuberculeux  est  caractérisé  par  la  réunion  de  plusieurs 
éléments  éruptifs  et  qu'il  répond  aux  variétés  des  auteurs  : 
érythèmes  simple,  papuleux  et  tuberculeux. 

Quelquefois  on  rencontre  deux  autres  variétés  d'éry- 
thèmes  décrites  comme  maladies  :  les  érythèmes  circinéet 
marginé  En  effet,  les  petites  taches  dispersées  autour  des 
larges  plaques  papulo-tuberculeuses  présentent  dans  cer- 
tains pas  une  surface  nettement  limitée  par  des  bords  rouges 
et  saillants;  dans  d'autres  circonstances,  elles  sont  rempla- 
cées par  des  cercles  rouges  dont  le  centre  est  tout  à  fait  sain. 

Les  muqueuses,  avons-nous  dit,  sont  souvent  affectées.  II 
n'est  point  rare  d'observer  un  coryza  aigu,  une  conjoncti- 
vite ou  une  bronchite  calarrhale.  Parfois,  il  existe  même  une 
\éri table  ecchymose  sous-conjonctivale. 

Les  élancements  et  la  cuisson  qui  avaient  annoncé  l'érup- 
tion, persistent  après  son  apparition. 

Marche,  durée,  ter7ninaison,  —  La  marche  de  l'érytlième 
papulo-tuberculeux  est  lente.  Cette  affeclion  présente  une 
durée  de  dix-huit  à  vingt  jours  ;  elle  se  termine  toujours  par 
résolution,  d'une  manière  spontanée.  Elle  esl  sujette  à  réci- 


ÉRYTIIÈME  PAPUI.O-TUnKRCULEUX.  l/»5 

dives;  elle  se  montrait  pour  la  deuxième  ou  troisième  fois 
cliez  plusieurs  des  malades  que  nous  avons  observés. 

Diagnostic.  —  Le  diagnostic  de  la  lésion  est  facile  :  c'est 
un  érythème  avec  des  indurations  papuleuses  ou  tubercu- 
leuses. On  arrivera  sans  peine  k  la  connaissance  du  genre,  si 
L'on. se  reporte  à  la  description  que  nous  venons  de  faire;  ce- 
pendant, on  pourrait  peut-être  confondre  l'érythème  papulo- 
tuberculeux  avec  les  plaques  muqueuses'de  la  peau  et  l'éry- 
thème papuleux  de  nature  scrofuleuse. 

Les  plaques  muqueuses  de  la  peau  se  présentent  sous  la 
forme  de  taches  rouges,  saillantes  sur  leurs  bords  et  ressem- 
blant quelque  peu  à  l'érythème  circiné  ou  marginé.  Toute- 
fois, elles  sont  indolores  et  ne  possèdent  ni  la  coloration 
foncée,  ni  l'étendue  de  l'érythème  papulo-tuberculcux  ;  elles 
sont  disséminées  sur  toutes  les  parties  de  la  peau  et  se 
montrent  avec  des  caractères  bien  accusés  dans  certaines 
régions  :  l'anus,  les  parties  génitales,  les  commissures  la- 
biales et  l'isthme  du  gosier. 

L'érythème  papuleux  des  scrofuleux  alterne  souvent  avec 
l'érythème  pernio  ;  il  occupe  le  plus  ordinairement  le  dos 
des  mains  et  les  joues.  Il  est  caractérisé  par  une  sur- 
face érythémaleuse  diffuse,  sur  laquelle  s'élèvent  quelques 
papules  analogues  aux  papules  proéminentes  du  lichen  ; 
Il  ne  présente  ni  la  couleur  violacée  et  ecchymotique,  ni 
les  éléments  papuleux  et  tuberculeux  de  l'érythème  arthri- 
tique. 

Maintenant,  nous  devons  parler  de  la  nature  de  l'aiïec- 
lion.  Nous  affirmons  que  Térythème  papulo-tuberculeux  est 
d'origine  arthritique  :  nous  nous  appuyons  tant  sur  ses  ca- 
ractères objectifs  que  sur  ses  relations  évidentes  avec  d'autres 
affections  arthritiques. 

10 


1^6  AUTHRITIDKS  StCIIES  ftRYTHÉMATEUSES. 

Un  certain  nombre  des  symptômes  propres  à  l'érythéme 
papulo-liiberculeijx  sont  des  pliénomènes  communs  des  ar- 
tliritides  :  nnilli|)licilé  des  cléments  éruptifs,  coloration  rouge 
et  foncée,  élancements  et  siège  sur  les  parties  découvertes. 
D'un  autre  côté,  nous  avons  toujours  rencontré  des  affections 
arthritiques  antérieures  ou  concomitantes,  quand  nous  avons 
observé  Térythème  papulo-tuberculeux  :  l'arthropathie  rhu- 
matismale coexiste  ou  alterne  fréquemment  avec  cette  érup- 
tion. 

Pronostic,  —  Le  pronostic  est  peu  sérieux  :  l'érythéme 
papulo-tuberculeux  disparaît  spontanément  dans  l'espace  de 
dix-huit  à  vingt  jours.  Il  est  moins  exposé  à  récidiver  que 
beaucoup  d'arthritides.  * 

Étiologie. — Les  causes  qui  produisent  cette  affection  sont 
celles  qui  provoquent  le  développement  des  autres  arthritides. 

L'érythéme  papulo-tuberculeux  s'est  présenté  plus  souvent 
dans  le  sexe  féminin  chez  les  malades  qui  ont  été  soumis  à 
notre  examen. 

Les  variations  de  température,  le  froid  humide  ont  paru 
agir  dans  quelques  cas. 

Traitement.  —  On  prescrira  le  repos,  un  régime  doux, 
des  bains  alcalins  et  des  bains  d'amidon.  A  rintérieur,  on 
administrera  les  préparations  alcalines  et,  de  temps  à  autre, 
quelques  légers  purgatifs.  • 

§  IV.  —  Du  cnidosis  arthritique, 

Alibert  a  décrit  l'urticaire  sous  le  nom  de  cnidosis  (xvt^r/, 
ortie)  :  à  l'exemple  de  tous  les  auteurs,  il  admettait  un  cni- 
dosis aigu  et  un  cnidosis  chronique.  Le  cnidosis  aigu  est  la 
fièvre  orliéc  que  nous  avons  placée  dans  les  pseudo-exan- 
thèmes arthritiques  et  dartreux.  Le  cnidosis  chronique  dif- 


CNIDOSIS  AUTlIRlTIOUE.  \kl 

fère  com[)létemenl  par  sa  nature  de  l'affection  précédente: 
jamais  il  no  lui  succède  et  toujours  il  se  montre  d'emblée  à 
l'état  chronique  ;  il  répond  assez  exactement  à  Vurticationde 
Joseph  Fratdf. 

A  deux  affections  différentes  on  devrait  donner  des  noms 
différents.  Pour  éviter  d'augmenter  le  vocabulaire  de  la  der- 
matologie, déjtà  trop  considérable,  je  préfère  me  servir  des 
mots  qui  ont  cours  dans  la  science.  Je  conserverai  àl'urticaire 
aiguë,  ou  fièvre  orliée,  la  dénomination  d'urticaire  et  je  dé- 
signerai, sous  le  nom  de  cnidosis,  l'urticaire  chronique  des 
auteurs  ou  l'urtication  de  J.  Frank. 

Nous  reconnaissons  deux  espèces  de  cnidosis  :  l'un  est 
arthritique,  l'autre  dartreux.  Ici,  nous  ne  devons  nous  occu- 
per que  du  cnidosis  arthritique. 

Le  cnidosis  arthritique  se  mon  Ire  sous  la  forme  de  la  va- 
riété Krtica  tuùerosa ;  il  est  caractérisé  non-seulement  par  des 
papules  particulières,  dont  nous  avons  donné  la  description 
dans  l'étude  de  l'urlicaii  e  fébrile,  mais  aussi  par  des  tubé- 
rosités  plus  ou  moins  volumineuses,  dures,  accompagnées  de 
tension,  de  gêne  dans  les  mouvements  et  laissant  à  leur 
disparition  des  dépressions  comme  cicatricielles.  Ces  indura- 
tions tuberculeuses  et  papuleuses  présentent  une  coloration 
d'un  rouge  foncé  ;  parmi  elles,  on  observe  quelquefois  des  hé- 
morrhagies  interstitielles  de  la  peau. 

L'éruplion  a  lieu  sur  les  parties  découvertes  comme  la 
face,  les  mains  et  les  avant-bras;  souvent  elle  semble  se 
grouper  autour  de  quelques  jointures  telles  que  l'articulation 
tibio-tarsienne,  radio-carpienne  ou  fémoro-tibiale.  Elle  ap- 
paraît ordinairement  le  soir  et  la  nuit  :  pourtant,  elle  se 
développe  quelquefois  pendant  le  jour  sous  l'influence  du 
ifroid.  Enfin,  elle  ne  présente  pas  des  démangeaisons  vives  et 


U«  AUTHRITIDES  StCHKS  ÈRYTUflMATEUSLS. 

franches  comme  l'urticaire  darlreuse  ;  elle  s'accompagne 
plutôt  de  picotements  et  d'élancements. 

Le  cnidosis  arthritique  a  une  durée  qui  varie  de  quelques 
mois  à  plusieurs  années.  Il  n'offre  pas  une  marche  aussi  in- 
termittente que  le  cnidosis  dartreux,  qui  disparaît  ordinaire- 
ment le  jour  pour  revenir  à  l'approche  de  la  nuit.  Si  l'érup- 
tion est  plus  intense  pendant  la  nuit,  souvent  elle  n'en 
persiste  pas  moins  toute  la  journée. 

Il  n'est  pas  rare  de  voir  coïncider  le  cnidosis  arthritique 
avec  des  affections  de  même  nature  :  douleurs  rhumatismales, 
eczéma  arthritique,  lichen  pilaris,  érythème  papulo-tuber- 
culeux,  etc. 

Étiologie. —  Les  excès  de  régime,  l'abus  des  boissons  alcoo- 
liques, les  variations  de  température,  l'exposition  au  froid  sont 
les  principales  causes  déterminantes  du  cnidosis  arthritique.  Il 
faut  que  le  sujet  soit  placé  préalablement  sous  l'influence  de 
la  diathèse  arthritique. 

Diagnostic. — Les  caractères  de  l'éruption  que  nous  venons 
de  faire  connaître,  ne  permettent  pas  de  confondre  le  cni- 
dosis arthritique  avec  d'autres  affections;  cependant  il  a 
quelque  analogie  avec  l'érythème  noueux. 

Ce  dernier  se  distinguera  par  la  marche  aiguë  et  par  la 
durée  continue  de  l'éruption.  Nous  savons,  au  contraire,  que 
le  cnidosis  présente  une  marche  essentiellement  chronique, 
qu'il  est  remarquable  par  la  facilité  avec  laquelle  paraît  et 
disparaît  Téruption. 

Le  cnidosis  arthritique  se  différencie  aussi  de  l'urticaire 
aiguë.  Il  n'est  précédé  ni  accompagné  de  phénomènes  fé- 
briles, et  il  se  montre  à  l'état  chronique  dès  son  apparition. 
L'urticaire  aiguë  est  annoncée  par  des  phénomènes  fébriles 
et  ne  présente  qu'une  durée  de  huit  à  dix  jours. 


CNIDOSIS  ARTHRITIQUE.  iU9 

Il  ri'esl  pas  toujours  si  facile  de  distinguer  le  cnidosis  ar- 
thritique du  cnidosis  dartreux.  Il  faut  prendre  en  considéra- 
lion  les  différences  qu'on  trouve  dans  le  mode  de  production, 
la  marche  et  les  symptômes  de  ces  deux  affections.  L'une, 
celle  qui  appartient  à  l'arthritis,  se  présente  avec  les  carac- 
tères de  \urtica  tuberosa,  l'autre  se  montre  ordinairement 
sous  la  forme  de  Vurtica  evanida.  Le  cnidosis  arthritique  se 
caractérise  encore  par  des  élancements  et  des  picotements,  par 
des  hémorrhagies  interstitielles  de  lapeau,  par  une  coloration 
plus  foncée  des  aréoles  qui  entourent  les  papules  ortiées;  il 
se  manifeste  autour  des  jointures  et  sur  les  parties  décou- 
vertes, la  face,  la  poitrine,  les  mains  ;  il  coïncide  et  alterne 
souvent  avec  le  rhumatisme  ou  avec  d'autres  affections  arthri- 
tiques comme  l'érylhème  papulo-tuberculeux  ou  l'eczéma  ar- 
thritique. Au  contraire,  le  cnidosis  dartreux  se  montre  sur 
toutes  les  parties  du  corps  et  se  trouve  fréquemment  accom- 
pagné par  des  herpétides.  Enfin,  tandis  que  celui-ci  est  assez 
souvent  produit  par  les  émotions  morales  et  qu'il  paraît  la 
nuit  pour  disparaître  le  jour,  celui-là  est  occasionné  le  plus 
ordinairement  par  l'exposition  au  froid  ou  par  les  variations 
de  température,  et  persiste  quelquefois  pendant  la  journée 
ou  augmente  même  sous  l'influence  du  froid. 

Traitement.  —  Le  cnidosis  arthritique  est  une  affection 
très  rebelle.  On  prescrira  un  régime  doux ,  les  bains  alcalins 
et  les  préparations  alcalines  à  l'intérieur.  Malgré  l'emploi  de 
ces  moyens,  on  voit  parfois  le  cnidosis  durer  des  mois  et  des 
années.  Dans  les  cas  difticiles,  on  pourra  conseiller  au  malade 
de  se  rendre  à  une  source  d'eaux  minérales.  Les  eaux  de 
Vichy,  d'Ems  et  de  Wiesbaden  seront  spécialement  recom- 
mandées, 


150 


AUTHIllTIDES  SQUAMEUSES. 

1 


CHAPITRE  II. 

ARTHIUTIDKS  SQUAMEUSES. 

Nous  reconnaissons  deux  genres  d'arlhrilides  squameu- 
ses :  l'un  est  caractérisé  par  des  squames  petites ,  grisâ- 
tres, connues  sous  le  nom  de  furfures  :  c'est  le  pityriasis; 
l'autre  genre  présente  des  squames  plus  larges,  blanches, 
épaisses,  souvent  imbriquées  :  c'est  le  psoriasis. 

S  I.  —  Pityriasis  artbritique. 

Le  pityriasis  arthritique  n'a  pas  été  étudié  par  les  derma- 
tologistes  ;  cependant  quelques-uns  de  ses  caractères  ont  été 
mentiormés  dans  la  variété  pityriasis  capitis.  M.  Hardy 
donne  plusieurs  symptômes  du  pityriasis  arthritique  dans  la 
description  de  la  variété  pityriasis  pilains. 

Si  les  auteurs  ont  aperçu  plusieurs  caractères  objec- 
tifs du  pityriasis  arthritique,  ils  ne  les  ont  point  groupés 
et  ne  sont  pas  arrivés  à  la  connaissance  de  l'espèce.  Nous 
allons  essayer  de  vous  exposer  la  nosographie,  la  séméio- 
tique  et  le  traitement  de  cette  affection  si  importante  par  sa 
fréquence. 

Siège.  —  Le  pityriasis  arthritique  se  développe  sur  les  ré- 
gions velues  et  les  parties  découvertes  :  le  cuir  chevelu,  les 
sourcils,  la  barbe,  les  parties  génitales,  la  partie  antérieure 
de  la  poitrine  et  les  aisselles. 

Symptômes.  —  Il  se  montre  sous  la  forme  de  plaques  irré- 
gulières qui  se  manifestent  de  préférence  à  la  nuque,  aux  ré- 
gions temporales, à  la  partie  antérieure  du  cuir  chevelu  ;  il  est 


PITYRIASIS  ARTHRITIQUE.  151 

rare  que  celui-ci  soit  eiivalii  dans  sa  Lotalilé.  A  la  figure,  on 
l'observe  principalement  aux  joues  et  à  la  lèvre  supérieure. 
En  examinant  les  parties  affectées,  on  constate  à  leur  sur- 
face tantôt  une  rougeur  générale,  superficielle  ou  disposée 
par  petits  disques  arrondis  à  la  base  des  poils,  tantôt  une 
absence  de  coloration  rouge.  On  remarque  aussi  des  squames 
minces  et  petites,  qui  recouvrent  les  glandes  pilifères  dont  la 
saillie  est  légéremeiit  augmentée.  Les  poils  sont  enveloppés, 
au  sortir  du  bulbe,  d'une  gaîne  épidermique  qui  remonte 
plus  ou  moins  haut  sur  la  tige;  il  sont,  comme  les  parties 
affectées,  le  siège  d'une  sécheresse  remarquable  qui  les  rend 
friables.  Lorsque  la  maladie  a  duré  longtemps,  ils  sont  atro- 
phiés, se  cassent  avec  la  plus  grande  facilité  et  tombent;  ils 
repoussent  pendant  quelque  temps,  jusqu'à  ce  que  la  calvitie 
soit  définitive. 

Les  altérations  qu'on  trouve  dans  le  follicule  pileux  ou  les 
glandes  annexes  nous  expliquent  la  plus  grande  partie  des 
phénomènes  précédents.   La  suspension  de  toute  sécré- 
tion de  la  sueur  et  de  la  matière  sébacée  entraîne  la  séche- 
resse de  la  partie  affectée  et  des  poils.  Les  parois  du  folli- 
cule sécrètent  en  abondance  des  squamules  qui  remplissent 
le  canal  de  la  glande  pilifère.  La  papille  qui  porte  le  poil 
reste  intacte  pendant  longtemps;  mais  il  peut  arriver  que  sa 
nutrition  soit  troublée  à  son  tour  :  il  en  résulte  alors  que  les 
poils  sont  plus  ou  moins  atrophiés  et  que  leur  chute,  d'abord 
temporaire,  devient  permanente  si  les  altérations  de  la  pa- 
pille sont  considérables. 

Un  dernier  symptôme  du  pityriasis  arthritique,  c'est  le 
prurit  qui  est  souvent  remplacé  par  des  picotements  ou  par 
des  élancements. 

Marche  et  durée.  -  Cette  uffection  pi-ésente  une  marche 


1<^2  AmnitlTIDES  SQlIAMCrSF.S. 

clironifjiip.  Elle  pout  exister  pendant  un  temps  qui  varie  de 
plusieurs  mois  à  plusieurs  années;  elle  est  (rês  sujelte  à  ré- 
cidiver. Une  calvitie  temporaire,  souvent  permanente,  est 
le  résultat  ordinaire  du  pityriasis  arthritique. 

Éliologic.   -  Le  pityriasis  arthritique  s'observe  dans  les  • 
deux  sexes,  mais  plus  souvent  dans  le  sexe  masculin. 

Il  se  montre  dans  la  jeunesse  et  principalement  dans  1  âge 
adulte. 

Au  nombre  des  causes  occasionnelles,  nous  plaçons  les 
pommades  ouïes  cosmétiques  de  mauvaise  qualité,  les  lotions 
irritantes,  le  contact  prolongé  de  la  sueur  qui,  chez  les  sujets 
arthritiques,  est  très  abondante  dans  quelques  régions  comme 
les  parties  génitales,  la  tète,  etc. 

Enfin  l'afTection  dont  il  est  question  est  déterminée  par 
une  cause  générale,  la  diathèse  arthritique. 

Diagnostic.  —  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  les  caractères 
quifont  reconnaître  le  pityriasis  arthritique.  Nous  aborderons 
immédiatement  une  question  de  diagnostic  très  importante. 

Comment  distinguerons-nous  le  pityriasis  arthritique  du 
pityriasis  dartreux  et  du  pseudo-pityriasis  qui  succède  à  l'ec- 
zéma du  cuir  chevelu  chez  les  sujets  scrofuleux? 

Le  pityriasis  dartreux  a  son  siège  dans  le  réseau  papillaire 
du  derme  et  non  dans  le  follicule  pileux  :  aussi  peut-il  occu- 
per des  régions  dépoui  vues  de  poils  et  s'étendre  à  de  grandes 
surfaces,  par  exemple,  à  tout  le  cuir  chevelu.  Lorsqu'il  se 
développe  sur  des  parties  velues,  les  poils  sont  respectés  et 
ne  tombent  qu'exceptionnellement,  si  l'inflammation  aug- 
mentée quelquefois  par  des  topiques  irritants  se  propage  aux 
bulbes  pileux. 

Aces  caractères  du  pityriasis  dartreux  on  peut  opposer  ceux 
du  pityriasis  arthritique.  Celui-ci  occupe  les  follicules  pileux 


PITYRIASIS  ARTHRITIQUE.  153 

et  se  monlre  par  conséquent  dans  les  régions  velues  :  les  poils 
sont  altérés,  tonnbent  et  ne  repoussent  plus  dans  quelques  cas. 

Chez  les  scrofuleux,  il  n'est  pas  rare  d'observer  à  la  suite 
d'un  eczéma  chronique  un  pseudo-pityriasis  qui  est  difficile 
de  distinguer  du  pityriasis  arthritique.  Cependant  on  parvien- 
dra dans  la  plupart  des  cas  à  établir  le  diagnostic  différen- 
tiel. Dans  l'eczéma,  on  apprendra  qu'une  sécrétion  plus  ou 
moins  abondante  existait  au  début  de  l'affection  ;  le  pityriasis 
est  squameux  dans  toutes  ses  périodes.  Le  faux  pityriasis 

présente  des  squames  plus  épaisses,  un  peu  jaunes,  qui  ont 
un  certain  aspect  d'humidité;  le  pityriasis  est  caractérisé  par 
des  squames  sèches,  plus  lines  et  grisâtres.  Enfin  celui-là 

occupe  des  lieux  de  prédilection,  derrière  les  oreilles  ou  sur 
le  pavillon  auriculaire  ;  il  n'est  pas  accompagné  de  prurit  et 
de  picotements,  qui  existent  constamment  dans  le  pityriasis 
arthritique. 

L'acné  sébacée  se  manifeste  par  une  sécrétion  huileuse  qui 
se  conci  cle  sous  la  forme  de  squames  grasses,  un  peu  molles 
jaunâtres  ou  brunâtres.  On  ne  saurait  confondre  ces  squames 
lavec  celles  du  pityriasis  que  nous  connaissons  :  squames 
sèches,  fines  et  grisâtres. 

!  Pronostic.  —  Le  pityriasis  arthritique  est  une  affection 
rebelle  et  très  sujette  à  récidiver.  Il  amène  une  calvitie  tem- 
poraire et  souvent  permanente  ^  c'est  là  un  inconvénient 
grave,  surtout  chez  la  femme,  qui  voit  ainsi  disparaître  un  de 

^ses  plus  beaux  ornements. 

Traitement.  —  La  difficulté  qu'on  éprouve  à  guérir  le  pi- 
tyriasis arthritique  nous  engage  à  nous  arrêter  quelque  temps 
sur  son  traitement.  Voici  ce  que  je  conseille  contre  cette 
an'ection. 

1"  J'ordonne  la  tisane  de  saponaire  ou  de  pensée  sauvage 


ARTHRITIDES  SQUAMEUSES. 

édulcorée  avec  le  sirop  de  fumelerre  ou  d'orme  pyramidal. 

2"  Le  malade  prend  malin  et  soir ,  une  heure  avant  le 
repas,  une  cuillerée  à  soupe  de  sirop  alcalin  ; 

Sirop  de  saponaire,  de  lolu,  de  fumelerre,  etc.. .    500  grarn. 
Bicarbonate  de  soude   4  à  10  gram, 

3"  Je  prescris  une  eau  alcaline  aux  repas,  soit  de  l'eau 
de  Vichy  arlificielle,  soit  celles  de  Châleldon,  de  Fougues,  de 
Vittel  ou  toute  autre  se  rapprochant  de  ces  dernières  par 
leurs  vertus  thérapeuliques. 

à"  On  fait  raser  ou  couper,  à  quelques  millimètres  de  la 
peau,  les  cheveux  ou  les  poils  qui  recouvrent  les  parties 
malades. 

5°  Tous  les  trois  jours,  je  recommande  de  badigeonner  à 
l'huile  de  cade  les  surfaces  affectées. 

6°  On  emploie  trois  ou  quaire  fois  par  jour  les  lotions  avec 
une  solution  de  glycérine  ou  de  saponine  et  une  faible  dose 
de  carbonate  de  soude  : 

Eau  de  son   500  gram, 

Glycérine  anglaise   30  grain. 

Carbonate  de  soude   0,25  à  1  gram. 

7°  On  peut  varier  les  bains  et  donner  :  bains  alcalins  et 
bains  de  vapeur,  douches  alcalines  et  douches  de  vapeur. 

8°  Enfin,  il  faut  surveiller  le  régime  qui  doit  être  approprié 
à  la  maladie  constitutionnelle. 

§  II.  —  Psoriasis  arthritique. 


Le  psoriasis  est  une  affection  cutanée  qui  est  caractérisée 
par  des  squames  épaisses,  imbriquées,  adiiérentes,  blanches  et 


PSORIASIS  ARTHRITIQUE.  155 

comme  nacrées,  reposant  sur  des  plaques  irrégulières,  rouges 
et  saillantes  au-dessus  du  niveau  de  la  peau;  il  a  été  décrit  par 
Alibert  sous  le  nom  (V herpès  fur fureux  arrondi.  Il  se  montre 
comme  symptôme  dans  deux  maladies  constitutionnelles  : 
Varthrilis  et  la  dartre.  Il  existe  donc  1°  un  psoriasis  arthri- 
tique dont  nous  allons  tracer  les  caractères,  2°  un  psoriasis 
dartreux  qui  est  observé  beaucoup  plus  fréquemment  et  que 

I  nous  étudierons  dans  la  partie  consacrée  aux  herpétid^s. 
Siège.  —  Le  psoriasis  arthritique,  à  l'exemple  des  arthri- 
tides  en  général,  a  pour  sièges  de  prédilection  les  parties  gé- 
nitales et  les  régions  exposées  à  l'air  :  la  tête ,  la  partie 
antérieure  de  la  poitrine,  la  paume  des  mains  et  aussi  la 

'  plante  des  pieds.  Il  se  montre  rarement  aux  coudes  et  aux 
genoux,  sur  lesquels  se  développe  de  préférence  le  psoriasis 
dartreux. 

Symptômes. —  Suivant  l'aspect,  nous  établissons  deux 
variétés  de  psoriasis  arthritique  :  1°  le  psoriasis  scarlalini- 
forme,  2°  le  psoriasis  nummulaire. 

a.  Psoriasis  scarlaii?ii forme.  —  Il  présente  une  marche 
plus  aiguë  que  la  variété  suivante.  Dans  la  plupart  des  cas, 
il  se  développe  simultanément  à  la  plante  des  pieds,  à  la 
paume  des  mains,  à  la  racine  des  cheveux  et  aux  organes  gé- 
nitaux ,  cependant,  il  peut  aussi  apparaître  successivement 
sur  ces  différentes  régions  ou  se  borner  à  quelques-unes 
d'entre  elles. 

Il  est  caractérisé  par  un  sentiment  de  brûlure,  de  tension 
et  par  des  élancements  dans  les  parties  aflectées^  il  offre 
une  desquamation  qui  a  lieu  par  larges  plaques  épidermi- 
ques  analogues  à  celles  qu'on  observe  dans  la  scarlatine, 
i  Au-dessous  dos  squames,  la  peau  est  épaissie  et  présente 
W  une  coloration  d'uii  rouge  vif  ou  même  d'un  rouge  lie-de- 


1 


ARTHRITIDI'S  SQUAMHUStS. 

vin,  qui  ressemble  à  la  couleur  deréruplion  scarlalineuse. 

La  paume  des  mains  et  la  plante  des  pieds  sont  pourvues 
d'un  épidémie  très  résistant;  sur  ces  régions,  les  sfjuaines 
sont  plus  épaisses  et  se  font  remarquer  par  des  fissures  pro- 
fondes, desquelles  s'écoule  une  sérosité  plastique  qui  se  con- 
crète sous  forme  de  croûtes.  Les  mains  et  les  pieds  sont  le 
siège  d'une  douleur  et  d'une  tension  très  vives  qui  les  rendent 
immobiles:  les  doigts  elles  orteils  sont  ordinairement  demi- 
fléchis  et  retenus  dans  cette  position. 

b.  Psoriasis  nummulaire. —  Cette  variété  de  psoriasis 
arlbritique  offre  une  marche  chronique;  elle  occupe  à  peu 
près  les  mêmes  régions  que  la  variété  j^soriasis  scarlatini- 
forme. 

Le  psoriasis  nummulaire  présente  des  squames  qui  res- 
semblent à  celles  du  psoriasis  dartreux;  cependant  elles  en 
diffèrent  à  plusieurs  égards.  Ainsi,  elles  n'ont  jamais  ni  la 
couleur  blanche,  argentée,  \n  l'étal  de  sécheresse  si  remar- 
quable qui  caractérisent  les  squames  du  psoriasis  dartreux; 
elles  ofl'rcnt  toujours  une  humidité  ou  un  aspect  particulier 
qui  la  rappelle,  humidité  due  à  une  sécrétion  inlerniittenle 
des  surfaces  malades. 

Cette  affection  est  successivement,  parfois  simultanément, 
squameuse  et  humide.  Il  devient  alors  difficile  de  décider  si 
l'on  a  affaire  à  un  eczéma  ou  à  un  psoriasis. 

On  trouve,  sur  une  des  régions  indiquées  plus  haut,  de 
larges  plaques  rouges,  irrégulièrement  arrondies,  légèrement 
saillantes,  couvertes  d'un  liquide  séro-plastique  sur  une 
partie  de  leur  étendue;  sur  quelques  points,  on  observe  des 
squames  épaisses  comme  celles  du  psoriasis,  mais  jaunâtres 
et  molles  comme  celles  de  l'eczéma.  Enfin,  sur  la  limite  ou 
dans  le  voisinage  des  plaques,  il  existe  des  squames  psoria- 


PSORIASIS  AUTHRITIQUK.  -157 

siques  parfaitement  reconnaissables  à  leur  couleur  blanche  et 
nacrée.  Dans  d'autres  cas,  on  ne  constate  qu'un  seul  élé- 
ment; mais  il  est  susceptible  d'être  remplacé  par  un  autre. 
Ainsi,  il  n'est  pas  rare  de  voir  l'affection  sécrétante  se 
transformer  en  affection  squameuse,  réciproquement,  le 
psoriasis  se  convertir  en  eczéma.  Je  considère  même  celte 
mutation  des  éléments  éruptifs  comme  un  des  caractères  du 
psoriasis  arthritique. 

Sur  les  plaques  nummulaires,  il  existe  encore  des  picote- 
ments ou  des  élancements  et,  de  temps  en  temps,  une  déman- 
geaison qui  pousse  le  malade  à  se  gratter.  Le  grattage  irrite 
les  surfaces  affectées  et  détermine  fréquemment  la  sécrétion 
intermittente  dont  nous  avons  parlé  précédemment. 

Marche  et  durée.  —  Le  psoriasis  scarlatiniforme  offre 
souvent  une  marche  aiguë  :  il  peut  alors  se  terminer 
dans  l'espace  de  quelques  semaines.  Mais  il  passe  quelque 
fois  à  l'état  chronique,  et  il  a  dans  ce  cas  une  durée  indéter- 
minée. 

Le  psoriasis  nummulaire  suit  toujours  une  marche  chro- 
nique; de  temps  en  temps,  on  observe  des  exacerbations 
pendant  lesquelles  l'affection  est  momentanément  k  l'état 
aigu.  Il  a  une  durée  toujours  longue  et  fort  variable  : 
il  existe  pendant  des  mois  et  des  années.  Il  est  sujet  à 
récidiver;  souvent  il  revient  à  des  saisons  ou  à  des  époques 
fixes 

Etiologie.  — Lq  psoriasis  arthritique  est  plus  fréquent 
chez  l'homme  que  chez  la  femme,  et  dans  l'âge  adulte  qu'à 
toute  autre  époque  de  la  vie. 

Nous  l'avons  souvent  observé  chez  des  sujets  arthritiques 
qui  avaient  été  atteints  de  syphilis. 

Diagnostic.  -  Dans  celte  affection,  les  lésions  sont  multi- 


158  ARTIIRITIDES  SQUAMEUSKS. 

pies  et  faciles  à  reconnaître  :  sécrélioii  de  sérosité  et  sécré- 
tion d'épiderme. 

Cette  variété  de  lésions  pourra  jeter  quelque  obscurité  sur 
le  diagnostic  du  genre.  En  etîel,  vous  vous  demanderez  en 
présence  de  la  sécrétion  séreuse,  si  vous  n'avez  pas  atï'air»* 
à  un  eczéma,  tandis  que  la  présence  de  squames  psoriasiques 
sur  d'autres  points  tendrait  à  vous  faire  admettre  un  psoriasis. 
Mais,  sachant  que  le  psoriasis  nummulaire  est  caractérisé 
par  l'association  des  lésions  de  l'eczéma  et  du  psoriasis,  vous 
ne  devrez  plus  hésiter  à  porter  votre  diagnostic. 

Après  avoir  reconnu  le  genre  de  l'affection,  il  faut  cher- 
cher à  en  connaître  la  nature.  Nous  savons  que  le  psoriasis 
n'appartient  qu'à  deux  maladies  constitutionnelles:  l'arthrilis 
etla  dartre.  Nous  rejetons  l'existence  du  psoriasis  syphilitique, 
et  nous  donnerons  plus  loin  les  raisons  qui  nous  ont  fait  ad- 
mettre cette  opinion.  Nous  n'avons  donc  à  nous  occuper  que 
du  diagnostic  différentiel  du  psoriasis  arthritique  et  du  pso- 
riasis dartreux. 

Nous  n'avons  pas  encore  étudié  le  psoriasis  dartreux; 
toutefois,  nous  pouvons  nommer  ici  ses  principaux  carac- 
tères pour  les  opposer  à  ceux  du  psoriasis  arthritique. 

Le  psoriasis  dartreux  présente  des  plaques  saillantes  et 
rouges,  couvertes  de  squames  sèches,  nacrées  et  imbriquées; 
il  se  développe  sur  toutes  les  parties  du  corps,  spéciale- 
ment aux  coudes  et  au  devant  des  genoux.  Enfin,  il  s'ac- 
compagne très  communément  de  démangeaisons  plus  ou 
moins  vives.  Nous  savons,  au  contraire,  que  le  psoriasis  ar- 
thritique présente  des  squames  moins  sèches,  quelquefois 
humides,  ayant  un  aspect  terne,  des  plaques  moins  proé- 
minentes et  moiiis  circonscrites;  il  occupe  de  préférence  la 
tête,  la  partie  antérieure  de  la  poitrine,  Tanus,  les  mains, 


PSORIASIS  ARTHRITIQUE.  159 

les  pieds  et  les  organes  génitaux;  les  parties  affectées  sont 
le  siège  de  picotements  et  d'élancements.  Tels  sont  les  ca- 
ractères objectifs,  à  l'aide  desquels  on  distinguera  entre  eux 
le  psoriasis  arthritique  et  le  psoriasis  dartreux.  On  trouvera 
encore  des  moyens  de  diagnostic  dans  les  antécédents  du 
malade. 

Lorsque  nous  nions  l'existence  du  psoriasis  syphilitique, 
nous  nous  éloignons  beaucoup  de  l'opinion  des  auteurs  qui 
vont  jusqu'à  le  considérer  comme  un  signe  certain  de  syphi- 
lis, s'il  est  limité  aux  mains  et  q,ux  pieds  (i). 

Pour  nous,  les  psoriasis  palmaria  et  planlaria  sont  toujours 
I  de  nature  arthritique.  Comment  concilier  cette  opinion  et 
celle  des  auteurs?  Ceux-ci  n'ont  pas  établi  la  distinction  entre 
,  la  lésion  primitive  et  la  lésion  secondaire.  De  cette  manière 

Iils  ont  décrit,  comme  étant  des  psoriasis,  la  syphilide  tuber- 
culeuse circonscrite,  la  roséole  et  les  plaques  muqueuses  des 
mains  :  ces  affections  sont  caractérisées  par  une  exfoliation 
épidermique  secondaire  dont  il  est  facile  de  constater  l'ana- 
logie avec  les  squames  du  psoriasis.  Au  point  de  vue  pratique, 
il  est  important  de  distinguer  le  psoriasis  proprement  dit  du 
psoriasis  syphilitique,  qui  n'est  qu'une  phase  de  l'évolution 
.de  quelques  syphilides. 

*    Les  affections  syphilitiques,  qui  présentent  une  exfoliation 

^épidermique  susceptible  d'être  confondue  avec  la  desquama- 
tion du  psoriasis,  sont  :  la  roséole,  les  plaques  muqueuses  de 
la  peau  et  la  syphilide  tuberculeuse  circonscrite. 

i  Si  la  roséole  s'accompagne  aux  mains  et  aux  pieds  d'une 
desquamation  qu'on  pourrait  prendre  pour  un  psoriasis,  le  dia- 

^gnostic  ne  saurait  être  incertain  longtemps,  quand  on  vient  à 

(I)  Voir  Hardy,  Leçons  sur  les  maladies  de  la  peau. 


160  ARllllUllDES  S(,>UAMi:USES. 

e.vainiiicr  les  aiilros  réi>ions  du  corps,  l'allé  ne  siège  jamais 
exeliisivoinent  aux  pieds  et  aux  mains;  elle  se  monlre  avec 
ses  caractères  propres  sur  le  tronc  et  les  membres. 

Les  plaques  muqueuses  et  le  psoriasis  des  mains  ont  des 
symptômes  objectifs  qui  ont  assurément  la  plus  grande  res- 
semblance. De  part  et  d'autre,  on  trouve  une  squame  blan- 
châtre, jaunâtre,  entourée  d'un  liséré  rouge  ou  de  cou- 
leur ocrée.  Mais  les  plaques  muqueuses  ne  se  développent 
pas  uniquement  à  la  plante  des  pieds  et  à  la  paume  des  mains  ; 
vous  en  trouverez  avec  des  caractères  mieux  accusés  à  l'anus, 
aux  parties  génitales,  sur  le  front,  etc. 

Lasyphilide  tuberculeuse,  pouvant  se  limiter  aux  mains  ou 
aux  pieds,  est  plus  difficile  à  distinguer  du  psoriasis  :  dans 
ces  deux  affections,  on  rencontre  des  squames  épaisses  et 
adhérentes.  Cependant  il  est  un  caractère  important  qui  ap- 
partient à  la  syphilide  tuberculeuse  :  les  squames  reposent  sur 
un  groupe  de  tubercules  faciles  à  apercevoir.  Les  antécédents 
du  malade  fourniront  aussi  des  renseignements  précieux. 

Si  vous  avez  établi  qu'une  affection  psoriasique  des  mains 
et  des  pieds  n'est  point  le  résultat  d'une  phase  de  l'évolu- 
tion d'une  syphilide,  il  vous  sera  possible  d'en  connaître  la  na- 
ture et  le  traitement  :  dans  ce  cas,  le  psoriasis  est  toujours 
de  nature  arthritique.  Aussi,  en  suivant  cette  voie,  sommes- 
nous  parvenu  à  guérir  plusieurs  malades  atteints  de  psoriasis 
palmaire  et  plantaire,  qui  avaient  été  traités  sans  succès  par 
la  médication  antisyphilitique. 

Pronostic.  —  Le  psoriasis  arthritique  est  une  afTection  qui 
est  rendue  sérieuse  par  sa  longue  durée  et  par  sa  facilité  à 
récidiver.  Il  siège  habituellement  sur  les  parties  découvertes, 
aux  organes  génitaux,  surtout,  aux  mains;  aussi,  produit-il 
des  inconvénients  beaucoup  plus  grands  que  le  psoriasis  dar- 


AlvnlUITlDES  nOUTO.WKUSES.  161 

li-cux,  afleclivon  qui  peut  rester  bénigne  pcn.lant  de  longues 
années  et  quelquefois  pendant  toute  l'existence  du  malade. 

Traitement.  —  Contre  le  psoriasis  artliriti(|ue  nous  em- 
ployons le  plus  habituellement  les  sudorifiqucs,  les  prépara- 
lions  alcalines,  antimoniales  et  de  colchique.  A  l'extérieur 
nous  recommandons  l'huile  de  cade,  les  pommades  avec  la 
glycérine  et  le  protochlorure  de  mercure,  avec  le  blanc  de  ha- 
leine et  le  sulfate  de  fer.  Nous  prescrivons  aussi  des  douches 
I  alcalines,  de  vapeur  et  des  bains  de  même  nature. 


CHAPITHE  III. 

DES  ARTHRITIDES  BOUTONNEUSES. 

Les  arthritides  boutonneuses  renferment  trois  genres  qui' 
sont  :  1»  le  prurigo,  2"  le  lichen,  3°  l'acné.  Ces  genres  pré- 
sentent plusieurs  variétés  dont  l'étude  se  rattache  à  l'histoire 
)  de  chaque  affection  en  .particulier. 

§  I.  —  Prurigo  arthritique.  ^^^^ 

Le  prurigo  est  une  affection  caractérisée  PWjes  papules 
,  isolées,  non  groupées  comme  celles  du  lichen,  sans  change- 
!  ment  de  couleur  à  la  peau,  accompagnées  de  démangeaisons 
i  très  vives  et  portant  habituellement  à  leur  sommet  de  petites 
croûtes  noirâtres  formées  par  une  gouttelette  de  sang  dessé- 
ché-, ces  croûtes  résultent  de  l'excoriation  des  papules  sous 
finfluence  du  grattage  exercé  par  le  malade.  Il  existe  un 
grand  nombre  d'espèces  de  prurigo  ;  nous  reconnaissons  un 
prurigo:  !•  scrofuleux,  2"  parasitaire,  3"  darlreux,  à"  ar- 
llu'ilique. 

11 


162  ARTHRITIDES  BOUTONNEUSES. 

Dans  nos  leçons  sur  lu  scroriilc,  nous  avons  parlé  du  pru- 
rigo scroi'uleux  (pii  est  caractérisé  par  des  papules  volumi- 
neuses et  par  l'absence  presque  coinpièle  de  dénfiangeaisons. 

Le  prurigo  parasitaire  s'observe  [)rincipaleiiient  dans  la 
vieillesse.  11  est  produit  par  des  parasites  végétaux  (Iriclio- - 
pliyton,  microsporon),  et  plus  souvent  [)ar  des  parasites  ani- 
maux (acarus  scabiei,  poux  du  pubis,  poux  de  corps,  de 
lôte,  etc.).  lia  été  décrit  parmi  les  affections  cutanées  para- 
sitaires. 

Le  prurigo  dartreux  présente  des  papules  petites  et  dissé- 
minées sur  la  surface  de  la  peau  ;  il  s'accompagne  de  dé- 
mangeaisons très  intenses,  quelquefois  intolérables,  qui  con- 
stituent le  symptôme  prédominant. 

Cette  espèce  sera  traitée  plus  lard  avec  détail,  lorsque  nous 
étudierons  les  affections  dartreuses. 

Pour  le  moment,  nous  nous  bornerons  à  quelques  consi- 
dérations sur  le  prurigo  arthritique. 

Le  prurigo  arthritique  occupe  de  préférence  la  face  anté- 
rieure de  la  poitrine,  les  faces  latérales  du  cou,  les  environs 
de  l'anus,  la  face  interne  des  cuisses  et  les  organes  génitaux. 
Il  est  caractérisé  par  des  papules  discrètes  qui  ont  le  volume 
de  celles  qu'on  trouve  dans  le  prurigo  dartreux  ;  mais  tandis 
que  ce  dernier  s'accompagne  d'un  prurit  franc  et  très  in- 
tense, le  prurigo  arthritique  présente  des  picotements  ou  des 
élancements  plutôt  qu'une  démangeaison  véritable.  Cette  af- 
fection paraît  influencée  dans  sa  marche  et  son  évolution  par 
les  saisons  et  par  la  température  :  le  froid  détermine  quelque- 
fois une  aggravation  et  peut  occasionner  des  récidives. 

Il  est  rare  que  le  prurigo  arthritique  ne  soit  pas  accompa- 
gné ou  précédé  de  diflèrentes  arthritides  telles  que  l'eczéma, 
le  lichen,  le  psoriasis,  etc.;  eniin,  nous  ajouterons  qu'il  se 


LICHEN  ARTHRITIQUE.  ItiS 

reiicoiilre  chez  les  sujets  qui  oiïietil  les  symptômes  généraux 
et  la  constitution  de  l'arthrilis. 

Le  prurigo  arthritique  est  ordinairement  une  aflection  d'une 
longue  durée,  et  il  est  sujet  à  récidiver.  Mais  sous  ces  deux 
rapports,  son  pronostic  n'est  pas  aussi  grave  que  celui  du 
prurigo  dartreux  dont  les  deux  symptômes  prédominants  sont 
la  persistance  et  la  facilité  à  se  reproduire. 

Il  sera  toujours  facile  d'arriver  au  diagnostic  du  genre 
qui  est  caractérisé  par  des  papules  couvertes  de  croûtes  san- 
guines et  par  des  picotements  ou  par  des  démangeaisons.  S'il 
s'agit  de  reconnaître  la  nature  de  l'affection,  la  question  pré- 
sente de  plus  grandes  ditîicultés.  Cependant,  on  parviendra  à 
déterminer  l'origine  du  prurigo  arthritique,  en  considérant 
ses  rapports  avec  les  affections  antérieures  ou  concomitantes, 
et  en  tenant  compté  de  quelques  symptômes  qui  lui  sont  pro- 
pres ;  ces  derniers  sont  :  l'existence  de  picotements  ou  d'élan- 
cements et  le  siège  de  l'éruption  dans  des  régions  spé- 
ciales. D'un  autre  côté,  on  rencontrera  presque  toujours, 
comme  nous  l'avons  dit,  soit  des  arthritides,  soit  des  phé- 
nomènes généraux  de  l'arthritis. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  davantage  sur  le  prurigo  ar- 
thritique ;  nous  en  donnerons  le  traitement  après  l'histoire 
des  autres  arthritides  boutonneuses, 

§  II.  —  Iiichen  arthritique. 

Le  lichen  est  une  affection  caractérisée  par  l'existence  de 
petites  papules,  groupées,  quelquefois  rouges,  présentant 
d'autres  fois  la  couleur  normale  des  téguments,  accompa- 
gnées de  prurit  ou  de  picotements,  et  plus  tard  par  un  épais- 
sissement  et  une  rudesse  particulière  de  lu  peau. 


I 


AUTiiumni-s  nouioNNEiiSEs. 

Les  autours  ont  décrit  un  grand  nombre  de  variétés  de 
liclien,  dont  la  plupart  sont,  pour  nous,  des  aircctions  diiïé- 
rentes  par  leur  nature. 

Dans  lesaflections  scrofuleuses,  j'ai  placé  la  xanélîi  lichen 
agrius  de  M.  Devergie. 

Dans  mes  leçons  sur  les  affections  cutanées  parasitaires, 
j'ai  donné  les  caractères  d'un  lichen  circonscrit  qui  appar- 
tient à  la  classe  des  pliyto-dermides  et  qui  se  montre  sou- 
vent sur  le  dos  des  mains,  des  poignets,  assez  fréquemment 
sur  les  parties  latérales  du  cou  et  sur  la  face  (page  155,  Leçons 
sur  les  affections  cutanées  parasitaires). 

Sous  le  nom  de  syphilide  papuleuse,  j'ai  décrit  le  lichen 
syphilitique,  la  seule  variété  de  lichen  dont  les  auteurs  aient 
indiqué  la  nature. 

Plus  tard,  nous  ferons  l'histoire  du  lichen  dartreux;  ici, 
nous  allons  nous  occuper  du  hchen  arthritique. 

Le  lichen  arthritique  comprend  trois  variétés  :  1°  lichen 
circonscrit,  2°  lichen  pi la?is,  3°  lichen  lividns. 

a.  Lichen  circonscrit.  —  Le  lichen  circonscrit  se  développe 
dans  quelques  régions  spéciales  qui  sont:  le  dos  des  avant- 
bras  et  des  mains,  le  côté  externe  des  membres,  le  front  et  les 
parties  génitales.  11  est  caractérisé  par  des  papules  nom- 
breuses et  groupées,  se  touchant  par  leur  base,  formant  des 
plaques  arrondies  qui  présentent  un  diamètre  de  3,  h  et 
5  centimètres.  Ces  plaques  ont  des  bords  bien  arrêtés  et 
offrent  une  coloration  rouge,  quelquefois  violacée;  elles  sont 
plus  ou  moins  nombreuses  :  on  en  peut  trouver  deux ,  trois, 
quatre  ou  un  plus  grand  nombre  sur  une  même  région.  Elles 
sont  accompagnées  de  picotements  ou  d'élancements  plutôt 
que  de  démangeaisons.  Bientôt,  les  pa|)ules  se  recouvrent  à 
leur  sommet  de  petites  squames  très  adhérentes;  après  une 


LICniiN  ARTHRITIQUE.  iC5 

certaine  durée  elles  disparaissent  complètement,  et  l'on  ne 
trouve  plus  qu'un  épaississement  marqué  de  la  peau  avec  des 
squames;  la  coloration  est  moins  intense  et  finit  par  s'éteindre. 
Dans  cet  état,  les  plaques  de  lichen  circonscrit  ressemblent 
beaucoup  à  l'eczéma  sec  de  nature  arthritique,  que  nous  al- 
lons bientôt  décrire. 

Marche,  durée,  terminaison.  —  Le  lichen  circonscrit  est 
une  affection  très  tenace  etsujetleà  récidiver;  cependant,  il  est 
destiné  à  disparaître  dans  un  temps  plus  ou  moins  éloigné, 
suivant  l'évolution  de  la  dialhèse  arthritique  dont  il  est  une 
manifestation.  Nous  verrons,  au  contraire,  que  le  lichen  dar- 
treux  persiste  et  quelquefois  se  généralise  à  mesure  que  la 
maladie  constitutionnelle  parcourt  ses  périodes. 

Diagnostic.  —  Il  est  en  général  facile  de  reconnaître  le 
lichen  circonscrit.  On  ne  saurait  le  confondre  avec  l'eczéma, 
dont  il  est  différencié  par  l'existence  des  papules  au  début, 
par  l'absence  de  sécrétion  et  l'épaississement  de  la  peau. 

Les  papules  du  lichen  sont  remplacées  par  des  squames  qui 
présenlentquelque  ressemblance  avec  cellesqui  appartiennent 
au  psoriasis;  mais  les  caractères  des  squames,  très  différents 
dans  les  deux  affections,  suffiront  à  établir  le  diagnostic. 

Le  diagnostic  du  genre  ne  présente  pas  de  grandes  diffi- 
cultés, comme  on  le  voit;  mais  celui  de  l'espèce  offre  sou- 
vent des  obstacles  iJus  considérables.  M.  Devergie  s'est 
appliqué  à  montrer  les  caractères  qui  distinguent  le  lichen 
simple;  il  a  fait  remarquer  que  cette  affection  a  son  siège 
de  prédilection  sur  la  partie  interne  des  membres  ou  sur  les 
régions  flexueuses,  tandis  que  le  lichen  en  plaques  se  déve- 
loppe de  préférence  sur  la  face  externe  des  membres.  L'ob- 
servateur s'est  borné  à  constater  les  faits  précédents  dont  il 
n'a  tiré  aucune  conclusion.  Il  admet  aussi  la  contagion  du 


'Ififi  ARTHRITIDKS  KOLTONNEUSHS. 

lichen,  (jui  se  montre  nlors  sous  forme  de  plaques.  Or,  il  est 
évident  pour  nous  (jue  eet  auteur  a  confondu  dans  cette  cir- 
constance le  lichen  circonscrit  arthritique  avec  le  lichen  cir- 
conscrit parasitaire,  puisque  ce  dernier  est  le  seul  qui  soit 
contagieux. 

M.  Hardy  place  le  lichen  circonscrit  parmi  les  affections 
darlreuses. 

Les  caractères  objectifs  et  la  marche  du  lichen  circonscrit, 
ses  rapports  fréquents  avec  des  affections  arthritiques  nous 
ont  démontré  qu'il  était  symptomatique  de  l'ai  thritis.  Com- 
ment le  distinguerons-nous  du  lichen  dartreux  ,  scrofuleux, 
syphilitique  et  parasitaire? 

Le  lichen  dartreux  est  caractérisé  par  des  papules  peu  vo- 
lumineuses, qui  forment  des  groupes  disséminés  sur  les  diffé- 
rentes régions  du  corps,  et  qui  existent  principalement  à  la 
partie  interne  des  membres.  Il  s'accompagne  de  démangeai- 
sons excessivement  vives  et  persistant  quelquefois  en  l'ab- 
sence de  toute  éruption  ;  il  coïncide  fréquemment  avec  des 
migraines,  des  gastralgies  ou  d'autres  névralgies  herpé- 
tiques. Le  lichen  circonscrit  se  montre  sous  la  forme  de  pla- 
ques arrondies  qui  occuperil  le  dos  des  mains,  des  pieds, 
des  avant-bras  et  en  général  la  partie  externe  des  membres. 
Il  ne  détermine  pas  un  prurit  franc,  mais  des  élancements, 
des  picotements  ou  de  la  cuisson;  enfin,  il  coexiste  souven 
avec  des  migraines,  des  gastralgies  ou  d'autres  névroses  d 
nature  arthritique. 

Il  sera  facile  de  distinguer  le  lichen  arthritique  du  liche 
scrofuleux.  Celui-ci  est  formé  par  de  grosses  papules  dont  I 
plupart  se  recouvrent  à  leur  sommet  de  vésicules  et  de  pus- 
tules :  il  se  développe  en  général  sur  de  larges  surfaces;  s'il 
est  circonscrit,  il  se  montre  aux  plis  du  jarret  et  du  coude; 


LICHEN  AUTHRITIQUE.  167 

il  est  accompagné  de  démangeaisons  presque  nulles,  el  il 
existe  principalement  chez  les  enfants  de  douze  à  quinze  ans. 
A  ces  caractères  on  peut  opposer  ceux  du  lichen  arthritique  : 
plaques  circonscrites,  sèches,  couvertes  de  petites  papules 
qui  occupent  des  surfaces  limitées  sur  le  dos  des  mains  et  des 
avant-bras,  sur  le  front,  etc.,  démangeaisons  ou  picotements 
et  élancements,  développement  de  cette  affect^ion  chez  les 
adultes. 

La  coloration  cuivrée  de  l'éruption,  l'absence  de  prurit,  la 
présence  du  chancre,  de  plaques  muqueuses  ou  de  végétations 
établiront  la  nature  du  lichen  syphilitique  et  l'enqiôcheront 
d'être  confondu  avec  le  lichen  arthritique. 

I  Le  diagnostic  différentiel  du  lichen  parasitaire  et  du  lichen 
arthritique  présente  parfois  de  grandes  difllcultés.  Si  l'affec- 
tion existe  sur  des  parties  velues,  l'examen  des  poils  nous 
fournira  des  renseignements  précieux  :  en  effet,  nous  savons 
que  dans  le  lichen  parasitaire,  les  poils  sont  altérés  dans  leur 

Istructure,  cassés  et  revêtus  d'une  gaîne  blanche  particulière. 

La  présence  d'anneaux  herpétiques  ou  de  débris  de  cer» 
oies  d'herpès  sur  le  visage,  le  cou,  le  dos  des  mains  et  sur 
îd'autres  régions,  nous  mettra  encoresur  la  voiedu  diagnostic. 
Enfin,  nous  mettrons  à  profit  les  données  fouiuies  par  la 
marche  et  le  début  de  l'affection. 

\  Pronostic.  —  Le  lichen  circonscrit  est  difficile  à  guérir;  il 
est  aussi  très  sujet  à  récidiver  :  à  ces  deux  points  de  vue,  il 
présente  donc  quelque  gravité.  Toutefois,  cette  affection  doit 
disparaître  un  jour,  si  ladiathèse  arthritique  fait  des  progrès; 
elle  peut^Micore  cesser  d'exister, si  Ja  maladie  constitution- 
nelle présente  un  temps  d'ariôt. 

Nous  renvoyons  l'étude  des  causes  et  du  traitement  après 
la  description  do  toutes  les  arthritides  boutonneuses. 


I 


168  ARTHIUTIDES  ROLTONNEUSES. 

I).  lAcJten  pilaris  {nitis  anserina).  —  \m  liclicii  [)ilaris  est 
cai  aclérisé  par  des  pa[)uk'S  traversées  par  un  poil  cl  plus  vo- 
luMiineuses  que  celles  du  lichen  simple. 

Siège. -^W  se  moulre  dans  la  barbe,  sur  la  partie  anté- 
rieure de  la  poitrine  et  sur  la  face  externe  des  membres  qui' 
supporte  des  poils-,  il  s'observe  ordinairement  aux  jambes. 
AI.  Hardy  n'admet  pas  le  lichen  pilaris;  il  pense  que  cette 
alVection  n'est  qu'une  variété  de  pityriasis,  qu'il  décrit  sous  le 
nom  de  pityriasis  pilaris. 

D'après  les  (liiïérences  qu'on  peut  trouver  dans  la  lésion  élé- 
mentaire, j'établis  deux  variétés  de  lichen  pilaris  :  1°  Lichen 
par  Iiypertrophie  pajnllaire,  2°  lichen  par  allération  fonc- 
tionnelle de  la  papille. 

1°  Dans  la  première  variété,  on  ►rencontre  de  grosses  pa- 
pules traversées  par  un  poil,  constituées  par  l'hypertro- 
phie du  follicule  pileux  et  de  la  papille  pilifère.  La  peau 
présente  alors  un  aspect  rugueux  qui  ressemble  à  cet 
état  qu'on  désigne  communément  sous  le  nom  de  chair 
de  poule;  c'est  de  là  que  vient  aussi  la  dénomination  de 
cutis  anserina. 

Les  démangeaisons  sont  peu  vives  et  sont  habituellement 
remplacées  par  des  picotements;  on  n'observe  la  chute  des 
poils  qu'après  une  longue  durée  de  l'affection. 

2°  Dans  la  seconde  variété  de  lichen  pilaris,  la  j)apille  pili- 
fère présente  une  grave  altération  fonctionnelle.  Elle  ne 
donne  plus  naissance  au  poil;  elle  sécrète  une  matière 
glulineuse  qui,  examinée  au  microscope,  se  montre  com- 
posée de  cellules  épidermiqucs  molles,  polyédriques  et  pour- 
vues d'un  noyau  très  visible.  Cotte  variété  de  lichen  pilaris  se 
rapproche  un  peu  du  pityriasis  capilis  caractérisé  par  une  hy- 
persécrétion épidermiquc  qui  se  l'ait  aux  dépens  des  parois  du 


LICHEN  ARTHRITIQUE.  lOJ 

follicule  pileux.  Mais,  dans  la  première  affection,  on  Irouve 
une  sécrétion  d'épiderme  muqueux  qui  a  lieu  dans  la  pa- 
pille elle-même;  dans  la  seconde,  on  observe  de  véritables 
cellules  épidermiques  aplaties,  déformées  et  disposées  sous  ' 
la  forme  de  lamelles  ou  furfures. 

I.e  licncn  pilaris  par  altération  fonctionnelle  de  la  papille 
offre  des  symptômes  qui  lui  sont  propres.  11  est  caractérisé 
par  des  papules  petites,  déprimées  à  leur  centre,  d'une 
couleur  jaunâtre  ou  brunâtre  et  disposées  en  plaques. 
Ces  plaques  ont  un  aspect  singulier  :  elles  ressemblent  à 
une  croûte  de  pain  légèrement  brûlée  et  superficiellement 
râpée. 

Les  éléments  du  poil  cessent  d'être  sécrétés  de  bonne 
heure;  aussi  les  papules  ne  sont  point  traversées  par  un  poil 
comme  celles  du  lichen  par  hypertrophie  papillaire. 

Diagnostic.  —  On  ne  saurait  confondre  le  lichen  pilaris 
avec  le  pityriasis  capilis.  Ce  dernier  est  une  affection  squa- 
meuse; le  premier  est  une  affection  papuleuse,  et  il  présente 
des  croûtes  jaunes  ou  brunâtres  qui  donnent  à  l'éruption  une 
physionomie  particulière.  Il  faudra  surtout  chercher  à  éta- 
blir ulie  distinction  entre  le  lichen  pilaris  et  l'acné  pilaris 
que  nous  allons  bientôt  étudier. 

Pronostic.  —  Le  lichen  pilaris  présente  un  pronostic  qui 
est  rendu  sérieux  par  la  ténacité,  la  longue  durée  et  la  réci- 
dive de  l'éruption. 

c.  Lichen  lividus. — Depuis  longtemps,  j'ai  fait  connaître 
une  variété  de  lichen  que  j'ai  nommée  licheîi  à  papules  dé- 
primées ;  celte  affection  n'est  pas  décrite  dans  les  auteurs. 
Elle  est  caractérisée  par  des  papules  plus  volumineuses  que 
colles  des  autres  variétés  de  lichen,  aplaties  et  se  réunissant 
par  groupes  de  deux,  trois,  quatre  ou  en  plus  grand  nombre, 


ARTHRITIDES  BOUTONNLUSKS. 

pour  former  des  plaques  ;  les  ciéinangeaisons  sont  nulles  ou  f 
peu  marquées. 

Dans  quelques  circonstances,  l'éruption  revêt  une  teinte 
violacée  5  les  papules  sont  mélangées  de  taches  hémorrhagi- 
ques  et  entourées  d'une  coloration  livide  :  c'est  à  celte  variété  . 
que  les  auteurs  ont  imposé  le  nom  de  lichen  lividus.  Celui-ci 
n'est  donc  que  le  lichen  à  papules  déprimées  avec  la  ten- 
dance spéciale  aux  hémorrhagies  qu'on  rencontre  souvent 
dans  les  affections  arthritiques. 

Siège.  —  Le  lichen  à  papules  déprimées  se  développe  de  j 
préférence  sur  le  front,  le  menton,  le  nez,  les  oreilles  et  les  | 
membres  ;  toutefois,  je  l'ai  souvent  observé  sur  le  tronc. 

Nature.  —  Lorsque  je  connus  pour  la  première  fois  le  ■ 
lichen  à  papules  déprimées,  je  crus  que  cette  affection  était  [ 
d'origine  syphilitique.  Plus  tard,  je  constatai  que  le  hchen  li-  i 
vidus  est  toujours  symplomatique  de  l'arthritis. 

S  III.  —  Acné  arthritique. 

On  désigne  sous  le  nom  d'acné  toutes  les  affections  des 
glandes  sébacées,  à  l'exception  des  tumeurs  connues  sous  le 
nom  de  loupes,  qui  sont  dues  à  l'obliléralion  des  orifices  ex- 
térieurs de  ces  glandes  et  à  la  dilatation  de  leurs  conduits. 

L'acné  présente  deux  modes  palhogéniques  :  le  mode  hy- 
pertrophique  et  le  mode  inflammatoire. 

Les  variétés  d'acné  qui  offrent  le  mode  hyperlrophique, 
sont  l'acné  varioliforme  et  l'acné  végétante.  Les  variétés  qui 
affectent  le  mode  inflanuiiatoire,  sont  l'acné  miliaire,  pustu- 
leuse, indurata,  etc. 

Alibert  avait  reconnu  que  l'acné  indiquait  un  état  consti- 
tutionnel; il  en  avait  fait  un  genre  de  ses  dermatoses  dar- 


ACNÉ  ARTHRITIQUE.  17! 

(relises,  sous  la  dénoniinalion  de  varus.  Il  avait  même 
ajouté  au  groupe  des  affections  acnéiques  la  mentagre  et 
]a  couperose.  Cet  auteur  ne  s'est  pas  mépris  seulement  sur 
la  nature  de  l'acné,  mais  il  a  commis  aussi  une  erreur  sur 
le  siège  de  l'affection  :  la  mentagre  a  son  siège  dans  les  folli- 
cules pileux  et  non  dans  les  glandes  sébacées  -,  la  couperose 
est  une  affection  érythémateuse. 

L'acné  appartient  à  trois  maladies  constitutionnelles  :  la 
scrofule,  l'arlhritis  et  la  syphilis.  Elle 'peut  encore  se  mon- 
trer à  titre  d'affection  artificielle-,  elle  est  produite  alors  par 
la  malpropreté  ou  des  lotions  irritantes.  I/acné  est  peut-être 
de  nature  parasitaire  ;  mais  elle  n'est  jamais  symptomatique 
de  la  dartre. 

Nous  venons  d'admettre  la  possibilité  que  l'acné  soit  une 
affection  parasitaire.  Nous  devons  donner  des  explications 
au  sujet  de  cette  nouvelle  espèce,  sur  l'existence  de  laquelle 
nous  faisons  des  restrictions. 

Grâce  au  concours  et  à  l'obligeance  de  M.  Lanquetin,  nous 
avons  vu  l'acare  folliculaire  décrit  par  M.  Simon.  Depuis 
cette  époque,  nous  avons  retrouvé  et  observé  plusieurs  fois  ce 
parasite  qui  n'existerait,  s'il  faut  en  croire  notre  expérience 
encore  jeune  sur  ce  point  de  pathologie  cutanée,  que  dans 
les  follicules  sébacés  à  l'état  sain.  C'est  en  vain  que  nous 
avons  recherché  l'acare  folliculaire  dans  un  cas  qui  se  prêtait 
merveilleusement  à  nos  investigations.  Notre  confrère,  le 
docteur  Marliti  (de  Marseille),  nous  a  adressé  un  malade  qui 
présente  une  hypertrophie  énorme  de  la  plupart  des  glandes 
sébacées  du  tronc  et  de  la  face.  On  voit  dans  ces  régions  des 
tumeurs  folliculaires  qui  dépassent  le  volume  du  poing;  on 
en  peut  extraire  des  masses  considérables  de  matièi-e  séba- 
cée. Celle-ci  a  été  examinée  au  microscope  par  M.  Lanquetin 


172  AirrmuTiDi'.s  nouroNMLLsr.s. 

et  pr  nous  ;  ni  l'un  ni  l'autre  n'avons  aperçu  l'acare  folli- 
culaire. Le  parasite  ne  se  (lévelop[)erait-il  que  dans  les 
glandi's  sél.acées  à  l'état  normal  ?  Dans  ce  cas,  il  ne  jouerait 
pas  un  rôle  considérable  dans  la  production  des  anéctions  pa- 
tlio!ogiques  de  la  peau.  Toutefois  je  ne  me  prononce  pas,  cU 
des  recherches  nouvelles  sont  nécessaires  pour  résoudre 
c,  tte  intéressante  question. 

Dans  mes  leçons  sur  la  scrofule,  je  considérais  toutes  les 
formes  de  l'acné  comme  étant,  dans  la  plupart  des  cas,  des 
manifestations scrofuleuses.  Cette  opinion  était  trop  absolue: 
l'observation  m'a  prouvé  qu'un  certain  nombre  d'affections 
acnéiques  devaient  être  rattachées  à  l'arthritis. 

Les  variétés  d'acné  qu'on  peut  rencontrer  dans  cette  ma- 
ladie constitutionnelle  sont  :  1°  l'acné  miliaire,  2°  l'acné 
pilaris,  3°  l'acné  indurala,  li°  l'acné  rosea. 

a.  A^mé  miliaire.  —  L'acné  miliaire  est  caractérisée  par 
des  pustules  très  petites,  acuminées,  entourées  d'une  aréole 
rouge  ou  rosée,  et  constituées  par  un  mélange  de  matière 
sébacée,  de  lymphe  plastique  et  de  sérosité  purulente;  elles 
sont  disposées  en  groupes  sur  le  front,  les  tempes,  le  nez  et 
le  menton.  Dans  quelques  cas,  l'éruption  est  étendue  cà 
toute  la  suface  du  corps  ;  les  pustules  sont  même  réunies  de 
manière  à  former  des  arcs  de  cercle,  des  ellipses  ,  des 
grappes,  etc.  L'affection  se  manifeste  ordinairement  par  des 
poussées  successives;  elle  occasionne  un  peu  de  démangeai- 
son ou  de  légers  picotements. 

L'acné  miliaire  ressemble  assez  bien  à  l'acné  syphili- 
tique :  je  vais  rapporter  un  exemple  remarquable  d'une  erreur 
qui  avait  été  commise  au  sujet  de  celle  affection.  Une  jeune 
fille  présenlail  un  grand  nombre  de  groupes  de  pustules  mi- 
liaires  figurant  des  arcs  de  cercle,  des  ellipses  ou  des  grappes, 


ACNÉ  ARTHRITIQUE.  173 

disséminés  sur  le  Ironc,  la  face  et  les  membres.  La  disposi- 
tion des  éléments  éruplifs  et  leur  généralisation  avaient  fait 
admettre  l'existence  d'une  sypliilide.  Cependant,  la  malade 
était  jeune  et  dans  des  conditions  sociales  qui  devaient  la 
mettre  à  l'abri  du  soupçon  :  je  fis  des  recherches,  et,  soit 
chez  la  jeune  fdle,  soit  chez  les  parents,  je  ne  découvris  rien 
qui  pût  indiquer  la  syphilis.  Mais  j'appris  que  la  malade  avait 
eu  des  douleurs  rhumatismales  et  d'autres  affections  arthri- 
tiques, que  ses  parents  présentaient  aussi  des  symptômes 
J'arlhritis;  dès  lors  j'éloignai  l'idée  de  syphilis  et  je  pensai 
jue  cette  acné  pourrait  bien  tenir  à  la  diathèse  arthritique. 

;  Depuis  que  mon  attention  a  été  éveillée  sur  ce  point,  j'ai  ob- 

^ serve  plusieurs  cas  semblables. 

Dans  le  diagnoslic,  il  faut  surtout  s'attacher  à  distinguer 
l'acné  miliaire  arthritique  de  l'acné  miliaire  syphilitique.  De 
part  et  d'autre,  l'affection  présente  les  mômes  symptômes  dans 

;  a  période  de  début  et  dans  la  période  d'état.  Ainsi,  l'on  trou- 
vera des  pustules  traversées  par  un  poil,  entourées  d'une  au- 
éole  d'un  rouge  vif  et  le  même  assemblage  des  éléments 
èruptifs.La  teinte  cuivrée,  qu'on  rencontre  si  souvent  dans  les 
'ruptipns  syphilitiques,  n'existe  pas  dans  la  syphilide  qui  esten 

) ]uestion.  Pendant  les  deux  premières  périodes  de  l'affection 
acnéique,le  diagnosticne  s'appuieraquesurles  antécédents  du 
malade  ;  plus  tard,  on  trouvera  des  caractères  objectifs  diffé- 
rents dans  l'acné  syphilitique  et  l'acné  arthritique.  La  pre- 
mière offre  des  cicatrices  arrondies,  déprimées,  avec  la  teinte 
■^cuivrée  qui  caractérise  les  affections  cutanées  de  la  syphilis 
L't  qui  disparait  lentement  du  centre  vers  les  bords  de  la  ci- 
catrice. La  seconde,  c'est-à-dire  l'acné  arthritique,  laisse  des 
^cicatrices  plissées  et  non  cuivrées  comme  les  précédentes. 
*l^es  caractères  distinctifs  ne  sont  pas,  comme  on  pourrait  le 


i7i!»  AUTHHITIUKS  BOUTONNIiUSIiS. 

croire,  do  la  séméiologie  réirospeclivc.  En  olï'cl,  l'acné  nii- 
liaire  a  lien  sonvenl  par  ponssées  successives;  il  sufïil  d'a- 
voir constaté  une  fois  le  signe  dillerenliel  dont  il  s'agit,  pour 
que  le  diagnostic  soit  délHiilivement  établi. 

Il  sera  facile  de  distinguer  Tacné  miliaire  arthritique  de 
l'acné  miliaire  scrofuleuse.  Cette  dernière  se  montre  sur  le 
visage,  sur  les  épaules  ;  elle  est  associée  à  l'acné  punclala  et 
indurata;  enfin,  elle  ne  présente  pas  la  généralisation  que 
nous  avons  signalée  dans  l'acné  miliaire  arthritique  et  syphi- 
litique. 

b.  Acné  jnlaris.  —  L'acné  pilaris  est  une  adéction  assez 
fréquente  et  prise  très  souvent  pour  une  syphilide. 

L'acné  pilaris  se  caractérise  par  des  éléments  papuleux, 
pustuleux  au  sommet.  La  pustule  est  d'abord  ombiliquée 
et  traversée  au  centre  par  un  poil  ;  elle  se  dessèclie  promp- 
tementet  se  convertit  en  une  croûte  jaunâtre  qui  repose  sur 
une  saillie  arrondie,  rouge  et  indurée.  Lorsque  l'affection  a 
duré  un  certain  temps,  les  poils  tombent;  on  ne  constate 
plus  que  des  papules  recouvertes  de  croûtes  légèrement  dé- 
primées. Elle  laisse  habituellement  des  cicatrices  blanches  et 
indélébiles. 

L'éruption  se  montre  sous  la  forme  de  plaques  multiples, 
plus  ou  moins  circulaires.  Ordinairement  ces  plaques  se  juxta- 
posent et  représentent  des  ligures  variées  :  souvent  elles 
sont  disposées  en  un  demi-cercle  qui  part  d'une  tempe  pour 
se  rendre  à  l'autre;  là,  les  plaques  vont  se  continuer  avec 
celles  qui  occupent  les  favoris  et  la  barbe,  de  manière  à  en- 
cadrer la  plus  grande  partie  du  visage. 

Il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  à  la  nuque  ou  dans  le  cuir 
chevelu  cette  éruption  avec  la  disposition  précédente.  Enfin 
les  lèvres  supérieure  el  inférieure,  les  joues,  peuvent  aussi 


ACNÉ  ARTHRITIQUE.  175 

présenter  des  plaques  d'acné  pilaris  diversement  configu- 
rées. 

Dans  l'acné  pilaris,  la  lésion  consiste  dans  l'inflammation 
des  glandes  sébacées  qui  sont  annexées  au  follicule  pileux  ; 
elle  nous  explique  parfaitement  l'aspect  de  la  papulo-pustule 
qui  est  formée  par  un  tubercule  rouge,  sur  lequel  existe  une 
pustule  ombiliquée  et  traversée  au  centre  par  un  poil.  L'om- 
bilicalion  répond  à  l'ouverture  du  follicule  pileux  qui  a  con- 
servé son  volume  normal,  et  la  papulo-pustule  est  constituée 
par  les  glandes  annexes  hypertrophiées  et  enflammées.  Si 
l'inflammation  se  propage  au  follicule  pileux  et  à  la  papille 
[)ililere,  on  observe  la  chule  des  poils.  La  lésion  qu'on  trouve 
dans  l'acné  pilaris  diffère  donc  de  celle  du  lichen  pilaris; 
dans  cette  dernière  alTection,  elle  porte  dès  le  début  sur  le 
follicule  lui-môme. 

L'acné  pilaris  s  accompagne  de  quelques  picotements  ou 
[le  démangeaisons  peu  marquées  ;  elle  constitue  une  difformité 
)lulôt  qu'une  maladie.  Elle  a  une  longue  durée  et  présente 
le  fréquenlos  récidives. 

Diagnostic.  — La  description  précédente  nous  permet  de 
i-econnaître  l'acné  pilaris  dans  la  majoritédes  cas;  mais  cette 
iffection  a  quelque  ressemblance  avec  le  lichen  pilaris,  la 
Tientagre  et  la  syphilide  pustulo  crustacée  circonscrite. 

Dans  le  lichen  pilaris  par  hypertrophie  papillaire,  il  existe 
me  papule  acuminée,  formée  par  l'augmentation  du  follicule 
)ileux,  et  bien  différente  de  la  papulo-pustule  ombiliquée  de 
l'acné  pilaris. 

Dans  le  lichen  pilaris  par  altération  fonctionnelle  de  la 
lapiHe,  on  trouve  une  matière  muqueuse  qui  se  concrète 
lans  le  follicule  pileux  et  se  montre  au  dehors  sous  la  forme 
e  plaques  jaunâtres  ou  brunâtres.  Il  ne  faut  pas  confondre 


17rt  AKIIir,llll)i:.S  HOLTONNEUSI.S. 

ces  plaques  rugueuses  et  iué^j^ales  avec  celles  qui  ^'observunl 
tiaus  racué  pilaris. 

Dans  la  rnenlagre  pustuleuse,  c'est  le  follicule  pileux  qui 
est  enflammé;  il  en  résulte  une  pustule  acuminée  et  n(jn  dé- 
primée au  centre.  Au  contraire,  la  pustule  d'acné  piésenti; 
une  ombilication,  comme  nous  l'avons  remarqué. 

Beaucoup  d'auteurs  prennent  l'acné  pilaris  pour  la  sy[)lii- 
lide  pustulo-crustacée  circonscrite,  qui  débute  par  do  petites 
pustules  acnéiques  développées  souvent  sur  la  face  et  le 
cuir  chevelu.  Cependant,  on  reconnaîtra  cette  affection  aux 
symptômes  suivants  qui  manquent  dans  l'acné  pilaris  :  les 
pustules  n'ont  qu'une  durée  éphémère,  se  transforment 
rapidement  en  croûtes  entourées  d'une  auréole  cuivrée;  la 
chute  de  ces  croûtes  laisse  des  cicatrices  qui  présentent  une 
teinte  cuivrée  plus  prononcée  qu'au  début  de  l'éruption,  qui 
sont  lisses  et  bien  diflérentes  des  cicatrices  de  l'acné  [)ilaris 
analogues  à  celles  de  la  variole. 

c.  Acné  indurata.  — Dans  la  plupart  des  cas,  l'acné  in- 
durata  est  de  nature  scrofuleuse;  elle  peut  être  aussi  une 
affection  arthritique. 

Elle  est  caractérisée  par  des  pustules  volumineuses,  dures, 
rouges  à  la  base,  purulentes  au  sommet,  isolées,  quelque- 
fois confluentes;  un  certain  nombre  d'entre  elles  se  réunis- 
sent alors  et  forment  de  petits  groupes  tuberculeux.  Ces  pa- 
pules sont  le  résultat  d'un  travail  inflammatoire  qui  s'empare 
d'abord  de  la  glande  sébacée,  et  se  propage  consécutivement 
au  tissu  cellulaire  ambiant  :  la  suppuration  n'arrive  que  len- 
tement et  se  montre  au  sommet  des  petits  tubercules  rougos 
et  indurés. 

L'acné  indurala  affecte  une  marche  chromVjuc.  Elle  se 
termine  souvent  par  la  destruction  et  l'élimination  de  la 


m 


ACNÉ  ARTMRÎTTQtJF..  177 

I  glande  sébacée.  ()uelquefois  on  fait  sortir  par  la  pression,  tics 
pustules  acnéiques,  une  sorte  de  bourbillon  analogue  à  celui 
du  furoncle.  Dans  tous  les  cas,  il  reste  après  la  guérison  une 
cicalrice  oblongue  et  plissée. 

L'acné  indurata  de  nature  arthritique  se  montre  sous  la 

I  forme  de  plaques  sur  le  dos,  à  la  partie  postérieure  des 

!  épaules  et  à  la  partie  interne  des  cuisses. 

i  Diagnostic.  —  Comment  distinguera-t-on  l'acné  indurata 
scrofuleuse  de  l'acné  indurata  arthritique  ? 

La  première  siège  aussi  souvent  à  la  face  que  sur  le  dos, 
et  souvent  sur  ces  deux  régions.  Elle  s'accompagne  le  plus 
liabituellement  de  gourmes,  d'adénopathies  et  des  autres 
variétés  d'acné  scrofuleuse  :  acné  punctala,  pustuleuse, 
sébacée,  etc. 

L'acné  indurata  arthritique  se  développe  par  plaques  sur  le 
dos,  sur  la  partie  interne  des  cuisses,  et  coïncide  fréquem- 
ment avec  différentes  atTeclions  arthritiques. 

L'acné  indurata  pourrait  être  confondue  avec  une  syphi  - 
lide  tuberculeuse.  Cependant  la  couleur,  la  disposition  par- 
ticulière des  tubercules  syphilitiques  et  la  cicatrice  carac- 
téristique qui  leur  succède, ne  permettront  pas  de  commettre 
cette  erreur  de  diagnostic. 

d.  Acné  rosea.  —  L'acné  rosea,  que  nous  avons  séparée 
de  la  couperose  décrite  parmi  les  arlhritides  érylhéma- 
teuses,  est  une  affection  cutanée  qui  est  caractérisée  par 
I  Je  petites  éminences  papulo-pustuleuses  dont  la  couleur 
rarie  depuis  le  rose  paie  jusqu'au  rouge  lie  de  vin  ;  le  som- 
Tiet  de  ces  éminences  est  habituellement  purulent  et  jaunâ- 
tre, et  tranche  sur  la  couleur  rouge  de  leur  base.  Les  papulo- 
pustules  sont  discrètes,  ou  tellement  nombreuses,  qu'elles 
;ont  pressées  les  unes  à  côté  dos  autres  ;  dans  l'intervalle 

\2 


I 
I 


"178  ARTHiuTinr.s  bouton n fuses. 

qui  li's  sépare,  la  peau  présente  dans  la  |iltipai  l  des  cas  une  cou- 
leur érylhéinaleuse,  et  souvent  une  lougeur  qui  est  due  ma- 
nifestement à  un  état  pidébectasique  des  capillaires  cutanés. 

L'acné  rosea  siège  le  plus  ordinairement  sur  le  nez,  les 
joues,  le  menton,  plus  rarement  sur  les  régions  temporale  et 
sternale. 

Elle  a  une  longue  durée,  une  tendance  excessive  à  réci- 
diver, qui  en  rend  la  curation  très  diflScile. 

On  peut  rapprocher  de  l'acné  rosea  certains  tubercules  vé- 
gétants que  l'on  observe  parfois  sur  les  joues,  à  la  partie 
interne  des  cuisses  ou  sur  d'autres  parties  du  corps.  Ces 
végétations  doivent  être  considérées  comme  un  accident  de 
la  couperose  ou  de  l'acné  rosea  de  nature  arthritique. 

Nous  avons  vu  dernièrement  sur  un  de  nos  confrères 
celte  singulière  affection  :  on  trouve  à  la  partie  interne  des 
cuisses,  sur  le  périnée  et  la  partie  postérieure  des  bourses, 
des  tumeurs  d'un  rouge  foncé,  violacées. Parmi  ces  tumeurs, 
les  unes  ressemblent  à  de  gros  tubercules  muqueux;  d'autres 
sont  arrondies  et  légèrement  pédiculées  :  on  n'observe  ni  ci- 
catrices ni  ulcérations.  L'affection  existe  depuis  plusieurs 
années.  Non-seulement  ces  tubercules  ne  disparaissent  pas, 
mais  ils  augmentent  toujours  en  volume  et  en  nombre.  Le 
malade  ressent  de  la  cuisson,  des  picotements  et  des  élan- 
cements sur  les  parties  affectées  ;  la  marche  est  considéra- 
blement gênée.  f 

Quelle  est  la  nature  de  ces  tubercules  qui  ne  sont  ni  mu- 
queux, ni  syphilitiques,  ni  cancéreux?  D'après  le  siège,  la 
couleur,  la  marche  et  la  nature  des  douleurs  de  ces  tuber- 
cules, et  par  la  considération  des  antécédents  que  le  malade 
nous  a  offerts  et  indiqués,  je  suis  porté  à  rattacher  cette 
affection  à  l'arthritis.  On  avait  consulté  avant  nous  plu- 


ACNft  AirnmîTiQUK.  179 

sieurs  médecins  distingués  de  Paris,  qui  tous  ont  répondu 
qu'il  ne  s'agissait  point  d'une  affection  syphilitique  ou  can- 
céreuse: aucun  ne  s'est  expliqué  sur  la  nature  de  la  maladie. 

Diagnostic.  —  L'acné  rosea  peut  être  une  affection  scrofu- 
leuse  et  arthritique.  Elle  se  montre  aussi  à  la  suite  de  l'abus 
des  liqueurs  alcooliques;  alors  elle  existe  à  titre  d'affection 
pathogénétique.  Comment  parviendrons-nous  à  reconnaître  la 
nature  de  ces  différentes  espèces  d'acné  rosea?  Les  carac- 
tères objectifs,  n'ayant  rien  de  particulier  pourchacuned'elles, 
ne  pourront  pas  nous  rendre  de  grands  services  dans  le 
diagnostic  qui  a  rapport  à  la  nature  de  l'affection.  Mais  on 
devra  s'appuyer  sur  les  antécédents,  les  affections  concomi- 
tantes, la  constitution  et  Tétat  de  santé  du  malade.  Nous 
avons  déjà  parlé  de  la  distinction  à  établir  entre  la  couperose 
et  l'acné  rosea,  qui  sont  deux  affections  différentes  et  se 
compliquent  fréquemment. 

Étiologie.  —  Les  arthritides  boutoimeuses  s'observent  à 
tous  les  âges^  mais  elles  sont  plus  fréquentes  dans  la  jeu- 
nesse et  l'âge  adulte. 

L'influence  héréditaire  ne  saurait  être  contestée. 

La  puberté,  l'époque  critique  chez  les  femmes,  exercent 
une  action  évidente  sur  le  développemmet  des  arthritides  ac- 
néiques.  Les  tempéraments  bilieux  et  sanguin  prédisposent 
à  ces  affections  plus  que  les  tempéraments  lymphatiques  et 
nerveux. 

La  malpropreté,  l'abus  des  cosmétiques  et  des  vinaigres  de 
toilette,  l'usage  du  café  et  des  boissons  alcooliques,  sont 
autant  de  causes  qui  prédisposent  aux  arthritides  bouton- 
neuses. Il  faut  encore  mentionner  l'exposition  à  l'air  trop 
fréquemment  répétée  ou  trop  prolongée.  Mais,  toutes  ces 
causes  n'amèneraient  aucun  résultat  sans  la  prédisposition 


180  ARTURITIDKS  ROUTONNECSKS. 

arlln  itique,  qui  a  évidcmmeiit  la  plus  large  pari  dans  la' pro- 
duction de  la  maladie. 

Traitement.  —  S'il  existe  une  influence  de  cause  externe, 
il  faut  la  rechercher  et  la  comhattre  iinniédiatement. 

Les  préparations  alcalines  données  à  l'intérieur  et  à  l'ex- 
térieur, occupent  la  première  place  dans  le  traitement  des 
arlhritides  boutonneuses,  aussi  bien  que  dans  celui  des  autres 
ordres  d'affections  arthritiques.  Mais  dans  la  thérapeutique  de 
ces  affections,  et  en  particulier  de  l'acné,  on  doit  insister  sur 
le  traitement  local  beaucoup  plus  qu'on  ne  le  fait  pour  les 
autres  groupes  d'arlhrilides. 

Pour  combattre  avec  avantage  l'acné  pilaris,  on  adminis- 
trera des  bains  alcalins,  des  bains  et  douches  de  vapeur,  des 
douches  d'eau  sulfureuse. 

Contre  le  lichen  à  papules  déprimées,  j'ai  mis  en  usage 
avec  un  grand  succès  les  bains  sulfureux  et  les  douches  sul- 
fureuses. 

Dans  le  traitement  du  prurigo,  j'ai  eu  recours  aux  lo- 
tions faites  avec  un  solutum  de  glycérine,  quelquefois  de 
sublimé  ou  (le  nitrate  de  mercure  à  faible  dose  :  pour 
250  grammes  de  véhicule,  on  ajoute  0,10  centigrammes  de 
nitrate  de  mercure  ou  de  sublimé. 

Contre  l'acné  arthritique,  outre  les  douches  de  vapeur  et 
cVeau  sulfureuse,  je  prescris  souvent  des  applications  d'huile 
de  cade,  dont  j'ai  retiré  un  grand  profit. 

Le  lichen  pilaris  réclame  le  traitement  du  pityriasis  arthri- 
tique; nous  l'avons  suffisamment  indiqué  (voy.  Pityriasis 
arthritique). 

Les  cautérisations  avec  la  teinture  d'iode  m'ont  paru  iiio- 
difier  avantageusement  le  lichen  par  altération  fonclionnoUe 
de  la  papille. 


m 


ARTHIUTIDES  HUMIDES.  181 

Enfin,  j'ai  employé  avec  quelque  succès,  contre  l'acné 
rosea  accompagnée  de  tubercules  végétants,  le  chlorate  de 
potasse  qui  m'avait  été  utile  à  diverses  reprises  dans  le  trai- 
tement des  ulcères  variqueux. 

Il  ne  faut  pas  oublier  de  continuer  pendant  tout  le  traite- 
ment l'administration  des  alcalins  à  l'intérieur  ;  on  ordon- 
nera soit  le  sirop  alcalin,  soit  le  bicarbonate  de  potasse,  soit 
l'eau  de  Vichy,  etc. 

Nous  avons  terminé  la  description  des  arthritides  sèches. 
Les  unes  nous  ont  présenté  des  caractères  objectifs  qui  leur 
sont  propres  et  qui  nous  permettent  d'arriver  facilement  à 
la  connaissance  de  leur  nature  :  tels  sont  le  pityriasis,  l'acné 
et  le  lichen  pilaris  d'origine  arthritique.  D'autres  n'oflVent 
pas, comme  les  précédentes,  des  symptômes  caractéristiques: 
leur  nature  nous  a  été  révélée  par  leurs  rapports  avec  d'au- 
tres affections  arthritiques  qui  sont  plus  nettement  accusées. 
En  effet,  il  est  très  fréquent  d'observer  sur  le  même  malade 
plusieurs  arthritides  :  chacune  d'elles  contribue  pour  sa  part 
à  fixer  le  diagnostic,  lorsqu'il  est  douteux. 

Nous  avons  donné  des  aperçus  nouveaux  sur  plusieurs 
affections  :  le  lichen  pilaris,  l'acné  pilaris,  le  pityriasis  ar- 
thritique. Elles  ont  été  le  sujet  de  considérations  impor- 
tantes au  point  de  vue  pratique. 


TROISIÈME  SECTION. 

DES  ARTHRITIDES  HUMIDES. 

Les  deux  sections  d'affections  que  nous  venons  d'étudier 
se  font  remarquer  par  la  sécheresse  des  produits  morbides. 
Les  arthritides  humides  diffèrent  des  précédentes  par  un  ca- 


AHTJIHITIDES  VÉSlCO-SQLAMtUSES. 

ractère  coiislarit,  c'osl  la  produclion  d'un  liquide  purulent 
ou  séro-purulent  cà  une  opoquo  de  leur  exislonce.  D'après  les 
lésions  élénieiitaires,  elles  peuvent  ôire  placées  dans  trois 
chapitres  :  i°  arthritides  vésico-squameuses,  2"  arlhritide 
bullo-1  amelleuse,  3°  arthritides  puro-crustacées. 

Nous  trouvons  dans  le  premier  ciiapitre  l'eczéma  et  l'hy- 
droa,  dans  le  second  le  pompholyx,  dans  le  troisième  la  men- 
tagre,  l'eclhyma  et  le  furoncle. 


CHAPITRE  PREMIER. 

ARTHRITIDES  VÉSICO-SQUAMEUSKS. 
§  I.  — '  De  l'ecxéma  arthritique. 

L'eczéma  (Èxî^tw,  bouillonner)  est  caractérisé  par  le  dévelop- 
pement d'une  éruption  de  vésicules  petites,  acuminées,  agmi- 
nées,  remplies  d'un  liquide  séreux  ou  séro-purulent  qui  se 
résorbe  quelquefois,  se.  rompant  ordinairement  et  donnant 
lieu  à  une  sécrétion  séreuse  qui  se  transforme  en  squames 
plus  ou  moins  épaisses  et  plus  ou  moins  humides.  L'eczéma 
est  l'affection  culanéela  plus  commune  dans  nos  pays.  D'a- 
près les  relevés  faits  par  M.  Devergie,  il  compterait  pour  le 
tiers  dans  le  nombre  des  affections  cutanées  qu'on  observe  à 
l'hôpital  Saint-Louis. 

On  admet  généralement  trois  degrés  dans  le  développe- 
ment de  l'eczéma.  Dans  le  premier  degré,  on  observe  une 
rougeur  plus  ou  moins  étendue,  sur  laquelle  ne  tardent  pns 
à  se  montrer  des  vésicules.  Dans  le  second  degré,  les  vési- 
cules n'existent  plus,  mais  on  voit  une  surface  qui  présente 


ECZÉMA  ARTHRITIQUE.  183 

(les  ulcérations  arrondies  et  un  grand  nombre  de  petits  points 
rouges,  au  centre  desquels  se  trouve  un  orifice:  de  cet  orifice 
suinte  une  sérosité  qui  se  rassemble  bientôt  sous  la  forme  de 
petites  gouttelettes,  qui  se  concrète  en  squames  ou  en 
croûtes  lamelleuses.  Dans  le  troisième  degré,  la  sécrétion 
séreuse  est  remplacée  par  un  état  squameux.  Je  n'insiste 
pas  davantage  sur  ces  différents  phénomènes  que  nous  trai- 
terons plus  complètement,  lorsque  nous  étudierons  l'eczéma 
dartreux.  J'ai  le  projet  de  décrire  ici,  d'une  manière  sj)é- 
ciale,  l'eczéma  arthritique. 

Siège.  —  L'eczéma  arthritique  occupe  de  préférence  cer- 
taines régions,  qui  sont  le  front,  les  lèvres,  et  surtout  la 
lèvre  supérieure,  la  nuque,  les  tempes,  le  dos  des  pieds  et  des 
mains,  les  parties  génitales,  les  mamelles,  la  face  dorsale  des 
avant-bras  et  la  partie  antérieure  des  jambes. 

Quelquefois  il  existe  sur  la  ligne  médiane  :  au  front,  au 
devant  du  sternum.  Mais  il  est  plus  fréquent  de  le  rencontrer 
sur  un  seul  côté  du  corps  ;  il  s'observe  alors  sur  une  seule 
main,  une  seule  jambe,  etc.  Nous  verrons  plus  loin  que 
l'eczéma  dartreux  est  ordinairement  symétrique. 

Nous  devons  nous  demander  quel  est  le  siège  anatomique 
de  l'eczéma  :  cette  question  a  été  résolue  d'une  manière  dif- 
férente pai-  les  auteurs.  M.  Hardy  place  le  siège  de  l'eczéma 
dans  la  couche  profonde  du  corps  muqueux  chargée  de  sécréter 
l'épiderme.  Il  combat  l'opinion  de  M.  Cazenave,  qui  regarde 
l'eczéma  comme  une  inflammation  des  glandes  sudoripares; 
il  s'appuie  sur  cette  considération,  à  savoir,  que  la  sécrétion 
séreuse  de  l'eczéma,  tachant  et  empesant  le  linge,  ne  res- 
semble nullement  à  la  sueur,  et  que  l'état  squameux  de  La 
peau  ne  saurait  être  expliqué  dans  l'hypothèse  de  M.  Caze- 
nave. Malheureusement,  l'hypothèse  de  M.  Hardy  repose  sur 


AiniiuiTii)i;s  vésico-solameuses. 

une  erreur  analomiqiie.  On  sait  que  les  cellules  épidermi- 
ques  sont  formées  par  rexliaialiori  des  capillaires  qui  ram- 
pent dans  les  papilles  ;  que  ces  cellules  sont  disposées  en  deux 
couches  :  l'une  est  superficielle  et  constituée  par  les  cellules 
les  plus  anciennes,  que  distinguent  leuraplalissement  et  leur 
apparence  pavimenleuse;  l'autre  est  profonde  et  composée 
de  cellules  polyédriques,  dont  l'ensemble  forme  le  corps  mu- 
queux.  On  ne  saurait  donc  dire  que  le  corps  muqueux  sécrète 
la  couche  superficielle  de  l'épiderme.  D'un  autre  côté,  il  est 
vrai  que  la  sécrétion  séreuse  de  l'eczéma  ne  présente  pas  la 
composition  de  la  sueur  ;  elle  renferme  des  globules  pyoïdes, 
des  globules  de  pus,  de  la  lymphe  plastique,  c'est-à-dire  les 
produits  ordinaires  de  l'inflammation.  Mais,  nous  ne  voyons 
pas  là  un  motif  qui  nous  empêche  de  considérer  le  liquide  de 
Teczéma  comme  un  produit  de  l'inflammation  des  glandes 
sudoripares  ;  au  contraire,  nous  serions  étonné  de  voir  un 
produit  morbide  ressembler  à  un  produit  physiologique. 

L'état  squameux  observé  dans  le  dernier  degré  de  l'ec- 
zéma est  un  des  phénomènes  qui  ont  engagé  M.  Hardy  à 
croire  qu'il  existe  dans  cette  afleclion  une  sécrétion  vicieuse 
de  l'épiderme.  M.  Hardy  a  eu  tort  de  considérer  les  squames 
comme  étant  uniquement  composées  de  cellules  épider- 
miques;  dans  ces  squames,  on  trouve  des  globules  de  pus  et 
tous  les  produits  ordinaires  de  l'inflammation. 

Je  pense  avec  M.  Cazenave  que  le  siège  primitif  de  l'ec- 
zéma est  le  conduit  sudoripare;  mais  j'ajoute  qu'en  peu  de 
temps  le  liquide  sécrété  se  répand  sur  la  peau  et  irrite  tout 
le  réseau  papillaire,  qui  participe  bientôt  à  l'inflammation. 

Divisions. —  L'eczéma  peutêire  une  alTeelion  artificielle: 
tel  est  l'eczéma  produit  par  l'application  des  acides,  des  tein- 
tures, ele. 


ECZfiMA  AUTIllUTlQUE.  185 

Il  se  rencontre  aussi  comme  affection  parasitaire,  dans  la 

gale  et  les  teignes. 

Mais  tous  les  auteurs  reconnaissent  que  l'eczéma  est  dé- 
terminé par  des  causes  internes,  dans  la  grande  majorité  des 
cas.  Selon  nous,  il  a|)partient  à  trois  maladies  constitution- 
nelles :  la  scrofule,  l'arthritis  et  la  dartre. 

Les  willanistes  n'ont  indiqué  la  nature  que  d'une  seule  , 
espèce,  de  l'eczéma  syphilitique.  Or,  celui-ci  n'existe  pas,  à 
notre  avis;  ne  l'ayant  jamais  rencontré,  nous  sommes  porté 
à  croire  que  ceux  qui  en  ont  admis  l'existence  ont  commis  J 
une  erreur  de  diagnostic. 

Nosographie.  —  L'eczéma  arthritique  se  présente  habi- 
!  tuelicmentsous  la  forme  de  disques  ou  plaques  nummulaires, 
bien  circonscrites;  quelquefois  ces  plaques  sont  irrégulières 
et  festonnées  sur  leurs  bords. 

En  général,  cette  affection  n'occupe  que  des  régions  peu 
étendues,  comme  le  dos  du  poignet,  le  cou-de-pied;  cepen- 
dant il  peut  arriver  que  plusieurs  plaques  se  réunissent  et 
envahissent  de  grandes  surfaces.  De  cette  manière  l'avar^^ 
bras,  la  jambe,  la  totalité  d'un  membre,  sont  couverts  par 
l'éruption  ;  ces  cas  sont  exceptionnels,  nous  devons  le  dire. 

! L'eczéma  débute  par  une  tache  rouge,  arrondie,  sur  laquelle 
ne  lardent  pas  à  se  montrer  des  groupes  de  vésicules.  Celles- 
ci  sont  bientôt  remplacées  par  des  squames  ou  des  croûtes 
jaunâtres  et  lamelleuses.  Le  suintement  n'existe  pas  d'une 
manière  bien  évidente  :  la  sérosité  se  transforme  sur-le- 
i-hamp  soit  en  croûtes,  soit  en  squames.  Il  en  résulte  une 
^écheresse  remarquable  de  la  surface  malade. 

L'éruption  vésiculeuse  provoque  une  démangeaison  assez 
/ive;  mais  lorsque  la  poussée  est  terminée,  le  prurit  est 
emplacé  par  des  élancements  ou  des  picotements. 


186  AUTIIRITIDRS  VÉSICO-SQUAMEUSES. 

Les  plaques  d'eczéma  arUirilique  présenleiit  une  coloralioii 
d'un  rouge  foncé,  comme  violacée  ;  elles  sont  parfois  le  siège 
de  vérilables  hémorrliagies  capillaires.  Souvent  elles  sont 
entourées  par  des  dilatations  variqueuses  des  vaisseaux  de  la 
peau,  et  il  n'est  pas  rare  d'observer  des  varices  sur  les  mem- 
bres malades.  La  transpiration  est  supprimée  sur  les  parties 
afl'ectées. 

.  Comme  caractères  de  l'eczéma  arthritique,  je  mention- 
nerai encore  la  fixité  et  Tabsence  de  symétrie  :  pendant  des 
mois  et  môme  des  années,  une  plaque  d'eczéma  arthritique 
persistera  sur  la  même  région  sans  s'étendre  ni  diminuer. 
Nous  verrons  plus  loin  que  l'eczéma  darlreux  envahit  suc- 
cessivement différentes  régions.  Souvent,  dans  l'eczéma  ar- 
thritique, on  n'observe  une  ou  plusieurs  plaques  que  sur  une 
seule  main,  un  seul  côté  du  cou,  etc.;  quelquefois  l'afTection 

J  occupe  la  ligne  médiane. 

Marche^  durée  et  terminaison.  —  L'eczéma  arthritique 
aff'ecte  une  marche  chronique  :  il  peut  durer  pendant  des 
mois  et  des  années  entières.  Il  disparaît  ordinairement  pour 
revenir  à  certaines  époques;  à  chaque  récidive,  il  occupe  la 
même  place,  ou  d'autres  régions  également  peu  étendues.  Il 
ne  se  généralise  jamais  comme  l'eczéma  dartreux,  et  il  cesse 
de  se  manifester,  soit  parce  qu'il  est  remplacé  par  d'autres 
aff"ections  arthritiques  appartenant  à  une  période  plus  avan- 
cée de  l'arthritis,  sait  parce  que  la  maladie  constitutionnelle 
présente  un  temps  d'arrêt  dans  son  évolution. 

Variétés.  —  L'eczéma  arthritique  offre  des  variétés  suivant 
le  siège,  la  marche  et  la  configuration. 

a.  Sur  le  front,  les  plaques  sont  souvent  constituées  par 
des  éléments  papulo-vésiculeux  qui  donnent  un  aspect  gra- 
nulé à  la  surface  malade. 


ECZÉMA.  ARTHIUTIQUE.  187 

I  1).  Eczéma  des  mains  et  des  pieds.  —  \J eczéma  manuale^ 
qui  a  été  bien  décrit  par  notre  collègue  M.  Hardy,  est  une 
affection  arthritique;  il  se  montre  à  l'état  aigu  et  à  l'état 
chronique. 

Dans  la  forme  chronique,  on  constate  sur  les  doigts,  la  face 
palmaire  et  le  dos  des  mains,  les  caractères  habituels  de  l'ec- 
zéma, c'est-à-dire  de  la  rougeur,  du  suintement,  des  croûtes 
ou  des  squames;  souvent  il  s'accompagne  de  gerçures  pro- 
fondes de  la  peau.  Dans  la  plupart  des  cas,  il  appartient  à 
l'arthrilis  ;  mais  il  peut  être  produit  également  par  le  contact 
de  substances  acres,  comme  on  l'observe  fréquemment  chez 
les  épiciers  et  chez  les  teinturiers.  Dans  cette  circonstance, 
il  fait  partie  des  affections  artificielles  :  c'est  lui  qu'on  dé- 
^igne  vulgairement  sous  le  nom  de  gale  des  épiciers. 

La  forme  aiguë  présente  des  symptômes  plus  particuliers  : 
sur  le  dos  ou  à  la  paume  des  mains  naissent  des  vésicules  qui 
)nt  le  volume  d'un  grain  de  millet.  Si  l'éruption  est  con- 
lueiite,  elle  s'accompagne  de  rougeur  et  d'un  gonflement  no- 
able.  A  la  paume  des  mains  et  à  la  plante  des  pieds,  l'épais- 
eur  de  l'épidennie  empêche  les  vésicules  de  se  rompre;  le 
^iquide  qu'elles  renferment  se  résorbe  et  la  membrane  se 
éapplique  sur  le  derme.  On  voit  alors  des  plaques  jaunes 
[ui  se  détachent  en  laissant  à  nu  un  épiderme  de  nouvelle 
ormation,  rouge  et  violacé. 

Si  les  vésicules  sont  nombreuses,  plusieurs  se  réunissent 
larfois,  donnent  lieu  cà  des  bulles  qui  ont  le  volume  d'une 
.loisette,  et  peuvent  acquérir  la  grosseur  d'une  bulle  de  pem- 
Tihigus. 

y  c.  Eczéma  herpéti forme .  —  J'ai  observé  un  assez  gratid 
ombre  do  fois  un  eczéma  arthritique  qui  offre  une  marche 
erpétique.  En  ce  moment,  nous  avons  un  bel  exemple  de 


I 


AinjinniDKs  vAsico-squami-usks. 

colle  variété  d'eczéma  qui  siège,  chez  noire  malade,  au  niveau 
de  la  malléole  externe  gauche. 

L'eczéma  herpéliforme  se  présente  sous  lu  l'orme  d'un 
cercle  plus  ou  moins  complet.  Les  limites  du  cercle  of- 
frent un  bourrelet  rouge,  couvert  de  petites  croûtes  et  de 
squames  minces  et  jaunâtres.  En  dehors,  ce  bourrelet  se 
continue  insensiblement  avec  la  peau  normale;  en  dedans, 
il  présente  des  bords  déchiquetés,  formés  par  l'épiderme  dé- 
collé. Le  centre  du  cercle  est  sain  et  n'offre  aucune  cicatrice. 

Dans  les  régions  pourvues  d'un  épidémie  épais,  comme 
au  talon,  il  se  forme  une  infiltration  plastique  entre  les  lames 
épidermiques  dissociées.  En  outre,  la  rougeur  est  peu  vi- 
sible, étant  cachée  par  l'épiderme  ;  elle  est  remplacée  par 
une  couleur  ocrée  qui  se  rapprocbe  de  la  teinte  cuivrée  syphi- 
litique. D'oij  il  résulte  qu'il  est  facile  de  prendre  celte  forme 
d'eczéma  arthritique  pour  une  syphilide  tuberculeuse  ou 
pustulo-crustacée. 

Dansle  cas  qui  est  soumis  ànotre  observation,  cette  erreur 
fut  commise  par  plusieurs  médecinsdislingués;  cependantelle 
fui  bientôt  reconnue.  On  remarqua  l'absence  de  tubercules  au 
niveau  du  bourrelet;  il  existait  une  couleur  rouge,  ocrée, 
différente  de  la  coloration  syphilitique  ;  les  squames  de  l'af- 
fection ressemblaient  à  celles  de  l'eczéma.  Enfin,  au  cenlre 
du  cercle,  la  peau  ne  présentait  aucune  cicatrice,  ce  qui 
n'aurait  pas  eu  lieu  dans  une  affection  syphihtique. 

Alibert  avait  décrit  la  variété  d'eczéma  herpétiforme  sous 
le  nom  A' eczéma  centrifuge. 

Je  recommande  à  votre  attention  celte  forme  de  l'eczéma, 
qu'on  pourrait  facilement  prendre  pour  une  affection  syphi- 
lilique. 

d.  Sur  les  parties  latérales  ou  sur  la  pulpe  des  doigis,  on 


ECZÉMA  ARTHRITIQUE.  1S9 

I  observe  une  autre  variélé  d'eczéma  caractérisée  par  l'exis- 
!  tence  de  dix,  quinze  ou  vingt  cercles  rouges.  Ces  cercles 

se  recouvrent  de  petites  vésicules  qui  se  rompent;  ils  sont 
■  parfaitement  limités  par  un  liséré  épidermique  blanchâtre,  qui 

a  succédé  à  la  déchirure  des  vésicules. 

]e.  Herpès  orbiculaire  (Alibert).  —  Aliberl  a  décrit  sous 
ce  nom  une  variété  d'eczéma  qui  se  montre  autour  des  ori- 
fices naturels,  tels  que  l'anus,  la  bouche,  l'ombilic,  etc.:  elle 
appartient  à  l'arthrilis  et  présente  une  ténacité  remarquable. 

f.  Eczéma  de  la  région  ano-coccygienne .  —  L'eczéma 
arthritique  se  rencontre  assez  souvent  à  la  région  coccy- 
j  gienne,  où  il  est  souvent  pris  pour  des  plaques  de  lichen. 
m     g.  On  sait  combien  il  est  fréquent  d'observer  l'eczéma  va- 
1  riqueux  sur  les  jambes;  cette  variété  se  rattache  à  l'arthritis 
i  dans  la  grande  majorité  des  cas. 

I  Étiologie.  —  L'eczéma  attaque  indistinctement  tous  les 
4  âges  et  tous  les  tempéraments. 

L'influence  héréditaire  se  rencontre  fréquemment. 

ILes  variations  de  température,  et  surtout  les  changements 
I  de  saisons,  sont  des  causes  prédisposantes  :  l'eczéma  apparaît 
ordinairement  au  printemps  et  à  l'automne. 

Les  causes  occasionnelles  sont  nombreuses.  Nous  citerons 
les  excès  de  tous  genres,  l'usage  d'une  nourriture  trop  exci- 
tante, les  veilles  et  les  fatigues, des  topiques  irritants,  la  pré- 
sence des  parasites  végétaux  ou  animaux  :  toutes  ces  causes 
'  peuvent  provoquer  \q  développement  de  l'eczéma  arthritique. 
Il  n'est  pas  rare  de  voir  persister  longtemps  une  in- 
flammation arthritique  des  follicules  pileux,  après  la  des- 
truction du  trichophy ton.  Dansée  cas,  le  champignon  a  éveillé 
la  diathèse  arthritique,  qui  devra  être  combattue  par  des 
moyens  appropriés. 


^•'0  ARTMIUTJDKS  vflsiCO-SQUAMK USKS. 

Diagnostic.  ~  Il  ost  généraUMiicnt  farilo  d'élablir  le  dia- 
gnostic du  genre  de  l'eczéma  -,  il  suflit  de  se  rappeler  ses  ca- 
ractères essentiels  pour  éviter  de  le  confondre  avec  l'éry- 
lhème,lc  pemphigns  et  le  psoriasis.  D'ailleurs,  nous  traiterons 
plus  longuement  ce  pointde  diagnostic,  quand  nous  étudierons 
l'eczéma  dartreux.  Ici  nous  nous  contenterons  de  donner  les 
signes  qui  indiquent  la  nature  de  l'eczéma  arthritique  et  nous 
permettent  de  le  distinguer  des  autres  espèces  d'eczéma. 

Les  symptômes  de  l'eczéma  arthritique  nous  sont  connus: 
plaques  circonscrites,  squameuses,  rarement  humides,  oc- 
cupant des  lieux  d'élection,  présentant  une  couleur  d'un 
rouge  foncé  et  étant  le  siège  de  picotements,  de  cuisson  et 
d'élancements. 

Nous  ne  nous  occuperons  pas  de  Teczéma  syphilitique, 
dont  l'existence  reste  à  démontrer. 

L'eczéma  scrofuleux  présente  dès  caractères  que  vous 
connaissez  depuis  longtemps  :  il  se  montre  de  préférence 
à  la  tête,  d'où  il  peut  s'étendre  à  toutes  les  parties  du 
corps;  il  se  manifeste  par  larges  plaques  irrégulières,  sur 
lesquelles  la  sécrétion  est  abondante  et  presque  purulente; 
enfin ,  il  s'accompagne  souvent  d'engorgements  ganglion- 
naires, d'ophthalmies  et  autres  affections  scrofuleuses.  Si, 
à'Ces  symptômes,  vous  opposez  ceux  de  l'eczéma  arthritique, 
vous  arriverez  sans  peine  à  établir  le  diagnostic  diflcrentiel 
des  deux  affections. 

Vous  ne  confondrez  pas  davantage  l'eczéma  arthritique 
avec  l'eczéma  dartreux.  Le  premier  présente  une  coloration 
violacée  et  une  absence  presque  complète  de  sécrétion  ;  le 
second  oflVe  une  coloration  rosée  et  une  sécrétion  séreuse 
très  abondante.  L'un  occupe  des  parties  limitées  et  se  dé- 
place dilïicilement  ;  l'autre  se  manifeste  sur  de  grandes  sur- 


I  KCZÉMA.  ARTHRirÎQUE.  191 

faces  et  se  propage  à  différentes  régions.  L'eczéma  arthri- 
tique disparaît  toujours  au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins 
long;  l'eczéma  dartreux  se  généralise,  à  moins  qu'il  n'y  ait 
un  arrêt  temporaire  ou  définitif  de  la  maladie  constitution- 
nelle.  Enfin  ,  celui-ci  détermine  des  démangeaisons  très 
vives,  celui-là  des  picotements  et  des  élancements. 

^  On  voit  qu'on  peut  arriver  à  reconnaître  la  nature  d'un 
eczéma  d'après  le  simple  examen  des  caractères  objectifs. 
Cependant  ceux-ci  peuvent  être  dénaturés  par  des  traite- 
ments intempestifs,  ou  être  moins  prononcés  qu'à  l'ordinaire. 
Dans  ces  cas,  le  diagnostic  serait  plus  difficile,  mais  il  serait 

i  encore  possible  :  on  devrait  s'appuyer  sur  l'existence  des 

J  symptômes  concomitants  qui  indiquent  l'arthritis,  la  scrofule 

I  el  la  dartre.  Les  phénomènes  généraux  des  maladies  diathé- 
si(|ues,  que  nous  avons  fait  connaître  dans  nos  considérations 

!  générales,  manquent  très  rarement  dans  l'eczéma. 

Pronostic. — L'eczéma  arthritique  présente  une  grande 
facilité  à  récidiver:  c'est  une  affection  tenace  qui  peut  durer 
des  mois  et  des  années  ;  elle  se  montre  habituellement  sur 
les  parties  découvertes,  la  face,  les  mains  et  le  cuir  chevelu. 
Ces  trois  considérations  rendent  sérieux  le  pronostic  de  l'ec- 
zéma arthritique. 

^  Cependant  nous  trouvons  dans  la  marche  de  Tattection 
une  sorte  de  compensation  à  tous 'ces  inconvénients.  L'ec- 
zéma arthritique  ne  se  généralise  pas  et  disparaît  spon- 

I  tanément,  après  un  temps  plus  ou  moins  long,  soit  que  la 
maladie  constitutionnelle  dont  il  est  un  symptôme  passe 

^  à  une  période  plus  avancée,  soit  qu'elle  subisse  un  temps 
d'arrêt  définitif. 

1^  Traitement.  —  Le  traitement  consiste  dans  l'emploi  sa- 
gement combiné  des  moyens  internes  et  des  topiques. 


I 


/Virniiu  rinr.s  vf;si(,o-souAMiiL'Si;s. 

Pendant  la  période  aigiiii  de  l'eczéma,  nous  admiiiisUons 
à  l'inlérieur  des  purgatifs  légers  et  répétés,  les  amers  et  les 
alcalins  à  faible  dose. 

Nous  ordonnons  à  l'extérieur  les  émoUienls  et  les  résolu- 
tifs :  cataplasmes  de  fécule  ou  de  riz,  la  poudre  d'amidon,  de 
fécule,  de  tan,  etc.  Plus  tard,  nous  mettons  en  usage  les 
pommades  de  glycérine,  de  calomel,  de  sulfate  de  fer  ou  de 
carbonate  de  soude. 

Contre  Teczéma  sec  et  squameux ,  on  emploiera  avec 
succès  l'huile  de  cade  pure  ou  mélangée  à  une  partie  égale 
d'huile  d'anriandes  douces.  A  cette  époque,  on  devra  encore 
recommander  les  bains  alcalins,  les  douches  sulfureuses,  les 
bains  et  les  douches  de  vapeur. 

§  II.  —  De  l'hydroa  arthritique. 

Sous  le  nom  ^hijdroa  arthritique^  nous  désignons  une 
affection  analogue  à  l'herpès  phlycténoïde  de  Willan,  ca- 
ractérisée par  des  vésicules  ou  de  petites  bulles  qui  se  mon- 
trent par  groupes  placés  à  des  intervalles  plus  ou  moins 
éloignés.  Il  n'est  pas  rare  de  voir  cette  affection  durer  pen- 
dant cinq  ou  six  mois. 

L'hydroa  arthritique  est  l'herpès  successif  et  chronique, 
qui  n'a  pas  suffisamment  attiré  l'attention  des  auteurs  :  nous 
avons  observé  un  assez  grand  nombre  de  ces  herpès,  qui  se 
rattachent  manifestement  à  l'arlhritis. 

Nous  distinguons  trois  variétés  d'hydroa  : 

1"  L'hydroa  vésiculeux ; 

2°  Vhydroa  vacciniforme,  confondu  avec  Vaphthe  chro- 
nique  {ophlyctide  chronique  d'Aliberl)  5 

3°  Vhydroa  bulleux  {joeniphigus  à  petites  bulles). 


HVDROA  ARTHRITIQUE.  198 

Première  variété.  —  h'hydroa  vésiculeux  est  une  affec- 
tion qui  a  été  confondue  généralement  par  les  auteurs  avec 
rérythema  papulatum  ;  nous  en  avons  observé  plusieurs  cas 
dans  le  courant  de  cette  année,  et  nous  allons  en  donner  les 
caractères. 

Siège.  —  L'hydroa  vésiculeux  se  développe  sur  les  tégu- 
4  ments  cutanés  et  muqueux.  A  la  peau,  il  existe  ordinaire- 
ment sur  les  parties  découvertes;  nous  l'avons  vu  à  la  face 
dorsale  des  mains  et  des  poignets,  à  la  partie  antérieure  des 
genoux.  Dans  la  plupart  des  cas,  la  muqueuse^buccale  a  été 
affectée  ;  l'éruption  occupe  de  préférence  la  lèvre  inférieure 
et  la  face  interne  des  joues.  Cependant,  sur  un  de  nos  ma- 
lades, la  base  de  la  luette  était  entourée  par  un  cercle  de  vé- 
sicules. La  conjonctive  peut  être  aussi  le  siège  de  l'éruption 
que  nous  étudions, 

Sijmptômes .  —  L'affection  est  quelquefois  précédée  de 
malaise,  d'anorexie  et  d'un  léger  mouvement  fébrile;  mais 
ces  phénomènes  prodromiques  peuvent  manquer,  où  être  si 
peu  marqués,  que  l'attention  du  malade  est  d'abord  attirée 
par  le  développement  des  vésicules. 

L'éruption  apparaît  en  premier  lieu  sur  le  dos  des  mains 
et  sur  les  genoux  ^  elle  ne  se  montre  habituellement  sur  la 
muqueuse  buccale  que  vers  le  deuxième  ou  troisième  jour. 
Toutefois,  un  de  nos  malades  avait  accusé,  comme  signe  pro- 
[Iromique,  une  légère  angine  produite  par  une  éruption  vési- 
culeuse  de  l'isthme  du  gosier. 

Quel  que  soit  le  siège  de  l'éruption,  elle  présente  les  ca- 
ractères suivants  :  on  aperçoit  d'abord  des  taches  d'un  rouge 
foncé,  petites,  arrondies,  un  peu  saillantes  et  à  bords  nette- 
ment limités.  Ces  taches  ont  des  dimensions  qui  varient  de- 
puis la  largeur  d'une  lentille  jusqu'à  celle  d'une  pièce  de 

13 


AnrHRlïIDES  VÉSICO-SQUAMKUSÉS. 

vingt  cenliiiics  ;  ellos  sont  quehiuelois  enLoui  oesd'une  auréole 
rosée;  elles  préseiUeiil  bienlôL  à  leur  centre  une  petite  vé- 
sicule remplie  d'un  licjuide  jaunâtre  et  transparent.  Celte  vé- 
sieule  naît  le  jour  qui  suit  ra{)parition  de  la  tache  rouge; 
elle  se  dessèche  rapidement  au  centre  qui  est  occupé  par 
une  petite  croûte  noirâtre,  tandis  que  le  li(juide  est  ré- 
sorbé à  la  circonférence.  Ces  phénomènes  s'accomplissent 
vers  le  deuxième  ou  le  troisième  jour  de  l'éruption. 

A  cette  époque,  l'aflèction  prend  un  aspect  particulier  :  on 
voit  de  petits  disques  rouges  supportant  à  leur  centre  une 
croûte  noirâtre  et  entourée  d'un  liséré  blanchâtre,  légère- 
ment  saillant.  Ce  liséré  est  formé  par  l'épiderme  macéré 
(jui,  après  la  résorption  partielle  du  liquide  contenu  dans  la 
vésicule,  est  applitiué  imparfaitement  sur  le  derme.  Au 
bout  de  quelques  jours,  la  coloration  de  la  petite  tache 
disparaît,  la  croûte  centrale  tombe  en  laissant  une  macule 
violacée  qui  s'efface  lentement. 

Sur  un  de  nos  malades,  l'affection  a  suivi  une  marche  dif- 
férente  :  on  aperçut  d'abord  une  petite  vésicule  arrondie  d 
transparente;  autour  de  la.  vésicule  se  montra  une  auréole 
rouge  qui  s'étendit  peu  à  peu  du  centre  à  la  circonférence, 
de  manière  à  constituer  une  petite  tache,  légèrement  sail- 
lante, comme  celle  que  nous  avons  signalée  précédemment. 
Les  phénomènes  ultérieurs  nous  sont  connus  :  le  liquide 
placé  à  la  circonférence  de  la  vésicule  se  résorba,  tandis 
que  celui  qui  en  occupait  la  partie  centrale  se  transforma 
en  une  croûte  brunâtre. 

Enfin,  il  peut  arriver,  surtout  dans  les  temps  froids,  que  le 
fluide  exhalé  dans  la  vésicule  se  résorbe  proniptement.  Il  n'y 
aura  dès  lors  qu'une  petite  macule  blanchâtre  ou  jaunâtre, 
placée  au  centre  d'un  disque  rouge  et  formée  par  de  l'épiderme 


HYDHOxV  AHTlIfilTJpUK,  |95 

(.lécollé.  C'est  clans  ce  cas  que  l'aiïection  a  pu  être  confondue 
avec  l'érythema  papulalum. 

Sur  les  muqueuses,  les  vésicules  sont  blanchâtres  et  en- 
tourées d'une  auréole  violacée;  les  croûtes  se  détachent  plus 
^  prqmptenient. 

(Les  disques  rouges  et  vésiculeux  sont  plus  ou  moins  nonj- 
breux.  Ils  sont  séparés  habituellement  par  des  parties  de  peau 
saine  ;  quelquefois  ils  sont  disposés  par  groupes  de  deux  à 
(rois  et  se  touchent  par  leur  circonférence.  Ils  n'apparaissent 
pas  tous  simultanément,  mais  par  poussées  successives"  pen- 
dant plusieurs  jours.  Les  parties  affectées  présentent  à  peine 
1^!  quelques  démangeaisons.  Les  phénomènes  fébriles,  C[ui  exis- 
.  lent  rarement  au  début,  cessent  dès  que  l'éruption  se  déve- 
loppe. 

Chez  nos  malades,  l'affection  s'est  montrée  successive- 
ment sur  les  genoux  et  le  dos  des  mains,  puis  sur  la  mu- 
queuse buccale,  et  en  particulier  sur  la  face  interne  de  la 
lèvre  inférieure.  Dans  un  cas,  ainsi  que  nous  l'avons  dit, 
on  voyait  une  couronne  de  vésicules  à  la  base  de  la 
luette. 

Durée  et  terminaison.  —  La  durée  de  l'hydroa  vésiculeux 

I est  de  deux  à  quatre  septénaires;  chaque  élément  éruptif 
pris  en  particulier  parcourt  son  évolution  en  quatre  ou  cinq 
•  jours.  L'affection  ne  se  prolonge  pendant  plusieurs  se- 
maines que  par  l'existence  des  poussées  vésiculeuses.  La  ré- 
cidive peut  avoir  lieu;  nous  l'avons  observée  à  différentes 
reprises. 

IEtiologie.  —  L'hydroa  se  montre  dans  les  deux  sexes, 
mais  plus  souvent  dans  le  sexe  masculin. 

Il  se  développe  chez  les  adultes,  vers  l'âge  de  vingt  à  trente 
ans. 


196  ARTHRITIDES  VÊSICO-SQUAMKUSKS. 

Il  csl  plus  fréquent  au  printemps  et  à  l'aulomne  ;  le  froid 
et  les  variations  de  température  ont  une  induence  marquée 
sur  son  apparition  et  sa  marche. 

Enfin,  cette  affection  s'est  toujours  manifestée  chez  des  su- 
jets qui  avaient  présenté  ou  présentaient  encore  des  sym- 
ptômes d'arlhrilis. 

Diagiiostic.  —  Il  est  facile  de  reconnaître  l'hydroa  vési- 
culeux  par  les  caractères  que  nous  venons  de  donner.  Cepen- 
dant celte  affection  a  été  confondue  et  pourrait  l'être  encore 
avec  Vérythème  papuleux  et  l'herpès. 

Dans  l'érythème  pa^)uleux,  on  observe  parfois  une  vési- 
cule sur  le  sommet  de  quelques-unes  des  saillies  rouges  qui 
constituent  l'éruption.  Mais  dans  cette  affection,  la  vésicule 
n'est  qu'un  symptôme  accessoire;  elle  ne  présente  pas  l'évo- 
lution de  la  vésicule  de  l'hydroa  que  nous  avons  décrite  avec 
beaucoup  de  soin. 

L'herpès  est  caractérisé  par  des  vésicules  groupées  sur  une 
base  enflammée-  il  est  souvent  accompagné  de  symptômes 
généraux.  Dans  l'hydroa,  chaque  vésicule  repose  sur  une  pe- 
tite tache  violacée  et  parfaitement  distincte  5  les  symplômes 
généraux  font  défaut  le  plus  ordinairement. 

Nature.  — L'hydroa  vésiculeux  est  une  affection  essentiel- 
lement arthritique  5  du  moins  l'avons-nous  toujours  ren- 
contré chez  des  sujets  arthritiques;  il  a  présenté  constam- 
ment des  rapports  évidents  avec  des  manifestations  de  l'ar- 
thrilis. 

Pronostic.  —  Cette  affection  n'a  aucune  gravité;  elle  dis- 
paraît spontanément  au  bout  de  quatre  à  cinq  semaines.  On 
sait  qu'elle  est  sujette  à  récidiver. 

Traitement.  —  On  devra  se  borner  à  prescrire  des  b;iiiis 
alcalins  et  à  employer  des  moyens  hygiéniques  :  on  ri'coiii- 


M 


HYDROA  ARTHRITIQUE.  197 

mandera  simplement  le  repos,  un  régime  doux  et  des  bois- 
sons diurétiques. 

Deuxième  variété.  —  Vlijdroa  vaccini forme  n'est  pas 
connu  des  auteurs;  l'année  dernière,  j'eus  Toccasion  d'ob- 
server cette  singulière  éruption.  J'envoyai  mon  malade  con- 
sulter plusieurs  médecins  dt's  liôpitaux  :  les  uns  crurent  qu'il 
s'agissait  d'une  affeclion  syphilitique  d'autres  ne  se  pronon- 
cèrent pas  sur  la  nature  de  cette  éruption.  L'affection  durait 
depuis  un  an  et  avait  été  combattue  sans  succès  par  les 
moyens  les  plus  variés.  J'engageai  le  malade  à  se  rendre 
aux  eaux  de  Bourbonne  qui  l'avaient  débarrassé  autrefois 
d'une  artbropathie  rhumatismale  :  l'éruption ,  rebelle  à 
tous  les  traitements  jusqu'alors,  n'a  pas  tardé  à  présenter 
de  l'amélioration  ;  elle  a  fini  par  disparaître  complètement. 
En  ce  moment,  il  n'y  a  eu  aucune  récidive  et  la  santé  est 
excellente. 

Je  ne  crois  pas  que  cette  affection  ait  été  décrite  ;  cepen- 
Jant  il  est  important  de  la  connaître  à  cause  des  graves 
erreurs  qu'elle  peut  occasionner. 

Symptômes.  —  L'hydroa  vacciniforrae  apparaît  à  la  suite 
l'une  promenade  au  grand  air  ou  après  l'exposition  à  un 
5oleil  ardent.  Il  existe  un  peu  de  malaise,  de  l'anorexie; 
l  'éruption  se  montre  d'abord  sur  les  surfaces  découvertes, 
|}uis  sur  les  autres  parties  du  corps.  La  muqueuse  buccale  est 
lussi  envahie  par  l'affection. 

On  voit  en  premier  lieu  des  taches  rouges,  sur  lesquelles 
liaissent  bientôt  des  vésicules  transparentes  qui  ressemblent  à 
i'elles  qu'on  observe  dans  l'herpès.  Dès  le  second  jour,  ces  vé- 
sicules, qui  sont  arrondies,  présentent  une  ombilication  très 
évidente  -,  en  peu  de  temps  il  se  forme  une  croûte  succcssive- 
nent  au  centre  et  à  la  circonférence  de  la  vésicule.  Lorsque 


AUTHRITlDliS  VÉSICO-SQUAMK UStS. 

cèlte  croûte,  se  délaclie,  elle  laisse  une  eicalrioe  déprimée; 
chez  le  malade  doul  nous  parlions  plus  haut,  les  cicatrices 
nombreuses  (|ui  codvraiciit  la  surface  du  corps  auraient  [)u 
faire  croire  à  l'existence  antéi  ieure  d'une  variole. 

L'affection  ^e  prolonge  par  des  poussées  successives  pen- 
dant des  mois;  dans  le  cas  que  nous  rapporlons,  l'Iiydroa 
vacciniforme  a  duré  six  mois. 

Traitement.  —  Le  traitement  alcalin  paraît  indiqué  dans 
cette  affection.  N'oublions  pas  que  les  eaux  salineî;  de 
Bourbônne  ont  procuré  une  guérison  rapide  et  radicale, 
alors  que  les  autres  médications  avaient  complètement 
échoué. 

Troisième  variété.  —  L'Jujdroa  huileux  [pemphigus  à 
petites  bulles)  est  une  affection  arthritique  qui  est  générale- 
ment peu  connue.  Depuis  que  notre  attention  est  attirée  sur 
ce  point,  nous  avons  observé  trois  cas  de  pemphigus  à  pètites 
huiles. 

Siège.  —  L'affection  s'est  montrée  sur  les  bras,  le  tronc 
et  la  partie  interne  des  cuisses  ;  elle  s'est  manifestée  une 
fois  sur  la  muqueuse  buccale. 

Symptômes.  —  L'éruption  est  quelquefois  précédée  par 
du  malaise,  la  perte  d'appétit  et  un  léger  mouvement  fébrile. 
Un  malade,  qui  se  trouve  encore  dans  les  salles,  a  présenlS 
delà  fièvre  et  une  angine  pour  laquelle  on  a  pratiqué  une  sai- 
gnée :  c'est  autour  de  la  piqûre  de  lancette  que  se  montrèrerit 
les  premières  bulles  d'hydroa.  Néanmoins  les  symptômes 
généraux  cessent  promptement  et  ils  font  souvent  défaut. 
Le  seul  phénomène  prodromique  qui  soit  constant  est  uii 
prurit  très  intense. 

L'éruption  se  manifeste  par  des  bulles  qui  présentent 
un  caractçre]^  important,  c'est  l'inégalité  de  leur  voluiin' : 


HYDROA  ARTHRITlQUi:.  199 

les  unes  sont  de  la  grosseur  d'une  lentille,  les  plus  considé- 
rables ne  dépassent  pas  le  volume  d'un  pois.  Ces  bulles  sont 
arrondies,  disposées  d'une  manière  irrégulière,  par  groupes 
de  trois  à  quatre;  elles  sont  remplies  d\in  liquide  transparent 
qui  se  trouble  rapidement  et  prend  une  couleur  jaunâtre  ; 
rnfin,  elles  reposent  sur  une  surface  rouge  qui  s'étend  a  leur 
base  sous  la  forme  d'une  auréole.  Pendant  que  de  nouvelles 

.  bulles  se  développent,  les  anciennes  se  dessèchent  et  sont 

^  remplacées  par  une  croûte  jaunâtre  ;  si  l'une  d'elles  vient  à 
(Hre  déchirée  par  le  grattage,  on  troiive  une  surface  violacée 
et  légèrement  excoriée.  Dans  ('intervalle  des  poussées  on  ' 

\  n'obstrve  aucun  phénomène  morbide,  si  ce  n'est  un  prurit 

î  ordinairement  très  marqué. 

^  Le  malade  conserve  l'appétit,  et  la  nutrition  n'est  point  al- 
térée. 

I    Marche^  durée  et  terminaison.  —  L'hydroa  bulleux  pré- 
^  sente  une  marche  chronique  :  il  se  manifeste  par  (les  pous- 
sées successives  et  a  une  durée  qui  est  en  général  de  cinq  a 
six  mois. 

Complications.  —  Sur  un  de  nos  malades,  cette  alfeclîori 
fut  compliquée  cje  prurigo  :  on  voyait  sur  le  tronc  des  papules 
rouges  qui  étaient  recouvertes  le  lendemain  par  des  bulles. 
Gliez  celui  qui  est  dans  les  salles,  l'éruption  date  de  qualre 
imois  et  existe  non-seulement  sur  les  bras  et  la  partie  in- 
I terne  des  cuisses,  mais  aussi  sur  là  muqueuse  des  lèvres  e( 
■  des  joues. 

Ètiologie.  —  Cette  affection  est  plus  fréquente  cliez 
l'homme  que  chez  la  femme. 
j|    Elle  se  manifeste  chez  les  adultes  de  vingt  a  quarante 
ans.  Les  eaisuns  et  les  variations  de  température  oiit  une  in- 
fluence manjuèe  sur  le  développement  de  ('îiydioà  tulleUx, 


200  ARTHIUTJDKS  VlSICO-SQUAMELbtS. 

c'est  au- printemps  qu'il  a  été  observé  un  plus  grand  nombre 
de  fois. 

Enfin,  je  ne  ferai  que  rappeler  les  différentes  causes  occa- 
sionnelles, telles  que  régime,  agents  irritants,  etc.,  qui  agis- 
sent en  éveillant  la  dialhèse  arlhrilique  sans  laquelle  elles 
resteraient  impuissantes. 

Diagnostic.  — Les  caractères  de  l'bydroa  bulleux  permet- 
tront toujours  de  le  reconnaître. 

Il  ne  saurait  être  confondu  avec  le  pempbigus  :  il  est  im- 
portant de  bien  établir  le  diagnostic  différentiel  entre  ces 
deux  affections  qui  n'ont  pas  toujours  la  même  origine,  et 
qui  n'offrent  pas  surtout  la  même  gravité. 

Dans  Fhydroa  bulleux,  les  bulles  sont  petites  et  ne  dépas- 
sent pas  le  Yolume  d'un  pois  ;  elles  sont  encore  remarquables 
par  l'inégalité  de  leur  volume;  elles  occupent  des  régions 
assez  bien  circonscrites.  Les  bulles  du  pempbigus  sont  plus 
considérables  ;  elles  peuvent  atteindre  le  volume  d'une 
noix  et  même  d'un  œuf  de  poule;  elles  existent  sur  des  ré- 
gions variées  et  s'étendent  quelquefois  sur  la  plus  grande 
partie  de  la  peau.  Enfin,  l'bydroa  bulleux  se  termine  par  la 
guérison  après  une  durée  de  quatre  à  six  mois  \  la  mort  est 
la  terminaison  du  pempbigus  dans  la  très  grande  majorité 
des  cas. 

Nature.  —  L'bydroa  bulleux  est  une  affection  arlbritique; 
nous  en  avons  établi  la  nature  en  nous  basant  sur  ses  rapports 
fréquents  avec  différentes  affections  antérieures  ou  concomi- 
tantes qui  appartiennent  évidemment  à  l'arlbrilis.  Nous 
pourrions  encore  invoquer,  en  même  temps  que  les  antécé- 
dents, quelques  caractères  objectifs,  tels  que  le  siège  et  la 
fixité  de  l'affection. 

Prmostic.  —  Le  pempbigus  à  petites  bulles  guérit  con- 


PEMPIIIGUS  AUTIIIUTIQUE.  201 

stamment,  tandis  que  le  pemphigus  proprement  dit  est 
presque  toujours  mortel. 

Traitement.  —  Nous  administrons  à  l'intérieur  les  amers 
et  le  sirop  alcalin.  Tant  que  les  bulles  persistent,  nous  nous 
contenions  de  saupoudrer  les  surfaces  malades  avec  les  pou- 
dres d'amidon  et  de  tan.  Les  bains  donnés  à  cette  époque 
mettent  à  nu  des  surfaces  rouges  ,  douloureuses  et  provo- 
quent l'apparition  de  nouvelles  poussées;  ils  ne  seront  pres- 
crits que  plus  tard  dans  le  simple  but  de  détacher  les  croûtes. 
On  ordonnera  de  préférence  des  bains  alcalins  contenant  100 
à  120  gram.  de  carbonate  de  potasse. 


CHAPITRE  ir. 

ARTHRITIDE  BULLO-LAMELLEUSË. 

Il  n'existe  qu'un  seul  genre  d'arthritide  bullo-Iamel- 

leuse  :  le  pompholyx  ou  pemphigus  dititinus,  que  nous 
:illons  décrire. 

Peaiphiguf  arthritique. 

{Pemphigus  chronique  ou  diulinus,  Pompholyx  de^  Willan.) 

Le  pemphigus  aigu  est  une  afléction  pseudo-exantliéma- 
ique  qui  peut  être,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  arthritique, 
larlreuse  et  idiopathique -,  nous  l'avons  étudié  parmi  les 
iseudo-exanlhèmes  arthritiques,  et  plus  tard  nous  le  ren- 
contrerons encore  au  nombre  des  pseudo-exanthèmes  dar- 
reux. 


ARTHIUTIDKS  HULLO-LAMELLEUSES. 

Le  peiiipiliniis  chroniquo,  dont  il  est  question  on  cerno-' 
ment,  apparlienl  comme  alïeclion  propre  à  deux  maladies- 
conslilulionnelles:  l'arthritis  el  la  dartre.  Nous  allons  d'abord 
faire  connaître  le  pcmphigus  chronique  de  nature  arthritique, 
et  dans  la  partie  consacrée  à  l'élude  des  herpétides  nous 
décrirons  le  pemphigus  chronique  dé  nature  dartreuse. 

Willan  n'admettait  pas  le  pemphigus  aigu,  il  ne  recari- 
naissait  que  le  pemphigus  chronique,  qu'il  désignait  sous  le 
nom  de  pompholyx;  Bateman  semble  avoir  partagé  l'opinion 
de  l'auteur  précédent.  Le  pompholyx  est  une  anéctiori  beau- 
coup plus  fréquente  que' le  pèm[)higus  aigu  ,  mais  on  ne  sau- 
rait nier  l'existence  de  la  fièvre  huileuse  qui  avait  été  décrite 
à  une  époque  bien  antérieure  à  Willan  et  à  Bateman.  De- 
puis on  a  constaté  un  assez  grand  nombre  de  pemphigus 
aigus  pour  qu'on  ne  puisse  plus  révoquer  en  doute  l'existence 
de  cette  afléclion. 

Le  pemphigus  chronique  {pompholyx  de  Willan)  est  ca 
ractérisé  par  des  poussées  successives  de  bulles  variables  par 
leur  volume  et  par  leur  nombre;  il  présente  une  longue  durée 
et  se  termine  généralement  par  la  mort. 

Symptômes .  —  L'éruption  est  quehjuefois  précédée  par 
des  douleurs  vagues  dans  les  membres  et  un  peu  de  lassi- 
tude ;  mais  ces  symptômes  sont  peu  marqués  et  souvent  n'at- 
tirent pas  l'attention  du  malade. 

On  observe  d'abord  quelques  petites  taches,  ou  plutôt  des 
plaques  d'un  rouge  foncé  sur  les  membres  et  la  face.  Le  len 
demain  ces  plaques  érysipélateuses  sont  couvertes  de  bulles 
plus  ou  moins  nombreuses-,  les  jours  suivants,  des  plaques 
ét  des  bulles  nouvelles  apparaissent,  de  telle  sorte  que  l'crup- 
tioti  occupe  la  plus  grande  partie  de  la  peau  dans  l'espace 
d'un  mois  à  six  semaines.  Cependant,  le  pemphigus  ne  se 


PEMPHIGUS  ARTHRITIQUE.  205 

■généralise  pas  loujours,  et  il  peut  rester  limité  à  certaines 
régions  comme  les  avant-bras,  les  mains  ou  les  membres  infé- 
rieurs. 

■  Les  bulles  ne  présentent  pas  toutes  le  même  volume.  Les 
plus  grosses  ont  les  dimensions  d'une  noisette  ou  d'une  noix, 
les  plus  petites  celles  d'un  pois  et  d'une  lentille  ;  elles  sont 
groupées  en  plus  ou  moins  grand  nombre  sur  les  plaques 
rouges  que  nous  avons  mentionnées.  Quand  elles  sont  volu- 
inineuses,  elles  sont  moins  nombreuses  :  on  en  trouve  trois 
ou  quatre  sur  la  même  surface  érythémateuse  ;  si  elles  sont 
petites,  elles  peuvent  exister  au  nombre  de  quatre,  six,  buit 
et  dix  sur  une  seule  plaque.  Dans  les  premiers  moments, 
les  bulles  sont  transparentes;  mais  le  liquide  qu'elles  ren- 
ferment ne  reste  pas  séreux  longtemps,  il  se  trouble, 
s'épaissit,  devient  purulent  et  se  transforme  en  croûtes  jau- 
nâtres ou  brunâtres,  minces,  présentant  dans  leur  conforma- 
lion  extérieure  un  aspect  qui  dénote  qu'elles  ont  succédé  à 
des  bulles.  D'autres  fois  ce  liquide  est  résorbé  ou  s'échap|)e 
à  la  faveur  d'une  rupture  de  la  bulle,  alors  l'épiderme  se 
plisse  et  s'applique  sur  le  derme,  ou,  détacbè  en  partie,  il 
laisse  à  nu  une  surface  plus  ou  moins  large,  rouge,  violacée, 
légèrement  excoriée  et  douloureuse. 

Les  bulles  se  développent  parfois  iricomplétemeht,  on  voit 
des  plaques  rouges  sur  lesquelles  existent  des  soulèvements 
épidermiques  qui  ressemblent  à«ceux  d'une  brùlùrè  superfi- 
cielle au  second  degré. 

Au  milieu  des  groupes  de  bulles  reposant  sur  des  sur- 
faces érysipélateuses,  on  trouve  souvent  des  éruptions  furon- 
culaires,  des  abcès  situés  dans  le  derme,  et  même  de  véri- 
tables angioleiioites  qui  relentissenl  sur  les  ganglions  lym- 
phatiques des  régions  voisines. 


^^'^  AinimUIDKh)  liLil.I.O-LA.MJ'LLEUSlvS. 

Il  existe  encore  un  symptôme  assez  prononcé,  c'est  le 
pruril.  Tonlelbis,  les  démangeaisons  sont  moins  marquées 
dans  cette  alTection  que  dans  l'autre  es|)èce  de  pemphigus 
arthritique  (pemphigus  à  pilites  bulles  ou  hydroa  huileux). 
Elles  se  montrent  principalement  avant  et  pendant  les  pous- 
sées éruplives;  elles  peuvent  alors  revêtir  une  telle  intensité 
qu'elles  empêchent  complètement  le  sommeil.  Si  l'éruption 
est  très  é-lendue,  le  prurit  se  fait  sentir  sur  un  gi  and  nombre 
de  parties,  devient  intolérable  et  détermine  une  surexcita- 
tion nerveuse  qui  peut  aller  jusqu'au  délire.  Les  malades  sont 
tourmentés  par  une  autre  douleur,  celle  qui  résulte  de  la 
dénudation  des  parties  affectées. 

Si  le  pemphigus  n'est  pas  générahsé,  et  dans  l'intervalle 
des  poussées  huileuses,  l'affection  ne  présente  pas  de  gravité 
apparente,  l'appétit  est  conservé  et  les  fonctions  digestives 
s'accomplissent  régulièrement.  Mais  à  une  époque  plus  ou 
moins  éloignée,  le  malade  est  obligé  de  garder  le  lit;  il  est 
épuisé  par  la  douleur,  par  la  sécrétion  excessive  qui  se  fait 
à  la  surface  de  la  peau,  et  souvent  par  un  flux  abondan 
qui  se  déclare  dans  l'intestin.  Ce  dernier  phénomène  es 
grave,  il  peut  se  montrer  même  dans  des  pemphigus  cir 
conscrits. 

Marche,  dwée,  terminaison.- — Relativement  à  la  marche, 
le  pemphigus  arthritique  est  général  ou  partiel.  Cependant  i 
est  plus  souvent  circonscrit,  tandis  que  le  pompholyx  dar 
treux,  comme  nous  le  verrons,  est  habituellement  géné 
ralisé. 

Nous  avons  observé  récemment  un  pemphigus  arthritique 
qui  avait  été  localisé  aux  mains  et  aux  poignets  pendan 
quatre  mois ,  il  ne  s'est  développé  sur  d'autres  régions  que 
dans  les  derniers  mois  de  la  vie.  Le  malade  a  succombé 


FEMPHIGUS  ARTHRITIQUE.  205 

avec  dos  pliénoinèncs  d'ataxie  très  intenses.  Nous  nous  de- 
mandons s'il  ne  faut  pas  rapprocher  ces  symptômes  cérébraux 
de  ceux  qui  caractérisent  la  maladie  décrite  dans  ces  der- 
niers temps,  sous  le  nom  de  rhumatisme  cérébral,  et  dont 
on  trouve  cliaque  jour  des  observations  dans  les  journaux  de 
médecine.  Si  l'on  avait  ouvert  le  crâne,  nous  croyons  qu'on 
aurait  rencontré  les  lésions  qui  ont  été  signalées  dans  le 
rhumatisme  cérébral. 

'  Le  pompholyx  se  manifeste  par  des  poussées  successives 
qui  sont  séparées  par  des  intervalles  de  temps  variables. 
Quelquefois  Tespace  qui  sépare  une  poussée  de  l'autre  est 
de  plusieurs  mois,  c'est  ce  que  nous  avons  observé  chez  un 
de  nos  malades  que  nous  pouvions  considérer  comme  étant 
guéri.  Mais  ce  malade,  ramené  à  l'hôpital  par  une  récidive, 
la  fini  par  succomber,  les  éruptions  huileuses  se  sont  éten- 
dues à  tout  le  corps  et  même  à  la  muqueuse  buccale;  la 
teinture  de  meloë  vesicatorius  n'a  nullement  enrayé  l'affec- 
tion. A  l'autopsie,  nous  n'avons  découvert  aucune  lésion 
nppréciable  des  viscères. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  la  marche  du 
lemphigus  arthritique,  il  serait  difficile  de  lui  assigner  une 
lurée.  Cette  affection  existe  pendant  des  mois  et  des  an- 
lées. 

La  terminaison  presque  constante  est  la  mort,  qui  sur- 
/ient  par  l'épuisement  progressif  des  forces  du  malade.  L'en- 
érite,  qui  est  un  phénomène  fréquent,  hâte  la  terminaison 
atale.  Le  malade  peut  aussi  être  emporté  par  des  phéno- 
nènes  cérébraux,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut. 

IÉtiologie.  —  Le  pemphigus  arthritique  est  plus  fréquent 
ians  le  sexe  masculin. 
Nous  l'avons  observé  au  printemps  et  à  rautouine;  le5 


1 


?0t>  ARTHRITIDES  BUI.LO-LAMF.LLIiUSKS. 

veilles,  l'excès  de  travail,  l'abus  des  baissons  alcooliques,  nous 
ont  paru  avoir  déteruiiiié  plusieurs  lois  l'aiïeclion. 

Diagnostic.  —  Le  pempbigus  arLlirilique  préscnle  des  ca- 
ractères propres  qui  le  lerout  reconnaître  avec  facilité.  Ces 
caractères  sont  :  des  plaques  érysipélateuses  couvertes  de 
bulles  plus  ou  moins  nombreuses,  remplies  de  sérosité  puru- 
lente ou  de  pus  et  remarquables  par  l'inégalité  de  leur 
volume,  démangeaisons  très  vives,  complications  d'abcès 
dermiijues,  de  furoncles  et  même  d'angioleucites,  enfin  loca- 
lisation assez  fréquente  de  Talîection  sur  les  mains,  les  avant- 
bras,  etc. 

Il  ne  saurait  être  confondu  avec  le  rupia  caractérisé  pa 
(}es|)u}|es  isolées,  des  croûtes  épaisses  et  proéminentes,  au 
dessous  desquelles  existent  des  ulcérations  profondes. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  le  diagnosti 
de  l'herpès,  de  l'ecthyma  et  du  pempbigus;  cette  questio 
sera  traitée  dans  Fétude  du  pempbigus  dartreux.  Ici  nou 
voulons  indiquer  à  quels  caractères  on  distinguera  le  pem 
phigus  arthritique  du  pempbigus  dartreux. 

Dans  le  pempbigus  arthritique,  les  bulles  sont  plus  con 
fluentes  et  groupées  sur  des  surfaces  érysipélateuses  ;  dan 
le  pempbigus  dartreux,  elles»  sont  plus  isolées,  se  monlren 
d'emblée  sur  une  partie  de  peau  qui  conserve  sa  coloration  non 
maie  et  sont  à  peine  entourées  d'une  légère  auréole  rosée. 
La  première  alîection  présente  des  bulles  très  inégales  par  leu 
volume,  et  la  plus  grosse  atteint  les  dimensions  d'une  noix 
la  seconde  se  fait  remarquer  par  des  bulles  plus  régu 
Hères,  qui  peuvent  atteindre  le  volume  d'un  œuf  de  pigeon  o 
d'une  petite  pomme.  Le  liquide  renfermé  dans  les  bulles  du 
pempbigus  arthritique  s  épaissit  promptement,  devient  puru 
lent  et  se  transforme  en  croûtes  brunâtres  ou  jaunâtres;  dans  1( 


PEMPHIGUS  ARTHRITIQUE.  207 

pempbigus  darlreux,  l'inflammalion  est  beaucoup  moins  vive 
et  n'arrive  à  produire  qu'une  sécrétion  séreuse.  Le  pempbi- 
gus artbritique,  qu'on  peut  appeler  ;j>e??2;j%î/s  érysipélateux, 
s'accompagne  souvent  d'éruptions  furonculaires  et  de  véri- 
tables angioleucites,  qui  manquent  dans  le  pempbigus  dar- 
treux.  Enfin,  il  faut  encore  interroger  les  antécédents  du 
malade,  qui  seront  différents  dans  les  deux  affections. 

Quant  au  pempbigus  sypbilitique,  on  a  prétendu  qu'il  était 
souvent  partiel,  borné  à  la  paume  des  mains  et  à  la  plante 
des  pieds.  C'est  là  une  très  grande  erreur  :  cette  localisation 
est  un  signe  delà  diatbèse  artbritique  et  non  de  la  diatbèse 
sypbilitique. 

Nous  avons,  à  la  salle  Sainte-Foy,  n°  1,  un  malade  qui 
est  atteint  d'un  pempbigus  sypbilitique  généralisé.  Les 
auréoles  cuivrées  qui  entourent  les  bulles  au  début,  l'as- 
pect des  croûtes  brunâtres  et  vernissées  qui  succèdent  à 
ces  bulles,  les .  caractères  des  ulcères  qui  se  montrent  à  la 
:  cbute  des  croûtes  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  nature 
de  l'afl'ection. 

Pronostic.  —  Le  pempbigus  arthritique  est,  comme  le 
pempbigus  dartreux,  une  affection  très  grave;  il  se  termine 
presque  constamment  par  la  mort.  Son  pronostic  est  bien 
différent  de  celui  du  pempbigus  à  petites  bulles  ou  bydroa 
huileux  qui  guérit  toujours,  s'il  ne  survient  aucune  compli- 
cation. 

Le  pompbolyx  est  d'autant  plus  grave  que  l'éruption  est 
plus  générale,  plus  confluente  ;  nous  savons  qu'il  est  très  su- 
jet à  récidiver. 

Traitement.  —  Les  moyens  thérapeutiques  sont  impuis- 
sants, et  la  mort  survient  malgré  tous  les  traitements  qu'on 
peut  instituer.  Les  alcalins  n'ont  pas  une  action  favorable  ; 


ARTHRITIDES  PURO-CRUSTACÉES. 

au  coiiliairo,  ils  oui  déterminé  des  poussées  éruplives  qui 
nous  ont  obligé  de  cesser  leur  emploi.  Mais  peut-être  avons- 
nous  donné  les  alcalins  à  des  doses  trop  élevées. 

Dans  un  cas,  Téruption  a  paru  arrêtée  à  plusieurs  reprises 
par  l'adminislrrition  de  la  teinture  de  cantharide  à  faible^ 
doses.  Nous  prescrivions  une  à  quatre  gouttes*  de  cette  tein- 
ture dans  une  potion  qui  était  prise  dans  la  journée  ;  en  por- 
tant la  quantité  de  teinture  à  sept  ou  buit  gouttes,  nous 
provoquions  cliaque  fois  de  nouvelles  poussées.  On  devra  se 
borner  à  surveiller  le  régime  du  malade,  et  l'on  devra  expéri- 
menter de  nouveau  la  teinture  de  cantbarideà  faible  dose  (1). 


CHAPITRE  lîï. 

ARTHRITIDES    PURO  CRUSTACÉES. 

Cette  section  d'artbritides  renferme  trois  genres  :  la  men- 
tagre,  l'eclbyma  et  le  furoncle.  Dans  un  premier  paragraphe, 
nou^  étudierons  la  mentagre  ;  dans  un  second  paragraphe, 
nous  décrirons  le  furoncle  et  l'eclhyma  qui  présentent  entre 
eux  une  grande  analogie. 

(§1.  —  Mentagre  arthritique. 

La  mentagre  est  une  affection  caractérisée  par  rindam- 
mation  des  follicules  pileux.  Elle  peut  se  rencontrer  dans  le 

(l)  Le  malade  dont  il  est  question  est,  en  effet,  sorti  do  l'hôpitai,  et,  par- 
faitement débarrassé  de  son  pomphigus,  il  vint  nous  voir  et  nous  remercier.  Le 
pemphigus  n'avait  pas  reparu  ;  mais  il  lui  était  survenu  de  l'acné  pilaris  sur  le 
front  et  les  tempes.  11  accusait  aussi  des  rougeurs  et  un  sentimpnt  de  cuisson 
sur  le  voile  du  palais,  (On  vient  de  voir  plus  haut  que  ce  malade  a  succombé 
h  un  pemphigus  généralisé.) 


% 


MENTAGRE  ARTHRITIQUE.  209 

plus  grand  nombre  des  régions  couvertes  de  poils,  au 
pubis,  aux  aisselles  et  au  cuir  chevelu  ;  mais,  elle  se  déve- 
loppe particulièrement  sur  les  différentes  parties  de  la  face  : 
I  la  lèvre  supérieure,  la  lèvre  inférieure,  le  menton  et  les 
joues. 

Je  reconnais  des  mentagres  de  diverses  natures  :  ce  que  je 
dis  ici  étonnera  peut-être  quelques  personnes  qui,  sur  la  foi 
des  articles  destinés  à  combattre  mes  opinions  sur  la  nature 
parasitaire  de  la  mentagre,  ont  pu  croire  que  je  n'admettais 
I  qu'une  seule  espèce  de  mentagre.  Supposer  que  le  sycosis 
|est  toujours  parasitaire  serait  une  erreur  que  Ton  m'a  gra- 
'  tuitement  attribuée  et  que  je  n'ai  jamais  professée.  J'ai  dit,  et 
Ije  répète,  que  cette  affection  est  de  nature  parasitaire  dans 
la  plupart  des  cas,  mais  qu'elle  peut  être  aussi  la  manifesta- 
tion d'une  maladie  constitutionnelle. 

J'adme^^  cinq  espèces  de  mentagre  :  1°  une  mentagre  ar- 
tificielle^ 2°  une  mtnidi^vQ. jmrasitaire,  3°  une  mentagre 
\philitique,  li°  une  mentagre  arthritique ,  5°  une  mentagre 
\scrofuleuse . 

1  La  mentagre  artificielle  résulte  de  l'inflammation  des  fol- 
licules pileux  de  la  lèvre  supérieure,  produite  par  les  écou- 
lements nasaux  qu'on  observe  chez  les  individus  qui  font 
usage  de  tabac  à  priser,  ou  qui  présentent  des  affections  chro- 
niques des  fosses  nasales. 

4  La  mentagre  parasitaire,  l'espèce  la  plus  fréquente,  est 
une  inflammation  des  follicules  pileux  déterminée  par  la 
présence  du  trichophyton  :  nous  la  considérons  comme  étant 
la  troisième  période  de  la  teigne  tonsurante. 

1  La  mentagre  syphilitique  n'est  autre  que  l'acné  pustu- 
leuse syphilitique  :  l'affection  réside  plutôt  dans  les  glandes 
annexées  au  follicule  que  dans  le  follicule  pileux  lui-même. 


i 


210  ARIliKI  j  IDi;s  l'UnO-CllUSl  ACÉES. 

Los  deux  autres  espèces  sont  des  uianilesliitions  de  Tui- 
tlirilis  et  de  la  scrofule  :  elles  sont  primitives  ou  cousécu- 
tives.  La  nieutagre  diulliésique  est  primitive,  lorsqu'elle 
se  développe  spontanément  sous  l'influence  de  la  maladie 
constitutionnelle  ;  elle  est  consécutive,  lorsqu'elle  est  dé- 
terminée par  une  autre  maladie.  Un  exemple  vous  fera 
mieux  comprendre  ma  pensée.  Un  sujet  arthritique  ou  scro- 
fuleux  contracte  un  sycosis  parasitaire  que  vous  traih  / 
longtemps  par  les  parasiticides  ;  néanmoins,  vous  n'obten*  / 
pas  la  guérison.  Le  cas  n'est  plus  aussi  simple  que  vous  le 
pensez  :  l'inflammation  des  follicules  pileux  se  continue  sous 
l'influence  des  diathèses  arthritiques  ou  scrofuleuses,  qui 
ont  été  éveillées  par  la  présence  du  trichophyton  5  elle  devra 
être  combattue  par  la  médication  anti-arthritique  ou  anti- 
scrofuleuse. 

Le  parasite  cutané  peut  encore  déterminer  des  éruptions 
constitutionnelles  secondaires  et  d'une  guérison  plus  ou 
moins  difficile;  parmi  ces  éruptions,  je  citerai  l'impétigo  sy- 
cosiforme  et  l'impétigo  acniforme.  Je  ne  sais  pourquoi 
M.  Hardy  pense  s'éloigner  de  mes  idées  en  niant  la  nature 
parasitaire  de  ces  afl'ections.  Pour  moi,  l'impétigo  sycosi- 
forme  et  l'impétigo  acniforme  sont  placés  sous  l'influence  des 
diathèses  arthritiques  ou  scrofuleuses  ^  ils  se  montrent  soit 
spontanément,  soit  consécutivement.  Nous  allons  étudier  le 
sycosis  arthritique  qui  présente,  comme  nous  le  verrons,  des 
caractères  propres. 

Siège.  —  Le  siège  le  plus  ordinaire  de  la  menlagre  ar- 
thritique est  la  lèvre  supérieure  ;  elle  se  rencontre  aussi  sur  la 
lèvre  inférieure,  le  menton  et  les  joues.  Il  est  facile  d'expli- 
quer pourquoi  la  lèvre  supérieure  est  plus  fréquemment  le 
siège  de  l'aflèction  :  c'est  que  chez  les  arthritiques,  qui  ont 


MKNTAGRE  ARTHRITIQUE.  211 

très  soiivenl  des  coryzas,  elle  se  trouve  irritée  par  le  fluide 
nasal  d'une  manière  permanente. 

Symptômes.  —  La  mentagre  arthritique  est  caractérisée 
par  des  éléments  papulo-pustuleux,  serrés  les  uns  contre  les 
autres,  occupant  des  surfaces  bien  circonscrites  et  peu  éten- 
dues telles  que  le  sillon  sous-nasal,  une  partie  du  menton  ou 
une  place  très  limitée  d'une  joue.  Ces  pustules  sont  acumi- 
nées,  jaunâtres  à  leur  sommet,  rouges  et  indurées  à  leur  base; 
piles  sont  donc  formées  de  deux  parties  :  l'une  est  pustuleuse, 
l'autre  étant  papulo-tuberculeuse  comprend  la  moitié  ou  les 
trois  quarts  de  leur  volume. 

Le  tubercule  est  constitué  par  une  inflammation  qui  est 
limitée  au  follicule  pileux  et  ne  s'étend  pas  au  tissu  cellulaire 
sOus-cutané,  comme  on  l'observe  dans  le  sycosis  parasi- 
taire ;  aussi,  ne  présente-t-il  jamais  le  volume  que  celui  de 
celte  dernière  alîection  peut  acquérir. 

Les  pustules  qui  surmontent  ces  éminences  tuberculeuses 
se  convertissent  rapidement  en  croûtes  jaunes  ou  brunâtres, 
sèches  et  fragmentées.  Cependant,  si  le  malade  a  em[)loyé  des 
topiques  irritants,  la  sécrétion  purulente  devient  plus  abon- 
dante, donne  lieu  à  une  croûte  épaisse  et  unique  qui  repose 
sur  une  plaque  indurée.  L'affection  ressemble  dans  ce  cas  à 
un  impétigo  :  mais,  si  l'on  vient  à  détacher  la  croûte,  on  aper- 
çoit la  base  tuberculeuse  des  pustules  du  sycosis,  qu'il  est 
facile  de  reconnaître. 

Pendant  quelque  temps  les  poils  conservent  leur  adhérence 
et  leur  aspect  normal.  Bientôt,  l'inflammation  s'empare  de  la 
papille  pilifère,  et,  on  observe  alors  une  altération  dans  la 
structure  de  l'élément  pileux  qui  devient  jaunâtre,  s'atrophie 
et  s'arrache  avec  la  plus  grande  facilité. 


212  ARTHRITIDKS  l'UnO  CRUSTACÈES. 

La  partie  afîoctôe  csl  le  siège  d'élanceineuls  et  de  picote- 
ments quelquefois  liés  accusés. 

Lorsque  la  menlagre  arthritique  occupe  la  lèvre  supé- 
rieure, c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  elle  est  souvent  accom- 
pagnée d'un  coryza  presque  continuel  et  de  fissures  doulou- 
reuses, situées  à  l'entrée  des  fosses  nasales.  Les  douleurs 
se  propagent  parfois  jusqu'aux  sinus  frontaux. 

A  ces  caractères  déjà  nombreux  du  sycosis  arthritique,  il 
faut  ajouter  les  symptômes  fournis  par  les  antécédents  du 
malade,  par  sa  constitution  et  par  de  fréquentes  complica- 
tions d'éruptions  furonculaires. 

Marche,  durée  et  ierminaisori.  —  Le  sycosis  arthritique 
est  une  affection  très  tenace  et  très  sujette  à  récidiver.  Il  se 
montre  habituellement  pendant  l'automne  et  l'hiver,  dispa- 
raît dans  le  printemps  et  l'été  pour  se  manifester  de  nouveau 
à  l'automne  suivant.  11  peut  ainsi  exister  pendant  plusieurs 
années,  malgré  toutes  les  précautions  imaginables. 

Néanmoins,  celle  affection  guérit  par  l'effet,  soit  d'un 
traitement  approprié,  soit  de  l'évolution  de  la  maladie  con- 
stitutionnelle. 

Étiologie.  —  Le  sycosis  arthritique  s'observe  principale- 
ment dans  le  sexe  masculin  qui  présente  un  système  pileux 
plus  développé. 

11  se  montre  dans  l'âge  adulte  et  la  vieillesse,  pendant  l'au- 
tomne et  dans  l'hiver. 

Toutes  les  causes  irritantes,  comme  les  pommades,  les 
cosmétiques  de  mauvaise  qualité,  les  poudres  appliquées  sur 
la  peau,  le  fluide  acre  d'un  coryza,  etc.,  peuvent  occasionner 
le  début  du  sycosis.  3Liis,  avant  tout,  le  développement  de 
cette  affection  nécessite  l'existence  préalable  d'une  cause  pré- 
disposante interne,  et  cette  cause  est  la  dialhèse  arthritique. 


MENTAGRE  ARTHRITIQUE.  213 

Diagnostic.  —  Vous  reconnaîtrez  le  sycosis  artiirilique 
aux  caractères  que  nous  avons  énumérés  et  que  nous  allons 
rappeler  en  quelques  mots.  Un  malade  présente,  soit  dans 
la  gouttière  sous-nasale,  soit  au  menton,  soit  sur  une  partie 
de  la  joue,  une  plaque  circonscrite  et  constituée  par  une  in- 
duration qui  s'étend  presque  à  toute  l'épaisseur  du  derme. 
Cette  plaque  est  couverte  de  croûtes  sèches,  fragmentées, 
ou  de  pustules  jaunâtres,  reposant  sur  une  base  rouge 
et  populeuse.  Elle  supporte  des  poils  qui  sont  difficiles  à 
extraire,  ou  qui,  s'arrachant  facilement,  ont  conservé  leur 
structure  normale,  si  raiïeclion  est  récente,  et  qui  sont  atro- 
phiés, grêles,  jaunâtres,  lorsque  l'intlammation  du  follicule 
pileux  est  ancienne.  CVcst  pour  la  deuxième  ou  troisième 
fois,  à  une  époque  déterminée  de  l'année,  que  le  sycosis  se 
montre  ;  il  s'accompagne  de  coryza,  de  migraines,  d'étour- 
dissements,  de  dyspepsie,  d'arthropathies  rhumatismales  et 
d'autres  accidents  arthritiques. 

Comme  affection,  la  mentagre  ne  peut  être  confondue 
iqu'avcc  l'impétigo.  Mais  celui-ci,  après  l'enlèvement  des 
croûtes,  manque  de  deux  caractères  essentiels  du  sycosis,  à 
savoir  :  l'inflammation  et  l'induration  du  follicule  pileux,  la 
chute  ou  la  faible  adhérence  des  poils. 

i  Si  l'on  parvient  aisément  au  diagnostic  du  genre  de  l'af- 
fection, il  n'est  pas  plus  difficile  d'arriver  à  la  connaissance 
de  sa  nature  en  tenant  compte  et  des  caractères  objectifs  et 
des  affections  antérieures  ou  concomitantes. 

D'abord,  par  quels  moyens  distinguerons-nous  le  sycosis 
arthritique  du  sycosis  scrofuleux  ?  Ce  dernier  présente  des 
croûtes  jaunes,  épaisses  et  humides  ;  il  occupe  différentes 
parties  de  la  face,  mais  toujours  les  lèvres  qui  présentent 
chez  les  scrofuleux  une  tuméfaction,  une  sorte  d'hypertrophie 


AUTHimJDES  PURO-(:iUJSTAr;fti:S. 

bien  connut^  ;  il  s'accoinp.'igrio  orili'iairçmcnl  d'acné  indu- 
rata,  puiiclala  ou  Fébacce,  tl'cMigorgcmcnIs  ganglionnaires 
ou  autres  accidents  scroCulcux.  Au  contraire,  le  sycosis  ar- 
thritique olTre,  comme  on  lésait,  des  croûtes  sèches,  brunes 
et  IVagmenlées  ;  il  se  montre  spécialement  sur  la  lèvre  supé- 
rieure, qui  ne  présente  pas  l'hypertrophie  mentionnée  plus 
haut  ;  il  coïncide  habituellement  avec  un  coryza  compliqué 
de  fissures  douloui'euses  du  plancher  des  fosses  nasales,  avec 
des  migraines,  des  dyspepsies  arthritiques;  il  produit  sou- 
vent des  élancements  et  des  picotements. 

Vous  établirez  assez  facilement  le  diagnostic  différentiel 
entre  la  mentagre  arthritique  et  la  menlagre  parasitaire. 
Dans  cette  dernière  affection,  vous  constaterez  des  tubercules 
'  plus  volumineux,  des  indurations  plus  profondes  ;  les  poils 
sont  tortillés,  brisés  ou  déformés  ;  vous  pourrez  trouver  sur 
différents  points  des  périodes  moins  avancées  de  la  teigne 
tonsurante,  et  vous  verrez  soit  des  débris  de  cercles  herpé- 
tiques, soit  des  poils  cassés  et  munis  d'une  gaîne  blanche  (pi- 
tyriasis alba). 

Une  autre  question  se  présente  assez  souvent  :  comment 
reconnaîlrons-nous  que  le  sycosis  arthritique  ou  scrofuleux 
a  été  précédé  d'une  teigne  tonsurante?  Vous  apprendrez  qu'à 
une  époque  antérieure  il  a  existé  des  cercles  herpétiques, 
des  taches  érythémateuses,  puis  des  dartres  farineuses. 

On  peut  encore  se  demander  si  un  sycosis  produit  par  le 
Irichophyton  est  entretenu  par  ce  parasite  ou  par  les  diathèses 
arthritique,  scrofuleuse.  Le  microscope  vous  fournira  un  pré- 
cieux moyen  de  diagnostic  en  vous  dévoilant  la  présence  du 
champignon;  le  traitement  vous  donnera  aussi  quelques  in- 
dications :  si  vous  ne  guérissez  pas  un  sycosis  par  l'épilation 
et  par  les  agents  parasiticides  longtemps  et  bien  employés, 


MENTAGRE  ARTHRlTlOUli.  215 

VOUS  inclinerez  vers  l'idée  que  l'affection  est  entretenue  par 
une  diathèse. 

Enfin,  j'ai  indiqué,  dans  mes  leçons  sur  les  syphilides,  les 
caractères  distinctifs  du  sycosis  parasitaire  et  des  syphilides 
pustuleuses  ou  tuberculeuses  circonscrites.  Remarquez  encore 
qu'il  n'existe,  à  dire  vrai,  que  trois  espèces  de  sycosis,  et 
même  si  l'on  excepte  lé  sycosis  artificiel,  que  deux  espèces  : 
l'arthritique  et  le  parasitaire.  Les  mentagres  scrofuleuse  et 
syphilitique  ne  sont  que  des  pseudosycosis  ;  car,  les  folli- 
cules pileux  ne  sont  pas  seuls  altérés  dans  les  scrofulides  et 
les  syphilides. 

Pronostic.  —  Le  sycosis  est  une  affection  sérieuse  en  rai- 
son de  sa  ténacité  et  de  sa  facilité  à  récidiver;  il  fait  souvent 
le  désespoir  du  malade  pendant  plusieurs  années.  Non-seule- 
ment l'affection  est  douloureuse  et  gênante,  mais  elle  est  en- 
core un  objet  de  dégoût  pour  celui  qui  la  porte  et  pour  ceux 
qui  entourent  le  malade. 

Traitement.  —  Le  sycosis  arthritique  est  d'une  cure 
longue  et  difficile  à  obtenir  ;  mais  il  cède  toujours  à  un  trai- 
tement rationnel. 

Nous  employons  simultanément  l'épilation  et  l'application 
d'huile  de  cade  combinées  avec  l'administration  des  alcalins  à 
l'intérieur. 

L'épilation  a  pour  but  d'enlever  le  poil  qui  est  une  sorte 
d'épine,  une  cause  continuelle  d'irritation  pour  le  follicule 
pileux  enflammé.  L'huile  de  cade  agit  d'une  manière  avan- 
tageuse par  son  action  substitutive.  Les  alcalins  combattent 
la  maladie  constitutionnelle  dont  le  sycosis  est  un  symptôme. 

Nous  ne  nous  bornons  pasd'ailleurs  à  ces  seuls  moyens  :  con- 
tre l'inflainnialion  nous  mettons  en  usage,  suivant  les  cas,  les 
I  i'solu tifs, les  cataplasmes  de  fécule  et  les  poudres  absorbantes. 


ARTHRITIDES  PUHO-CRUSTACÉES. 

Si  la  mentagre  est  récente,  on  pourra  se  passer  de  lepila- 
tion.  On  ordonnera  diflerentes  pommades  :  à  laglycérine,  au 
turbitli,  au  précipité  rouge  ;  on  prescrira  quelquefois  avec 
succès  des  lotions  alcalines. 

Les  bains  sont  de  puissants  auxiliaires  dont  il  ne  faut  passe 
priver  ;  on  emploie  avec  avantage  les  bains  de  vapeur,  et,  sur- 
tout les  doucbes  de  vapeur  ou  alcalines  sur  la  partie  malade. 

S        —        r«cthyma  ou  phlyzacia.  —  Du  furoncle. 

L'ecthyma  est  une  affection  caractérisée  par  des  pustules 
plilyzaciées,  arrondies,  à  base  dure  et  enflammée,  se  recou- 
vrant de  croûtes  de  couleur  brunâtre. 

La  pustule  d'ecthyma  peut  se  développer  sur  toutes  les 
parties  du  corps  ;  elle  existe  rarement  sur  le  tronc  et  la 
figure,  mais  elle  se  montre  de  préférence  sur  les  membres  et 
le  cou. 

L'éruption  débute  par  une  élevure  rouge  et  limitée;  dès 
le  lendemain,  on  aperçoit  au  centre  de  la  tacbe  rouge  une 
vésicule  large  et  remplie  d'une  sérosité  transparente.  Cette 
sérosité  se  trouble  vers  le  troisième  jour  ;  elle  devient  lactes- 
cente, en  même  temps  que  le  centre  de  la  vésicule  se  déprime 
et  se  marque  d'un  point  noir.  Si  l'on  enlève  l'épiderme,  il  s'é- 
coule une  petite  quantité  de  pus,  et  l'on  trouve  une  fausse 
membrane  arrondie,  déprimée  au  centre  et  appliquée  sur  le 
derme  qui  présente  une  légère  ulcération. 

Lorsqu'on  suit  l'évolution  de  la  pustule,  à  partir  du  troi- 
sième jour,  on  voit  l'épiderme  se  rompre  et  former  avec  la 
fausse  membrane,  que  nous  venons  de  signaler,  une  croûte 
brunâtre  qui  se  détache  vers  le  iiuitième  jour.  Cette  croûte 
laisse  à  sa  chute  une  cicatrice  violacée  et  déprimée  au  centre 


ECTIJYMA  ET  njItO^CLE.  217 

Lefuroncleestcaractérisépar  une  tumeur  violacée,  déforme 
conique,  se  terminant  par  suppuration  et  laissant  échapper 
par  une  ou  plusieurs  ouvertures,  qui  se  manifestent  au  som- 
met de  la  petite  tumeur,  un  produit  particulier  qu'on  nomme 
bourbillon.  Ce  produit  morbide  est  une  production  pseudo- 
membraneuse qui  se  rapproche  de  la  fausse  membrane  que 
l'on  trouve  dans  la  pustule  ecthymatique. 
j  II  existe  donc  une  certaine  analogie  entre  l'eclhyma  et  le 
furoncle.  Le  premier  consiste  dans  une  inflammation  super- 
ficielle de  la  peau  ;  le  second  est  une  inflammation  des  cou- 
ches profondes  du  derme.  De  part  et  d'autre,  nous  rencon- 
trons la  production  d'une  fausse  membrane. 

Les  deux  afi*ections,  ecthyma  et  furoncle,  peuvent  être 
artificielles,  parasitaires,  pathogénétiques  ou  constitution- 
nelles. 

En  effet,  la  malpropreté,  des  pommades  irritantes,  occa- 
sionnent souvent  l^développement  de  furoncles  etde  pustules 
d'ecthyma. 

Les  éruptions  furonculaires  et  ecthymatiques  se  rencon- 
trent fréquemment  dans  la  gale  ou  les  teignes. 

Dans  quelques  circonstances,  ces  affections  sont  palhogé- 
néliques  :  il  n'est  pas  rare  de  les  observer  chez  les  malades 
qui  sont  soumis  depuis  quelque  temps  aux  préparations  al- 
j  câlines  ou  arsenicales. 

!  Quelquefois,  elles  semblent  être  des  phénomènes  critiques  : 
I  elles  apparaissent  ainsi  dans  la  convalescence  de  la  fièvre 
I  typhoïde,  de  la  rougeole  ou  autres  maladies  graves. 

En  dehors  de  ces  conditions,  l'ecthyma  et  le  furoncle 
sont  toujours  des  affections  arthritiques  ou  herpétiques. 
Ces  éruptions  constitutionnelles  ont  pour  caractère  de  se 
généraliser  et  de  se  reproduire  pendant  longtemps;  nous  de- 


-^^  DES  Hi:RI>f:TII)F-S. 

vons  dire  ([ue,  dans  l'élat  actuel  de  la  science,  nousjie  coti' 
naissons  pas  de  symplùmos  objectifs  propres  à  montrer  leur 
origine  diatliésique.  On  arrivera  à  la  connaissance  de  leur 
nature  par  exclusion  et  par  la  considération  de  leur  rapports 
avec  des  affections  constitutionnelles  plus  caractérisées.  ' 


II 


DES  HERPÉTIDES. 

Autrefois  on  avait  placé,  dans  la  classe  des  dartres,  toutes 
les  affections  cutanées  qui  présentaient  une  marche  chro- 
nique et  une  tendance  à  récidiver.  On  comprend  aisément 
que  cette  classe  renfermait  des  maladies  de  peau  qui  étaient 
très  différentes  par  leur  nature,  et  qui  pouvaient  appartenir 
à  la  scrofule,  à  la  syphilis,  au  scorbut  tout  aussi  bien  qu'à  la 
dartre  proprement  dite. 

Willan  et  Bateman  démontrèrent  sans  peine  ce  que  le  mot 
dartre  avait  de  vague  et  d'indéterminé,  et  ils  le  supprimè- 
rent du  vocabulaire  dermatologique. 

Sur  ce  point,  nous  ne  saunons  les  blâmer  ;  mais,  nous  les 
désapprouvons  d'avoir  méconnu  la  cause  spéciale  qui  présitle 
au  développement  d'un  certain  nombre  d'affections  chroni- 
ques ;  nous,  reprochons  à  Willan  d'avoir  démembré  et  nié 
l'existence  d'une  maladie  constitutionnelle,  qui  était  admise 
dès  les  temps  les  plus  anciens. 

Pour  nous,  nous  reconnaissons  une  unité  pathologique. 
dartre;  son  existence  nous  a  été  démontrée  par  la  tradi- 
tion et  par  l'observation  qui  nous  fait  connaître  ses  nom- 
breuses manifestations.  A  l'exemple  de  Willan,  nous  rejetons 


CARACTÈRES  COMMUNS  ET  DIFFÉRENTIELS.  '219 

'emploi  de  Texpression  dartre  qui  n'a  pas  de  significa- 
ioii  précise  ;  sans  chercher  à  réhabiliter  dans  le  langage 
;cienliriqiie  cet  ancien  mol,  je  propose  de  le  remplacer  par 
;i  dénomination  herpétisine,  terme  qu'on  trouve  souvent 
kins  les  auteurs  et  qui  est  considéré  comme  synonyme  de 
ice  dartreux. 

Voulant  donner  aux  affections  cutanées  du  vice  dartreux 
)u  herpétisme y  une  dénomination  générale  qui  en  indique 
espèce,  nous  les  désignerons  sous  le  nom  A' herpéddes. 

On  nous  accusera  peut-être  d'avoir  ajouté  à  la  nomencla- 
urede  la  pathologie  cutanée  les  expressions  scrofulide^  ar^ 
hritide  et  herpétide.  Nous  n'avons  fait  qu'adopter  le  terme 
vphilide,  qui  est  définitivement  passé  dans  la  science;  le 
not  scrofulide  est  accepté  par  le  'plus  grand  nombre  des  au- 
eurs  ;  espérons  que  les  noms  herpétide  et  arthritide  auront 
e  môme  succès,  lorsque  la  connaissance  des  affections  dar- 
reuses  et  arthritiques  sera  plus  répandue. 

Dans  l'étude  des  herpétides,  nous  suivrons  la  même  mé- 
liode  que  dans  la  description  des  arthritides. 

Nous  admettons  trois  sections  d'herpélides;  nous  avonâ 
«connu  trois  sections  d'arthrilides. 

Nous  allons  étudier  successivement  les  caractères  géné- 
aux  et  les  caractères  particuliers  des  affections  herpétiques. 

CARACTÈRES  COMMUNS  ET  DIFFÉRENTIELS  DES  HERPÉTIDES. 

Nous  examinerons  les  caractères  communs  des  herpétides 
•onsidéréos  sous  le  rapport  du  siège,  du  mode  de  développe- 
lient,  (le  Ui  disposition  des  éruptions^  de  la  disposition  des 
Icmcnts  priinilifà^  de  la  couleur,  de  la  nature  des  produits 


r)i;s  ni:iu'É'iii)i:s. 

excrétés,  de  la  marclie  et  de  la  durée,  enfjii,  de  la  modifica- 
tion de  la  sensibilité  cutanée. 

Siège.  —  Le  siège  des  affections  est  important  à  noter  : 
«  par  la  considération  du  siège,  a  dit  Poupart,  vous  arriverez. 
»  fréquemment  à  la  connaissance  du  principe  des  dar- 
»  très.  » 

Les  herpétides  n'ont  pas,  comme  les  arthritides,  de  siège 
de  prédilection  ;  elles  peuvent  débuter  indistinctement  sur  le 
tronc,  la  tête  ou  les  membres.  Cependant,  on  voit  souvent 
chez  l'enfant  les  premières  manifestations  de  la  dartre  se 
faire  à  la  tête,  qui  est  le  rendez-vous  de  toutes  les  affections 
cutanées  de  cet  âge.  Dans  ce  cas,  les  herpétides  ne  tardent 
pas  à  s'irradier  sur  les  autres  régions  du  corps. 

Sous  le  rapport  du  siège  topographique,  les  herpétides  dif- 
fèrent donc  des  arthritides  qui  se  montrent  plus  particuliè- 
rement sur  les  parties  découvertes,  des  syphilides  qui  se  dé- 
veloppent spécialement  dans  quelques  régions  comme  le 
front,  les  ailes  du  nez,  la  nuque,  les  épaules,  etc. 

Nous  avons  aussi  quelques  remarques  à  faire  sur  le  siège 
anatomique  des  herpétides. 

Tandis  que  les  arthritides  se  traduisent  le  plus  souvent  par 
des  lésions  des  follicules  pileux  et  des  glandes  sudoripares, 
les  herpétides  se  manifestent  le  plus  ordinairement  par  des 
altérations  du  réseau  vasculaire  et  du  corps  papillaire  du 
derme. 

Cette  différence  de  siège  anatomique  nous  explique  pour- 
quoi les  herpétides  s'étendent  à  de  grandes  surfaces  et  se 
développent  sur  toutes  les  régions,  tandis  que  les  arthritides 
n'apparaissent  que  dans  des  régions  spéciales,  pourvues  d'un 
grand  nombre  de  follicules  j)ileux  et  de  glandes  sudoripares. 

Mode  de  développement.  —  Les  arthritides  occupent  des 


CARACTÈRES  CO.MMUNS  ET  DIFFÉRENTIELS.  221 

surfaces  limitées  et  se  déplacent  difficilement  ;  si  elles  sont 
quelquefois  étendues  à  de  grandes  surfaces,  comme  on  l'ob- 
serve dans  les  affections  pseudo-exanlhématiques,  elles  dis- 
paraissent promptement  pour  faire  place  à  des  affections 
circonscrites  et  fixes..  Les  herpétides  pseudo-exanthémati- 
ques  sont  également  générales  dès  le  début  de  la  maladie 
constitutionnelle,  et  sont  bientôt  remplacées  par  des  affec- 
tions moins  étendues;  celles-ci  se  montrent  sur  une  ou 
plusieurs  régions,  disparaissent,  puis  se  reproduisent  tantôt 
sur  les  mômes  régions,  tantôt  sur  des  régions  différentes  et 
envahissent  chaque  fois  des  surfaces  plus  considérables.  Cette 
mobilité  est  propre  aux  herpétides. 

Enfin,  dans  la  dernière  période  de  la  dartre,  les  affections 
occupent  toute  la  surface  de  la  peau;  au  contraire,  les  ar- 
thrilides  disparaissent  dès  que  les  manifestations  viscérales 
de  l'arthritis  viennent  à  se  développer. 

Disposition  des  éruptions.  —  Les  éruptions  herpétiques 
présentent  une  symétrie  remarquable  dans  leur  développe- 
ment. En  effet,  elles  existent  le  plus  ordinairement  dans 
des  régions  qui  se  correspondent  :  l'eczéma  darlreux,  par 
exemple,  occupe  à  la  fois  les  deux  parties  latérales  du  cou, 
la  face  interne  des  deux  cuisses,  les  deux  joues,  les  pUs  du 
coude  de  chaque  membre,  etc. 

Les  arlhritides,  comme  nous  l'avons  vu,  n'affectent  pas 
cette  disposition  symétrique  qui  est  un  caractère  propre 
des  herpétides. 

Disposition  des  éléments  éruptifs.  —  Les  éléments  érup- 
tifs  sont  d'abord  isolés  et  disséminés  sur  une  grande  surface  ; 
puis  ils  se  réunissent  pour  former  de  petites  plaques,  qui  se 
confondent  à  leur  tour  et  s'étendent  à  une  ou  plusieurs  ré- 
gions du  corps. 


DES  HERPÉTIDES. 

Dans  lu  dernière  période  de  l'herpélisme,  le  malade  csl 
couvert  de  la  tôle  aux  pieds  d'une  enveloppe  écailieuse. 

L'éruption  herpétique  présente  des  contours  sifiueux,  ir- 
réguliers ;  nous  savons  que  l'éruption  arthritique  se  mani- 
Icsle  par  des  plaques  plus  ou  moins  arrondies,  dont  les  bords 
sont  réguliers  et  nettement  limités. 

Couleur.  —  Les  herpélides  humides  offrent  une  colora- 
tion rosée,  qui  diffère  de  la  couleur  violacée  qu'on  trouve 
dans  les  arthrilides.  Dans  la  forme  squameuse  de  la  dartre, 
les  squames  sont  blanches,  quelquefois  d'un  blanc  nacré; 
dans  les  arthritides  sèches,  nous  avons  vu  que  les  squames 
sont  d'un  blanc  mat  ou  grisâtre. 

Nature  des  produits  sécrétés .  —  D'une  manière  générale, 
les  affections  cutanées  qui  appartieiment  à  la  dartre  déter- 
minent des  sécrétions  morbides  considérables. 

Les  herpétides  sèches  sont  remarquables  par  une  produc- 
tion abondante  de  squames  (psoriasis,  pityriasis,  etc.)  ;  les 
herpélides  humides  sont  caractérisées  par  la  sécrétion  d'une 
grande  quantité  de  sérosité  (eczéma,  pemphigus  dar- 
treux,etc.).  Les  arthritides  présentent  au  nombre  de  leurs 
caratères  généraux,  nous  l'avons  dit,  une  sécheresse  habi- 
tuelle des  parties  affectées. 

Nous  avons  constaté  que  la  sérosité  des  herpétides  possé- 
dait des  propriétés  alcalines.  On  pourrait  se  demander  si  les 
produits  liquides  qu'on  rencontre  dans  les  scrofulides,  les 
syphilides  et  les  arthritides,  ne  présentent  pas  des  caractères 
chimiques  différents.  L'expérience  nous  manque  sur  ce 
point;  mais,  nous  nous  proposons  de  faire  à  ce  sujet  des  re- 
cherches qui  fourniront  peut-être  de  nouveaux  moyens  de 
diagnostic.  Toutefois,  nous  devons  dire  que  les  produits 
morbides,  examinés  jusqu'à  ce  jour,  ont  offert  des  propriétés 


CARACTÈRES  COMMUNS  ET  DIFFÉRENTIELS.  223 

alcalines  dans  un  grand  nombre  d'aiïeclions  de  nature  dis- 
semblable. 

Simplicité  des  lésiojis  primitives,  —  Dans  la  dartre,  on 
rencontre  la  sinipiicilé  des  lésions  primitives. 

Les  affections  que  Willan  a  prises  pour  types  de  ses  des- 
criptions, appartiennent  à  l'herpétisme.  Au  contraire,  les  va- 
riétés d'affections  culanéesélabliesd'aprèsdesdifférencesdans 
la  marche,  le  siège  ou  d'après  d'au  très  caractères  de  l'éruption, 
hsmaladies  composées  deM.  Devergie,  ne  font  point  partie  des 
affections  herpétiques  ^  elles  renirent  dans  les  classes  des  scro- 
fulides,  des  arthritides,  des  phyto-dermides  ou  des  syphilides. 

Toutefois,  la  simplicité  des  éléments  primitifs  ne  s'observe 
que  dans  les  premières  périodes  de  la  dartre  ;  car,  dans  la 
quatrième  période  de  cette  maladie  constitutionnelle,  les  érup- 
tions cutanées  sont  variées  et  confondues  à  tel  point  qu'il  est 
impossible  de  reconnaître  la  lésion  primitive. 

Marche,  durée,  terminaison.  —  Au  début,  les  herpétides 
présentent  une  grande  mobilité  ;  elle  ne  deviennent  perma- 
nentes que  dans  la  quatrième  période  de  la  maladie. 

Nedoil-on  pas  faire  une  exception  en  faveur  du  psoriasis? 
Cette  affection,  une  fois  établie,  ne  semble  plus  se  déplacer. 
Cependant  on  observe  des  psoriasis,  et  c'est  le  plus  grand 
nombre,  qui  disparaissent  en  hiver  pour  se  montrer  de  nou- 
veau en  été  et  au  printemps. 

Il  est  difficile  de  fixer  la  durée  de  la  dartre  :  les  manifesta- 
tions cutanées  se  développent  souvent  à  l'âge  critique  et 
persistent  avec  plus  ou  moins  d'intensité  jusqu'à  la  mort. 
Quelquefois  elles  apparaissent  pendant  plusieurs  années  et 
cessent  de  se  montrer  :  la  maladie  constitutionnelle  est  ar- 
rêtée, dans  son  évolution,  par  une  cause  souvent  inconnue. 

Parmi  les  herpétides  sèches,  le  psoriasis  se  rencontre  assez 


DES  HEUPÉTIDliS. 

souvent  dans  l'enfance  ;  il  peul  rester  longtemps  slation- 
naire,  ou  il  fait  des  progrès  peu  sensibles. 

Des  malades  ont  porté  des  psoriasis  pendant  trente  ou 
quarante  ans,  et  même  jusqu'à  leur  mort.  Il  semble  donc  que 
la  forme  sèche  des  dartres  affecte  une  marche  moins  ra- 
pide ;  elle  entraîne  à  sa  suite  plus  rarement  et  plus  lentement 
les  accidents  métastatiques  et  les  déterminations  viscérales 
de  la  maladie  constitutionnelle. 

Les  herpétides  ne  laissent  après  elles  aucune  cicatrice 
persistante  :  ce  caractère  les  distingue  des  scrofulides  et  des 
syphilides. 

Modification  de  la  sensibilité  cutaiiée.  —  La  sensibilité 
cutanée  subit  de  grandes  modifications  sous  l'influence  de  la 
diathèse  herpétique  :  le  prurit  est  le  phénomène  qu'on  observe 
le  plus  fréquemment.  Ce  symptôme  est  quelquefois  porté  à  un 
tel  degré  que  le  malade  se  laboure  la  peau  avec  les  ongles  et 
préfère,  à  la  pénible  sensation  de  démangeaison,  la  douleur 
occasionnée  par  des  déchirures  et  des  plaies  profondes  de  l'en- 
veloppe cutanée.  Un  prurit  continu  et  très  intense  (prurigo 
ferox)  peut  conduire  à  l'aliénation  mentale  et  au  suicide. 

Le  prurit  ne  revêt  pas  toujours  les  mêmes  caractères.  Par- 
fois, il  est  comparable  à  la  sensation  qui  serait  produite  par 
la  présence  d'une  multitude  d'insectes  en  mouvement  sur  la 
peau  ;  d'autres  fois,  il  se  traduit  par  un  sentiment  de  cuisson 
semblable  à  celui  qui  résulterait  d'une  brûlure  superficielle 
et  étendue;  enfin,  ce  phénomène  se  manifeste  encore  sous 
la  forme  de  picotements  ou  d'élancements. 

Le  prurit  est  plus  marqué  la  nuit  que  le  jour.  Il  est  peu 
prononcé  dans  les  affections  caractérisées  par  des  sécrétions 
morbides  abondantes;  réciproquement,  il  est  ordinairement 
très  intense  dans  les  éruptions  cutanées  qui  ne  présentent 


HKRPÈTIDI-S  PSKUDO-FAANTIlftMATIQUES.  225 

pas  (le  sécrétion  morbide  appréciable.  Ainsi,  les  démangeai- 
sons sont  plus  vives  dans  la  période  érylhémateuse  de  l'eczéma 
que  dans  la  période  vésiculeuse  ;  elles  sont  plus  fréquentes 
et  plus  fortes  dans  le  pityriasis  que  dans  le  psoriasis  :  cette 
dernière  affection  est  remarquable,  comme  on  le  sait,  par 
l'abondance  des  produits  excrétés. 

Si  le  prurit  accompagne  habituellement  les  herpétides,  il 
peut  aussi  précéder  ^  de  même,  il  persiste  quelquefois 
après  leur  disparition  et  ne  cède  que  dilficilement  aux  agents 
thérapeutiques. 

CARACTÈRES  PROPRES. 

Après  avoir  donné  les  caractères  communs  à  toutes  les 
herpétides,  nous  allons  faire  connaître  les  caractères  propres 
à  chacune  d'elles.  Nous  les  rangeons  dans  trois  sections  dif- 
férentes :  1°  herpétides  pseudo-exanthématiques ,  2"  herpé- 
tides sèches,  3°  herpétides  humides. 


PREMIÈRE  SECTION.. 

DES  HERPÉTIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATlQUES. 

Nous  décrirons  dans  (rois  chapitres  différents  : 

1"  Les  herpétides  pseudo-exanthématiques  érythéma- 

teuses  :  roséole,  urticaire  fébrile,  pitysiasis  rubra  aigu  ; 
2»  Les  herpétides  pseudo-exanthématiques  vésiculeuses  : 

eczéma  rubrum  généralisé,  herpès,  zona; 

S"  Une  \ïev[^é[ïdepseudo  exa?ith€matique  huileuse  ;  pem- 
phigus  ttigu  (febris  bullosa), 

45 


220  HERPÊTÎDES  PSEUDO-EXANTHftMATIQUF.S  ÉRYTHÉMATH USES. 

Nous  mentionnerons  brièvement  les  caractères  propres  au 
zona,  au  pemphigus,  à  Tlierpès  et  à  l'urticaire  fébrile  de  na- 
ture herpétique  ;  la  description  des  éruptions  de  ces  diffé- 
rentes affections  a  été  donnée  au  chapitre  consacré  à  l'his- 
toire des  arthrilides  pseudo-exanthématiques.  Mais  la  roséole 
et  l'eczéma  ruhrum  généralisé  mériteront  de  fixer  notre  atten- 
tion plus  longtemps  ;  ces  affections  appartiennent  constam- 
ment à  la  dialhèse  herpétique,  de  même  que  les  érythèmes 
noueux  et  papulo-tuberculeux  sont  des  manifestations  essen- 
tiellement arthritiques.  Nous  ne  reviendrons  pas  ici  sur  les 
considérations  générales  que  nous  avons  données  à  propos 
des  caractères,  de  la  marche  et  de  la  nature  des  pseudo- 
exanthèmes. 


CHAPITRE  PREMIER. 

DES  HERPÉTIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES  ÉRYTHÉMATEUSES. 

Ce  chapitre  renferme  plusieurs  genres  que  nous  traite- 
rons dans  des  paragraphes  séparés  :  1°  la  roséole,  2°  l'urti- 
caire fébrile ,  3°  le  pityriasis  rubra  disséminé. 

§  Z.  —  De  la  roiéole. 

La  roséole  est  une  affection  cutanée,  non  contagieuse, 
caractérisée  par  une  éruption  de  taches  rouges,  non  sail- 
lantes, diversement  configurées  et  disparaissant  par  la  pres- 
sion; cette  éruption  est  souvent  précédée  et  accompagnée 
de  symptômes  fébriles,  et  se  termine  par  résolution  dans 
l'espace  d'un  à  trois  septénaires. 


ROSÉOLE  HERPÈTIQUI'.  227 

La  roséole  appartient  éviilemmenl  à  la  classe  des  aiïcclions 
pseiido-exantlicmaliques,  si  l'on  en  juge  par  l'ensemble  de  ses 
symptômes  et  par  sa  marche. 

Nosographie.  —  Les  signes  précurseurs  de  la  roséole  sont 
ordinairement  un  malaise  général,  de  l'anorexie  et  un  mou- 
vement fébrile  plus  ou  moins  intense.  Parfois,  on  observe 
chez  l'enfant  des  vomissements,  du  délire  et  même  des  con- 
vulsions. 

Ces  prodromes  manquent  rarement  ;  ils  ont  une  durée  d'un 
à  deux  jours. 

L'éruption  se  manifeste  par  des  taches  rosées  qui  offrent 
des  configurations  variées.  Ces  taches  sont  plus  ou  moins 
arrondies,  d'autres  fois  elles  sont  irrégulières  ;  elles  sont 
rapprochées,  confluentes  dans  quelques  régions,  mais  elles 
sont  toujours  distinctes^  elles  ne  font  pas  saillie  au-dessus 
de  la  peau  o'u  sont  à  peine  proéminentes-,  elles  présentent 
une  teinte  rosée  qui  devient  plus  apparente  sous  l'influence 
de  l'air  et  du  froid;  elles  disparaissent  habituellement  sans 
laisser  aucune  trace  de  leur  existence;  cependant,  elles  sont 
quelquefois  le  siège  d'une  légère  desquamation.  Les  sym- 
ptômes fébriles  cessent  après  le  développement  de  l'éruption  ; 
s'ils  sont  peu  marqués  ou  s'ils  manquent,  il  peut  arriver 
que  l'affection  cutanée  passe  inaperçue. 

Marche^  durée  et  terminaison.  - —  L'éruption  présente  une 
durée  qui  varie  de  deux  à  sept  jours.  Quelquefois,  elle  cesse 
el  reparaît  alternativement  pendant  un  certain  temps:  dans 
ce  cas,  la  roséole  ne  disparait  souvent  d'une  manière  défini- 
tive que  vers  le  deuxième  ou  troisième  septénaire.  Quoi 
qu'il  en  soit,  celte  affection  offre,  coiDme  on  le  voit,  une 
marche  rapide;  elle  se  termine  par  résolution  et  toujours 
d'une  manière  favorable,  s'il  n'existe  point  de  complications 


228  Hr.RPfiTIDES  PSRUDO-KXANTIlflMATIQUIiS  f;KYTHf:.\IAlK UStS. 

IVirheusos  Icllos  qu'on  pcul  en  observer  chez  les  cnfanls. 

Siège.  —  La  roséole  oeeiipc  à  [)eii  [)rès  toutes  les  régions, 
ocpeiulant  on  rcneonlre,  spéeialeineiit  sur  quclfiues  parties 
(lu  eorps,  plusieurs  variétés  de  raffcclion  rubéolique  que  nous 
allons  faire  connaître. 

Variétés.  —  La  plupart  des  variétés  de  roséole  admises 
par  Willan  ne  méritent  pas  d'ôtre  conservées. 

La  roséole  annulaire  de  cet  auteur  n'est  autre  que  Véry- 
thème  c.irciné  ou  anmdaire. 

La  roséole  de  rcnfant  (roseola  infantilis)  présente  les 
mômes  caractères  que  la  roséole  de  l'adulte.  Peut-ôtre  offre- 
l-elle,  dans  quelques  cas,  des  symptômes  fébriles  plus  in- 
tenses. 

Parmi  les  variétés  de  roséole  reconnues  par  Willan  ,  je 
n'en  garde  que  deux,  à  savoir  :  la  roséole  de  l'automne  (ro- 
seola  autumnalis),  et  la  roséole  de  l'été  {roseola  œstiva). 

Ces  variétés  correspondent  à  deux  formes  que,  d'api'ès 
l'aspect  de  Téruption,  je  désigne  sous  les  noms  de  roséole 
scarlatiniforme  et  roséole  morbilleuse . 

A.  —  La  roséole  scarlatiniforme,  après  un  ou  deux  jours 
de  malaise,  se  manifeste  par  une  rougeur  granulée  et  sem- 
blable à  celle  de  la  scarlatine;  celte  éruption  se  montre  à  la 
poitrine,  à  l'abdomen,  aux  plis  articulaires  et  à  la  face  interne 
des  cuisses;  parfois,  elle  g<Tgne  la  face,  le  cou  et  devient  gé- 
nérale. Vers  le  deuxième  ou  troisième  jour,  les  tacbes  con- 
gestives  pâlissent,  puis  disparaissent  en  laissant  une  légère 
desquamation,  Les  phénomènes  fébriles  cessent  à  l'apparition 
de  l'affection  cutanée  :  celle-ci  s'accompagne  fréquemment 
de  cuisson  ou  de  démangeaison. 

B.  —  Dans  la  roséole  morbilleuse^  on  trouve  des  taclirs 
rouges,  arrondies  et  légèrement  snillantes.  Ces  loches  sont 


ROSÉOLE  HERPÉTIQUE.  229 

petites  et  isolées  d'abord,  puis  elles  se  réunissent  et  forment 
des  taches  plus  larges  qui  ressemblent  plus  ou  moins  exacte- 
ment à  celles  de  la  rougeole;  comme  ces  dernières,  elles 
prennent  la  configuration  de  demi-lunes,  de  cercles  incom- 
plets. L'éruption  disparaît  promptement  en  laissant  une  des- 
quamation peu  considérable.  Les  phénomènes  généraux  n'ont 
pas  ici  une  plus  grande  intensité  que  dans  la  roséole  scarla- 
ti ni  forme. 

Etiologie.  —  L'éruption  rubéoliquc  se  montre  dans  les 
de,ux  sexes  et  à  tous  les  âges. 

Elle  est  plus  fréquente  dans  les  saisons  d'été  et  d'au- 
tomne. 

Dans  quelques  circonstances,  elle  a  paru  régner  d'une  ma- 
nière épidémique. 

Une  fatigue  prolongée,  l'ingestion  de  boissons  froides, 
les  bains  sulfureux,  les  bains  de  vapeur  sont  souvent  des 
causes  déterminantes.  Les  émotions  morales,  les  excitants 
de  toutes  sortes  occasionnent  plus  particulièrement  la  roséole 
herpétique. 

Pathogénie.  —  La  roséole  est  une  affection  pseudo-exan- 
thématique  qui  est  idiopalliique  dans  quelques  cas;  elle  est 
le  plus  souvent  symptomatique  de  deux  maladies  constitu- 
tionnelles :  la  dartre  et  la  syphilis. 

Diagnostic.  —  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  fêiire  le  dia- 
gnostic du  genre  de  l'affection,  ce  qui  est  facile  dans  la  plu- 
part des  cas.  Cependant,  si  l'on  se  bornait  à  un  examen 
superficiel  de  l'éruption,  la  roséole  pourrait  être  confondue 
avec  la  scarlatine  et  la  rougeole  ;  mais  cette  méftrise  devient 
impossible,  quand  on  observe  l'état  général. 

En  effet,  dans  la  scarlatine,  on  constate  des  phénomènes 
généraux  ordinairement  graves ,  une  angine  plus  ou  moins 


230  HFRPÉTIDES  PSEUDO-FXANTHÉMATIQUES  ÉRYTHÉMATEUSES. 

intense,  une  rongeur  insolite  de  la  njuqueuse  buccale  et  une 
(lesquanialion  par  larges  plaques.  Ces  synfiplômes  nrianquent 
dans  l'an'ectioi)  roséolique. 

La  rougeole  se  dislingue  de  la  roséole  par  l'existence  des 
phénomènes  fébriles  qui  ont  une  plus  longue  durée,  et  par 
l'apparition  d'inflammations  catarrhales  des  bronches  et  de  la 
muqueuse  piluitaire. 

En  présence  d'une  roséole,  il  faut  se  demander  si  cette 
affection  est  idiopalhique,  syphilitique  ou  dartreuse.  La  roséole 
syphilitique  présente  une  marche  chronique  et  se  produit  par 
poussées  successives;  elle  s'accompagne  de  l'engorgement 
des  ganglions  et  vaisseaux  lymphatiques,  et  coïncide  avec 
divers  accidents  syphilitiques,  tels  que  les  ulcérations  chan- 
creuses  et  les  plaques  muqueuses. 

Il  est  plus  difficile  de  dire  si  la  roséole  est  de  nature  her- 
pétique. On  arrivera  cependant  à  établir,  dans  la  plupart  des 
cas,  l'origine  de  la  roséole  dartreiise,  en  consultant  ses  rela- 
tions avec  les  affections  antérieures  ou  concomitantes.  On 
devra  surtout  interroger  le  malade  sur  les  antécédents  de  ses 
parents  et  sur  l'état  habituel  de  sa  santé  :  vous  parviendrez 
souvent  à  constater  chez  lui,  sinon  des  affections  herpétiques 
bien  accusées ,  au  moins  cet  ensemble  de  phénomènes  pro- 
dromiques  qui  appartiennent  à  la  diathèse  herpétique.  Nous 
devons  ajouter  (|ue  la  récidive  de  la  roséole  est  un  caractère 
qui  plaide  en  faveur  de  l'existence  de  la  dartre. 

Le  diagnostic  de  la  roséole  idiopathique  se  fera  par  exclu- 
sion, après  qu'on  aura  éliminé  la  roséole  syphilitique  et  la 
roséole  herpétique. 

Pronostic.  —  La  roséole  est  une  affection  bénigne  ;  elle 
disparaît  spontanément  après  une  durée  qui  varie  suivant 
l'espèce.  La  roséole  syphilitique  persiste  plus  longtemps  que 


URTICAIRE  HEUPÉTIQUE.  23l 

les  roséoles  idiopalhique  el  tlarlreuse;  d'une  manière  abso- 
lue, elle  est  plus  grave  que  la  roséole  herpétique,  et  cette 
dernière  est  plus  sérieuse  que  la  roséole  idiopalhique. 

Traitement.  —  Le  traitement  de  cette  affection  est  des  plus 
simples:  on  se  bornera  à  prescrire  le  repos,  des  boissons  dé- 
layantes et  un  régime  sévère.  Quelques  bains  émoUients 
peuvent  être  ordonnés  pour  favoriser  la  disparition  de  l'érup- 
tion. 

§  II.  —  De  l'urticaira. 

Nous  avons  établi  précédemment  une  distinction  fondamen- 
tale entre  l'urticaire  aiguë  et  l'urticaire  chronique,  affections 
qui  appartiennent  à  l'arthritis  ;  nous  maintenons  cette  dis- 
tinction entre  l'urticaire  aiguë  et  chronique  de  nature  her- 
pétique. Nous  aurons  donc  à  décrire  séparément  l'urticaire 
aiguë,  que  nous  plaçons  dans  les  herpétides  pseudo-exan- 
ihémaliques  érythémateuses ,  et  l'urticaire  chronique  que 
nous  rangeons,  sous  le  nom  de  cnidosis,  parmi  les  herpétides 
sèches. 

Nous  avons  fait  l'histoire  de  l'urticaire  aiguë,  considérée 
indépendamment  de  sa  nature,  comme  affection  générique. 
Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ce  que  nous  en  avons  dit,  mais 
nous  devons  l'envisager  ici  plus  particulièrement  comme 
affection  dartreuse.  L'urticaire  de  nature  herpétique  est 
produite  fréquemment  par  la  fatigue,  les  veilles  prolon- 
gées et  surtout  par  les  émotions  morales.  La  chaleur  exerce 
une  certaine  action  sur  la  marche  de  l'éruption  :  on  sait 
que  les  plaques  ortiées  se  montrent  ordinairement  pendant 
la  nuit  et  qu'elles  disparaissent  dans  la  journée.  Nous 
avons  vu,  au  contraire,  que  l'urticaire  arthritique  se  déve- 


232  HliRPÉTlMS  rSELUO-liXANJllÉMATIQUES  tllYTIlÉMATEUStS. 

loppe  quelquelois  sous  l'influence  du  froid  el  s'efface  sous 
celle  de  la  chaleur. 

L'urticaire  herpétique  présente  un  signe  négatif  f|ui  servira 
parfois  à  la  faire  distinguer  de  l'urticaire  arthritique  :  je  veux 
parler  de  la  coloration  de  l'éruption  dartreuse,  qui  est  moins 
foncée  que  celle  de  l'affection  arthriti(iue.  Cette  dernière 
s'accompagne,  dans  quelques  cas,  d'hémorrhagies  intersti- 
tielles de  la  peau. 

Il  serait  difficile  d'après  les  caractères  précédents,  qui 
sont  insuffisants  sans  nul  doute,  de  reconnaître  la  nature  de 
l'urticaire  herpétique.  Le  traitement  ne  fournira  aucun 
moyen  de  diagnostic,  puisque  l'affection,  quelle  que  sôit  sa 
nature,  disparaît  spontanément  dans  un  espace  de  temps 
très  court. 

En  l'absence  de  symptômes  propres  à  l'urticaire  herpétique, 
nous  devrons  tourner  notre  attention  vers  l'élude  des  rapports 
de  cette  éruption  avec  les  affections  antérieures  ou  concomi- 
tantes que  peut  nous  présenter  le  malade.  Nous  arriverons 
souvent  à  constater  chez  ce  dernier  des  dyspepsies,  des  mi- 
graines ou  d'autres  névralgies  dénature  dartreuse,  du  prurit, 
des  affections  herpétiques  bien  caractérisées  chez  le  père  ou 
la  mère,  etc.,  enfin,  l'ensemble  des  symptômes  prodromiques 
de  la  dartre.  Si  le  diagnostic  restait  douteux,  l'avenir  pour- 
rait encore  tra,ncher  la  question  :  on  verrait  apparaître,  à  une 
époque  plus  ou  moins  éloignée,  des  manifestations  plus  accu- 
sées de  la  diathèse  herpétique. 

Je  borne  là  ces  quelques  considérations  que  l'on  pourra 
compléter  en  lisant  la  description  de  l'urticaire  pseudo  exan- 
Ihémalique  de  nature  arthritique. 


PlTïlllASIS  AKiU  DISSÉMINÉ. 


233 


§  III.  —  Du  pityriasis  aigu  disiéminé, 

Le  pityriasis  aigu  disséminé  est  une  affection  pseudo-  exan- 
tliénialique  qui  appartient  à  l'arthrilis  et  à  la  dartre.  Lorsque 
nous  avons  étudié  le  pityriasis  aigu  arthritique,  nous  avons 
dit  ce  qu'il  fallait  entendre  par  les  variétés  des  auteurs, 
pityriasis  versicolor,  nigra,  alha,  capitis  et  barbœ,  rubra. 
Nous  avons  admis  deux  espèces  de  pityriasis  rubra  :  l'un 
offre  une  marche  chronique,  appartient  essentiellement  à 
la  dartre  et  sera  décrit  parmi  les  herpélides  sèches  ;  l'autre 
est  un  pseudo-exanthème  arthritique  ou  herpétique.  Le  pity- 
riasis aigu  arthritique  vous  est  connu,  nous  allons  parler 
du  pityriasis  aigu  de  nature  herpétique. 

Je  nVexposerais  à  des  répétitions  inutiles,  si  je  vous  don- 
nais de  nouveau  la  description  du  genre  du  pityriasis  aigu 
disséminé  ;  je  me  contenterai  de  vous  signaler  ce  qui  a  rap- 
port à  cette  affection  envisagée  comme  manifestation  herpé- 
tique. 

A  quels  signes  peut-on  reconnaître  que  ce  pseudo-exan- 
thème est  symptomatique  de  l'herpétisme?  Disons  de  suite 
que  le  traitement  ne  saurait  en  aucune  façon  venir  en  aide 
au  diagnostic,  puisque  l'affection,  dans  tous  les  cas,  se  ter- 
mine promptement  par  résolution  et  d'une  manière  sponta- 
née. Les  symptômes  et  la  marche  du  pityriasis  aigu  dissé- 
miné, ses  causes,  et  surtout  ses  rapports  avec  les  autres 
manifestations  de  la  dartre  pourront  seuls  nou5  éclairer  sur 
sa  nature  :  ainsi,  le  pityriasis  très  généralisé,  qui  récidive 
fréquemment,  qui  se  montre  à  la  suite  d'émotions  morales, 
qui  coexiste  avec  des  migraines,  des  dyspepsies,  etc.,  herpé- 
tiques, ce  pityriasis,  disons-nous,  est  spécialement  de  nature 
darlreuse. 


23/|     HEIIPÉTIDES  PSEUDO-KXANTHÉMATiQUES  VÉSICUL RUSES. 


CHAPITRE  II. 

HERPÉTIDES  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUES  VÉSICULEUSES. 

Les  herpétides  pseudo-exanllicmaliques  vésiculeuses  sont  : 
1°  l'eczéma  rubrum  généralisé,  2°  Therpès,  3°  le  zona. 

$  I.  —  Eczéma  rubrum  généralisé. 

Cette  variété  d'eczéma  est  mal  décrite  par  les  auteurs  qui 
la  confondent  avec  l'eczéma  ordinaire,  dont  elle  ne  diiïèrerait 
que  par  une  plus  grande  intensité  de  la  coloration.  Pour 
nous,  l'eczéma  rubrum  généralisé  est  une  espèce  distincte 
qui  présente  une  marche  et  une  évolution  particulières. 

Cette  affection  n'est  pas  contagieuse;  elle  est  caractérisée 
par  une  éruption  vésiculeuse,  précédée,  quelquefois  accom- 
pagnée de  phénomènes  fébriles  et  se  terminant  par  résolu- 
tion dans  l'espace  de  quinze  jours  à  trois  semaines. 

D'après  ses  caractères  et  sa  marche,  l'eczéma  rubrum  gé- 
néralisé se  trouve  naturellement  placé  dans  la  classe  des 
pseudo-exanthèmes.  C'est  pour  la  première  fois  que  nous 
allons  décrire  cette  affection,  qui  appartient  essentiellement 
à  la  dartre. 

Nosographie.  —  L'eczéma  rubrum  est  annoncé  par  quelque 
malaise,  de  Tanorexie,  un  mouvement  fébrile  plus  ou  moins 
intense,  et  même,  dans  certains  cas,  par  de  l'agitation  et  du 
délire. 

Une  démangeaison  très- vive  se  montre  sur  les  surfaces 
qui  seront  le  siège  de  l'éruption,  et  souvent  sur  des  niions 
plus  étendues. 


ECZÉMA  RUBRUM  GÉNÉRALISÉ.  235 

On  voit  bientôt  des  plaques  rouges  se  développer  simulta- 
nément à  la  figure,  aux  aisselles,  au  niveau  des  plis  articulaires 
ou  sur  le  tronc.  Ces  plaques  sont  plus  ou  moins  arrondies, 
légèrement  saillantes  et  confluentes;  elles  présentent  des 
dimensions  variables  ;  elles  ont  ordinairement  un  diamètre 
de  2  à  Zi  cenlimètres,  mais  elles  se  réunissent  quelquefois  et 
couvrent  une  région  entière  :  c'est  ainsi  que  la  figure  peut 
être  envahie  dans  sa  totalité  par  un  gonflement  et  une  rou- 
geur qui  rappellent  l'érysipèle.  Ces  plaques  sont  encore  re- 
marquables par  une  coloration  d'un  rouge  vif  et  par  un 
gonflement  assez  considérable.  Ce  dernier  symptôme  se  ma- 
nifeste surtout  dans  les  régions  pourvues  d'un  tissu  cellulaire 
abondant,  principalement  à  la  face  :  les  paupières  sont  tumé- 
fiées ,  les  joues  et  les  lèvres  comme  fluxionnées. 

Sur  les  surfaces  rouges  ne  tardent  pas  à  paraître  des  vési- 
cules, isolées  et  distinctes,  quelquefois  agglomérées.  Ces 
vésicules,  qui  sont  un  peu  plus  volumineuses  que  celles  de 
l'eczéma  chronique,  sont  visibles  pour  la  plupart.  Le  plus 
grand  nombre  d'entre  elles  s'affaissent  après  la  résorption 
du  liquide  qu'elles  renferment,  et  sont  remplacées  par  une 
desquamation  furfuracée;  d'autres  se  rompent  et  donnent 
naissance  à  des  croûtes  jaunâtres  qui  recouvrent  des  surfaces 
enflammées  et  légèrement  ulcérées.  Ces  croûtes  se  détachent 
bientôt,  et  l'on  voit  à  leur  place  des  squames  qui  durent 
quelque  temps.  L'éruption  se  limite  parfois  à  une  seule  ré- 
gion,  la  face,  les  mains,  etc.;  mais  le  plus  ordinairement 
elle  se  développe  simultanément  sur  plusieurs  parties  :  à  la 
face,  aux  aisselles,  aux  plis  de  l'aine,  au  niveau  des  jointures. 
Dans  quelques  cas,  elle  s'étend  à  la  surface  presque  entière 
du  corps  :  chez  un  malade  que  nous  observions  récemment, 
l'affection  occupait  à  peu  près  complètement  la  figure,  les 


22G   iitmrÉTJDKS  psel[)0-]:xamii/-.matiqli:s  nésicl'i.ixsks. 

rncmhros,  les  régions  loinhiiiic  cL  ihoracifjiHï  aiilérieui'c. 

Les  plicnomèiios  généraux  disparaissénl  ordinairement  au 
moment  de  l'éruption-,  cependant  ils  persistent  fpjelquelbi.s 
avec  lu  môme  intensité,  snrîdiit  si  l'eczéma  rubruni  se  inani-' 
feste  par  poussées  successives. 

Marche,  durée ^  terminaison. —  L'eczéma  rubrum  présente 
une  marche  essentiellement  aiguë.  Au  bout  de  quelques  jours, 
les  surfaces  pâlissent,  la  luméfaclion  diminue;  l'affection  se 
termine  généralement  dans  l'espace  de  deux  à  trois  septé- 
naires. 

Pendant  la  durée  de  l'éruption,  on  observe  habituellement 
une  ou  deux  poussées  vésiculeuses.  L'eczéma  rubrum  réci- 
dive avec  une  grande  facilité  :  tous  les  jours  vous  trouverez 
des  malades  qui  vous  diront  avoir  eu  cinq ,  six  et  huit  érysi- 
pèles  de  la  face;  or,  ces  prétendus  érysipèles  ne  sont  que  des 
eczéma  rubra.  D'ailleurs,  cette  forme  de  la  dartre  conduit 
tôt  ou  tard  à  des  alïections  herpétiques  plus  circonscrites  et 
plus  tenaces.  Ainsi  l'eczéma  rubrum  se  montrera  et  dispa- 
raîtra dix  ou  quinze  fois  dans  l'espace  de  trois,  quatre  et  dix 
ans;  mais  à  cette  époque  une  nouvelle  éruption  surviendra, 
présentera  une  durée  plus  longue  et  finira  par  se  fixer  d'une 
manière  définitive  dans  quelques  régions,  à  la  face,  aux 
mains  ou  aux  parties  génitales. 

Ètiologie.  —  L'eczéma  rubrum  se  montre  dans  les  deux 
sexes,  toutefois  il  est  plus  fréquent  chez  la  femme  ;  il  se  dé- 
clare souvent  au  printemps  et  à  l'été. 

Il  s'observe  principalement  dans  l'âge  adulte;  il  apparaît 
encore  à  l'âge  critique. 

Les  causes  déterminantes  sont  nombreuses  :  nous  citerons 
plus  parlicuhèrement  les  émotions  morales,  les  fatigues  et 
les  veilles  prolongées,  l'exposition  à  une  chaleur  ardente. 


i-czfeM.v  nuniîi  M  GLiNi-r. ai.isê.  23? 

Nous  mcnliomuTons  aussi  l'action  de  plusieurs  agents  tels 
fjuc  les  vôsicatoii  es,  les  ventouses,  etc.,  qui  provoquent  assez 
souvent  le  développement  de  raffeclion.  Avant  tout,  il  existe 
une  cause  interne  sans  laquelle  toutes  les  autres  resteraient 
stériles:  celle  cause  est  la  diatlièse  herpétique. 

Pathngénie.  —  L'eczéma  ruhrum  est  une  affection  propre 
à  la  dartre,  comme  nous  avons  eu  l'occasion  de  le  dire  pré- 
cédemment. 

Diagnostic.  —  L'eczéma  rubruni  présentje  quelque  ressem- 
blance avec  l'érysipèle  et  avec  plusieurs  exanthèmes. 

Voyons  d'abord  k  le  distinguer  de  la  première  aiïection. 
L'érysipèle  débute  par  une  plaque  peu  étendue,  qui  en- 
vahit chaque  jour  les  parties  voisines;  l'eczéma  rubrum 
recouvre  irnmédialement  toute  la  région  qui  doit  être 
aiïectée.  Le  premier  présente  une  surface  rouge  qui  est 
limitée  par  un  bourrelet  très  nedement  accusé;  le  second 
offre  un  gonflement  qui  diminue  graduellement  en  appro- 
chant des  parties  saines.  Lorsque  l'érysipèle  s'accompagne 
d'une  vive  inflammation,  on  observe  à  sa  surface  des  phlyc- 
tènes  ou  de  grosses  bulles,  qui  difj'èrent  complètement  des 
nombreuses  et  petil<'S  vésicules  de  l'eczéma  rubrum. 

L'affection  érysipélateuse  est  précédée  et  accompagnée  de 
syuq)t()mcs  généraux  plus  ou  moins  intenses  ;  sa  terminaison 
est  môme  annoncée  par  la  disparition  des  accidents  fébriles. 
Des  phénomèp.cs  généra;iN  piécèJcnl  aussi  Teczéma  rubrum; 
mais,  ils  sont  moins  intenses  généralement  que  ceux  de  l'éry- 
sipèle, et  ils  cessent  dès  que  l'éruption  est  développée.  Les 
malades  atteints  do  ces  pscudo-*érysipcles  ^  qui  ne  sont  que 
dos  cczômn,  se  lèvent,  marchent  cl  accomplissent  toutes  leurs 
fonctions  comme  A  l'étal  de  sanlé, 

L'érupiion  de  rec'/.ém.".i  rubi^urn»  nvanl  rnppai^itîon  des  vé. 


238       HERPÈTIDES  PSEUDO-EXANTHÊM/ TIQUES  VltSlCULEUSES. 

sicules,  pourrait  être  conroiuliie  avec  celles  de  la  scarlatine  et 
de  la  rougeole.  Mais  ici,  comme  nous  l'avons  vu  pour  la  ro- 
séole, les  symptôme?  observés  dans  la  scarlatine  vers  le  pha- 
rynx et  la  langue,  les  catarrhes  bronchiques  et  naso-oculaires 
dans  la  rougeole,  mettront  promptement  sur  la  voie  du  dia- 
gnostic. D'ailleurs,  s'il  restait  du  doute,  il  serait  bientôt  dissipé 
par  l'éruption  vésiculeuse  qui  ne  tarde  pas  à  se  montrer  dans 
l'eczéma  rubrum. 

La  nature  de  l'eczéma  rubrum  nous  a  été  démontrée  par 
l'observation  :  nous  avons  constaté  un  grand  nombre  de  fois 
les  rapports  intimes  de  cette  affection  avec  les  manifestations 
herpétiques.  Nous  n'avons  donc  pas  à  nous  occuper  du  dia- 
gnostic de  l'espèce,  puisque  l'eczéma  rubrum  appartient  tou- 
jours à  la  dartre. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  de  l'eczéma  rubrum  n'est  point 
sérieux  ;  cependant  M.  Hardy  rapporte  un  cas  de  mort  sur- 
venu à  la  suite  de  phénomènes  graves  qui  se  sont  produits 
du  côté  du  cerveau  et  de  la  poitrine. 

Il  ne  faut  pas  oublier  non  plus  que  cette  affection  est  fâ- 
cheuse par  les  récidives  auxquelles  est  exposé  le  malade. 
Lorsque  l'eczéma  rubrum  a  fini  par  se  localiser,  il  a  pris 
droit  de  domicile  et  il  ne  disparaît  plus  qu'avec  beaucoup  de 
difficulté. 

Traitement.  —  Il  est  utile  quelquefois  de  pratiquer  une  ou 
deux  saignées,  si  le  malade  est  robuste.  On  ordonne  ensuite 
le  repos,  des  boissons  délayantes  et  une  nourriture  légère; 
on  fera  saupoudrer  avec  la  poudre  d'amidon  les  surfaces  ma- 
lades. Pendant  la  période  d'acuité,  on  se  bornera  à  ces  quel- 
ques moyens;  plus  tard,  on  prescrira  des  bains  émollients  et 
des  bains  sulfureux. 


tiERPÈS  PHLYCTÊNOÏDE. 


239 


§  II.  —  l>e  l'herpès  phlycténoïde. 

Quand  nous  avons  étudié  l'herpès  arthritique,  nous  n'en 
avons  reconnu  que  deux  variétés  :  l'herpès  phlycténoïde  elle 
zona.  La  dartre  ne  possède  également  que  ces^seules  variétés  : 
les  autres  variétés,  herpès,  iris  et  circiné,  sont  des  affections 
parasitaires,  comme  nous  l'avons  établi.  Dans.ce  paragraphe, 
nous  allons  nous  occuper  spécialement  de  l'herpès  phlycté- 
noïde de  nature  dartreuse.  Nous  passerons  sous  silence  la 
description  du  genre,  que  nous  avons  donnée  dans  l'histoire 
de  l'herpès  arthritique;  nous  arriverons  immédiatement  au 
diagnostic  qui  a  rapport  à  la  nature  de  l'aff'ection.  A  quels 
caractères  reconnaîtrons-nous  que  l'herpès  phlycténoïde  [olo- 
phlyctide  d'Alibert)  est  de  nature  herpétique? 

Nous  avons  déjà  dit  que,  dans  les  affections  pseudo-exan- 
thématiques,  le  traitement  n'était  d'aucune  utilité  pour  le 
diagnostic,  parce  que  ces  affections  disparaissent  rapidement 
et  spontanément. 

L'éliologie  peut -elle  nous  fournir  quelques  renseigne- 
ments? L'herpès  phlycténoïde  de  nature  dartreuse  est  sou- 
vent déterminé  par  des  émotions  morales  :  ces  impressions 
subites  amènent  une  excitation  fébrile  passagère,  à  la  suite 
de  laquelle  se  montrent  des  plaques  d'herpès  sur  les  joues, 
les  lèvres,  etc.  Il  ne  faut  pas  confondre  cette  espèce  d'olo- 
phlyctide  avec  celle  qu'on  observe  vers  le  déclin  de  plusieurs 
maladies,  telles  que  la  pneumonie,  la  fièvre  éphémère  ou 
synoque.  L'herpès  darlreux  se  distinguera  encore  jusqu'à 
un- certain  point  de  l'herpès  arthritique  par  l'absence  de  cer- 
taines causes  occasionnelles  :  nous  savons,  en  effet,  que  ce 
dernier  est  produit  fréquemment  par  le  froid  et  les  change- 
ments de  température. 


2'l0      ULRl'Él  lDliS  PSI.lDO-tXAM  lltMATlQLI'.S  ^  feSICLLIX'SF.S. 

Les  caractères  ol)jeclirs,  la  marclie  oLia  teriiiiiiaison  ne  prc- 
senlent  pas  de  dilTérences  dans  l'iierpès  darlreux  et  l'Iierpès 
arllirilique.  Alors,  comment  parviendrons-nous  à  établir  la  na- 
ture de  riierpès  dartreux  ?  N'oublions  pas  qu'il  nous  reste  une 
dernière  ressource,  c'est  de  recberclier  les  rapports  de  l'olo- 
pblyclide  herpétique  avec  les  affections  dartreuses  antérieu- 
res et  concomitantes.  On  constatera  dans  plusieurs  cas  que  le 
malade  est  prédisposé  au  prurit  et  aux  affections  prurigi- 
neuses, telles  que  l'eczéma,  le  lichen,  etc.,  qu'il  est  doué 
d'une  constitution  sèche  et  d'un  tempérament  nerveux,  qu'il 
a  des  migraines,  des  dyspepsies  herpétiques-,  chez  les  pa- 
rents, vous  trouverez  fréquemment  ces  mômes  accidents  plus 
caractérisés.  Si  vous  observez  cette  série  d'affections,  pour- 
rez-vous  méconnaître  la  nature  dartreuse  de  l'Iierpès,  et 
jrez-vousle  confondre  avec  l'herpès  arthritique  qui  coexiste 
'  avec  des  phénomènes  d'un  autre  ordre  que  vous  connaissez? 
Nous  savons,  en  effet,  que  ce  dernier  se  manifeste  chez  des 
sujets  doués  d'embonpoint  et  d'un  système  musculaire  déve- 
loppé, affectés  de  douleurs  rhumatismales,  de  lichen,  d'ec- 
zéma, de  dyspepsie,  etc,  de  nature  arthritique. 

Nous  avons  décrit,  sous  le  nom  d'hydroa,  un  herpès  suc- 
cessif et  chronique  qui  appartient  constamment  à  l'artlirilis  ; 
il  ne  saurait  être  confondu  avec  rherpès  phlycténoïde  dont 
la  marche  et  les  caractères  objectifs  sont  bien  différents. 


g  m.  —  Du  «oûi. 


Le  zonn,  comme  l'herpès  et  rurticah-o,  tlpparllcnt  à  Taf- 
Ihrllis  et  à  la  dartre.  Nous  avons  suffisamment  indiqué  les 
symplAmes  objcclifs  et  la  marche  de  réruplion  qui  caracté- 


ZONA  HERPÉTIQUE.  ,  241 

rise  celte  affection  cutanée,  pour  que  nous  n'insistions  pas 
ici  sur  celte  partie  de  l'histoire  du  zona.  Nous  étudierons 
spécialement  ce  qui  concerne  le  zona  darlreux  sous  le  rap- 
port de  sa  symptomatologie,  de  son  éliologie,  et  surtout  de 
son  diagnoslic. 

Le  zona  herpétique  est  plus  fréquent  dans  la  vieillesse  que 
dans  l'âge  adulte.  Il  est  souvent  déterminé  par  des  émotions 
morales  et  s'accompagne  d'ictère  dans  un  certain  nombre 
de  cas.  ^ 

Il  présente  des  vésicules  d'un  volume  assez  égal  et  grou- 
pées d'une  manière  régulière  :  il  est  souvent  précédé  et 
ordinairement  accompagné  de  douleurs  névralgiques.  Ces 
douleurs  diminuent  quelquefois  pendant  l'éruption  pour  se 
montrer  de  nouveau  après  cette  dernière  qui,  dans  ce  cas,  ne 
semble  être  qu'un  symptôme  secondaire.  On  a  vu  des  dou- 
leurs névralgiques  durer  des  mois  et  des  années,  offrir  une 
marche  intermittente,  puis  être  remplacées  par  des  névral- 
gies qui  occupaient  d'autres  régions  que  les  premières. 

Dans  le  zona  dartreux,  vous  trouvez  habituellement  dos 
migraines,  des  dyspepsies  et  d'autres  affections  herpétiques. 

D'après  cet  exposé  succinct  des  caractères  propres  au  zona 
dartreux,  il  est  facile  de  le  reconnaître  et  de  le  distinguer  du 
zona  arthritique.  En  effet,  cette  dernière  affection  se  montre 
le  plus  ordinairement  chez  l'adulte  ;  elle  n'est  pas  rare  dans 
l'enfance,  et  le  zona  qui  apparaît  chez  l'enfant  est  toujours  ar- 
thritique; elle  est  habituellement  produite  par  le  froid  humide 
et  les  changements  de  température.  C'est  sur  cette  circon- 
stance éliologique  que  M.  Parrot  s'est  appuyé  pour  considérer 
le  zona  comme  une  affection  rhumatismale.  Dans  l'herpès 
zoster  artbritique  l'inflammation  est  plus  intense,  les  vési- 
cules sont  groupées  moins  régulièrement  et  présentent  entre 

16 


2/|2  Ill'RPÉTTDE  PSEUDO-KXANTIlfeMATIQUr.  liULLF.USE. 

ollos  iiiio  plus  grande  inégalité  de  volume.  On  rencontre 
au  niveau  de  l'éruption  une  douleur  tensive,  qui  augmente 
lorsque  le  malade  opère  des  mouvements  brusques  et  fait  de 
larges  inspirations;  cette  douleur  a  son  siège  dans  les  mus- 
cles et  disparaîten  même  temps  que  les  groupes  vésiculeux. 
Enfin,  on  constatera  souvent  chez  les  malades  atteints  de 
zona  arthritique,  de  la  dyspepsie,  des  migraines  arthritiques, 
des  hémorrhoïdes,  etc. 

La  connaissance  de  la  nature  du  zona  herpétique  nous  a 
conduit  à  une  thérapeutique  rationnelle.  C'est  ainsi  que  nous 
avons  combattu  avec  succès  par  les  préparations  arsenicales 
des  névralgies  rebelles  et  consécutives  au  zoster:  ces  névral- 
gies avaient  résisté  aux  narcotiques,  aux  narcotico-âcres,  et 
même  à  la  cautérisation. 


CHAPITRE  in. 

HERPÉTIDE  PSEUDO-EXANTHÉMATIQUE  BULLEUSE. 

Pemphigiis  aigu. 

Le  pempbigus  aigu,  ou  fièvre  huileuse,  doit  être  distin- 
gué du  pempbigus  chronique;  car,  tandis  que  le  premier 
présente  une  terminaison  habiluellement  heureuse,  le  second 
est  une  affection  presque  toujours  mortelle.  Le  pempbigus 
aigu  est  une  manifestation  ordinaire  de  l'arthritis  et  de  la 
dartre:  nous  avons  étudié  celui  qui  est  de  nature  arthriti- 
que, il  nous  reste  à  parler  du  pempbigus  aigu  d'origine  dar- 
treuse. 

Nous  devons  dire  que  cette  affection  à  l'état  aigu  ne  pré- 


HERPÈTIDES  SÈCHES.  2/l3 

sente  pas- de  caractères  objectifs  qui  soient  bien  diiïérents 
dans  l'une  et  l'autre  des  maladies  constitutionnelles.  Cepen- 
dant le  pemphigus  darlreux,  comme  les  herpétides  en  géné- 
ral, est  souvent  déteruiiné  par  des  émotions  morales;  il 
.occupe  de  grandes  surfaces  et  peut  être  généralisé  dès  son 
apparition.  Son  éruption  est  caractérisée  par  des  bulles  volu- 
mineuses, plus  ou  moins  arrondies,  isolées  pour  la  plupart, 
remplies  d'ime  sérosité  citrine,  entourées  à  peine  d'une  lé- 
gère aréole  rosée.  On  ne  se  contentera  pas  de  ces  symptômes 
objectifs,  qui  sont  peu  accusés  dans  beaucoup  de  cas,  pour 
arriver  à  la  connaissance  du  pemphigus  dartreux  :  il  faudra 
interroger  le  malade  sur  l'état  habituel  desa  santé,  sur  les 
affections  qu'il  a  présentées  et  sur  les  antécédents  de  sa 
famille.  Par  tous  ces  moyens,  si  vous  ne  parvenez  pas  à  la 
certitude  dans  le  diagnostic,  vous  pourrez  acquérir  dans  la 
plupart  des  cas  une  présomption  qui  sera  vérifiée  par  l'ap- 
parition ultérieure  des  affections  de  la  dartre. 


DEUXIÈME  SECTION. 

DES  HERPÉTIDES  SÈCHES. 

Nous  décrirons  les  herpétides  sèches  dans  trois  chapitres  ; 
1°  Herpétides  sèches  érythémateuses, 
2°  Herpétides  sèches  squameuses, 
3°  Herpétides  sèches  boutonneuses. 


HERPflTinES  SÎÎCHES  ÉRYTIIÉMATEUSES, 


CHAPITRE  PURMIER. 

DES  HIÎRPÉTIDES  SfeCHES  ÉRY'IHÉMATEUSES. 

Ce  chapitre  ne  renferme  que  deux  genres  qui  sont:  1°  le 
cnidosis,  2"  l'épinyctide. 

§  1.  —  Du  cnîdosis  herpétique. 

Nous  avons  donné  les  raisons  qui  nous  engagent  à  dési- 
gner, sous  le  nom  de  cnidosis,  l'urticaire  chronique.  Nous 
nous  sommes  attaché  à  bien  séparer  cette  dernière  affection 
de  l'urticaire  aiguë,  ou  fièvre  huileuse. 

Le  cnidosis  s'observe  à  titre  de  symptôme  dans  l'arlhritis 
et  la  dartre  :  celui  qui  est  de  nature  arthritique  a  été  décrit, 
il  nous  reste  à  pai'ler  du  cnidosis  d'origine  dartreuse. 

Le  cnidosis  herpétique  est  caractérisé  par  des  éruptions 
papuleuses  de  formes  variées,  qui  ont  une  durée  éphémère, 
et  qui  se  reproduisent  avec  persistance  pendant  des  mois  et 
des  années.  Il  répond  assez  exactement  à  la  variété  d'urti- 
caire connue  sous  le  nom  iWirticariaevanida. 

L'éruption  se  développe  tantôt  sous  Taspect  de  papules 
rosées  ou  blanchâtres,  tantôt  sous  la  forme  de  plaques  arron- 
dies, échancréesou  allongées,  ressemblant  plus  ou  moins  à 
celles  qui  résultent  de  flagellations  ou  qui  sont  produites  par 
la  piqûre  d'ortie.  Parmi  ces  plaques,  les  unes  sont  complète- 
ment pâles,  les  autres  sont  décolorées  à  leur  centre  et  entou- 
rées d'une  auréole  rouge. 

Ces  papules  et  ces  plaques  s'accompagnent  d'un  gonfle- 
ment œdémateux  qui  s'observe  principalement  dans  les  lé- 


CMDOSIS  HERPÉTIQUE. 

gions  pourvues  d'un  tissu  conjonclif  abondant  :  au  scrotum, 
aux  paupières,  aux  lèvres,  elc.  Elles  sont  disséminées  habi- 
tuellement sur  la  face,  le  tronc  et  les  membres;  elles  sont 
parfois  groupées  sur  des  surfaces  plus  ou  moins  étendues, 
.et,  c'est  d'après  celle  coniluence  de  l'éruption  que  les  au- 
teurs ont  établi  la  variété  urticaria  conferta. 

Nous  mentionnerons  encore  un  symptôme  qui  n'est  pas 
sans  gravité  dans  l'urticaire  herpétique,  c'est  le  prurit  qui 
précède  et  accompagne  le  développement  des  plaques  ortiées. 
Souvent  les  démangeaisons  persistent  môme  après  la  dispa- 
rition de  l'éruption;  elles  sont  quelquefois  portées  à  un  tel 
degré  que  le  malade  ne  peut  se  livrer  au  sommeil  pendant 
plusieurs  nuits  consécutives.  Les  insomnies  répétées  finissent 
par  amener  de  la  fatigue,  de  l'amaigrissement  et  différents 
troubles  de  la  digestion. 

Marche,  durée  et  terminaison.  —  Le  cnidosis  herpétique 
présente  une  marche  essentiellement  chronique.  L'éruption 
se  manifeste  tantôt  dans  un  point,  tantôt  dans  un  autre,  et 
à  des  époques  irrégulières;  elle  se  montre  ordinairement  à 
l'approche  de  la  nuit,  et  elle  est  déterminée  par  la  chaleur 
du  lit;  elle  ne  s'accompagne  d'aucun  symptôme  fébrile,  et 
disparaît  en  général  au  bout  de  quelques  heures. .  Cepen- 
dant elle  persiste  quelquefgis  dans  la  journée;  alors  elle  ne 
présente  pas  des  caractères  bien  accusés  :  on  ne  trouve  plus 
que  des  papules  rosées,  desimpies  taches  érythémuleuses  ou 
des  débris  de  plaques  blanchâtres.  Elle  ne  laisse  fréquemment 
à  sa  suite  qu'une  légère  tuméfaction  des  parties  qui  ont  été 
affectées. 

Si  les  éruptions  ortiées  n'ont  qu'une  durée  éphémère,  elles 
se  reproduisent  avec  opiniâtreté  pendant  des  mois  et  des 
années.  Aussi,  nous  est-il  impossible  de  déterminer  la  durée 


2^6  iii:rpétides  sèches  érythémateuses. 

de  l'an'oc'lioti  {|ui'pt'Ul  exisler  peiuianl  toule  la  vie.  Les 
récidives  sont  très  fréquentes  :  elles  se  montrent  parfois  à 
des  époques  très  éloignées,  lorsqu'on  avait  cru  longtemps  à 
une  guérison  définitive. 

Etiologie.  —  Le  cnidosis  herpétique  apparaît  à  tous  les 
âges  et  dans  les  deux  sexes;  nfiuis  il  se  développe  de  préfé- 
rence dans  l'enfance,  à  l'âge  adulte  et  chez  la  femme.  Cette 
affection  est  souvent  occasionnée  par  les  émotions  morales. 

Les  alcooliques,  une  nourriture  excitante,  les  excès  de 
table  provoquent  fréquemment  l'apparition  ou  la  récidive  du 
cnidosis  herpétique. 

Diagnostic.  —  S'il  nous  est  donné  d'observer  l'éruption, 
nous  ne  saurions  la  méconnaître;  mais  nous  savons  qu'elle 
se  montre  principalement  pendant  la  nuit,  qu'elle  disparaît 
dans  le  jour,  et  qu'elle  échappe  souvent  à  notre  examen. 
Pour  établir  le  diagnostic  de  l'affection,  nous  tiendrons 
compte  de  la  disparition  l'apide  de  l'éruption;  en  outre, 
nous  constaterons,  dans  la  plupart  des  cas,  des  taches  rosées, 
des  portions  de  cercles  blanchâtres,  un  gonflement  notable 
de  la  peau  et  du  tissu  cellulaire.  Par  des  frictions  exercées 
sur  les  régions  affectées,  nous  déterminerons  parfois  l'appa- 
rition des  papules  caractéristiques  de  l'urticaire.  Le  prurit 
est  un  symptôme  constant-,  il  est  plus  marqué  pendant  la 
nuit.  S'il  restait  quelque  doute,  on  examinerait  le  malade 
à  l'approche  de  la  nuit,  pendant  l'existence  de  l'éruption. 

Le  cnidosis  présente  une  certaine  analogie  avec  la  roséole, 
le  pityriasis  rubra,  l'érythème  noueux  et  l'érytlième  papulo- 
tuberculeux;  toutes  ces  questions  de  diagnostic  différentiel 
ont  été  traitées  dans  les  paragraphes  consacrés  à  l'étude  de 
l'urticaire  pseudo-exanlliématique  et  du  cnidosis  arthritiques. 
Nous  devrions  dire  à  quels  caractères  nous  distinguons  le 


CNIDOSIS  HERPÉTIQUE.  "IM 

cnidosis  herpétique  du  cnidosis  arthritique,  si  nous  n'avions 
insisté  ailleurs  sur  ce  point  important  de  pathologie.  Pour 
éviter  des  répétitions  inutiles,  nous  renvoyons  au  chapitre 
qui  renferme  la  description  du  cnidosis  arthritique. 

Pronostic.  —  Le  cnidosis  herpétique  doit  être  considéré 
comme  une  affection  sérieuse  ;  il  présente  une  ténacité  déses- 
pérante et  une  très  grande  facihté  à  récidiver.  Le  prurit  est 
le  symptôme  le  plus  fâcheux  :  il  produit  fréquemment  des 
insomnies  et  consécutivement  de  la  faiblesse,  de  l'amaigris- 
sement, différents  troubles  de  la  digestion  ou  parfois  des  dé- 
sordres intellectuels. 

Ti'aitement.  —  On  recommandera  d'abord  une  alimenta- 
tion douce,  composée  de  viandes  blanches  et  de  légumes 
herbacés.  Les  alcooliques,  le  café  et  toutes  les  boissons  stimu- 
lantes seront  proscrits  d'une  manière  complète. 

C'est  dans  le  cnidosis  herpétique  que  les  préparations  arse- 
nicales fournissent  les  succès  qui  sont  mentionnés  par  les 
auteurs;  elles  échouent,  au  contraire,  dans  le  traitement  du 
cnidosis  arthritique,  contre  lequel  nous  administrons  la  mé- 
dication alcaline.  Pour  combattre  une  affection  aussi  opi- 
niâtre que  l'urticaire  dartreuse,  il  faudra  nécessairement 
continuer  longtemps  l'emploi  des  préparations  arsenicales. 

On  pourrait  encore  tenter  l'administration  des  préparations 
balsamiques,  dont  l'effet  est  beaucoup  moins  certain. 

Contre  le  prurit,  qui  est  parfois  intolérable  dans  le  cnidosis 
herpétique,  on  conseillera  les  lotions  vinaigrées,  d'eau  blan- 
che, de  sublimé,  etc.,  et  des  bains  renfermant  une  faible 
proportion  de  sublimé  ou  de  sulfure  de  potasse. 


IltlU'Él  JDliS  ShCHIiS  /iUlTIIÉ.MATLUStS. 


§  II.  —  De  l'épinyctide. 

Celle  afieclion  a  élé  signalée  aulrcfois  par  Alik-rl^  mais,' 
depuis  celle  époque,  elle  est  tombée  dans  l'oubli  le  plus  com- 
plel.  Cependant  elle  présente  une  gravité  réelle  dans  beau- 
coup de  cas,  et  mérite  de  fixer  quelque  temps  notre  allenlion. 

Les  malades  se  plaignent  d'être  affectés  d'une  éruption 
fugace,  qui  ne  se  présente  que  pendant  la  nuit;  ils  sont  tour- 
mentés par  des  .démangeaisons  qui  les  privent  de  sommeil, 
ou  ils  accusent  des  sensations  plus  ou  moins  bizarres  qui 
Iroublent  singulièrement  leur  existence.  L'un  se  croit  atteint 
de  la  gale,  l'autre  s'imagine  qu'il  est  couvert  d'une  multitude 
d'insectes.  Au  commencement  de  l'année,  nous  avions  dans 
le  service  l'un  de  ces  malheureux  qui  prétendait  être  affecté 
de  la  gale,  et  qui  persistait  dans  cette  opinion  à  sa  sortie  de 
l'hôpital.  Un  autre  étail  persuadé  qu'il  était  couvert  d'in- 
sectes; il  ne  pouvait  s'exposer  à  transmettre  sa  maladie  à 
ceux  qui  l'approchaient,  et  il  nous  demandait  avec  instance 
de  le  débarrasser  promptement  de  cette  affection  qui  lui  ren- 
dait la  vie  odieuse. 

Si  l'on  examine  dans  le  jour  la  surface  du  corps,  on  ne 
constate  qu'un  aspect  plus  ou  moins  rugueux  de  la  peau. 
Mais,  si  l'on  procède  à  cet  examen  pendant  la  nuit,  on  aper- 
çoit une  éruption  légère  de  taches  érytbémaleuses  et  dissé- 
minées, ou  d'un  petit  nombre  de  papules  rosées.  Celte  érup- 
tion peut  ne  se  montrer  qu'une  fois,  ou  revenir  toutes  les 
nuits  ;  d'ailleurs,  elle  ne  constitue  pas  le  symptôme  le  plus 
important  :  le  phénomène  le  plus  grave  est  sans  conliedit 
le  prurit,  ou  des  sensations  bizarres  cl  non  moins  insujipor- 
tables. 


épjinyctidl:.  269 

La  [)i'uril  exislo  jour  cl  nuit,  mais  il  est  toujours  plus  mar- 
(jué  dciiis  la  iiuil;  il  est  quelquefois  plus  difiQcile  à  endurer 
(jue  les  douleurs  les  plus  vives.  On  a  vu  des  malades  atteints 
d'ôpinyctide  passer  la  nuit  sur  une  chaise  et  à  l'air,  pour 
diminuer  les  tourments  occasionnés  par  le  prurit  qui  est 
augmenté  constamment  par  la  chaleur  du  lit. 

L'état  tle  souITrance  continuelle  et  les  insomnies  qui  résul- 
tent de  l'existence  des  démangeaisons,  réagissent  tôt  ou  tard 
sur  les  facultés  intellectuelles.  Ceux  qui  sont  en  proie  à  cette 
afi'ection  tenace  et  persistante  deviennent  tristes  et  taci- 
turnes; dans  certains  cas,  ils  ne  reculent  pas  devant  le  sui- 
cide qui  vient  mettre  un  terme  à  leurs  douleurs  do  tous  les 
instants.  D'autres  fois  ils  présentent  une  grande  excitation 
céréhrale,  qui  peut  conduire  à  l'aliénation  mentale. 

L'épinyctide  est  donc  une  affection  grave  par  les  consé- 
quences qu'elle  entraîne  qi^elquefois  à  sa  suite ,  et  nous 
croyons  qu'il  était  utile  de  la  signaler  de  nouveau  aux  obser- 
vateurs. 

Dans  tous  les  cas,  elle  s'est  rencontrée  chez  des  sujets  qui 
avaient  présenté  ou  qui  offraient  encore  un  grand  nombre 
d'affections  herpétiques  :  aussi  nous  n'hésitons  pas  à  la  ran- 
ger parmi  les  herpétides. 

l^raitement.  —  On  recommandera  le  régime  que  nous* 
avons  indiqué  dans  le  traitement  du  cnidosis  herpétique.  On 
aura  recours  à  la  médication  anti-herpétique,  c'est-à-dire 
aux  préparations  arsenicales  données  à  l'intérieur.  Comme 
topiques  destinés  k  calmer  les  démangeaisons,  on  emploiera 
des  lotions,  des  pommades  ou  des  poudres  diverses  que  nous 
avons  indiquées.  (Voir  thérapeutique  générale  des  arthrilides 
et  des  herpétides.) 


250 


HERPÉTIDl'S  SiiCHES  SQUAMEUSES. 


CIIAPIÏUE  II. 

DES  IlERPÉTIDES  SÈCHES  SQUAMEUSES. 

Sous  le  nom  d'Iierpélifles  sèches  squameuses,  nous  dé- 
signerons :  1°  le  pityriasis,  2*  le  psoriasis. 

Nous  allons  décrire  chacune  de  ces  affections  dans  des  pa- 
ragraphes séparés. 

5  I.  —        pityriasis  herpétique. 

La  définition  du  pityriasis  en  général,  telle  qu'elle  a  été 
donnée  par  Biett,  s'applique  parfaitement  au  pityriasis  dar- 
treux. 

Aussi  nous  pouvons  dire  :  Le  pityriasis  herpétique  est  une 
affection  caractérisée  par  une  légère  inflammation  des  cou- 
ches superficielles  du  derme,  accompagnée  d'une  exfoliation 
de  petites  squames  furfuracées  qui  se  reproduisent  d'une  ma- 
nière continuelle. 

Nous  savons  que  cette  définition  ne  saurait  convenir  au 
pityriasis  arthritique,  qui  consiste,  avons-nous  dit,  dans  la 
Jésion  des  follicules  pileux. 

Le  pityriasis  dartreux  se  présente  sous  deux  aspects  diffé- 
rents :  dans  un  cas,  oii  observe  une  congestion  inflamma- 
toire, plus  ou  moins  intense;  dans  un  second  cas,  ou  ne 
constate  aucune  rougeur  sur  les  surfaces  affectées  qui  sont 
blanches  ou  grisâtres.  Les  auteurs,  prenant  en  considération 
l'absence  ou  la  présence  des  phénomènes  congeslifs  dans  le 
pityriasis,  en  ont  admis  deux  variétés  :  1'  pityriasis  alba, 
2*  pityriasis  rubra.  Cette  distinction  est  réelle  et  mérite 


PITYRIASIS  HERPÉTIQUE.  251 

d'être  conservée.  Toutefois,  nous  ferons  remarquer  que  nous 
avons  déjà  décrit  un  pityriasis  alba  parmi  les  affections 
parasitaires,  et  un  pityriasis  rubra  parmi  les  pseudo-exan- 
thèmes de  l'arthritis  et  de  la  dartre.  Aussi,  pour  éviter  une 
confusion  qui  serait  inévitable,  si  nous  donnions  les  mêmes 
dénominations  à  des  affections  de  nature  différente,  nous 
désignerons  les  deux  variétés  de  pityriasis  herpétique  sous 
les  noms  suivants  :  1"  Pityriasis  simple,  2°  pityriasis  in- 
flammatoire. 

Première  variété.  — pityriasis  simple  (alba).  Cette  affec- 
tion se  montre  sous  la  forme  de  plaques  irrégulières,  grisâtres 
et  accompagnées  d'un  prurit  plus  ou  moins  marqué.  Ces  pla- 
ques ne  présentent  habituellement  aucune  saillie-,  cependant 
elles  ont  quelquefois  des  bords  légèrement  relevés.  Elles  sont 
couvertes  desquames  petites,  peu  adhérentes  et  se  détachant 
sous  la  forme  d'une  poussière  grisâtre.  Au  début,  les  plaques 
offrent  de  petites  dimensions  :  elles  présentent  la  largeur  d'une 
pièce  de  50  centimes  à  1  franc.  Elles  sont  d'abord  séparées  par 
des  intervalles  de  peau  saine^  mais  après  une  certaine  durée, 
elles  se  réunissent  et  s'étendent  à  de  grandes  surfaces. 

Le  pityriasis  herpétique  détermine  des  démangeaisons 
vives,  qui  augmentent  sous  l'influence  de  la  chaleur,  des 
excès  de  table  ou  de  l'exposition  à  la  chaleur.  Il  se  développe 
dans  toutes  les  régions,  et  il  diffère  sur  ce  point  du  pityriasis 
arthritique  qui  occupe  toujours  les  parties  velues.  Néanmoins, 
il  peut  aussi,  à  l'exemple  de  ce  dernier,  se  manifester  sur 
des  surfaces  garnies  de  poils;  il  n'est  pas  rare  de  l'observer 
à  la  tête.  Dans  ce  cas,  l'inflammation  reste  limitée  longtemps 
au  réseau  papillaire  du  derme;  elle  n'envahit  qu'accidentel- 
lement le  follicule  pileux.  11  en  résulte  que  les  poils  sont  res- 
pectés, et  que  leur  chute  n'a  lieu  qu'après  une  longue  durée  de 


232  IllilU'fniDKS  Sl-CHKS  SQLAMl^USKS. 

l'affoclioii.  Nous  savons,  au  coiilraire,  que  le  pityriasis  arlliri- 
lique  s'accompagne  fiéquemmeul  el  rapidemenl  de  la  cliule 
des  poils,  dont  le  bulbe  est  pi  imilivcment  affecté. 

Marche,  durée  ^  terminaison.  —  Le  pityriasis  berpétique' 
est  une  affection  essentiellement  cbronique  :  il  peut  durer  des 
mois  et  des  années  entières.  Si  la  guérison  a  lieu,  les  déman- 
geaisons perdent  leur  intensité,  les  squames  sont  moins  abon- 
dantes, enfin,  répiderme  reprend  son  aspect  normal.  Mais  il 
faudra  redouter  les  récidives  qui  sont  (rès  fréquentes  et  très 
rebelles. 

Deuxième  VAiuÉTis.  —  Pityriasis  inflammatoire  (rubra). 
—  Dans  celte  ailection,  on  observe  des  surfaces  rouges,  irré- 
gulières et  parfois  un  peu  saillantes,  des  squames  plus  larges 
et  plus  adhérentes  que  celles  du  pityriasis  simple;  Les  par- 
ties malades  sont  le  siège  de  cuisson  et  de  vives  démangeai- 
sons. 

Le  pityriasis  inflammatoire  occupe  des  régions  étendues, 
la  face,  le  cou,  les  membres,  etc.  ;  quelquefois  il  s'étend  à 
toute  la  surface  du  corps.  Il  se  prolonge  ordinairement  pen- 
dant plusieurs  mois,  et  présente  de  temps  en  temps  desexa- 
cerbations. 

Étiologie, — Le  pityriasis  berpétique  est  plus  fréquent 
dans  Tadolescence  et  l'âge  adulte  qu'aux  autres  époques  de 
la  vie. 

Les  deux  sexes  sont  prédisposés  à  cette  affection,  qu'on  ob- 
serve plus  souvent  chez  les  femmes  et  les  hommes  qui  por- 
tent une  longue  chevelure. 

L'influence  héréditaire  peut  être  constatée  dans  un  grand 
nombre  de  cas. 

Parmi  les  causes  occasionnelles  qui  déterminent  le  déve- 
loppement, la  récidive  ou  l'exacerbalion  du  pityriasis  herpé- 


PITYRIASIS  HKRPÈTIOUË.  253 

liqiie,  nous  citerons  les  émotions  morales,  les  excès  de  table, 
les  fatigues,  l'usage  du  café,  des  liqueurs,  etc.  Alibert  rap- 
porte qu'un  certain  Letellier,  voyant  passer  son  maître  que  l'on 
conduisait  à  la  guillotine,  fut  atteint  subitement  d'un  pity- 
riasis étendu  à  toute  la  surface  du  corps.  M.  Hardy  signale 
l'influence  des  anciens  eczémas  sur  la  production  du  pityria- 
sis :  en  considérant  les  rapports  qui  existent  quelquefois 
entre  ces  deux  états  morbides,  cet  auteur  est  tenté  de  les 
regarder  comme  des  degrés  différents  d'une  môme  affection* 
Pour  nous,  nous  ne  saurions  confondre  une  période  de  l'ec- 
zéma, l'état  squameux,  qui  persiste  longtemps  dans  l'eczéma 
chronique,  avec  le  pityriasis  qui  débute  d'emblée  par  l'état 
furfuracé  et  ne  s'accompagne  jamais  de  suintement. 

Diagnostic.  —  Le  pityriasis  simple  peut  ôtre  confondu  avec 
l'icbtbyose  et  l'eczéma  chronique.  L'icthyose  est  une  affection 
généralisée  dès  le  début  et  congénitale,  tandis  que  le  pity- 
riasis est  une  affection  accidentelle  et  d'abord  circonscrite» 
Dans  la  première,  la  peau  est  épaisse,  rude  au  toucher,  cou- 
verte de  squames  larges  et  grisâtres;  dans  le  pityriasis,  il 
n'existe  aucune  altération  du  derme,  et  l'on  trouve  des  squa- 
mes furfuracées. 

Il  est  plus  difficile  de  distinguer  le  pityriasis  de  l'eczéma 
à  la  période  squameuse.  Il  faut  se  rappeler  que  dans  le  début 
de  l'affection,  les  plaques  pityriasiques  sont  plus  nombreuses 
que  les  surfaces  eczémateuses  :  sur  une  région  oiî  vous  trou- 
verez deux  ou  trois  groupes  d'eczéma,  vous  constaterez 
trente  ou  quarante  plaques  de  pityriasis.  Dans  cette  der- 
nière affection,  les  squames  sont  sèches  et  grisâtres;  dani 
l'eczéma  chronique,  elles  sont  jaunâtres  et  souvent  un  peu 
humides.  Enfin,  il  faudra  s'informer  de  Tevistence  anté- 
rieure ou  de  l'absence  de  suintement  sur  la  partie  affectée. 


254  HERPÊTIDES  SÈCIIFS  SQUAMEUSES. 

Néanmoins,  on  ne  saurait  se  dissinuiler  quelle  diflicullé  un 
éprouve  à  établir  le  diagnostic  dilîérenliel  entre  le  pityriasis 
simple  et  le  pseudo-pityriasis  du  cuir  chevelu,  qui  succède  à 
l'eczéma  chronique  placé  ordinairement  sous  la  dépendance 
de  la  dialhèse  scrofuleuse. 

Le  pityriasis  inflammatoire  présente  dans  certains  cas  une 
ressemblance  presque  complète  avec  le  psoriasis. 

En  ce  moment,  jious  avons  dans  nos  salles  un  psoriasis 
aigu  qu'on  aurait  pris  facilement  pour  un  pityiiasis  inflam- 
matoire. Cependant  nous  sommes  arrivé  à  établir  le  diagno- 
stic en  examinant  la  marche  et  les  caractères  de  l'afl'eclion. 

Le  psoriasis  est  caractérisé  par  des  plaques  rouges,  sail- 
lantes, plus  nombreuses  habituellement  sur  les  coudes  et  les 
genoux,  recouvertes  de  squames  épaisses,  imbriquées,  adhé- 
rentes et  présentant  une  coloration  blanche  ou  nacrée.  Le 
pityriasis  nous  offre  des  plaques  rouges,  non  proéminentes, 
disséminées  irrégulièrement  dans  diverses  régions,  suppor- 
tant des  squames  minces,  foliacées,  jaunâtres  ou  grisâtres. 
La  première  affection  présente  des  démangeaisons  presque 
nulles  et  une  marche  lente  ;  la  seconde  parcourt  plus  rapi- 
dement son  évolution  et  s'accompagne  d'un  prurit  intense. 

Chez  le  malade  dont  nous  parlions  plus  haut,  l'éruption 
existait  sur  toute  la  surface  du  corps  et  datait  de  deux  mois  : 
on  voyait  sur  le  tronc,  la  tôte  et  les  membres,  des  surfaces 
rouges,  larges,  irrégulières  et  à  peine  saillantes.  Ces  surfaces 
étaient  couvertes  desquames  épaisses,  adhérentes  dans  quel- 
ques parties,  et  minces,  foliacées  sur  d'autres  points ^  il  exis- 
tait un  prurit  intense.  La  marche  rapide  de  l'affection,  l'irré- 
gularité des  surfaces  malades  et  l'absence  de  saillie,  le  prurit 
plaidaient  on  faveur  du  pityriiisis  rubra  ;  mais,  en  exami- 
nant attentivement  les  coudes  et  les  genoux,  on  voyait  dans 


PITYRIASIS  HERPÉTIQUE.  255 

oos  régions  (les  plaquos  saillantes,  arrondies  et  couvertes  de 
squames  nacrées;  à  mesure  que  la  congestion  cutanée  dimi- 
nuait, l'éruption  psdriasique  se  montrait  avec  ses  caractères 
ordinaires. 

Nous  avons  traité  la  question  de  diagnostic  différentiel  du 
pityriasis  dartreux  et  du  i)ityriasis  arthritique.  Nous  ne  re- 
viendrons pas  sur  ce  sujet,  et  nous  renvoyons  au  chapitre 
qui  renferme  l'histoire  du  pityriasis  arthritique. 

Pronostic.  — Le  pityriasis  dartreux  est  une  affection  très 
rebelle  et  incommode.  Après  une  longue  durée  ou  des  réci- 
dives fréquentes,  il  peut  déterminer  la  chute  des  cheveux. 
Cet  accident  est  fâcheux,  principalement  chez  les  femmes 
dont  la  chevelure  constitue  un  des  principaux  éléments  de 
leur  beauté.  Remarquons,  toutefois,  que  la  chute  des  cheveux 
est  occasionnée  habituellement  par  le  pityriasis  arthritique, 
et  très  rarement  par  le  pityriasis  dartreux. 

Traitement.  —  Nous  prescrivons  à  l'intérieur  les  prépara- 
tions arsenicales  qui  s'adressent  à  la  diathèse  herpétique. 
Nous  ordonnons  des  bains  renfermant  de  la  gélatine  et  une 
petite  quantité  de  sulfure  de  pptasse.  Les  moyens  locaux  que 
nous  employons  sont  nombreux:  nous  recommandons  surtout 
l'usage  de  l'huile  de  cade  qui  amène  une  prompte  dispa- 
rition des  squames.  Pour  avoir  une  description  complète  du 
traitement  local,  on  consultera  ce  que  nous  avons  dit  à  pro- 
pos de  la  thérapeutique  du  pityriasis  arthritique; 

S  II.  —  Psoriasis  herpétique. 

Le  mot  psoriasis  vient  de  J^wpoc,  terme  employé  par  les 
Grecs  pour  désigner  une  éruption  squameuse.  Il  paraît  évi- 
dent que  ces  deniitrs  considéraient  comme  identiques  les  af- 
fections ^I^Mfa  et  XÈTrpa  :  ils  Ont  décrit,  en  effet,  sous  le  nom 


256  Ill-UPKTTDES  SÎ-Cni'S  SQUAMEUSES. 

générique  de  XcTrfio:,  des  éruptions  squameuses  à  différents  de- 
grés, qui  comprenaient  les  lichen,  psora  et  alpJios.  Nous 
partageons  cette  opinion:  \q  psoriasis  et  h  lèpre  vulgaire 
sont  pour  nous  des  affections  différentes  par  leur  forme,  mais, 
identiques  par  leur  nature.  D'ailleurs,  nous  nous  servirons 
rarement  de  l'expression  lèpre,  dont  la  signification  primi- 
tive a  été  singulièrement  altérée.  Les  auteurs  qui  ont  traduit 
les  ouvrages  des  Arabes  ont  donné  le  nom  précédent  à  une 
maladie  tuberculeuse  beaucoup  plus  grave  que  l'affection 
squameuse  décrite  par  les  Grec?. 

Alibert  réserva  le  terme  lèpre  pour  nommer,  suivant  l'ac- 
ception la  plus  générale,  des  affections  graves  qui  différaient 
sous  tous  les  rapports  des  éruptions  squameuses  et  bénignes. 
D'un  autre  côté,  cet  auteur  rapprocha  ces  éruptions  squa- 
meuses (lèpre  des  Grecs)  dçs  maladies  dartreuses,  et  il  les 
plaça  dans  le  groupe  des  dermatoses  dartreuses,  sous  la  dé- 
nomination de  dartre  furfuracée  arrondie  {herpès  furfura- 
ceiis  circinatus) . 

Willan  a  rendu  à  l'expression  lèpre  le  sens  primitif;  son 
opinion  a  été  adoptée  par  Biett  et  ses  élèves. 

A  l'exemple  d' Alibert,  de  MM.  Gibert  et  Hardy,  nous  con- 
sidérons la  lèpre  vulgaire  comme  une  simple  variété  de  pso- 
l  iasis  [psoriasis  circiné). 

Le  psoriasis  est. la  manifestation  la  plus  fréquente  de  la 
dartre  sèclie,  de  même  que  l'eczéma  est  la  forme  la  plus  com- 
mune de  la  dartre  humide.  Pour  le  définir,  nous  pouvons 
dire  :  le  psoriasis  est  une  affection  de  la  peau,  caractérisée 
par  des  squames  épaisses,  blanches,  nacrées,  Ires  adhérentes, 
recouvrant  une  surface  saillante  et  d'un  rouge  foncé,  ou  cui- 
vré, qui  rappelle  la  coloration  propre  aux  affections  syphili- 
tiques. 


> 


PSORIASIS  HERPÉTIQUË.  '257 

Siège,  —  Le  psoriasis  se  développe  sur  toutes  les  parties 
de  l'enveloppe  cutanée;  il  présente  cependant  une  prédilec- 
tion marquée  pour  les  régions  des  coudes  et  des  genoux.  Ici 
nous  ne  parlons  que  du  psoriasis  herpétique  :  le  psoriasis  ar- 
thritique, avons-nous  dit,  ne  se  montre  qu'exceptionnelle- 
ment aux  coudes  et  aux  genoux. 

L'affection  est  fréquente  au  cuir  chevelu  et  aux  mem- 
bres dont  elle  occupe  presque  toujours  la  face  externe  : 
d'une  manière  générale,  elle  se  manifeste  spécialement  dans 
les  régions  qui  présentent  lapeaulaplusrude  et  la  plus  épaisse. 

Symptômes.  —  Le  psoriasis  est  caractérisé  par  une  érup- 
tion de  plaques  intéressantes  à  étudier  dans  leur  composi- 
tion, leur  couleur  et  leur  configuration. 

Les  plaques  psoriasiques  sont  recouvertes  de  squames 
épaisses,  formées  par  des  lamelles  épidermiques  superposées 
et  imbriquées,  présentant  à  leur  face  interne  la  trace  des  sil- 
lons interpapillaires  et  des  alvéoles  qui  répondent  aux  pa- 
pilles du  derme.  Ces  squames  offrent  une  coloration  blanche, 
argentée;  quelquefois  elles  sont  d'un  blanc  terne  et  ressem- 
blent à  des  taches  de  bougie  ou  de  plâtre  ;  elles  sont  remar- 
quables par  leur  sécheresse  et  leur  adhérence  à  la  peau. 

Si  l'on  détache  la  plaque  squameuse,  on  trouve  une  surface 
hérissée  de  nombreuses  inégalités,  rouge,  violacée  ou  cui- 
vrée. A  quoi  tient  la  nuance  cuivrée?  A  ce  que  l'affection 
psoriasique  se  développe  chez  des  sujets  bruns  ou  sanguins; 
on  ne  rencontre  pas  la  coloration  cuivrée  chez  les  blonds. 

La  peau  présente  au  niveau  des  plaques  une  hypertrophie 
constante,  mais  peu  appréciable  lorsqu'elle  est  recouverte 
par  les  squames.  L'épaississement  cutané  s'accompagne  sou- 
vent de  fentes  et  de  gerçures,  quand  l'alfection  occupe  les 
parties  mobiles,  telles  que  la  paume  des  mains,  la  plante 

17 


'i58  IIERPÉTIDF.S  SkCIlES  SQLAMKUSKS. 

lies  pieds  et  les  suiTaces  placées  aa  niveau  des  arlicula- 
tions. 

Dans  le  psoriasis,  il  existe  encore  dilïerents  phénomènes 
pathologiques.  Et  d'abord  cette  affection  détermine-t-e!le  des  , 
démangeaisons?  Emery,  MM.  Louis  Fleury  et  Devergie  pré- 
tendent que  le  psoriasis  est  exempt  de  prurit.  Pour  se  con- 
vaincre de  l'erreur  de  ces  observateurs,  il  suflit  d'interroger 
les  malades  :  on  constate  l'existence  de  démangeaisons  plus 
ou  moins  intenses,  plus  marquées  pendant  la  nuit  et  aug- 
mentées par  les  diverses  causes  qui  accélèrent  la  circulation. 
Pour  tout  dire,  nous  devons  ajouter  que  ce  symptôme  est 
moins  fréquent  et  moins  accusé  dans  le  psoriasis  dartreux 
que  dans  le  psoriasis  arthritique;  nous  avons  vu,  en  effet,  que 
les  malades  atteints  de  cette  dernière  affection,  étaient  tour- 
mentés par  des  démangeaisons  très  vives  et  presque  conti- 
nuelles. 

La  santé  semble  parfaite  dans  le  plus  grand  nombre  des 
cas  -,  aussi,  a-l-on  considéré  le  psoriasis  comme  une  affection 
'locale,  comme  une  simple  difformité,  et  non  comme  une  ma- 
ladie. Il  est  vrai  qu'on  observe  ordinairement  au  début  de  l'af- 
fe(Uion  l'intégrité  des  fonctions,  mais  il  n'est  pas  rare  de 
constater  plus  tard  l'apparition  d'un  certain  nombre  de  phé- 
nomènes plus  ou  moins  graves.  A  cette  époque,  on  rencon- 
trera des  migraines,  des  gastralgies,  des  entéralgies,  des 
diarrhées  rebelles,  etc.  ;  néanmoins  il  est  reconnu  que  le 
psoriasis  est  une  des  formes  les  plus  bénignes  et  les  plus 
stationnaires  de  la  dartre. 

Marche,  durée  et  terminaison.  —  Le  psoriasis  est  une  af- 
fection essentiellement  chronique;  telle  n'est  pas  l'opinion 
de  M.  Devergie.  Cet  auteur  admet  un  psoriasis  aigu  «  qui, 
dit-il,  est  une  forme  rarement  primitive  et  se  montre  après 


i 


PSORIASIS  HERPÉTIQUE.  259 

plusieurs  mois  ou  plusieurs  années  de  l'existence  du  psoria- 
sis à  l'élat  chronique;  »  plus  loin,  il  ajoute  :  «  Le  psoriasis 
est  une  maladie  longue  et  rebelle.  » 

Le  psoriasis  aigu  de  M.  Devergie  ne  consiste  en  réalité  que 
dans  l'état  aigu  et  les  exacerbations  passagères,  qui  sont 
observées  fréquemment  dans  le  début  ou  pendant  la  durée  du 
psoriasis  chronique. 

L'affection  psoriasique  peut  exister  des  mois,  des  années, 
et  même  toute  la  vie.  Elle  disparaît  assez  facilement  par 
l'emploi  des  moyens  que  nous  connaissons  ;  mais  elle  repa- 
raît aussi  facilement  sous  l'influence  de  la  cause  la  plus  lé- 
gère. Les  récidives  sont  donc  très  fréquentes  et  presque  fa- 
tales. Cependant  il  arrive  parfois  que  le  psoriasis  guérit 
d'une  manière  définitive,  ou  qu'il  est  remplacé  par  d'autres 
formes  de  la  dartre. 

Les  malades  peuvent  vivre  longtemps  et  succomber  à  une 
complication  étrangère  à  l'affection  dont  ils  sont  atteints. 
Il  est  possible  aussi  de  voir  à  un  moment  donné  des  mani- 
festations plus  graves  de  la  diatbèse  herpétique  :  le  psoriasis 
se  convertit  en  eczéma  qui  s'étend  à  la  plus  grande  partie  de 
la  peau  dont  les  fonctions  sont  profondément  altérées  ;  on  ob- 
serve de  la  diarrhée,  du  marasme,  quelquefois  des  lésions 
viscérales,  enfin,  la  cachexie  dai  treuse  qui  est  le  terme  ultime 
de  la  maladie  constitutionnelle. 

Variétés.  —  On  a  établi  un  grand  nombre  de  variétés  de 
psoriasis  qui  se  rattachent  :  1*  à  la  forme,  2°  au  siège. 

1°  Variétés  suivant  la  forme.  —  Les  variétés  suivant  la 
forme  sont  fondées  sur  la  naissance,  la  marche  et  l'évolution 
des  éléments  psoriasiques  :  psoriasis  pimctata,  guttata,  num- 
mularia,  circinata,  gyrata,  diffusa,  inveterata. 

Psoriasis  pimctata  et  guttata.  —  Dans  le  psoriasis  punc- 


^60  HERPÉTIDKS  Sf'CIIKS  SQUAMEUSES. 

tata^  on  trouve  des  taches  miliuires,  rouges,  recouvertes  d'une 
petite  squame  argentée.  Si  plusieurs  de  ces  taches  se  réunis- 
sent, elles  donnent  naissance  à  de  petites  plaques  arrondies, 
saillantes,  dont  l'aspect  ressemble  à  des  gouttes  de  bougie 
renversées  à  la  surface  de  la  peau.  Cette  dernière  éruption 
caractérise  la  psoriasis  guttata. 

Psoriasis  nummulaire.  —  Cette  variété  est  caractérisée 
par  des  plaques  arrondies  et  plus  larges  que  celles  du  psoria- 
sis guttata. 

Pso?'iasis  circiné ou  lèpre  vulgaire.  — Le  psoriasis  circiné 
se  présente  sous  la  forme  de  cercles  plus  ou  moins  étendus, 
dont  la  partie  centrale  est  saine,  et  dont  la  circonférence  est 
constituée  par  un  bourrelet  rouge,  saillant,  inégal,  couvert  de 
squames  blanches  et  nacrées.  Les  auteurs  ont  considéré  cette 
affection  non  comme  une  variété,  mais  comme  une  espèce 
de  psoriasis;  ils  ont  été  trompés  par  Fapparence  extérieure. 
Il  arrive  souvent  qu'on  peut  suivre  le  développement  de  la 
lèpre  Yul'gaire,  qui  n'est  manifestement  qu'une  modification 
de  l'éruption  psoriasique.  Ainsi,  vous  trouvez  d'abord  un 
psoriasis  nununulaire  dont  les  caractères  sont  bien  accusés  ; 
au  bout  de  quelques  jours,  le  centre  de  la  plaque  guérit,  et  il 
ne  reste  plus  qu'un  cercle  de  lèpre  vulgaire  à  la  place  de  la 
plaque  nummulaire.  D'autres  fois  le  psoriasis  circiné  est 
formé  par  des  plaques  de  psoîiasis  guttata  et punctata, 
qui  se  juxta-posent  circulairement  et  limitent  une  partie  de 
peau  parfaitement  saine.  La  lèprevulgaire  n'est  donc  qu'une 
variété  de  psoriasis  dont  elle  présente  la  marche,  la  durée  et 
la  terminaison. 

Psoriasis  gyrata,  diffusa,  inveterata.  — Les  plaques  du 
psoriasis  gyrata  sont  disposées  sous  forme  de  ])andes  sail- 
lantes, rouges,  couvertes  de  squames  blanches,  droiles  ou 


PSORIASIS  HERPÉTIQUE.  261 

tlexueuses,  et  entourant  d'une  manière  incomplète  les  mem- 
bres ou  le  tronc. 

Dans  le  psoriasis  diffusa,  les  plaques  présentent  les  con- 
figurations les  plus  variées;  elles  existent  sur  le  tronc,  sur  les 
membres,  et  souvent  sur  toute  la  surface  cutanée.  Elles  sont 
larges,  irrégulîères,  se  réunissent  quelquefois  et  offrent  des 
formes  très  diverses. 

Le  psoriasis  invete7'ata  est  la  variété  la  plus  grave.  Il  pré- 
sente une  marche  essentiellement  chronique  :  c'est  lui  sur- 
tout qui  s'accompagne  d'une  production  abondante  de 
squames,  d'épaississement  et  de  g(M'çures  de  la  peau. 

2°  Variétés  suivant  le  siège.  —  Les  variétés  dénommées 
d'après  le  siège  sont  nombreuses,  mais  elles  n'ont  pas  toute 
l'importance  qu'on  leur  a  attribuée  ;  aussi  allons-nous  en 
faire  une  énuméralion  rapide. 

Psoriasis  capitis.  —  Le  psoriasis  s'observe  fréquemment  à 
la  tête;  il  commence  presque  toujours  à  la  partie  antérieure 
du  cuir  chevelu  pour  s'irradier  en  arrière  ou  sur  les  côtés.  Il 
se  présente  sous  la  forme  de  plaques  arrondies,  sèches,  plâ- 
treuses, disséminées  irrégulièrement  au  milieu  des  cheveux. 
Au-dessous  dos  squames  la  peau  est  rouge,  épaissie  et  ru- 
gueuse. Les  bulbes  pileux  sont  respectés  ordinairement  par 
la  maladie  ;  si  les  poils  viennent  à  tomber,  ils  repoussent' 
après  la  guérison  de  l'affection. 

Le  psoriasis  est  rarement  limité  au  cuir  chevelu  :  en  gé- 
néral il  existe  aussi  sur  le  front,  la  face  et  surtout  aux  coudes 
et  aux  genoux. 

Psoriasis  imguium.  —  Le  psoriasis  est  rarement  borné 
aux  ongles  ;  il  coexiste  le  plus  souvent  avec  des  plaques  si- 
tuées sur  les  mains  ou  sur  d'autres  parties  du  corps.  Il  est  ca- 
ractérisé par  un  épaississement  plus  ou  moins  grand  et  par 


'^fiî^  hehpétioes  skciiiis  squami-usi:s. 

dos  caiiiiolurcs  loMgiUidihalcs  des  ongles.  Ceux-ci  sont  très 
friables,  déformés,  et  préseuLeiiL  à  leur  extrémité  libre  une 
sorte  de  disjoMctiotr  de  leurs  lamelles  5  souvent  ils  tombent 
et  sont  remplacés  par  une  écaille  épidcrmique  iidorme.  Mais  - 
ils  repoussent  et  reviennent  à  leur  élat  normal,  si  l'on  a  re- 
cours à  un  traitement  rationnel. 

Psoriasis pahnaria  et  plantaria.  —  Le  psoriasis  peut  être 
limité  exactement  à  la  paume  des  mains  et  à  la  plante  des 
pieds,  ou  occuper  tout  le  pied  et  la  main  entière.  Les  ré- 
gions affectées  présentent  des  squames  épaisses  et  larges,  des 
fissures  profondes  qui  intéressent l'épiderme  et  le  derme,  une 
peau  rouge  et  plus  ou  moins  épaissie.  Les  lésions,  en  rendant 
les  mouvements  douloureux,  gênent  et  empêchent  souvent  la 
préhension  et  la  marche. 

Lorsque  le  psoriasis  est  borné  aux  mains  et  aux  pieds,  il 
est  un  symptôme  presque  certain  de  la  syphilis,  si  l'on  s'en 
rapporte  à  une  opinion  partagée  par  beaucoup  d'auteurs  et 
formulée  dans  les  leçons  de  M.  Hardy.  Nous  nous  sommes 
expliqué  sur  ce  point,  en  disant  que  les  psoriasis  palmaire  et 
plantaire,  quand  ils  existent  seuls,  sont  de  nature  arthri- 
tique dans  l'immense  majorité  des  cas  (voir  psoriasis  arthri- 
tique). 

Psoriasis  prœpiitialis,  scrotalis.  —  Cette  variété  de  pso- 
riasis s'observe  sur  la  verge,  le  gland,  le  prépuce  et  le  scro- 
tum. Elle  présente  des  squames  minces,  molles,  et  des  fis- 
sures qui  rendeiit  les  érections  douloureuses  et  s'opposent 
quelquefois  à  l'accomplissement  de  l'acte  du  coït.  Cette 
forme  de  psoriasis  appartient  plus  souvent  à  l'arthritis  qu'à 
la  dartre. 

Psoriasis  des  paupières.  —  Le  psoriasis  peut  occuper 
longtemps  les  paupières,  dont  il  air.ènc  parfois  le  renverse- 


PSOniASIS  HERPÉTIQUE.  'Jl)3 

ment;  les  mouvements  des  voiles  palpébiaiix  sont  clidiciles 
Souvent  l'affection  se  piopage  à  la  muqueuse  palpébiale  et 
oculaire  :  on  observe  alors  des  bléphariles  chroniques  de 
nature  dartreuse,  qu'on  rapporte  à  tort  à  la  diathèse  scrofu- 
leuse.  • 

Psoriasis  général.  —  II  existe  un  psoriasis  général,  qui 
est  étendu  à  la  plus  grande  partie,  mais  presque  jamais  à  la 
totalité  de  la  surface  du  corps.  L'expression  de  psoriasis  gé- 
néral est  donc  défectueuse  ;  elle  n'indique  en  réalité  qu'une 
chose,  c'est  l'existence  de  raiïeclion  sur  un  grand  nombre 
de  régions. 

Ëtiologie.  — L'influence  héréditaire  ne  saurait  èlre  niée 
dans  le  psoriasis  herpéli(]ue. 

Cette  affection  se  montre  ordinairement  chez  les  sujels 
sanguins.  Klle  a[)paraît  le  plus  souvent  dans  la  jeunesse  et 
l'âge  adulte.  On  l'observe  exceptioimellemeiit  dans  l'enfance  : 
nous  avons  vu  un  psoriasis  généralisé  sur  une  petite  fille  de 
deux  ans  et  demi,  psoriasis  qui,  traité  avec  succès  par  l'em- 
ploi des  préparations  arsenicales,  s'est  reproduit  vers  l'âge 
de  neuf  ans. 

Le  sexe  masculin  paraît  plus  prédisposé  au  psoriasis  que 
le  sexe  féminin. 

L'éruption  psoriasique  est  plus  fréquente  au  printemps 
qu'en  toute  autre  saison.  Elle  disparaît  souvent  pendant  l'été 
pour  reparaître  au  printemps  suivant. 

Il  existe  encore  un  grand  nombre  de  causes  déterminantes  : 
les  émotions  morales  suffisent  pour  provoquer  l'apparition 
du  psoriasis;  les  professions  qui  exposent  à  de  grandes  fati- 
gues, au  contact  de  substances  irritantes,  à  Faction  prolon- 
gée du  calorique,  ont  une  influence  évidente  sur  le  dé\eloppe- 
ment  de  l'affection  psoriasique. 


nERPÊTIOFS  Si'CIlI'S  SOUAMKUSKS. 

Nous  citerons  comme  aulariL  de  causes  occasionnelles  les 
excès  de  table  et  de  boissons,  les  aliments  épicés,  et  quel- 
quefois des  plaies  légères  de  la  peau.  Nous  avons  vu  le  pso- 
riasis se  montrer  pour  la  première  fois  sur  des  parties  cuta- 
nées, oi^i,  peu  de  temps  auparavant,  avaient  été  appliquées 
des  ventouses  scarifiées. 

Diagnostic.  —  Il  est  facile  de  reconnaître  le  psoriasis 
d'après  les  caractères  que  nous  en  avons  donnés  :  plaques 
rouges,  comme  cuivrées,  épaississement  ef'sécberesse  parti- 
culière de  la  peau,  squames  épaisses,  imbriquées,  blanches 
et  nacrées.  Cependant  on  pourrait,  dans  certains  cas,  con- 
fondre cette  affection  avec  le  pityriasis,  l'icthyose,  l'iierpès, 
le  lichen  et  l'eczéma  chronique. 

Il  sera  aisé,  le  plus  souvent,  de  distinguer  le  psoriasis  du 
pityriasis.  Il  suffit  d'opposer  aux  caractères  du  premier  ceux 
du  pityriasis  qui  sont  :  existence  de  squames  fines,  grisâtres 
ou  jaunâtres,  et  absence  d'épaississement  delà  peau.  Cepen- 
dant, dans  le  pityriasis  palmaire,  on' trouve  à  la  fois  de  Tépais- 
sissement  et  de  la  rougeur  des  téguments;  en  supposant  que 
l'affection  soit  exactement  limitée  à  la  paume  des  mains,  com- 
ment ferons-nous  pour  établir  le  diagnostic  différentiel  entre 
elle  et  le  psoriasis  palmaire?  Dans  ce  cas,  nous  appuierons- 
nous  spécialement  sur  les  caractères  objectifs  des  affections? 
Dans  le  psoriasis,  on  trouve  des  squames  plus  épaisses  et  plus 
larges  que  dans  le  pityriasis;  la  peau  présente  un  épaissis- 
sement plus  marqué,  des  fissures  plus  profondes  et  plus  nom- 
breuses. Il  faut  reconnaître  l'insuffisance  de  ces  signes  diffé- 
rentiels; les  deux  affections  sont  souvent  confondues.  Mais, 
s'il  est  difficile  d'arriver  au  diagnostic  du  genre,  nous  devons 
nous  féliciter  de  pouvoir  connaître  l'espèce  sans  beaucoup 
de  difficulté.  Nous  savons,  en  effet,  que  le  psoriasis  et  le  pi- 


PSORIASIS  HERPÉTIQUE.  255 

tyriasis  palmaiies  sont  lous  deux  des  affections  arthritiques 
qui  réclament  le  même  traitement. 

Je  ferai  d'ailleurs  remarquer  que  l'affection  limitée  à  la 
paume  des  mains  et  à  la  plante  des  pieds,  décrite  par  quel- 
ques auteurs  sous  le  nom  de  pityriasis /M/mazV»?  et  plantaire^ 
pourrait  bien  n'être  qu'un  pseudo-pityriasis  (eczéma  chro- 
nique), et  non  une  véritable  affection  squameuse. 

L'iclhyose  est  une  affection  congénitale;  elle  n'offre  pas 
les  plaques  cutanées  rouges  et  hypertrophiques  du  psoriasis; 
enfin,  elle  est*  caractérisée  par  des  écailles  épidermiques 
minces  et  grisâtres,  qui  ne  ressemblent  nullement  aux 
squames  psoriasiques. 

Un  examen  superficiel  pourrait  faire  confondre  un  psoriasis 
circiné  avec  l'herpès  circiné.  On  remarquera  que  le  cercle  de 
la  lèpre  vulgaire  est  constitué  par  un  grand  nombre  de  sail- 
lies rouges,  recouvertes  de  squames  blanches  et  nacrées, 
tandis  qu'il  existe  dans  l'herpès  circiné  un  cercle  non  proé- 
minent et  couvert  de  squames  furfuracées  et  grisâtres.  La 
marche  est  différente  dans  les  deux  affections,  et,  s'il  restait 
du  doute,  le  microscope  viendrait  le  dissiper  prompte- 
ment. 

Quelques  formes  de  lichen,  surtout  le  lichen  circonscrit, 
présentent  certaine  analogie  avec  le  psoriasis  nummulaire  ; 
mais,  dans  le  lichen,  on  rencontre  des  papules  et  des  squames 
furfuracées  et  grisâtres.  D'ailleurs,  cette  affection  n'occupe 
pas  les  mômes  régions  que  le  psoriasis,  dont  le  siège  de  pré- 
dilection est  aux  genoux  et  aux  coudes. 

L'eczéma  sec,  arrondi,  qui  s'accompagne  d'une  desquama- 
tion plus  ou  moins  abondante  et  qui  a  été  décrit  au  nombre 
des  arlhritides,  est  susceptible  d'être  confondu  avec  le  pso- 
riasis. Cependant  il  présente,  à  une  époque  antéiieure,  une 


'-^^6  HERPÉTIHES  SliCIlES  .SOUAMEUSES. 

sécrcliou  liuiiiide  qu'un  no  tiouve  pas  tluns  le  psoriasis;  ses 
squames  ne  sonl  jamais  adhérenles,  épaisses  et  l>lanclies 
comme  colles  de  ralïecLion  précédente.  Tandis  que  le  pso- 
riasis se  développe  sur  tout(;s  les  parties  du  corps  et  princi-, 
palepient  aux  genoux  (^t  aux  coudes,  l'eczéma  ai  thrilique  se 
montre  sur  le  dos  des  mains  et  des  pieds,  aux  organes  géni- 
taux, à  la  face  et  à  la  partie  antérieure  de  la  poitrine. 

Le  siège  de  l'affection  peut  être  la  cause  de  quelques  au- 
tres erreurs  dans  le  diagnostic.  Dans  certains  cas,  il  serait 
possible  de  prendre  le  psoriasis  des  paupières  pour  une  blé- 
pharite  chronique  de  nature  scrofuleuse,  et  le  psoriasis  de  la 
lèvre  supérieure  pour  un  sycosis  arthritique.  La  marche  de 
l'affection,  ses  caractères  propres,  et  surtout  l'existence 
de  taches  psoriasiques  sur  d'autres  régions  du  corps,  vien- 
dront éclairer  suffisamment  le  diagnostic. 

Il  nous  resterait  à  établir  le  diagnostic  entre  le  psoriasis 
herpétique  et  les  psoriasis  arthritique  ou  syphilitique.  Cette 
question  a  été  longuement  traitée,  quand  nous  avons  étudié 
le  psoriasis  arthritique  ;  nous  renvoyons  à  ce  que  nous  avons 
dit  à  propos  de  cette  dernière  affection. 

Pronostic.  —  D'une  manière  absolue,  le  psoriasis  n'est  pas 
une  affection  grave.  Il  n'est  fâcheux  que  par  sa  persistance 
et  sa  facilité  à  récidiver  :  on  peut  dire  que  nulle  affection 
dartreuse  ne  possède  à  un  degré  si  élevé  la  propriété  de  se 
reproduire.  Le  psoriasis  est  une  des  formes  les  plus  fré- 
quentes de  la  dartre,  et  aussi  des  plus  bénignes,  en  ce  sens 
qu'il  reste  longtemps  à  l'état  d'affection  locale  sans  entraîner 
d'accidents  sérieux.  Sur  ce  point,  il  diffère  beaucoup  des 
herpélides  humides  qui  s'accompagnent  promptement  do 
dyspepsie,  d'euléralgic,  de  diarrhée,  etc.  Toutefois,  il  n'est 
pas  rare  de  rencontrer  la  coexistence  du  psoriasis  avec  la 


PSORIASIS  HERPÉTIQUE.  2(57 

dyspepsie  et  d'autres  névralgies;  en  interrogeant  avec  soin 
les  malades,  vous  pourrez  facilement  vous  convaincre  de  la 
vérité  de  celle  assertion. 

Néanmoins,  si  la  dartre  fait  des  progrès,  le  psoriasis  se 
comporte  comme  les  autres  jierpétides  j  il  se  transforme  en 
affections  variées  dont  l'élément  n'est  plus  reconnaissable, 
et  la  cachexie  se  prononçant  de  plus  en  plus  finit  par  ame- 
ner la  mort. 

Traitement.  —  Le  psoriasis  disparaît,  dans  la  plupart  des 
cas,  sous  l'influence  d'un  traitement  rationnel;  mais  on  n'a 
jamais  la  cerlilude  d'obtenir  une  guérison  définitive.  Au  con- 
traire; nous  savons  par  expérience  que  les  récidives  sont  ha- 
bituelles, et  que  les  malades,  suivant  leur  expression,  vien- 
nent se  faire  blanchir  à  l'hôpital  tous  les  six  mois  ou  toutes 
les  années. 

Pour  combattre  avec  efficacité  l'affection,  il  faudra  em- 
ployer simultanément  des  médicaments  internes  et  des  mé- 
dicaments externes. 

Au  nombre  des  moyens  locaux,  se  trouvent  des  pommades 
à  l'huile  de  cade,  au  goudron,  au  précipité  blanc  et  au  soufre. 
Ces  différents  topiques  agissent  plus  ou  moins  énergiquement 
par  leur  action  substituliye  ;  ceux  d'entre  eux  que  je  préfère, 
sont  les  pommades  à  l'huile  de  cade  et  au  goudron.  A  l'hô- 
pital, nous  sommes  forcé  de  laisser  de  côté  ces  bonnes  pré- 
parations ;  dans  leur  composition,  on  fait  entrer  des  graisses 
rances  et  irritantes  qui  retardent  la  guérison.  Nous  rem- 
plaçons les  pommades  par  l'huile  de  cade  pure  employée 
en  friclioiis  prolongées,  non-seulement  sur  les  parties  ma- 
lades, mais  sur  les  intervalles  de  peau  saine  qui  les  séparent. 
Dans  plusieurs  cas,  j'ai  balayé  de  cette  façon  des  psoriasis 
invélérésqui  avaient  résisté  à  toutes  les  médications.  En  par- 


'^6^  ni'RPÉTIDI'S  SÈCHES  SOUAMEUSP-S. 

courant  les  salles,  il  vous  sera  facile  de  constater  les  heureux 
résultats  de  cette  méthode  de  traitement.  Si  l'on  n'avait  pas 
d'huile  de  cade  à  sa  disposition,  on  pourrait  etnplovor  le 
goudion  avec  un  succès  presque  égal. 

Parmi  les  topiques,  nous  plaçons  encore  les  bains  alcalins 
et  les  bains  de  vapeur  que  le  malade  prend  tous  les  deux  ou 
trois  jours. 

La  médication  interne  consiste  dans  l'usage  des  prépara- 
tions arsenicales.  Aidée  par  les  moyens  topiques,  elle  hâte  la 
guérison  et  éloigne  les  récidives;  seule,  elle  détermine  une 
amélioration  facile  à  constater,  et  quelquefois  la  disparition 
complète  du  psoriasis.  Les  composés  arsenicaux,  dont  je  me 
sers  habituellement,  sontl'arséniate  d'ammoniaque  que  j'ad- 
ministre en  solution,  et  l'arséniate  de  fer  que  je  prescris  en 
pilules. 

M.  Hardy  a  mis  en  usage  le  baume  de  copahu  dans  le  trai- 
tement du  psoriasis.  Mais  les  succès  fournis  par  ce  médica- 
ment, et  ceux  que  j'ai  obtenus  moi-même  avec  la  térében- 
thine et  l'huile  de  cade  administrées  à  l'intérieur,  sont  loin 
d'égaler  ceux  qui  nous  sont  donnés  par  l'emploi  des  prépa- 
rations arsenicales. 

Nous  ne  considérons  ici  que  le  traitement  du  psoriasis  her- 
pétique; ailleurs,  nous  avons  parlé  des  moyens  destinés  à 
combattre  le  psoriasis  arthritique. 

A  la  médication  interne  et  externe,  il  faut  ajouter  la  dié- 
tétique, qui  joue  un  rôle  si  important  dans  le  traitement  des 
maladies  chroniques.  Le  dartreux  devra  s'abstenir  d'aliments 
excitants,  de  café,  de  poisson,  etc.;  il  aura  soin  surtout  d'évi- 
ter les  émotions  morales. 

En  résumé,  si  l'on  désiré  une  prompte  guérison  du  psoria- 
sis dartreux,  voici  le  traitement  que  Ton  emploiera  sur  les 


i 


PSORIASIS  HERPÉTIQUE.  'iGJ 

sujels  adultes  :  1°  tisane  de  saponaire,  trois  ou  quatre  verres 
par  jour  j  2°  pilules  composées  de  5  centigrammes  d'extrait 
de  douce-amère  et  de  5  milligrammes  d'arséniate  de  fer  ;  on 
commence  par  ordonner  deux  pilules  par  jour,  et  l'on  aug- 
mente graduellement  la  dose  jusqu'à  10  et  15  centigrammes 
d'arséniate  de  fer  par  jour;  3°  frictions  rudes  et  répétées  une 
ou  deux  fois  par  jour  sur  toutes  les  régions  affectées  jusqu'à 
production  du  sycosis  cati^zç'we;  on  cesse,  quand  l'éruption 
artiticielle  remplace  l'éruption  pathologique;  4°  tous  les  deux 
jours,  alternativement  un  bain  alcalin  et  un  bain  de  vapeur. 

En  suivant  la  méthode  que  nous  venons  d'indiquer,  on 
obtiendra  la  disparition  du  psoriasis  dans  l'espace  de  quatre 
à  cinq  semaines.  Le  malade  devra  continuer  la  médication 
interne  pendant  deux  ou  trois  mois,  s'il. veut  éviter  une  ré- 
cidive-, dès  que  celle-ci  est  imminente,  il  faut  se  hâter  de 
reprendre  les  traitements  interne  et  externe.  De  cette  ma- 
nière, les  sujets  atteints  de  psoriasis  pourront  remplir  les 
devoirs  que  leur  impose  la  société,  sans  être  trop  incommo- 
dés par  leur  affection.  Cependant,  il  viendra  une  époque  à 
laquelle  le  psoriasis  se  généralisera  et  ne  cédera  plus  à  nos 
agents  thérapeutiques  :  dans  ce  cas,  la  dartre  a  pris  droit  de 
domicile,  pour  ainsi  dire,  et  ne  doit  plus  disparaître.  Mais 
hàtons-nous  d'ajouter  que  le  psoriasis  est  souvent  station- 
naire  ou  ne  fait  que  des  progrès  insensibles,  et  qu'une  mort 
accidentelle  enlève  le  dartreiix  avant  qu'il  soit  arrivé  à  la 
dernière  période  de  la  maladie  constitutionnelle. 


270 


heupètides  boutonneuses. 


CHAPITRE  III. 

DES  IIERPÉTIDES  BOUTONNEUSES. 

Les  herpétides  boutonneuses  sont  des  affections  essentiel- 
lement papuleuses.  On  sait  que  le  tempérament  nerveux, 
très  fréquent  dans  la  dartre,  prédispose  selon  tous  les  auteurs 
aux  éruptions  papuleuses  :  dès  lors,  il  est  naturel  que  les  her- 
pétides boutonneuses  soient,  comme  le  psoriasis,  une  des 
manifestations  les  plus  ordinaires  de  la  dartre. 

Les  herpétides  boutonneuses  ne  renferment  que  deux 
genres  :1e  prurigo  et  le  lichen.  Encore,  ne  décrirons-nous 
pas  ici  un  grand  nombre  de  variétés  de  prurigo  et  de  lichen, 
qui  sont  des  affections  symptomatiques  de  l'arthritisou  de  la 
scrofule,  et  qui  nous  sont  déjà  connues. 

§  I.  —  Prurigo  herpétique. 

he prurigo  doit  être  distingué  du  prurit,  phénomène  com- 
mun aux  lichen,  scabies  psore  des  Grecs.  Mercuriali  avait 
établi  cette  distinction-,  néanmoins,  il  est  probable  que  le 
prurigo,  synonyme  du  pruritus  des  Latins,  a  été  souvent 
confondu  avec  les  affections  lichenoïdo  et  psorique.  Willan  a 
désigné  le  pruritus  sous  le  nom  de  prurigo,  et  il  en  a  déter- 
miné avec  soin  les  caractères  et  la  lésion  élémentaire.  Biett 
et  ses  élèves  ont  adoplé  l'opinion  de  l'auteur  précédent  qui 
définit  le  prurigo  de  hi  manière  suivante  :  c'est  une  affection 
caractérisée  par  des  papules  plus  volumineVses  que  celles  du 


fRURIGO  HI  RPÊTIQUE.  Ili 

lichen,  sans  changement  de  couleur  à  la  peau,  existant  le 
plus  souvent  à  la  face  dorsale  des  membres  ou  du  tronc  et 
constamment  accompagnées  d'un  prurit  très  intense. 

Cette  définition  est  défectueuse  dans  quelques-unes  de  ses 
parties.  Le  prurigo  se  distingue-t-il  spécialement  du  lichen 
par  le  volume  plus  considérable  de  ses  papules?  Ce  caractère 
existe  bien  dans  \ii prurigo  mitis,  dénature  scrofuleuse,  mais 
il  manque  souvent  dans  les  autres  espèces  de  prurigo.  En  ef- 
fet, Alibert  avait  observé  que  la  lésion  élémentaire  n'est  pas 
toujours  en  rapport  avec  le  prurit,  et  il  a  décrit  un  prurigo 
latent.  M.  Devergie  ayant  fait  la  même  remarque,  admet  un 
prurigo  sans  papules.  Bièntôt  nous  étudierons  une  variété 
fréquente,  \e prurigo  formicans,  caractérisée  par  des  déman- 
geaisons très  vives  et  par  des  papules  qui  n6  surpassent 
guère  en  volume  celles  du  lichen. 

Les  auteurs  reconnaissent,  d'après  Willan,  trois  variétés 
de  [)rurigo  :  1°  piiirigo  mitis,  2° prurigo  formicans,  3°  pru- 
rigo senilis.  Ils  décrivent  aussi  des  variétés  suivant  le 
siège  :  p7mrigopodicis,  prurigo  pudendi  inuliebris,  prurigo 
scroti. 

L  Le  piiURiGO  MiTis  est  caractérisé  par  des  papules  volu- 
mineuses, si  on  les  compare  à  celles  qui  existent  dans  les  au- 
tres variélis,  et  par  des  démangeaisons  modérées,  presque 
nulles,  bien  différentes  du  prurit  insupportable  qu^on  ren- 
contre dans  \e  prurigo  ferox  à.  petites  papules.  Il  se  montre 
dans  l'adolescence  ou  l'enfance,  et  chez  les  sujets  à  tempé- 
rament lymphatique  ;  il  coïncide  fréquemment  avec  des 
ophlhalmies  chroniques,  des  adénopathies,  des  gourmes,  etc. 
Cette  affection  est  de  nature  scrofuleuse  :  elle  trouve  sa  place 
dans  le  groupe  des  scrufulides  boutonneuses.  Elle  a  été  dé- 
crite dans  nos  leçons  sur  la  scrofule,  et  se  distingue  par  des 


lllillPÉTlDKS  BOUTON NliUSliS, 

caractères  propres  des  prurigo  formicans  et  senilu  dont 
nous  allons  donner  l'Iiisloire. 

II.  PuuuiGO  FORMICANS-  —  Le  jjrurigo  formicans  appar- 
tient exclusivement  à  la  dartre  et  mérite  à  ce  titre  de  fixer, 
plus  longtemps  notre  attention. 

Symptômes.  —Le  prurigo  formicans  est  caractérisé  par 
des  papules  petites,  recouvertes  en  général  à  leur  sommet 
d'une  petite  croûte  noire  et  formée  par  une  gouttelette  de 
sang  desséché,  disséminées  à  la  surface  du  corps  et  se  mon- 
trant surtout  à  la  face  externe  des  membres,  sur  les  épaules 
ou  sur  le  dos. 

Les  gouttes  sanguines  qu'on  trouve  sur  les  papules  attes- 
tent l'existence  d'un  prurit  considérable.  En  effet,  ce  prurit 
précède"  et  accompagne  toujours  l'éruption  ;  il  est  con- 
tinu, plus  marqué  le  soir  et  augmente  constamment  par  la 
chaleur  du  lit.  Il  présente  des  caractères  variés  suivant  les 
cas  :  un  malade  accuse  des  cuissons  atroces  ou  une  sensation 
de  brûlure  insupportable,  un  autre  ressent  une  douleur  qu'il 
compare  à  des  piqûres  d'insectes  ou  à  des  dilacérations  pro- 
duites par  des  aiguilles  brûlantes.  Le  patient  éprouve  un  be- 
soin irrésistible  de  se  gratter  ;  il  ne  recule  pas  devant  l'em- 
ploi des  corps  durs  et  acérés  qui  déterminent  des  plaies  plus 
ou  moins  profondes  de  la  peau.  Il  ne  saurait  goûter  un  instant 
de  repos  :  dès  que  le  soir  approche,  il  se  lève,  se  promène  et 
cherche  à  diminuer  les  démangeaisons  en  s'exposautà  l'air,  et 
souvent,  pour  les  calmer,  il  est  obligédes'étendresur  le  sol  pen- 
dant une  partie  delà  nui  t.  Si  ces  douleurs  durent  quelque  temps, 
ou  se  reproduisent  fréquemment,  elles  peuvent  déterminer  des 
troubles  dans  les  facultés  intellectuelles.  Sous  l'influence 
d'une  surexcitation  cérébrale  qui  conduit  parfois  à  la  folie, 
ou  voit  dans  quelques  cas  le  malade  chercher  dans  le  suicide 


PRURIGO  HERPÉTIQUE.  273 

un  terme  à  ses  souffrances  continuelles  et  intolérables. 

L'éruption  papulense  n'est  pas  toujours  en  rapport  avec  le 
prurit,  souvent  elle  existe  à  peine  et  s'accompagne  néan- 
moins de  démangeaisons  très  vives;  c'est  en  se  fondant  sur 
ce  fait  qu'Alibert  et  M.  Devergie  ont  admis  successive- 
ment un  prurigo  latent  et  un  -prurigo  sans  papules.  Pour 
nous,  le  prurit  et  les  papules  ne  sont  pas  des  maladies,  mais 
des  symptômes  d'une  maladie;  l'un  pourra  prédominer, 
tandis  que  l'autre  sera  presque  absent  :  nous  ne  cesserons 
pas  de  voir  dans  ces  phénomènes  une  manifestation  de  la 
diathèse  herpétique.  Dans  celte  maladie  constitutionnelle,  le 
prurigo  présente  en  général  des  démangeaisons  très  intenses 
et  une  éruption  composée  de  papules  rares  et  peu  volumi- 
neuses. 

Marche  et  durée.  —  Le  prurigo  est  une  affection  essen- 
tiellement chronique;  il  peut  exister  pendant  des  mois  et  des 
années.  Il  est  très  sujet  à  récidiver  ;  souvent,  après  avoir  dis- 
paru un  certain  nombre  de  fois,  il  se  montre  de  nouveau  et 
persiste  d'une  manière  indéfinie.  Dans  ce  cas,  la  peau  finit 
par  présenter  quelques  altérations:  elle  est  couverte  de  stries 
et  de  croûtes  noires  ,  qui  sont  le  résultat  du  grattage  exercé 
par  le  malade  ;  elle  offre,  çà  et  là,  des  taches  brunes  ou  des 
cicatrices  blanches  qui  succèdent  aux  excoriations.  Elle  s'é- 
paissit  quelquefois  sous  l'influence  des  irritations  continuel- 
les auxquelles  elle  est  exposée  :  il  devient  alors  difficile  de 
savoir  si  l'on  a  affaire  au  prurigo  ou  au  hchen  dont  on 
constate  les  deux  caractères  principaux,  à  savoir,  l'épaissis- 
sèment  des  téguments  et  l'éruption  papuleuse. 

D'ailleurs  il  serait  inutile,  dans  un  grand  nombre  de  cas, 
de  chercher  à  résoudre  cette  question  de  diagnostic  différen- 
tiel :  souvent  il  existe  une  véritable  transformation  du  pru- 

18 


27^  Heupétides  uoutonnI'USks. 

rigo  vu  lichen,  et  ces  uiï'eclions  oui  toutes  deux  la  diathèse 
herpétique  pour  origine. 

Le  prurigo  ne  passe  pas  toujours  à  l'état  chronique. 
Queiquelois  il  se  montre  pendant  une  partie  de  l'année,  dis- 
paraît et  se  développe  de  nouveau  à  la  même  époque  de  l'an- 
née suivante. 

Le  premier  phénomène  de  raiïection  est  habituellement  le 
prurit  :  vient  ensuite  l'éruption  papuleuse  qui  se  manifeste 
d'abord  sur  les  épaules,  le  cou,  puis  sur  les  membres  supé- 
rieurs et  inférieurs.  Toutes  les  régions,  môme  la  figure,  peu- 
vent être  le  siège  des  papules  de  prurigo. 

m.  Prurigo  senilis.  —  Le  prurigo  s'observe  très  souvent 
dans  la  vieillesse,  et  l'on  a  vu  qu'il  existait  une  espèce  propre 
à  cet  âge  :  cette  espèce  fut  désignée  sous  le  nom  de  prurigo 
senilis. 

Cette  variété,  jorwn^o  senilis,  ne  saurait  être  considérée 
comme  une  espèce  morbide-,  elle  se  rattache  dans  tous  les 
cas  à  deux  maladies:  le  parasitisme  et  la  dialhèse  herpé- 
tique. 

h^.  prurigo  senilis  nous  apparaîtra  tantôt  sous  la  forme  du 
prurigo  formicans,  tantôt  sous  la  forme  du  prurigo  pédi- 
culaire. 

Le  prurigo  formicans  (dartreux)  se  comporte  chez  le  vieil- 
lard comme  chez  l'adulte;  nous  ne  reviendrons  pas  sur  la 
description  que  nous  venons  d'en  donner. 

Quant  au  prurigo  pédiculaire,  il  présente  des  caractères 
propres  que  nous  avons  fait  connaître  dans  nos  leçons  sur  les 
afieclions  parasitaires. 

Variétés  suivant  le  siège.  —  Le  prurigo  partiel  n'est  pas 
la  variété  la  moins  rebelle  ni  la  moins  grave.  Il  offre  en 
général  des  papules  très  petites  et  peu  nombreuses  :  cette 


PRURIGO  HERPÉTIQUE.  275 

partiolilarilé  l'a  lait  décrire  sous  les  noms  de  jwurigo  latent 
(Alibert),  et  ù^.  prurigo  sans  papules  (M.  Devergie).  Les  va- 
riélés  de  prurigo,  d'après  le  siège  qu'on  observe  le  plus  ordi- 
nairement, sont  :  \%  prurigo  podicis,  le  prurigo  scroti,  le 
prurigo  pudendi  muliebris. 

Ces  différentes  affections  sont  remarquables  par  Texislence 
d'un  prurit  très  violent,  qui  peut  revêlir  les  différentes  formes 
dont  nous  avons  eu  l'occasion  de  parler  plusieurs  fois.  Dans 
le  prurigo  pudendi  muliebris,  fixé  aux  grandes  et  aux  petites 
lèvres,  les  démangeaisons  se  propagent  quelquefois  dans  le 
vagin,  deviennent  une  cause  de  nymphomanie  el  plus  sou- 
vent d'onanisme. 

On  ne  rencontre  pas  toujours  des  altérations  locales  en 
rapport  avec  l'intensité  du  prurit,  qui  fait  le  désespoii-  du  ma- 
lade. Dans  \q  prurigo  podicis,  l'affection  limitée  au  pourtour 
de  l'anus  présente  des  stries  blanches  qui  tranchent  sur  la 
coloration  brune  de  la  région  ,  un  épaississement  de  la  peau 
plus  ou  moins  considérable,  et,  de  temps  en  temps,  un  suin- 
tement séreux  qui  calme  les  démangeaisons  ;  dans  la  plupart 
des  cas,  les  papules  manquent  ou  sont  tellement  peu  volu- 
mineuses qu'elles  échappent  à  nos  investigations.  On  ob- 
serve dans  le  prurigo  scroti  et  le  prurigo  pudendi  mu- 
liebris les  mêmes  lésions,  c'est-à-dire  une  coloration  bru- 
nâtre qui  est  le  résultat  de  l'bypersécrétion  pigmentaire, 
un  épaississement  et  un  état  onctueux  particulier  de  la 
peau. 

Le  prurigo  partiel  est  une  affection  très  tenace;  il  occa- 
sionne des  douleurs  très  vives  el  très  incommodes,  qui 
finissent  à  la  longue  par  inquiéter  sérieusement  le  malade, 
et  souvent  par  réagir  sur  les  facultés  intellectuelles.  Du  reste 


276  HKHPf'TIDI'S  nOUTONNKLSl'S. 

on  sait  que  les  affoclioiis  des  parlies  gôniiales  ont  le  triste 
privilège  de  conduire  à  riiypochondrie,  et  parfois  à  l'aliénation 
mentale  ou  au  suicide. 

Le  prurigo  fixé  sur  des  régions  circonscrites  coïncide  fré-- 
quemment  avec  différentes  affections  herpétiques,  telles  que 
la  migraine,  la  gastralgie,  la  bronchite  darlreuse,  etc.  Sou- 
vent ces  dernières  s'exaspèrent,  lorsque  le  prurigo  présente 
une  amélioration  passagère;  réciproquement,  l'affection  lo- 
cale devient  plus  grave,  si  les  autres  accidents  perdent  de 
leur  intensité. 

Éliologie.  —  Le  pruiigo  qui  se  montre  dans  l'enfance  et 
dans  l'adolescence  appartient  le  plus  ordinairement  à  la  scro- 
fule, c'est  \q  prurigo  mitis. 

Le  prurigo  formicans  (herpétique)  se  développe  princi- 
palement dans  l'âge  adulte. 

Les  vieillards  sont  affectés  de  deux  espèces  de  prurigo  : 
le  prurigo  pédiculaire  et  le  jwurigo  formicans. 

Les  conditions  de  rudesse  et  d'épaisseur  de  la  peau  sem- 
blent favoriser  le  développement  du  prurigo  ;  nous  verrons,  au 
contraire,  que  le  lichen  se  manifeste  plus  particulièrement  sur 
les  endroits  les  plus  minces  de  la  peau. 

Le  tempérament  nerveux  prédispose  à  toutes  les  espèces 
de  prurigo. 

Il  existe  une  cause  prédisposante  plus  générale  que  les 
causes  précédentes,  c'est  la  maladie  constitutionnelle  dont 
le  prurigo  n'est  qu'une  simple  manifestation.  Or,  nous  l'a- 
vons dit,  cette  affection  se  montre  dans  la  scrofule,  l'arthritis 
et  la  dartre;  d'autres  fois  elle  est  produite  jiar  l'existence 
d'un  parasite  à  la  surface  de  la  peau. 

Les  causes  occasionnelles  sont  nombreuses;  je  citerai  les 


»  PRURIGO  HERPÉTIQUE.  277 

émotions  morales,  l'usage  du  poisson  salé,  l'abus  des  li- 
queurs, la  malpropreté,  la  misère,  et  en  général  toutes  les 
mauvaises  conditions  hygiéniques. 

Diagnostic.  —  Il  est  facile  de  distinguer  le  prurigo  de  la 
•gale  et  de  l'eczéma. 

Dans  la  gale,  l'éruption  papuleuse  occupe  l'abdomen, 
les  parties  génitales,  les  mamelles  et  la  partie  interne  des 
cuisses.  Le  prurigo  indépendant  de  la  gale  se  montre  au 
cou,  aux  épaules,  aux  membres  dans  le  sens  de  l'extension, 
et  au  visage;  celte  dernière  région  n'est  jamais  envahie  par 
l'affection  psorique. 

L'éruption  de  la  gale  disparaît  promptement  après  la  des- 
truction de  l'acarus  :  les  prurigo  herpétique  ou  arthritique 
sont  des  affections  plus  opiniâtres.  Cependant  il  faut  savoir 
que  les  papules  persistent  quelquefois  dans  la  gale  en  l'ab- 
sence de  l'acarus;  alors  elles  sont  occasionnées  par  une 
cause  générale,  une  diathèse  qui  a  été  éveillée  par  la  pré- 
sence de  Vacams  scabiei. 

Tous  les  jours,  nous  observons  des  dartreux  dont  les  pre- 
mières manifestations  diathésiques  ont  été  provoquées  par 
l'existence  antérieure  d'une  affection  parasitaire. 

Dans  l'eczéma,  on  trouve  des  vésicules,  une  sécrétion 
plus  ou  moins  abondante,  des  croûtes  et  des  squames,  phé- 
nomènes qui  manquent  dans  les  prurigo  podicis,  pudendi 
muliebris  et  scroti. 

Comment  arriverons-nous  à  reconnaître  l'espèce  du  pru- 
rigo? 

Le  prurigo  mitis  présente  des  papules  volumineuses  et 
peu  de  démangeaisons.  Le /)r?^n^o  formicans  est  caractérisé 
par  un  prurit  intense,  par  des  papules  petites,  discrètes  et 
recouvertes  à  leur  sommet  d'une  petite  croûte  noirâtre.  Le 


ii^'S  HEUPÉTinivS  BOUTONNKIJSKS. 

prurigo  pédiciilaire  siogo  sui'  les  paiiics  latérales  du  cou, 
sur  kl  lUKjiiO  el  les  épaules-,  le  prurigo  de  la  gale  occupe  de 
préférence  rabdomen,  les  manielles,  les  pai  lies  génitales, 
les  fesses  et  la  partie  interne  des  cuisses  :  dans  ces  deux 
affections,  il  sera  facile  de  constater  la  présence  du  pa- 
rasite qui  est  la  cause  première  de  l'éruption.  On  voit 
qu'on  peut  établir  1^  diagnostic  des  différentes  espèces  de 
prurigo  par  la  seule  inspection  des  caractères  objectifs  de 
ratïéction  :  s'il  y  avait  quelque  doute  dans  l'esprit  de  l'ob- 
servateur, il  faudrait  recourir  à  l'examen  des  antécédents 
du  malade. 

Pronostic.  —  Le  prurigo  n'est  pas  toujours  une  affection 
bénigne;  sa  gravité  varie  selon  sa  nature. 

prurigo  mitis  pré:5ente  une  courte  durée,  ne  s'accom- 
pagne d'aucun  symptôme  fâcheux  et  guérit  spontanément. 
Toutefois,  il  n'est  pas  à  l'abri'des  récidives. 

Le  prurigo pédiculaire  v'ienl  au  second  rang  pour  la  gra- 
vité; le  plus  souvent,  il  ne  résiste  pas  à  l'action  des  bains 
sulfureux  et  cinabrés.  Néanmoins,  nous  devons  dire  que, 
chez  certains  malades,  les  parasites  se  multiplient  et  repul- 
lulent avec  une  facilité  surprenante. 

Le  prurigo  herpétique  est  l'espèce  qui  offre  le  pronostic 
le  plus  fâcheux.  Nous  savons  qu'il  est  remarquable  par  sa 
persistance,  par  ses  récidives,  pàr  un  prurit  très  intense,  et 
qu'il  détermine  quelquefois  des  troubles  intellectuels.  Le 
prurigo  partiel  est  plus  difficile  à  guérir  que  le  prurigo  géné- 
ralisé. Dans  cette  affection,  on  voit  souvent  d'autres  éruptions 
herpétiques  (lichen,  eczéma,  etc.)  se  dévelojiper  sous  l'in- 
fluence des  grattages  répétés. 

Traitement.  —  Nous  nous  occuperons  ici  du  traitement 
ppécial  du  prurigo  formicans  et  du  prurigo  partiel,  qui  sont 


I 


PRURIGO  HERPÉTIQUE.  '279 

les  seules  espèces  de  prurigo  développées  sous  rinflueiice  de 
la  dia thèse  herpélique. 

La  nature  de  l'affeCitiori  nous  fournit  une  première  indica- 
tion :  on  devra  administrer  à  l'intérieur  des  préparations 
arsenicales.  Dans  le  prurigo  arthritique,  qui  coïncide  ordi- 
nairement avec  d'autres  affections  de  même  i:ature,  vous 
vous  rappelez  que  nous  avons  recommandé  les  alcalins,  et  en 
particulier,  le  sirop  de  bicarbonate  de  soude. 

Quelques  symptômes  nous  donnent  d'autres  indications. 

Contre  le  prurit  qui  présente  souvent  une  très  grande  in- 
tensité, on  prescrira  des  bains  frais  et  des  lotions  d'alun,  de 
sublimé,  d'eau  blanche,  d'eau  vinaigrée,  etc.  Puur  calmer 
les  démangeaisons,  on  pourra  tenter  avec  plus  ou  moins  de 
succès  les  pommades  à  la  glycérine,  à  l'oxyde  de  zinc  et  au 
sublimé.  En  même  temps,  on  administrera  à  Tiiitérieur  les 
préparations  de  belladone,  d'opium  ou  d'atropine. 

Chez  les  vieillards,  il  faudra  s'adresser  à  la  médication  to- 
nique pour  relever  l'état  des  forces. 

Dans  le  prurigo  partiel,  il  seia  utile  de  toucher  de  tenq  s 
en  temps  les  parties  afléctées  avec  (îes  agents  irritants  ou 
caustiques  ;  la  cautérisation  au  nitrate  d'argent  a  souvent 
donné  des  résultats  favorables. 

J'ai  eu  à  me  louer  fréquemment  de  l'emploi  de  la  pom- 
made suivante  :  morphine,  0,10  centigr.,  et  axonge,  30  gr. 
Cette  pommade  ne  calme  pas,  comme  on  pourrait  le  croire, 
les  démangeaisons  ;  elle  provoque  une  cuisson,  une  véritable 
douleur  plus  facile  cà  supporter  que  le  prurit. 

Les  eaux  minérales  sont  une  ressource  importante  dans  le 
traitement  du  prurigo.  M.  Hardy  préconise  l'usage  des  eaux 
sulfureuses  et  en  particulier  de  celles  de  Louesche,  qui  pro- 
duisent vers  la  peau  des  poussées  papuleuses  ou  pustuleuses, 


HEHPÉTlDliS  lJOUTONNliLSi;s'. 

et  dont  l'action  favorable  s'explique  par  une  niodilicalion 
substitutive.  Mais  ce  traitement  est  simplement  local  :  le 
principe  herpétique  ne  sera  vraiment  attaqué  d'une  manière 
ellicace  que  par  l'usage  des  eaux  de  Plombières  ou  de  la- 
liourboule,  qui  contiennent  une  certaine  quantité  d'arsenic. 

§  XI.  —  I>u  lichen  herpétique. 

Le  mot  licheii  (Xei/r/v)  est  un  ancien  ternie  dont  le  sens 
est  mal  déterminé  ;  il  a  été  considéré  par  le  plus  grand  nom- 
bre des  auteurs  comme  synonyme  de  Vimpetigo  des  Latins. 
Hippocrate,  en  ])laçant  le  lichen  à  côté  prurigo,  psora 
et  lèpre^  semble  désigner  par  cette  expression  une  affection 
papuleuse. 

Guidés  par  celte  dernière  considération,  Willan  et  Bielt 
ont  appliqué  le  nom  de  lichen  à  une  affection  papuleuse,  qui 
est  caractérisée  par  des  élevures  solides,  ordinairement  très 
petites,  presque  toujours  agglomérées,  quelquefois  rouges, 
conservant  le  plus  souvent  la  coloration  normale  de  la 
peau,  donnant  lieu  à  une  légère  desquamation  et  accompa- 
gnées de  prurit. 

A  ces  caractères,  on  peut  en  ajouter  deux  autres  qui  ont 
leur  importance,  ce  sont  l'épaississement  et  la  sécheresse 
de  la  peau. 

Symptômes.  —  Le  lichen  est  annoncé  quelquefois  par  des 
phénomènes  fébriles,  de  l'inappétence  et  de  la  céphalalgie. 
Les  prodrômes  manquent  souvent  ;  quand  ils  existent,  ils 
sont  peu  marqués  et  ne  tardent  pas  à  disparaître. 

Le  lichen  se  montre  habituellement  à  l'élat  chronitpie,  ra- 
rement à  l'état  aigu.  Il  se  manifeste  par  une  éruption  de  pe- 
tites pa[)ules  acuminées,  de  la  grosseur  d'un  grain  de  millet, 


LICHEN  HliRPÉTlQLE.  281 

réunies  en  groupes  de  manière  à  former  des  plaques  inégales 
et  rugueuses.  Dans  la  forme  aiguë,  les  papules  présentent 
une  coloration  rosée  et  étendue  aux  parties  de  peau  saine 
qui  les  séparent;  dans  la  forme  chronique,  elles  possèdent 
la  couleur  normale  de  la  peau. 

Sur  les  surfaces  affectées,  on  constate  bientôt  une  séche- 
resse particulière  de  la  peau  et  un  épaississement  marqué  de 
cette  membrane.  Dans  les  régions  mobiles,  on  observe  sou- 
vent des  crevasses,  des  espèces  de  rhagades  qui  intéressent 
profondément  le  derme  :  les  plaques  de  lichen  qui  existent 
aux  creux  poplités,  aux  coudes,  aux  mains,  etc.,  présentent 
fréquemment  les  gerçures  ou  les  rhagades  dont  nous  par- 
lons. 

Dans  le  lichen  aigu,  les  papules  perdent  rapidement  leur 
coloration  rouge,  s'affaissent  et  se  terminent  par  une  des- 
quamation furfuracée.  Mais  les  choses  se  passent  différem- 
ment dans  le  lichen  chronique  :  l'affection  est  prolongée 
pendant  un  temps  plus  ou  moins  considérable  pardesexacer- 
bations  et  des  poussées  successives. 

Quel  que  soit  l'état  de  l'éruplion,  il  existe  un  phénomène 
constant,  c'est  le  prurit  qui  présente  plusieurs  degrés  d'in- 
tensité. Si  l'affection  est  aiguë,  les  démangeaisons  sont  mo- 
dérées; mais,  elles  sont  très  vives  dans  le  lichen  chronique,  et 
sont  augmentées  par  la  chaleur  du  lit,  par  l'usage  des  bois- 
sons alcooUques  et  par  différentes  causes  excitantes. 

L'existence  de  vives  démangeaisons  caractérise  une  variété 
de  lichen  décrite  par  Willan  et  Biett  sous  le  nom  de  lichen 
agrius.  Alors  ce  symptôme  se  montre  à  toute  heure  du  jour; 
pendant  les  nuits,  il  oblige  le  malade  à  se  lever,  à  se  prome- 
ner, souvent  à  se  coucher  sur  le  sol  et  à  exercer  des  grattages 
continuels.  Sous  l'influence  de  ces  grattages  et  des  différents 


"o-  HKHPÉTJDI'S  BOUTONNEUSKS. 

moyens  employés  pour  calmer  les  démangeaisons,  les  papu- 
les irritées  el  excoriées  présentent  à  leur  sommet  des  vési- 
cules ou  de  petites  croûtes  squameuses.  Les  croûtes  ou  les 
squames  adhèrent  par  un  point,  sont  libres  dans  la  plus' 
grande  partie  de  leur  étendue  et  simulent  les  lichens  qui  re- 
couvrent les  vieux  arbres;  elles  laissent  souvent  en  se  déta- 
chant des  excoriations  au  sommet  des  papules,  qui  donnent 
lieu  pendant  quelque  temps  à  un  léger  suintement  séreux. 
Tel  est  l'aspect  du  lichen  agrius  à  petites  papules,  qui  ap- 
partient à  la  diathèse  herpétique;  il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  le  lichen  agrius  à  grosses  papules,  dont  la  nature, 
comme  nous  l'avons  enseigné,  est  scrofuleuse. 

De  l'aveu  du  plus  grand  nombre  des  auteurs,  le  lichen 
coïncide  ou  alterne  fréquemment  avec  diverses  affections 
nerveuses,  telles  que  la  gastralgie,  les  migraines,  les  névral- 
gies intercostales.  Ces  affections  sont,  pour  nous,  autant  de 
manifestations  de  la  dartre. 

Marche,  durée.  —  Le  lichen  est  dans  la  majorité  des  cas 
une  affection  chronique.  Il  présente  de  temps  en  temps  une 
amélioration  qui  donne  l'espérance  d'une  termiriîiison  pro- 
chaine, quand  une  ou  plusieurs  poussées  successives  viennent 
ajourner  la  guérison.  Il  est  donc  impossible  de  déterminer 
d'une  manière  précise  la  durée  du  lichen,  dont  les  récidives 
sont  très  fréquentes. 

Lorsque  l'éruption  disparaît,  elle  laisse  ordinairement  un 
petit  épaississement  et  une  coloration  brune  de  la  peau  qui 
s'effacent  très  lentement. 

Siège.  —  Le  lichen  occupe  parfois  des  régions  circon- 
scrites; mais  il  ne  tarde  pas  à  envahir  les  parties  voisines, 
et  il  peut  môme  s'étendre  presque  à  toute  la  surface  du 
corps.  Toutefois,  il  se  développe  de  préférence  à  la  face,  au 


LIGHLN  HIvRPÉTIQUli.  28S 

COU,  à  la  pal  lie  aiilérieure  el  interne  des  cuisses,  à  la  partie 
anLéiieure  el  inlerne  des  bras;  nous  avons  vu  que  le  prurigo 
se  montre  spécialement  sur  les/égions  externes  des  mem- 
bres. Les  mains  sont  fréquemment  le  siège  du  lichen,  qui 
présente  alors  presque  toujours  les  crevasses  et  les  rhagades 
que  nous  avons  signalées. 

Il  est  une  variété  qu'on  obsei  ve  souvent  aux  parties  géni- 
tales et  à  la  lête  :  je  veux  nommer  le  lichen  pilaris  qui  se 
rallaclie,  comme  nous  l'avons  dit,  à  la  diathèse  arthritique. 
Cette  affection  a  été  décrite  parmi  les  arthritides  bouton- 
neuses. 

Variétés.  —  En  se  fondant  sur  l'aspect,  Biett  a  établi 
deux  variétés  de  lichen  ;  1°  lichen  siînplex,  2°  lichen 
agriiis  . 

Le  licheji  simplex  comprend  un  certain  nombre  de  sous- 
variétésqui  sont  :  le  lichen strophulus ,  le  lichen  tropicus,  le 
lichen  pilaris,  le  lichen  lividus  ,  le  lichen  circumscriptus, 
\q,  lichen  gyratus  et  le  lichen  urticatus. 

Biett  n'a  décrit  qu'une  variété  de  lichen  agrius  ;  M.  De- 
vergie  en  décrit  deux,  qui  sont  pour  nous  des  espèces  diffé- 
rentes par  leurs  caractères  objectifs  el  par  leur  nature. 

1°  Lichen  simplex.  —  Nous  allons  passer  en  revue  succes- 
sivement toutes  les  variétés  de  lichen  simplex. 

A.  Le  lichen  strophulus  se  montre  chez  les  enfants  qui 
ont  présenté  ou  présentent  encore  un  certain  nombre  d'af- 
fections scrofuleuses,  telles  que  des  gourmes,  des  hlépha- 
rites  chroniques,  des  adénopathies,  etc.  Il  existe  toujours 
à  l'état  aigu  et  se  manifeste  par  une  éruption  de  papules 
isolées,  rouges,  quelquefois  blanchâtres,  et  [)lus  volumi- 
neuses q:'c  celles  du  lichen  herpétique.  Cette  affection  s'ac- 
conipagne  toujours  de  démangeaisons;  mais  l'intensité  de 


IIF.UI'ÉTIDES  150UT0NNEUSES. 

ce  symptôme  n'est  pas  comparable  à  celle  du  prurit  qu'on 
observe  dans  le  lichen  dartreux. 

En  résumé,  nous  voyons  que  le  strophulus  diiïèredu  lichen 
herpétique,  qui  a  été  décrit  plus  haut,  par  ses  caractères  objec- 
tifs et  par  sa  marche  exanthémalique.  D'un  autre  côté,  il  pré- 
sente des  rapports  évidents  avec  difl'érentes  atîeclions  scrofu- 
leuses,  et  se  rapproche  de  ces  dernières  par  quelques-uns  de 
ses  symptômes  :  nous  mentionnerons  surtout  l'existence  si- 
multanée de  papules  volumineuses  et  d'un  faible  prurit,  phé- 
nomènes qu'on  retrouve  dans  les  scrofulides  boutonneuses. 
Le  strophulus  appartient  à  cette  dernière  classe  d'affections; 
il  doit  être  étudié  parmi  les  manifestations  de  la  scrofule. 

B.  Le  lichen  tropicus  se  rencontre  dans  les  climats  qui 
sont  sous  les  tropiques;  nous  ne  le  connaissons  point,  et  nous 
ne  ferons  que  l'indiquer.  Nous  dirons,  néanmoins,  qu'il  est 
caractérisé  par  de  grosses  papules,  et  qu'il  appartient  évi- 
demment à  la  classe  des  affections  artificielles. 

G.  Le  lichen  pilaris  et  le  lichen  lividus  sont  deux 
affections  essentiellement  arthritiques,  et  ont  été  décrits 
dans  le  chapitre  consacré  à  l'étude  des  arthritides  bouton- 
neuses. 

D.  Le  lichen  circumscriptiis  des  auteurs  est  parasitaire 
dans  un  grand  nombre  de  cas,  11  peut  être  aussi  de  nature 
arthritique  et  coïncider  avec  un  lichen  disséminé  ou  groupé, 
à  papules  déprimées. 

M.  Devergie  rapporte  (p..  393,  2*  édition)  trois  exemples 
de  lichen  contagieux,  développé  sous  la  forme  de  plaques  cir- 
conscrites :  ces  affections  sont  évidemment  de  nature  parasi- 
taire. Lorsqu'il  est  question  de  lichen  circonscrit,  le  même 
auteur  dit  qu'il  siège  sur  le  dos  de  la  main,  plus  souvent  en 
dehors  qu'en  dedans  des  membres  ;  qu'il  est  beaucoup  plus  dis- 


LICHËN  lIERÎ'ÉTlQUiv.  285 

|)osé  que  le  lichen  diffus  à  sécréler  et  à  passer  à  l'élat  de  lichen 
eczémateux.  Il  n'est  pas  difficile  de  voir  que  M.  Devergie  dé- 
crit, sous  le  nom  de  lichens  circonscrits,  des  lichens  parasi- 
taires et  des  eczémas  arthritiques. 

.  M.  Cazenâve  commet  les  mêmes  erreurs.  Il  admet  un  li- 
chen circonscrit  et  caractérisé  par  des  groupes  de  papules 
réunies  en  cercles  dont  les  hords,  ordinairement  très  pro- 
noncés, sont  continuellement  agrandis  par  des  éruptions  nou- 
velles, en  môme  temps  que  le  centre  se  guérit  par  une  exfo- 
liation légère.  N'est-ce  pas  là,  au  moins  dans  la  plupart  des 
cas,  une  affection  parasitaire? 

Quand  M.  Hardy  enseigne  que  le  mélange  de  l'eczéma  et 
du  lichen  est  plus  commun  que  ne  le  pensent  les  auteurs 
classiques,  il  a  pris  l'eczéma  sec  de  nature  arthritique  pour 
du  lichen  circonscrit.  Cependant  cet  auteur  a  bien  décrit  un 
lichen  circonscrit,  distinct  du  lichen  parasitaire  et  de  l'ec- 
zéma arlhriti(jue;  cette  espèce,  qui  appartient  à  l'arthritis,  a 
été  étudiée  dans  le  chapitre  consacré  aux  arthridides  bouton- 
neuses. 

E.  Le  lichen  gyratus  est  une  variété  établie  d'après  la 
forme  de  l'éruption;  il  se  présente  sous  l'aspect  de  bandes 
dont  l'étendue  et  la  direction  sont  variables. 

F.  Le  liclien  urticatus  n'est  qu'une  variété  de  l'urticaire. 
Il  est  caractérisé  par  des  papules  volumineuses,  rosées  ou  dé- 
colorées, qui  présentent  une  marche  fugace  comme  celles  du 
cnidosis. 

G.  Le  lichen  iiivétéré  se  fait  remarquer  surtout  par  le 
symptôme  prurit  et  par  l'épaississement  de  la  peau  ;  les  pa- 
pules sont  peu  nombreuses  et  peuvent  .faire  défaut;  les  par- 
ties aiïectées  sont  rudes  et  couvertes  de  squames  plus  ou 
moins  abondantes  qui  ressemblent  à  celles  de  l'eczéma  ou  du 


286  nEHPÊTlDKS  BOUTONNLUSKS. 

psoriasis.  Celle  forme  de  lichen  présente  une  longue  durée; 
elle  persiste  quelquefois  pendanl  toute  la  vie. 

2"  LiciiKN  AGuiLS.  —  Bielt  a  décrit  sous  ce  nom  une  af- 
fection qui  s'accompagne  d'un  prurit  considérable,  de  pa- 
pules, de  vésicules  ou  de  pustules  qui  rappellent  à  la  fois 
l'aspect  de  Teczéma  et  du  lichen.  M.  Devergie  admet  deux 
variétés  de  lichen  agrius,  que  nous  reconnaissons  également  : 
Tune,  celle  qui  appartient  à  la  dartre,  présente  des  papules 
petites  et  des  démangeaisons  très  vives;  l'autre  est  caracté- 
risée par  de  grosses  papules,  par  un  prurit  beaucoup  moins 
maï  qué  et  se  trouve  placée  sous  la  dépendance  de  ladiathèse 
scrofuleuse. 

Étioloffie.  —  Le  lichen  se  rencontre  principalement  chez 
les  sujets  d'un  tempérament  nerveux.  Il  s'observe  à  tous  les 
âges;  cependant,  s'il  apparaît  comme  manifestation  herpé- 
tique, il  se  montre  de  préférence  vers  l'âge  de  vingt  à  vingt- 
cinq  ans  ou  dans  l'âge  mûr. 

L'éruption  lichénoïde  se  développe  pour  la  première  fois 
et  récidive  souvent  à  l'époque  du  printemps  et  de  l'automne. 

Parmi  les  causes  prédisposantes,  il  faut  signaler  quelques 
professions  :  on  sait  combien  est  fréquent  le  lichen  dos  mains 
et  des  avant- bras  chez  les  épiciers,  les  boulangers,  les  tein- 
turiers, etc.,  qui  manient  des  substances  irritantes. 

Les  auteurs  ont  signalé  l'inttuence  d'un  certain  étal  gastral- 
gique  ou  entéralgique  sur  le  développement  du  lichen.  Mais 
on  a  méconnu  les  véritables  liens  qui  rattachent  ces  phéno- 
mènes nerveux  aux  symptômes  cutanés  :  dans  ce  cas,  gas- 
tralgie et  affections  de  la  peau  sont  des  n)anifestations  d'un 
même  état  morbide,  la  dialhèse  herpétique.  C'est  le  même 
rapport  qui  existe,  dans  la  sy[)hilis,  entre  les  douleurs  os- 
léocopes  ou  rhumatoïdes  et  les  affections  cutanées. 


LICHKN  HERPÉTIQUE.  287 

Comme  causes  occasionnelles  qui  éveillent  la  dartre,  dont 
le  lichen  est  un  symptôme,  nous  nommerons  encore  les 
émotions  morales,  les  veilles  prolongées,  les  excès  de 
table,  etc. 

,  Le  lichen  est-il  contagieux,  comme  l'admet  M.  Devergie? 
Nous  ne  saurions  partager  cette  opinion,  qui  ne  peut  être 
expliquée  que  par  une  erreur  de  diagnostic.  L'auteur  précé- 
dent aura  pris,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  remarquer,  pour 
du  lichen  dartreux  le  lichen  parasitaire  ou  d'autres  affections 
phylo-dêrmiques. 

Diagnostic.  —  Le  lichen  est  caractérisé  par  des  papules 
petites,  agminées,  et  couvertes  de  squames  ou  de  petites 
croûtes  grisâtres  ou  jaunâtres  ;  il  ne  sera  pas  confondu  avec 
le  prurigo  dont  les  papules  sont  plus  volumineuses,  dissémi- 
nées et  présentent  à  leur  sommet  une  petite  croûte  noire  qui 
est  formée  par  une  gouttelette  de  sang  desséché. 

Le  psoriasis  oflre  dans  quelques  circonstances  une  cer- 
taine analogie  avec  le  lichen  invétéré  :  on  rencontre  dans  les 
deux  affections  un  épaississenient  de  la  peau,  des  squames 
grises  et  furluracées.  Cependant  il  nous  sera  possible  d'ar- 
river au  diagnostic  en  tenant  compte  du  phénomène  prurit, 
qui  est  ordinairement  intense  dans  le  lichen  et  presque  nul 
dans  le  psoriasis  5  en  outre,  ce  dernier  peut  se  développer 
dans  toutes  les  régions,  mais  il  a  une  prédilection  marquée 
pour  celles  du  coude  et  des  genoux  :  les  plaques  psoriasi- 
ques  développées. sur  ces  parties  conservent  habituellement 
des  caractères  nettement  accusés. 

Il  n'est  pas  toujours  facile  de  distinguer  par  une  première 
inspection  le  lichen  de  l'eczéma  arthritique,  qui  se  présente 
sous  la  forme  de  plaques  rouges,  violacées,  rugueuses  et 
couvertes  de  squames  minces,  jaunâtres  ou  grisâtres.  Néan- 


l, 


288  llEUtÉTIDES  l50UT0NNI'USi:S. 

moins,  en  examinant  avec  attention  les  surfaces  affectées,  on 
remarquera  que  la  peau  ne  présente  pas  d'épaississement 
dans  l'eczéma,  et  qu'il  existe  sur  quelques  points  des  vési- 
cules acuminées;  en  l'absence  de  vésicules,  on  apprend  qu'il- 
y  a  eu  un  suintement  plus  ou  moins  abondant. 

Le  lichen  agrius  présente  des  lésions  complexes,  apparte- 
nant à  deux  affections  cutanées:  avons-nous  affaire  à  un  li- 
chen ou  à  un  eczéma?  Les  willanistes,  qui  établissent  le 
diagnostic  d'une  affection  cutanée  d'après  l'élément  primitif, 
sont  très  embarrassés  pour  répondre  à  la  question  précé- 
dente. Ponr  nous,  le  lichen  agrius  est  une  affection  mixte, 
caractérisée  à  la  fois  par  des  vésicules  et  des  papules;  il  est 
l'expression  symptomatique  d'une  maladie  constitutionnelle. 
Ces  données  nous  suffisent  pour  instituer  un  traitement  ra- 
tionnel. 

Il  faut  encore  savoir  distinguer  entre  eux  le  lichen  agrius 
de  nature  herpétique  et  le  lichen  agrius  d'origine  scrofu- 
leuse.  Le  premier  apparaît  ordinairement  dans  l'âge  adulte 
et  chez  les  sujets  doués  d'un  tempérament  nerveux  ;  il  se 
fait  remarquer  par  un  prurit  intense  et  par  des  papules  peu 
volumineuses,  recouvertes  de  vésicules  ou  de  légères  croûtes. 
Le  licben  agrius  de  source  scrofuleuse  se  montre  chez  les 
enfants  âgés  de  douze  à  quinze  ans  et  doués  d'un  tempéra- 
ment lymphatique;  il  présente  des  papules  plus  grosses, 
des  vésicules,  et  plus  souvent  des  pustules  ;  il  est  remar- 
quable par  le  peu  de  démangeaison  qu'il  occasioime. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  le  diagnostic  différentiel  du 
lichen  circonscrit  et  du  lichen  herpétique  ;  cette  question  a 
été  traitée  dans  le  cliapitre  qui  renferme  l'bistoire  du  lichen 
arthritique  (page  166). 

Le  lichen  syphilitique  se  distinguera  du  lichen  herpétique 


LICHEN  HERPÉTIQUE.  289 

par  rabsence  de  pruril  et  par  la  coloration  cuivrée  de  ses 
papules. 

Le  lichen  artificiel,  qui  est  produit  quelquefois  volontaire- 
ment, pourrait  être  confondu  avec  le  lichen  lié  à  une  mala- 
die constitutionnelle.  Il  faudra  tenir  compte  de  la  physio- 
nomie de  l'affection. 

Dans  le  lichen  déterminé  par  des  agents  irritants,  les  pa- 
pules et  les  parties  de  peau  qui  les  séparent  sont  excoriées 
et  uniformément  rouges  ^  on  trouve  une  inflammation  plus 
vive  et  un  prurit  moins  marqué,  qui  est  souvent  remplacé  par 
de  la  cuisson  et  une  sensation  de  chaleur.  On  surveillera  le 
malade  qui  pourrait  avoir  intérêt  à  entretenir  l'éruption, 
dont  on  triomphera  facilement  par  le  repos. 

Qu'il  nous  soit  permis  d'ajouter  ici  quelques  remarques  sur 
le  diagnostic  du  lichen  lividiis.  Nous  avons  oublié  de  dire 
que  celte  affection,  de  nature  arthritique,  est  confondue  tous 
les  jours  avec  la  syphilide  papuleuse  et  le  psoriasis  punclala. 
Cependant  le  lichen  lividus  se  distinguera  de  la  syphilide 
papuleuse  par  de  vives  démangeaisons ,  par  l'absence  des 
plaques  muqueuses  et  de  l'engorgement  des  ganglions  lym- 
phatiques, par  la  coloration  violacée  de  ses  papules,  et  sou- 
vent par  Texislence  de  véritables  taches  hémorrhagiques  dans 
l'épaisseur  delà  peau. 

Les  éléments  du  psoriasis  guttala  sont  recouverts  de 
squames  blanches  et  nacrées,  différentes  de  l'épidorme  blanc 
et  lisse  qui  fait  corps  avec  la  papille  déprimée  du  lichen,  et 
ne  s'accompagnent  pas  d'un  prurit  aussi  marqué  que  ceux  du 
lichen  lividus.  Le  psoriasis  a  pour  lieux  d'élection  les  coudes 
et  les  genoux. 

Pronostic.  —  Toutes  les  espèces  de  lichen  constitutionnel 
présentent  à  un  degré  plus  ou  moins  grand  une  ténacité  re- 

19 


290  ÎIERPÉTIDKS  HUMIDES. 

marquiil)le  et  une  IVidiense  ((Midaiice  à  récidiver.  Cependant 
le  liclien  herpétique  surpasse  de  beaucoup,  sous  ce  rapport, 
les  lichens  scioluleux  et  arthritique.  Par  les  progrès  de  la 
maladie  constitutionnelle,  ces  deux  derni(M-s  disparaissent  né-- 
ce>sairemeirt.  ;  au  contraire,  le  lichen  dartreux  persiste  indé- 
finiment, se  généralise  et  dure  souvent  jusqu'à  la  dernière 
période  de  la  diathèse  herpétique. 

Traitement . —  Le  traitement  que  nous  avons  indiqué  pour 
le  prurigo,  est  ap[)licable  au  lichen.  Nous  renvoyons  au  pa- 
lagruphe  précédent  pour  l'énumération  des  moyens  des- 
tinés à  combattre  le  lichen  herpétique. 


TROISIÈME  SECTION. 

DES  HERPÉTmES  HUMIDES. 

Nous  appelons  herjoétides  humides  des  aiïections  cutanées 
développées  sous  l'inlluence  de  la  diathèse  herpétique  et  ca- 
ractérisées par  (.les  groupes  de  boutons  séreux  ou  purulents 
qui  se  convertissent  en  squames  ou  en  croûtes. 

Les  herpétides  humides  diflèrent  des  arthrilides  humides 
par  l'abondance  de  leur  sécrétion,  par  la  variété  des  régions 
qu'elles  occupent,  par  leur  tendance  à  se  généraliser,  par 
la  syRiétrie  qu'elles  affectent  dans  leur  développement,  atta- 
quant à  la  lois  les  deux  côtés  du  corps  ou  les  membres  à 
droite  comme  à  gauche,  par  le  prurit  qui  les  suit  souvent,  les 
accompagne  et  les  précède. 

Elles  dillèrent  des  herpétides  sècliÇs  par  l'existence  iré- 
quen te  des  phénomènes  généraux  et  des  métastases  viscé- 


ECZÉMA  HEKPÊTIQUE.  291 

raies  :  de  là  découle  en  ihérapeutique  l'indication  d'éviter 
l'emploi  des  agents  perturbateurs,  lorsqu'il  s'agit  de  com- 
battre ces  affectioris. 

Les  herpélides  humides,  comme  les  arthritides  humides, 
renferment  trois  chapitres  : 

1°  Herpétide  vésico-squameuse  :  eczéma; 

'1°  Herpétide  bullo-lame lieuse  :  pemphiguus; 

Herpétides  puro-crustacées  :  mélitagre ,  furoncle, 
ecthyma. 


CHAPITRE  PREMIER. 

HERPÉTIDE  VÉSICO-SQUAMEUSE. 

Il  n'existe  qu'une  seule  herpétide  vésico-squameuse,  l'ec- 
zéma, que  nous  allons  étudier. 

^  Z.    -  De  l'eczéma. 

L'eczéma  a  porté  des  dénominations  variées  :  herpès  mi- 
liaris,  herpès  squamosus  madidans  (Alibert) ,  dartre  vive  (Sau- 
vages), etc.  Le  mot  eczéma  («Csw,  je  brûle)  a  été  employé 
pour  désigner  des  éruptions  accompagnées  de  douleur  et  de 
chaleur  ;  il  paraît  avoir  été  appliqué  tantôt  à  des  affections 
vésiculeuses  ou  pustuleuses,  tantôt  à  des  affeclions  papu- 
leuses. 

Willan,  le  premier,  donna  une  idée  précise  de  l'eczéma 
dont  il  détermina  avec  soin  les  caractères,  et  qu'il  définit  : 
une  éruption  de  vésicules  ou  de  vésico-pustùles  acuminées, 
petites,  agminées  et  occupant  des  surfaces  plus  ou  moins 
étendues. 


292  IIEIU'ÉTIDE  VÉSlCO-SQUAMfiUSl'. 

Bateman,  UielL  cL  tous  los  dermaLologisles  modernes  onl 
adopté  en  principe  la  délinilion  de  Willan. 

Pour  M.  Cazeiiave,  le  genre  eczéma  est  caraclérisé  par  des 
vésicules  ou  vtîsico-puslules,  ordinairement  très  petites,  ag- 
glomérées en  grand  nombre  et  occupant  le  plus  souvent  des 
surfaces  très  larges,  non  circonscrites  et  irrégulières. 

Beaucoup  d'auteurs  définissent  l'eczéma  :  une  affection  ca- 
ractérisée par  des  vésicules,  par  une  sécrétion  plus  ou  moins 
abondante  de  sérosité,  par  la  rougeur  et  la  démangeaison  des 
parties  affectées. 

M.  Devergic  regarde  comme  incomplètes  les  définitions 
précédentes  et  leur  substitue  la  suivante  :  l'eczéma  est  une 
maladie  superficielle  de  la  peau  caractérisée  1°  par  la  rou- 
geur de  la  surface  malade,  2°  par  une  démangeaison  perma- 
nente plus  ou  moins  intense,  3°  par  une  sécrétion  de  séro- 
sité citrine  et  limpide,  tachant  le  linge  en  gris  et  Vempesant 
à  la  manière  des  taches  spermatiques,  !i°  par  un  état  ponctué 
et  rouge  de  la  peau,  formé  par  l'orifice  enflammé  des  canaux 
qui,  par  myriades,  fournissent  la  sérosité. 

Celte  définition  s'appuie  sur  quatre  phénomènes  impor- 
tants de  l'affection  ;  mais  ces  phénomènes  n'existent^Das  dans 
toutes  les  variétés  d'eczéma,  et  d'un  autre  côté,  on  ne  lient 
pas  compte  de  leur  ordre  de  succession.  Les  mêmes  objections 
s'adressent  à  la  définition  donnée  par  M.  Hardy. 

Dans  la  séméiotique  cutanée,  j'ai  défini  l'eczéma  géné- 
rique :  une  atfeclion  de  la  peau  caractérisée  par  des  vésicules 
développées  sur  un  fond  rouge,  groupées,  remplies  d'un  li 
quide  séreux,  qui  se  rompent  bientôt  et  se  transforment  en 
squames  ou  en'croûtes  minces  d'un  jaune  verdàtre  ou  blan- 
châtre. 

L'eczéma  n'est  qu'une  affection  symptomaliquc,  (jui  se 


ECZÉMA  HERPÉTIQUE.  293 

montre  dans  difierenles  maladies  constitutionnel^Ies  :  nous 
avons  déjà  décrit  les  eczémas  scrofuleux,  parasitaire  et  arthri- 
tique; nous  n'admettons  pas  l'eczéma  syphilitique  jusqu'à  ce 
que  son  existence  nous  soit  démontrée  par  l'observation. 
Nous  nous  proposons  ici  de  faire  l'iiistoire  de  l'eczéma  her- 
pétique ;  il  ne  nous  restera  à  étudier  que  l'eczéma  artificiel 
dans  nos  leçons  de  l'année  prochaine. 

Divisions.  —  On  admet  généralement  un  eczéma  aigu  et 
un  eczéma  chronique;  celte  division,  fondée  sur  la  marche 
de  l'affection,  mérite  d'élro  conservée. 

Willan  et  ses  élèves  reconnaissent  à  l'eczéma  aigu  trois 
variétés  :  1°  Veczema  simplex^  2"  Y  eczéma  rubrum,  3"  Vec- 
zema  impetiginodes.  Cetle  seconde  division  nous  paraît  at- 
taquable sur  plusieurs  points.  L'eczéma  simjjlex,  tel  qu'il  a 
été  envisagé  par  les  auteurs  précédents,  est  un  hydroa  de 
cause  externe  ou  dénature  arthritique  :  nous  avons  décrit 
ce  dernier  parmi  les  arthritides,  et  plus  tard  nous  étudierons 
l'autre  dans  les  affections  artiticielles.  Ueczéma  i?npeiigi- 
nodes  n'est  qu'une  complication  de  Veczéina  aigu;  il  est  sou- 
vent le  résultat  d'une  irritation  produite  sur  les  surfaces 
eczémateuses  par  différents  agents  tels  que  pommades,  eau 
sédative,  etc.  Il  faut  bien  distinguer  l'eczéma  impétigineux, 
consécutif,  la  plupai  t  du  temps  dans  la  dartre,  de  l'eczéma 
impeliginodes  primitif  est  une  affection  essentiellement 
scrofuleuse. 

11  ne  reste  donc  comme  forme  réelle  que  l'eczéma  rubrum; 
seulement,  il  est  important  d'établir  dans  celte  affection  une 
distinction  qui  n'a  point  été  faite  par  les  auteurs.  Il  existe, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit>  deux  espèces  d'eczéma  rubrum. 
L'un  présente  l'aspect  symptomatique  des  pseudo-exan- 
Ibèmes;  il  est  caractérisé  par  des  phénomènes  fébi  iles,  par 


29/l  IIEUPÉTinE  VÉSlCO-SQUAMEUSf. 

une  érii|)li()r\  olcndiie  à  hi  pJiis  grande  partie  du  corps,  et  il 
se  termine  par  i  rsolulion  dans  l'espace  de  deux  à  trois  septé- 
naires. L'autre  eczéma  rubruin  ne  s'accompagne  pas  de  sym- 
ptômes fébriles  ;  il  se  manifeste  par  une  inflammation  plus 
vive  des  surfaces  affeclées,  occupe  des  régions  moins  éten- 
dues, offre  une  durée  très  variable,  et  peut  guérir  ou  passer  à 
l'état  chronique.  Nous  sommes  donc  en  présence  de  deux  af- 
fections différentes  et  désignées  sous  le  même  nom,  ce  qu'il 
faut  toujours  éviter.  Nous  conservons  la  dénomination  d'ec- 
zéma rubrum  à  la  variété  qui  appartient  à  la  classe  des  érup- 
tions pseudo-exanthématiques  ;  quant  à  la  seconde  variété, 
elle  peut  être  considérée  coirime  le  premier  degré  de  l'eczéma 
chronique  de  nature  herpétique,  qui  commence  presfjue  tou- 
jours par  l'état  aigu. 

Dans  l'eczéma  herpétique,  nous  ne  saurions  admettre  deux 
variétés,  et  nous  ne  reconnaissons  que  deux  formes  : 

1°  La  forme  inflammatoire  (eczéma  aigu,  eczéma  ru- 
brum  non  pseudo-exanthématique)  \ 

2°  La  forme  sécrétante  (eczéma  chronique). 
I.  Forme  inflammatoire.  —  Dans  celte  forme,  il  existe 
quelquefois,  au  début,  un  peu  de  malaise,  de  l'inappétence  et 
un  léger  mouvement  fébrile.  Les  premiers  symptômes  sont 
des  démangeaisons  et  un  sentiment  de  chaleur  sur  les  parties 
affectées.  Bientôt  on  observe  une  surface  rouge,  plus  ou  moins 
étendue,  sur  laquelle  naissent  des  vésicules  agminées  et  si 
petites  qu'elles  passent  souvent  inaperçues.  Ces  vésicules 
acumiiiées  et  remplies  d'une  sérosité  limpide  ont  une  durée 
éphémère,  qui  dépasse  rarement  trente-six  à  quarante-huit 
heures  :  les  unes  se  flétrissent  après  la  résorption  du  liquide 
qu'elles  renferment,  les  autres  se  rompent  et  laissent  de  pe- 
tites ulcéralious  superficielles  qui  fournissent  un  liquide 


ECZÉMA  HERPÉTIQUE.  295 

.-ibondanl,  clair  et  visqueux.  Ce  liquide  tache  eu  gris,  em- 
pèse le  linge  etresseniJjleà  la  sueur  ^  examiné  au  microscope, 
il  renferme  une  grande  quantité  de  lymphe  plastique,  des  glo- 
bules pyoïdes  et  souvent  des  globules  de  pus. 

La  partie  affectée  ne  présente  pas  une  rougeur  uniforme, 
mais  une  surface  criblée  d'un  grand  nombre  de  petits  points 
d'un  rouge  plus  foncé,  qui  sont  autant  d'orifices  par  lesquels 
suinte  la  sérosité.  La  sécrétion  continue  pendant  un  temps 
qui  varie  de  quelques  jours  à  trois  ou  quatre  septénaires,  à 
moins  que  l'eczéma  ne  passe  à  l'état  chronique.  Lorsqu'elle 
vient  à  diminuer,  le  liquide  se  dessèche  et  se  transforme  en 
squames  ou  en  croûtes  minces,  humides  et  jaunâtres.  Ces 
squames  ou  croûtes  se  détachent  bientôt  et  sont  remplacées 
par  une  tache  rouge  qui  persiste  pemlant  un  temps  plus  ou 
moins  long,  mais  qui  finit  par  disparaître  à  son  tour  sans 
lai'-ser  de  cicatrices. 

Les  démangeaisons  et  la  chaleur  qui  précèdent  l'apparition 
des  vésicules,  durent  pendant  le  développement  de  ces  der- 
nières; elles  perdent  de  leur  intensité,  dès  que  la  sécrétion 
s'établit,  et  cessent  complètement,  lorsque  l'eczéma  arrive  à 
l'état  squameux.  Ainsi,  la  diminution  et  la  disparition  des 
deux  phénomènes,  prurit  et  chaleur,  annoncent  une  tendance 
vers  la  terminaison  de  l'affection  on  la  guérison  définitive. 

Que  rinflammation  des  glandes  sudoriparos  et  du  derme 
présente  un  degré  plus  élevé,  le  liquide  conteim  dans  It^  vé- 
sicules deviendra  purulent;  vous  aurez  l'eczéma  impetigi- 
nodes  des  auteurs. 

Marche,  durée,  terminaison.  — L'eczéma  aigu  peut  se 
terminer  par  la  guérison,  qui  survient  ordinairement  au  bout 
de  trois  à  quatre  semaines,  et  par  son  passage  à  l'état  chroni- 
que. Lorsque  l'affection  a  disparu,  le  malade  n'est  point  à 


-«yo  llERPÉIIDIi  VftSICO-SQUAMEUSE. 

l'abri  des  récidives  ;  l'eczéma  reparaît  presque  toujours  un 
certain  nombre  de  ibis,  jusqu'à  ce  que  la  forme  chronique  s  e- 
tablissc  d'une  manière  dédnitive. 

Complications.  —  Nous  avons  déjà  signalé  l'cczoma  inipe- 
tiginodes  comme  un  accident  de  l'eczéma  aigu;  nous  men- 
tionnerons encore,  à  titre  de  ccmplicalions,  les  éruptions 
furoncuhiires  et  ecthymatiques. 

II.  Forme  sécrétante,  —  Cette  forme  succède  souvent  à 
la  forme  inflammatoire;  elle  peut  aussi  se  montrer  d'emblée. 
Dans  ce  dernier  cas,  on  observe  une  surface  rouge  et  couverte 
de  vésicules,  qui  est  le  siège  de  chaleur  et  de  démangeai- 
sons. Ces  phénomènes  qu'on  rencontre  dans  l'eczéma  aigu, 
offrent  ici  moins  d'intensité  :  la  rougeur  est  moins  vive  et 
les  vésicules  sont  plus  discrètes,  plus  rares.  A  côté  des  pre- 
miers groupes  vésiculeux,  d'autres  ne  tardent  pas  à  se  mon- 
trer et  occupent  chaque  jour  des  surfaces  plus  étendues  ;  par  - 
fois l'affection  est  limitée  à  certaines  régions  et  se  continue, 
alors,  par  des  poussées  successives  sur  les  mêmes  parties. 

L'évolution  de  l'eczéma  chronique  ne  difïere  de  celle  de 
l'eczéma  aigu  que  par  une  rapidité  moins  grande  ;  les  vési- 
cules se  rompent  et  fournissent  une  sérosité  qui  se  concrète 
sous  la  forme  de  lamelles  ou  de  croûtes  molles  et  jaunâtres. 
A  un  moment  donné,  toute  sécrétion  cesse  et  les  croûtes  se 
détachent;  il  nQ  reste  plus  qu'une  surface  rouge  et  une  ex- 
foliation  épidermique  qui  a  de  l'analogie  avec  celle  du  pity- 
riasis. Quelquefois,  les  squames  sont  épaisses  et  ressemblent 
à  celles  du  psoriasis.  On  observe  assez  souvent  dans  l'eczéma 
chronique  une  surface  rouge  et  luisante  ;  cet  aspect  vernissé 
de  la  peau  annonce  que  l'affection  n'est  pas  guérie,  et  qu'il 
faut  s'attendre  prochainement  à  de  nouvelles  poussées  vési- 
culeuses. 


ECZÉMA  HERPÉTIQL'L.  297 

Si  l'on  récapitule  les  différents  phénomènes  qu'on  trouve 
dans  l'eczéma,  on  voit  successivement  trois  étals  :  état  vési- 
culeux,  état  sécrétant  et  état  squameux. 

Dans  l'eczéma  herpétique,  l'état  sécrétant  est  beaucoup 
plus  fréquent  que  les  deux  autres  :  ce  motif  nous  a  déterminé 
à  désigner  sous  le  nom  de  forme  sécrétante  Teczema  chro- 
nique de  nature  dartreuse.  Nous  savons  qu'au  contraire  l'état 
sec  et  squameux  se  montre  ordinairement  dans  l'eczéma  ar- 
thritique. 

Quelquefois,  soit  dès  le  début,  soit  pendant  le  cours  de 
l'eczéma,  les  vésicules  sont  remplacées  par  de  petites  fissures 
de  répiderme.  Le  fond  de  ces  fissures  est  rouge,  fournit  une 
sérosité  plastique  et  analogue  à  celle  qui  s'écoule  des  ori- 
fices des  canaux  sudoripares  enflammés  :  c'est  sur  cet  aspect 
particulier  de  la  surface  affectée  qu'on  a  établi  une  nouvelle 
variété  sous  le  nom  iS' eczéma  fendillé.  Mais  nous  ne  pensons 
pas  qu'une  modification  anatomique  si  peu  importante  puisse 
autoriser  à  augmenter  le  nombre  des  variétés  d'eczéma  qui 
sont  déjà  trop  multipliées. 

L'eczéma  herpétique  se  fait  remarquer,  avons-nous  dit, 
par  une  sécrétion  abondante.  Il  présente  encore  un  autre 
symptôme  non  moins  fréquent  :  nous  voulons  parler  de  la 
démangeaison. 

Le  prurit  est  ordinairement  très  intense  5  il  est  plus  mar- 
qué la  nuit  que  le  jour,  et  détermine  souvent  des  insomnies. 
Il  s'observe  plus  particulièrement  à  certaines  périodes  de 
faffeclion  :  plus  la  sécrétion  est  abondante,  moins  le  prurit 
est  accusé;  réciproquement,  il  est  d'autant  plus  vif  que  la 
sécrétion  est  moins  considérable.  De  l'apparition  de  ce  phé- 
nomène dans  la  dernière  période  de  l'eczéma,  on  doit  sou- 


HERPfiTIDE  VÉSiœ-SQUAMEUSE. 

vent  ooncliire  f|ii'unc  nouvelle  poussée  de  vésicules  ue  lar- 
dera pas  à  se  montrer. 

Tous  les  observateurs  ont  signalé  chez  les  malades  atteints 
d'eczéma  chronique  un  certain  nombre  d'afïeclions  :  inllani- 
mation  gastro-intestinale,  asthme,  catarrhes,  angines,  gas- 
tralgies ou  autres  névroses.  Ils  ont  constalé  aussi  les  relations 
qui  existent  souvent  entre  ces  différentes  aiîections  et  Tec- 
zéma  :  celui-ci  s'aggrave  ou  récidive,  quand  les  premières 
diminuent  ou  disparaissent.  Nous  avons  pu  vérifier  l'exacti- 
tude de  ces  faits  ;  mais,  lorsqu'il  s'agit  de  les  interpréter, 
nous  différons  de  l'avis  de  la  plupart  des  auteurs.  Ceux-ci  ne 
voient  dans  ces  affections  que  des  phénomènes  purement 
sympathiques  ou  des  complications  survenues  accidentelle- 
ment dans  le  cours  de  l'eczéma;  quant  à  nous,  nous  considé- 
rons, au  contraire,  ces  différentes  affections  comme  autant  de 
symptômes  d'une  seule  maladie  constitutionnelle  qui  se  ma- 
nifeste successivement  ou  simultanément  sur  la  peau,  sur  les 
poumons,  sur  les  muqueuses,  sur  les  nerfs,  etc. 

Marche^  durée.  —  L'éruption  présente  trois  degrés  dans 
son  évolution  :  état  vésiculeux,  sécrétant  et  squameux.  Il  est 
fréquent  de  trouver  sur  une  môme  surface  des  éruptions  à 
tous  les  degrés.  La  marche  de  l'eczéma  est  très  irrégulière  : 
les  démangeaisons  el  la  sécrétion  ont  cessé,  et  il  ne  reste 
qu'une  surface  un  peu  rouge,  luisante  et  couverte  de  quel- 
ques squames;  soudain,  une  vive  démangeaison  et  bientôt 
une  nouvelle  éruption  se  manifestent. 

L'eczéma  herpétique  a  une  grande  tendance  aux  récidives, 
qui  sont  séparées  par  des  intervalles  de  temps  variables  sui- 
vant les  conditions  extérieures  et  surtout  suivant  l'âge.  Chez 
quelques  malades,  l'affection  ne  se  montre  que  tous  les  ans 


ECZÉMA  HERPÉTIQUE.  299 

OU  tous  les  tleu\  ans-,  chez  d'autres,  elle  apparaît  plusieurs 
j'ois  dans  la  même  année. 

Terminaisons.  —  L'eczéma  ne  laisse  aucune  cicatrice  sur 
les  surfaces  qu'il  a  occupées;  il  est  remplacé  par  une  tache 
rouge  qui  disparaît  lentement.  Cependant,  à  un  eczéma  de 
longue  durée  succède  souvent  une  coloration  brune  de  la  peau 
qui  persiste  indélitiiment.  Le  plus  souvent,  la  guérison  n'est 
que  temporaiie  ;  les  récidives  sont  très  communes. 

La  métastase  s'observe  fréquemment  dans  l'eczéma  dar- 
treux  :  l'affeclion  cutanée  disparaît,  et  un  catarrhe  bron- 
chique ou  intestinal  se  manifeste;  d'autres  fois,  c'est  un 
asthme  ou  une  hydropisie  qui  se  montre  à  la  suite  de  la 
brusque  disparition  de  l'eczéma.  Le  retour  de  celui-ci,  suivi 
de  la  guérison  des  accidents  énumérés  plus  haut,  prouve  in- 
contestablement qu'à  la  dialhèse  dartreuse  il  faut  encore 
ajouter,  comme  cause  des  différentes  manifestations  sur  les 
muqueuses,  sur  les  séreuses,  etc.,  l'influence  exercée  par 
la  métastase  de  l'affection  cutanée. 

Pendant  lontemps  il  existe  une  sorte  de  balancement  entre 
l'affection  cutanée  et  les  affections  viscérales.  Mais,  par  les 
progrès  de  la  maladie  constitutionnelle,  les  deux  sortes  d'af- 
fections finiront  par  coexister  et  prendre  des  proportions 
plus  considérables.  L'eczéma  recouvrira  la  plus  grande  partie 
du  corps;  une  diarrhée  rebelle,  un  catarrhe  pulmonaire  et 
divers  troubles  des  fonctions  digestives  s'établiront  d'une 
manière  permanente;  li'  malade  tombera  dans  un  amaigris- 
sement extrême,  souvent  masqué  par  des  hydropisies  passa- 
gères -,  enfin,  la  fièvre  hectique  se  déclarera,  et  la  mort  sur- 
viendra an  milieu  des  symptômes  qui  caractérisent  la 
cachexie  darlreuse. 

Siècle.  —  La  question  qui  concerne  le  siège  anatomique  de 


IIERPÉTIDE  V/iSiœ-SQUAMEUSE. 

l'affeclion,  a  été  trailée  avec  les  (Jévelo|)pemw)is  qu'elle 
comporte,  lorsque  nous  avons  étudié  l'eczéma  arthri- 
tique. 

Ici  nous  nous  bornerons  à  quelques  considérations  sur  le 
siège  topographique  de  l'eczéma  dartreux. 

L'eczéma  herpétique  se  montre  sur  toute  la  surface  cuta- 
née du  corps.  Cependant  il  occupe  de  préférence  la  partie 
interne  des  membres,  où  la  peau  présente  une  grande 
finesse  ;  il  est  aussi  plus  fréquent  dans  les  régions  qui 
sont  le  siège  habituel  d'une  transpiration  abondante,  ou 
qui  présentent  un  grand  nombre  de  follicules  pileux  :  telles 
sont  les  régions  des  mamelles,  des  oreilles,  de  l'anus,  du 
scrotum,  etc. 

L'eczéma  dartreux  ne  reste  pas  longtemps  limité  aux 
mômes  surfaces;  il  se  développe  rapidement  sur  des  parties 
voisines  ou  éloignées.  Dans  cette  atlection  essentiellement 
mobile,  les  variétés  établies  d'après  le  siège  n'ont  pas  une 
grande  importance.  iSèanmoins,  nous  allons  énumérer  ces 
différentes  variétés  avec  les  symptômes  qui  sont  proj)res  à 
chacune  d'elles. 

Variétés  d'après  le  siège  : 

1°  Eczéma  capitis.  —  L'eczéma  dartreux  s'observe  fré- 
quemment à  la  tête  :  nous  savons  que  cette  région  est  sou- 
vent occupée  par  les  eczémas  scrofuleux  et  arthritique.  Ce 
dernier  présente  une  physionomie  qui  lui  est  propre  :  il  est 
caractérisé  par  des  plaques  circonscrites,  rouges,  rarement 
humides,  ordinairement  sèches  et  squameuses.  Les  eczémas 
dartreux  et  scrofuleux  ollVent  entre  eux  une  certaine  ana- 
logie :  ils  s'étendent  à  la  plus  grande  partie  du  cuir  chevelu 
et  se  propagent  à  la  face,  au  cou  et  à  dilTèrentes  régions. 
I\]ais  l'eczéma  scrofuleux  est  caractérisé  par  une  sécré- 


ECZÉMA  HERPÉTIQUE.  301 

lion  ahondanle  el  séro-purulento,  s'accompagne  d'engorge- 
ments ganglionnaires,  d'oplitlialmies,  etc.;  l'eczéma  herpé- 
tique, au  contraire,  se  fait  remarquer  par  une  sécrétion 
abondante  de  sérosité  limpide,  par  dea  démangeaisons  in- 
tenses, par  une  rougeur  très  vive  des  surfaces  affectées,  et 
rarement  il  se  complique  d'adénopalhie  qui  se  montre  alors 
comme  un  phénomène  purement  sympalhi(jue. 

L'eczema  capitis  de  nature  herpétique  peut  occasionner  la 
chute  des  cheveux  après  une  longue  durée  ;  cependant  la 
calvitie  n'est  jamais  ni  aussi  prompte,  ni  aussi  prononcée  dans 
les  affections  dartreuses  que  dans  les  affections  arthritiques. 
Les  cheveux  ne  présentent  pas  non  plus  ces  altérations  de 
couleur  et  de  structure  qui  caractérisent  les  phyto-dermides  ; 
d'ailleurs,  ils  repoussent  le  [)lus  souvent  avec  toute  leur 
force  habituelle  après  la  disparition  de  l'affection. 

Lorsque  l'eczema  capitis  est  guéri,  il  faut  s'attendre,  dans 
un  temps  plus  ou  moins  prochain,  à  une  récidive  sur  place 
ou  sur  des  parties  éloignées. 

2°  Eczéma  des  oreilles.  —  L'eczéma  darlreux  occupe 
souvent  les  pavillons  auriculaires  ;  il  ne  tarde  pas  à  se  pro- 
pager à  la  face  et  au  cuir  chevelu.  11  détermine  une  rougeur 
et  une  tuméfaction  considérables  des  parties  constituantes  de 
l'oreille,  se  propage  fréquemment  au  conduit  auditif  externe  : 
on  observe  alors  un  boursouflement  de  la  muqueuse  de  ce 
conduit,  qui  produit  une  surdité  momentanée. 

3*"  Eczéma  des  seins.  —  C'est  chez  la  femme  qu'apparaît 
l'eczéma  dos  seins  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas;  il  se 
développe  sous  l'influence  de  la  congestion  qui  s'opère  dans 
les  glandes  mammaires  à  l'époque  de  la  puberté,  de  la  gros- 
sesse et  de  la  lactation.  Il  se  manifeste  ordinairement  sur  le 
mamelon,  l'aréole,  et  il  s'étend  pi;ogressiYement  vers  la  péri- 


302  IIERPÉTIDE  VÈSICO-SQUAMEUSE. 

phérie  de  la  mamelle,  en  conservanl  une  dispositioii  plus  ou 
^moiiis  arrondie.  Dans  celle  afl'eclion,  on  rencontre  souvent 
de  petits  abcès  qui  ont  pour  siège  les  glandes  sudoriparcs. 
L'eczéma  herpétique  occupe  simultanément  les  deux  seins; - 
il  se  montre  bientôt  sur  d'autres  parties  du  corps.  On  ne  le 
conlondra  pas  avec  l'eczéma  psorique,  si  fréquent  dans  ces 
régions. 

à°  Eczéma  de  l'ombilic.  —  L'irritation  produite  par  la 
matière  sébacée,  accumulée  dans  la  dépression  ombilicale,  dé- 
termine fréquemment  l'eczéma  herpétique.  L'affection  s'étend 
ordinairement  aux  parois  abdominales  et  présenle  une  grande 
ténacité;  elle  est  prolongée  et  entretenue  par  la  stagnation 
continuelle  des  produits  de  sécrétion  sur  les  surfaces  ma- 
lades. Comme  les  variétés  précédentes,  elle  est  très  exposée 
à  récidiver. 

5"  Eczéma  des  parties  génitales.  —  L'eczéma  fixe  des 
parties  génitales  appartient  généralement  à  l'arlbritis  -,  toute- 
fois l'eczéma  dartreux  peut  aussi  occuper  ces  mêmes  ré- 
gions. Tandis  que  le  premier  reste  limité  aux  surfaces  pri- 
mitivement affectées,  le  second  ne  tarde  pas  à  envahir  les 
régions  voisines,  les  cuisses,  l'abdomen,  etc. 

L'eczéma  herpétique  des  parties  génitales  est  remarquable 
par  une  sécrétion  extrêmement  abondante,  par  la  largeur 
des  squames  qu'on  observe  sur  le  scrotum  et  sur  la 
verge  ,  par  l'existence  de  démangeaisons  atroces  et  très 
incommodes.  Le  prurit  intense  occasionne  une  surexci- 
tation des  organes  sexuels,  qui  est  souvent  chez  l'en- 
fant le  point  de  départ  de  mauvaises  habitudes.  Chez  la 
femme,  l'affection  a  son  siège  sur  les  grandes  lèvres,  le  pé- 
rinée, et  souvent  elle  se  propage  au  vagin  et  au  canal  de 
l'urèthre.  Alors,  elle  détermine  des  démangeaisons  non  moins 


ECZÉMA  HERPÉTIQUE.  303 

vives  que  chez  l'homme ,  qui  peuvent  aussi  conduire  à 
l'onanisme.  Lorsque  l'éruption  s'étend  dans  les  cavités  mu- 
queuses, elle  donne  lieu  à  un  écoulement  abondant,  séreux  et 
plastique,  en  un  mot,  à  un  catarrhe  de  nature  évidemment 
herpétique. 

L'eczéma,  malgré  son  extension  sur  d'autres  régions,  per- 
siste longtemps  sur  le  lieu  primitivement  affecté  et  résiste 
avec  opiniâtreté  à  nos  agents  thérapeutiques. 

6°  Eczéma  des  mains  et  des  pieds.  —  L'eczéma  limité 
aux  mains  et  aux  pieds  appartient  le  plus  souvent  à  l'ar- 
ihritis;  nous  avons  signalé  les  phénomènes  propres  à  cette 
affection. 

V eczéma  manuale,  qui  se  montre  dans  la  dartre,  coïncide 
presque  toujours  avec  un  eczéma  étendu  aux  bras,  à  la  face 
ou  à  d'autres  régions.  D'ailleurs,  il  ne  présente  dans  ses 
symptômes  aucune  particularité  importante  à  noter. 

Variétés  suivant  l'aspect.  —  Les  auteurs  ont  admis  un 
assez  grand  nombre  de  variétés  d'après  l'aspect  :  Eczéma 
simplex,  eczéma  impetiginodes,  eczéma  rubrum,  eczéma 
nummulaire,  eczéma  fendillé. 

De  toutes  ces  variétés,  Y  eczéma  nummulaire  est  la  seule 
que  nous  conservions  :  cette  affection  est  tantôt  arthriti((ue, 
tantôt  parasitaire.  Nous  avons  dit  précédemment  pourquoi 
nous  ne  reconnaissions  pas,  à  titre  de  variétés  de  l'eczéma 
herpétique,  les  eczéma  simplex^  impetiginodes  et  fen- 
dillé. 

Complications.  —  Si  l'inflammation  est  très  intense,  elle 
détermine  les  phénomènes  attribués  à  la  variété  eczéma  im- 
petiginodes. Des  éruptions,  furonculaires  et  ecthymatiques 
viennent  fréquemment  compliquer  l'eczéma  herpétique.  Aux 
aisselles,  au  sein  et  dans  les  régions  pourvues  d'un  grand 


I 


oO/l  llEHPf'TIDt:  VÉS1C0-SQUA.MEUSE. 

nombre  de  glandes  sudoripares,  on  voit  souvent  de  petites 
tumeurs  dures,  rouges,  arrondies  ou  ovales,  situées  dans 
l'épaisseur  de  la  peau  et  arrivant  quelquefois  à  suppurer.  Ces 
petites  lumem"s  inflammatoires  ont  leur  siège  dans  les  glandes - 
sudoripares;  elles  ont  été  étudiées  par  M.  Verneuil  dans  un 
mémoire  très  intéressant. 

Etiologie.  —  L'eczéma  herpétique  est  rare  dans  l'enfance; 
il  se  montre  quelquefois  à  l'âge  de  la  puberté;  il  est  fréquent 
surtout  vers  l'âge  de  vingt-cinq  à  trente  ans  ou  de  trente- 
cinq  à  quarante  ans. 

On  l'observe  souvent  chez  les  vieillards,  mais  presque  tou- 
jours à  rétat  de  récidive.  On  le  rencontre  plus  fréquemment 
chez  la  femme  que  chez  l'homme. 

La  transmission  héréditaire  de  l'eczéma  dartreux  est  ad- 
mise par  tous  les  auteurs. 

L'eczéma,  s'il  est  symptomatique  de  la  dartre  ou  do  l'ar- 
thritis,  n'est  pas  contagieux.  La  contagion  ne  s'exerce  que 
dans  l'eczéma  parasitaire  :  ceci  demande  une  explication. 

Quand  nous  disons  que  cette  affection  est  contagieuse, 
nous  entendons  par  là  que  le  malade  peut  transmettre 
à  un  autre  par  un  contact  plus  ou  moins  prolongé  le  para- 
site qui  a  déterminé  l'éruption  dont  il  est  question  ;  que  ce 
parasite  provoquera  chez  le  second  sujet  telle  ou  telle  érup- 
tion, selon  ses  prédispositions  morbides  et  selon  les  condi- 
tions particulières  de  sa  membrane  tégumentaire. 

La  puberté,  l'âge  critique,  la  grossesse,  la  lactation  éveil- 
lent fréquemment  la  manifeslalion  eczémateuse  de  la  diathèse 
herpétique;  le  tempérament  lymphalico-nerveux  prédispose 
davantage  à  celte  affection  que  les  autres  tempéraments. 

Dans  un  g'rand  nombre  de  cas,  les  affections  cutanées  de 
nature  herpétique  sont  occasionnées  par  les  parasites  ani- 


ECZÉMA  HERPÉTIQUE.  305 

maux  ou  végétaux.  La  plupart  des  dartreux  ont  eu,  comme 
nous  l'avons  dit,  des  affections  parasitaires  qui  ont  été  la 
cause  déterminante  de  l'eczéma  ou  de  telle  aulre  éruption 
herpétique. 

Parmi  les  causes  capables  de  provoquer  l'apparition  de 
l'eczéma,  nous  citerons  les  vésicatoires,  les  moxas,  les  pi- 
qûres de  sangsues,  le  froid,  la  fatigue,  les«.excès  de  boissons 
alcooliques  et  une  nourriture  trop  excitante;  nous  mention- 
nerons surtout  l'influence  des  émotions  morales.  Toutefois, 
ces  causes  seraient  insuffisantes  à  produire  l'affection,  si  le 
malade  n'était  déjà  porteur  de  la  diatlièse  herpétique  à  l'état 
latent. 

Diagiiostic.  —  L'eczéma  est  caractérisé  par  des  signes 
nombreux  :  vésicules,  état  pointillé  et  rouge,  suintement, 
squames,  prurit  intense,  chaleur  de  la  peau.  Cependant  il 
offre  de  l'analogie  avec  plusieurs  affections  qui  sont  :  la  mi- 
liaire,  le  pityriasis,  l'impétigo,  le  pemphigus,  le  psoriasis  et 
le  lichen.  ' 

La  miliaire  est  facile  à  distinguer  de  l'eczéma  :  elle  pré- 
sente des  vésicules  plus  volumineuses  et  moins  confluenles, 
une  transpiration  abondante  et  des  phénomènes  généraux 
plus  ou  moins  graves. 

Au  début,  l'eczéma  diffère  du  pityriasis  par  l'existence  de 
vésicules  et  par  le  suintement  de  sérosité  qui  l'accompagne. 
Plus  tard,  il  passe  à  l'étal  squameux  etprésente  la  plus  grande 
ressemblance  avec  l'affection  précédente  ;  d'ailleurs,  le  pityria- 
sis peut  parfaitement  remplacer  l'eczéma.  Dans  ce  cas,  la 
partie  vraiment  importante  de  la  question  consistera  dans  le 
diagnostic  de  l'espèce  :  il  n'y  a  aucun  avantage  à  traiter 
une  affection  plutôt  que  l'autre,  si  elles  sont  toutes  deux  de 
môme  nature. 

20 


III  IIP^:TII)F.  V^;StCO-SQUAMRUSK. 

L'eczéma  se  distingue  de  l'impétigo  par  des  caractères  bien 
accusés.  Le  premier  offre  des  vésicules  remplies  d'un  liquide 
transparent,  visqueux,  quelquefois  séro-purulent  et  se  con- 
crétant  sous  la  forme  de  squames  minces  et  jaunâtres  ;  le 
second  présente  des  pustules  plus  volumineuses,  remplies 
d'un  liquide  purulent  qui  forme  des  croûtes  épaisses,  jaunes 
ou  brunes  et  rugueuses. 

Dans  l'eczéma  fixé  à  la  paume  de  la  main  et  à  la  plante 
des  pieds,  les  vésicules  se  réunissant  souvent  et  donnent 
lieu  à  des  bulles  qui  ressemblent  à  celles  du  pempbigus.  Ce- 
pendant le  diagnostic  sera  promptement  éclairé  par  la  marche 
de  Taffectioii  :  s'il  existe  un  pempbigus,  on  ne  tardera  pas  à 
observer  sur  les  parties  malades  des  bulles  de  nouvelle  for- 
mation ;  d'un  autre  côté,  l'éruption  de  l'eczéma  se  fait  aussi 
par  poussées  successives,  et  des  vésicules  caractéristiques 
apparaîtront  à  une  époque  plus  ou  moins  rapprochée. 

Lorsque  le  pempbigus  a  duré  longtemps  et  qu'il  s'est 
étendu  à  toute  la  surface  du  corps,  les  bulles  se  développent 
incomplètement;  on  ne  trouve  plus  que  des  squames  larges 
et  foliacées,  des  ulcérations  superficielles  et  un  suintement 
abondant.  On  pourrait  croire  alors  à  l'existence  d'un  ec- 
zéma généralisé.  Toutefois  on  remarquera  que  le  suinte- 
ment de  la  première  affection  est  séreux,  qu'il  ne  ressemble 
pas  au  litjuide  plastique  de  l'eczéma;  on  verra  que  ses 
squames  ont  une  largeur  que  n'atteignent  pas  celles  de  l'af- 
fection eczémateuse.  Le  pempbigus  foliacé  peut  occuper  la 
totalité  du  corps,  tandis  que  l'eczéma  n'envahit  jamais  com- 
plètement toute  la  surface  de  la  peau  ;  enfin,  pendant  la  durée 
du  premier,  on  observera  de  temps  en  temps  des  bulles  ou 
des  débris  dcbulles  qu'on  ne  saurait  méconnaître. 
Le  lichen  présente  des  papules,  une  sécheresse  et  un  épais- 


KCZÈMA  HF.RPfrrTQIIE.  507 

sissemenL  de  la  peau  qui  foni  défaut  dans  l'eczéma.  Quelque- 
fois le  lichen  et  l'eczéma  sont  associés  ^'t  constituent  une 
affection  mixte,  connue  sous  le  nom  de  lichen  agrius,  que 
nous  avons  décrite  parmi  les  scrofulides. 

Dans  la  plupart  des  cas,  il  sera  facile  de  distinguer  l'eczéma 
du  psoriasis.  Le  psoriasis  est  caractérisé  par  des  squames  plus 
épaisses,  plus  blanches  que  celles  de  l'eczéma  ;  il  présente  un 
signe  qui  manque  dans  l'affection  eczémateuse,  c'est  une 
surface  rouge  et  saillante  au-dessus  du  niveau  de  la  peau  5 
enfin,  dans  le  psoriasis,  on  n'observe  aucun  suintement  de 
sérosité.  Toutefois,  une  espèce  de  psoriasis,  celle  qui  appar- 
tient .•)  l'arthrilis,  s'accompagne  souvent  d'uni"  sécrétion  ana- 
logue à  celle  de  l'eczéma.  Nous  savons  en  effet  que  le  pso- 
riasis nummulaire  est  caractérisé  par  la  réunion  des  éléments 
de  l'eczéina  el  du  psoriasis  :  sécrétion  et  squames  humides, 
et  en  môme  temps  squames  blanches,  nacrées  et  reposant  sur 
une  surface  d'un  rouge  cuivré.  L'association  des  lésions  de 
l'eczéma  et  du  psoriasis  constitue  une  affection  mixte  qui  mé- 
rite d'être  conservée  cou)me  espèce,  qui  se  reconnaîtfacilement 
et  a  été  décrite  précédemment  au  nombre  des  arlhritides. 

Dans  l'étude  de  l'eczéma  arthritique,  nous  avons  établi  le 
diagnostic  des  différentes  espèces  d'eczéma.  Nous  avons 
énuméré  les  caractères  pi'opres  des  eczéma  scrofuleux,  dar- 
treux.  et  arthritique,  et  nous  avons  vu  qu'on  arri\ait  dans  la 
plupart  des  cas  à  reconnaître  la  nature  de  chacune  de  ces 
affections  par  le  seul  examen  des  symptôn)es  objectifs.  Nous 
croyons  inutile  de  répéte.r  ,lout  ce  que  nous  avons  dit  sur  ce 
sujet  important;  nous  renvoyons  donc  au  paragraphe  qui 
traite  de  l'eczéma  arthritique  (p.  191).  Cependant  nous 
disions  également  que  les  symptômes  objectifs  de  l'affection 
pouvaient  être  dénaturés  el  qu'il  fallait  puiser  d'autres  ren- 


508  HERPÉTIDi;  VfiSICO-SOLAMEUSE. 

seigiiements  dans  les  aiilécédents  du  malade.  Nous  désirons 
nous  appesantir  (luehjue  temps  sur  cette  seconde  partie  du 
diagnostic  cjuc  nous  avons  presque  passée  sous  silence. 

Le  malade  atteint  d'un  eczéma  dartreux,  reconnaissable 
déjà  à  tels  signes  que  nous  avons  donnés,  présente  souvent  une 
constitution  sèche,  un  tempérament  nerveux  et  une  transpira- 
tion peu  abondante.  Il  est  tourmenté  de  temps  en  temps  par 
des  démangeaisons,  par  des  migraines,  par  des  dyspepsies,  par 
des  névralgies  intercostales,  etc.;  il  est  doué  d'un  caractère 
mélancolique  ou  très  irascible.  Si  Ton  interroge  les  anté- 
cédents du  sujet,  on  constate  l'existence  antérieure  de  dif- 
férentes affections  qui  appartiennent  évidemment  à  la  dartre  : 
prurigo  herpétique,  urticaire  aiguë  ou  cnidosis,  zona  accom- 
pagné de  névralgie  intercostale,  psoriasis,  lichen,  etc.  Tous 
ces  phénomènes  ne  se  rencontrent  pas  seulement  chez  le 
malade,  mais  ils  se  trouvent  aussi  chez  le  père,  la  mère,  les 
frères  ou  les  sœurs.  Tel  est  le  tableau  des  principaux  sym- 
ptômes offerts  par  le  dartreux  ;  comparons-le  à  celui  que 
présente  le  scrofuleux. 

Le  scrofuleux  se  fait  remarquer  par  une  coloration  rosée 
des  téguments,  plus  souvent  par  un  teint  pâle,  anémique, 
par  une  sorte  de  bouflisure  de  la  face,  par  une  certaine  irré- 
gularité dans  la  nutrition,  par  une  sensibilité  générale  peu 
développée  et  par  des  adénopathies  survenant  sous  rinfluence 
des  causes  les  plus  légères.  Avant  et  pendant  la  durée  de 
l'oczéma,  on  trouve  diverses  affections  éminemment  scrofu- 
leuses  :  engorgement  strumeux  des  ganglions,  ophtlialmies 
chroniques,  otites,  coryzas,  etc.  Les  parents  ont  présenté  des 
caries,  des  tumeurs  blanches,  des  scrofulidcs  bénignes  ou 
malignes,  etc.,  sont  morts  fréquemment  de  phthisie  scro- 


ECZÉMA  HERPÉTIQUE.  309 

fuleuse  ou  d'une  autre  affection  viscérale  de  même  nature. 

Le  sujet  atteint  d'eczéma  arthritique  offrira  de  son 
côté  un  certain  nombre  de  phénomènes  propres,  que  nous 
avons  considérés  comme  les  prodromes  de  l'arthritis.  Ce§ 
phénomènes  nous  sont  connus,  et  nous  allons  les  rappeler 
brièvement  :  transpiration  abondante,  obésité,  chute  préma- 
turée des  cheveux,  constipation  habituelle,  migraines  et  dys- 
pepsies arthritiques,  fréquentes  congestions  hémorrhoïdaires, 
bourdonnements  d'oreille,  troubles  de  la  vue,  système  mus- 
culaire développé.  On  aura  observé  ou  Ton  trouvera  actuel- 
lement chez  le  malade,  et  très  souvent  chez  les  parents,  une 
des  affections  suivantes  :  rhumatisme,  goutte,  eczéma  ou 
lichen  circonscrits ,  hydroa  huileux ,  érythème  noueux , 
érythème  papulo-tuberculeux,  sciatique,  asthme  humide, 
lésions  organiques  du  cœur,  etc. 

Nous  pensons  qu'en  interrogeant  l'état  local  et  l'état  gé- 
néral dans  un  eczéma,  on  arrivera  presque  constamment  à 
en  reconnaître  non-seulement  le  genre,  mais  l'espèce  ;  quel- 
quefois il  sera  plus  facile  d'arriver  à  la  notion  de  l'espèce 
qu'à  celle  du  genre.  Or,  il  ne  faut  pas  oublier  que  dans  le 
traitement  d'une  aftéclion,  il  est  beaucoup  plus  important 
de  connaître  sa  nature  que  les  lésions  éléuienlaires  qui  la 
caractérisent. 

Pronostic. —  L'eczéma  dartreux  est  la  plus  grave  de  toutes 
les  espèces  d'eczéma.  On  sait  que  h  s  eczéma  artificiel  et 
parasitaire  sont  faciles  à  guérir  par  la  soustraction  des  causes 
qui  les  ont  déterminés,  et  que  les  eczéma  scrofuleux  et 
arthritique  disparaissent  naturellement  par  le  fait  des  évolu- 
tions successives  de  la  maladie  constitutionnelle  dont  ils  ne 
sont  (ju'un  symptôme.  Au  contraire,  l'eczéma  herpétique  est 
une  affection  rebelle,  il  récidive  facilement  et  finit  par  se 


•i'"  HERPÉTJIJE  VÉSlCO-SQLMliUSK. 

général  iseï".  Il  constiLue  lu  loniui  la  plus  iVéfjiierite  de  la 
dartre  liuiiii.le,  dont  les  conséquences  sont  toujours  plus 
funestes  que  celles  de  hi  dartre  sèche.  En  ellel,  il  détermine 
des  inconvénients  qui  viennent  interrompre  les  occupations 
ordinaires  de  la  vie  :  le  malade,  obligé  de  couvi  ir  de  linge 
ou  de  dilTérents  topiques  les  parties  affectées,  est  con- 
damné à  un  repos  plus  ou  moins  absolu.  Ajoutons  encore 
qu'on  observe  plus  fréquemment  les  métastases  après  la  gué- 
rison  de  l'eczéma  darlreux  qu'après  celle  de  la  dartre  sèclie. 

Traitement . —  La  forme  inflanmiatoirede  l'eczéma  réclanie 
la  médication  antiplilogistique  ;  on  emploiera  avec  avantage  la 
poudre  d'amidon  ou  de  fécule,  des  lotions  d'eau  de  guimauve, 
des  cataplasmes  de  fécule  et  des  bains  d'amidon.  Nous  avons 
Thabitude  de  donner  jiendant  l'existence  des  phénomènes 
aigus  de  l'éruption  un  léger  purgatif,  (|ue  nous  répétons  tous 
les  trois  ou  quatre  jours  :  nous  oi'domions  à  chaque  fois  deux 
ou  trois  verres  d'eau  de  Sediilz.  Il  sera  même  utile  d'admi- 
nistrer ce  purgatif  de  temps  en  temps  pendant  toute  la  durée 
du  traitement. 

Au  début,  nous  prescrivons  aussi  des  boissons  rafraîchis- 
santes, soit  la  limonade,  soit  une  tisane  renfermant  une  pe- 
tite quantité  d'acide  sulfurique  ;  plus  tard,  nous  conseillons 
les  tisanes  de  houblon,  de  pensée  sauvage  ou  de  petite  cen- 
taurée. 

La  diététique  joue  un  grand  rôle  dans  le  traitement  de 
l'affection  :  on  recommandera  une  alimentation  douce,  com- 
posée de  viandes  blanches,  de  légumes  herbacés,  et  Ton 
proscrira  le  café,  les  liqueurs,  les  mets  épicés,  etc. 

La  saignée  est  rarement  utile;  elle  ne  sera  {.ratiquée  que 
chez  les  sujets  jeunes  et  vigoureux.  Elle  sera  indiquée  par 
une  éruption  étendue  à  de  grandes  surfaces  et  accompagnée 


ECZÉMA  HEUPÉriQUE.  311 

tic  phénomènes  fébriles  intenses.  Sous  l'influence  des  moyens 
que  nous  venons  d'énumérer,  ki  congestion  cutanée  et  les 
symptômes  généraux  qui  existent  quelquefois,  ne  tardent 
pas  cà  disparaître  :  c'est  à  cette  époque  seulement  qu'on  doit 
avoir  recours  à  la  médication  spécifique. 

On  donne  les  préparations  arsenicales  sous  différentes 
formes  :  la  liqueur  de  Fowler,  la  liqueur  de  Pearson,  les 
solutions  d'acide  arsénieux,  d'arséniale  de  soude  ou  d'arsé- 
niate  d'ammoniaque.  Nous  administrons  de  préférence  ce  der- 
nier composé;  nous  prescrivons  aussi  des  pilules  d'arséniate 
de  fer  chez  les  sujets  débilités  ou  doués  d'un  tempérament 
lymphatique.  En  même  temps,  nous  continuons  les  topiques 
émollienls  ou  légèrem,ent  astringents  ;  toutefois,  dans  cette 
période  de  l'eczéma,  nous  employons  souvent  des  bains  légè- 
rement sulfureux  ou  alcalins  et  des  bains  do  vapeur.  Ainsi, 
nous  donnons  alternativement  un  bain  d'amidon  et  un  bain 
légèrement  sulfureux  ou  alcalin,  et  nous  prescrivons  de  temps 
en  temps  un  bain  de  vapeur. 

Si  le  prurit  est  intense  et  ne  cède  pas  à  l'action  des  moyens 
précédents,  nous  avons  recours  à  la  ponmiade  de  calomel  ou 
aux  lotions  d'acétate  de  plomb  et  de  bichlorure  de  mercure. 

Lorsqu'on  a  soin  d'éloigner  les  causes  déterminantes  qui 
tiennent  quelquefois  à  la  profession  du  malade  et  qu'on  suit 
régulièrement  le  traitement  que  nous  venons  d'indiquer, 
l'eczéma  cesse  bientôt  de  sécréter  et  arrive  promptement  à 
l'état  squameux. 

L'état  squameux  de  l'eczéma  peut  persister  longtemps  et 
dorme  lieu  à  de  nouvelles  indications.  Rien  n'est  plus  facile, 
en  général,  que  d'amener  la  disparition  des  squames  observées 
dans  la  troisième  période  de  l'affection.  Nous  recommandons 
le  moyen  suivant  qui  réussit  presque  toujours  :  on  recouvre 


S12  lIKRPÉTiDE  VÉSICO-SQUAMEUSE. 

la  surface  malade  avec  un  mélange,  à  parties  égales,  (riiuile 
de  cade  et  d'huile  d'amande  douce;  on  ne  laisse  sur  la  peau 
qu'une  très  faible  quanlilé  du  mélange,  qui  est  absorbé  par 
l'application  immédiate  d'une  compresse  de  linge  fin.  Toute- 
fois il  faut  user  avec  réserve  de  ce  topique  qui  peut  ramener 
Taflection  à  l'état  aigu  ^  dans  ce  cas,  on  diminuerait  la  quan- 
tité d'huile  de  cade  afin  de  rendre  le  mélange  moins  irritant. 
Si  l'on  n'a  point  d'huile  de  cade  à  sa  disposition,  on  la  rem- 
placera parle  goudron  dont  l'action  n'est  pas  aussi  efficace. 

Après  la  disparition  de  l'eczéma,  on  devra  continuer  Tusage 
des  préparations  arsenicales  pendant  deux  ou  trois  mois: 
c'est  le  moyen  d'éviter  ou  du  moins  d'éloigner  les  réci- 
dives. 

L'affection  disparaît  durant  un  certain  temps  sous  l'in- 
fluence d'un  traitement  rationnel  -,  mais  elle  récidive  souvent, 
finit  par  devenir  permanente  et  par  se  généraliser.  Alors 
l'amaigrissement  fait  de  rapides  progrès  ^  diflerents  troubles 
des  fonctions  digestives  se  manifestent  et  ne  permettent  plus 
l'emploi  des  préparations  arsenicales;  la  médication  recon- 
stituante sera  seule  indiquée  en  attendant  qu'on  puisse  re- 
venir à  la  médication  spécifique.  Nous  devons  dire  que 
l'affection  arrivée  à  ce  degré  est  placée  ordinairement  au- 
dessus  des  ressources  de  l'art  et  que  la  mort  ne  tarde  pas 
à  survenir. 

Tels  sont  les  moyens  de  traitement  que  nous  recomman- 
dons contre  l'eczéma  herpétique.  Les  auteurs  qui  n'ont  pas 
établi  de  distinction  entre  les  eczéma  scrofuleux,  arthritique 
et  dartreux,  semblent  préconiser  dans  toutes  les  espèces 
d'eczéma  les  préparations  sulfureuses.  Nous  nous  sommes 
expliqué  sur  l'emploi  des  sulfureux,  que  nous  réservons  spé- 
cialement au  traitement  de  la  scrofule:  nous  ne  les  ordon- 


PEMPHIÇUS  HERPÉTIQUE.  313 

nons  que  très  accessoirement,  et  seulement  comme  modifica- 
teurs locaux,  dans  l'eczéma  dartreux  passé  depuis  longtemps 
à  l'état  chronique.  Les  sulfureux  administrés  d'une  manière 
différente  dans  la  dartre  produisent  toujours  des  résultats 
fâcheux. 

L'action  curative  de  la  térébenthine  s'est  manifestée  dans 
quelques  cas;  mais,  ce  médicament  est  loin  de  posséder  des 
vertus  thérapeutiques  aussi  puissantes  que  les  préparations 
arsenicales.  Plusieurs  fois  la  térébenthine  a  déterminé  des 
diarrhées  rebelles  qui  empêchent  d'avoir  recours  à  la  mé- 
dication spécifique. 


CHAPITRE  ir. 

HERPÉTIDE  BULLO-L\MELLEUSE. 

Pemphigus  herpétique. 

{Pemphigus  chronique  ou  diulinus,  Pompholyx  de  Willan.) 

Nous  avons  distingué  deux  variétés  de  pemphigus  chronique 
de  nature  arthritique;  l'une,  le  pemphigus  prurigineux  à 
petites  bulles,  est  une  affection  bénigne  ;  l'autre,  le  pemphi- 
gus érysipélateux  à  grosses  bulles,  est  une  affection  maligne 
qui  se  termine  assez  ordinairement  par  la  mort.  Dans  la 
dartre,  il  n'existe  qu'une  variété  de  pemphigus  dintinus^ 
toujours  très  grave  ;  nous  allons  donner  les  caractères  qui 
appartiennent  spécialement  à  cette  dernière  variété. 

Symptômes.  —  Le  pemphigus  diutinus,  qui  se  montre 
comme  symptôme  de  la  dartre,  se  manifeste  par  une  érup- 


•^^^^  UlillPÉTlDK  BULhO-LAMI-I.LKUSJ-. 

tiou  de  huiles  arrondies,  plus  ou  moins  volumineuses,  rem- 
plies d'un  liquide  cilrin  el  transparent,  se  développant  par 
poussées  successives  et  se  terminant  par  la  formation  de 
croûtes  minces  et  foliacées. 

Les  bulles  sont  précédées  d'une  tache  érythémateuse  qui 
s'agrandit  du  centre  à  la  circonférence  ;  elles  recouvrent  plus 
ou  moins  complètement  cette  surface  érythémateuse  et  sont 
entourées  d'unearéole  rouge.  Quelquefois,  la  tache  et  l'aréole 
n'existent  point;  en  tout  cas,  elles  ne  ressemblent  imllement 
aux  plaques  érysipélateuses  que  nous  avons  signalées  dans 
le  pemphigus  arthritique. 

En  général,  les  bulles  du  pemphigus  dartreux  sont  plus 
volumineuses  (jue  celles  du  pemphigus  arthritique  :  elles 
présentent  des  dimensions  qui  varient  depuis  la  grosseur 
d'une  noisette  ou  d'une  noix  jusqu'à  celle  d'un  œuf  de  poule. 
Elles  sont  encore  plus  distinctes  et  plus  régulières  :  dans  le 
pemphigus  arthritique,  les  bulles  sont  groupées  en  plus  ou 
moins  grand  nombre  sur  une  même  plaque,  se  louchent  par 
leur  circonférence  et  sont  remarquables  par  leur  diflérence 
de  volume  ;  dans  le  pemphigus  dartreux,  au  contraire,  les 
bulles  sont  séparées  par  des  intervalles  de  peau  saine  et  se 
rapprochent  plus  ou  moins  par  leur  volume. 

Nous  ne  ferons  qu'énumérer  les  phénomènes  successifs  qui 
se  présentent  dans  l'évolution  de  la  bulle  du  pemphigus  et 
que  nous  avons  décrits  précédemment  :  soulèvement  deTépi- 
derme  par  un  liquide  séreux,  rupture  de  la  membrane  épi- 
dermique  ou  résorption  du  liquide,  formation  de  croûtes 
brunes,  minces,  foliacées  et  se  continuant  avec  l'épiderme 
circonvoisin  ;  vers  le  septiènje  jour,  chute  des  croûtes  qui  lais- 
sent une  tache  violacée  et  lente  à  disparaître.  Il  arrive  parfois 
qu'après  la  rupture  des  huiles  l'épiderme  ne  s'applique  point 


PtMl^HlGUS  HhHPftTlQUE.  315 

sur  le  donne;  il  reste  alors  une  surface  rouge,  ulcérée,  dou- 
loureuse, qui  sécrèie  une  sérosité  traiisparenle  et  abondante. 

Parmi  ces  diflerents  phénomènes,  il  en  est  un  qui  présenle 
quelques  particularités  à  noler  dans  le  pemphigus  dartreux  : 
la  sérosité  qui  distend  les  bulles  est  claire,  alcaline,  peu 
plastique  et  empèse  à  peine  le  linge.  Elle  se  distingue  donc 
par  ses  qualités  du  liquide  plastique  de  l'eczéma  et  du 
liquide  [)urulent  ou  séro-purulent  qu'on  trouve  dans  les 
bulles  du^pempliigus  arthritique.  Au  nombre  des  symptômes 
locaux,  nous  mentionnerons  encore  le  prurit,  qui  se  mani- 
feste quelquefois  avec  une  grande  intensité.  Cependant  ce 
phénomène  est  loin  d'égaler  les  démangeaisons  qui  accom- 
pagnent le  pemphigus  arthritique  et  en  particulier  l'hydroa 
bulleux. 

Avant  l'apparition  des  bulles,  le  malade  accuse  quelque- 
fois un  peu  de  malaise  et  de  l'anorexie  ;  ces  symptômes 
sont  peu  marijués  et  passent  souvent  inaperçus.  Pendant 
un  certain  temps,  la  santé- semble  fonservée  et  tout  se 
résume  en  une  afl'eclion  locale.  Mais,  à  une  époque  plus  ou 
moins  éloignée,  soit  qu'un  flux  abondant  se  déclare  dans 
l'intestin,  soit  que  l'éruption  devienne  générale,  on  ne  tarde 
pas  avoir  un  amaigrissement  et  un  grand  affaiblissement  qui 
obhgeiit  le  malade  à  garder  le  lit. 

Marche,  durée,  terminaison.  —  La  marche  du  pemphi- 
gus diutinus  est  très  variable  sous  le  rapport  de  la  rapidité 
et  de  l'étendue  de  l'éruption. 

QuelquefoisTalVection  est  constituée  par  ra[)parition  d'une 
bulle  unique,  qui  disparaît  et  se  reproduit  à  des  intervalles 
plus  ou  moins  éloignés  :  cette  variété  a  reçu  le  nom  de  pom- 
pholyx  solitaire. 

Dans  une  variété  établie  par  M.  Hardy  et  désignée  sous  le 


316  HERPÉTIDI'  nULLO-LAMLLLEUSE. 

nom  de  pempliigiis  foliacé^  les  bulles  n'existeraient  pas  dans 
un  grand  nombre  de  cas,  et  l'an'eclion  pourrait  revêtir  dès  le 
début  l'apparence  foliacée.  Nous  ne  saurions  partager  celle 
opinion  :  nous  n'avons  jamais  vu  le  pempbigus  se  manilester 
primitivement  par  des  squames  humides,  et  nous  croyons  que 
M.  Hardy  aura  pris  des  pityriasis  rubra  généralisés  pour  des 
pempbigus  généralisés. 

Le  pempbigus  se  développe  habituellement  par  des  pous- 
sées successives  ;  quelques  bulles  apparaissent  sur  les  mem- 
bres ou  sur  le  tronc,  d'aulres  naissent  pendant  les  jours  sui- 
vants, jusqu'à  ce  que  l'affection  finisse  par  envahir  toute  la 
surface  du  corps.  L'éruption  reste  souvent  localisée  sur  cer- 
taines régions  pendant  longtemps  ;  elle  disparaît  quelquefois, 
mais  pour  se  montrer  de  nouveau  et  pour  marcher  avec  une 
plus  grande  rapidité.  Après  plusieurs  récidives,  toute  l'enve- 
loppe cutanée  est  recouverte  par  des  bulles  à  différents  de- 
grés de  leur  évolution  :  on  trouve  des  bulles  complètement 
remplies  de  sérosité,  des  croûtes  squameuses, des  surfaces  éry- 
thémateuses  ulcérées,  douloureuses  et  qui  sont  le  siège  d'une 
sécrétion  abondante,  enfin,  des  taches  violacées.  D'autres 
fois,  c'est  dans  le  pemphigm  foliacé,  on  observe  des  squames 
roulées  sur  leurs  bords,  ayant  une  étendue  de  2  à  5  centi- 
mètres, se  détachant  avec  une  grande  facilité,  se  reprodui- 
sant promplement,  recouvrant  une  surface  ulcérée  qui  laisse 
suinter  une  sérosité  légèrement  plastique;  on  rencontre  aussi 
çà  et  là  quelques  bulles  à  différents  degrés  de  développe- 
ment. 

L'éruption  huileuse  se  manifeste  non- seulement  sur  toutes 
les  parties  de  la  peau,  mais  aussi  sur  un  certain  nombre  de 
muqueuses;  on  l'a  constatée  sur  les  muqueuses  bucco-plia- 
ryngienne  et  génitale.  Aliberl  a  décrit  un  pemphigus  intes- 


PlîMPHlGUS  Hlîr.PÉTlQUi:.  317 

tinal,  dont  roxislencc  n'a  pas  encore  élé  démontrée,  par 
l'observation , 

Lorsque  le  pempliigus  est  généralisé,  le  malade  est  obligé 
de  garder  le  lit.  Les  forces  sont  épuisées  par  la  sécrétion  qui 
a  lieu  sur  toute  la  surface  cutanée  :  à  celte  première  cause 
d'épuisement  il  faut  ajouter  celle  qui  résulte  des  vives  dou- 
leurs occasionnées  par  les  ulcération*  consécutives  à  la  rup- 
ture des  bulles.  A  cette  période  de  la  maladie,  on  voit  habi- 
tuellement un  certain  nombre  d'aiïections  se  déclarer  et 
hâter  la  terminaison  funeste.  On  observe  fréquemment  des 
vomissements  incoercibles  ou  un  flux  abondant  dans  l'intes- 
tin :  les  malades  ont  des  coliques  vives,  des  selles  séreuses 
et  répétées.  On  pourrait  croire  que  l'éruption  s'est  propagée 
à  la  mu(|ueuse  gastrique  et  intestinale;  à  l'autopsie,  la  mem- 
brane interne  du  tube  digestif  ne  piésente  le  plus  souvent 
qu'un  peu  d'amincissement  et  une  légère  pâleur.  Outre  ces 
phénomènes  observés  du  côté  de  l'intestin,  il  en  existe  d'au- 
tres qui  intéressent  la  fonction  d'absorption  ;  l'hydropisie 
générale  ou  partielle  est  très  fréquente.  Si  l'épancliement  de 
sérosité  a  lieu  dans  une  des  grandes  cavités  splanchniques,  il 
entraîne  souvetit  la  mort. 

La  mort  n'arrive  pas  uniquement  dans  les  pemphigus  gé- 
néralisés ;  elle  survient  quelquefois  après  la  disparition  de 
l'éruption  cutanée,  dans  des  pemphigus  circonscrits,  alors 
que  rien  n'annonçait  une  terminaison  aussi  prochaine.  L'.tf- 
fection  de  la  peau  n'est  donc  pns  toute  la  maladie,  elle  n'est 
que  l'expression  d'un  état  morbide  qui  déprime  et  finit  par 
anéantir  toutes  les  forces  de  Féconomie.  Toutes  les  considé- 
rations précédentes  font  pressentir  la  terminaison  du  pem- 
phigus chronique  :  cette  alfection  détermine  constamment 
la  mort,  et  les  pemphiuus  qui  ont  guéri  sont  des  pemphigus 


3lK  IlF.RPftTIDF  RULr.O-LAMrr.I.F.USE. 

aigus  ou  dos  pomphigiis  nrlliriliqnos  à  petites  bulles  (liydroa 
huileux) . 

La  marche  très  variable  du  pempliigus  chronique  empêche 
de  lui  assigner  une  durée  fixe  ;  ralTeclion  |)eut  se  terminer 
au  bout  de  quelques  mois,  comme  elle  peut  aussi  se  prolon- 
ger pendant  des  années. 

Complications.  —  Dans  la  dernière  période  du  pemphigus 
chronique,  on  observe  fréquemment  l'entérite  et  l'hydropisie 
qui  sont  des  complications  souvent  mortelles  -  nous  signale- 
rons encore  les  bronchites  aiguës  qui  peuvent  hâter  la  ter- 
minaison funeste,  et  les  éruptions  furonrulnires  qui  ne  man- 
quent presque  jamais  de  se  montrer  dans  le  cours  del'afîection. 
Si  l'albumine  existe  dans  les  urines,  elle  s'y  rencontre  pro- 
bablement d'une  manière  temporaire,  comme  nous  l'avons 
vu  dans  les  eczéma  chroniques  ou  dans  d'autres  herpétides. 

Étiologie.  -  Dans  l'histoire  du  pemphigus,  l'étiologie  est 
une  des  parties  Tes  plus  obscures.  On  a  dit  que  cette  affection 
était  plus  fréquente  chez  les  vieillards  que  chez  les  adultes; 
cependant  on  sait  que  ceux-ci  sont  loin  d'en  être  exempts. 
Les  excès,  les  fatigues,  les  veilles,  les  chagrins  et  les  émo- 
tions morales  sont  autant  de  causes  occasionnelles.  Le  p.em- 
pliigus  attaque  quelquefois  des  sujets  débilités  ;  mais  il  se 
montre  aussi  chez  des  indiviilus  hien  constitués  et  placés 
dans  les  meilleures  conditions  hygiéniques. 

Diagnostic.  —  Le  pemphigus  présente  des  caractères  qui 
empêchent  de  le  confondre  avec  le  plus  grand  nombre  des 
aflections  cutanées  ;  toutefois  il  oiïrc  une  certaine;  ressem- 
blance avec  plusieurs  de  ces  dernières. 

Nous  avons  dit,  dans  Tétude  du  penqihigus  arthritique,  à 
quels  signes  on  dislingue  le  [)en)pliigus  du  rupia. 

Les  vésicules  de  l'herpès  se  réunissent  parfois  et  forment 


PEMPIITGUS  HERPÉTIQUE.  319 

(le  petites  bulles  qui  simulent  celles  du  pemphigus.  Mais  on 
remarquera  que  les  vésicules  ou  les  bulles  rudimenlaires  de 
l'herpès  sont  groupées  sur  des  surfaces  rouges,  tandis  que  les 
bulles  pempliigoïdes  sont  généralement  isolées  et  entourées 
seulement  d'une  légère  ' aréole  rosée;  cette  aréole  manque 
dans  quelques  cas. 

Lorsque  le  pemphigus  présente  l'aspect  squameux  qui  ca- 
ractérise la  variété  désignée  sous  le  nom  de  pemphigus 
foliacé,  il  est  pris  quelquefois  pour  une  des  trois  affections 
suivantes  :  eczéma,  psoriasis  et  pityriasis  rubra.  On  arrivera 
à  le  distinguer  de  l'eczéma  en  tenant  compte  des  caractères 
de  la  sécrétion,  de  l'étendue  de  l'éruption  et  de  l'aspect  des 
squames.  On  sait  que  le  pemphigus  s'accompagne  d'une 
sécrétion  séreuse,  peu  visqueuse,  qui  diffère  beaucoup  de  la 
sécrétion  plastique  de  l'eczéma  ;  qu'il  peut  recouvrir  toute 
la  surface  du  corps,  ce  qui  n'existe  jamais  dans  l'eczéma; 
qu'il  présente  des  squames  foliacées,  peu  adhérentes,  qui  ne 
ressemblent  nullement  aux  squames  adhérentes  et  plus 
épaisses  de  l'eczéma. 

Le  pemphigus  foliacé  et  le  pityriasis  rubra  sont  caractérisés 
par  une  sécrétion  épidermique  abondante,  par  des  squames 
larges  etfoliacées  et  par  une  éruption  étendue  à  la  plus  grande 
|)artie  du  corps.  Mais  dans  la  première  de  ces  affections,  on 
observe  de  temps  en  temps  l'apparition  de  quelques  bulles, 
qui  mettent  promptoment  sur  la  voie  du  diagnostic. 

Le  psoriasis  nummulaire,  de  nature  arthritique,  présente 
des  squames  larges,  lamelleuses,  reposant  sur  des  surfaces 
rouges,et  s'accompagne  parfois  d'une  sécrétion  séreuse  abon- 
dante. Cette  alfection  ressemble  par  ces  différents  symptômes 
au  pemphigus  foliacé  :  on  se  rappellera  que  le  psoriasis 
arthritique  est  fixé  sur  l'hypogastre,  le  cuir  chevelu,  les 


HERPfvTJDIi  JîUI.LO-LAMEl.Ll'USi:. 

parties  gt-nitalos,  etc.,  tandis  que  le  perapliigiis  foliacé  re- 
couvre la  totalité  de  l'enveloppe  cutanée.  D'ailleurs,  cette 
dernière  affection  se  reconnaîtra  encore  par  l'apparition 
de  quelques  bulles  à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloi- 
gnés. 

Le  pemphigus  diutinus  appartient,  comme  on  le  sait,  à  l'ar- 
thritis  et  à  la  dartre;  après  avoir  établi  le  diagnostic  du  genre 
de  cette  aiîection,  il  faut  chercher  à  en  connaître  l'espèce.  Le 
pemphigus  arthritique  renferme  deux  variétés  :  l'une  d'elles, 
rhydroa  huileux,  est  une  affection  bénigne  qui  ne  saurait  être 
confondue  avec  le  pemphigus  dartreux  (voir  p.  200)  ;  la 
seconde  variété,  le  pemphigus  à  grosses  bulles,  présente  plu- 
sieurs points  de  ressemblance  avec  le  pemphigus  dartreuxr 
En  effet,  les  deux  affections  sont  caractérisées  par  des  bulles 
volumineuses  ;  elles  ont  la  même  marche  et  la  même  durée  ; 
toutes  deux  s'accompagnent  d'un  prurit  intense;  enlin,  elles 
se  terminent  constamment  par  la  mort.  Nous  avions  cru  un 
instant  àla  guérison  d'un  pemphigus  arthritique,  mais  le  ma- 
lade, ainsi  que  nous  l'avons  dit,  vient  de  succomber  à  une 
récidive  de  l'affection.  Toutefois,  malgré  la  similitude  qui 
existe  entre  les  pemphigus  chroniques  arthritique  et  dartreux, 
on  arrivera  à  les  distinguer  dans  la  plupart  des  cas  en  se 
fondant  sur  quelques  caractères  objectifs  et  sur  la  physiono- 
mie particulière  de  l'éruption.  Ainsi,  les  bulles  du  pemphigus 
dartreux  renferment  une  sérosité  cilrine  et  transparente, 
tandis  que  celles  du  pemphigus  arthritique  sont  remplies 
d'un  liquide  séro-purulent  et  même  purulent.  Dans  la  pre- 
mière affection,  les  bulles  sont  isolées,  séparées  par  des  par- 
lies  de  peau  saine  et  (juelquefois  entourées  d'une  aréole 
rouge;  dans  la^econde  affection,  elles  sont  groupées  sur  de 
larges  plaques  érysipélateuses  et  sont  remarquables  par  leur 


PEMPHKUJS  HERPÉTIQUE.  3'id 

inégalité  de  vo'ume  :  les  unes  onl  le  volume  d'un  pelil  pois 
ou  d'une  noisetle,  les  autres  atteignent  la  grosseur  d'une 
noix  et  des  dimensions  plus  considérables.  Enfin,  le  pemphi- 
gus  arlliriti(|ue  s'accompagne  d'un  prurit  plus  intense  et 
d'un  certain  nombre  de  complications  inflammatoires  telles 
que  la  lymphangite,  la  phlébite,  i'adény.^,  des  abcès  du  derme 
et  des  éruptions  ecthymalico-furonculaires.  Pour  compléter 
ce  diagnostic  différentiel,  il  faudra  prendre  encore  en  consi- 
dération l'état  de  santé  actuel  et  les  antécédents  du  malade. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  du  pempbigus  diutinus  est  ex- 
cessivement grave.  Jusqu'à  présent,  les  faits  nous  autorisent 
à  dire  que  cette  affection,  qu'elle  soit  herpétique  ou  arthri- 
tique, est  constamment  mortelle.  Il  ne  faut  pas  se  faire  illu- 
sion dans  les  intervalles  qui  séparent  les  récidives  du  pem- 
pbigus chronique  :  tôt  ou  tard  la  mort  sera  déterminée  par 
l^^s  progrès  de  la  maladie  et  quelquefois  par  les  complications 
que  nous  avons  signalées. 

Traitement .  —  La  médication  spécifique  a  échoué  dans  le 
traitement  du  pempbigus  dartreux  comme  dans  celui  du  pem- 
pbigus arthritique.  Les  préparations  arsenicales  n'ont  pas 
agi  et  ont  souvent  produit  des  troubles  gastriques  ou  des 
phénomènes  cutanés  qui  ont  obligé  de  suspendre  le  médica- 
ment. Dans  quelques  cas,  Taffection  a  paru  guérie  \  mais  la 
récidive  s'est  toujours  montrée  au  bout  d'un  certain  temps. 
Il  faut  donc  se  borner  à  faire  un  traitement  basé  sur  les 
symptômes. 

Les  moyens  locaux  qu'on  emploie  le  plus  fréquemment,  sont 
les  poudres  d'amidon,  de  fécule,  de  tan  ou  de  lycopode,  dont 
on  saupoudre  les  régions  affectées.  On  donne  aussi  quelques 
bains  émoUicnls  pour  détacher  les  croûtes  et  les  squames  qui 
recouvrent  la  peau,  mais  il  faut  user  avec  réserve  des  bains, 

21 


322  HERPÉTIDES  PURO-CRUSTACÈES. 

dont  l'aclioii  provoquti  souvent  des  poussées  huileuses.  Au 
débul,  on  devra  co|nbatlre  assez  fréquemment  la  constipa- 
tion, contre  laquelle  on  administrera  de  lé{>ers  purgatifs. 

A  une  période  plus  avancée  de  l'affeclion,  on  s'adressera  à  - 
la  médication  tonique  pour  lulter  contre  l'alTaiblissement 
pi'ogressif  :  on  prescrira  une  nourriture  réparatrice,  le  vin  de 
(quinquina  et  les  préparations  martiales  qui  sont  parfois,  il 
esl  vrai,  suppoi  técs  dilïicilement.  Lorsque  la  diarrhée  se 
déplare.  et  elle  est  IVéquenle  à  cette  époque,  il  faudra  renon- 
cer aux  toniques  :  on  ordonnera  la  poudre  de  hismulh,  le 
diascordium,  une  potion  à  la  latanhia,  les  lavements  lauda- 
nisés,  etc.,  toute  la  série  des  agents  que  l'on  emploie  jour- 
nellemçnt  contre  les  flux  intestinaux. 

Il  n'est  pas  nécessaire  d'ajouter  que  le  traitement  établi 
sur  les  données  précédentes,  est  purement  palliatif  et  qu'il  ne 
saurait  retarder  beaucoup  la  terminaison  fatale.  Il  reste 
donc  à  trouver  le  médicament  destiné  à  combattre  avec  effi- 
cacité le  pemphigus  diutinus. 


CHAPITIIE  NI. 

DES  HERPÉTIDES  PURO-URUST AGEES. 

Les  herpétides  puro-crustacées  renferment  deux  genres  : 
1»  la  mélitagre,  2"  rallection  ecthymatico-furonculaire. 
Nous  allons  connue ncer  l'étude  de  ces  affections  par  la  des- 
cription de  la  mélitagre  ou  dartre  cnistacée. 


MflLlTAGRE  IlliRPÉTIQUE, 


g  I.  —  Mélitagre. 

Melilagra  flavescens  (Alibert).  —  Impétigo  (Willan). 

La  méli.tagre  est  une  atTection  cutanée,  caractérisée  par  des 
pustules  psydraciées  qui  se  convertissent  rapidement  en 
croûtes  rocheuses,  épaisses,  jaunâtres,  ressemblant  à  une 
couche  de  miel  concret  répandue  à  la  surface  de  la  peau. 

Alibert  a  créé  l'expression  de  mélitagre  pour  désigner 
l'affection  décrite  par  Willan  sous  le  nom  d'i?npéligo;  il  en 
a  fait  une  affection  constitutionnelle,  qu'il  a  placée  dans  la 
classe  des  dermatoses  dartreuses.  Nous  admettons  bien  comme 
Alibert  que  l'impétigo  n'est  que  la  manifestation  d'un  état 
général,  mais  nous  différons  de  cet  auteur,  lorsqu'il  s'agit  de 
déterminer  la  nature  de  cet  état  général.  Pour  nous,  l'impé- 
tigo n'appartient  pas  uniquement  à  la  diatlièse  dartreuse  ; 
il  est  encore  symptomatique  de  la  dialhèse  scrofuleuse. 
Il  existe  donc  un  impétigo  scrofuleux  {impétigo  franc)  ^  qui  a 
été  décrit  parmi  les  scrofulides  exsudatives,  et  un  impétigo 
herpétique  que  nous  distinguerons  du  précédent  en  lui  appli- 
quant la  dénomiiiatioii  de  mélitagre. 

Bateman  a  décrit  cinq  variétés  d'impétigo.;  V  figurata, 
'1°  sparsa,  3°  erysipelatodes ,  h°  scabida,  5»  rodens.  Nous 
avons  démontré,  dans  nos  leçons  sur  la  scrofule,  que  l'impé- 
tigo figurata  et  l'impétigo  rodens  étaient  des  affections  scro- 
fuleuses.  Nous  ne  conserverons  pas  à  titre  de  variété  l'impé- 
ligo  érysipelatodes,  caractérisé  uniquement  par  l'existence 
d'un  état  inflammatoire  qui, se  montrant  quelquefois  au  début 
de  l'affection,  doit  être  considéré  comme  une  complication 
légère.  L'impéligo  sparsa  et  l'impétigo  scabida  sont  les  seules 
variétés  qui  appartieiment  à  la  dartre  :  ce  sont  elles  que 


^2/4  IlKRPÊTIDl'S  rLM<0-CRL'STACfiES. 

nous  éludierons  colleolivenitiiil  sous  le  uum  de  méiitagre. 

M.  Gihort,  dans  son  Manuel  des  maladies  spéciales  de  la 
peau,  donne  rob^ervation  d'un  impétigo  consliUilionnel  qui 
se  rapporte  évidemment  à  la  mélilagre. 

Symptômes.  —  On  observe  quelquefois  de  légers  sym- 
ptômes précurseurs  tels  que  malaise,  lassitude  et  anorexie; 
les  premiers  phénomènes  sunl  ordinairement  un  prurit  très 
intense  et  l'apparition  de  taches  rouges,  irrégulières  et  dissé- 
minées dans  différentes  régicîns.  Sur  ces  taches  se  montrent 
des  vésicules  i)urulentes  qui  se  transforment  promptement 
en  croûtes  épaisses,  rugueuses  et  jaunâtres  ou  verdâtres  ; 
lorsque  ces  croûtes  sont  détachées  par  des  cataplasmes,  elles 
laissent  à  nu  des  ulcérations  superlîcielles  qui  sécrètent 
une  sérosité  claire,  plastique,  capable  de  se  concréter  et  de 
former  de  nouvelles  croûtes.  Ces  dernières  disparaissent  d'une 
manière  définitive  en  laissant  une  coloration  violacée  et 
lente  à  s'elï'acer.  Tels  sont  les  différents  phénomènes  de  la 
mélilagre  dans  l'ordre  de  leur  évolution  :  nous  allons  étudier 
chacun  de  ces  symptômes  en  particulier. 

Les  pustules  sont  précédées  par  des  taches  rouges,  plus  ou 
moins  larges  ;  ces  taches,  au  lieu  d'être  éparseset  isolées,  se 
réunissent,  atteignent  parfois  des  dimensions  considérables  et 
recouvrent  la  plus  grande  partie  d'un  bras,  d'une  jambe; 
mais  lem's  bords  sont  toujours  irréguliers  et  jamais  limités 
comme  ceux  qu'on  observe  dans  la  variété  figurata.  Dans 
quelques  cas,  la  peau  présente  une  injection  érysipélateuse 
et  un  gonflement  notable;  c'est  sur  l'existence  de  ces  phéno- 
mènes inflammatoires  qu'on  se  fonda  pour  établir  la  variété 
im p  étigo  érysipelatodes . 

Los  plaques  rouges  que  nnus  venons  de  mentionner  se 
recouvrent  promptement  de  pustules  agminées,  qui  sont  [leu 


MÉLITAGRE  HERPÉTIQUE.  3125 

saillantes  et  ont  à  peine  le  volume  d'un  grain  de  chènevis. 
Ces  pustules  sont  constituées  par  des  vésicules  remplies  d'un 
liquide  purulent  ou  séro-purulent  ;  elles  se  distinguent  ainsi 
des  pustules  d'ecthyma  qui  sont  accompagnées  d'une  indura- 
lion  à  leur  base.  Après  une  durée  de  deux  à  trois  jours, 
elles  se  rompent,  laissent  écouler  un  liquide  jaunâtre,  plas- 
tique et  formant  des  croûtes  épaisses  et  rugueuses  (jue  l'on  a 
comparées  à  de  petites  masses  de  miel  desséché  ;  la  sécrétion 
continue  pendant  quelque  temps  au-dessous  des  croûtes  qui 
augmentent  en  épaisseur,  en  largeur  et  arrivent  îi  se  toucher 
par  leurs  bords.  Sur  la  limite  de  la  surface  malade,  on  voit 
encore  quelques  pustules  qui  l  appellenl  Télément  primitif.  Si 
les  croûtes  sont  disséminées  sur  différentes  régions  telles 
que  les  é[)aules,  les  bras,  la  face  et  surtout  les  membres  in- 
férieurs, Taffection  prend  le  nom  LVi?npétigo  sparsa.  D'autres 
fois  les  pustules  occupent  des  surfaces  plus  considérables; 
elles  donnent  naissance  à  des  croûtes  brunâtres  ou  jaunâtres, 
très  adhérentes,  très  épaisses,  qui  recouvrent  tout  un  membre 
et  qui  ont  été  comparées  à  l'écorce  rugueuse  de  certains 
arbres  :  à  cause  de  cet  aspect  particulier  de  l'éruption, 
l'affection  a  été  décrite  sous  le  nom  û'impétigo  scabida. 

Lorsque  les  croûtes  se  détachent  spontanément,  par 
l'application  de  cataplasmes  ou  de  quelque  autre  topique, 
elles  laissent  à  nu  une  surface  rouge,  humide  et  des  ulcéra- 
tions superficielles  ;  celles-ci  fournissent  une  exhalation  ab  n- 
dante  de  sérosité  (|ui  tache  le  linge  comme  le  liquide  de 
l'eczéma.  Cette  sécrétion  se  tarit  peu  à  peu  et  disparaît  com- 
plètement au  bout  d'un  temps  variable.  La  mélilagre  guérit 
sans  laisser  aucune  cicatrice  à  la  peau. 

Nous  devons  arrêter  un  instant  notre  attention  sur  lo 
prurit  qui  accompagne  l'éruption  mélitagrcuse.  En  effet,  le 


326  IlERPftTIDKS  PlIllO-CRLSTACÉI-S. 

pliénomènt;  piuiil  csL  constuiil,  dans  rinipétigo  darlreux, 
landis  qu'il  esl  nul  ou  peu  marqué  dans  l'inipoligo  scrofuleux. 
C'est  donc  avec  raison  que  M.  Dovergie  a  dii  :  «  Vimpétirjo 
franc  n'est  pas  sensiblement  accompagné  de  démangeaison.  »- 
Le  prurit  précède  et  accompagne  l'éruption  croùteuse;  il 
offre  quelquefois  un  tel  degré  d'intensité  que  le  malade  ne 
peut  goûter  un  instant  de  repos  pendant  la  nuit.  Nous  obser- 
vions dernièrement  un  de  ces  infortunés  qui,  depuis  plusieurs 
mois,  ne  dormait  que  trois  ou  quatre  heures  dans  la  journée. 

La  mélitagre  coïncide  souvent  avec  des  migraines,  avec  des 
dyspepsies  ou  avec  d'autres  accidents  herpétiques.  Lorsqu'elle 
envahit  une  grande  surface,  comme  la  totalité  d'un  membre, 
on  conçoit  qu'elle  rende  les  mouvements  difficiles  et  dou- 
loureux. 

Siège  topographique. — Le  siège  occupé  par  l'impétigo  dar- 
treux  est  important  à  considérer.  En  général,  l'affection  existe 
sur  plusieurs  régions  et  présente  une  disposition  symétrique  : 
elle  se  montre  sur  les  deux  bras,  sur  les  deux  jambes,  sur  les 
deux  joues,  etc.  La  symétrie  de  Téruptioii  est  un  caractère 
que  nous  avons  signalé  dans  la  plupart  des  herpétidès. 

Dans  la  variété  sparsa,  l'éruption  est  disséminée  par  pla- 
ques petites  et  irrégulières  sur  différentes  régions-,  dans  la 
variété  scabida,  elle  se  fait  par  larges  plaques  et  se  trouve 
répartie  sur  un  plus  petit  nombre  de  surfaces. 

La  mélitagre  se  manifeste  dans  des  lieux  de  prédilection 
différents  de  ceux  que  l'on  rencontre  dans  l'impétigo  scrofu- 
leux :  elle  se  montre  de  préférence  sur  les  membrès,  et  par- 
ticulièrement aux  creux  poplités,  aux  plis  des  bras,  à  la 
partie  interne  des  cuisses  et  des  bras  ;  elle  se  développe  fré- 
quemment sui-  les  épaules,  sur  la  partie  antérieure  de  la  poi- 
trine et  sur  les  joues.  L'iinj)éligo  darlreux  peut  encore  siéger 


MÉLITAGRE  H.  RPÉTIQUE.  327' 

sur  le  cuir  chevelu  ;  mais  il  est  aus^i  rare  dans  cette  région 
que  l'impétigo  scrofuleux  y  est  fréquent. 

Marche,  durée  et  terminaison.  —  Dans  les  cas  les  plus 
ordinaires,  la  mélilagre  guérit  sans  laisser  aucune  cicatrice. 
Elle  a  une  durée  très  variable;  ainsi,  elle  peut  exister 
pendant  quelques  septénaires,  ou  elle  se  prolonge  des  mois  et 
des  années.  Souvent  la  guérison  n'est  que  temporaire;  les 
récidives  sont  séparées  par  des  intervalles  de  temps  variables 
comme  la  durée  de  l'affection  elle-même. 

Il  ne  faut  pas  croire  que  l'impétigo  dartreux  présente  tou- 
jours.une  terminaison  favorable.  Dans  la  mélitagre  ancienne 
qui  occupe  de  grandes  surfaces,  l'abondance  de  la  sécrétion, 
les  vives  démangeaisons  et  les  insomnies  répétées  finissent 
par  amener  un  épuisement  considérable. 

La  mort  pourrait  donc  survenir  dans  cet  état  de  faiblesse  ; 
mais,  elle  est  causée  plus  souvent  par  des  complications  di- 
verses telles  que  des  catarrhes  pulmonaires,  des  dyspepsies 
ou  des  diarrhées  rebelles  qui  troublent  profondément  les 
fonctions  digestives,  l'anasarque  ou  des  épanchemeiits  séreux 
dans  les  grandes  cavités  splanchniques.  Dans  le  cas  d'impé- 
tigo constitutionnel,  rapporté  par  M.  Gibert,  le  malade  a 
succombé  en  présentant  des  phénomènes  gastriques  rebelles, 
de  l'œdème  en  plusieurs  points  et  une  aggravation  dans  les 
symptômes  d'un  catarrhe  qui  datait  de  plusieurs  années. 

Diagnostic.  —  L'impétigo  est  suffisamment  caractérisé  par 
le  développement  de  pustules  psydraciées,  disposées  sur  des 
surfaces  rouges,  et  par  des  croûtes  épaisses,  rocheuses  et 
jaunâtres  ;  il  est  facile  de  le  distinguer  de  l'acné  et  de  l'ec- 
thyma.  S'il  siège  à  la  face  ou  au  cuir  chevelu,  il  pourrait 
être  confondu  avec  la  mentagre,  avec  le  favus  et  avec  l'ec- 
zéma iuipéligineux.  Ces  différents  points  de  diagnostic  sont 


328  IILUI'/'TIDES  PUno-CHUSTACÉES. 

iniporlaiils  et  oiiL  élé  Irai  lés,  lorsque  nous  avons  étudié  l'ec- 
zéma cl  les  afiections  parasitaires. 

Nous  passons  immédialement  à  une  autre  partie  du  dia- 
gnostic non  moins  intéressante,  à  celle  qui  concerne  lanalui  c 
de  l'impétigo.  Cette  affection,  comme  nous  Tavons  dit,  peut 
être  produite  par  des  causes  externes  et  par  des  causes  in- 
ternes. Il  n'est  pas  didlicile  d'arriver  à  connaître  la  nature  de 
l'impétigo  artificiel,  qui  résulte  ordinairement  de  la  présence 
des  parasites  animaux  ou  végétaux  ;  mais  l'impétigo  consti- 
tutionnel n'est  pas  une  affection  aussi  simple  :  il  est  sympto- 
matique  de  la  syphilis,  de  la  scrofule  et  de  la  dartre.  Toute- 
fois le  diagnostic  est  possible  dans  Timmense  majorité  des 
cas  entre  ces  trois  espèces  d'impétigo. 

L'impétigo  sy[)hilitique  est  caractérisé  par  'des  croûtes 
noirâtres,  adhérentes,  disposées  sous  la  forme  de  cercles  ou 
de  demi-cercles,  reposant  sur  de's  ulcérations  profondes  qui 
laissent  des  cicatrices  indélébiles.  Ajoutons  à  ces  signes  ob- 
jectifs les  renseignements  fournis  parle  malade,  et  nous  arri- 
verons facilement  à  reconnaître  l'impétigo  syphilitique. 

L'impétigo  scrofuleux  et  l'impétigo  dartreui  présentent 
entre  eux  une  plus  grande  ressemblance  qu'avec  l'affection 
précédente  ;  cependant  ils  se  distingueront  par  leurs  carac- 
tères objectifs  et  par  leurs  relations  avec  des  affections  anté- 
rieures ou  concomitantes.  Nous  avons  vu  que  l'impétigo 
scrofuleux  occlipe  de  préférence  le  cuir  chevelu  ou  la  face,  et 
que  la  mélilagre  se  montre  plus  souvent  aux  membres,  à  la 
poitrine;  nous  savons  que  le  premier  se  développe  sous  la 
forme  de  larges  plaques  arrondies  ou  ovalaires  [impétigo 
figurata),  et  que  le  second  se  manifeste  par  des  groupes 
pustuleux,  par  des  croûtes  rugueuses  et  disséminées  dans  dif- 
•férentcs  régions  {impétigo  sparsa),  ou  par  plaques  irrégu* 


MÉLITAGKE  HERPÉTIQUE.  329 

lières,  couvertes  de  croûtes  rocheuses  et  étendues  à  de 
grandes  surfaces  {impétigo  scabidd).  On  sait  encore  que  la 
mélitagre  affecte  une  certaine  symétrie  dans  son  développe- 
ment et  qu'elle  présente  une  coloration  rosée  des  téguments, 
des  croûtes  jaunâtres,  une  sécrétion  séro-purulente,  puis 
séreuse  et  plastique,  (andis  que  l'impétigo  scrofuleux  n'offre 
aucune  symétrie  dans  l'éruption  et  qu'il  est  caractérisé  par 
une  coloration  violacée  des  surfaces  malades,  par  des  croûtes 
plus  foncées  ou  verdâtres,  par  une  sécrétion  abondante  et 
purulente.  Les  engorgements  ganglionnaires  sont  rares  et 
purement  sympathiques  dans  l'affection  dartreuse  ;  ils  sont 
constants  dans  raffeclion  scrofuleuse.  Celle-ci  ne  présente 
que  de  faibles  démangeaisons,  celle-là  est  remarquable  par 
l'intensité  du  prurit.  Enfin, la  mélitagre  se  manifeste  ordinai- 
rement chez  l'adulte  et  chez  le  vieillard;  Yimpétigo  franc 
existe  plus  fréquemment  chez  Fenfant,  jusqu'à  l'âge  de  la 
puberté.  Les  affections  concomitantes  ou  antérieures,  sont 
différentes  de  part  et  d'autre  :  d'un  côté,  vous  trouverez  des 
ophthalmies  strumeuses,  de  l'acné  de  même  nature,  des  abcès 
glanghonnaires,  etc.;  d'un  autre  côté,  vous  observerez  des 
furoncles,  du  prurigo,  des.  biépharites  herpétiques.  Dans  le 
diagnostic  différentiel  de  l'impétigo  scrofuleux  et  de  l'impé- 
tigo darireux,  nous  prendrons  encore  en  considération  la 
constitution  et  les  antécédents  du  malade. 

Connaissant  la  nature  de  l'impétigo  lierpétique,  il  nous 
sera  facile  de  lui  appliquer  un  Iraitement  rationnel.  Tout  ce 
qui  concerne  Vétiologie  et  le  iraitetnent  de  la  mélitagre  se 
trouve  exposé  dans  le  chapitre  précédent,  à  propos  de  l'ec- 
zéma dartreux. 

Pronostic.  —  La  mélitagre  présente  une  longue  durée  et 
des  récidives  fréquentes.  Si  elle  venait  à  disparaître  trop 


HERPÉTIDl.b  l'UHO-CIll  STACti-S. 

rapidement  par  l'emploi  d'agents  perturbateurs,  on  aurait  à 
craindre  de  graves  aeeidents  rnélastatirpies.   Enfin  ,  ikjus 
avons  vu  que  la  mort  peut  êlre  la  conséquence  de  ralîection  • 
ou  éé  plusieurs  complications  (pie  nous  avons  énumérées. 

§  II.  —  De  l'ectbyma  ou  phlyzacia.  —  I>u  furoncle. 

Dans  le  chapitre  consacré  à  l'étude  des  artliritides  puro- 
crustacées,  nous  avons  exposé  les  caractères  de  l'ecthyma  et 
du  furoncle.  Nous  avons  montré  l'analogie  qui  existe  dans 
lès  phénomènes  de  ces  deux  affections  :  l'une  est  caractérisée 
par  une  inflammation  des  couches  superficielles  dii  dèrrne, 
l'autre  par  une  inflammatioii  des  aréoles  du  derme  ;  toutes 
deux  présentent  parmi  leurs  éléments  morbides  une  produc- 
tion pseudo-membraneuFe. 

Les  furoncles  et  les  pustules  d'ecthyma  sont  quelquefois 
occasionnés  par  la  malpropreté  et  par  l'application  d'agents 
irritants  sur  la  peau  ;  ils  se  rencontrent  souvent  dans  la  gale 
et  dans  les  teignes.  Dans  ces  deux  circonstances,  ces  affec- 
tions sont  produites  artificiellement  par  des  causes  ex- 
ternes. 

L'éruption  ecthymatico  -  furonculaire  apparaît  encore 
comme  affection  pàthogénétique  chez  les  malades  traités 
pendant  longtemps  par  les  préparations  arsenicales  et  al- 
calines. 

Enfin,  on  observe  fréquemment  l'ecthyma  et  le  furoncle 
dans  le  cours  des  affections  arthritiques  èl  herpétiques.  On 
pourrait  se  demander  si  l'éruption  ecthymalico-furonculaire 
est  bien  un  symptôme  de  fa  dartre,  et  si  elle  n'est  pas  plutôt 
tind  complication  de  cette  maladie  constitutionnelle  ou  une 


ECTHYMA  OU  PHLYZACIA.  —  FURONCLE.  331 

affeclion  patliogénélique.  La  longue  durée,  les  poussées  suc- 
cessives de  l'affeclion  ecthymatico-furonculaire,  ses  alter- 
nances avec  d'autres  affections  herpétiques  dont  elles  sem- 
blent parfois  tenir  la  place,  les  modifications  qu'elle  subit 
sous  l'influence  de  la  médication  anti-herpétique,  toutes  ces 
considérations  nous  empêchent  de  lui  refuser  un  caractère 
constitutionnel. 


TROISIÈME  PARTIE, 


OBSERVATIONS. 


Les  limites  de  cet  ouvrage  ne  nous  permettent  pas  de  rap- 
porter autant  d'observations  que  nous  aurions  voulu.  Nous 
nous  bornerons  à  donner  l'histoire  de  quelques  affections 
types  de  l'artliritis  et  de  la  dnrlre.  Parmi  les  observations 
déjà  nombreuses  que  nous  possédons,  nous  avons  choisi  celles 
qui  se  rapportent  aux  arthrilides  et  aux  herpétides  les  plus 
communes,  et  parlant,  les  plus  importantes  au  point  de  vue 
pratique. 


Observation  1".  —  Erythème  papulo- tuberculeux  arthritique. 

Laurentine  (Marie),  âgée  de  trente-cinq  ans,  cuisinière,  est  entrée 
in  8  juillets  859.  ^ 

Absence  de  renseignements  sur  la  santé  des  parenis. 

La  malade  a  toujours  joui  d'une  bonne  sanlé.  A  l'âge  de  quinze  ans, 
menstruation,  qui  a  été  constamment  irrégulière  et  peu  abondante.  Les 
règles  sont  supprimées  depuis  cinq  mois  ;  il  n'y  a  pas  de  grossesse. 

L'affection  s'est  montrée  il  y  a  quinze  jours  ;  elle  a  éié  précédée  de 
fatigue,  de  douleurs  vagues  dans  les  jambes,  et  de  quelques  picotements 
au  cou  et  aux  mains.  Une  éruption  rouge  et  boutonneuse  apparut  sur 
le  dos  des  mains  et  sur  la  nuque  ;  au  bout  de  huit  jour.-?,  un  érylhème 
accompagné  de  gonflement  et  d'élancements  s'est  déclaré  sur  les  deux 
jambes.  Cette  nouvelle  éruption  décide  la  malade  à  entrer  à  l'hôpital. 


OBSERVATIONS, 


333 


f^lal  ncluel.  —  Sur  la  face  dorsale  des  mains,  on  voit  deux  larges 
plaques  arrondies,  qui  occupent  aussi  le  dos  du  poignet;  ces  pla- 
ques présentent  une  coloration  d'un  rouge  foncé,  violacé,  et  sont  limi- 
tées par  des  éminences  papulo- tuberculeuses  de  même  couleur  et  de 
volume  variable.  Parmi  les  papules,  les  unes  ont  le  volume  d'une  petite 
lentille,  les  autres  acquièrent  les  dimensions  d'un  petit  pois.  Dans  le 
voisitiage  des  deux  plaques  principales,  on  en  voit  d'autres  plus  petites, 
qui  sont  larges  comme  une  pièce  de  cinquante  centimes  ou  d'un  franc. 
Sur  la  face  posiérieure  de  l'avant-bras,  on  observe  encore  des  éléments 
papuio-tuberculeux  viol-jcés  et  groupés  en  nombre  variable  ou  isolés. 

Au  début  de  l'affection,  le  milieu  des  plaques  était  garni  de  papules 
qui  ont  disparu  successivement  du  centre  à  la  circonférence,  à  mesure 
que  de  nouvelles  papules  se  montraient  à  la  périphérie  ;  l'éruption  (éry- 
thème  circiné)  s'est  donc  développée  comme  celle  de  l'herpès  circiné. 

A  la  nuque,  on  observe  une  plaque  semblable  à  celles  des  mains, 
mais  large  comme  une  pièce  de  cinq  francs,  et  se  prolongeant  sur  les 
parties  latérales  du  cou.  On  voit  encore  quelques  groupes  papuleux  et 
d'un  rouge  livide  sur  les  joues,  le  lobule  du  nez  et  le  menton.  Il  existe 
une  rougeur  assez  vive  aux  conjonctives;  cette  rougeur  était  beaucoup 
plus  intense,  à  ce  qu'il  paraît,  avant  l'entrée  de  la  malade. 

Sur  les  jambes  l'éruption  a  disparu  complètement. 

Les  régions  affectées  sont  le  siège  de  picotements  et  d'élancements. 

Bailleurs,  absence  de  fièvre,  bon  appétii,  sommeil. 

Traitement.  —  Repos,  purgatif  et  tisane  de  houblon, 

M  juillet.  Les  surfaces  ont  pâli  et  les  papules  se  sont  affaissées  ; 
mais  la  malade  accuse  de  vives  douleurs  dans  les  deux  genoux. 

25  juillet.  Les  douleurs  n'ont  duré  que  cinq  jours.  La  coloration 
des  conjonctives  a  disparu,  celle  des  autres  parties  affectées  est  moins 
foncée. 

15  août.  L'éruption  n'existe  plus.  Elle  s'est  terminée  par  résolution 
sous  l'influence  du  repos,  d'un  purgatif  et  d'un  régime  convenable, 

Obs.  II.  —  Erythème  papulo-iuberculeux  arthritique. 

X.  L.,  ,  âgée  de  quarante  et  un  ans,  est  entrée  le  1 7  juin  1 859, 
La  malade  n'a  pas  connu  ses  parents  et  ne  peut  donner  aucun  ren- 
seignement sur  eux.  Elle  n'a  pas  eu  de  maladies  graves,  mais  des 
indispositions  assez  nombreuses.  Ainsi,  elle  a  été  atteinte  de  gourmes 


•m 


OBSERVATIONS. 


dans  son  enfance;  alors  il  exislait  déjà  des  mauxdetêlo  violents  el  fré- 
quents. 

Vers  l'âge  de  onze  ans,  menstruation  ;  à  partir  de  cette  époque, 
coryzas  répétés,  maux  de  tête  moins  foris  qu'autrefois,  mais  plus  dura- 
bles, dyspepsie  avec  aigreur  et  pyrosis,  étourdissemenls  pour  lesquels 
la  malade  s'est  fait  saigner  tous  les  ans,  jusqu'à  l'âge  de  trente-trois  ans. 
En  outre,  le  sujet  est  atteint  de  crevasses  aux  mains  pendant  les  hivers, 
et  de  bronchites  plus  ou  moins  intenses  à  chaque  printemps. 

Apparition  de  varices  à  l'âge  de  trente  ans  :  rupture  et  ulcères  vari- 
queux à  différentes  reprises. 

Il  y  a  huit  jours,  la  malade  a  été  prise  d'une  bronchite  à  la  suite  d'un 
refroidissement;  augmentation  d'intensité  dans  les  symptômes  de  la 
bronchite  et  développement  vers  le  quatrième  jour  d'un  érythème  sur 
les  mains,  la  conjonctive,  les  paupières  et  le  lobule  du  nez. 

Etat  actuel.  —  Sur  le  dos  des  deux  mains,  plaques  circulaires, 
violacées  et  de  grandeur  variable;  les  plus  considérables  ont  la  largeur 
d'une  pièce  de  deux  francs,  les  autres  ont  celle  d'un  centime,  d'une 
pièce  de  dix  sous  ou  d'un  franc.  Parmi  ces  plaques,  les  unes  sont  lisses 
et  livides,  un  peu  saillantes  et  comme  papuleuses  ou  tuberculeuses; 
d'autres  sont  couvertes  de  papules  et  de  tubercules  arrondis  ;  d'autres, 
enfif^,  sont  lisses  à  leur  centre  et  papuleuses  à  leur  circonférence. 

Le  tissu  cellulaire  cutané  du  dos  de  la  main  est  le  siège  d'un  œdème 
considérable  et  rénitent. 

Les  conjonctives  sont  fortement  injectées  et  présentent  une  couleur 
violacée  ;  à  droite,  il  existe  même  une  hémorrhagie  dans  l'épaisseur  de 
la  muqueuse. 

Les  paupières,  et  surtout  la  paupière  supérieure,  le  lobule  du  nez 
sont  occupés  par  une  rougeur  érylhémateuse  d"un  rougé  foncé,  livide. 

D'ailleurs,  sur  les  parties  malades,  absence  de  prurit  et  présence  de 
chaleur  ou  de  cuisson. 

TraUemenl.  —  Repos,  régime  doux, 

25  juin.  La  bronchite  a  cessé,  l'œdème  est  moins  considérable  et 
se  laisse  déprimer. 

30  juin.  L  iiifiltration  du  tissu  cellulaire  a  disparu,  l'éruption  pa- 
puleuse  s'est  affaissée  en  grande  partie  et  ne  détermine  que  de  légers 
picotements.  , 

15  août.  La  malade  est  guérie.  Il  ne  reste  aucune  trace  de  l'af- 
fection. 


OBSERVATIONS. 


335 


Obs.  III.  —  Erythème  noueux  et  eczéma  arthritique. 

Drouart  (Joséphine),  âgée  de  vingt  ans,  couturière,  est  entrée  le 
8  juin  4  859. 

Antécédents.  —  Le  pore  de  la  malade  est  mort  à  trente-six  ans  ;  pas 
de  renseignements  sur  sa  santé. 

La  mère  de  la  malade  est  âgée  de  cinquante  ans  ;  elle  est  souvent 
affectée  de  douleurs  rhumatismales  dans  les  jambes,  les  bras  ou  les 
reins  ;  ces  douleurs  exigent  le  repos  au  lit  pendant  plusieurs  jours.  Va- 
rices volumineuses  aux  jambes,  maux  de  tête  qui  consistent  en  une  pe- 
santeur continuelle,  bléphaiite  chronique  et  fistule  lacrymale.  Cette 
femme  a  eu  trois  sœurs,  dont  l'une  est  affectée  de  douleurs  rhumatis- 
males ;  elle  a  eu  six  enfants  qui  existent  tous.  L'enfant  le  plus  âgé  a 
vingt- six  ans;  il  est  maigre,  d'une  faible  constitution,  sujet  à  s'enrhu- 
mer ;  il  a  eu  des  convulsions  dans  son  enfance.  Une  fille,  âgée  de  vingt- 
quatre  ans,  a  eu  également  des  convulsions  ;  elle  se  plaint  souvent  de 
douleurs  à  leslomac,  aux  reins  et  dans  le  bas-ventre  ;  pendant  quelque 
temps,  dartres  à  la  figure.  Qn  garçon,  âgé  de  vingt-diux  ans,  est  fré- 
quemment atteint  d'angines  pendant  les  hivers  :  épistaxis,  cory/.as 
fréquents. 

Quant  à  la  malade,  elle  était  sujette  aux  maux  de  tête  dans  son  en- 
fance et  s'enrhumait  facilement;  la  facilité  à  contracter  des  bronchites 
sous  l'influence  des  changements  de  température  ou  des  refroidisse- 
ments persiste  encore.  A  quatorze  ans,  menstruation  :  règles  peu  abon- 
dantes. Après  la  puberté,  la  malade  a  toussé  longtemps  ;  elle  avait  de 
fréquentes  angines  et  de  la  dyspepsie.  Depuis  quatre  ou  cinq  ans,  elle 
a  eu,  à  plusieurs  reprises,  des  plaques  d'eczéma  fixées  sur  la  figure  et 
sur  les  mains  (ces  plaques  ressemblaient  à  celles  que  porte  la  malade 
en  ce  moment). 

Pendant  cinq  à  six  jours,  malaise,  lassitude  gétiérale,  douleurs  dans 
les  jambes  et  dans  les  reins,  mouvement  fébrile  vers  le  soir  et  perte 
d'appétit.  Alors  des  plaques  rouges,  accompagnées  d'élancements  se 
sont  développées  sur  les  jambes  :  en  même  temps,  apparition  d'un 
groupe  vésiculeux  d'eczéma  au-des<us  de  la  pommette  gauche,  et  au 
bout  de  quelques  jours,  éruption  de  vésicules  sur  le  dos  des  mains. 

Etat  actuel.  —  Sur  la  face  antérieure  des  jambes  existent  plusieurs 
taches  ovalaires  d'un  rouge  vif  et  môme  violacé,  de  la  largeur  d'une 
pièce  d'un  ou  de  deux  francs.  Quelques-unes  de  ces  taches  se  réunissent 


OUSKUVATION.c. 


pour  former  de  larges  plaques  indurées.  Ces  plaques elces  laclipssoiit  un 
peu  saillaiiles  el  constituées  par  un  noyau  d'induration  qui  intéresse 
l'épaisseurilu  dorme  et  pénètre  dans  le  tissu  cellulaire  ;  elles  sont  le  siège 
do  picolemenis,  d'élancements  el  d'une  vive  douleur  à  la  pression. 

Au-dessus  de  la  pommelle  gauche,  se  trouve  une  plaque  largecomme  ' 
une  pièce  de  cinq  Trancs,  couverte  de  vésicules  et  de  petites  squames 
grises  ot  un  peu  humides  ;  sur  le  front  existe  une  plaque  analogue,  mais 
plus  petite.  Sur  le  dos  des  deux  mains,  on  voit  aussi  quelques  petits 
groupes  d'eczéma  sec.  Enfin,  sur  les  bras,  nous  observons  des  taches 
rouges  et  un  peu  saillantes;  mais  elles  sont  plus  petites  el  moins  nom- 
breuses que  celles  des  jambes.  D'ailleurs,  la  malade  est  fortement  con- 
stituée; elle  est  douée  d'un  tempérament  sanguin.  Comme  il  existe  en- 
core un  peu  de  fièvre,  on  prescrit  une  saignée  le  premier  jour. 

4 2  juin.  — L'appétit  n'est  pas  revenu  :  la  langue  est  saburrale.  Il 
n'existe  plus  de  fièvre. 

Parmi  les  plaques,  les  unes  ont  perdu  leur  coloralian  primitivement 
rouge  ei  offrent  une  teinte  noirâtre  ou  ecchymotique  ;  d'autres  sont 
moins  dures  et  paraissent  comme  fluctuantes. 

On  prescrit  un  purgatif  :  une  bouteille  d'eau  de  Sedlitz. 

20  juin.  —  Toutes  les  tumeurs  sont  en  voie  de  disparition  ;  quelques- 
unes  n'existent  plus  ou  sont  remplacées  par  une  légère  teinte  jaunâtre, 
véritablement  ecchymotique.  L'appétit  est  revenu.  On  a  ordonné  quel- 
ques bains  alcalins. 

1  '"^  juillet.  —  La  malade  est  guérie  à  la  fois  de  l'érythème  noueux  et 
de  l'eczéma.  Elle  demande  à  sortir. 

Obs.  IV.  —  Arlhritides  mulliples  :  urticaire  avec  hémorrhagie,  lichen 
uriicans,  érylhème  marginé. — Ulcères  variqueux. 

Daubremer  (Jacques),  âgé  de  cinquante  ans,  jardinier,  est  entré  le 
15avriH8S9. 

Antécédenls.  —  Père  mort  à  soixante-dix-sept  ans  du  choléra  ;  il  avait 
des  varices  aux  jambes  et  des  douleurs  dans  les  reins  et  dans  les  mem- 
bres. Il  toussait  souvent  pendant  les  hivers,  et  il  eut  une  pneumonie; 
à  plusieurs  reprises,  il  fut  affecté  de  dartres  peu  étendues  et  arrondies 
sur  le  visage  et  sur  les  mains.  D'ailleur.'J,  il  avait  le  teint  coloré  et  il 
était  doué  d'une  forte  constitution. 

La  mère  du  malade  est  morte  du  choléra  à  soixante-quinze  ans;  elle 
était  sujette  à  des  maux  de  tête  violents,  qui  revenaient  presque  tous 


OBSERVATIONS. 


337 


les  huit  jours  et  l'obligeaient  à  garder  le  lit  ;  elle  avait  aussi  des  dou- 
leurs d'estomac  et  souvent  des  digestions  pénibles.  Elle  eut  quatre 
enfants:  l'un  (âgé  de  quarante  et  un  ans)  se  livrait  à  la  boisson,  et 
mourut  en  quatre  jours  avec  délire  et  perte  de  connaissance  subite  ;  une 
autre  (fille  Agée  de  quarante-trois  ans)  est  morte  à  la  Pitié,  à  la  suite 
d'une  opération  motivée  par  un  ulcère  de  matrice. 

Le  troisième  enfant  est  le  malade  dont  il  est  question.  —  Absence  de 
signes  de  scrofule. 

Dans  sa  jeunesse,  coryzas  fréquents,  angines  légères,  répétées  et 
survenant  dans  l'hiver.  A  l'âge  de  quinze  ans,  douleur  rhumatismale 
dans  la  nuque  et  les  parois  thoraciques  pendant  cinq  mois;  depuis  celte 
époque,  les  douleurs  n'ont  pas  reparu.  Vers  quarante  ans,  établissement 
d'un  flux  sanguin  par  le  rectum,  paraissant  tous  les  mois  et  même  deux 
fois  par  mois;  aucune  tumeur  hémorrhoïdale  visible  à  l'extérieur. 

Dès  sa  jeunesse,  varices  sur  les  deux  jambes. 

A  trente-huit  ans,  congestion  cérébrale  avec  perte  de  connaissance, 
saignée;  à  quarante  ans,  nouvelle  congestion,  saignée. 

Depuis  quatorze  ans,  les  varices  se  sont  ulcérées. 

Constitution  forte,  tempérament  sanguin. 

Le  malade  se  nourrit  assez  bien  et  avoue  qu'il  abuse  parfois  des  al- 
cooliques. 

Etal  actuel.  —  On  voit  à  la  face  interne  des  jambes  deux  vastes  ul- 
cères, larges  comme  la  paume  de  la  main.  Ces  ulcères  présentent  des 
bords  épais  et  calleux,  une  surface  violacée  et  fongueuse;  ils  sont  en- 
tourés par  des  veines  volumineuses  et  flexueuses,  qui  se  continuent  à 
la  face  interne  des  cuisses.  La  saphène  interne,  au  niveau  de  la  cuisse 
a  le  volume  du  petit  doigt.  Il  existe  peu  de  douleur,  quand  le  malade 
garde  le  repos. 

Les  pieds  et  les  jambes  sont  œdématiés. 

En  ce  moment,  flux  sanguin  par  le  rectum,  éblouissements  et  dureté 
de  l'ouïe.  Déjà  la  dureté  de  l'ouïe  s'est  manifestée  trois  ou  quatre  fois 
depuis  cinq  ans;  elle  persistait  chaque  fois  pendant  deux  à  trois  mois. 
Bon  appétit,  digestion  facile. 

Traitement.  —  Repos,  un  bain,  cataplasmes. 

16.  Les  plaies,  sous  l'influence  des  moyens  précédents,  offrent  un 
meilleur  aspect;  on  les  recouvre  de  bandelettes  de  diachylon. 

19.  Les  ulcères  sont  cicatrisés  dans  la  moitié  de  leur  étendue.  On 
place  de  nouvelles  bandelettes. 

22.  La  cicatrisation  marche  avec  rapidité;  il  reste  deux  plaies  de  la 

22 


338 


OBSr.RVATlONS. 


largeur  d'une  pièce  de  5  fr.  Mais  on  aperçoit  ce  malin  des  saillies 
rouges,  grosses  comme  une  lentille  ou  comme  un  petit  pois,  disséminées 
sur  les  cuisses  et  les  bras  ;  quelques-unes  existent  sur  l'abdomen. 
Celte  éruption  s'accompagne  de  cuisson  et  de  prurit. 

23  avril.  Les  papules  sont  plus  nombreuses;  elles  se  réunissent  sur 
quelques  points  au  nombre  de  quatre  à  cinq  et  forment  de  petites  pla- 
ques arrondies  et  à  bords  proéminents  :  ces  petites  plaques  existent  sur 
les  cuisses  et  les  mains.  Démangeaisons  vives,  picotements,  surtout  vers 
le  soir. 

26  avril.  L'éruption  papuleuse  et  en  plaques  persiste,  mais  depuis 
hier,  des  plaques  nou\ elles  se  sont  montrées  :  elles  sont  arrondies,  dé- 
primées et  blanches  an  centre,  rouges  sur  leurs  bords  qui  sont  saillants  ; 
à  côté  de  ces  plaques  complètes  et  circulaires,  on  en  observe  d'autres 
qui  forment  des  moitiés  de  cercle,  qui  sont  plus  pâles  et  même  tout  à 
fait  blanches.  Il  paraît,  au  dire  du  malade,  qu'elles  étaient  plus  nom- 
breuses et  plus  rouges  dans  la  soirée  et  dans  la  nuit. 

29  avril.  Les  plaques  d'urticaire  sont  devenues  confluentes  à  la  face 
et  autour  (lu  genou;  plusieurs  d'entre  elles  présentent  des  taches  hé- 
morrhagiques.  On  voit  en  outre  sur  le  scrotum  trois  larges  plaques  rou- 
ges et  couvertes  de  grosses  vésicules  purulentes.  Hier,  avant  la  nuit, 
j'examinai  le  malade  :  l'éruption  était  remarquable  par  une  coloration 
rouge  et  même  violacée;  une  congestion  intense  s'observait  sur  toute 
l'étendue  de  la  peau.  Démangeaisons  et  surtout  élancements.  Le  pouls 
n'était  point  accéléré. 

6  mai.  L'éruplion  est  moins  confluente  :  elle  est  formée  par  un  mé- 
lange de  papules,  de  plaques  d'urticaire  et  de  taches  hémorrhagiques 
en  voie  de  disparition.  Les  ulcères  variqueux  sont  à  peu  près  cicatrisés. 

Traitemenl.  —  Un  bain  légèrement  alcalin  et  un  bain  d'amidon  tous 
les  deux  jours. 

26  mai.  Le  malade  demande  à  sortir.  Les  ulcères  sont  guéris;  mais 
il  reste  encore  un  assez  grand  nombre  de  papules  rosées  sur  les  cuisses 
et  les  bras, 

Obs.  V.  —  Hydroa  vésiciileux. 

Duchemin  (Victor),  âgé  de  vingt- six  ans,  tourneur  sur  cuivre,  est 
entré  le  1 3  mai  1 859. 

Anlécédenls.  —  Le  père  du  malade  est  mort  dn  pylore^  à  l'âge  de 
vingt-neuf  ans  ;  vomissements  incoercibles. 


OBSERVATIONS. 


339 


La  mère  du  malade  est  âgée  de  quarante  et  un  ans.  —  Varices  vo- 
lumineujfes  et  démangeaisons  aux  jambes  ;  maux  de  lête  fréquents.  Elle  a 
deux  sœurs  .  toutes  deux  ont  eu  des  migraines,  et  l'une  d'elles  était  aslh- 
maiique  et  avait  des  piluites.  Son  père  est  mort  à  l  âge  de  soixante- dix 
ans  :  il  avait  des  maux  de  lête,  des  étourdissements,  et  souvent  il  per- 
dait la  mémoire. 

Un  frère  du  malade,  âgé  de  seize  ans,  est  sujet  aux  épistaxis  et  aux 
céphalalgies;  il  lui  survient  tous  les  cinq  ou  six  mois,  depuis  deux  ans, 
une  éruption  vésiculeiise  sur  le  menton  et  quelquefois  sur  les  mains  : 
celte  éruption  ressemble  à  celle  que  présente  le  malade. 

Quant  au  malade,  il  fut  atteint  de  convulsions  dans  son  enfance  ;  puis 
il  a  été  affecté  de  la  fièvre  inlermittente,  à  des  époques  rapprochées,  jus- 
qu'à l'âge  de  douze  ans.  Il  est  sujet  aux  coryzas,  aux  bronchites,  aux 
angines  el  aux  étourdissements  ;  fluxion  de  poitrine  à  l'âge  de  quinze  ans; 
à  plusieurs  reprises,  éruptions  furonculaires  ;  douleurs  musculaires  aux 
lombes  et  dans  les  membres,  pour  lesquelles  le  malade  a  pris,  un  grand 
nombre  de  bains  de  vapeur.  Teint  coloré,  cheveux  châtains  et  tempé- 
rament sanguin. 

Le  4 1  mai,  le  malade  s'aperçut  à  son  réveil  qu'il  avait  sur  les  avant- 
bras  des  taches  rouges  et  accompagnées  de  démangeaisons  ;  il  alla 
prendre  un  bain.  Le  lendemain,  fièvre  et  douleur  à  la  gorge  ;  des  vési- 
cules s'étaient  développées  sur  les  taches  qui  existaient  la  veille,  el  d'au- 
tres taches  s'étaient  montrées. 

Elal  actuel.  — Sur  la  face  externe  des  avant-bras,  mais  surtout  sur  le 
dos  de  l 'avant-bras  gauche,  on  observe  des  taches  rouges,  violacées,  ar- 
rondies, dont  les  dimensions  varient  depuis  celles  d'une  petite  lentille 
jusqu'à  celles  d'une  pièce  de  vingt  centimes.  Ces  taches  présentent  des 
bords  légèrement  saillants  et  nettement  accusés;  elles  sont  légèrement 
déprimées  au  centre  et  entourées  d'une  petite  aréole  rosée  qui  se  con- 
fond insensiblement  avec  la  couleur  normale  de  la  peau.  Quelques-unes 
offrent  à  leur  pcirlie  médiane  une  petite  vésicule  remplie  d  un  liquide 
transparent;  d'autres  sont  remarquables  par  l'existence  d'une  petite 
croutelle  noirâtre  ou  jaunâtre  et  entourée  d'un  li.>;éré  blanchâtre;  enfin 
les  bords  de  plusieurs  d'entre  elles  sont  couverts  d'un  grand  nombre  de 
vésicules  miliaires,  tandis  qu'il  existe  une  vésicule  centrale  plus  volu- 
mineuse. 

L'éruption  est  discrète  :  les  plaques  sont  isolées  en  général,  mais 
quelques-unes  se  louchent  par  leur  circonférence. 

L'isthme  du  gosier  est  uniformément  rouge;  la  base  de  la  luette  est 


3/lO  OBSERVATIONS. 

ehveloppée  par  une  couronne  de  véhicules  blanchâtres  qui  reposent  sur 
des  taches  violacées. 

Il  existe  à  peine  quelques  démangeaisons  sur  les  bras.  Les  symptômes 
fébriles  ont  cessé;  bon  appétit. 

Trailement.  —  Tisane  de  houblon,  bains  alcalins. 

18  mai.  La  plupart  des  croûtes  se  sont  détachées  en  laissant  des 
macules  violacées. 

Les  plaques  ne  sont  plus  saillantes. 

25  mai.  Le  malade  sort  en  ne  conservant  que  quelques  taches  rou- 
ges qui  s'effacent  de  jour  en  jour. 

Ocs.  VI.  —  Hydroa  vésiculeux, 

Noirol  (Ânnelte),  âgée  de  vingt-sept  ans,  domestique,  est  entrée  le 
29  avriH859. 

Anlécédenls.  —  Absence  de  renseignements  sur  la  santé  du  père  et 
de  la  mère. 

La  malade  a  cinq  frères  qui  se  portent  bien  ;  elle  a  eu  dans  son  en- 
fatice  des  gourmes  et  des  ophthalinies  à  plusieurs  reprises. 

A  dix-neuf  ans,  menslrualion  el  dysménorrhée  ;  maintenant  règles 
plus  régulières  et  peu  abondantes.  La  malade  a  eu  plusieurs  angines; 
mais  le  coryza  est  l'affection  la  plus  fréquente  chez  elle  :  il  revient  tous 
les  hivers  et  dure  longtemps. 

Il  y  a  trois  ans,  à  la  suite  d"un  refroidissement,  apparition  de  boutons 
semblables  à  ceux  qui  existent  aujourd'hui. 

La  jeune  fille  luibite  Paris  depuis  un  an.  Au  commencement  de  l'hiver, 
après  une  marche  prolongée,  éruption  de  lâches  rouges  et  de  vésicules 
sur  les  deus.  genoux,  avec  démangeaisons.  L'affection*  ne  préoccupa 
nullement  la  malade  et  disparut  peu  à  peu.  Mais  il  y  a  trois  jours, 
fatigue,  malaise,  fièvre,  picotements  et  démangeaisons  sur  le  dos  des 
mains;  le  lendemain  développement  de  taches  rouges  et  de  vésicules 
sur  les  mains. 

Etal  actuel.  —  L'éruption  siège  sur  le  dos  des  mains  et  des  doigis  : 
elle  est  caractérisée  par  des  taches  rougfs,  circulaires,  de  la  largeur 
d'une  grosse  lentille,  à  bords  saillants.  Sur  quelques-unes  on  aperçoit 
une  croûte  noirâtre,  un  psu  déprimée;  sur  d'autres,  on  observe  une 
vésicule  unique  et  remplie  d'une  sérosité  jaunâ're.  On  peut  suivre  le 


OBSERVATIONS.  3 /il 

développement  de  l'affection  :  il  existe  d'abord  une  petite  vésicule  trans- 
parenle,  puis  se  montre  autour  de  la  vésicule  une  auréole  rouge  qui 
s'élargit  du  centre  à  la  circonférence,  en  même  temps  que  ses  bords 
deviennent  légèrement  saillants. 

Sur  le  dos  des  mains,  plusieurs  disques  se  confondent  par  leur  circon- 
férence; la  plupart  sont  isolés.  Autour  des  genoux  on  remarque  des 
taches  violacées,  mais  on  ne  voit  aucune  véhicule.  On  trouve  quatre 
taches  violacées  et  vésiculeuses  à  la  face  interne  delà  lèvre  inférieure. 

Absence  de  phénomènes  généraux;  un  peu  de  prurit  et  picotements  ; 
bon  appétit. 

La  malade  est  bien  constituée,  douée  d'un  tempérament  sanguin; 
caractère  irascible. 

Traitement.  —  Tisane  de  pensée  sauvage  et  bains  alcalins. 

20  avril.  La  malade  ?ort  ;  il  ne  resiequedes  taches  rouges  à  la  place 
occupée  par  l'éruption. 

Obs.  VII.  —  Hydroa  vésiculeux. 

Dijou  (Sophie),  femme  de  ménag^^,  est  entrée  le  22  juillet  1859, 
âgée  de  cinquante-deux  ans. 

Antécédenla.  —  L*e  père  était  atteint  d'un  catarrhe  depuis  un  grand 
nombre  d'années;  il  est  riiort  subitement  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans. 

La  mère  de  la  malade  est  morte  subitement  à  l'âge  de  soixante-qua- 
torze ans.  Elle  avait  de  l'embonpoint  et  était  d'une  grande  taille  ;  elle 
a  souffert  longtemps  de  douleurs  dans  les  genoux  et  dans  les  mains. 

La  malade  a  été  affectée  de  gourmes  dans  son  enfance  ;  petite  vérole 
à  quatre  ans;  menstruation  à  dix  ans;  dysménorrhée.  A  partir  de  la 
puberté,  dyspepsies  fréquentes,  céphalalgies  jusqu'à  quarante  ans  ;  dou- 
leurs goutteuses  dans  les  mains  dès  la  jeunesse  (médius  de  la  main 
droite  présentant  des  tophus  au  niveau  des  articulations  phalangiennes) . 

Coryzas  et  bronchites  fréquentes  pendant  l'hiver,  crampes  dans  les 
membres. 

A  quarante  ans,  suppression  des  règles  à  la  suite  d'une  frayeur  ; 
l'hiver  dernier,  ophlhalmie  avec  érythème  palpébral  à  droite. 

Il  y  a  trois  mois,  apparition  de  taches  rouges,  accompagnées  de  dé- 
mangeaisons sur  l'avant-bras  gauche;  le  lendemain,  développement  de 
petites  vésicules  sur  les  taches;  quelques  jours  après,  des  vésicules  ana- 
logues se  sont  montrées  sur  la  main,  puis  sur  l'avant-bras  du  côte  droit. 


3V2  OnSERVATIONS. 

Podssées  successives  depuis  cette  époque;  lu  malade  s'est  contentée  de 
boire  de  la  tisane  de  houblon. 

Bonne  constitution,  tempérament  sanguin;  nourriture  assez  conve 
nable. 

Eiat  actuel.  —  Sur  les  avant-bras,  on  aperçoit  de  petites  taches 
violacées  de  la  largeur  d'une  pièce  de  vingt  centimes  ;  qut'Iques-unes,  à 
droite,  présentent  des  bords  légèrement  saillants  et,  à  leur  centre,  une 
croûte  jaunfttre  ou  une  petite  vésicule  transparente  :  d'autres  sont  re- 
couvertes de  grosses  vésicules  remplies  de  pus,  et  du  volume  d'un 
petit  pois.  Enfin,  on  observe  des  disques  rouges  sans  vésicules  e!.  des 
taches  violacées  qui  ont  remplacé  les  croûtes. 

Ces  éléments  éruptifs  sont  isolés  et  assez  nombreux;  ils  occupent  sur 
les  deux  avant-bras  deux  surfaces  qui  ont  la  largeur  de  la  paume  de 
la  main. 

A  la  face  antérieure  et  sur  les  côtés  des  genoux,  on  remarque  des 
groupes  de  taches,  dont  les  unes  se  présentent  sous  la  forme  de  l'éry- 
thème  marginé  (disques  saillants  sur  les  bords),  et  dont  les  autres  sup- 
portent à  leur  centre  une  vésicule  ou  une  petite  croûte  jaunâtre  Quelques 
taches  analogues  existent  aussi  sur  la  partie  antérieure  de  la  poitrine,  au 
niveau  de  l'extrémité  supérieure  du  sternum.  D'ailleurs,  l'appétit  est 
conservé;  constipation,  dyspepsies  moins  fréquentes  et  moins  intenses 
depuis  l'existence  de  l'éruption.  Il  faut  noter  la  présence  de  picotements 
sur  les  parties  affectées  ;  les  démangeaisons  sont  presque  nulles. 

Traitement. . —  Bains  alcalins,  tisane  de  houblon,  et  sirop  alcalin. 

8  août  Tandis  que  les  vésicules  se  transforment  en  croûtes  qui 
tombent  en  laissant  des  macules  violacées,  des  vésicules  et  des  taches 
nouvelles  se  produisent  de  temps  en  temps. 

4  5  août.  Les  poussées  sont  moins  fréquentes  ;  même  état  général  et 
même  traitement. 

20  août.  L'éruption  est  beaucoup  moins  conduente;  il  n'existe  plus 
que  quelques  groupes  vésiculeux  sur  les  avant-bras  ;  ailleurs,  on  n'ob- 
serve que  des  taches  rouges.  La  malade  demande  à  sortir  et  à  continuer 
le  traitement  chez  elle. 

Obs.  VIII.  —  Pemphigus  chronique,  de  nature  arthritique.  —  Mort. 

Carret  (Louis),  âgé  de  cinquante-cinq  ans,  cuisinier,  est  entré  le 
10  juin  1859. 

Antécédents.  —  Père  mort  à  soixante-quinze  ans  ;  il  a  été  malade  peu- 


OBSERVATIONS. 


dant  six  mois  :  il  avait  de  violentes  douleurs  de  tête  el  avait  perdu  com- 
plètement l'appétit;  il  a  succombé  subilemeot.  Il  était  souvent  affecté, 
pendant  l'hiver,  de  creN'asses  au  talon  qui  empêchaient  la  marche;  il 
eut  un  frère  qui  mourut  d'attaque  d'apoplexie  à  l'âge  de  soixante-sept 
ans. 

Sa  mère  toussait  hiver  comme  été  depuis  de  longues  années;  elle 
vomissait  fréquemment,  surtout  le  matin.  Elle  est  morte  dans  un  étal 
voisin  de  la  démence,  à  l'âge  de  soixante-dix-sepl.  ans,  quelque  temps 
après  la  perte  de  son  mari. 

Le  malade  eut  une  grave  fluxion  de  poitrine  à  l'âge  de  quatorze  ans  ;  à 
trente  ans,  apparition  de  varices  sur  les  jambes.  Il  a  toujours  été  sujet 
aux  maux  d'estomac  et  à  contracter  des  bronchites  :  il  vomit  lous  les 
nialins  à  jeun,  el  il  est  atteint  d'un  catarrhe  chronique  depuis  plusieurs 
années.  Il  y  a  deux  ans,  existence  de  démangeaisons  vives  à  l'anus,  au 
scrotum  el  aux  jambes. 

Il  travaille  dans  un  endroit  humide  et  peu  éclairé;  il  a  beaucoup 
fatigué  depuis  le  mois  d'avril.  Le  début  du  pemphigus  remonte  à  deux 
mois,  mais  depuis  longtemps  il  avait  déjà  des  démangeaisons  sur  le 
corps,  principalement  à  la  plante  des  pieds  et  à  la  paume  des  mains. 
L'affection  a  commencé  par  l'apparition  de  quelques  bulles,  d'abord  sur 
le  poignet  gauche,  puis  sur  l'avant- bras  du  côté  droit.  L'éruption  était 
Irès  discrète  et  avait  lieu  par  poussées  successives  ;  elle  n'a  pas  empêché 
le  malade  de  travailler  jusqu'à  ce  jour. 

Absence  de  phénomènes  généraux,  bon  appétit;  digestions  faciles; 
les  vomissements  ont  cessé  depuis  l'existence  des  bulles  ;  constipation 
habituelle.  Constitution  forte  ;  tempérament  sanguin  et  nerveux. 

Etat  actuel. — Il  existe  une  tuméfaction  œdémateuse  des  mains  et  des 
avant-bras,  On  voit  une  rougeur  vive  et  uniforme  sur  le  dos  des  mains  ; 
la  coloration  est  moins  vive  sur  les  avant- bras  et  s'y  montre  par  larges 
plaques  irrégulières.  A  droite  sur  le  dos  de  la  main,  on  observe  une 
bulle  unique,  transparente,  et  du  volume  d'une  petite  noix  ;  sur  le  poignet, 
groupes  de  vésicules  dont  les  unes  sont  transparentes,  et  les  autres  sont 
remplies  de  sérosité  purulente  ;  ces  bulles  ont  un  volume  qui  varie  de- 
puis celui  d'une  lentille  et  même  d'un  graili  de  millet  jusqu'à  celui  d'un 
petit  pois.  A  gauche,  on  aperçoit  des  groupes  vésiculeux  analogues  sur 
la  main  et  l'avant-bras.  D'ailleurs,  état  général  satisfaisant  :  appétit, 
bonne  digestion,  mais  constipation  et  insomnies.  Ces  dernières  sont  pro- 
duites par  un  prurit  très  intense  sur  les  parties  affectées,  sur  les  cuisses 
et  les  jambes. 


3^/*  OBSCIIVATIONS. 

Traitemcnl.  —  Nourriture  légèro,  poudre  d'amidon  en  application  sur 
les  régions  malades,  eau  de  Vicliy  à  l  inlérieur. 

14  juin.  Les  démangeaisons  sont  très  vives  et  existent  sur  tout  le 
corps  ;  des  poussées  nombreuses  de  plaques  érysipélateuses,  couvertes 
de  bulles  transparentes  ou  opaques,  purulentes,  se  sont  montrées 
sur  les  membres  supérieurs,  sur  la  face,  surtout  aux  jambes  et  aux 
cuisses;  sur  ces  dernières,  l'éruption  est  très  conflucnte. 

Le  malade  se  plaint  principalement  des  vives  démangeaisons  qui  exis- 
tent ;  il  est  agité  et  ne  peut  dormir. 

Troitement. —  On  supprime  l'eau  de  Vichy  et  l'on  se  borne  aux  appli- 
cations émoUientes.  . 

20  juin.  Les  poussées  se  sont  multipliées  :  des  bulles  et  des  plaques 
occupent  le  dos,  l'abdomen  et  même  le  cuir  chevelu.  On  trouve  des 
bulles  remplies  d'une  sérosité  transparente,  des  bulles  contenant  une 
sérosité  purulente  et  du  pus,  des  croûtes  jaunes  et  humides,  des  plaques 
rouges  avec  décollement  de  la  lame  superficielle  de  l'épiderme,  des  exul- 
cérations qui  sécrètent  un  liquide  séro-purulent. 

Des  phénomènes  généraux  se  sont  déclarés  :  fièvre,  agitation,  délire 
pendant  la  nuit  et  un  peu  de  diarrhée. 

25  juin.  L'état  s'est  aggravé  de  jour  en  jour  :  délire  continuel,  sé- 
cheresse de  la  langue,  pouls  très  fréquent.  L'éruption  a  continué  par 
poussées  successives.  Le  malade  a  succombé  dans  la  nuit  précédente. 

A  l'aulopsie,  on  trouve  la  muqueuse  intestinale  injectée.  Aucune 
autre  lésion  dans  les  viscères.  Le  crâne  n'a  pas  été  ouvert;  peut-être 
existait-il  quelques  lésions  dans  le  cerveau  ou  ses  membranes. 

Obs.  IX.  —  Pemphigus  chronique,  de  nature  arthritique.  —  Acné 
piloris  arthritique.  —  Mort. 

Lejeune  (Pierre),  âgé  de  soixante  ans,  charretier,  est  entré  le 
8  juillet. 

Le  père  a  été  malade  pendant  trois  ans;  il  est  mort  à  quarante-six 
ans,  et  il  était  paralytique. 

La  mère  du  malade  est  morte  à  quatre-vingts  ans  ;  elle  était  sujette 
aux  migraines  et  était  affectée  d'un  catarrhe  chronique. 

Le  malade  eut  des  gourmes  dans  son  enfance  ;  depuis  l'âge  de  quinze 
ans,  fréquents  maux  do  tête  avec  des  étourdissements  ;  fièvre  intermit- 
tente pendant  plusieurs  années.  A  trente-huit  ans,  blennorrhagie  et 


OBSERVATIONS. 


chancre  ;  dans  le  cours  de  l'année  suivante,  développement  d'une 
dartre  (?)  sur  la  figure,  entrée  à  l'hôpital  Saint- Louis  .et  guérison  en 
quarante-deux  jours.  A  l'âge  de  quarante-quatre  à  quarante-cinq  ans, 
pneumonie;  vers  cette  époque,  apparition  de  douleurs  assez  vives  dans 
les  bras,  les  jambes  el  les  lombes  :  un  grand  nombre  de  bains  de  va- 
peur ont  été  pris  pour  combattre  ces  douleurs  qui  ont  disparu  au  bout  de 
deux  ans. 

Le  malade  est,  depuis  sa  jeunesse,  sujet  aux  démangeaisons,  aux 
coryzas,  aux  angines  et  aux  bronchites  pendant  les  hivers  ;  il  a  eu  des 
éruptions  furonculaires  à  différentes  reprises. 

Au  mois  d'avril  dernier,  le  sujet  entre  à  l'hôpital  pour  se  faire  traiter  ; 
il  avait  une  angine  avec  fièvre,  et  l'on  pratique  une  saignée.  Le  lendemain 
des  bulles  se  montrent  sur  les  avant-bras,  et  les  jours  suivants  d'autres 
bulles  se  développent  sur  les  cuisses.  On  garda  le  malade  pendant  un 
mois,  mais  des  poussées  se  manifestaient  de  temps  en  temps. 

Constitution  forte;  système  musculaire  développé;  tempérament  san- 
guin ;  bonne  nourriture,  mais  excès  de  boissons  alcooliques. 

Etal  acluel.  —  Sur  la  partie  antérieure  des  bras  et  des  avant-bras, 
on  observe  de  petites  bulles  dont  le  volume  varie  depuis  celui  d'une 
lentille  à  celui  d'un  petit  pois.  Quelques-unes  de  ces  bulles,  les  plus 
grosses,  sont  isolées  et  entourées  d'une  aréole  d'un  rouge  foncé  ;  la  plu- 
part sont  groupées,  au  nombre  de  cinq,  dix  à  vingt,  sur  des  plaques 
arrondies,  érysipélateuses. 

Parmi  ces  bulles,  les  unes  sont  globuleuses  et  transparentes,  les 
autres  présentent  une  tache  jaunâtre  à  leur  centre  qui  est  déprimé;  on 
en  voit  encore  qui  sont  remplies  de  pus  ou  qui  sont  remplacées  par  une 
croûte  molle  et  jaunâtre.  Outre  les  bulles  et  les  plaques  érysipélateuses, 
on  observe  des  taches  violacées,  des  disques  rouges  et  légèrement  sail- 
lants. 

L'éruption  huileuse  est  disséminée  irrégulièrement  sur  les  régions 
nommées  plus  haut;  elle  existe  aussi  à  la  face  interne  des  cuisses,  mais 
elle  est  moins  confluente. 

Les  régions  affectées  sont  le  siège  de  démangeaisons  très  vives  qui 
troublent  le  repos  du  malade. 

TraUemenl.  —  Nourriture  légère  et  eau  de  Yichy  ;  bains  d'amidon. 

4  2  juillet.  Les  phénomènes  se  sont  aggravés;  les  démangeaisons 
sont  plus  vives  que  celles  des  jours  précédents  ;  les  plaques  sont  plus 
rouges  ;  des  bulles  et  des  plaques  nouvelles  se  sont  montrées  sur  les 


OBSI'HVATIONS. 

régions  primitivement  affectées  et  sur  la  face;  dans  le  dos,  apparition 
de  quelques  furoncles, 

Traiiement.  —  On  supprime  l'eau  de  Vichy  et  l'on  ordonne  une  po- 
tion renfermant  deux  gouttes  de  teinture  de  canlhariile. 

16  juillet.  Les  démangeaisons  sont  beaucoup  moins  marquées;  le 
malade  peut  dormir.  L'éruption  est  améliorée  :  les  plaques  sont  moins 
rouges  et  recouvertes  pour  la  plupart  de  croûtes  brunes  ou  jaunâtres. 
Il  n'y  a  pas  eu  de  nouvelles  poussées.  On  a  élevé  la  dose  de  teinture  de 
caiitharide  qui  a  été  portée  à  cinq  gouttes  dans  une  potion. 

19  Juillet.  Exacerbation  :  prurit  très  intense;  plaques  rouges;  déve- 
loppement de  l'éruption  sur  la  face  et  sur  le  dos.  Le  malade  prenait  une 
potion  renfermant  huit  gouttes  de  teinture  de  cantharide  :  on  supprime 
la  potion  et  l'on  saupoudre  avec  la  poudre  d'amidon  les  surfaces  af- 
fectées. 

26  juillet.  La  congestion  cutanée  est  beaucoup  moins  marquée,  et 
le  prurit  est  moins  intense.  Tous  les  matins  on  constate  l'apparition  de 
quelques  bulles. 

Traitement.  —  On  reprend  la  potion  avec  deux  gouttes  de  teinture 
de  cantharide. 

30  juillet.  Amélioration  notable  :  les  démangeaisons  sont  presque 
nulles  et  les  bulles  en  voie  de  disparition 

Traiiement.  —  Potion  avec  cinq  gouttes  de  teinture  de  cantharide. 

10  août.  Depuis  trois  jours  le  malade  prend  sept  et  huit  gouttes  de 
teinture  de  cantharide  par  jour.  Des  poussées  nombreuses  se  montrent 
sur  les  membres,  la  face  et  le  dos;  vives  démangeaisons.  On  cesse 
l'emploi  de  la  potion. 

1  5  août.  Les  phénomènes  inflammatoires  ont  à  peu  près  disparu  :  le 
prurit  est  beaucoup  moins  marqué.  Constipation  depuis  plusieurs  jours. 

Traiiement.  —  Deux  verres  d'eau  de  Sediitz. 

28  août.  On  a  repris  la  potion  ;  mais  on  n'élève  pas  la  dose  de 
teinture  au  delà  de  deux  gouttes  à  prendre  dans  la  journée. 

L'état  local  est  satisfaisant  :  les  bulles  sont  rares  et  transformées  en 
croûtes  ;  les  démangeaisons  sont  peu  vives.  Bon  appétit,  mais  toujours 
constipation. 

1 5  septembre.  Il  existe  encore  quelques  bulles  et  croûtes  brunes,  des 
taches  rouges  :  il  n'y  a  plus  de  poussées.  Le  prurit  se  fait  sentir  de 
temps  en  temps  à  l'approche  de  la  nuit.  Jusqu'à  |)résent  on  a  prescrit 
la  potion  avec  une  dose  de  deux  à  six  gcuttes  de  teinture  de  cantharide, 
on  n'a  pas  dépassé  cette  quantité. 


OBSimVATIONS. 


4  octobre.  Le  malade  demande  à  sorlir.  Il  n'y  a  pas  eu  de  poussées 
depuis  longtemps  :  il  reste  un  peu  de  prurit  et  des  taches  violacées  en 
voie  de  disparition. 

5  décembre.  Le  malade  vient  à  I  hôpital  pour  nous  consulter  sur 
une  angine  qu'il  a  contractée  depuis  quelques  jours,  11  existe  une  rou- 
geur éryihémaleuse  sur  le  voile  et  les  piliers  du  palais,  sur  le  pharynx 
et  les  amygdales  :  cuisson  et  douleur  dans  la  déglutition.  Le  pemphigus 
n'a  pas  "reparu,  mais  il  y  a  toujours  un  peu  de  prurit. 

Le  malade  assure  n'avoir  jamais  été  aussi  bien  portant  depuis  dix  ans: 
les  étourdissements  et  les  céphalalgies  ont  presque  disparu  Mais  il  attire 
notre  attention  sur  une  nouvelle  affection  qui  s'est  développée  sur  le  front, 
les  temps  et  la  nuque.  En  effet,  on  voit  à  la  racine  des  cheveux  une 
série  de  petits  tubercules  rouges  et  indurés,  groupés  par  quatre  ou 
cinq,  recouverts  à  leur  sommet  d'une  petite  croûte  jaune  et  déprimée  ; 
parmi  ces  petites  saillies,  quelques-unes  sont  traversées  par  un  poil  à 
leur  centre.  Les  éléments  tuberculeux  sont  disséminés  sur  le  front  sui- 
vant une  ligne  qui  unit  les  deux  tempes  ;  ils  existent  aussi,  mais  en  plus 
petit  nombre,  sur  la  partie  antérieure  du  cuir  chevelu;  sur  les  tempes  et 
à  la  nuque,  on  observe  des  plaques  arrondies  et  constituées  par  de  grosses 
papules  analogues  à  celles  qu'on  trouve  sur  le  front.  Dans  toutes  ces  ré- 
gions, le  malade  accuse  des  picotements  et  un  peu  de  démangeaison; 
depuis  sa  sortie  il  a  eu  des  furoncles,  et  on  en  observe  deux  qui  sont  volu- 
mineux  et  situés  sur  les  épaules. 

Traitement.  —  On  lui  prescrit  un  gargarisme  avec  quatre  grammes 
de  borax,  et  on  l'engage  à  revenir  dans  quelques  jours. 

Janvier.  Le  malade  demande  à  rentrer  à  l'hôpital  dans  les  premiers 
jours  de  janvier  :  une  récidive  s'est  montrée  et  a  été  occasionnée  par  des 
excès  de  boissons  alcooliques,  l  a  mort  est  survenue  :  les  bulles  se  sont 
développées  sur  toute  la  surface  du  corps  et  sur  la  muqueuse  buccale. 
A  l'autopsie,  nous  n'avons  découvert  aucune  lésion  appréciable  des 
viscères. 


Obs.  X.  —  Psor 


iasis  scarlatiniforme  [arthritique). 


Thord  (Jean-Baptiste),  âgé  de  quarante-sept  ans,  entré  le  2  dé- 
cembre 1  859. 

C'est  un  homme  fort,  vigoureusement  constitué,  d'un  embonpoint 
assez  considérable;  sa  santé  a  toujours  été  bonne  et  lui  a  permis,  pen- 


OnSEHVATlONS. 


fiant  de  longues  années,  de  satisfaire  à  des  fonctions  assez  pénibles, 
d'abord  dans  les  messageries,  puis  dans  les  cliemins  de  fer. 

Rien  de  scrofuleux  dans  ses  antécédents. 

Rien  de  syphilitique,  non  plus,  qu'il  sache. 

Il, n'est  sujet  ni  aux  maux  de  tôte,  ni  aux  douleurs  d'estomac;  il  a 
bon  appéfit,  et  digère  bien  lout  ce  qu'il  prend.  Mais  il  y  a  trois  an?,  il 
resta  environ  six  fcmaines  au  lit;  c'était,  à  n'en  pas  douter,  un  rhu- 
matisme articulaire  aigu,  presque  généralisé,  mais  sévissant  surtout, 
suivant  sa  remarque,  sur  les  articulations  du  côté  gauche. 

Immédiatement  après  ces  accidents,  et  sans  transition  appréciable, 
apparurent  à  la  face  palmaire  de  la  main  gauche  les  premiers  signes  de 
l'affection  cutanée  actuelle;  c'est  encore  là  qu'aujourd'hui  nous  la  trou- 
vons avec  ses  caractères  les  plus  tranchés.  Elle  débuta,  nous  dit  le 
malade,  par  de  légères  crevasses  ou  de  petits  points  reconnaissables  à 
leur  rougeur  insolite  et  aux  écailles  qui  les  recouvraient:  puis,  peu  à 
peu,  d'une  façon  lente  et  progressive,  ces  sillons  et  ces  points  s'éten- 
dirent en  surface,  et  envahirent  ainsi  la  presque  totalité  de  la  main. 

Cependant  l'éruption  ne  resta  pas  longtemps  isolée  à  la  main  gauche, 
et  peu  de  semaines  après,  d'autres  plaques  analogues,  ayant  commencé 
de  la  même  façon,  se  montrent  à  peu  près  simultanément  à  la  main 
droite,  à  la  tête,  aux  parties  génitales  èt  à  la  partie  voisine  des  cuisses 
et  aux  pieds. 

Il  entra  alors  dans  le  service  de  M.  Bazin,  qu'd  quitta  après  quatre 
mois  de  séjour,  amélioré,  mais  non  guéri. 

Puis,  l'afTection  ayant  repris  une  nouvelle  intensité,  il  revint  à  Saint- 
Louis  le  2  décembre  1  8  59. 

Voici  ce  que  nous  constatons  aujourd'hui,  25  février,  et  par  consé- 
quent après  trois  mois  d'un  traitement  approprié  et  rigoureusement 
suivi. 

Et  d'abord  nous  pouvons  dire,  d'une  manière  générale,  que  dans  ces 
derniers  temps  surtout,  une  modification  très  sensible  s'est  produite  ; 
les  plaques  se  sont  blanchies  dans  certains  points,  ont  presque  dis- 
paru, et  les  vives  démangeaisons  qui  tourmentaient  le  malade  sont  nulles 
ou  presque  nulles  depuis  une  quinzaine  de  jours. 

Passons  à  la  description  : 

La  main  gauche,  point  de  départ  du  premier  siège  du  mal,  est  presque 
eulièrement  envahie  ;  la  région  dorsale  est  restée  seule  intacte,  du  moins 
au  niveau  des  métacarpiens;  dans  tous  les  points  affectés,  mais  surtout 
à  la  face  palmaire,  la  peau  estrougp,  dure,  luisante,  parcheminée,  recou- 


ORSEIW  AXIONS. 


verte  çà  et  là  d  écailles  épidermiques  que  le  malade  enlève  facilement 
par  le  grattage;  ces  squames  sont  blanches,  nacrées,  argentées,  assez 
minces;  elles  ont  été  beaucoup  plus  larges  et  plus  épaisses. 

L'affection  ne  diffère  presque  pas  sur  les  doigts,  qu'elle  enveloppe 
complètement  de  leur  racine  à  leurs  extrémités;  les  ongles  eux-mêmes 
ont  participé  au  travail  morbide,  et  leurs  altérations  sont  remarquables; 
ils  sont  inégaux,  raboteux,  '^omme  érodés  en  certains  points  et  hyper- 
trophiés dans  d'autres  ;  leur  couleur  est  rougeâtre,  leur  sécrétion  a  été 
déviée  et  pervertie,  à  la  manière  de  la  sécrétion  épidermique,  et  il  en 
est  résulté  uns  apparence  en  rapport  avec  la  forme  et  le  mode  de  for- 
mation de  ces  lames  cornées. 

La  main  droite  est  moins  malade  que  la  gauche,  et  ne  présente  les 
lésions  précitées  qu'à  la  face  palmaire,  sous  la  forme  d'une  plaque  assez 
large,  et  à  la  partie  dorsale- des  dernières  phalanges;  les  ongles  sont 
moins  difformes  qu'à  la  main  gauche. 

Nous  devons  ici  noter  un  phénomène  curieux,  c'est  une  sorte  de  ré- 
traction de  la  peau  de  la  face  palmaire  des  mains;  par  suite  de  la  modi- 
fication profonde  qu'a  éprouvée  celte  membrane,  elle  est  devenue  rigide, 
comme  inextensible,  et  les  doigts  ne  peuvent  être  complètement  étendus. 
Celle  lésion,  d'abord  très  prononcée,  diminue  de  jour  en  jour, 

A  la  tôle,  l'éruption  psoriasique  ne  l  a  cédé  nullement  en  intensité,  à 
ce  que  nous  venons  de  voir;  il  y  a  quelques  mois,  le  cuir  chevelu  était 
complètement  recouvert  de  squames  épaisses  que  le  malade  arrachait, 
entraînant  avec  elles  les  cheveux  auxquels  elles  étaient  adhérentes. 
Le  point  de  départ  de  l'affection,  dans  celte  région,  a  été  à  la  partie 
supérieure  et  médiane  du  cuir  chevelu.  Aujourd'hui  les  lésions  sont 
moins  caracléri^ées,  quoique  encore  très  manifestes.  On  voit,  do  tous 
côtés,  mêlés  aux  cheveux,  des  débris  épidermiques  blanchâtre-,  qui 
tombent  abondamment  sur  les  vêtements.  Si  l'on  écarte  les  cheveux,  on 
trouve  au-dessous  les  surfaces  encore  rouges  par  places,  et  recouvertes 
çà  et  là  de  squames  plus  ou  moins  adhérentes  et  épaisses. 

Mais  c'est  au  front,  surtout  dans  la  partie  qui  confine  au  cuir  chevelu, 
et  de  chaque  côté,  que  l'on  observe  de  belles  plaques  psoriasiques, 
rouges,  à  bords  irréguliers,  et  recouvertes  desquames  assez  larges, 
minces,  détachées  à  1ôurs  bords  qui  forment  une  zone  blanchâtre, 
contrastant  avec  la  rougeur  de  la  partie  médiane  restée  adhérente  ;  ces 
squames  simulent  jusqu'à  un  certain  point  les  pellicules  formées  par  lo 
dessècliement  du  collodion  appliqué  en  couche  as^ez  épaisse. 

La  face  est  rouge,  mais  on  n'y  trouve  aucune  trace  de  psoriasis,  au- 


350 


OnSKRVATlONS. 


cune  desqaainalion,  si  ce  n'est  au  front,  comme  nous -avons  vu,  et  au 
monton,  où  a  existé  une  plaque  actuellement  guérie 

A  la  région  slernale  est  une  large  surface  psoriasique,  irrégulièrement 
arrondie,  et  présentant  tous  les  caractères  décrits  plus  haut  :  rougeur 
autrefois  violacée,  vineuse,  pâlie  maintenant,  squames  blanches,  nacrées, 
minces,  etc.  Cette  plaque  est  la  dernière  (jui  ait  paru,  il  y  trois  mois 
environ,  et  elle  s'est  beaucoup  étendue  dans  ces  derniers  temps. 

Notons,  enfin,  des  plaques  analogues  dans  le  pli  génito-crural  de  chaque 
côté;  et  qui  ont  presque  disparu  aujourd'hui  ;  disons  également  que  les 
pieds  n'ont  pas  été  exempis  d'altérations,  lesquelles  siégeaient  unique- 
ment à  la  face  dorsale  des  orteils,  comme  nous  les  avons  décrites 
aux  mains. 

Interrogé  sous  le  rapport  des  sensations  qu'il  éprouve  ou  a  éprou- 
vées, le  malade  n'hésite  pas  à  leur  donner  le  nom  de  démangeaisons;  il 
se  grattait  beaucoup  et  se  gratte  encore  un  peu;  cependant  ces  déman- 
geaisons, qui  ont  été  très  violentes,  ont  presque  complètement  cédé 
depuis  une  quinzaine  de  jours.  Toutefois,  pendant  les  périodes  d'acuité 
qui  apparaissent  de  temps  en  temps,  le  malade  éprouve  une  chaleur 
brûlante,  de  la  cuisson  et  des  élancements  dans  les  parties  affectées. 

Traitement.  —  Âlcnlins  :  sirop  et  bains.  Houblon. 

Le  malade  est  dans  les  salles,  en  voie  de  traitement. 

Oes.  XI.  —  Psoriasis  nummulaire,  dénature  arthritique. 

Marquet  (Thérèse),  âgée  de  trente -trois  ans,  cuisinière,  est  entrée  le 
16  septembre  1859. 

Antécédents.  —  Père  mort  subitement  en  quarante-huit  heures,  à 
l'âge  de  soixante-quatre  ans;  il  avait  des  rhumatismes  mobiles. 

Mère  de  la  malade  morte  hydropique,  à  cinquante-quatre  ans,  c'est- 
à-dire  à  l'âge  critique;  métrorrhagies  fréquentes  dans  les  dernières  an- 
nées ;  douleurs  rliumati^males  dès  la  jeunesse.  Elle  a  eu  treize  enfants  : 
un  jeune  homme  âgé  de  vingt-quatre  ans  est  mort  de  la  poitrine,  un 
autre  âgé  de  trenle-lrois  ans  se  livrait  à  la  boisson  et  mourut  en  quel- 
ques jours  (?).  Quant  aux  enfants  qui  vivent  encore,  une  fille,  âgée  de 
cinquante-quatre  ans,  est  tourmentée  par  les  douleurs;  une  autre,  âgée 
de  trente-sept  ans,  est  attaquée  de  la  poitrine. 

La  malade  a  eu  des  gourmes  jusqu'à  l'âge  de  douze  ans  ;  beaucoup 
de  furoncles;  à  quinze  ans,  menstruation  régulière  el  peu  abondante; 


OBSERVATIONS. 


351 


fièvre  typhoïde  à  vingt-irois  ans;  quatre  enfants,  dont  deux  sont  morts 
en  bas  âge,  tandis  que  deux  petites  filles  survivent  et  sont  d'une  faible 
santé.  Depuis  le  mariage  de  la  malade  (vingt-trois  ans),  maux  de  tête 
fréquents  ei  névralgiesde  la  face  qui  duraient  quatre,  sixouhuit  jours  et 
nécessitaient  souvent  l'application  de  sangsues;  deux  pneumonies  ;  an- 
■  gines  et  bronchites  fréquentes  pendant  l'hiver.  Il  y  a  sept  ans,  après  des 
chagrins,  des  points  blancs  et  couverts  de  petites  écailles  se  sont  mon- 
trés sur  la  face  antérieure  de  l'avant-bras  gauche  ;  ces  points  se  sont 
réunis  en  une  seule  plaque  (psoriasis).  Cette  plaque  a  duré  pendant  une 
année;  elle  a  été  remplacée  par  une  autre  située  sur  les  grandes  lèvres 
et  le  [)énil  :  démangeaisons  très  vives,  picotements  et  élancements.  Peu 
à  peu  des  taches  analogues  ont  paru  à  I  hypogastre,  aux  avant-bras  et 
aux  jambes;  depuis  trois  semaines,  l'affection  s'est  développée  au  cuir 
chevelu  et  aux  mains.  Il  y  a  six  semaines  environ,  douleur  dans  l'épaule 
gauche,  qui  a  duré  quinze  jours. 

Elal  actuel.  —  On  observe  une  plaque  qui  recouvre  la  plus  grande 
partie  de  I  hypogastre  et  s'avance  sur  les  grandes  lèvres.  Celte  plaque 
présente  des  bords  irréguliers  et  des  squames  d'aspect  variable  :  là,  les 
squames  soni  sèches,  grisâtres  ou  blanches,  épaisses,  arrondies  et  res- 
semblent aux  squames  |)Soriasiques  ;  ailleurs,  elles  sont  lamelleuses, 
jaunes,  humides  comme  on  l'observe  dans  l'eczéma.  Les  surfaces  affectées 
sont  le  siège  d'une  sécrétion  humide  en  certains  points,  et  sont  remar- 
quables par  leur  sécheresse  sur  d'autres  points.  De  temps  en  temps, 
sécrétion  abondante  de  sérosité  plastique  et  tachant  le  linge  en  gris, 
puis  absence  de  sécrétion  et  sécheresse.  La  peau  présente  une  colora- 
tion d'un  rouge  foncé  et  quelques  gerçures. 

Sur  la  face  antérieure  des  deux  avaiit-bras,  on  voit  de  petites  pla- 
ques circulaires,  rouges  et  recouvertes  soit  par  une  squame  blanche, 
soit  par  une  croûte  lamelleuse  et  jaunâtre.  Sur  le  dos  des  mains  il 
existe  trois  ou  quatre  petites  taches  rouges  avec  des  squames  grisâtres. 

On  observe  sur  la  partie  antérieure  du  cuir  chevelu  et  un  peu  sur  le 
front,  des  croûtes  jaunâtres  et  légèrement  humides,  ainsi  que  des  squa- 
mes blanches,  épaisses  et  argentées.  Jamais  l  affection  n'a  existé  ni  aux 
coudes  ni  aux  genoux. 

Dans  toutes  les  parties  qui  sont  le  siège  de  l'éruption,  principale- 
ment à  I  hypogastre  et  aux  pariies  génitales,  démangeaisons  très  vives 
et  picotements.  D'ailleurs,  l'appétit  est  bon;  cependant  la  malade  digère 
difficilement  et  éprouve  des  tiraillements  d'estomac.  Transpiration  abon- 
dante à  la  tête  et  aux  mains. 


«iJ-  015St;RVATiOi\S. 

Palpilalions  depuis  l'.lgc  do  vingl-lrois  ans  :  le  cœur  présente  une 
légère  hyperlropliie. 

Traitement.  —  Sirop  alcalin  et  bains  d'amidon. 

2S  septembre.  I.a  sécrétion  a  cessé  complètement  ;  les  démangeai- 
sons et  la  rougeur  de  la  peau  ont  diminué.  On  prescrit  des  frictions  à 
l'huile  de  cade. 

10  octobre.  Les  squames  se  sont  détachées  en  partie;  les  téguments 
sont  à  peine  rouges.  Les  démangeaisons  se  font  encore  sentir.  Môme 
prescription. 

15  octobre.  Les  démangeaisons  et  une  légère  sécrétion  ont  reparu 
sur  la  plaque  située  à  i  hypogastre.  On  supprime  les  frictions  à  l'huile 
de  cade,  et  l'on  revient  aux  bains  d'amidon. 

28  octobre.  On  a  repris  l'emploi  de  l'huile  de  cade  depuis  huit  jours. 
La  peau  est  d'un  rose  pâle  :  il  existe  à  peine  quelques  squames  complè- 
tement sèches,  et  un  peu  de  prurit.  La  malade  demande  à  sortir  et  à 
continuer  le  traitement  chez  elle. 


Obs.  XII.  ^016^  rosea  [ai'thri ligue). 

Élisa  Gouen,  âgée  de  vingt-neuf  ans,  couturière,  est  entrée  le  1 8  mars 
1859. 

Antécédents.  —  Père  âgé  de  cinquante-neuf  ans  ;  une  fluxion  de  poi- 
trine pendant  chaque  hiver,  de  l'âge  de  vingt-cinq  à  trente  ans.  Depuis 
deux  ans,  bronchite  continuelle  avec  expectoration  pendant  l'hiver.  An- 
gines, coryzas  fréquents  ;  hémorrhoïdes  fluentes;  lumbago  qui  se  mon- 
tre souvent;  dyspepsie  continuelle. 

La  mère  de  la  malade  est  âgée  de  soixante-cinq  ans;  depuis  l'âge  de 
quarante-six  ans,  douleurs  rhumatismales  se  manifestant  tantôt  dans  les 
membres^  tantôt  dans  différents  points  du  tronc  ;  lor.squo  ces  douleurs 
quittent  les  parties  précédentes,  elles  viennent  souvent  se  fixer  à  la 
tête  et  durent  longtemps. — Catarrhes  depuis  plusieurs  années.  —  Trou- 
bles des  facultés  intellectuelles,  dont  le  début  remonte  à  quatre  ans:  mélan- 
colie et  jalousie  excessive.  Souvent  les  pieds  et  les  jambes  sont  enflé.-. 

Quant  à  la  malade,  elle  a  toujours  été  sujette  aux  épistaxis,  aux  maux 
de  tète  qui  se  montrent  après  les  repas  ;  dyspepsie  habituelle.  Menstrua- 
tion à  l'âge  de  treize  ans,  un  peu  irrégulière.  Depuis  plusieurs  années, 
douleurs  notables  dans  les  membres  et  le  dos.  Coubtipation. 

Vers  l'âge  de  douze  an?,  apparition  do  dartres  sèches  sur  le  virage,  au 


OIÎSERVATIONS. 


printemps.  Depuis  l'âge  de  quinze  ans,  à  la  même  saison,  des  dartres 
semblables  se  sont  montrées  sur  l'éminence  Ihénar  de  chaque  main  ;  il 
y  a  cinq  ans,  quelques  dartres  analogues  sur  la  partie  antérieure  de  la 
poitrine  et  sur  le  cou.  Aux  dartres  ont  succédé  des  éruptions  de  furon- 
cles dans  le  dos  et  sur  la  figure.  Depuis  quatre  ans,  angines  et  coryzas 
fréquents  :  apparition  d'acné  sur  les  deux  joues. 

La  malade  est  entrée  dans  le  service  de  M.  Bazin,  il  y  a  six  mois, 
pour  se  faire  traiter. 

On  a  prescrit  du  sirop  d'iodure  de  fer,  de  la  tisane  de  houblon  ;  on  a 
fait  trois  applications  d'huile  de  noix  d'acajou  sur  les  joues.  Amélioration 
très  grande.  Depuis  le  mois  de  décembre  1858,  l'affection  s'étant  ag- 
gravée de  nouveau,  la  malade  revient  à  l'hôpital. 

Etal  actuel.  —  On  aperçoit  sur  les  joues  deux  plaques  rouges,  nette- 
ment limitées  en  haut  par  le  bord  inférieur  de  l'orbite  et  en  bas  par  le 
sillon  naso- labial.  Ces  plaques  présentent  un  grand  nombre  de  petites 
papules  rouges,  acuminées  et  dures;  quelques-unes  supportent  à  leur 
sommet  une  petite  pustule  blanchâtre,  et  presque  toutes  se  terminent 
par  la  formation  d'une  pustule.  Le  nombre  des  papulo-pustules  est  très 
grand,  et  varie  d'un  jour  à  l'autre;  plusieurs  sont  si  petites  qu'on 
les  sent  plutôt  qu'on  ne  les  voi(.  La  peau  qui  sépare  les  éléments  acnéi- 
ques  présente  une  rougeur  violacée  et  des  capillaires  manifestement 
variqueux  ;  elle  est  un  peu  épaissie  et  indurée  vers  le  centre  des  plaques. 

Derrière  les  ailes  du  nez  et  à  l'orifice  des  narines,  tache  rouge,  per- 
manente et  étant  le  siège  de  démangeaisons. 

Sur  les  joues,  élancements,  cuissons,  démangeaisons. 

Au  niveau  de  l'éminence  Ihénar  de  la  main  droite,  un  peu  d'eczéma 
arthritique,  trace  de  l'affection  qui  se  montrait  au  printemps  depuis  un 
grand  nombre  d'années. 

La  malade  a  les  cheveux  châtains,  la  peau  fine  ;  elle  s'enrhume  faci- 
lement pendant  les  hivers;  coryzas  et  angines  fréquents  pendant  cette 
saison  ;  enfin,  dyspepsie  habituelle  et  constipation. 

Traitement.  -  Huile  de  cade,  sirop  alcalin,  houblon,  bains  sulfureux 
et  alcalins. 

10  avriL  Les  plaques  ont  légèrement  pâli;  les  pustules  sont  moins 
nombreuses. 

^  La  malade  se  plaint  d'avoir  mal  à  la  gorge.  L'examen  montre  que 
'isthme  du  gosier  et  le  pharynx  sont  le  siège  d'une  couleur  érylhéma- 

teuse  avec  sécheresse  des  parties.  On  continue  le  traitement  auquel  on 

ajoute  un  gargarisme  avec  miel  rosatet  borax. 

23 


OBSERVATIONS. 


20  avril.  Il  existe  encore  un  peu  de  cuisson  au  pharynx  et  une  cer- 
taine gêne  dans  la  déglutition. 

4  5  mai.  L'amélioration  n'est  pas  douteuse;  cependant,  on  constate 
souvent,  le  matin,  I  apparition  de  quelques  nouvelles  pustules. 

Traitement. — /d.,et  l'on  ordonne  des  douches  d'eau  froidesur  la  figure. 

20  mai.  Les  douches  ont  produit  une  diniinutionije  l;i  congestion  cu- 
tanée, mais  elles  ont  déterminé  une  nouvelle  angine.  On  reprend  le  pre- 
mier traitement. 

29  juin.  La  malade  sort  ;  l'affection  est  améliorée,  mais  non  guérie. 
La  peau  est  plus  souple  et  a  perdu  la  vive  rougeur  qui  existait  au  mo- 
ment de  l'entrée  de  la  malade. 

On  ne  voit  plus  que  trois  ou  quatre  papules  à  peine  saillantes  sur  les 
deux  joues. 

Depuis,  nous  avons  revu  plusieurs  fois  la  malade;  l'affection  a  reparu, 
sans  présenter  cependant  l'intensité  qu'elle  avait  autrefois. 

Obs.  XIII,  —  Eczéma  arthritique. 

Trouard  (Éléonore),  âgée  de  quarante-neuf  ans,  domestique,  est  en- 
trée le  1 8  février  i  859. 

Antécédents.  —  Père  mort,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans,  du  choléra  ;  il 
toussait  et  crachait  beaucoup  chaque  hiver;  douleurs  mobiles,  apparais- 
sant au  moment  des  variations  de  température  et  se  faisant  sentir  dans 
les  membres  et  les  lombes  ;  ces  douleurs  déterminaient  quelquefois  une 
claudication  temporaire  ;  éruptions  furonculaires  assez  fréquentes  ;  dartre 
rouge,  arrondie  et  peu  étendue  à  la  partie  interne  de  la  jambe  gauche 
pendant  les  quatre  dernières  années  de  la  vie. 

La  mère  a  succombé  au  choléra,  à  la  même  époque  que  son  mari  ;  elle 
était  âgée  de  cinquante-deux  ans;  elle  a  eu  des  hémorrhoïdes  fluentes 
(de  trente-cinq  à  quarante  ans)  et  des  varices.  Étant  jeune,  elle  eut  nn 
accès  de  manie  aiguë  à  la  suite  d  une  frayeur. 

Quant  à  la  malade,  elle  eut  des  gourmes  dans  son  enfance;  une  de  ses 
sœurs  a  eu  des  gourmes  et  des  ophlhalniies  chroniques.  iMenstruation  à 
l  âge  de  treize  ans  ;  aucune  indisposition  jusqu'à  l'âge  de  vingt-cinq  ans  ; 
à  cette  époque,  grossesse  et  vive  démangeaison  à  la  vulve  ;  cessation  et 
retour  du  prurit  après  et  pendant  chaque  grossesse,  et  elle  a  eu  sept 
enfants  ;  tumeurs  hémorrhoïdaires  tlueiites  et  constipation  dans  l'inter- 
valle des  grossesses. 

Vers  l'âge  de  vingt-cinq  ans,  des  céphalalgies  se  sont  montrées  et 


OÎÎSKIiVATIONS. 


355 


ont  duré  jusqu'à  ces  derniers  temps  ;  ces  maux  de  tête  s'annonçaient 
par  une  sorte  d'engourdissement  dans  l'un  des  bras,  puis  dans  la  face, 
et  se  caractérisaient  par  une  douleur  lensive,  lourde,  occupant  la  ré- 
gion frontale  et  disparaissant  dané  le  sommeil.  Ces  céphalalgies  n'exis- 
taient ni  pendant  la  grossesse  ni  pendant  l'existence  du  flux  hémorrhoï- 
daire. 

Après  la  dernière  couche,  il  y  a  dix  ans,  apparition  de  varices,  et 
souvent  éruptions  furonculaires  ;  la  malade  est  sujette  a  contracter  des 
angines. 

Vers  l'âge  de  quarante  ans,  développement  d'une  plaque  d'eczéma 
sur  la  commissure  du  pouce  et  de  l'index  de  la  main  gauche:  crevasses 
dans  la  paume  des  mains,  cuisson,  picotements  et  démangeaisons  Ces 
affections  ont  persisté,  peu  ou  beaucoup,  pendant  sept  années.  Un  an 
après  l  apparilion  de  l  eczéma  sur  la  main,  développement  d'une  plaque 
eczémateuse  sur  le  cou-de-pied  gauche,  puis  dans  le  creux  poplilé  du 
même  côté;  ces  deux  dernières  éruptions  n'ont  jamais  guéri  malgré 
l'emploi  des  pommades  au  soufre,  au  goudron,  des  bains  sulfureux. 

Depuis  cinq  semaines,  nouvelle  plaque  d  eczéma  à  la  nuque  et  nou- 
velle apparition  des  crevasses  aux  mains. 

Il  y  a  trois  mois  que  la  céphalalgie  ne  s'est  point  montrée  ;  les  hémor- 
rlioïdes  ont  également  disparu. 

Mais,  pendant  Tété,  à  deux  reprises  différentes,  existence  d'une  dou- 
leur intense  dans  tout  le  côté  droit  de  la  poitrine  et  ayant  duré  une  quin- 
zaine de  jours  à  chaque  fois. 

Etat  actuel.  —  Sur  la  nuque,  on  voit  une  large  plaque,  à  contours 
sinueux,  rouge,  violacée,  couverte  de  squames  minces  et  grisâtres  ou 
jaunâtres;  cette  plaque  se  continue  avec  une  autre  qui  occupe  la  partie 
postérieure  du  cuir  chevelu  et  qui  est  le  siège  d'un  suintement  séreux; 
cette  dernière  n'existe  que  depuis  quinze  jours. 

Dans  le  creux  poplité  gauche,  surface  rouge,  irrégulière,  un  peu  hu- 
mide et  couverte  de  croûtes  foliacées  et  jaunâtres  ;  l'affection  se  prolonge 
sur  le  tiers  de  la  face  postérieure  de  la  jambe. 

"Varices  cutanées  aux  cuisses;  varices  sous-cutanées  aux  jambes,  plus 
marquées  à  gauche. 

L'ans  la  commissure  du  pouce  et  de  l'index  gauches,  plaque  arrondie, 
rouge,  inégale^  sèche  et  couverte  de  petites  squames  adhérentes  et 
grises;  crevasses  au  niveau  des  articulations  phalangiennes. 

Sur  le  dos  des  deuxièmes  phalanges  de  la  main  droite,  petites  plaques 
d'eczéma  sec,  couvertes  de  squames. 


356 


OnSERVATIONS. 


Démangeaisons  et  picolemenls  sur  les  parties  affectées.  Bon  appétit, 
digestions  faciles,  consli|)alion  habituelle. 

Traitement.  —  Sirop  alcalin,  bain  alcalin,  friclionsà  I  huile  de  cade. 

4  5  mars.  Les  surfaces  ont  pâli,  les  squames  n'existent  plus;  même 
Iraitemefit. 

18  mars.  La  malade  sort;  il  re^te  un  peu  de  rougeur  et  quelques 
equames  dans  le  creux  poplilé. 

Obs.  XIV. —  Eczéma  arthritique. 

Cliapuis  (Frédéric),  âgé  de  vingt-deux  ans,  employé,  est  entré  le 
\S  mars  1859. 

Anléc^Jenls.  —  Père  âgé  de  cinquante-quatre  ans,  a  offert  des  signes 
de  scrofule  :  adénites  suppurées  et  abcès  aux  jambes  dans  sa  jeunesse. 

La  mère  du  malade  est  âgée  de  soixante  ans  ;  elle  a  eu  des  douleurs 
rhumatismales  aux  jambes,ilya  huit  ans;  pas  d'autres  renseignements. 

Le  malade  a  un  frère  âgé  de  dix-sept  ans,  qui  s'enrhume  facilement, 
est  sujet  aux  épistaxis  et  aux  douleurs  dans  les  jambes.  Quant  au  malade, 
il  est  atteint  de  coryzas  et  d'angines  pendant  tous  les  hivers;  épistaxis 
fréquentes  ;  vers  l'âge  de  dix-sept  ans,  adénites  cervicales  et  sous- 
maxillaires,  qui  ont  suppuré  pendant  quatre  ans.  L'année  dernière,  à 
vingt  et  un  ans,  rhumatisme  articulaire  aigu  qui  a  duré  un  mois. 

Le  malade  est  placé  dans  de  bonnes  conditions  hygiéniques. 

Il  y  a  cinq  semaines,  démangeaisons  sur  la  figure  et  sur  le  scrotum, 
apparition  de  plaques  rouges  autour  de  la  bouche,  au  cou,  et  presque 
sur  toute  la  figure. 

Elut  acluel.  —  Toute  la  figure  est  un  peu  rouge,  congestionnée;  elle 
est  couverte  de  squames  minces,  légèrement  humides  et  peu  adhé- 
rentes. La  peau  elle-même  n'esi  pas  sèche,  mais  un  peu  humide,  comme 
on  l'observe  lorsque  l'eczéma  passe  du  second  degré  au  troisième  degré. 
Sur  le  front,  sur  les  ailes  du  nez  et  sur  la  lèvre  supérieure,  petites  croûtes 
jaunâtres,  molles  et  écorchures  produites  par  les  ongles  du  malade. 

Les  régions  sus-hyoïdienne,  mastoïdienne  et  cervicale  postérieure 
présentent  des  plaques  rouges,  comme  violacées,  arrondies  et  se  tou- 
chant presque  toutes  par  leur  circonférence;  ces  plaques  sont  un  peu 
humides  et  couvertes  de  petites  squames  jaunâtres. 

Dans  le  cuir  chevelu,  démangeaisons  et  petites  plaques  rouges  sans 
desquamation. 

Sur  la  partie  antérieure  de  la  poitrine,  quelques  boutons  d'acné. 


OBSERVATIONS. 


357 


Au  niveau  de  la  région  précordiale,  cicatrices  des  ventouses  appli- 
quées dans  le  cours  du  rhumatisme. 

A  la  partie  postérieure  et  inférieure  du  bras  droit,  démangeaison; 
la  peau  est  légèrement  rouge. 

Sur  le  scrotum  et  la  verge,  prurit  et  desquamation  furfuracée;  autre- 
fois, suintement  léger  dans  ces  parties. 

Cicatrice  scrofuleuse  sur  la  partie  moyenne  du  muscle  sterno-masloï- 
dien,  glandes  sous-maxillaires  engorgées;  adénites  au  niveau  du  bord 
antérieur  du  muscle  cléido-mastoïdien.  Démangeaisons  sur  toutes  les 
parties  afTectées  et  à  l'anus. 

Trailemmt. — Sirop  d'iodure  de  fer,  sirop  alcalin,  bains  d'amidon 
et  bains  alcalins. 

10  avril.  A  la  face,  la  coloration  rouge  et  le  prurit  ont  disparu  ;  les 
démangeaisons  sont  moins  vives  à  la  tèle  et  au  scrotum. 

Les  plaques  du  cou  se  sont  affaissées  et  ont  pâli  ;  l'adénite  est  en 
voie  de  résolution.  Même  traitement. 

29  avril.  Le  malade  est  sorti;  il  n'y  a  plus  de  squames  sur  aucune 
région,  mais  seulement  un  peu  de  rougeur  sur  les  parlies  du  cou  qui 
avaient  été  affectées.  Absence  de  prurit. 


Obs.  XV.  —  Eczéma  arlhrilique.  — ^quirrhe? 

Horn  (Louis),  âgé  de  cinquante-neuf  ans,  teinturier,  est  entré  le 
25  février  1  859. 

Anlécédenla.  —  Le  père  se  livrait  à  la  boisson  ;  il  toussait  et  était 
oppressé  pendant  l'hiver;  il  avait  beaucoup  de  varices;  il  est  mort,  à 
l  âge  de  cinquanle-trois  ans,  d'une  maladie  de  poitrine  (d'un  catarrhe 
probablement). 

La  mère  du  malade  est  morte  d'une  attaque  d'apoplexie  à  l'âge  de 
soixanle-dix-huit  ans.  Elle  avait  eu  pendant  longtemps  des  maux  de 
tête  ;  à  partir  de  quarante  ans,  douleurs  rhumatismales  dans  les  lombes 
et  les  membres,  disparaissant  et  revenant  tous  les  deux  ou  trois  mois  ; 
elle  avait  des  varices  très  développées  et  un  ulcère  aux  jambes.  Elle 
était  oppressée  et  toussait  pendant  l'hiver;  elle  avait  fiéquemment  des 
douleurs  d  estomac.  Pendant  la  durée  des  céphalalgies,  épistaxis.  Elle  a 
eu  deux  frères  :  l'un  est  mort  d'apoplexie,  l  aulredecongestion  cérébrale. 

Le  malade  eut  cinq  frères  :  l'un  d  eux  était  épileptique  et  mourut  à 
vmgt-deux  ans;  un  autre  est  mort  d'une  maladie  de  poitrine  à  la  suite 


358 


OBSERVATIONS- 


d'un  refroidissement;  les  trois  autres  ont  succombé  flans  leur  onfance. 
Quant  au  malade  lui-même,  il  eut  la  pelite  sérole  à  neuf  ans;  jusqu'à 
vingt  ans,  céphalalgies  intenses  et  fréquentes;  coryzas  et  bronchites  pen- 
dant riiiver.  Vers  l'âge  de  trente  ans,  liémoptysies  répétées,  mais  peu 
abondantes  ;  à  celte  époque,  développement  de  varices  aux  jambes.  En 
tout  temps,  éruptions  furoncnlaires. 

Depuis  l'âge  de  vingt-quatre  ans,  fréquentes  douleurs  rhumatismales: 
lumbago,  torticolis,  douleurs  dans  les  genoux,  et  surtout  dans  le  genou 
gauche  ;  la  douleur  du  genou  gauche  disparaît,  puis  revient  et  dure  deux 
ou  trois  mois. 

Il  y  a  trois  mois,  le  malade  a  travaillé  pendant  six  mois  dans  une' 
fabrique  de  blanc  decéruse  :  légères  coliques  de  plomb. 

Il  y  a  quinze  mois,  les  jambes  deviennent  enflées.  Le  malade  entre 
dans  le  service  de  M.  Gibert  :  cataplasmes  et  repos.  Au  bout  de  quelques 
jours,  l'enflure  avait  disparu,  mais  un  eczéma  se  montrait  sur  les 
jambes  ;  le  malade  sort  avec  cette  nouvelle  affection. 

Depuis  deux  mois,  coryza  continuel,  douleur  et  sécheresse  de  la  gorge, 
bronchite  calarrhale,  apparition  d'une  tumeur  située  dans  l'épaisseur 
ou  tout  au  moins  dans  la  gaîne  du  slerno-niiistoïdien.  Aucun  signe  de 
syphilis. 

Elat  actuel.  —  Sur  le  dos  du  pied  gauche,  autour  de  l'articulation 
tibio-tarsienne  du  même  côté  et  sur  le  quart  inférieur  de  la  jambe,  il 
existe  des  plaques  irrégulières  d'eczéma.  La  peau  est  rugueuse,  rouge, 
couverte  de  squames  sèches,  blanchâtres  ou  jaunâtres  ;  elle  est  d'un 
rouge  plus  foncé  et  un  peu  humide  sur  quelques  points.  On  trouve  des 
varices  volumineuses  sur  toute  l'étendue  de  la  jambe,  surtout  à  sa  par- 
tie interne. 

Sur  la  jambe  droite  sont  disséminées  des  plaques  d'eczéma  sec,  qui 
ont  le  môme  aspect  que  les  précédentes  ;  dos  du  pied,  malléole  externe, 
malléole  interne,  articulation  tibio-tarsienne  sont  affectés.  Une  plaque 
plus  large  que  les  autres  recouvre  la  face  supérieure  des  quatre  pre- 
miers orteils.  Varices  à  la  partie  interne  de  la  jambe. 

Elancements,  picotements  et  prurit  sur  les  parties  malades. 

Coryza  gênant  le  malade  pendant  le  sommeil  ;  rougeur  érythémaleuse 
de  l'isthme  du  gosier  et  déglutition  douloureuse. 

Derrière  la  branche  montante  du  maxillaire,  on  voit  une  tumeur  du 
volume  d'un  petit  œuf,  datant  de  deux  mois  (au  dire  du  malade).  Cette 
tumeur  est  située  à  l'extrémité  supérieure  du  muscle  slerno-mastoïdion 
et  dans  la  gaîne  de  ce  muscle;  elle  est  parfaitement  lisse,  remarquable 


OUSERVATIONS. 


359 


par  sa  consistance  qui  ressemble  à  celle  du  sqairrlie  ;  elle  est  le  siège 
d'élancemenls  :  la  pression  n'y  détermine  pas  de  douleur. 

A  droite,  on  trouve  sous  la  mâchoire  plusieurs  ganglions  (dont  l'un  a 
le  volume  d'une  petite  noix)  qui  ont  la  même  dureté  que  la  tumeur  pré- 
cédente. 

Trailement.  —  Sirop  alcalin,  bains  d'amidon. 

2  mars.  Les  surfaces  eczémateuses  ont  meilleur  aspect  :  sécrétion 
nulle  et  rougeur  peu  marquée.  Les  tumeurs  ne  diminuent  point  :  on  se 
demande  s'il  n'existerait  pas  là  quelque  chose  de  syphilitique.  Dans  le 
trailement,  on  ajoute  une  potion  renfermant  deux  grammes  d'iodure  de 
potassium. 

4  2  avril.  L  eczéma  est  guéri;  les  tumeurs  ont_ conservé  le  même  vo- 
lume et  la  môme  consistance.  Le  malade  demande  à  sortir. 

Obs.  XVL  —  Eczéma  arthritique. 

Vailhé  (Charles),  âgé  de  cinquante-trois  ans,  clown,  est  entré  le 
25  février  1858. 

Aucun  antécédent  scrofuleux,  dartreux  ou  syphilitique. 

Il  y  a  quinze  ans,  douleurs  dans  les  épaules,  qui  ont  duré  dix-huit 
mois. 

Depuis  deux  ou  trois  ans,  il  éprouve  dans  les  jambes  et  dans  les 
cuisses  des  douleurs  vagues,  qui  augmentent  à  l'époque  des  variations 
atmosphériques. 

L'affection,  pour  laquelle  il  entre  à  l'hôpital,  a  débuté  depuis  treize 
mois  par  un  point  épaissi,  rude  au  toucher,  et  sur  lequel  des  crevasses 
se  sont  formées.  Les  surfaces  malades  ne  donnaient  lieu  à  aucun  suinte- 
ment ;  mais  elles  étaient  le  siège  de  démangeaisons  très  vives  et  de 
picotements.  Peu  à  peu,  la  plaque  primitive  s'est  agrandie  ;  elle  occupe 
la  paume  de  la  main  depuis  trois  mois. 

Cette  plaque  présente  un  fond  rouge,  sur  lequel  siègent  de  larges 
écailles  épidermiques  très  adhérentes  ;  elle  est  limitée  par  un  liséré 
blanchâtre  et  formé  par  l'èpiderine  décollé  ;  sur  le  pourtour,  et  près  de 
sa  partie  inférieure,  elle  présente  une  petite  fente  qui  donne  lieu  à  une 
vive  douleur,  quand  le  malade  ouvre  la  main. 

Au  niveau  du  sillon  qui  sépare  la  face  antérieure  du  poignet  de  la 
main,  on  trouve  une  plaque  rouge,  large  comme  une  pièce  d'un  franc, 
datant  d'un  mois,  sèche  comme  !a  précédente  et  recouverte  d'écaillés 


OnSliUVATlONS. 

ôpidermiques  adliérentes.  Un  peliL  point,  ayant  la  largeur  d'une  piète 
do  vingt  centimes  et  les  ciiractéres  précités,  se  remarque  au  niveau  de 
la  région  liypolhénar. 

Dans  la  paume  do  la  main  gauche,  on  rencontre  trois  plaques  très 
petites,  qui  offrent  les  caractères  indiqués  plus  haut  ;  ces  plaques  exis- 
tent depuis  vingt  jours;  elles  ont  paru  après  l'emploi  de  cinq  bains  sul- 
fureux qui  avaient  été  ordonnés  à  la  consultation  de  l'hôpital. 

Sur  la  partie  externe  des  jambes  ont  paru  quelques  plaques  dissémi- 
nées, d'un  rouge  pâle,  sèches  et  recouvertes  de  squames  légères;  ces 
dernières  se  sont  montrées  dans  les  deux  premiers  jours  qui  ont  suivi 
l'entrée  du  malade. 

Traitement.  —  Bains  d'amidon,  onctions  avec  la  pommade  d'oxyde 
de  zinc;  à  l'intérieur,  sirop  de  bicarbonate  de  soude. 

1  2  mars.  Le  malade  sort.  Les  plaques  de  la  paume  de  la  main  droite 
sont  plus  pâles,  recouvertes  d'un  nombre  moins  grand  de  squames  ;  il 
n'existe  aucune  crevasse.  Les  autres  plaques  n'ont  pas  subi  de  modi- 
fication sensible. 


Obs.  XVII.  — Eczéma  arthritique. 


Massoîi  (Alexandre),  âgé  de  trente  et  un  ans,  boulanger,  est  entré  le 
1"  avril  1859. 

Antécédents.  —  Le  père  du  malade  est  fort  et  jouit  habituellement 
d  une  bonne  santé  ;  pas  de  maladies  graves  ;  mais  depuis  l'âge  de  vingt- 
trois  ans,  dartres  aux  coudes  et  aux  genoux,  dartres  qui  n'augmentent 
ni  ne  diminuent.  Age,  soixante  et  dix  ans. 

La  mère  du  malade  est  âgée  de  soixante-neuf  ans  ;  depuis  l'âge  de 
trente-cinq  à  quarante  ans,  elle  se  plaint  souvent  d'éprouver  des  douleurs 
dans  les  jambes,  dans  les  bras  et  dans  les  reins;  à  quarante-cinq  ou 
quarante-six  ans,  lumbago  intense  qui  retint  la  malade  au  lit  pendant 
trois  semaines;  elle  tousse  souvent  pendant  l'hiver  ;  elle  est  sujette  aux 
maux  de  tête  ,  elle  a  des  varices,  et  quelquefois  de  la  dyspepsie;  elle  est 
obligée  de  manger  peu  à  la  fois,  mais  souvent.  Elle  a  un  fière  qui  était 
tourmenté  par  des  rhumatismes  et  mourut  subitement  à  l'âge  de 
soixante  et  dix  ans. 

Elle  a  eu  neuf  enfants,  trois  sont  morts;  une  petite  fille,  âgée  do  neuf 
ans,  de  convulsions,  une  autre  de  la  fièvre  typhoïde,  et  la  troisième  d'un 
accident. 


OBSERVATIONS. 


361 


Sur  les  six  enfants  qui  restent,  une  fille,  âgée  de  trente-cinq  ans,  a  eu 
des  dartres  comme  celles  du  père  et  a  été  aliénée  pendant  deux  ans. 

Quant  au  malade,  il  n'a  pas  eu  de  gourmes  ni  d'autres  signes  de  scro- 
fule; mais,  depuis  son  enfance  il  est  sujet  à  s'enrhumer,  à  contracter  des 
coryzas  et  des  angines;  autrefois,  maux  de  tête  plus  fréquents  qu'au- 
jourd'hui. Souvent  il  est  atteint  de  dyspepsie,  qui  se  montre  toujours 
après  des  excès  et  dure  pendant  deux  ou  trois  jours. 

Depuis  deux  ans,  le  malade  ressent  souvent  des  douleurs  dans  les 
reins,  bien  que  son  habitation  ne  soit  point  humide.  II  souffre  surtout 
d'une  douleur  placée  dans  l'épaule  droite,  qui  vient  quelquefois  se  fixer 
dans  les  parois  de  la  poitrine;  il  fut  obligé  une  fois  de  se  faire  appliquer 
des  ventouses  scarifiées. 

L'an  dernier,  blennorrhagie  qui  a  duré  cinq  mois  ;  pas  de  chancre. 

Quelques  varices  aux  jambes. 

Il  y  a  un  mois,  se  montre  une  petite  plaque  rouge  sur  chaque  joue; 
sur  ces  plaques,  apparition  de  petits  boutons  blancs  et  de  suintement  ; 
picotements  et  élancements.  Le  malade  se  contente  de  faire  des  lotions 
d'eau  de  guimauve,  et  continue  de  travailler  à  la  boulangerie  ;  on  sait 
que  les  boulangers  sont  exposés  à  une  forte  chaleur.  L'affection  ne 
guérit  pas  ;  le  malade  entre  à  l'hôpital. 

Etat  actuel.  —  Sur  chaque  joue,  on  voit  une  plaque  d'eczéma,  ar- 
rondie, large  comme  une  pièce  de  cinq  francs  et  couverte  de  croûtes 
jaunes,  épaisses  et  un  peu  rugueuses.  Pour  expliquer  cette  abondante 
sécrétion  qui  existe,  il  faut  réfléchir  que  le  malade  n'a  pas  cessé  depuis 
u  n  mois  d'avoir  la  figure  exposée  à  la  chaleur  d'un  four. 

Sur  l'épaule  gauche,  petite  plaque  rouge,  arrondie,  sèche  et  légèrement 
squameuse.  Un  peu  de  pityriasis  existant  depuis  longtemps  dans  le  cuir 
chevelu  et  les  sourcils. 

Traitement.  —  Bains  d'amidon,  sirop  alcalin. 

6  avril.  Les  croûtes  se  sont  détachées  :  surface  rouge,  sèche  et  cou- 
verte de  petites  squames.  Démangeaisons  et  picotements. 

Traiiemenl.  —  Bains  alcalins  et  sirop  de  bicarbonate  de  soude. 

24  avril.  Le  malade  demande  à  sortir;  les  plaques  sont  d'un  rouge 
pâle  et  ne  présentent  plus  de  squames. 

Obs^  XYin.  —  Psoriasis  herpétique  [diffusa).  —  Mentagre  cadique. 

Maupelit  (Casimir),  âgé  de  trente-deux  ans,  menuisier,  est  entré 
le  23  avril  1858. 


OBSEKVATIONS. 


Anlccédenls.  —  S<i  mère  est  morle,  à  cinquante  ans,  d'une  attaque 
d'apoplexie;  son  père  est  mort-  aussi  d'une  manière  subite  (?),  al  il  avait 
eu  dans  sa  jeunesse  des  dartres  semblaljles  à  celles  dont  notre  malade  est 
atîeclé. 

Le  malade  a  deux  frères,  dont  le  plus  jeune  présente  du  psoriasis  sur 
le  front  et  les  parties  génitales. 

Quant  au  malade,  il  n'a  offert  aucun  signe  de  scrofule.  Il  est  sujet, 
depuis  deux  ans,  à  des  migraines  très  intenses  qui  durent  à  peu  près 
quatre  heures  et  reviennent  tous  les  quinze  jours.  11  n  éprouve  pas  de 
douleurs  à  l'estomac,  mais  il  rend  souvent  par  la  bouche  un  liquide  qui 
resseinblo  au  blanc  d'oeuf.  Depuis  dix-liuit  mois,  il  ressent  fréquem- 
ment des  élancements  dans  la  cuisse  et  la  jambe  du  côté  droit  :  il  se 
plaint,  à  son  réveil,  d'avoir  la  tête  lourde;  sommeil  pénible,  et  agité. 

La  région  lombaire  est  occupée  par  une  large  plaque  de  couleur 
rouge,  violacée,  avec  des  squames  épaisses  et  argentées.  La  partie  su- 
périeure des  cuisses  présente  aussi  de  larges  plaques,  ainsi  que  les 
jambes,  les  membres  thoraciques  et  le  tronc. 

Trailement.  -  Solution  d  arséniate  d'ammoniaque,  large  badigeon- 
nage  à  l'huile  de  cade,  alternativement  bains  de  vapeur  et  alcalins. 

Les  frictions  d'huile  de  cade  ont  déterminé  sur  les  jambes  et  les 
cuisses  des  indurations  petites,  papuleuses  et  même  tuberculeuses,  tra- 
versées par  des  poils.  C'est  une  inllumniation  des  follicules  pileux  dé- 
terminée par  l'huile  de  cade  (mentagre  cadique). 

4  juin.  Le  malade  sort.  L'éruption  est  complètement  balayée  ;  il  ne 
reste  plus  que  des  taches  d'un  rouge  pâle. 


Obs.  XIX.  — Psoriasis  herpétique.  —  Blépharite  chronique. 

Simon  (Jean),  âgé  de  trente-trois  ans,  pidieur,  est  entré  le  41  fé- 
vrier 1  859. 

Aniécédenls.  —  Absence  de  renseignements  sur  le  père;  mère  morte 
à  soixante-sept  ans,  du  choléra;  elle  avait  de  fréquentes  migraines, 
était  sujette  aux  démangeaisons  et  aux  éruptions  boutonneuses.  Elle  eut 
huit  enfants  :  une  fille  âgée  de  vingt  et  un  ans  fut  alitée  pendar>t  six 
mois  et  finit  par  Miccomber  ;  elle  eut  à  plusieurs  reprises  des  vomisse- 
ments abondants  de  sang,  et  elle  rendit  un  jour  une  grande  quantité  de 
sang  dans  les  selles.  Quant  au  malade,  il  eut  duns  son  enfance  la  figure 


OBSERVATIONS. 


couverte  de  rroûtes  pendant  quelque  temps  ;  jamais  deglandes.  Vers  l  âge 
de  quatre  ans,  des  ophlhalmies,  et  surtout,  des  blépharites  se  montrè- 
rent :  elles  ont  pa^sé  à  l'état  chronique.  Il  eut  plusieurs  fois  des  furon- 
cles et  même  des  anthrax  ;  on  voit  deux  larges  cicatrices  d  anthrax  à 
l'épigastre  et  à  la  nuque.  Depuis  l'âge  de  trente  ans,  le  malade  est 
tourmenté  par  des  douleurs  fixées  à  la  région  frontale  et  revenant  à  des 
intervalles  irréguliers,  par  des  douleurs  situées  dans  les  parois  thora- 
ciques. 

Le  psoriasis  s'est  développé  depuis  dix  mois;  il  s'est  montré  d'abord 
aux  coudes,  puis  au  cuir  chevelu,  aux  bras,  aux  cuisses,  enfin,  à  la  lèvre 
supérieure. 

Étal  actuel. —  Sur  la  partie  postérieure  du  bras  gauche,  on  voit  une 
plaque  rouge,  arrondie,  un  pou  saillante  et  couverte  de  squames  blan- 
ches et  nacrées  ;  sur  la  partie  postérieure  de  l'avant-bras  du  même  côté, 
au-dessous  de  l'olécrâne,  trois  petites  pl.iques  de  psoriasis  guttata  ;  trois 
plaques  analogues  sur  l'avant-bras  droit. 

Sur  la  partie  externe  de  la  cuisse  gauche  existe  une  plaque  arrondie, 
large  comme  une  pièce  de  cinq  francs,  saillante  sur  ses  bords,  dépri- 
mée au  centre  et  couverte  de  squames  épaisses  et  brillantes. 

Sur  le  sinciput  on  trouve  une  plaque  saillante,  un  peu  irrégulière, 
supportant  des  lames  blanches  et  imbriquées  :  elle  a  paru  peu  de  temps 
après  celles  des  coudes.  Sur  la  ligne  médiane  de  la  lèvre  supérieure, 
on  aperçoit  une  plaque  d'un  rouge  foncé,  proéminente,  se  prolongeant 
un  peu  dans  les  fosses  nasales  et  sur  le  bord  postérieur  des  ailes  du  nez  ; 
elle  est  couverte  d'écaillés  épidermiques  blanches  et  sèches,  et  de  pe- 
tites croûtes  jaunâtres  et  noirâtres. 

Sur  le  front  et  à  la  nuque,  éruption  furonculaire. 

Les  bords  des  paupières  sont  rouges  et  un  peu  renversés  ;  les  cils 
manquent  complètement;  la  conjonctive  palpébrale  est  d'un  rouge  foncé  ; 
celle  qui  recouvre  le  globe  oculaire  n'est  point  injectée.  La  sécrétion  des 
larmes  augmente  par  l'exposition  à  l'air  :  prurit  fréquent  et  intense 
du  bord  des  paupières. 

Il  existe  aussi  des  démangeaisons,  le  soir  surtout,  sur  les  régions  af- 
fectées de  psoriasis.  Un  peu  de  coryza  habituellement;  d'ailleurs,  bon 
appétit  et  digestions  faciles. 

Trailemeni.  —  Bains  de  vapeur  et  d'amidon,  ïirséniate  d'ammo- 
niaque. 

Badigeonnage  à  l'huile  de  cade,  épilation  de  la  lèvre  supérieure,  sur 
laquelle  on  fait  dos  onctions  avec  le  liniment  oléo-calcaire. 


36^1 


OBSERVATIONS. 


12  mars.  Amélioration  trè5  grande  de  l'éruption,  surtout  au  niveau 
delà  lèvre  supérieure  :  les  squames  se  sont  détachées  et  ne  se  repro- 
duisent plus  ;  les  plaques  se  so  it  affaissées  et  sont  d'un  rose  pâle.  Le 
malade  demande  à  sortir. 

Ubs.  XX.  —  Psoriasis  herpétique. 

Luister  (Pierre),  ûgé  de  trente  ans,  garçon  de  chantier,  entré  le 
9  avril  1858. 

Antécédenls.  —  Père  mort;  absence  de  renseignemenis.  La  mère 
existe  encore  et  n'a  jamais  eu  de  maladie  sérieuse.  Ni  le  père  ni  la  mère 
n'ont  eu  de  dartres  ou  de  taches  sur  la  peau. 

Quant  au  malade,  il  n'a  pas  eu  de  gourmes  ni  de  glandes  ;  à  l'âge  de 
sept  ans,  ophthalmie  qui  a  duré  trois  mois. 

A  la  fin  de  juin  1 8  i7,  il  s'est  aperçu  qu'il  avait  au-devant  des  genoux 
de  petits  boutons  rouges  qui  se  recouvraient  d'écaillés  blanches  ;  au 
commencement  de  janvier  1  848,  il  a  paru  aux  coudes  de  petites  plaques 
rouges. 

Peu  à  peu  l'affection  s'est  étendue,  et  l'on  constate  maintenant  sur  la 
.partie  antérieure  de  la  poitrine  et  dans  le  dos,  principalement  sur  ce 
dernier  point,  des  cercles  complets  et  incomplets,  dont  le  centre  est 
sain  ;  les  bords  en  sont  formés  par  un  bourrelet  très  épais  et  recouvert 
par  des  squames  d'un  blanc  d'argent  ;  au  milieu  du  cercle,  les  tissus  sont 
rouges  et  un  peu  rugueux. 

Sur  les  bras,  surtout  à  leur  face  externe,  on  rencontre  des  gouttes 
de  psoriasis,  les  unes  avec  dépression  centrale,  les  autres  sans  dépres- 
sion, et  parmi  elles  se  remarquent  des  cercles,  complets  et  incomplets, 
qui  présentent  les  caractères  énumérésplus  haut. 

De  chaque  côté,  au  niveau  du  coude,  il  y  a  une  large  plaque  rouge, 
épaissie  et  recouverte  de  squames  d'un  blanc  chatoyant. 

Sur  les  membres  inférieurs,  l'éruption  est  plus  prononcée  que  sur  les 
parties  dont  nous  venons  de  parler;  elle  occupe  la  face  externe  des 
cuisses  et  des  jambes.  Au-devant  des  genoux  se  remarquent  de  larges 
plaques  psoriasiques  avec  rougeur,  épaississemenl  et  squames  nacrées  ; 
sur  la  face  externe  des  jambes  se  voient  des  cercles  avec  un  bourrelet 
épaissi  et  couvert  de  squames. 

Les  démangeaisons  se  font  sentir  de  temps  en  temp?. 

Le  malade  n'a  jamais  eu  de  migraine.  Au  mois  de  janvier,  après  avoir 


OBol'RVATJONS. 


36:") 


été  mouillé,  il  a  perdu  l'appétil  el  a  été  pris  de  vomissements  qui  ap- 
paraissaient de  temps  en  temps  après  le  repas  et  consistaient  en  ma- 
tières alimenlairos  ou  glaireuses  ;  il  n'éprouvait  pas  de  douleurs  d'esto- 
mac. C'est  à  cette  époque  que  l'éruption  psoriasique  est  devenue  plus 
intense. 

Les  vomissements  ont  duré  trente-cinq  jours,  et  depuis,  le  malade 
n'en  a  éprouvé  que  le  22  février,  jour  où  il  a  vomi  pendant  toute  la 
nuit. 

Traitement.  —  Bains  de  vapeur  et  alcalins;  frictions  d'huile  de  cade. 
4  juin.  Le  malade  sort  sur  sa  demande.  L'éruption  est  à  peu  près 
disparue  ;  il  ne  reste  çà  et  là  que  quelques  plaques  violacées. 

Obs.  XXI.  —  Psoriasis  herpétique. 

Bourselot,  quarante-cinq  ans,  entré  le  20  janvier  1859. 

Antécédents.' —  Dans  son  enfance,  il  avait  fréquemment  à  la  face  de 
petites  éruptions  suivies  de  desquamation  furfuracéo;  le  prurit  était 
très  léger  et  n'augmentait  pas  la  nuit.  Il  ne  sait  pas  s'il  a  eu  des 
gourmes;  jamais  d'épi-taxis. 

Prédispositioîi  très  grande  aux  coryzas;  prurit  fréquent  aux  ailes  du 
nez;  céphalalgie  sus-orbitaire,  surtout  du  côté  droit,  douleur  pongitive 
se  reproduisant  très  souvent.  Éruptions  furonculeuses,  pendant  sa  jeu- 
nesse. Il  n'a  jamais  eu  de  ganglions  engorgés.  Pas  d'accidents  rhu- 
mati.smaux. 

A  l'âge  de  neuf  ans,  il  perdit  sa  mère  qui  mourut  d'une  affection 
pulmonaire  (malade  un  mois)  ;  son  père  vit  encore,  et  il  a  souffert  long- 
temps de  douleurs  à  la  région  lombaire;  il  n'aurait  jamais  eu  d'autre 
afîcclion,  à  la  connaissance  du  malade. 

Bourselot  est  à  Paris  depuis  l'âge  de  dix-huit  ans,  et  c'est  vers  sa 
vingt-cinquième  année  qu'apparut  la  première  éruption.  De  larges  pla- 
ques papuleuses  ^e  montrèrent  sur  le  cuir  chevelu  et  occasionnaient  un 
prurit  incommode,  mais  uniforme  ;  le  grattage  en  faisait  tomber  do 
largos  squames  blanches.  Caché  en  partie  par  la  chevelure,  l'exanthème 
fut  supporté  par  le  malade  pendant  cin  :]  ans,  sans  l'alarmer.  A  cette 
époque  (il  y  a  quinze  ans),  après  des  excès  de  boissons  continués  pen- 
dant trois  jours,  il  survint,  la  nuit,  une  éruption  caractérisée  par  de 
larges  plaques  d'un  rouge  vif,  arrondies  ou  ovalaires,  limitées  par  des 
papules.   Aux  papules  succédèrent  de  grandes  squames  nacrées,  qui 


366 


OliSEUYATIONS. 


s'enlevaient  fcicilemenl.  Ces  plaqui's  de  psoriasis  pâlirent,  disparurent, 
mais  il  s'en  produisit  d'autres  ;  depuis,  il  en  a  toujours  eu.  L'état  géfiéral 
est  conslamnient  resté  bon.  La  digestion  s'opérait  normalement,  et  le 
malade  continuait  à  boire  journellement  une  grande  quaniilé  de  vin. 
Pendant  le  travail  de  la  digestion,  et  sous  l'influence  de  la  marche, 
le  prurit  aug-mentait. 

Trois  ans  après  l'apparition  du  psoriasis  sur  le  corps,  il  a  eu  un 
chancre,  et  plus  tard  deux  chaudepisses.  Le  chancre  n'a  été  cicatrisé 
qu'au  bout  du  sixième  mois.  Il  a  eu  des  plaques  muqueuses  à  l'anus; 
mais  les  autres  accidents  secondaires  auraient  manqué.  Il  n'a  pas  re- 
marqué que  la  syphilis  ait  influé  sur  l'évolution  du  psoriasis.  Il  n'a  jamais 
consulté  de  médecin.  Traitement  antérieur  nul. 

Ce  malade  est  père  de  famille  ;  il  a  deux  enfants.  L'aînée  a  douze  ans, 
sa  santé  est  bonne;  elle  a  eu  des  éruptions  vésiculeubcs  suivies  d'une 
exfoliation  furfuracée  pendant  sa  première  enfance;  elle  est  menstruée. 
Pas  de  névralgies,  de  démangeaisons,  ni  flux  catharral.  Llle  n'a  pas 
d  accidents  syphilitiques  constitutionnels.  Le  plus  jeune  a  dix  ans,  et 
n'aurait  eu  aucun  accident  syphilitique,  ni  dartreux,  ni  scrofuleux. 
Depuis  un  an,  les  plaques  sont  devenues  plus  abondantes. 
Etat  actuel. —  Il  existe  sur  toutes  les  régions  de  la  peau  des  plaques 
de  psoriasis.  Les  plus  remarquables  siègent  sur  le  thorax,  où  les  cer- 
cles se  réunissant  par  leurs  bords  forment  une  surface  continue.  Elles 
sont  aussi  très  confluenles  sur  les  parties  latérales  de  l'abdomen,  dans 
le  dos,  ainsi  qu'a  la  tête  (il  n'y  a  pas  eu  néanmoins  perle  sensible  des 
cheveux).  Ailleurs,  elles  sont  beaucoup  plus  discrètes.  Ces  plaques  sont 
arrondies  ou  ovalaires^  d'un  rouge  vif,  et  des  papules  existent  à  la 
circonférence.  En  certains  points,  la  surface  se  trouve  recouverte  de 
larges  squames  brillantes,  nacrées,  et  s' enlevant  assez  facilement.  Le 
malade  a  une  olorrhée  à  droite  qui  date  d'un  mois  ;  l'écoulement  est 
assez  abondant,  il  éprouve  des  bourdonnements  d'oreilles:  depuis  cette 
époque,  la  céphalalgie  sus-orbitaire,  qui  n'avait  jamais  cessé,  est  devenue 
plus  fréquente  et  |)lus  intense. 

Traiiemeni.  —  Huile  de  cade  en  frictions,  bains  alcalins,  arséniate 
d'ammoniaque. 

■  19  février.  Les  squames  ont  disparu  dans  tous  les  points;  on  ne  voit 
plus  que  des  taches  violacées  et  rosées.  Le  malade  demande  à  sortir. 


OBSERVATIONS. 


367 


Obs.  XXII. —  Eczéma  généralisé  [herpétique).  —  Néphrite  albumineuse. 

Barlon  (Louis),  âgé  de  trente-trois  ans,  menuisier,  est  entré  dans  le 
service  le  22  décembre  1  858. 

Anlécèdents. —  Le  père  du  malade  eut  dans  sa  jeunesse  des  écrouelles, 
dont  il  a  conservé  de  nombreuses  cicatrices. 

La  mère  du  malade  est  morte,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans,  d'un 
cancroïde  de  la  face  qui  a  duré  quinze  ans  et  avait  détruit  la  moitié  de 
la  face  ;  sa  mère,  à  elle,  mourut  également  d'un  cancroïde  de  la  face  ; 
une  tante  de  celte  dernfère  a  succombé  à  une  affection  semblable. 

Le  malade,  à  l'âge  de  dix  mois,  eut  la  gale  pour  laquelle  on  fit  deux 
frictions  avec  une  pommade  soufrée.  La  peau  fut  vivement  irritée  et 
déchirée  en  certains  points.  Depuis  ce  temps,  le  malade  eut  beaucoup 
ou  peu  de  dartres  sur  différentes  parties  du  corps  ;  il  caractérise  son  état 
en  disant  qu'il  aune  peau  farineuse  et  se  gerçant  sous  l'influence  de  la 
cause  In  plus  légère. 

Jusqu'à  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  éruptions  vésiculeuses  fréquentes 
sur  toutes  les  régions,  mais  peu  abondantes  ;  à  cette  époque,  éruption 
plus  confluente,  accompagnée  de  rougeur  et  de  gonflement,  occupant 
tout  le  bras  droit.  Le  malade  entre  à  l'hôpiial  Saint-Louis,  dans  le  ser- 
vice de  M.  Gibert  :  bains  de  vapeur,  fumigations,  cataplasmes  de  fécule. 
Il  retourne  au  pays,  étant  blanchi.  Quelques  mois  plus  tard,  l'affection 
se  montre  de  nouveau  sur  les  bras  et  sur  les  pieds  :  le  malade  entre  dans 
le  service  de  M.  Devergie  et  y  séjourne  pendant  neuf  mois. 

On  prescrivit  des  bains  sulfureux,  des  bains  alcalins,  d  amidon  et  des 
pastilles  soufrées. 

Le  malade  ?ort  blanchi  pour  la  deuxième  fois. 

Il  s'établit  menuisier  dans  son  pa\  s,  et  l'affection  ne  tarda  pas  à  repa- 
raître. Pendant  trois  ans,  il  fut  traité  par  le  médecin  de  la  localité  :  les 
moyens  les  plus  variés  ont  été  employés  sans  succès.  C'est  dans  cet  in- 
tervalle de  temps  que  se  déclarèrent  des  accès  d'asthme;  ces  accès 
furent  combattus  par  des  applications  répétées  de  sangsues  à  l'anus,  et 
ils  disparurent  en  cinq  semaines.  Au  bout  d'un  an,  les  accès  reparurent 
de  temps  en  temps;  ils  étaient  plus  violents,  lorsque  la  dartre  était 
moins  apparente.  Voici  comment  ils  sont  décrits  par  le  malade  :  J'ai 
eu  beaucoup  d'accès^  à  en  perdre  la  respiration;  les  plus  violents  duraient 
au  moins  trois  jours,  et  quelquefois  quatre  ou  cinq  jours.  Quand  je  com- 


368 


OnSKRVATIONS. 


mence  à  rejeter  des  crachais  épais,  je  suis  soulagé;  alors  j'éprouve  le 
besoin  d'uriner,  cl  je  rends  des  urines  claires  comme  de  l'eau. 

Après  avoir  subi  un  Irailement  pendant  trois  ans,  lo  malade  rentre 
chez  M.  Devergie  :  il  avait  des  dartres  sous  les  jarrets.  L'asthme  se 
montra  à  l'hôpital  :  pendant  trois  nuits,  pas  de  sommeil,  potions  éthé- 
rées.  On  ordonna  des  bains  sulfureux,  alcalins  et  d'amidon,  une  pom- 
made au  précipité  blanc.  Amélioration  et  sortie.  Au  bout  d'un  an,  le 
malade  entre  et  reste  cinq  mois  dans  le  service  de  M  Cazenave;  il  eut 
plusieurs  accès  d'aslhme.  Quelque  temps  après,  il  sortit  et  chercha  la 
guérison  auprès  des  homœopalhes,  des  somnan)bules,  etc.  Enfin  lema- 
lade  ne  voyant  aucun  changement,  vient  dans  le  service  de  M.  Bazin, 
le  21  décembre  1  858. 

8  janvier.  Elal  actuel.  —  La  joue  droite  présente  une  surface  rosée 
et  couverte  de  squames  sèches  et  grisâtres.  La  peau  qui  recouvre  les 
membres  supérieurs  est  sèche,  plissée;  elle  e^t  parsémée  de  petites 
écailles  blanchâtres,  très  faciles  à  détacher;  au  niveau  des  coudes  et 
des  poignets,  on  aperçoit  des  plaques  rosées  parcourues  par  des  sillons 
cutanés  très  accusés  qui  se  croisent  dans  tous  les  sens;  là  existaient 
aussi  de  petites  squames  blanchâtres. 

A  la  partie  interne  de  la  cuisse  droite,  se  trouve  une  plaque,  ayant 
la  largeur  delà  main,  à  bords  sinueux  et  couverte  de  croûtes  rugueuses, 
humides  et  jaunâtres.  Ces  croûtes  sont  cassées  en  quelques  points,  et 
des  fissures  s'écoule  un  liquide  séreux,  plastique  ;  elles  sont  entourées 
d'une  coloration  rosée  qui  se  perd  insensiblement  sur  les  parties  saines. 
A  la  partie  supérieure  et  externe  de  la  cuisse,  sur  toute  la  face  externe 
de  la  jambe,  on  voit  d'autres  plaques  de  même  aspect  que  la  précé- 
dente. Le  genou,  le  cou-de-pied  sont  couverts  de  croûtes  irrégulières 
et  rugueuses  ;  dans, l'intervalle  qui  les  sépare,  l'épidémie  est  ridé. 

La  jambe  gauche  présente  Ifs  mêmes  lésions  que  la  droite  ;  on  ne  voit 
sur  la  cuisse  gauche  qu'une  plaque,  qui  s'étend  à  toute  la  face  interne 
du  membre.  Sur  la  paroi  abdominale,  l'épiderme  est  fendillé,  ridé,  et 
l'on  observe  quelques  croûtes  disféminées  irrégulièrement. 

La  peau  et  le  tissu  cellulaire  sous-culanc  placés  au  niveau  des  par- 
lies  affectées,  sont  le  siège  d'un  empâtement  œdémateux  ;  sur  les  parties 
saines,  la  peau  est  plissée,  couverte  d'une  poussière  blanchâtre  et  acco- 
lée sur  les  muscles  et  les  os  :  il  existe,  en  effet,  une  très  grande  mai- 
greur, qui  est  masquée  à  la  face  par  un  œdème  du  tissu  cellulaire.  On 
observe  aussi  un  épanchemont  séreux  dans  l'abdomen. 

L'acide  nitrique  dévoile  la  présence  d'une  grande  quantité  d'albumine 


OnSEUVATlONS. 


369 


dans  ses  urines  :  celle  substance,  à  l'élat  de  coagulum,  remplit  le  tiers 
du  verro  dans  lequel  on  recueille  l  urine. 

^  Le  malade  se  plaint  de  démangeaisons  ;  modéré  dans  l'intervalle  des 
poussées,  le  prurit  est  très  intense  avant  et  pendant  l'éruption.  Depuis 
son  entrée,  le  malade  n'a  pas  eu  d'accès  d'asthme,  mais  deux  poussées 
éruptives. 

D'ailleurs,  bon  appétit,  digestions  ordinairement  faciles,  et  sommeil. 
La  surface  de  la  peau  est  remarquable  par  une  grande  sécheresse  ;  ab- 
sence de  transpiration. 

Trailemenl.  — •  Sirop  de  quinquina,  vin  de  Bordeaux,  saupoudrer  les 
surfaces  affectées  avec  la  poudre  d'amidon,  bains  d'amidon. 

26  janvier.  La  plupart  des  croûtes  se  sont  détachées  en  laissant 
des  surfaces  rosées  et  légèrement  humides;  l'œdème  de  la  face  et  des 
parties  malades  a  disparu,  de  sorte  i}ue  la  maigreur  apparaît  dans 
toute  sa  réalité.  L'ascite  a  diminué  d'une  manière  sensible.  Même  trai- 
tement. 

4  5  février.  Le  malade  est  dans  l'étal  précédent.  Ses  forces  semblent 
revenir.  On  continue  la  médication  tonique,  et  on  prescrit  l'arsé- 
niate  d'ammoniaque. 

On  a  examiné  de  temps  en  temps  les  urines,  et  on  a  constamment 
rencontré  une  grande  quantité  d'albumine  ;  toutefois,  celle-ci  est  moins 
abondante  maintenant  que  dans  les  premiers  jours. 

27  février.  Œdème  de  la  face  et  du  membre  supérieur  droit,  prurit 
intense,  poussée  vésiculeuse  à  la  jambe  droite  sur  une  étendue  de  la 
largeur  de  la  main. 

On  supprime l'arséniate  d'ammoniaque  ;  poudre  d  amidon. 
Albumine  abondante  dans  les  urines. 

2  mars.  Œdème  persistant  à  la  face  et  au  bras  droit;  il  apparaît  sur 
la  cuisse  gauche;  ascite  plus  développée.  Surface  couverte  de  croûtes 
et  de  vésicules  blanchâtres  sur  la  cuisse  et  la  jambe  gauches  ;  prurit  in- 
tense. On  voit  aussi  quelques  plaques  disséminées  sur  la  paroi  anté- 
rieure de  l'abdomen  et  sur  la  face. 

18  mars.  Le  prurit  a  cessé,  ou  du  moins  est  très  faible  ;  beaucoup 
de  croûtes  se  sont  détachées  en  laissant  des  taches  rouges  et  un  peu 
humides.  L'hydropisie  du  tissu  cellulaire  et  l'ascite  ont  beaucoup 
diminué. 

Traitement  tonique,  poudre  d'amidon  et  bains  d'amidon. 
4  0  avril.  Le  malade  est  revenu  à  l'état  qu'il  présentait  avant  la 
poussée  éruptive.  On  essaye  de  reprendre  lei  préparations  arsenicales. 

2k 


370 


OnSF.UVATIONS, 


15  juin  Le  malade  a  eu  une  petite  poussée  avec  œdème  de  la  face 
vers  le  milieu  de  mai  ;  depuis  cette  époque,  rien  de  nouveau.  11  demande 
à  sortir.  Voici  son  étal,  qui  est  un  pou  amélioré  pour  le  moment  : 

Il  n'y  a  plus  de  croûtes  ni  de  surfaces  humides.  La  peau  est  ridée, 
jaunâtre  et  couverte  d'une  poussière  larineusci  dans  toute  sou  étendue  ; 
sécheresse  de  la  peau  et  absence  de  transpiration.  Un  peu  de  prurit  à 
rap|)roche  de  la  nuit.  La  maigreur  est  toujours  très  grande.  Les  urines 
n'ont  jamais  cessé  de  renfermer  une  grande  quantité  d  albumine. 

Obs.  XXIII.  —  Eczéma  herpétique. 

Kérouanl  (Louis),  âgé  de  trente-quatre  ans,  teinturier,  est  entré  dans 
le  service  le  4  février  1  859. 

Antécédents.  —  Le  père  est  mort  à  l'âge  de  soixante-deux  ans,  après 
trois  mois  de  maladie  ;  il  avait  beaucoup  maigri  et  avait  le  teint  jaune: 
le  mot  de  fièvre  gastrique  fut  prononcé  par  le  médecin  (?). 

La  mère  du  malade  fut  atteinte  d'un  cancer  du  tein  et  succomba  à 
celte  affection  vers  1  âge  de  cinquante-huil  ans.  Elle  était  sujette  aux 
épislaxis,  aux  migraines,  aux  gastralgies  ;  elle  était  de  grande  taille  et 
avail  le  teint  coloré;  elle  eut  une  sœur  qui  avait  aussi  des  migraines, 
des  épislaxis,  de  la  gastriilgie,  et  qui  mourut  d'une  fièvre  cérébrale  dont 
la  durée  a  été  de  six  semaines. 

Quant  au  malade,  il  était  sujet  aux  épislaxis  dans  sa  jeunesse;  il  avait 
souvent  des  douleurs  dans  les  côtés  delà  poitrine  (névralgies). 

Depuis  une  dizaine  d'années,  il  existe  souvent  du  prurit  sur  les  mem- 
bres :  le  malade  est  obligé  de  prendre  jusqu'à  trois  bains  (de  temps  en 
temps)  par  semaine  pour  calmer  les  démangeaisons.  A  des  intervalles 
plus  ou  moins  éloignés,  apparaissaient  sur  le  tronc  et  les  membres  de 
petites  lâches  rouges  et  couvertes  de  vésicules  ;  ces  taches  n'ont  per- 
sisté qu'au  jarret  gauche. 

11  y  a  deux  ans,  deux  larges  plaques  rouges  et  humides  se  montrèrent 
sur  les  deux  cuisses  :  le  malade  entra  dans  le  service  de  M.  Devergie  et 
/ut  guéri  en  cinq  semaines  par  les  bains  alcalins.  Au  bout  de  trois 
mois,  des  plaques  rouges  d'abord,  puis  couvertes  de  croûtes,  sedévelop- 
pent  sur  les  bras;  enfin,  l'afTeclion  s'est  manifestée  sur  la  jambe  droite 
depuis  six  semaines. 

Etat  actuel.  —  Homme  de  grande  taille,  au  teint  coloré,  il  a  fait  abus 
des  boissons  alcooliques. 


OBSERVATIONS.  o7l 

Sous  le  jarret  gauche,  on  voit  une  plaque  allongée,  d'un  rouge  foncé, 
sèche,  fendillée  et  couverte  de  croûtes  minces  et  noirâtres  i  de  temps  en 
temps,  il  existe  une  sécrétion  séreuse  :  les  démangeaisons  y  sont  très 
yives. 

Sur  la  face  dorsale  de  l'avant-bras  gauche,  on  observe  une  large 
plaque  rouge,  couverte  ëe  croûtes  minces,  jaunâtres  et  humides;  sur 
quelques  points,  se  trouvent  des  érosions  du  derme  produites  par  le 
grattage. 

Sur  les  limites  de  la  plaque,  la  rougeur  se  confond  insensiblement 
avec  la  coloration  normale  de  la  peau,  et  l'on  voit  une  desquamation 
furfuracée. 

Sur  le  bras  droit  (sur  la  moitié  du  bras),  se  remarque  une  surface 
rouge,  couverte  de  lamelles  minces  et  jaunâtres.  Le  prurit  est  très  intense 
dans  ce  point. 

Sur  la  partie  postérieure  de  la  jambe  droite,  existe  une  plaque  d'un 
rouge  foncé,  couverte  à  son  centre  de  croûtes  jaunes,  humides  et  folia- 
cées ;  çà  et  là,  quelques  croûtes  brunâtres  et  érosions  du  derme. 

On  voit  des  papules  de  prurigo  sur  tout  le  membre  inférieur  droit. 

Enfin,  on  rencontre  des  plaques  d'eczéma  disséminées  irrégulièrement 
sur  la  paroi  abdominale  et  accompagnées  de  démangeaisons  très  vives. 

D'ailleurs,  l'appétit  est  conservé,  les  digestions  se  font  bien. 

Trailemenl.  —  Arséniate  d'ammoniaque,  houblon,  bains  d'amidon. 

15  février.  Le  malade  ne  peut  supporter  l'arséniate  d'ammoniaque, 
qui  détermine  de  la  gastralgie.  On  supprime  ce  médicament;  on  se  con- 
tente de  badigeonner  les  surfaces  avec  de  l'huile  de  cade  et  do  prescrire 
des  bains  alcalins,  d'amidon. 

20  février.  Nouvelle  poussée  sur  l'abdomen.  On  ordonne  de  nouveau 
l'arséniate  d  ammoniaque  à  faible  dose. 

9  mai.  L  affection  esta  peu  près  guérie  ;  le  malade  reste  dans  les  salies 
et  continue  son  traitement. 

Obs.  XXIV.  —  Eczéma  herpétique  chez  un  enfant  âgé  de  trois  ans. 

Henri  (Léon- Victor),  âgé  de  trois  ans,  entré  le  10  février  1860. 

Antécédents.  —  La  mère  est  âgée  de  trente-trois  ans;  elle  n'a  jamais 
présenté  aucun  signe  de  scrofule. 

Dans  sa  jeunesse,  épistaxi?  ;  à  l'âge  de  quinze  ans,  menstruation  qui 
est  abondante  et  régulière. 


f 


272 


onSERVATIONS. 


A  celle  époque,  il  a  existé  une  fièvre  typlioïde  grave;  consécutive- 
menl,  apparition  de  migraines  fréquentes,  avec  douleur  lancinante.  Il  y 
a 'eu  deux  grossesses;  l'un  des  enfants  est  mort  à  Tâge  de  trois  mois. 
D'ailleurs,  celle  femme  présente  un  leinl  pâle,  i-e  trouve  douée  d'une 
conslilulion  sèche  et  d'un  tempérament  nerveux. 

Le  père  de  l'enfant  est  âgé  de  vingt-huit  ans.  Il  jouit  en  général 
d'une  bonne  santé;  il  est  seulement  affecté  de  migraines  qui  reviennent 
à  des  intervalles  irréguliers  et  éloignés.  D'un  autre  côté,  il  est  tourmenté 
souvent  par  des  éruptions  de  petits  boulo7is  qui  recouvrent  tout  le  corps 
et  déterminent  des  démangeaisons  atroces  ;  il  est  quelquefois  obligé  de 
quitter  le  lit  et  de  passer  la  nuit  étendu  sur  le  carreau. 

Quant  à  l'enfant,  il  est  bien  constitué;  il  avait  de  l'embonpoint,  quand 
il  a  quitté  sa  nourrice.  Au  bout  de  deux  mois  après  le  sevrage,  éruption 
vésiculeuse  et  croules  dans  le  cuir  chevelu  :  une  pommade  (?)  fit  prom- 
ptement  disparaître  l'affection.  Bientôt,  après  trois  mois,  l'eczéma,  qui 
existe  en  ce  moment,  se  développa  d'abord  sur  la  figure,  puis  sur  la 
partie  supérieure  des  cuisses  et  dans  le  pli  de  l'aine. 

Etal  actuel.  — On  observe  sur  les  deux  joues  et  le  menton  trois  pla- 
ques qui  recouvrent  à  peu  près  complètement  ces  trois  régions.  Ces 
plaques  sont  caractérisées  par  une  coloration  rosée  et  par  des  squames 
minces,  humides  et  jaunâtres  ;  elles  présentent  sur  quelques  points  des 
croules  sanguines,  brunes  et  des  plaies  produites  par  des  coups  d'on- 
gle; ailleurs,  les  parties  affectées  sont  le  siège  d'une  sécrétion  séreuse, 
claire,  abondante,  et  offrent  l'aspect  pointillé  qu'on  trouve  dans  l'eczéma. 

Sur  les  deux  cuisses,  à  leur  partie  antérieure  et  interne,  on  remarque 
une  éruption  qui  présente  les  symptômes  précédents  :  rougeur  de  la 
peau,  croûtes  jaunes  et  humides  ou  brunes,  éraillures  du  derme  produites 
par  les  ongles  du  malade,  sur  quelques  points  surface  ponctuée  et  cou- 
verte d'une  sécrétion  transparente  et  visqueuse.  L'abdomen  et  les  mem- 
bres supérieurs  ne  sont  point  atteints  d'eczéma  ;  cependant,  ils  sont 
couverts  de  papules,  de  croûtes  brunâtres  et  de  traînées  sanguines. 

Il  existe  évidemment  un  prurit  sur  tout  le  corps,  comme  l'atteslent 
les  écorchures  résultant  du  gratlage  exercé  pat  le  petit  malade.  A  part 
ces  démangeaisons,  l'enfant  se  porte  bien  ;  il  a  bon  appétit,  digère  bien. 
On  n'observe  ni  engorgements  ganglionnaires,  ni  ophtlialmies,  ni  autres 
affections  strumeuses. 

Traitement.  — Bains  d'amidon,  solution  d'arséniale  d'ammoniaque. 

10  murs.  L'affection  a  subi  une  amélioration  notable  :  il  n  y  a  plus 
de  sécrétion  et  les  démangeaisons  sont  moins  vives. 


OBSERVATIONS.  373 

28  mars.  Le  prurit  a  augmenté  depuis  quelques  jours  ;  sur  différents 

points,  la  sécrétion  a  reparu. 

10  avril.  L'eczéma  est  à  l'état  squameux.  Le  petit  malade  segralle 

à  peine  ;  même  traitement. 

4  mai.  L'enfant  sort,  étant  complètement  guéri. 

Obs.  XXV.  —  Pemphigus  chronique  de  nature  herpétique. 

Chevallier  (Noël),  âgé  de  quarante  ans,  cultivateur  (déparlement  de 
l'Eure),  est  entré  le  24  mai  1856. 

Anlécédcntsi. — Le  père  est  âgé  de  soixante  et  dix  ans,  est  bien  portant, 
n'a  jamais  eu  d'affection  cutanée. 

La  mère  du  malade  est  âgée  de  soixante-huit  ans,  d'une  santé  très 
faible;  elle  est  sujette  aux  congestions  céphaliques,  n'a  jamais  eu  d'affec- 
tion cutanée.  Un  de  ses  frères  a  été  atteint  d'un  eczéma  qui  a  duré  plu- 
sieurs mois. 

Le  malade  dit  n'avoir  eu  que  la  rougeole  dans  son  enfance  ;  aucun 
accident  scrofuleux  ni  syphilitique. 

Un  jour,  après  avoir  reçu  une  pluie  torrentielle,  il  fut  pris  d'une  pleu- 
résie (à  gauche)  avec  toux  opiniâtre,  point  de  côté,  oppression  très  vive. 

On  appliqua  quatre  vésicatoires,  et  l'on  (ît  des  frictions  stibiées.  Cette 
maladie  eut  lieu  dans  l'année  1  833  ;  à  elle  succéda  un  asthme,  dont  les 
accès  avaient  une  violence  extrême  et  se  terminaient  par  une  expuition 
abondante  de  mucosités  bronchiques.  L'asthme  a  duré  deux  ans  ;  il  a 
disparu  d'une  manière  lente  sous  l'influence  de  purgatifs  légers,  fré- 
quemment répétés. 

En  1  837,  à  la  suite  d'une  vive  frayeur  et  d'une  chute  de  voiture,  il 
vit  son  corps  couvert  d'une  éruption  érythémateuse  qui  dura  dix-huit 
jours  environ  et  céda  encore  celte  fois  à  des  purgatifs. 

En  1854,  après  un  refroidissement,  un  eczéma  se  montra  d'abord 
sur  le  ventre,  puis  sur  tout  le  corps  ;  vésicules,  rougeur  vive,  prurit 
insupportable,  sérosité  abondante.  Eruptions furonculeuses  consécutives, 
et  amélioration  de  l'état  général. 

En  1 855,  le  ventre  se  couvre  de  bulles  ;  les  unes  sont  grosses  comme 
de  petits  pois,  les  autres  comme  des  fèves  ;  à  leur  rupture,  il  s'écoulait 
un  liquide  abondant  et  clair  comme  de  l'eau  ;  on  voyait  çà  et  là  le  derme 
rouge  et  dénudé. 

Tandis  que  le  malade  était  dans  cette  situation,  il  fut  pris  d'une 


37/1 


ÔBSERVA'JJUNS. 


douleur  très  vive  dans  la  région  lombaire,  douleur  qui  fut  traitée  par 
des  venlousep.  Il  fut  atteint  une  autre  fois  de  cette  douleur. 

L'éruption  continua  sa  marche,  de  manière  que  tout  le  corps 
fut  petit  à  petit  dépouillé  d'épiderme.  Un  œdème,  qui  commença  par 
^es  parties  génitales,  envahit  progressivement  l'abdomen,  les  membres 
et  la  face.  Les  yeux  et  les  oreilles  versaient  du  pus  ;  le  malade  fut  sourd 
et  aveugle  momentanément.  Malgré  la  fièvre  qui  était  continue,  l'appétit 
était  un  peu  conservé.  Diurétiques:  l'anasarque  disparaît . 

M.  le  docteur  R...,  deVerneuil,  prescrivit  successivement  des  bains 
de  carbonate  de  soude,  de  sulfure  de  potassium  (dont  l'action  sur  le 
derme  dénudé  fut  assez  douloureuse),  des  bains  de  son  et  de  gélatine. 

11  proscrivit  l'usage  des  viandes  salées  qui  constituaient  la  nourriture 
habituelle  du  malade,  et  remplaça  le  cidre  par  du  vin. 

Après  quelque  temps  d'un  traitement  infructueux,  consultation  avec 
M.  le  docteur  H....,  d'où  résultent:  1"  bains  avec  acide  chlorhydrique 
(2  à  30  grammes);  2°  sulfate  de  soude  (20  grammes)  à  prendre  tous 
les  deux  jours;  3°  deux  bouteilles  du  rob  Boyveau-Laffecteur. 

Amélioration  rapide.  Les  forces  se  relèvent,  l'éruption  cesse  d'être 
douloureuse  ;  les  ulcérations  nombreuses  de  la  peau  se  cicatrisent,  ou 
plutôt  se  sèchent.  La  barbe  et  les  cheveux  qui  avaient  disparu  repoussent. 
Pour  en  finir  plus  vite,  le  malade  entre  dans  le  service  de  M.  Bazin. 
État  actuel.  —  Le  malade  n'est  pas  encore  très  amaigri.  Le  corps, 
la  face,  le  cuir  chevelu  semblent  dépouillés  d'épiderme  :  de  larges  squa- 
mes, irrégulières,  s'exfolient  de  toutes  parts.  La  coloration  générale 
des  téguments  est  un  fond  cuivré  et  rougeâtre.  Sur  cette  peau,  tendue 
et  rugueuse,  on  aperçoit  çà  et  là  des  plaques  dures,  sèches,  d'appa- 
rence cornée,  qui  sont  les  vestiges  des  bulles  après  dessiccation  :  il 
existe  une  exsudation  de  sérosité  très  abondante,  qui  redouble  d'inten- 
sité après  chaque  bain. 

Les  démangeaisons  sont  très  intenses  :  le  malade  en  est  extrêmement 

tourmenté. 

Les  ganglions  inguinaux  sont  un  peu  tuméfiés  ;  douleurs  dans  les 
lombes  par  intervalles. 

Légère  rétraction  des  membres  inférieurs  due  à  la  sécheresse  des 
téguments. 

Urines  jaunes,  chargées  de  mucus  et  de  sels  (carbonates,  pas  d'al- 
bumine). 

Appétit  conservé,  insomnies,  alternatives  de  constipation  et  de 
diarrhée. 


OBSERVATIONS. 


375 


Surdité  assez  grande. 

Trailement.  —  Bains d  amidon  et  de  gélatine;  conspersion  générale 
de  poudre  d'amidon;  houblon  ;  solution  d'arséniate  d'ammoniaque, 
i^juin.  Les  bains  provoquent  des  poussées;  ils  sont  supprimés. 
23  juin.  Eau  de  riz  gommée. 
On  supprime  tout  traitement  à  cause  de  la  diarrhée. 
28  juin.  On  reprend  les  préparations  arsenicales. 
7  juillet.  Diarrhée  colliqualive.  Marasme. 
Le  malade  est  emmené  par  les  parents. 


FIN. 


TABLE  ANALYTIQUE 


Préface   j 

CONSIDÉBATIONS  GÉNÉRALES   i 

PREMIÈRE  PARTIE. 

DE  L'aRTHRITIS  ET  DE  LA  DARTRE  CONSIDÉRÉES  COMME 
UNITÉS  PATHOLOGIQUES. 

CHAPITRE  I. — Étude  nosographtque  de  l'arthritis  et  de  la  dartre.  24 

§1.  Syniptoraatologie  des  maladies  constitutionnelles  en  général..  23 

A.  Prodromes  des  maladies  constitutionnelles   26 

B.  Symptômes   2" 

a.  Affections  propres   27 

h.  Symptômes  communs   30 

c.  Marche  et  durée  des  maladies  constitutionnelles   32 

cf.  Terminaisons   33 

e.  Complications   34 

/■.  Variétés  des  maladies  constitutionnelles   35 

1"  Suivant  les  conditions  physiologiques   35 

2°  Suivant  la  nature  de  la  maladie   35 

§  II.  Symptômes  propres  de  l'arthritis   36 

Définition  de  l'arthritis.   36 

a.  Prodromes   37 

b.  Première  période   38 

c.  Deuxième  période   39 

d.  Troisième  période   40 

e.  Quatrième  période   41 

Formes  de  l'arthritis   41 

§  III.  Symptômes  propres  de  la  dartre   42 

Définition   42 

a.  Prodromes  *2 

b.  Première  période   43 


TABLE  ANALYTIQUE.  377 

c.  Deuxième  période   45 

d.  Troisième  période   ■47 

e.  Quatrième  période   47 

Formes  de  la  dartre   48 

§  IV.  Symptômes  communs  ou  généraux   49 

o.  Première  époque   49 

1°  Symptômes  communs  à  l'arthritis  et  à  la  dartre   50 

2°  Symptômes  propres  à  la  dartre  et  à  l'arthritis   51 

b.  Seconde  époque   51 

Anatomie  pathologique   53 

CHAP.  II.  Étiologie  des  maladies  constitutionnelles   53 

§  I.  Prédisposition  ou  cause  interne   54 

i°  Hérédité   55 

2"Contiigion   55 

3°  Prédisposition  spontanée   56 

§11.  Conditions  extérieures  ou  propres  à  l'individu,  qui  favorisent 

le  développement  de  la  maladie   56 

a.  Influences  physiologiques   56 

b.  Influences  pathologiques   58 

c.  Influences  exercées  par  le  milieu  qui  entoure  le  malade   58 

§  m.  Pathogénie   59 

"HAP.  IlL  —  SÉMÉIOTIQUE   62 

§  I.  Diagnostic   62 

a.  Diagnostic  difl"érentiel  de  la  dartre  et  de  l'arthritis   63 

1°  Caractères  communs   63 

2°  Caractères  propres   63 

b.  Diagnostic  difl'érentiel  entre  la  dartre  et  l'arthritis,  et  entre  les 
diathèses  ou  les  maladies  constitutionnelles   65 

§  II.  Pronostic   67 

CHAP.  IV.  —  Thérapeutique  générale  des  arthritides  et  des  herpé- 

TIDES   71 

§  I.  Traitement  préventif   71 

§  II.  Traitement  curatif   75 

1°  Indications  tirées  de  l'unité  pathologique   75 

2"  Indications  fournies  par  les  périodes   79 

3°           —           par  les  formes   80 

4°           —           par  les  affections   80 

5°           —           par  l'état  des  affections   81 

6°           —           par  les  symptômes  prédominants   83 

7"           —           par  les  causes   83 

8"  Médications   85 

9"  Rapports  des  indications  aux  médications   86 


378 


TA  RLE  ANALYTlQUli. 


DECXIÈMK  PARTIE. 

DES  ARTHRITIDES. 

Caractères  communs  et  dilTérenticIs  des  arthritides   90 

Caractères  propres   94 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Arthritides  pseudo  exanthémaUques .  .  95 

CHAP.  I.  —  Arthritides  pseudo-exanthématiques  érythémateuses.  ...  98 

§  T.  De  l'éry thème  noueux   98 

Symptômes   99 

Marche  et  durée   100 

Siège   100 

Étiologie   100 

Pathogénie   101 

Diagnostic..   101 

Pronostic.   103 

Traitement   103 

§  II.  De  l'urticaire   104 

Symptômes   104 

Marche  et  durée   105 

Siège   106 

Étiologie   107 

Pathogéuie   107 

Diagnostic   108 

Pronostic   110 

Traitement   HO 

§  III.  Du  pityriasis  aigu  disséminé   110 

Symptômes   Hl 

Marche,  durée  et  terminaison.    113 

Siège   113 

Étiologie   113 

Pathogénie   H* 

Diagnostic  

Pronostic  

Traitement  •   116 

CHAP.  II.  —  Arthritides  pseddo-exanthématiqdes  vésiculeoses   116 

§  I.  De  l'herpès  phlycténoïde   1*7 

Symptômes   ^^"^ 

Marche  et  durée    

Siège  


TABLE  ANALYTIQUli.  379 

Pathogénie    

Diagnostic     ' 

Pronostic  

Traitement   '-^ 

§  II.  De  l'herpès  zoster,  ou  zona   ^21 

Synoptômes  ;   ''^^ 

Siège  ^   124 

Variétés  

Étiologie  •   ■l^S 

Diagnostic    

Pronostic   ''26 

Traitement   *26 

CHAP.  III.  —  Arthritide  pseddo-exanthématiqob  boilkdse   128 

Pempbigus  aigu  >   128 

Symptômes   128 

Marche,  durée  et  terminaison   129 

Siège   129 

Étiologie   ''29 

Pathogénie   130 

Diagnostic   130 

Pronostic   131 

Traitement   131 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Arthrltides  sèche   132 

CHAP.  I.  — Arthritides  sèches  érythémateuses   133 

§  I.  Intertrigo  arthritique   134 

Siège   134 

Symptômes   134 

Marche  et  durée   135 

Étiologie  -.   135 

Diagnostic   136 

Nature   137 

Pronostic   137 

Traitement   138 

§  II.  Couperose  arthritique    138 

Siège   138 

Symptômes   138 

Étiologie   139 

Diagnostic   140 

Pronostic   142 

Traitement   142 

§  III.  Érylhème  papulo-tuberculeuif   142 


TABLE  ANALYTlQUJi. 

Siège   143 

Symptômes   143 

Marche,  durée   144 

Diagnostic  ,  143 

Pronostic   14G  ' 

Etiologie  et  traitement   14G 

§  IV.  Du  cnidosis  arthritique  t   146 

Symptômes   147 

Étiologie   148 

Diagnostic   148 

Traitement   149 

CHAP.  II.  —  Arthritides  squameuses.   150 

§  I   Pityriasis  arthritique   150 

Symptômes   150 

Marche  et  durée   151 

Étiologie,  diagnostic'   152 

Pronostic,  traitement   ^53 

§  II.  Psoriasis  arthritique   154 

Symptômes  ,   1S5 

Étiologie   ■•57 

Diagnostic   157 

Pronostic   160 

Traitement   1^1 

CHAP.  III.  —  Arthritides  boutonneuses   16' 

§  I.  Prurigo  arthritique   ^^1 

§  II.  Lichen  arthritique   ''63 

a.  Lichen  circonscrit  

b.  Lichen  piiaris   '68 

c.  Lichen  lividus  

§  m.  Acné  arthritique  

a.  Acné  miiiaire  

1  7A 

b.  Acné  pilaris  

176 

C,  Acné  indurata  

1 77 

d.  Acné  rosea  

,    .    179 

Etiologie  

Traitement  

TROISIÈME  SECTION. —Arthritides  humîdes   ^81 

.  ...  182 

CHAP.  I.  —  Arthritidiîs  viîsico-squameuses  

6  I.  De  l'eczéma  arthritique  

^    183 

S'^^g*'   ■   184 


TAHLli  ANALYTIQUE.  381 

Symptômes  •   183 

Marclic,  durée   186 

Variétés   187 

Etiologie   189 

Diagnostic   190 

Pronostic   191 

Traitement   191 

§11.  De  l'hydroa  arthritique   192 

•i°  Hydroa  vésiculeux   193 

2°  Hydroa  vacciniforme   197 

3°  Hydroa  buileux  (pemphigus  à  petites  bulles)   198 

CHAP.  II. —  Abturitide  bullo-lamelleuse   201 

Pemphigus  arthritique  (pemphigus  diutinus)   201 

Symptômes   202 

Marche,  durée,  terminaison   204 

Étiologie   205 

Diagnostic   206 

Pronostic   207 

Traitement   207 

CHAP.  in.  —  ArthritiDes  PURO-cnusTACÉEs   208 

§  1.  Mcntagrc  arthritique   208 

Siège   210 

Symptômes   211 

Marche,  durée  cl  terminaison   212 

Etiologie   212 

Diagnostic   213 

Pronostic,  traitement   213 

§11.  De  l  ecthyma,  du  furoncle   216 

DES  HERPÉTIDES. 

Caractères  communs  et  dilTcrenliels  des  hcrpétides   219 

Caractères  propres   223 

PREMIÈRE  SECTION.  —  Herpétides  pseudo - exanthématiques .  .  .  .  225 

CHAP.  1.  —  HeRPÉTIDEî  PSEUDO-EXANTUI'MATIQUES  EU YTUÉMATEUSES   226 

§  I.  De  la  roséole   226 

Symptômes   227 

Variétés   228 

Étiologie   229 

Palhiigcnie   229 

Diagnostic   230 


382  tAfiLK  ANALYTiQUIi. 

Pronostic,  traitement   231 

§  H.  De  l'urticaire   231 

§  lU.  Du  pityriasis  aigu  disséminé   233 

GHAP.  II.  —  IIeiipétides  pskudo-exanthématiques  vésiculeuses   234 

§  I.  liczéma  rubruin  généralisé   234 

Symptômes   235 

Étiologie   230 

Diagnostic,  pathogénie  >   237 

Pronostic,  traitement   ....  238 

§  II.  De  l'herpès  phlycténoïde   239 

§  m.  Du  zoua   240 

CHAP.  111.  —  IIebpétide  pseudo-exanthématique  bulleose   242 

Pemphigus  aigu   2*2 

DEUXIÈME  SECTION.  —  Herpétides  sèches   243 

CHAP.  I.  —  Herpétides  sèches  éuythémateuses   244 

§  I.  Du  cnidosis  herpétique   244 

Symptômes   245 

Étiologie   246 

Diagnostic   246 

Pronostic,  traitement   247 

§  11.  De  l'épinyctide   248 

CHAP.  11.  —  Herpétides  sèches  squameuses   250 

§  1.  Du  pityriasis  herpétique   2^)0 

Première  variété  (pityriasis  simple)   251 

Deuxième  variété  (pityriasis  inflammatoire)   252 

Étiologie   252 

Diagnostic     253 

Pronostic,  traitement   255 

§  H.  Psoriasis  herpétique   255 

Siège   257 

Symptômes   2o7 

Marche,  durée  et  terminaison   258 

Variétés  

Étiologie  

Diagnostic  

Pronostic  

Traitement   26/ 

CHAP.  Hl.  —  Herpétides  boutonneuses   270 

8  1.  Prurigo  herpétique   270 

•  •  271 

l.  Prurigo  naitis  

s 


TABLE  ANALYTIQUE.  S83 

II.  Prurigo  formicans   272 

ni.  Prurigo  senilis   274 

Variétés   275 

Étioiogie   276 

Diagnostic   277 

Pronostic   278 

Traitement   279 

§  II.  Du  lichen  herpétique   280 

Symptômes   280 

Siège   282 

Variétés   283 

Étioiogie   286 

Diagnostic   287 

Pronostic   289 

Traitement   290 

TROISIÈME  SECTION.  —  Herpétides  humîde§   290 

CHAP.  I.  —  Herpiîtide  vésico-squameose   291 

§  1.  De  l'eczéma  herpétique   291 

Divisions  *   293 

I.  Forme  inflammatoire   294 

II.  Forme  sécrétante   296 

Marche,  durée   298 

Terminaisons,  siège     299 

Variétés   300 

Complications   303 

Etioiogie    304 

Diagnostic  -   305 

Pronostic   309 

Traitement   310 

CHAP.  II  —  Herpétide  bullo-lamelleuse   313 

Pemphigus  herpétique  {pemphigus  diulinus)   313 

Symptômes   313 

Marche,  durée,  terminaison   315 

Complications   318 

Étioiogie,  diagnostic   318 

Pronostic,  traitemenl   321 

CHAP.  III. — Herpétides  puro-crustacées   322 

§  I.  Mélitagre  (impétigo  de  Willau)   323 

Symptômes   324 

Siège   326 

Marche,  durée  et  terminaison   327 


TABLE  AWALYTIQUR. 

Diagnostic   327 

Pronostic   329 

Étiologic  et  traitement   329 

§  II.  De  l'ecthyma,  du  furoncle   330 

TROISIÈME  PARTIE. 

OBSERVATIONS. 

Obs.  I.  Érylhème  papulo-tuberculeux  arthritique   332 

II.  Éry thème  papulo-tuberculeux  arthritique   333 

III.  Érylhème  noueux  et  eczéma  arthritiques   335 

IV.  Arlhritidps  multiples  :  urticaire  avec  hémorrhagie,  lichen  urti- 

cans,  érylhème  marginé.  — Ulcères  variqueux   336 

V.  Hydroa  vésiculeux  (arlhritidel   338 

VI.  Hydroa  vésiculeux  (arthritide)   340 

VII.  Hydroa  vésiculeux  (arlhritidc)   341 

VIII.  Pemphigus  chronique  (arthritique),  mort   342 

IX.  Pemphigus  chronique  (arthritique),  acaé  pilaris  (arthritique), 

mort   344 

■  X.  Psoriasis  scarlaliniforme  (arthritique)   347 

XI.  Psoriasisnummulaire  (arthritique)   350 

XII.  Acné  roséa  tarthrilique)   352 

XIII.  Eczéma  arthritique   354 

XIV.  Eczéma  arthritique   356 

XV.  Eczéma  arthritique   357 

XVI.  Eczéma  arthritique   359 

XVII.  Eczéma  arthritique   360 

XVIII.  Psoriasis  herpétique   361 

XIX.  Psoriasis  herpétique   362 

XX.  Psoriasis  herpétique   364 

XXI.  Psoriasis  herpétique   361 

XXII.  Eczéma  herpétique   367 

XXIII.  Eczéma  herpétique   370 

XXIV.  Eczéma  herpétique   371 

XXV.  Pemphigus  chronique  (herpétique)   373 


FIN  DE  LA  TABLE  ANALYTIQUE. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Acné  arthritique,  170.  —  indurata, 
176.  —  miliaire,  172.  —  piiaris, 
174.  —  rosca,  177. 

Arthrilides,  90.  —  boutonneuses,  161. 
—  bullo-Iamelleuse,  201.  —  hu- 
mides, 181.  —  pseudo-cxanthé- 
matiques,  95.  —  pseudo-exanthé- 
matiques  érythémateuses,  98.  — 
pseudo-exanlhématique  huileuse  , 
128.  —  pseudo-exanthématiques 
vésiculeuses,  116.  —  puro-crusta- 
cées,  208.  —  sèches,  132.  —  sè- 
ches érythémateuses,  133.  —  sè- 
ches boutonneuses,  161.  —  sèches 
squameuses,  150.  —  vésico-squa- 
nieuses,  182. 

Arthritis  considérée  comme  unité  pa- 
thologique, 24. 


B 


Boutonneuses  (arthritides),  161.  — 
Boutonneuses  (herpétides),  270. — 
Bulleuse  (arthritidc  pseudo-exan- 
thématique),  128.—  Bulleuse  (her- 
pétidc  pseudo- cxanthémalique) , 
242.  —  Bulleux  (hydroa),  198.  — 
Builo-lamclleuse  (arthritide) ,  201. 
—  Bullo-lamelleuse  (herpétide), 
313, 


Caractères  communs  et  différentiels 
des  arthritides,  90.  —  des  herpéti- 
des, 219. 

Caractères  propres  des  arthritides,  94, 
—  des  herpétides,  225. 


Cause  interne  ou  prédisposition  dans 
les  maladies  constitutionnelles,  54. 

Circonscrit  (lichen),  164. 

Cnidosis  arthritique  (urticaire  chro- 
nique), 116.  —  herpétique  (urticaire 
chronique), "244,  t^lx-- 

Conditions  extérieures  ou  propres  à 
l'individu,  qui  favorisent  le  déve- 
loppement des  maladies  constitu- 
tionnelles, 56. 

Considérations  générales  sur  les  affec- 
tions cutanées,  1 . 

Couperose  arthritique,  138, 


D 


Dartre  considérée  comme  unité  pa- 
thologique, 24. 

Deuxième  partie  (arthritides),  90. 

Diagnostic  différentiel  de  la  dartre  et 
de  l'arthritis,  63. —  entre  la  dartre 
et  l'arthritis,  et  entre  les  diathèses 
et  les  maladies  constitutionnelles. 


E 


Ecthyma,  216  et  330. 

Eczéma  arthritique,  182.  —  herpé- 
tique, 291.  —  rubrum  généralisé, 
234. 

Epinyctide,  248. 

Erylhématheuses  (arthritides  pseudo- 
exanthématiques  ) ,  98.  —  (  ar- 
thritides sèches),  133.  —  (herpéti- 
des pseudo-exanthématiques),  225. 
—  (herpétides  sèches),  244. 

Erythème  noueux,  98.  —  papulo-tu- 
berculeux,  1 42. 


25 


386 


TATU.IL  ALPIIAIJÉTIQUE. 


Eliologie  des  maladies  constitulion- 

iiclles,  53. 
Etude  nosogra|)Iii(|uc  de  l'arlhritis  et 

de  la  dartre,  24. 

F 

Furoncle  (dans  l'arthritis),  216.  — 
(dans  la  dartre),  330. 

G 

Générales  (considérations),  1. —  (thé- 
rapeutique des  artbritidcs  et  des 
herpétides),  71. 

H 

Herpès  phlycténoïde,  417  et  239.  — 
zoster  ou  zona,  121  et  240. 

Herpétides,  219.  —  boutonneuses, 
270.  —  bullo  lamelleuse,  313.  — 
humides ,  290.  —  pseudo-exan- 
thémaliques  érythémateuses,  226. 

—  pseudo-exanthématique  hui- 
leuse ,  242.  —  pseudo-exanthé- 
maliques  vésiculeuses,  234. — puro- 
cruslacées,  322.  —  sèches,  243. 

—  sèches  érythémateuses,  244.  — 
sèches  boutonneuses,  270.  —  sè- 
ches squameuses,  250.  —  vésico- 
squameuse,  291. 

Herpétisme  (  ou   dartre  )  considéré 

comme  unité  pathologique,  24. 
Hydroa  arthritique,  192. 

I 

Impétigo  herpétique  (mélitagre),  323. 
Indurata  (acné),  176. 
latertrigo  arthritique,  134. 

L 

Lèpre  vulgaire,  255. 

Lichen  arthritique,  163.  —  circon- 
scrit, 164.  —  lividus,  169. —  pi- 
laris,  168.  —  herpétique,  280. 


M 

Mélitagre  (impétigo  dartreui),  323. 
Mentagre  arthritique,  208. 
Miliairc  (acné),  172. 

N 

Nosographie  de  l'arthritis  et  de  la 

dartre,  24. 
Noueux  (érythème),  98. 

O 

Observations,  332. 
Olophlyclide,  192. 
Ophlyctide,  117. 

P 

Papulo-tuberculeux  (érythème),  142. 
Pathogénie  de  l'arthritis  et  de  la  dar- 
tre, 59. 

Pcmphigus  aigu,  128  et  282,  —  diu- 
tinus  arthritique,  201. —  diutiuus 
herpétique,  313. 
Phlycténoïde  (herpès),  117  et  239. 
Phlyzacia,  216  et  330. 
Pityriasis  aigu  disséminé  arthritique, 
110.  —  herpétique,  233.  —  Pity- 
riasis arthritique,  150.  —  herpé- 
tique, 250. 

Pronostic  des  maladies  constitution- 
nelles, de  la  dartre  et  de  l'arthritis 
en  particulier,  67. 

Prurigo  arthritique,  161.  —  herpé- 
tique, 270. 

Psoriasis  arthritique,  154.  —  herpé- 
tique, 255. 

R 

Roséa  (acné  arthritique),  177. 
Roséole  herpétique,  226. 

S 

Séméiotiquc  de  l'arthritis  et  de  la  dar- 
tre, 62. 

Squameuses  (artiiritides),  1 50.  —  (her- 
pétides), 250. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


387 


Sycosis  arthritique,  208. 
Symptomatologie  des  maladies  coii- 

stitutioDneiles  eu  général,  23. 
Symptômes  commuas  ou  généraux, 

49.  —  propres  de  l'arlhritis,  36. 

—  de  la  dartre,  42. 

T 

Tableau  des  affections  cutanées,  21. 
Thérapeutique  générale  des  arthriti- 
des  et  des  herpétides,  71. 


U 

Urticaire  aiguë  arthritique,  104.  — 
herpétique ,  231.  —  chronique 
(voy.  cnidosis). 

V 

Vacciniforme  (hydroa),  197. 
Vésiculeux  (hydroa),  193. 

Z 

Zona  arthritique,  121.  —  herpéti- 
que, 240. 


FIN  DE  LA  TABLE  ALPHABÉTIQUE. 


Paris.  —  Imprinierio  de  L.  Martinet,  rue  Mignou,  2. 

t